NOBEL 2010 - Vargas llosa

C’était celui qu’on n’attendait plus. Celui qui fut si souvent et si longtemps cité comme nobélisable qu’on le disait écarté. Celui dont on ne parlait plus guère à Stockholm en raison de sa réputation d’homme de droite, mal portée ces derniers temps dans les sphères littéraires. Celui qui a reçu tant de prix littéraires en Espagne et en Amérique latine et de doctorats honoris causa ces dix dernières années qu’on les imaginait dissuasifs vis à vis des académiciens suédois. Bref, le péruvien Mario Vargas LLosa, qui a obtenu la nationalité espagnole il y a quelques années, et dont on peut tout dire sauf qu’il n’a pas une oeuvre, forte, puissante, stylée : Conversation à la cathédrale, Pantaléon et les visiteuses, La tante Julia et le scribouillard, Tours et détours de la vilaine fille…

Les membres du comité Nobel marquent par ce choix leur volonté. Ils n’aiment rien tant que surprendre les pronostics. Jamais ils n’ont été aussi secrets que ces dernières années. Même les échotiers suédois, autrefois bien informés, n’obtiennent rien dans les jours précédant l’annonce. Selon leur communiqué, l’heureux élu l’est autant pour sa conception de la carte que pour sa notion du territoire : en effet, ils ont distingué son oeuvre “pour sa cartographie des structures du pouvoir et ses représentations incisives de la résistance, de la révolte et de la défaite de l’individu”.

Le discours de Vargas Llosa lui sera certainement l’occasion de rendre hommage à ses pairs, notamment les écrivains à qui il n’a cessé de payer sa dette, dans de nombreux articles et essais, notamment Juan Carlos Onetti ou encore le Victor Hugo des Misérables, Flaubert… On guettera avec intérêt la réaction de Gabriel Garcia Marquez, l’autre nobel latino-américain vivant, ancien ami devenu ennemi intime.

Pierre Assouline
http://passouline.blog.lemonde.fr/2010/10/07/nobel-la-surprise-vargas-llosa/#xtor=RSS-3208

Quant aux parieurs, ils l’ont dans le baba. Vargas Llosa était donné à 25 contre 1…