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Sujet: Re: ALAIN BASHUNG Jeu 26 Mar - 9:50
Pour découvrir ou redécouvrir BASHUNG
Après lui avoir consacré un hors-série en 2002, Les Inrockuptibles rendent un dernier hommage à cet artisan aristo rock de la chanson française avec une nouvelle édition mise à jour, agrémentée de ses dernières interviews.
100 pages à la découverte d’Alain Bashung, artiste à la fois discret et incontournable, à travers des entretiens et des témoignages de ses proches et des artistes qui ont travaillé avec lui.
Disponible en kiosque.
Nine Admin
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Sujet: Re: ALAIN BASHUNG Jeu 26 Mar - 10:43
SOUVENIR D'UN HOMMAGE RENDU PAR BASHUNG A CHRISTOPHE
"On est occupé à régler nos problèmes de disques, à faire des tournées dans toute la France. Ou bien, comme moi, on se retire de l'agitation pour tenter de se retrouver. Tout le monde fait pareil, il faut respecter ce repli sur soi. Alors, on s'envoie des signes à travers les chansons. Par exemple, je n'avais pas vu Christophe pendant des années et j'ai écrit avec Boris Bergman Alcaline [1989] en référence à Aline. C'était une façon de lui dire: «Je pense à toi, je t'aime bien.»" (Extrait d'une Itv) réalisée par Julien Bordier 06/2008.
ALCALINE
Si tu veux j'peux t'aider Ca m'a l'air un peu lourd à porter Sûr, t'as rien oublié ? Les bateaux que tu me démontais
En vertu des rasoirs Tu viens couper court à notre histoire À tiroirs Dehors l'incandescence N'approuve que les larmes d'un sampler J'veux tout réécouter Vaguement brisé Sur une plage alcaline
Où veux-tu qu'j'te dépose ? Tu m'as encore rien dit T'aimes plus les mots roses Que je t'écris ?
J'aimais ta géométrie Exacerbée d'une pensée profonde À tourner l'dos au soleil On n'est pas pour ça plus fort en nombre
Décor décortiqué Reconstitué Sur une plage alcaline
Où veux-tu qu'j'te dépose ? Tu m'as encore rien dit T'aimes plus les mots roses Que je t'écris ?
Comme l'anaconda aime à s'griser au Temple d'Angkor Des cotillons, il nous en faudrait encore Plus des confettis
Où veux-tu qu'j'te dépose ? Tu m'as encore rien dit T'aimes plus les mots roses Que je t'écris ?
Où veux-tu qu'j'te dépose ? Tu m'as encore rien dit T'aimes plus les mots roses Que je t'écris ?
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Nine Admin
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Sujet: Re: ALAIN BASHUNG Lun 30 Mar - 23:31
Hommage des auteurs compositeurs de la SACEM :
Hommage à Alain Bashung, disparu le 14 mars
Alain Bashung, en tant qu’auteur, compositeur, interprète, fut l'un des plus grands sociétaires de la Sacem et une figure majeure de la scène musicale française de ces trente dernières années, par l’originalité et la qualité de son œuvre. Un créateur d’avant-garde devenu de son vivant un classique tout en restant moderne, réconciliant public et critiques, rock et Rive Gauche, seniors et juniors dans un total respect, ce qui n’eût pas déçu son goût du paradoxe.
A la lumière des épreuves qu’il a traversées, l’artiste d’exception s’était révélé doublé d’un homme fascinant, à la fois courageux et sage, déployant autant de talent dans sa vie déclinante que dans son œuvre, atteignant par là-même cette dimension qui fut le privilège de quelques-uns, de Piaf à Johnny Cash, de Brel à Chet Baker ou Billie Holiday. Tant d’artistes ne parviennent pas à la hauteur de leur personnage, surtout lorsque ces derniers sont grands, qu’on ne saurait trop saluer ici quelqu’un qui s’est autant sublimé et a aussi fortement conjugué la beauté d’un adieu au brio d’une sortie, ô combien prématurée. Mais pouvait-on en attendre moins d’un homme capable d’enregistrer le Cantique des cantiques", de s’attacher à ce point au son et au sens, de rechercher aussi assidument sa note bleue, son mot juste, jusqu’au dernier souffle ?
Celui qui le rencontrait en ces temps difficiles se sentait empreint d’une sorte de grâce apaisante, de qualité d’âme, de positivité qui donnait envie de ne plus le quitter, de l’écouter encore, parler et chanter : donner de l’espoir. De réapprendre la vie avec lui, tout étonné qu’il ne se limitât à aucun des masques talentueux qu’il s’était fabriqués et n’en portât sans doute plus, tout en finesse et délicatesse. Joueur de mots invétéré, il les prenait plus au sérieux que quiconque, s’en délectait littéralement et vous les tendait dans un écrin, toujours au second degré. Guitariste hors pair, il avait prouvé que le rock français pouvait exister, que la langue de Molière savait "sonner" et résonner au-delà de sa syntaxe et de sa métrique, rappelé que Piaf et Ferré avaient été rock avant tout le monde, à leur manière.
Compositeur pour d’autres dans une première carrière, il avait su trouver, à 33 ans -âge symbolique, pour qui y était si sensible- un deuxième souffle et mettre ceux-ci à contribution pour le meilleur, s’entourant de plumes de choix : Jean Fauque, Boris Bergman, Serge Gainsbourg, Didier Golemanas, Pierre Grillet, Olivier Cadiot, Rodolphe Burger, et récemment Gérard Manset, Gaëtan Roussel, Arman Méliès et Joseph d’Anvers.
Homme de culture, il avait intégré de longue date l’image à son œuvre, devenant même un précurseur en matière de "look", de clips, de pochettes, avec Mondino et bien d’autres. Comédien passionnant, il aimait le contre-emploi, faire planer des doutes à l’écran "autant que des ânes en musique", pour le paraphraser.
Homme d’expériences, artiste authentique et complet, il avait su imposer un style et des choix de carrières qui faisaient volontiers fi des modes et autres formats (les albums Play blessures, What’s in a bird, L’arrivée du tour, sans concession, en témoignent), mais aboutirent à ces chefs d’œuvres nommés Osez Joséphine ou La nuit je mens, suite mâture des mémorables Gaby et Vertige de l’amour. De ce point de vue-là, son dernier opus, Bleu pétrole, constituait un modèle du genre, salué par tous, qu’il avait eu l’élégance de faire écrire par d’autres et d’incarner plus que jamais. Comme un lego restera ainsi un sommet du répertoire de la Sacem, digne du meilleur Ferré, du plus grand Dylan.
Il savait prendre à chaque disque le risque du meilleur, et les multiples récompenses qu’il reçut, dont ses 11 Victoires n’étaient que justice : il était à part, et à part entière, pour rester dans le ton.
Lors de sa venue aux Grands Prix de la Chanson Française de la Sacem 2008, l'acuité de sa pensée avait pu être constaté ainsi que son appétit toujours renouvelé de musique et de poésie.
Le voir "partir" en scène, en live -c'est-à-dire en vie- durant ces derniers mois restera l’une des plus grandes émotions de spectateurs et de professionnels, un message artistique et humain que personne ne sera près d’oublier, et qui donne la mesure de ses multiples dons, à tous les sens du mot. C’était un artiste généreux et s’il est vrai que la fin d’un homme témoigne plus que tout de sa vérité intime, la sienne restera une leçon de vie et de métier. Un souvenir resplendissant, pour reprendre son dernier mot, "Victorieux", au Zénith.
Hommage de ses amis auteurs
Pour Alain B ...
Pour toi l'vert c'est du bleu T'aimais bien Joe dalton Jerry Lee qui met l'feu aux doublures des stetsons Gegene s'arrange la banane....... Buddy s'essuie les carreaux.. Attention une belle ame va s'présenter la-haut J'leve les yeux vers le ciel Mes mains s'prennent pour des poings On s'la s'ra jouée belle sur ce long p'tit bout d'chemin
Merci pour ta zique quanq elle manquait de mots. On m'dit qu' Gisele et Gabrielle t'ont gardé une place au chaud
Boris Bergman
"Nous nous sommes très peu vus. D'ou la force imprévue d'une telle série de rencontres. D'autant que mon habitude est de voir les gens seuls. Lors de ces tête-à-tête, nous parlions de tout sauf de musique. Et concernant les trois originaux qu'Alain m'a fait l'extrême plaisir autant que l'honneur d'interpréter et de tripoter, là encore nos rapports furent très succincts. Cela s'est résumé parfois à une rencontre dans une brasserie ou dans un salon de thé. Il venait en taxi. Avec sa bouche pointue très attentive, le regard dissimulé, il avait écouté très soigneusement ce que j'avais dû amener sur un portable, m'étant muni d'un casque. "Quant au studio, je me souviens simplement que dans la première mouture de l'album, jetée aux orties, qu'il avait faite à ICP en Belgique, on l'avait, disait-il "relégué" tout en haut, pour faire des voix, et qu'il s'y sentait seul. Cela a duré pas mal de mois. Ensuite, je l'ai revu chez lui, à Paris, dans sa petite maisonnette vers la Goutte d'or, un truc très improbable entouré de fleurs. On aurait cru un conte de fée. Tout y était tout petit comme dans Alice in Wonderland, et lui, toujours comme à son habitude, très délicat."Encore une fois, sur le plan artistique, bien que nous soyons chacun admiratif l'un de l'autre, il ne fut pas question de parler de musique. J'avais pu croire qu'il allait jouer, et moi aussi, quelques accords pour essayer Comme un lego, et pas du tout. Il m'a montré quelques maquettes, il tenait ça en main, distrait et hésitant, les quatre ou cinq CD gravés la veille et que je devais entendre. Quelques accords de guitare pour le fameux Vénus et une maquette entière des neuf minutes de "Lego". "Il avait le choix entre les différentes structures, y ayant rajouté une modulation harmonique non prévue. J'ai dû entendre deux phrases, et je lui ai déclaré que cela n'était pas nécessaire, que je préférais attendre, que la déception serait trop insupportable si ce titre, après la majesté que je venais d'avoir dans les oreilles-sa voix, et brut de décoffrage-, venait à ne pas se retrouver sur la galette finale. On a remballé le tout, on est passé sur la terrasse, au milieu des bourdons et des pâquerettes, et là on a refait le monde."
Gérard Manset
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Bridget
Nombre de messages : 2631 Age : 73 Localisation : Paris Date d'inscription : 13/05/2008
Sujet: Re: ALAIN BASHUNG Mar 31 Mar - 12:48
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Un hommage à Alain Bashung sera rendu mercredi à Paris lundi 30 mars 2009
Un hommage à Alain Bashung sera rendu mercredi à Paris, en présence d’artistes qui interprèteront des titres du répertoire du chanteur disparu au centre musical Fleury Goutte d’Or-Barbara (18e).
Alain Bashung était le parrain du Centre musical Fleury Goutte d’Or – Barbara, inauguré en janvier 2008.
Cette soirée réunira sur scène des artistes amis et proches : le parolier Jean Fauque, Raphaël, Astonvilla, Axel Bauer, Matthieu Chedid, Joseph D’Anvers, Manu (ex Dolly), Dominic Sonic, FRED, Babx, qui auront chacun carte blanche pour interpréter un ou deux titres du répertoire d’Alain Bashung. D’autres artistes se joindront certainement à eux.
Entrée libre dans la limite des 300 places disponibles
Concert retransmis à l’extérieur du Centre (son et image en grand écran sur le mur de la Bibliothèque Goutte d’Or, face au Centre)
Centre musical Fleury Goutte d’Or - Barbara 1 rue Fleury, Paris 18e
Dernière édition par Bridget le Mer 10 Nov - 11:25, édité 3 fois
liliane Admin
Nombre de messages : 19569 Age : 50 Localisation : dans la galaxie Date d'inscription : 02/05/2008
Sujet: Re: ALAIN BASHUNG Ven 3 Avr - 18:13
Ils étaient tous là pour Bashung
Emmanuel Marolle | 02.04.2009
Une soirée humble. Malgré l’affiche, l’affluence. Ils étaient nombreux pour célébrer le répertoire de Bashung, hier soir, au centre musical Barbara à la Goutte-d’Or. Un lieu dont l’artiste décédé il y a trois semaines était le parrain et qui a voulu lui rendre hommage aidé par ses deux paroliers fétiches Jean Fauque et Boris Bergman.
Le tandem d’auteurs jouait les maîtres de cérémonie improvisés hier soir en se démultipliant, sur scène mais aussi sur deux écrans : l’un dans le hall pour les invités et la presse, l’autre à l’extérieur pour les centaines de spectateurs, restés dehors faute de place.
« Alain était un exemple »
Grâce aux images retransmises sur une immense façade de la rue Fleury, on pouvait néanmoins se laisser envoûter par un Matthieu Chedid venu avec sa soeur et son frère, réinventer « Malaxe » de sa voix haut perchée au milieu de guitares vertigineuses, avant une « Madame rêve » incandescente. « Ma présence est amicale, affectueuse, nous expliquait l’artiste juste avant. On se connaissait peu. Mais Alain représentait un exemple pour moi. Une force tellement dénuée de vulgarité. C’était quelqu’un de très altruiste.» Christophe, Raphaël, Aston Villa, Axel Bauer : tous étaient là sans ego mais pour les chansons, le chanteur. « On s’était pas mal croisé dans les années 1980, expliquait Alain Chamfort avant d’offrir une version acoustique de Volutes . On était parti en vacances ensemble avec sa femme Chantal et son fils Arthur. C’était quelqu’un de discret, sensible. »
On parlait beaucoup de Bashung hier soir, notamment sur scène, grâce à Jean Fauque et Boris Bergman évoquant rigolards leurs souvenirs communs, entre les multiples reprises : « Osez Joséphine » pour Axel Bauer, « Happe » et « J’passe pour une caravane », en magnifique guitare-voix de Raphaël ou « Tant de nuits » signé Joseph d’Anvers qui avait travaillé sur le dernier disque du chanteur disparu. « Quand j’étais petit, je voulais faire Alain Bashung comme métier, nous confiait-il. Je chantais Gaby avec des lunettes noires et une raquette. Le dernier message qu’Alain m’a laissé il y a quelques semaines, c’était des encouragements parce qu’il aimait beaucoup mon disque. Je garde précieusement cela en tête. »
Le Parisien
Dernière édition par liliane le Mer 8 Oct - 15:20, édité 2 fois
Nine Admin
Nombre de messages : 12721 Date d'inscription : 03/05/2008
Sujet: Re: ALAIN BASHUNG Jeu 21 Mai - 10:33
Une nouvelle édition du livre sur Alain Bashung "Monsieur rêve encore" sortira le 4 juin
(Relaxnews) - D'abord paru aux éditions Flammarion en 2002, Monsieur rêve encore de Patrick Amine a été revu et augmenté d'entretiens avec les derniers collaborateurs et complices d'Alain Bashung, décédé le 14 mars dernier à l'âge de 61 ans. La sortie est prévue pour le 4 juin 2009 aux éditions Denoël.
Nourri d'entretiens avec les derniers musiciens, compositeurs et auteurs qui ont travaillé sur le dernier album d'Alain Bashung, Bleu Pétrole, Patrick Amine, dans Monsieur dort encore, retrace la vie musicale de l'artiste depuis son avant-dernier disque, L'Imprudence. Joseph d'Anvers, Arman Méliès, Gaëtan Roussel et Denis Clavaizolle parlent de cette figure incontournable qui a marqué la chanson française, d'Osez, osez Joséphine, à Gaby en passant par Vertige de l'amour.
De nombreux artistes, peintres, écrivains et producteurs de musique ont également donné leur point de vue. La nouvelle édition comporte toujours les entretiens inédits avec l'artiste, menés pendant plus de deux ans par Patrick Amine, où il explore la jeunesse et la vie musicale du chanteur depuis ses débuts en 1966 jusqu'à sa consécration des années 1990 et 2000. Alain Bashung y raconte sa démarche dans la mouvance du rock français et se livre sur ses rencontres marquantes, comme celle de Serge Gainsbourg pour l'album Play Blessures en 1982.
Un livre qui donne les clés de l'univers de cet artiste de la scène hexagonale qui a su, par son audace, repousser à chaque album, les frontières du rock français.
Une biographie inédite d'Alain Bashung par Marc Besse, journaliste rock au magazine Les Inrockuptibles, et préfacé par Jean Fauque, son parolier, sortira en septembre prochain chez Albin Michel.
Monsieur dort encore, Patrick Amine Sortie le 4 juin 2009 Biographie et Entretiens - Editions Denoël Prix : 13, 50 euros
Nine Admin
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Sujet: Re: ALAIN BASHUNG Sam 11 Juil - 14:39
... J’ai traqué les toujours, désossé les déesses Goûté aux alentours, souvent changé d’adresse ...
Nine Admin
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Sujet: Re: ALAIN BASHUNG Dim 12 Juil - 0:40
FACE A L'ABSENCE DE BASHUNG
Le chorégraphe Jean-Claude Gallotta évoque dans un entretien à l'Associated Press les liens qu'il a pu tisser avec Alain Bashung à l'occasion du projet autour du spectacle "L'homme à tête de chou", qui doit être présenté cet automne au public.
Marilou "tuée par le personnage de Gainsbourg" mais "toujours présente", Gainsbourg disparu, Bashung aujourd'hui parti, "j'ai cet héritage de l'absence", a confié jeudi le chorégraphe.
La réinterprétation d'Alain Bashung de "L'homme à tête de chou"?
Jean-Claude Gallotta: "Très sincèrement, c'est magnifique. Il était encore avec sa voix, en pleine puissance, en pleine intériorité. C'est extraordinaire, parce que c'est à la fois Gainsbourg et Bashung. Il a réussi un truc incroyable. On sent dans sa voix : il le réinvente tout en lui rendant hommage. Je crois que c'est une très grande chose".
C'est "comme s'il l'avait répété toute sa vie en fait. Alors que c'est pas facile, il l'a fait comme ça, d'une traite". "Il n'a rien rajouté au niveau des textes, ça, il ne voulait pas. Il a vraiment respecté l'oeuvre de Gainsbourg. Par contre", Bashung "a travaillé avec Denis Clavaizolle pour trouver l'adaptation des musiques et leur prolongement".
Le spectacle?
JCG: "Il n'y a pas de metteur en scène. En fait, je fais tout, ce qui me donne une plus grande liberté. J'ai vraiment la bande d'Alain, l'histoire de Gainsbourg. Ca rejoignait en fait mes préoccupations.
"Je pense que tous deux ont flirté à la fois avec Beckett, l'intériorité et en même temps le rock. C'est une énergie du désespoir en fait, c'est sombre mais il y a de l'énergie".
Sur scène, il y aura "14 danseurs, sept filles, sept garçons, et les spectateurs y verront soit l'homme à tête de chou soit Marilou. Je pense que chacun va se passer le relais. Parce qu'il y a douze séquences" mais "on a essayé de faire en sorte" qu'"on puisse aussi avoir une continuité, un seul ballet d'un seul jet".
"Avec la voix, on aura non seulement la charge émotionnelle mais aussi l'histoire. Tout est raconté", "l'oreille sera chargée musicalement et le visuel ne sera que la danse".
"On va commencer à répéter vers le mois de juillet, à l'été" et "après on se lance".
"Je ne sais pas encore" si l'absence de Bashung sera soulignée dans le spectacle. "C'est tellement brusque. Là, je suis en train de tout retravailler. Je ne veux pas m'arrêter parce que j'y ai vraiment cru, lui, il y a cru. Il faut dire que c'était un projet sur lequel il travaillait encore".
Mais Bashung ayant dit "qu'il ne serait pas sur scène", "c'était à moi de me débrouiller" sans "lui, avec sa voix". "La mort rajoute un effet de sublimation, mais ce que j'avais imaginé devrait continuer en fait".
La couleur du spectacle sera "le noir, le sombre, parce qu'il y a tout dans le noir comme dirait (Pierre) Soulages. Les deux aimaient le noir, c'étaient des sombres, Gainsbourg et Bashung". Et le plateau sera "nu". Car le "plateau nu, c'est vraiment un écran", une "page noire, c'est comme une scène de rock, c'est aussi comme un hôpital psychiatrique, comme une prison, en fait, ce sont des lieux de rassemblement. La lumière va sculpter l'espace".
"Normalement, on devait faire le projet la saison prochaine. Et puis, il s'est trouvé que Jean-Michel Ribes (directeur du théâtre du Rond-Point) avait un créneau d'un mois" cet automne et qu'il "fait une thématique sur la danse et la musique (...) En plus, on voulait gagner du temps, on savait Bashung malade. On s'est dit: on sera au moins ensemble pour ça (...) On voulait qu'il soit avec nous jusqu'au dernier moment et qu'il vienne voir les spectacles. Et puis rien n'interdisait même qu'il le fasse un soir en live, tout était ouvert et on voulait faire au plus vite".
Que retenez-vous de Bashung?
JCG: "Pour moi, c'était le modèle parfait, parce qu'il représentait le rock que j'aime beaucoup, mais aussi une sorte d'intello. Donc, il nous rejoignait dans notre quête d'essayer d'embrasser le monde, avec des choses très populaires, très rock, très rockabilly, et en même temps", on pouvait "échanger sur Beckett, le pop art, ou sur des cinéastes, comme Straub et Huillet".
"On avait (avec sa musique) quelque chose à la fois de rythmé et de lyrique, de poétique, d'un peu fou, puis très beau".
"On s'est entendus incroyablement bien, c'était vraiment comme un ami spirituel parce qu'on avait les mêmes références", "c'était quelqu'un d'une incroyable douceur, très tranquille (...) Notre dernière rencontre date d'il y a "peut-être un mois dans un restaurant (...) Je me dis que je perds quelqu'un de précieux".
Le défi maintenant qu'Alain Bashung n'est plus là?
JCG: "Je ne sais pas. Je me dis que c'est un peu lourd à porter". "A la fois, c'est terrible et magnifique. Parce qu'on est les derniers à porter une chose comme ça, et en même temps, il y a cette lourdeur. Un peu trop, et du coup, je me rassure en disant: même si les gens n'aiment pas la danse, même si les gens n'aiment pas le spectacle que j'ai fait, au moins, ils entendront, je crois, une très, très belle bande, comme un CD posthume de Bashung, parce que c'est vraiment magnifique", "c'est énorme". AP
article paru sur nouvel obs AP | 20.03.2009 | 18:19
Dernière édition par Nine le Dim 12 Juil - 0:53, édité 1 fois
Nine Admin
Nombre de messages : 12721 Date d'inscription : 03/05/2008
Sujet: Re: ALAIN BASHUNG Dim 12 Juil - 0:49
En septembre, le journaliste des "Inrockuptibles" Marc Besse publiera une nouvelle biographie d’Alain Bashung. À partir de 200 entretiens avec l’artiste et de nombreux témoignages de son entourage, l’ouvrage reviendra sur la vie et la carrière du chanteur avec une préface de Jean Fauque.
Un peu plus tard, ce sera ensuite au tour du dernier enregistrement d’Alain Bashung d’être dévoilé dans le cadre du ballet "L’homme à tête de chou" de Jean-Claude Gallotta, directeur du Centre chorégraphique national de Grenoble. Un spectacle de danse qui sera présenté à la maison de la culture grenobloise mi-novembre avant de s’installer au théâtre du rond-point à Paris du 27 novembre au 19 décembre.
Le ballet présentera 12 séquences réunissant 14 danseurs et danseuses sur l’album de Gainsbourg re-arrangé et interprété par Alain Bashung. À l’origine, il était question qu’il participe au spectacle en venant jouer live sur scène. Il a dû vite renoncer en raison de son état de santé et a donc enregistré ses voix. Jean-Claude Gallotta : « Il nous a laissé une maquette magnifique, confiant aux mixeurs, Denis Clavaizolle et Jean Lamoot, le soin d’aboutir le projet musical (…) Il n’a rien rajouté au niveau des textes, il ne voulait pas. Il a vraiment respecté l’œuvre de Gainsbourg. Par contre, il a travaillé avec Denis Clavaizolle pour trouver l’adaptation des musiques et leur prolongement. »
Toujours selon le chorégraphe, les répétitions du spectacle devraient débuter vers le mois de juillet et la pression se fait de plus en plus sentir depuis la disparition du chanteur : « À la fois, c’est terrible et magnifique. Parce qu’on est les derniers à porter une chose comme ça, et en même temps, il y a cette lourdeur. Un peu trop, et du coup, je me rassure en disant : même si les gens n’aiment pas la danse, même si les gens n’aiment pas le spectacle que j’ai fait, au moins, ils entendront, je crois, une très, très belle bande, comme un CD posthume de Bashung, parce que c’est vraiment magnifique, énorme. »
Une éventuelle sortie de cet enregistrement sur disque n’a pas été confirmée à ce jour, mais l’on sait que l’idée a effectivement été envisagée récemment. Gainsbourg par Bashung pour un album ultime, l’héritage aurait de la gueule. Assurément !
FREE MUSIK
Promesse : ce ballet sera traité dans le sujet Danse, très prochainement. la voix de Jean Fauque sera aussi de la partie récitative.(à suivre)[/color]
L'homme à tête de chou
Je suis l'homme à la tête de chou Moitié légume moitié mec Pour les beaux yeux de Marilou Je suis allé porter au clou Ma Remington et puis mon break J'étais à fond de cale à bout De nerfs, j'avais plus un kopeck Du jour où je me mis avec Elle je perdis à peu près tout, Mon job à la feuille de chou A scandales qui me donnait le bifteck J'étais fini foutu échec Et mat au yeux de Marilou Qui me traitait comme un blanc-bec Et me rendait moitié coucou. Ah non tu peux pas savoir mec Il lui fallait des discothèques Et bouffer au Kangourou Club alors je signais des chèques Sans provision j'étais fou fou A la fin j'y fis le caillou Comme un melon une pastèque Mais comment-Je ne vais pas du tout Déballer comme ça aussi sec Quoi ? Moi ? L'aimer encore ? Des clous. Qui et où suis-je ? Chou ici ou Dans la blanche écume varech Sur la plage de Malibu
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Sujet: Re: ALAIN BASHUNG Lun 13 Juil - 0:59
Bashung à tête de chou Interview 03/2009
Rock. Le chorégraphe Gallotta révèle comment le chanteur mourant œuvrait avec lui à une création d’après «l’Homme à tête de chou» de Gainsbourg.
Recueilli par MARIE-CHRISTINE VERNAY LIBERATION
Après la disparition de Bashung, Jean-Claude Gallotta, directeur du Centre chorégraphique national de Grenoble (CCN), se retrouve avec un enregistrement de l’Homme à tête de choux de Gainsbourg par Bashung, qui sera la bande-son de son prochain spectacle - et accessoirement, événementiellement, tôt ou tard le «nouvel album» évident du chanteur de Chanteur disparu sur l’air de Marilou repose sous la neige.
Dernière bande médiumnique, cette BO posthume est donc signée de feu-Bashung :
le rocker pharaon était déjà présent au finale d’un précédent spectacle du chorégraphe, Chroniques intimes-saison 1, présenté en décembre. Cet ensemble à la «Gallo», plein d’élan collectif et d’échappées belles individuelles, était en effet porté par Résidents de la République. Un clin d’œil-hommage qui inaugurait un projet plus vaste - encore et plus que jamais en oeuvre désormais.
Récit par Jean-Claude Gallotta de cette collaboration au sommet in extremis, qui aboutira au mois de novembre prochain à la création d’un ballet, à la MC2 de Grenoble et au Théâtre de l’Odéon, sans parler de la sortie discographique insolite, mort sur mort, tête à tête. Très vite, il a accepté…
Ma première rencontre avec Alain remonte à l’inauguration de la MC2 en 2004. Il était venu faire un concert avec Christophe, et ma compagnie présentait My Rock. Bashung avait vu le spectacle et m’avait dit qu’il voulait mettre un peu de danse dans ses concerts. Nous en sommes restés là. Je pensais que, peut-être, c’était cela qui pouvait encore lui manquer, une dimension abstraite qu’il allait trouver dans la danse contemporaine. Réincarner Gainsbourg…
En 2006, le producteur Jean-Marc Ghanassia avait envie de mettre en scène l’Homme à tête de chou de Gainsbourg. Il avait vu mes spectacles et pensait à un ballet. Mais qui pouvait réincarner Gainsbourg ? On a très vite évoqué Bashung, à la frontière entre le rock et quelque chose de plus contemporain. Alain a tout de suite accepté, dans la perspective de le jouer sur scène, et il a enregistré très vite sa voix, en 2006. C’était comme s’il l’avait répété toute sa vie. C’est sorti d’une traite. Sans changer le texte…
Alain avait bien compris qu’il s’agissait de danse et a eu une attitude très humble, en prévoyant que les danseurs seraient sur le devant de la scène et les musiciens en retrait. Il n’a pas du tout changé les textes. Il a rallongé la musique pour que cela fasse une heure. de ballet. Les douze morceaux sont respectés, mais dans un continuum, comme s’il s’agissait d’un montage de film. Et puis il y a comme une 12 bis. Ecrire encore n’était pas faux, c’était comme si cette musique restait inachevée, il l’a prolongée. Etrange été…
On s’est vu souvent l’été, on parlait, on échangeait chez lui et il était venu voir les Gens qui dansent. J’étais bien, il était si doux. Tout prenait sens. Etre avec lui, c’est rassurant, tu te dis :
«Merde, c’est encore possible…» Silence radio…
Dès l’automne, c’est le silence radio. Je ne sais pas ce qui se passe. En 2007, j’apprends qu’il a le cancer. Je pense qu’alors, il a mis toute son énergie dans son album, toutes ses forces, et j’accepte sans problème le report du projet. En 2008, il m’informe qu’il n’a pas la force, qu’il n’aura pas le souffle suffisant, qu’il faudra trouver une autre solution. Il me demande : «Est-ce que ma voix est bien enregistrée ?» Elle l’est.
Une maquette magnifique…
Je ne sais pas vraiment, mais je pense qu’il avait prévu qu’il n’aurait pas la force de revenir sur la bande après son album. Ils nous a laissé une maquette magnifique, confiant aux mixeurs, Denis Clavaizolle et Jean Lamoot, le soin d’aboutir le projet musical. Le samedi précédant sa mort, on ne savait pas qu’il était à l’hosto, et on écoutait la bande. Je me suis dit que Bleu Pétrole était déjà dans l’Homme à tête de chou :
«Là-dessus, cette Narcisse plonge avec délice/Dans la nuit bleu-pétrole de sa paire de Levis».
L’absence…
J’ai pensé abandonner, mais on était allé trop loin. Tout est engagé. On ne savait pas où on allait mais cela relevait de l’intuition, du coup de foudre, et lui, il me faisait un cadeau. On a parlé du cinéma, de la littérature. Il n’évoquait sa maladie que lorsqu’il allait mieux. Quand j’ai fait les Chroniques, je suis allé le voir. Je me sentais mal mais son entourage m’a dit :«Vas-y, cela lui fera plaisir.» C’était dans un resto. Il était très amaigri, affaibli, et je lui racontais ce que les danses faisaient sur sa musique.
Ce contact qu’il a avec la danse contemporaine, je le comprends.
Il y a l’absence de Marilou dans l’Homme à tête de chou. Puis il y a l’absence de Gainsbourg, et maintenant celle de Bashung… Comme si la danse était le réceptacle de l’absence, qu’elle avait en charge l’énergie qui reste, la trace.
liliane Admin
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Sujet: Re: ALAIN BASHUNG Jeu 30 Juil - 15:41
Pour les nombreux amateurs de l'artiste Alain Bashung, le magazine de France 2 "Un jour / un destin" lui consacre son numéro du lundi 24 août. A 22h50 avec Laurent Delahousse.
Dernier rappel est un film inédit de Marie Zarka et Kahina Kaci.
Le 28 février 2009, Alain Bashung est à l’honneur des Victoires de la musique. Ce soir-là, le public découvre un chanteur à la voix intacte mais au physique amaigri. Après une année difficile, où il a dû jongler entre la scène et l’hôpital, l’artiste reçoit trois récompenses et surtout une formidable déclaration d’amour du public et de la profession. Cette cérémonie est la dernière apparition publique du chanteur. Deux semaines plus tard, il s’éteint sur son lit d’hôpital, victime du cancer.
Toute sa vie, Alain Bashung aura été un artiste pudique, discret. Le public connaît ses succès mais il ignore le destin d’un homme tourmenté, son enfance alsacienne et son secret de famille, ses débuts chaotiques, ses rencontres essentielles, ses démons et ses espoirs. Grâce aux témoignages de ses proches, de ses paroliers et de ses musiciens, Un jour/un destin dresse le portrait intime d’un rocker au répertoire inscrit dans la mémoire collective.
Consacrer un numéro de Un jour/un destin à Alain Bashung s’est imposé très vite à Laurent Delahousse et son équipe. Il était aux commandes du 20 heures le jour où l’artiste s’est tu. Une fois l’antenne rendue, Catherine Deneuve, qui était venue pour tout autre chose, lui a parlé de l’homme, de ce qu’il représentait. “Je l’appréciais beaucoup artistiquement parlant mais je ne connaissais absolument rien de sa vie et de son destin. Et ses mots m’ont touché” , explique-t-il. La suite est une affaire de rencontre, de confiance, de travail et d’équipe. En trois mois et demi le sujet, plus sensible et plus délicat que d’autres, a été préparé, tourné, monté et, par respect pour ses proches, leur sera montré avant sa diffusion.
http://www.leblogtvnews.com/article-34568818.html
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Nine Admin
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Sujet: Re: ALAIN BASHUNG Mer 26 Aoû - 1:34
BASHUNG EN APARTE
chanson ANGORA (album fantaisie militaire)
Il m’aura fallu faucher les blés apprendre à manier la fourche pour retrouver le vrai faire table rase du passé ********************
Pascal Nègre , président d'Universal Music France, qui produisait les disques d'Alain Bashung sous le label Barclay:
"Alain Bashung était un des derniers géants de la chanson française. Il rejoint au firmament Brel, Barbara, Brassens et Ferré. C'était un artiste atypique et complet, un chercheur musical, un chanteur, un parolier et un comédien. Quand il préparait un album, l'essentiel pour lui était les textes. C'était un esthète absolu, avec un univers unique."
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Nine Admin
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Sujet: Re: ALAIN BASHUNG Mer 26 Aoû - 1:38
NIGHTS IN WHITE SATIN
Bridget
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Sujet: Re: ALAIN BASHUNG Jeu 10 Sep - 21:14
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Bashung, la bio (Marc Besse)
Fan éternel de Bashung, le journaliste Marc Besse publie une émouvante biographie du chanteur, remontant le cours d'une existence secrète et douloureuse. Un extrait suit…
« J'ai mis longtemps à oublier certaines choses, ce n'est pas à moi d'y revenir. »
Alain Bashung a toujours été avare de confidences. Timide, discret et silencieux, il ne s'ouvrait, s'oubliait, baissait la garde qu'en scène où il se donnait corps et âme à la performance, aux textes et à la musique par lesquels il tenait en vie.
Il aura laissé inconsolables et frustrés ceux qui voyaient en lui la seule évidence que les termes « rock » et « français » pouvaient cohabiter avec élégance. Mais si Bashung se taisait, ce n'était pas par souci de cultiver le mystère. Non.
Astre singulier dans le paysage musical hexagonal, il a toujours eu cette particularité : ne s'exprimer qu'à travers les mots de ceux qu'il inspirait, qu'il poussait à se surpasser. Les orfèvres Boris Bergman, Jean Fauque - même Serge Gainsbourg ! - et d'autres ont façonné ce verbe et ces chansons qui n'appartiennent qu'à lui.
Fan éternel et exégète précis, un journaliste, Marc Besse, publie une émouvante biographie chez Albin Michel, Bashung(s), Une vie.
L'auteur a noué au cours des ans une relation privilégiée avec le chanteur toujours généreux dans l'attention à l'autre mais expert dans la rétention des souvenirs intimes et des sources de son émotion.
Entre quête et enquête, Marc Besse a patiemment et méthodiquement remonté le cours d'une existence secrète et douloureuse.
De tâtonnements en errements, de compromis assumés en défis déraisonnables, toujours avec exigence et obstination, Alain Bashung aura mis quinze ans à percer, à trouver sa voix, son chemin, dans un univers où sa place restait à créer.
D'où sa présence unique, une fois établie, faisant de lui la plus puissante mais insaisissable des icônes de la chanson française : solitaire et solidaire, à la fois seul et toujours bien accompagné.
Le récit de son parcours musical en évolution constante - il lui était impossible de se répéter - est retracé dans le moindre détail, étape par étape, année par année.
Mais le plus troublant, parce que peu ou pas connu, et, surtout, révélateur des blessures et des plaies intérieures du chanteur, se situe dans les longues pages consacrées à ses premières années.
Une enfance de « bébé ballotté de grand-mère en grand-mère », comme le dit Jean Fauque, son ami et collaborateur le plus proche, dans la préface du livre, avec « l'abandon comme sentiment primal ». Bashung, né en 1947, fils d'une mère célibataire qui ne pouvait, faute de moyens, l'élever, passa son enfance en Alsace, à Winger sheim, chez les parents de son futur beau-père Roger, Joseph et Elisabeth Baschung. C'est elle, une fille d'aristocrates allemands ruinés, belle, stricte, sévère, qui dirige la maisonnée. Dans cet environnement austère, malgré la présence protectrice de son cousin Robert (lui aussi « placé »), le jeune Alain venu de Paris et dont les origines restent incertaines se sentira toujours étranger, « bâtard », de nulle part. Seule la musique - un harmonica ou un violon qui traînent - lui permet de s'évader réellement de ce monde étouffant.
Ce n'est qu'à 12 ans qu'Alain rejoindra sa mère, à Boulogne-Billancourt. 1959-1960, une année charnière, capitale dans sa vie où s'affirment enfin des goûts, des envies et une certitude chez le très jeune homme : suivre son instinct, créatif, artistique, son aspiration à s'élever, à s'extraire de la fatalité.
En façonnant des chansons rock, comme celles de ses modèles anglo-saxons qui lui ont permis, en partie, d'oublier qu'il ne savait pas d'où il venait, investissant un monde auquel il sent qu'il appartient. Au terme de Bashung(s), Une vie, le mystère reste peut-être entier. Mais on le cerne mieux que jamais.
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Nine Admin
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Sujet: Re: ALAIN BASHUNG Sam 12 Sep - 1:36
Jean Fauque : “Alain Bashung avait un humour à l’anglaise”
Propos recueillis par Magali Vogel, le jeudi 10 septembre 2009 à 04:00
Jean Fauque, l’ami et le parolier du chanteur de Ma petite entreprise, a préfacé Bashung (s) une vie, un ouvrage écrit par le journaliste Marc Besse.
Il est l’homme de l’ombre. Celui qui se fait discret et qui pourtant a écrit les plus belles chansons d’Alain Bashung, comme Osez Joséphine. Jean Fauque, compositeur de l’artiste, préface la biographie du chanteur qui sort aujourd’hui. Le parolier revient sur les trente-quatre années passées auprès de son ami.
FRANCE-SOIR. Où et comment avez-vous rencontré Alain Bashung ? JEAN FAUQUE. Je suis arrivé à Paris à 18 ans pour écrire des chansons. Je faisais des petits boulots pour vivre, tout en écrivant. Afin de vendre mes textes, je suis allé voir des éditeurs et je leur ai envoyé mes productions. Les éditions du Minotaure – qui appartenait à Michel Fugain – m’ont répondu six mois plus tard. Ils m’ont demandé de passer à leurs bureaux parce qu’ils avaient une surprise pour moi. J’ai entendu l’un de mes textes chanté par Bashung. A l’époque, il préparait un album. Je l’ai donc rencontré, en mars 1975, dans un café rue Jean-Mermoz, à Paris. Quand Bashung est entré, je me suis dit qu’il sortait d’une bande dessinée. Il avait une coiffure en banane et était vêtu d’un jean moulant aux revers retournés, de boots à talons, d’un perfecto et d’une chemise en velours rouge frappée avec des boutons de nacre blanc. Son style était à mi-chemin entre le rock et la country. C’était un mélange entre Johnny Cash et Elvis Presley. Nous avons échangé nos numéros de téléphone et nous nous sommes rendu compte que nous étions voisins, à Saint-Cloud.
Cette biographie a t-elle été écrite pour commémorer sa disparition ? Non, il n’était même pas question d’une biographie. Ce que voulait Marc Besse, c’était faire un livre sur Alain Bashung. Finalement, après avoir mené de nombreuses interviews avec Alain et son entourage, il commençait à avoir un dossier assez touffu. L’histoire de la biographie s’est dessinée progressivement. Il n’y a pas, non plus, de lien particulier avec la maladie d’Alain. Le projet avait été entamé bien avant.
Pourquoi Marc Besse vous a t-il sollicité pour écrire cette préface ? J’ai trente-quatre ans de vie commune avec Alain Bashung. Avant 1975, je ne sais pas trop ce qui s’est passé dans sa vie – à part ce qu’il voulait bien m’en dire –, sinon je le connais très bien. L’idée de la préface est venue naturellement. J’ai aidé Marc Besse, à trouver les bonnes personnes à interviewer, celles qui comptaient dans la vie d’Alain, comme Daniel Tardieu (NDLR : compositeur-interprète.)
Pouvez-vous nous parler de l’homme qu’il était ? Mon regard est très subjectif. Alain était mon meilleur pote. Il se confiait difficilement. Depuis dix ans, il était devenu beaucoup plus silencieux. C’était difficile de capter ses pensées. Il était mystérieux et peu causant. On ne s’est jamais disputé. Il y a sept-huit ans, il m’a dit : « C’est marrant parce que tu es le seul mec avec qui je ne me suis jamais fâché. Ah si… Une fois, je n’étais pas content après toi… » Il m’a expliqué que lors d’un de ses concerts, j’avais oublié d’aérer son pantalon en cuir. Il n’en avait qu’un pour la tournée. Du coup, le lendemain, il n’était pas sec. C’était un reproche d’une banalité absolue. Nous en avons bien rigolé. Il aimait d’ailleurs beaucoup rire. Il avait un humour à l’anglaise.
Et de l’artiste ? C’était quelqu’un d’une extrême rigueur. Très bosseur. Plus le temps passait, plus la gestation des chansons était longue. Il avait horreur du conformisme. Il voulait, à chaque fois, explorer de nouvelles choses. Il se lançait toujours de nouveau challenge. En studio, les choses n’étaient pas téléguidées. Souvent, nous prenions une tout autre direction parce que le casting n’était pas idéal ou encore parce que la couleur de l’album n’allait pas. Ce cas de figure, nous l’avons par exemple vécu sur Chatterton ou Novice. Sur des albums comme Osez Joséphine et Fantaisie militaire, le travail était plus cadré. Tous les gens qui travaillaient avec Alain Bashung avaient un grand respect pour l’artiste.
Vous avez écrit une cinquantaine de chansons pour lui. Vous laissait-il carte blanche ? Oui totalement, mais il fallait que j’explore beaucoup de pistes différentes. De temps en temps, il avait un sujet, parfois il me le soumettait, parfois non. C’était un puzzle de nos idées. Ma petite entreprise, c’est Alain qui a commencé à l’écrire. Je l’ai poursuivi.
Vous êtes parti aux Etats-Unis ensemble pour enregistrer Osez Joséphine, un titre que vous avez écrit. Que s’est-il passé là-bas ? Quand les Américains ont vu arriver Alain, ils ne le prenaient pas forcément au sérieux le petit « frenchy ». Et puis, dès le premier soir, dés qu’il a pris la guitare pour jouer She Belongs to Me de Bob Dylan, ils ont arrêté de rigoler.
Si vous aviez cinq dates à retenir dans votre relation avec Alain Bashung, quelles seraient-elles ? Notre rencontre en mi-mars 1975. Novembre 1982, lorsqu’il m’a fait dîner chez Serge Gainsbourg. L’année 1988, quand notre collaboration a démarré. Le samedi 13 juillet 1991, lorsque nous avons enregistré Osez Joséphine à Memphis. Et enfin le dernier concert que j’ai vu de lui, en décembre 2008.
Comment avez-vous appris la mort de votre ami ? Ce jour-là je faisais une sieste. J’ai reçu un SMS de Thomas Dutronc qui m’écrivait, « il y a un bruit bizarre qui tourne sur Alain ». Au même moment, j’avais un message sur mon répondeur, c’était, Emilie l’assistante du tourneur, en pleurs.
Bashung(s), une vie, Marc Besse, éd. Albin Michel, 332 p., 20 euros.
NOTRE AVIS
Journaliste aux Inrockuptibles, Marc Besse,, a passé des heures, des mois, des années, à recueillir des informations sur la vie d’Alain Bashung. Il écrit aujourd’hui une biographie émouvante, détaillée et précise. Au-delà des nombreux entretiens que Marc Besse a eus avec Bashung, l’écrivain s’est aussi rapproché de son entourage. Ainsi, Bashung(s), une vie, est une biographie aussi authentique que polyphonique. Elle remonte le fil de la vie de Bashung : de son enfance – ballotté entre sa mère et sa grand-mère – à sa vie de scène. Fouillant dans le passé secret du chanteur, Marc Besse touche du doigt la blessure, la faille de l’artiste. Comme disait Bashung : « J’ai mis longtemps à oublier certaines choses, ce n’est pas à moi d’y revenir. »
Un travail titanesque qui permet de pénétrer le côté obscur de Bashung.
Nine Admin
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Sujet: Re: ALAIN BASHUNG Dim 27 Sep - 1:28
BASHUNG ET SES INTIMES
Jeudi soir, 500 spectateurs ont assisté, au conservatoire de Strasbourg, à une soirée hommage en l'honneur du chanteur alsacien disparu le 14 mars 2009. Amis, anciens musiciens, proches d'Alain Bashung ont repris certaines de ses chansons dans une ambiance intime et émouvante.
Jeudi après-midi, Marc Besse, , jounaliste aux Inrockuptibles, dédicaçait à la Fnac de Strasbourg sa biographie du chanteur "Bashung(s), une vie". Préfacé par Jean Fauque, parolier de Bashung, également présent, l'ouvrage revient, entre autres, sur les origines alsaciennes du chanteur et sur sa relation complexe à la région. Les lecteurs y trouveront plus d'une quarantaine de photos inédites, venues de la famille du chanteur.
Une famille alsacienne en partie présente hier soir, pour la soirée hommage donnée en mémoire d'Alain Bashung au conservatoire de Strasbourg. "Nous ne voulions pas faire de cette soirée une messe", a expliqué aux 500 spectateurs Alain Walter, responsable de la communication à la Fnac et à l'origine de l'événement.
A travers les reprises de chansons et la diffusion d'un film sur le chanteur disparu, les spectateurs ont, pendant une heure et demie, profité d'une ambiance intime et chargée d'émotion.
Matthieu Mondoloni DNA
“On m'a souvent taxé de rebelle, mais c'était par la force des choses : il fallait que je m'explose, que je m'implose... J'étais tellement mal dans ma peau.” A.BASHUNG
Nine Admin
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Sujet: Re: ALAIN BASHUNG Ven 13 Nov - 2:24
Le 16 novembre 2009
Alain Bashung sera de retour avec un CD et un DVD live enregistrés au cours de son ultime tournée. Décédé le 14 mars 2009, le chanteur démontrera l'étendue de son talent au sein de l'album A l'Olympia et du DVD Dimanches à l'Elysée, respectivement enregistrés à l'Olympia et à l'Elysée Montmartre (Paris).
En prime, le label Barclay sortira le 30 novembre 2009 Anthologie en DVD et A perte de vue, une intégrale comportant 27 CDs.
A côté de ses sorties, l'âme d'Alain Bashung plane également dans l'adaptation théâtrale de l'album de Serge Gainsbourg *L'Homme à la tête de chou. Mis en scène et chorégraphié par Jean-Claude Gallota,
ce spectacle est donné actuellement et jusqu'au 15 novembre au MC2 (Grenoble). Il sera présenté du 27 novembre au 19 décembre 2009 au Théâtre du Rond Point des Champs Elysées (Paris).
On pourra y entendre la voix d'Alain Bashung reprenant les chansons de Serge Gainsbourg. De quoi donner des frissons... Cette bande son dure 1h10. Elle avait été enregistrée par le chanteur en 2007.
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Sujet: Re: ALAIN BASHUNG Mar 24 Nov - 16:27
Son grand coffret aux trésors
Alain Bashung a commencé sa carrière en enfilant des 45 tours sans trop d’intérêt. Il errait sur les plateaux télés ou en 1ère partie de Claude François en roucoulant façon Mike Brant des sérénades bancales. Il a fini sa carrière sur le toit de la chanson française. Seul ou presque.
C’est cet étrange parcours que nous racontons dans les 27 CDs de « A perte de vue ». On y déroule le fil de son œuvre depuis son 1er album officiel, « Roman photos », jusqu’à son dernier live, « Un dimanche à l’Elysée », enregistré en grande partie lors de son ultime concert.
Alain disait souvent « J’ai un étrange destin ». Ce destin, en courbes et en circonvolutions, en lignes brisées et en radicalité pure, il se l’est forgé. Il l’a voulu. Il l’a bâti. Seul ou presque.
Deux camarades de jeux de mots jalonnent sa vie : Boris Bergman, l’homme de Gaby, de Vertige, le copain des 1ers succès, et Jean Fauque, le faux vrai-frère qui lui a offert Joséphine, La nuit je mens, Ma petite entreprise et autres pépites.
Alain aimait la musique, le cinéma, les polars et les pin-up. Alain détestait se répéter. « Il est interdit de faire deux fois la même chose ».
De l’after punk de ses débuts, des virées en synthétiseurs façon Prophet, en passant par la cold wave, les œillades nashvilliennes, les étreintes symphoniques et le dernier souffle folk, Alain Bashung en 13 albums studios, et 2 albums en duo avec Chloé, a eu mille vies.
Impossible d’omettre les Live : de la furie de 85 aux dentelles métalliques de 2009. On lit la correspondance énamourée d’un chanteur et de son public.
Et puis les pépites, ces petites histoires par le bout de la lorgnette, les coins de rideaux levés qui permettent d’y voir plus clair : 2 CD d’instrumentaux et 3 CD d’inédits (La fille de la maison des dunes, La foule…), de raretés (Des versions acoustiques, des live TV), de duos (avec Françoise Hardy, les Pogues, Daniel Darc, les Dionysos, Arman Méliés…) de démos (Osez Joséphine, Ma petite entreprise…).
Alain a défié la chute jusqu’au bout avec une dignité folle.
A ce jeu, et avec des armes inégales, il n’aura pas tout à fait perdu.
Il reste une œuvre qui balaie 3 décennies. Elle est faite de sang et de larmes, de fous rires et de tendresse, de colère rentrée et de stridences. Elle dessine sur les histoires intimes, des paysages de lacs et de montagnes qui rebondissent loin.
A perte de vue.
Description Ce coffret contient :
12 Albums studio
Roman photos Roulette russe Pizza Play blessures Figure imposée Passé le Rio Grande Novice Osez Joséphine Chatterton Fantaisie militaire L’imprudence Bleu pétrole
5 Albums live Live tour (85) Tour novice (92) Confessions publiques (2CD - 95) La tournée des grands espaces (2CD - 04) Un dimanche à L’Elysée (2CD - 09)
2 albums en duo avec Chloé Mons Le cantique des cantiques La ballade de Calamity Jane
2 albums d’instrumentaux Près de 30 titres sur 2 CD dont : - Toutes les musiques de films (Nestor Burma, Le cimetière des voitures, Ma petite entreprise) - Toutes les faces B - Des versions instrumentales de l’imprudence, Bleu pétrole, Fantaisie militaire
3 albums de raretés- reprises – duos – inédits Plus de 60 titres sur 3 CDs...
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Nine Admin
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Sujet: Re: ALAIN BASHUNG Dim 29 Nov - 1:08
A PERTE DE VUE
Un an après les spectacles, sortent aujourd'hui dans les bacs un double CD live d'Alain Bashung, « Dimanches à L'Elysée », et un DVD live enregistré à l'Olympia. Rencontre avec Jean Fauque, le parolier des tubes du chanteur, qui raconte le Bashung qu'il a connu.
Bridget
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Sujet: Re: ALAIN BASHUNG Jeu 3 Déc - 20:38
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Bashung , dernières nouvelles des étoiles
Bashung revient d’outre-tombe pour une adaptation scénique de L’Homme à tête de chou de Gainsbourg. Il en avait enregistré les textes avant sa mort en mars dernier.
Le 03 décembre 2009 - par Marc Besse
Le rideau noir se lève. Eclairage crépusculaire.
Sur le devant de la scène, une chaise vide. C’est Alain Bashung qui aurait dû s’y asseoir.
Le chorégraphe Jean-Claude Gallotta l’avait convaincu de jouer le rôle du conteurchanteur dans cette adaptation chorégraphiée du disque culte de Gainsbourg, L’Homme à tête de chou.
Après plusieurs entrevues à Grenoble où la création prenait corps, Bashung avait finalement accepté ce rôle de narrateur, d’interprète vocal, observateur et acteur de cette véritable pièce de danse. Le destin en a décidé autrement.
“Pendant toute la préparation du spectacle, j’ai pensé qu’Alain tiendrait le coup jusqu’aux représentations et qu’il serait parmi nous, raconte Jean-Claude Gallotta.
Sa disparition a failli tout remettre en cause. Il a fallu que je réadapte le circuit de cette chaise, que je lui donne une nouvelle vie pour qu’elle continue à servir de repère dans la chorégraphie et qu’elle porte un nouveau sens.”
Impossible d’y faire asseoir un figurant. Alors il en a fait un outil de mémoire, un alibi pour matérialiser une absence. Une double absence même.
Quatorze danseurs saluent la chaise, selon un rituel bien personnel, comme pour indiquer quel sera son rôle dans ce voyage d’une heure quinze au pays de Marilou.
Les filles sont en Levi’s et soutiens-gorge ; les garçons en pantalons de costard et chemises bleu lavasse. Tenues correctes exigées.
La bande-son fait déjà ses ravages intérieurs. Chic et lubrique, moite et onirique, l’instrumental d’ouverture composé par Alain Bashung et Denis Clavaizolle fait doucement monter la fièvre gainsbourienne dans une petite architecture mêlant clavecins, congas, guitares new-yorkaises, violons et violoncelles évadés d’une musique contemporaine.
Une mise en appétit avant le grand frisson. “Je suis l’homme à tête de chou/moitié légume moitié mec…”
Bashung revient d’outre tombe, Gainsbourg en bouche. C’est le Bashung psalmodiant, le rôdeur de la pop qui est là, celui de L’Imprudence, le ton grave, la langue malaxeuse de verbe, la lèvre prosodique en talk-over.
Les prises de voix datent de la fin 2006 quand, replié dans le studio personnel de Clavaizolle au coeur du Massif central, Bashung avait roulé dans son palais le disque de Gainsbourg, pour voir si l’exercice était dans ses cordes. Il était un peu enrhumé, parfois hésitant.
Μais il n’a jamais voulu revenir sur ses enregistrements : il tenait à la spontanéité, à la fraîcheur primaire, celle de l’interprétation d’un texte “à peine découvert” qu’il avait fini par apprivoiser dans son registre vocal.
“Il venait comme ça, en disant “Bon, j’ai amené les textes, on va voir”, se souvient le producteur Denis Clavaizolle. Il n’avouait pas qu’il travaillait.
Je pense qu’il s’était imprégné du truc chez lui, qu’il les avait lus plein de fois. Par exemple, la façon dont il s’était approprié Aéroplanes, dès le premier jet, ne trompait pas.
Mais il gardait toujours une modestie, une simplicité incroyable. Il a fait quatre prises par morceau. Il me demandait mon avis, c’était bizarre…
Il était là, de l’autre côté de la vitre, avec sa petite table, son Coca Light et son déca, une clope, ses lunettes de soleil et les textes. Il me demandait : “Ça va ?”. Je répondais : “Oui, on va peut-être en refaire une petite…” – “On en fait autant que tu veux.”
Il avait toujours cette humilité du chanteur au service du texte, de l’oeuvre et de celui avec qui il travaille. En fonction des sons, il adaptait sa voix et jouait sa partition de conteur, comme un acteur. Selon les situations, il se mettait vraiment dans la peau du personnage.”
Mi-février 2009, un mois avant que la faucheuse ne toque à sa porte, Bashung avait réuni tous les protagonistes de l’oeuvre (Denis Clavaizolle, Jean Lamoot, Jean-Marc Ghanassia) autour de sa table familiale, villa Poissonnière à Paris, pour définir quel écrin musical tisser autour de son interprétation : entre Steve Reich pour le répétitif, Satie pour la gymnastique, Ravel pour la sensualité, Debussy pour le satin, Mahler pour l’austérité et la tonalité, Captain Beefheart pour la folie des cuivres, John Barry et les Doors dans la vibration des orgues et des clavecins.
Un vrai labyrinthe dont Denis Clavaizolle sera légitimement le maître à jouer jusqu’au bout du projet, post mortem.
“Il me disait : “Parfois, il faut que tu fasses des parties de guitare comme si tu ne savais pas jouer, ou si tu ne savais jouer que depuis six mois…” Il pensait à Lou Reed et au Velvet Underground : il voulait des trucs comme ça, assez primitifs. J’ai aussi fait des sons de basse très secs. Il voulait qu’on sente l’odeur du bois.”
Tout y est sans exception. Veineux, sensuel et cascadeur, échafaudé comme une véritable pièce musicale où chaque intermède conçu spécialement pour la narration chorégraphique prolonge la relecture de l’oeuvre initiale.
Le puzzle prend forme comme une suite imaginaire et exotique de L’Imprudence. La musique s’installe en tableaux dans de grands espaces, Gainsbourg s’y décline en harmonies spatio- temporelles, la trompette d’Erik Truffaz crapahute sur les cimes et Marilou reggae s’enlace dans les lianes venimeuses de Massive Attack.
La voix de Morgane (Cocoon) file les ingénues libertines sur les deux chansons phare du disque (Ma Lou Marilou et Marilou sous la neige)…
L’extrapolation est totale, libre, rigoureusement débridée, vue de l’extérieur… Dans l’esprit de Gainsbourg finalement.
Conçue comme la BO d’une chorégraphie, elle s’est débarrassée du poids de l’oeuvre originale pour développer un pan de sa charge sensorielle dans une vision musicale.
La scénographie minimaliste et suggestive de Gallotta a endossé l’autre partie, plus figurative. Indissociables, ces deux mises en abyme du son et des corps recomposent L’Homme à tête de chou dans une poésie inédite.
L’Homme à tête de chou Chorégraphie Jean-Claude Gallotta, paroles et musiques originales Serge Gainsbourg dans une version enregistrée pour ce spectacle par Alain Bashung.
Jusqu’au 19 décembre au Théâtre du Rond-Point (Paris VIIIe), puis en tournée dans toute la France jusqu’en juin 2010.
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Bridget
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Sujet: Re: ALAIN BASHUNG Lun 28 Déc - 12:05
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France 5 L'air du temps : Alain Bashung Dimanche 3 Janvier 2010.
France 5 propose, dimanche 03 janvier 2010 à 16 heures 11, un volet de la série documentaire réalisée par Jacques Pessis "L'air du temps".
Des chansons qui demeurent présentes dans l'oreille de plusieurs générations sont souvent liées à une époque et à des événements alors d'actualité.
Alain Bashung
Disparu en 2009, Alain Bashung est passé à la postérité. On découvre ou on redécouvre un amoureux du rock et de la poésie qui a imposé un style mêlant deux genres, théoriquement incompatibles. Ses dernières tournées ont été triomphales, il a été couvert d'honneurs, mais a connu des temps très difficiles : quinze années de vaches maigres.
Voici le parcours de Bashung, raconté ici... Les années 60 où ses disques ne se vendent absolument pas, et il survit en multipliant les petits boulots, les années 70, où il alterne les hauts et les bas, les années 80 qui marquent avec ' Gaby ' et ' Osez Joséphine ', le début de son ascension et de sa consécration.
On m'a vu dans le Vercors Sauter à l'élastique Voleur d'amphores Au fond des criques J'ai fait la cour à des murènes J’ai fait l'amour j'ai fait le mort T'étais pas née
À la station balnéaire Tu t'es pas fait prier J'étais gant de crin, geyser Pour un peu je trempais Histoire d'eau
La nuit je mens Je prends des trains à travers la plaine La nuit je mens Je m'en lave les mains J'ai dans les bottes des montagnes de questions Où subsiste encore ton écho Où subsiste encore ton écho
J'ai fait la saison Dans cette boîte crânienne Tes pensées Je les faisais miennes T'accaparer seulement t'accaparer D'estrade en estrade J'ai fait danser tant de malentendus Des kilomètres de vie en rose
Un jour au cirque Un autre à chercher à te plaire Dresseur de loulous Dynamiteur d'aqueducs
La nuit je mens Je prends des trains à travers la plaine La nuit je mens Effrontément J’ai dans les bottes des montagnes de questions Où subsiste encore ton écho Où subsiste encore ton écho
On m'a vu dans le Vercors Sauter à l'élastique Voleur d'amphores Au fond des criques J'ai fait la cour à des murènes J’ai fait l'amour j'ai fait le mort T'étais pas née
La nuit je mens Je prends des trains à travers la plaine La nuit je mens Je m'en lave les mains J'ai dans les bottes des montagnes de questions Où subsiste encore ton écho Où subsiste encore ton écho
La nuit je mens Je prends des trains à travers la plaine La nuit je mens Je m'en lave les mains J'ai dans les bottes des montagnes de questions Où subsiste encore ton écho Où subsiste encore ton écho ...
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Bridget
Nombre de messages : 2631 Age : 73 Localisation : Paris Date d'inscription : 13/05/2008
Sujet: Re: ALAIN BASHUNG Dim 14 Mar - 16:15
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DANDY DES MATINS BLEMES
Bashung, un an après un livre de photos
Il y a un an, Alain Bashung s'éteignait. C'était le 14 mars 2009 et la France gardait de lui les images d'un chanteur affaibli et digne venant cueillir quelques jours plus tôt ses trois Victoires de la musique.
Avec ce Dandy des matins blêmes, Alain Wodrascka et le photographe Pierre Terrasson lui rendent, d'abord, un tendre et nécessaire hommage. Mais ils permettent surtout de se replonger dans les pas loin de 45 ans de sa carrière musicale.
"Je ne crois pas que j'aurais autant apprécié les mots, sans lui", glisse dans un préambule le chanteur Axel Bauer. Les mots… Ah, oui, il les aimait, lui aussi, l'incandescent Alain. Lui qui, avec sa voix de velours, a chanté ceux des plus grands: Gainsbourg, Fauque, Bergman…
Après un petit détour par son enfance alsacienne, au temps où Alain s'appelait encore Baschung (avec un c), l'ouvrage suit une ligne chronologique.
Évidente et pédagogique. Étirant le fil d'une carrière féconde, faite aussi de plaies et de blessures.
Du succès qui arrive tardivement avec Pizza en 1981 à l'évidence Bleu pétrole, en passant par les expérimentations audacieuses de l'Imprudence. À défaut d'offrir des textes inédits (le livre compile des extraits d'entretiens divers), ce Dandy est surtout séduisant par son iconographie.
Les photos de Pierre Terrasson, donc, mais aussi Francis Vernhet et Jean-Louis Rancurel, ravivent le charisme sauvage du chanteur. Sa dégaine rock dans les années 80 (mais qu'il était beau!), assagie, mais vénéneuse plus tard, classieuse à la fin de sa vie. Elles livrent, de bout en bout, l'image que l'on souhaite à jamais garder de lui, celle d'un rocker à l'éternelle élégance.
Pratique : Chez Didier Carpentier Ed.144 pages. 28€ 14 / 03 / 2010 La Provence
Le Mot de l'éditeur : Bashung : dandy des matins blêmes
Dandy destroy du rock, Alain Bashung a créé un style nouveau qui a influencé la nouvelle scène.
Avec son charisme déjanté, sa voix écorchée par les excès, ses mélodies inimitables mises en mots par les plus grands paroliers (Boris Bergman, Serge Gainsbourg, Jean Fauque...), Alain Bahung a chanté pendant trente ans la note bleue: cette note fantôme impossible à inscrire sur une partition.
À travers ses nombreux standards empreints d’un rock de velours: «Gaby oh Gaby», «Vertige de l’amour», «Osez Joséphine», «Madame rêve», «Ma Petite Entreprise», «Résidents de la République»..., Bashung a prouvé qu’il savait mieux que quiconque évoquer les matins blêmes, distiller un savoureux désespoir.
Mais avec élégance. Cette élégance dont il faisait preuve, lors de sa dernière tournée, en chantant sur scène malgré la maladie.
Dans ce livre illustré des superbes clichés de Pierre Terrasson – qui a suivi Bashung pendant dix ans – et de Francis Vernhet, nourri de témoignages de proches du chanteur, vous retrouverez, en images et en mots, les différentes étapes de la carrière d’Alain Bashung.
Une discographie et une filmographie accompagnent cet ouvrage.
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