Didier Varrod et Patrice Bardot
"On voulait un magazine qui incarne
la nouvelle vague de la chanson française"
Propos recueillis par Suliane Favennec
LE POINT
Patrice Bardot (à gauche) et Didier Varrod sont à l'origine de "Serge",
un magazine musical sur la chanson française.
©Fanny Bouyagui , Radio France /Christophe Abramowitz
Sur fond de crise de la presse, le pari était osé !
Un nouvau magazine consacré à la musique française
arrive dans les kiosques le 21 septembre :
Serge, un bimestriel qui se veut "sexy, chic et populaire",
à destination des jeunes comme des seniors.
À l'origine du projet, deux mélomanes reconnus :
Didier Varrod, journaliste et chroniqueur musical à France Inter,
et Patrice Bardot, rédacteur en chef du magazine spécialisé
dans les nouvelles tendances musicales Tsugi.
À l'occasion de sa sortie, les fondateurs du magazine se sont confiés au Point.fr .
Le Point.fr : Baptiser votre magazine Serge,
c'est une façon de se placer sous le patronage de Gainsbourg ?
P. B. : Oui mais pas seulement. Serge, c'est aussi Lama, Reggiani...
D. V. : Et c'est une référence à la nouvelle vague,
et notamment au film de Claude Chabrol Le Beau Serge.
On veut incarner une nouvelle vague de la chanson,
réunir aussi bien la chanson française populaire que la musique plus classique.
Vous dites avoir voulu faire un magazine "novateur". En quoi Serge innove-t-il ?
P. B. : On a évité de faire un mag de solfège...
Notre but était de faire quelque chose de léger et non de technique.
Et puis on ne fait pas de critique musicale, ni de brèves ou d'annonces de concerts.
On laisse ça à internet.
D. V. : Historiquement, un magazine consacré à la chanson c'est rarissime.
Il y a toujours eu un ou deux supports pour tous les genres de musique,
mais sur la chanson, très peu.
Mais l'innovation tient aussi dans la manière dont on traite des albums.
La musique est tellement variée qu'il y en a pour tous les goûts,
on ne peut pas vraiment dire si c'est bien ou non, car au final tout le monde a raison.
Il vaut mieux être subjectif et ne choisir qu'un disque.
C'est ce qu'on a fait dans ce premier numéro avec le dernier album de
Philippe Katerine par exemple (lire la critique du Point ).
Certes, mais pourquoi ce choix de ne parler que de chansons françaises ?
P. B. : Aujourd'hui lorsqu'on crée un magazine, si on veut se démarquer, il faut un parti pris.
Le nôtre c'est la langue française.
Serge traitera donc aussi bien des chanteurs français
que des chanteurs étrangers qui créent des titres en français !
D. V. : Et puis la chanson française a toujours rythmé notre vie.
On naît avec des chansons, on aime en chanson, on se sépare en chanson,
on angoisse en chanson.
Et lorsqu'on meurt, on identifie l'être disparu par une chanson.
La chanson est un vecteur populaire et fort.
On a aussi fait un constat :
aimer la chanson française aujourd'hui est devenu branché.
Tous les nouveaux chanteurs ont des influences d'Édith Piaf ou Joe Dassin.
Par exemple, les héros du hip-hop français sont Jacques Brel ou Georges Brassens !
On est aujourd'hui dans un processus de coming out.
Quelle est donc votre démarche avec ce magazine ?
D. V. : Mettre en valeur l'artiste, raconter des histoires :
comment, par exemple, Olivia Ruiz écrit-elle ses chansons ?
On s'intéresse aux passions des auteurs pour la bouffe, le sport ou la littérature,
et même le sexe.
Qui savait qu'Arno avait été le cuisinier de Marvin Gay ?
Ou que Disiz, qui vient de repasser son bac, était un fou de littérature ?
Lancer un magazine alors que la presse papier
subit la concurrence du gratuit et de l'internet, c'est plutôt osé non ?
D. V. : Oui et non. Les gens sont touchés qu'on ait réussi en 2010 à créer un magazine,
d'autant que nous avons un petit groupe de presse, Détroit Média.
P. B. : On veut se démarquer du net. On a fait de Serge un bel objet.
L'esthétique est essentielle, notamment grâce à la qualité des photos.
Et puis on innove. Notre couverture par exemple,
un plan large d'un artiste et les sujets en haut,
on n'en voit pas dans la presse d'aujourd'hui.
On a beaucoup de rubriques :
les dessous chics, au lit avec... Apparemment, ça plaît !
Le milieu professionnel nous demande même si on a de la place pour les faire bosser (rires) !
Vous avez une petite idée des sujets du deuxième numéro ?
P. B. et D.V. en choeur : Des drôles de rencontres et des drôles d'endroits...
On n'en dira pas plus.
Serge, 116 pages, 5 euros, bimestriel.
MYSPACE SOMMAIRE MAGAZINE :
http://www.myspace.com/sergemagazine