En fusionnant, l’organisateur de concerts Live nation et les vendeurs de places Ticketmaster créent une situation de monopole inquiétante.
Créé le 12 février 2009 - par Géraldine Sarratia
Une page décisive viendrait-elle de s’écrire pour l’industrie du disque ? Le 10 février, Live Nation, premier organisateur de concert dans le monde (1500 artistes, 22.000 spectacles dans près de 60 pays) et Ticketmaster, leader mondial de la vente de billets de concerts (141 millions de billets vendus en 2007) ont annoncé leur fusion par un échange d’actions.
Le nouveau monstre, baptisé Live Nation Entertainment, est valorisé à 2.5 milliards de dollars. Réunis, les deux géants pourraient dominer le marché plus largement encore que ne le faisaient les majors pendant leur « âge d’or », quand cinq compagnies se partageaient le gâteau. Les deux alliés contrôleront en effet toute la chaîne, de la production d’un disque, jusqu’à la vente concerts, sans oublier les ventes de produits dérivés.
Inconnu il y a encore quatre ans, Live Nation a réussi à attirer dans ses filets les mastodontes de l’industrie du disque, en leur faisant signer des contrats dit à 360°: contre un gros paquet (de millions de dollars) des artistes tels que Madonna, Jay Z, U2 ou Radiohead ont accepté de céder la quasi-totalité de leurs droits (les contrats varient en fonction des artistes) et des revenus générés par leur activité musicale (disques, concerts, merchandising) pour les 10, 12 ou 15 ans à venir. En contrôlant la vente de ticket, Live Nation et Tickemaster décideront désormais de qui joue, où, et à quel prix.
Live Nation possède déjà ses propres festivals, comme en Belgique. Sur son blog, Bruce Springsteen s’est instantanément opposé à cette fusion, pointant une augmentation du prix des billets, déjà très élevés ( Madonna détient la palme l’an passé avec des places à 378 dollars) : « Cette fusion va rendre les choses encore pire pour les fans », a expliqué le boss, qui avait déjà dénoncé les marges trop importantes prélevées par Tickemaster sur les places de ses concerts.
Surtout, Live Nation Entertainment devraient proposer de nouvelles façon de « vendre » ses artistes à une échelle mondiale : on peut par exemple imaginer des partenariats géants et exclusifs avec les opérateurs de téléphonie, qui vendront en exclusivité en téléchargement un titre joué sur scène par un des artistes Live Nation.
Un futur qui ne laisse rien présager de bon pour les artistes indés et les petits labels qui devront déployer une belle inventivité, et une foi certaine pour lutter face à ce Goliath. Côté salles, la France, dont le parc est en majorité public, devrait pour l’instant être quelque peu épargnée.
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