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 LILIANE BETTENCOURT : UN GRAND DESTIN

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liliane
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liliane


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LILIANE BETTENCOURT : UN GRAND DESTIN Empty
MessageSujet: LILIANE BETTENCOURT : UN GRAND DESTIN   LILIANE BETTENCOURT : UN GRAND DESTIN EmptyMer 23 Sep - 23:32

LILIANE BETTENCOURT

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Quand Liliane Schueller voit le jour, le samedi 21 octobre 1922, dans le VIIe arrondissement de Paris, ses parents vivent déjà très confortablement, mais sont loin de posséder une telle fortune.

Son père, Eugène Schueller, est issu d'un milieu modeste. Dans la boulangerie-pâtisserie familiale de Charles et Amélie, rue du Cherche-Midi, à Paris, le petit «Ricquet» - c'est son surnom - fait son éducation sur le tas. Après l'école, il donne un coup de main à la boutique. Son avenir semble tout tracé. Mais le krach de Panama, en 1891, engloutit les économies de ses parents et les contraint à s'installer à Neuilly.

Comme ils fournissent le collège de Sainte-Croix et que sa mère a de l'ambition pour lui, le petit Eugène est par chance admis à poursuivre ses études dans ce lieu très élitiste. Il apprend sans relâche et, plus tard, parvient à intégrer l'Ecole de chimie, dont il sortira diplômé en 1904. A la Sorbonne, il devient l'assistant préparateur du Pr Victor Auger.

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C'est là que commence la success story. Le 18 novembre 1996, Liliane Bettencourt racontait elle-même les débuts du chimiste lors d'un discours tenu à l'occasion du centenaire de l'école. «Un jour, un coiffeur-barbier vient demander au Pr Auger de lui indiquer un chercheur qui pourrait l'aider dans une étude sur les cheveux... Personne ne répond. Mon père, timide, lève la main. Le coiffeur tenait boutique à l'autre bout de Paris. Deux fois par semaine, le soir, mon père traversait la ville à pied. Au bout de quelques mois, il annonce au professeur qu'il va s'installer et chercher ??chez lui''. C'est ainsi que, dans sa cuisine, il trouvera les premières teintures...»

En 1907, Schueller crée sa société : la nuit, il formule ses produits; le jour, il fait la tournée des coiffeurs. L'Oréal ne va plus cesser de se développer.

La petite Liliane est élevée par ce père entrepreneur et bourreau de travail. Lorsqu'elle a eu 5 ans, sa mère, Betsy, a été emportée, en une nuit, à Lyon. D'un abcès au foie. Elle était musicienne. «Quand elle est morte, il n'y a plus eu de musique dans la maison», confiera, plus tard, Liliane Bettencourt, qui dit encore: «Je suis surtout la fille d'un père.» Eugène Schueller se lève à 4 heures tous les matins. Chaque jour, il marche trois quarts d'heure. Un professeur de culture physique vient aussi à domicile. Liliane est pensionnaire chez les Dominicaines. Schueller lui inculque une discipline de vie, la ponctualité, le goût de l'effort... L'homme est friand de formules qu'il assène à ses collaborateurs, comme «Le travail est invincible» ou «L'intelligence, c'est la capacité de voir des ensembles et le point de vue des autres; il n'en faut pas trop»...

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Des stages dès l'âge de 15 ans

L'enfance se partage entre l'appartement du boulevard Suchet puis celui de l'avenue Paul-Doumer, à Paris, et la maison de Franconville (alors Seine-et-Oise) - une demeure bourgeoise mais simple à un étage, dotée d'un grand jardin. Aujourd'hui, l'autoroute A 15 passe derrière la propriété qui, désormais, appartient à Bernadette Zviak (la veuve de l'ancien président, de 1984 à 1988, de L'Oréal). De cette période, les rares témoins se souviennent d'une jeune fille qui sort peu, joue du piano, lit beaucoup (déjà) et fréquente assidûment, le samedi après-midi, les séances cinématographiques organisées par Marcel Bleustein-Blanchet chez Publicis. Dès l'âge de 15 ans, Liliane fait également des stages chez L'Oréal. A l'usine, où elle commence par coller des étiquettes, puis au centre technique, à l'ancien siège, rue Royale. Toujours à la fin des vacances, pendant trois semaines. «Les vacances, pour Schueller, c'était plutôt un besoin de repos, raconte un industriel. Il allait quinze jours à Evian et quinze jours à L'Arcouest.»

L'Arcouest. Maintenant encore, de toutes les propriétés, la maison bretonne reste la préférée de Liliane. Avec sa piscine d'eau de mer chauffée et sa vue imprenable sur l'île de Bréhat, la demeure, magnifiquement entretenue et dominée par une futaie d'eucalyptus, a un petit air de paradis. L'Arcouest, ou «Sorbonne Plage», ou «Fort la Science», ou encore «la baie des Cerveaux»! Après la guerre de 14, le site est devenu, l'été, le lieu de villégiature d'illustres intellectuels et de scientifiques parisiens comme Marie Curie, Jean Perrin, Louis Lapicque ou Charles Seignobos. Ce dernier, normalien, agrégé d'histoire, fils d'un député républicain de l'Ardèche, est l'âme de cette communauté savante. Le Capitaine, de son surnom, donne des soirées dans sa maison rebaptisée «le Club»; organise des sorties en mer sur son bateau, l'Eglantine. Eugène Schueller a été l'un de ses hôtes avant de faire construire sa propre villa, en 1926. Non sans provoquer, au début, quelques remous. L'industriel a en effet soufflé le terrain que lorgnait un autre fidèle, le sculpteur animalier canadien Cecil Howard, et bâti une maison «prétentieuse, avec une colonnade», selon le mot de Frédéric Joliot-Curie que rapporte son biographe, Michel Pinault (éd. Odile Jacob). Dans les années 30, la bâtisse sera d'ailleurs transformée...

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Ici, tandis que son père s'adonne à l'aviron, Liliane nage, marche, fait du vélo. «Quand elle traversait la place du village avec son maillot décolleté dans le dos, je peux vous assurer que c'était la meilleure pub pour l'Ambre solaire», raconte un habitué. Elle navigue aussi sur l'Edelweiss, le yacht de son père, que l'on barrait avec une roue. Il y a encore une certaine Juanita, surnommée affectueusement «Nita» (l'annexe du bateau porte son nom), une jolie femme mi-irlandaise, mi espagnole, avec qui l'adolescente se promène sur la plage en compagnie de deux setters à la robe feu... Ainsi va la vie à L'Arcouest.

A Paris, Eugène Schueller est attiré par la vie publique et politique. Il se fait l'apôtre de théories économiques, sur le salaire proportionnel, par exemple. Il flirte de plus en plus avec la droite nationaliste. Lui, le héros de 14-18 - cinq citations, croix de guerre, Légion d'honneur - se joint aux cercles les plus extrémistes quand sonne l'heure du Front populaire. Il soutient Eugène Deloncle, le fondateur de la Cagoule, qui deviendra le Mouvement social révolutionnaire (MSR) sous l'Occupation. Schueller y paraît en qualité de «président et dirigeant de toutes les commissions techniques et commissions d'études».

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Le début d'une brillante carrière politique

Violemment antisémite, le MSR fusionnera avec une organisation pronazie, emmenée par Marcel Déat, pour constituer le Rassemblement national populaire. Jusqu'où l'entrepreneur adhère-t-il à l'idéologie nauséeuse de ces mouvements? Toujours est-il qu'à la Libération il a maille à partir avec le comité d'épuration des industries chimiques. Il faudra toute l'habileté et l'influence d'amis mieux inspirés pour le sortir de ce mauvais pas. Il sera définitivement relaxé en 1948.

A 25 ans, Liliane est alors à même d'apprécier. La période n'est sans doute pas très plaisante. D'autant qu'elle est malade: elle souffre d'une tuberculose qui lui vaut de séjourner à la montagne, à Leysin. La station suisse est alors à son apogée. Elle est connue, depuis la fin du XIXe siècle, pour ses sanatoriums. Comme le très chic hôtel Belvédère (occupé aujourd'hui par le Club Med), ses six étages et ses splendides balustrades en métal, toutes ornées de dessins différents, que dirige le Dr Edouard Arnold.

Liliane n'est pas seule : André Bettencourt est aussi à Leysin pour se faire soigner. Issu d'une vieille famille bourgeoise catholique, il a trois ans de plus qu'elle. Son père, Victor, était avocat. Ses ancêtres normands, grands navigateurs, ont découvert, en 1402, les îles Fortunées (les Canaries). Avec l'aide de François Dalle et de François Mitterrand - tous deux employés chez L'Oréal et ex-condisciples du foyer des pères maristes au 104 rue de Vaugirard - et l'appui de quelques résistants de la première heure, le jeune homme a contribué, à la Libération, à sauver Schueller de l'épuration. C'est qu'André a mieux fini la guerre qu'il ne l'avait commencée. Entre 1940 et 1942, journaliste, il a tenu une chronique, «Ohé, les jeunes!» dans La Terre française, un hebdomadaire pétainiste. Certains de ses articles étaient ouvertement antisémites. Ce qui lui vaudra de sérieuses attaques, en 1995, et de s'excuser auprès de la communauté juive, lorsque ses écrits seront de nouveau exhumés par les frères Frydman, alors en conflit avec L'Oréal.

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A 17 h 30, le 8 juin 1950 (et non le 9, comme l'indique curieusement la notice d'André dans le Who's Who), Liliane Henriette Charlotte Betsy épouse André Marie Joseph à la mairie de Vallauris, dans les Alpes-Maritimes. Le contrat de mariage a été signé à Paris, le 26 mai, chez Me Jacques Fatoux. La cérémonie a lieu dans l'intimité. Pourquoi Vallauris ? Parce que c'est ici, dans les hauts du village, qu'habite Marie, l'ex-meilleure amie de la mère de Liliane... Cette année-là, L'Oréal est déjà un groupe prospère. Monsavon, Dop, Ambre solaire sont des marques familières aux Français. André Bettencourt, lui, est conseiller général du canton normand de Lillebonne depuis 1946. Il va être élu, en 1951, député indépendant de la Seine-Maritime. C'est le début d'une brillante carrière politique qui le conduira d'abord au cabinet de Pierre Mendès France, puis dans les gouvernements de Georges Pompidou, Maurice Couve de Murville, Jacques Chaban-Delmas et Pierre Messmer, avant de siéger, pendant près de vingt ans, au palais du Luxembourg. Il abandonnera ses derniers mandats en 1995.

L'une des fondations les mieux dotées

Tout au long de ce parcours, du moins tant qu'il officie au gouvernement, jusqu'en 1973, Liliane va accompagner le ministre, soutenir le député. Elle va être d'abord «la femme de», souligne un ami. Avec tout ce que cela implique de voyages officiels et de réceptions mondaines, de foires aux bestiaux et d'inaugurations, de discours convenus et de poignées de mains moites. D'attaques, aussi. «Pendant les campagnes électorales, les communistes ne les épargnaient pas sur leur fortune», se souvient au conseil général, à Rouen, Charles Revet, le dauphin d'André Bettencourt. Une autre fois, ce seront les agriculteurs en colère qui iront déverser des pommes de terre dans la piscine de L'Arcouest.

«Avec son charme et sa beauté, elle a admirablement accompagné la carrière de son mari, un peu à la manière d'une Jackie Kennedy», s'enthousiasme Lindsay Owen-Jones. Et l'actuel PDG de L'Oréal, dont on pardonne la partialité, de montrer une photo de la dame accompagnant l'élu, en 1970, en Chine. Ce n'est pas le ministre qui est placé au centre du portrait, ni Mao Zedong, mais elle. «En 1968, nous suivions nos époux respectifs, lors d'un déplacement officiel en Iran et en Afghanistan, raconte Claude Pompidou. C'était pendant les événements de Mai, Georges était préoccupé, et les conditions de voyage étaient difficiles. Liliane ne perdait pas de vue son mari et elle n'a pas cessé de me mettre en avant.» Les Pompidou? Sans doute le couple politique dont les Bettencourt se sont sentis le plus proche. «S'il en est un avec lequel mon entente fut plus évidente et envers lequel ma reconnaissance demeure fervente, c'est bien le président Georges Pompidou», expliquait André Bettencourt, le 30 novembre 1988, lors de son discours d'investiture à l'Institut. «Lorsque mon mari a disparu, confie encore Claude Pompidou, Liliane est la seule à m'avoir demandé si mon fils et moi nous avions besoin de quelque chose et elle nous a prêté sa maison de L'Arcouest.»

«La femme d'André» a, depuis 1957, coiffé une autre casquette. Le 23 août, son père est décédé. Il repose, au côté de son épouse, dans la troisième division de l'ancien cimetière de Neuilly. Plus qu'une héritière, Liliane Bettencourt se sent dépositaire de l'oeuvre de ce père à qui elle voue une admiration sans borne. «En cela, on peut la comparer à Elisabeth Badinter [fille de Marcel Bleustein-Blanchet]», note le patron de Publicis, Maurice Lévy.

«Un soir, lors d'un dîner, témoigne Bernard Arnault, PDG de LVMH, alors que j'étais assis à côté d'elle, elle m'a raconté les débuts de son père dans les affaires.» A presque 35 ans, elle aurait pu alors être tentée de jouer les Elizabeth Arden ou les Helena Rubinstein. Elle a la lucidité de nommer à la présidence François Dalle, entré dans le groupe en 1942. Tout comme elle adoubera plus tard ses successeurs, Charles Zviak et Lindsay Owen-Jones. Avec les trois, elle entretiendra des relations de travail étroites devenues, au fil du temps, des relations d'amitié. Dans le bureau d' «OJ», comme le surnomment ses collaborateurs, trône sur l'un des meubles une photo d'elle en noir et blanc avec cette dédicace: «Confiance et affection».

Si elle a délégué le management de l'entreprise, Liliane Bettencourt a toujours, en revanche, pris à coeur son rôle d'actionnaire majoritaire. Pas nécessairement en occupant des fonctions officielles. Elle ne siège au conseil d'administration que depuis 1995 et préside le comité management et rémunérations. Mais la propriétaire des lieux est bel et bien présente. Lors des diverses manifestations organisées par le groupe - de la remise des médailles du travail au Trophée Lancôme. Lindsay Owen-Jones lui donne aussi régulièrement sa vision sur les principaux dirigeants de la firme - leurs qualités, leurs défauts, les espoirs qu'il place en eux. Elle lui pose des questions. Tous deux, quatre ou six fois par an, se voient également en tête à tête. «Je lui présente les nouveaux produits et la publicité qui les accompagne. Son point de vue m'est précieux», commente le PDG. Lequel souligne l'appui indéfectible de son actionnaire: «Elle marque une vraie solidarité avec le management. Ainsi, chaque fois que nous avons eu à faire des choix difficiles avec des risques objectifs de pertes, comme lors de notre implantation en Chine, elle nous a soutenus.» L'associée Bettencourt ne manque jamais non plus, lorsqu'elle voyage à l'étranger à titre privé, d'aller rendre visite au patron de la filiale locale avec qui, si besoin est, elle parle anglais.

Plus sérieusement, c'est elle qui a donné son feu vert, en 1974, à l'entrée de Nestlé dans le capital du groupe. L'année précédente, «André Bettencourt remit une note précise au président [Georges Pompidou], écrit François Dalle dans un livre à paraître. Quelques semaines passèrent, puis le président l'informa [...] qu'il était favorable et qu'il allait en parler au ministre de l'Economie. Nous entreprîmes donc nos discussions avec les gens de Nestlé [...]. Une holding - Gesparal - a été créée, dans laquelle Liliane Bettencourt a conservé la majorité, et nous avons vécu, depuis cette époque, dans le plus grand respect des accords signés...»

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Plus tard, en 1992, Liliane Bettencourt règle encore - sans bruit - sa succession, avec le concours du cabinet Francis Lefèbvre. Une décision judicieuse si l'on considère, depuis, l'envolée des cours! Cette année-là, les recettes de l'Etat, au titre des donations-partages, ont bondi de 3,3 à 4,9 milliards de francs. Sa fille unique, Françoise, peut être sereine. Elle siège également au conseil d'administration, tout comme son époux, Jean-Pierre Meyers, un ancien de la Société générale, petit-fils de rabbin et fils d'un ex-salarié de L'Oréal. Vice-président du conseil, membre du comité d'audit, le gendre et son épouse se préparent à assumer, un jour, leurs responsabilités...

Bien sûr, toute la sainte famille siège aussi au conseil de Gesparal, que préside André Bettencourt. Et l'on retrouve les mêmes pour administrer la fondation Bettencourt-Schueller, dont Liliane assume la direction depuis sa création en 1987. La tâche qui l'accapare, peut-être, le plus aujourd'hui. La passionne, assurément. «Elle préside les séances, donne la parole aux experts. Elle a tout préparé, mais les décisions sont vraiment collégiales», note, à la Banque de France, Michel Albert, l'un des administrateurs de la fondation, qui s'amuse à rapporter cette anecdote: «A ma sortie de l'ENA, j'avais tiré comme sujet, à l'oral, «L'impôt sur l'énergie» - l'impôt de Schueller. Cela m'a valu ma meilleure note, 18 sur 20, et permis d'intégrer l'Inspection.»

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Avec les fondations Cino Del Duca et Singer-Polignac, la fondation Bettencourt-Schueller est une des mieux dotées. Et, sans doute, la plus généreuse : par son intermédiaire, Mme Bettencourt distribue, selon nos informations, de 20 à 40 millions de francs de dons chaque année. «Il y a les aides d'urgence, comme au Kosovo, rapporte le secrétaire général, Jean-Paul Delattre, mais le fil directeur est de donner un coup d'élan à la réalisation de projets.»

«Le souci de faire les choses, pas de le faire savoir»

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La fondation porte ses efforts principalement vers la recherche médicale et la lutte contre les pandémies, en particulier le sida. Ses autres actions sont concentrées dans les domaines social et culturel. Elle a ainsi aidé l'Apfee - une association qui se bat contre l'illettrisme - ou contribué à la réhabilitation de logements sociaux. Pour la onzième année, elle vient de décerner, le 22 novembre, le prix de chant choral, d'un montant de 250 000 F, au choeur de la Capella de Saint-Pétersbourg. Elle a également participé à la restauration de nombreux sites historiques, comme l'abbaye cistercienne du Valasse, en Normandie.

Et tout cela dans la discrétion. Depuis sa création, la fondation n'a pas cherché à faire parler d'elle. Sa ligne téléphonique est sur liste rouge. Les anciens lauréats primés, que nous avons réussi à contacter, se montrent peu loquaces, et les photos souvenirs sont jalousement gardées. La remise du prix aux jeunes chercheurs, à laquelle s'associent d'éminents professeurs, se tient à Neuilly, chez les Bettencourt, autour d'un verre! Seule exception: le prix pour l'intelligence de la main, destiné à honorer des artisans des métiers du patrimoine. Organisée pour la première fois, le 9 novembre dernier, au Carrousel du Louvre, cette manifestation, au demeurant intime, eut quelque écho parce que certains partenaires de la fondation le souhaitaient. Ce jour-là, droite derrière le micro, Liliane Bettencourt, sans jamais s'éloigner de son discours, a félicité, de sa voix fluette, les heureux élus, remercié beaucoup de monde et... cité Paul Valéry. Au premier rang, André Bettencourt jouait - cette fois - les princes consorts.
L'héritière ne limite pas ses dons à la fondation. De nombreuses oeuvres bénéficient de ses largesses, comme celles que président Bernadette Chirac et Claude Pompidou, mais aussi des associations moins connues, telle Cent pour sang la vie, qui lutte contre la leucémie. «Cette femme-là a le souci de faire les choses, pas de le faire savoir», résume son amie Hélène Ahrweiler, ancienne présidente de Beaubourg.

Cette réserve est dans la nature profonde de Liliane Bettencourt. Comme si son comportement était marqué par le désir de faire oublier sa situation financière. Même si, parfois, certains élans la trahissent. Un jour qu'un proche se plaignait devant elle de la société Sanofi, elle eut ce mot: «Mais Sanofi, c'est moi!» On a beau chercher quelques excentricités de riches, à la manière d'un Aristote Onassis ou d'un Donald Trump, c'est en vain. Cette milliardaire est finalement très famille! Sa fille, Françoise, pianiste émérite et auteur d'un ouvrage, paru en 1994, sur la généalogie des dieux grecs, préfacé par Hélène Ahrweiler et illustré par le peintre Pierre Bettencourt (un des frères d'André), est peut-être encore plus «sauvage». Liliane lui reproche gentiment, dit-on, de ne pas suffisamment prendre sa part d'obligations. A Neuilly - le huppé, celui du quartier Saint-James, dans lequel s'enfonce l'avenue de Madrid - toutes deux sont voisines.

Dans leur hôtel particulier, style art moderne, Liliane et André Bettencourt mènent le train de vie de grands bourgeois entourés d'une domesticité à la mesure de leur rang: secrétariat, maître d'hôtel, chef cuisinier... Il n'y a plus de gardes du corps, mais des «chauffeurs intelligents», selon la formule d'un parlementaire ami. A l'intérieur des lieux, quelques jolies toiles de maîtres - un Monet, un Van Gogh, trois Matisse... - des bouquets de fleurs d' «un mètre de diamètre», ironise un habitué, un piano et du mobilier Ruhlmann, commandé à l'artiste entre les deux guerres par Eugène Schueller. Ici, le couple aime recevoir. Les dîners se tiennent toujours en petit comité selon le souhait de Liliane, désormais un peu dure d'oreille. La maîtresse de maison veille personnellement au vin et aux fromages, qu'elle fait venir de chez Marie-Anne Cantin, la crémière qui livre le Trophée Lancôme. Ses préférences? La mimolette vieillie et les chèvres très crémeux.

Le choix d'être plutôt que d'avoir ou de paraître

La vie associative et mondaine tient une place importante. Les Bettencourt sont de toutes les grandes manifestations parisiennes. Florilège : concert exceptionnel, salle Gaveau, de Mstislav Rostropovitch en faveur de la fondation des Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France (juillet 1999); vernissage Chardin, parrainé par LVMH, au Grand Palais (septembre 1999); sommet mondial contre le cancer, à l'hôtel de ville de Paris, en présence du couple Chirac (février 2000); inauguration du nouveau siège parisien de Christie's (mars 2000); rétrospective des sculptures Picasso au centre Georges-Pompidou sous l'égide de François Pinault (juin 2000)... Monsieur et madame sont aussi conviés aux tables les plus brillantes. L'écrivain Alain Robbe-Grillet se souvient: «Nous dînions un soir chez le gouverneur [de la Banque de France] Jean-Claude Trichet. Alors que nous passions dans les somptueux salons de l'hôtel de la Vrillière pour prendre café et liqueurs, Mme Bettencourt m'a gentiment entrepris pour me dire toute l'admiration qu'elle portait à mon oeuvre.»

Saint Laurent, Chanel, Ungaro, Lanvin... A chaque sortie, Liliane Bettencourt revêt les marques des plus grands couturiers. Une secrétaire repère les modèles. Si l'élégance reste classique, elle n'empêche pas quelques audaces. Au tout début des années 70, elle fut l'une des premières, dans son milieu, à porter le pantalon, mis à la mode en 1968 par Yves Saint Laurent et son égérie, Betty Catroux. «Lors d'une cérémonie, Liliane est arrivée vêtue d'un très beau tailleur-pantalon beige, raconte Hélène Ahrweiler. André lui faisait toute une vie...»

L'argent a du bon. Et, comme dit Woody Allen : "Il est préférable à la pauvreté, ne serait-ce que pour des raisons financières." Mais Liliane Bettencourt n'abuse pas forcément du pouvoir et de l'influence qu'il procure. Lorsqu'elle fut approchée, récemment pour racheter le château Cheval-Blanc, la superstar des saint-émilion, elle fit une offre qu'elle améliora à plusieurs reprises. Mais, dès que l'affaire tourna à la confrontation avec les autres acquéreurs, le tandem Albert Frère-Bernard Arnault, elle décida de se retirer. Elle et son époux furent également, à plusieurs reprises, sollicités pour reprendre le quotidien Le Figaro. Par le propriétaire, Robert Hersant, mais aussi par les politiques - Georges Pompidou puis Valéry Giscard d'Estaing tentèrent de les convaincre. Le couple s'y est toujours refusé. André Bettencourt se contente, dans sa chère Normandie, de contrôler Le Courrier cauchois, le deuxième hebdomadaire régional français.

Lui et Liliane ne se refusent, en revanche, aucune escapade. L'immobilisme les barbe. Tous deux aiment voyager. De préférence dans les mers chaudes. A Noël, ce fut ainsi Agadir, puis les Caraïbes (Barbuda, Saint-Martin) et maintenant l'océan Indien. Ces «breaks soleil» sont complétés par des séjours réguliers dans les propriétés familiales. A L'Arcouest, bien sûr, où il leur est déjà arrivé de venir en hélicoptère. Mais aussi à Saint-Maurice-d'Etelan, à Belle Roche. La maison, une bâtisse de deux étages aux hautes cheminées symétriques, construite par le grand-père d'André, est gardée par un couple originaire de Dieppe - elle s'occupe de la cuisine; lui joue les régisseurs. Son prédécesseur était resté vingt-cinq ans au service des Bettencourt, après avoir travaillé pour l'ancien patron des services secrets, Alexandre de Marenches... Saint-Maurice: le fief de la famille d'André. Ses parents et sa soeur sont enterrés dans le petit cimetière lové autour de l'église (restaurée en 1987 avec l'aide de la fondation). Son frère aîné, Jacques - l'ancien curé de Veules-les-Roses - habite là toute l'année. Cinq générations de Bettencourt ont dirigé la mairie. André a abandonné son écharpe tricolore en 1989, mais lui et Liliane continuent de voter ici - le 24 septembre dernier, encore, lors du dernier référendum.

Grande marcheuse, Liliane aime se promener dans le chemin qui mène, en contrebas, vers la Seine. A L'Arcouest, elle se fait déposer à la chapelle de Lannevez, d'où elle part en balade. A Paris, elle file chaque matin faire le tour du parc de Bagatelle. Plus qu'un hobby, c'est une discipline de vie. De la même manière, elle nage encore souvent. La dame a le souci de sa santé. Voilà une quinzaine d'années, elle a eu un grave accident alors qu'elle se rendait en Bretagne. L'avion, un petit appareil, s'est dépressurisé et elle a reçu une portière sur un genou. «Elle a aussitôt réagi en disant: ??Si je ne prends pas le dessus, je vais devenir infirme.'' Cette volonté, cet acharnement à guérir, est bien dans son caractère», précise le banquier Pierre Haas, 80 ans, l'un des fidèles de la famille.

Liliane Bettencourt est ainsi: sa fortune immense aurait pu la conduire à toutes les folies. Elle aurait pu décider également de tout vendre et de s'expatrier en Suisse: elle continue de payer ses impôts en France. Celle qui s'est seulement donné le mal de naître, dira-t-on, a manifestement choisi d'être plutôt que d'avoir ou de paraître. «Les hommes, explique-t-elle, ont mis des millénaires pour se tenir debout. Que vaudrait la vie si elle se faisait à ras de terre ? »

http://www.lexpress.fr/informations/les-secrets-de-la-premiere-fortune-de-france_640526.html


Dernière édition par liliane le Dim 1 Aoû - 9:46, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: LILIANE BETTENCOURT : UN GRAND DESTIN   LILIANE BETTENCOURT : UN GRAND DESTIN EmptyJeu 24 Sep - 12:32

Histoire secrète de L’Oréal
par Thierry Meyssan*

Le géant de la cosmétique, L’Oréal, a annoncé la restructuration de son capital. Ainsi disparaît le holding de contrôle créé par Eugène Schueller pendant la Seconde Guerre mondiale. Le fondateur du groupe était aussi l’un des grands financiers du complot de la Cagoule et du nazisme français. A la Libération, la société et ses filiales étrangères servirent de refuge aux criminels en fuite. Aujourd’hui, l’héritière du groupe, Liliane Bettencourt, est devenue la femme la plus riche de France. L’histoire du groupe éclaire la face cachée de la politique française contemporaine.


LILIANE BETTENCOURT : UN GRAND DESTIN Fr-39011
À la mémoire de Marx Dormoy, Victor Basch, Jean Zay, Georges Mandel et Jean Moulin


C’est par un bref communiqué, diffusé le 3 février 2004 dans la nuit, que le géant de la cosmétique L’Oréal a annoncé la restructuration de son capital [1]. La famille Bettencourt et le groupe Nestlé, qui détenaient ensemble la majorité de L’Oréal par l’intermédiaire du holding de contrôle Gasparal, la posséderont désormais directement. Ce tour de passe-passe étant accompagné d’un engagement de conservation de titres, les Bettencourt bénéficieront d’un abattement de 50 % de la valeur taxable à l’impôt sur la fortune (ISF). Ils ne seront pas tenus de payer de frais pour cette transaction grâce aux nouvelles dispositions introduites à leur intention dans la « loi pour l’initiative économique » du 1er août 2003 [2].

L’Oréal est aujourd’hui évalué à 43,6 milliards d’euros. Les Bettencourt détiennent 11,99 milliards ; Nestlé 11,5 milliards ; les 20,11 milliards restants flottants en Bourse. La fortune personnelle de Lilliane Bettencourt, héritière du fondateur de L’Oréal, était estimée en 2002 à 17,2 milliards d’euros. Ce qui en fait la personne la plus riche de France.

Une entreprise qui veut se payer la République

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L’Oréal a été créé, en 1907, par un petit entrepreneur, Eugène Schueller. Il absorbe Monsavon, en 1928, puis les peintures Valentine, les shampoings Dop, le magazine Votre Beauté. Dérivant lentement à la droite la plus extrême, Schueller se fait connaître par ses théories économiques sur le « salaire proportionnel ». Dans une société libérée du capitalisme libéral et des syndicats, les ouvriers toucheraient un triple salaire : un salaire d’activité, un salaire familial calculé en fonction de leur nombre d’enfants, et un salaire de productivité.

Le 6 février 1934, en réaction à un retentissant scandale politico-financier, les ligues d’anciens combattants de la Grande guerre manifestent devant la Chambre des députés à Paris pour obtenir la démission du gouvernement Daladier. Sous l’impulsion des fascistes, le rassemblement tourne à l’insurrection et tente de renverser la République au profit du colonel de La Rocque qui refuse le rôle qu’on veut lui faire jouer.
Divers autres échauffourées surviennent dans les semaines suivantes, y compris une tentative de lynchage de Léon Blum en marge de l’enterrement d’un historien monarchiste, de sorte que, le 18 juin, le gouvernement prononce la dissolution des ligues. Immédiatement, un groupe de militants fascistes, pour la plupart issus de la XVIIe section des Camelots du roi, rompt avec le philosophe monarchiste Charles Maurras et décide de passer à la clandestinité. Ils constituent l’Organisation secrète d’action révolutionnaire nationale (OSARN). Il y a là autour d’Eugène Deloncle, Aristide Corre, Jean Filliol, Jacques Corrèze, bientôt rejoints par Gabriel Jeantet, François Méténier et le docteur Henri Martin.
Le colonel de La Rocque met en garde les anciens adhérents des ligues contre une infiltration de leur mouvement par des « groupes de trahison », c’est-à-dire par des fascistes agissant pour le compte de l’étranger, l’Italie et l’Allemagne en l’occurrence [3]. Quoi qu’il en soit, l’OSARN se structure rapidement en groupes locaux et en système hiérarchisé extrêmement cloisonné, de sorte qu’en dehors des chefs, les membres de l’organisation ignorent tout de son ampleur, de ses objectifs réels, des moyens et soutiens dont elle dispose. Certaines cellules du complot, dont les Chevaliers du glaive, dirigés à Nice par Joseph Darnant et François Durand de Grossouvre, adoptent un rituel et un costume inspirés du Klu Klux Klan états-unien, ce qui vaudra à l’OSARN d’être désigné par les monarchistes sous le sobriquet de « La Cagoule » [4].

Ami intime d’Eugène Deloncle, Eugène Schueller met ses moyens personnels à disposition du complot. Plusieurs réunions de l’équipe dirigeante se tiennent dans son bureau au siège de L’Oréal.
Un groupe de jeunes gens, résidant à l’internat des pères maristes (104, rue de Vaugirard à Paris), fréquente les chefs du complot et se joint à certaines de leurs actions sans pour autant adhérer formellement à l’OSARN. Il s’agit de Pierre Guillain de Bénouville, Claude Roy, André Bettencourt et François Mitterrand.
Robert Mitterrand, frère de François, épouse la nièce d’Eugène Deloncle.

Échecs et divisions sur fond d’antisémitisme

En un an et demi, l’OSARN formalise ses relations avec le gouvernement de Benito Mussolini en Italie, puis avec celui d’Adolf Hitler en Allemagne. Pour leur compte, il achemine des armes à Francisco Franco en Espagne et élimine des réfugiés politiques en France. En échange, il obtient un appui financier et logistique considérable. L’organisation tente un coup d’État dans la nuit du 15 au 16 novembre 1937, qui échoue. Au lendemain et dans les semaines qui suivent, le complot est mis à jour. Des perquisitions permettent de découvrir des caches d’armes réparties sur tout le territoire. Ce sont au total des centaines de fusils-mitrailleurs, des milliers de fusils et d’uniformes, des dizaines de milliers de grenades, des centaines de milliers de munitions, tous importés d’Italie et d’Allemagne, qui sont découverts.
Le président du Conseil, Édouard Daladier, freine l’enquête lorsqu’il apparaît que l’OSARN a développé ses réseaux parmi les officiers supérieurs et jusqu’à l’état-major. En effet, il ne paraît pas possible de décapiter l’armée française alors que la menace de guerre se précise. Il a tort, puisque la Guerre mondiale est effectivement déclarée et que la France capitule.

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« La communauté française »
Association secrète de spoliation des biens juifs et maçonniques. Parmi les responsables : Jacques Correze et Jean Filliol.

Si une partie des « cagoulards », hostiles à la domination étrangère, rejoint de Gaulle, la plupart d’entre eux se félicite de la victoire du fascisme et s’engage dans la Collaboration. En septembre 1940, Eugène Deloncle et Eugène Schueller créent le Mouvement social révolutionnaire (dont l’acronyme MSR se prononce « aime et sert ») avec le soutien de l’ambassadeur du Reich, Otto Abetz, et l’approbation personnelle du chef de la Gestapo, Reinhardt Heydrich. Les réunions de la direction du MSR se tiennent au siège de L’Oréal (14, rue Royale à Paris).
Le programme de l’organisation indique « Nous voulons construire la nouvelle Europe en coopération avec l’Allemagne nationale-socialiste et tous les autres nations européennes libérés comme elles du capitalisme libéral, du judaïsme, du bolchévisme et de la franc-maçonnerie (…) régénérer racialement la France et les Français (…) donner aux juifs qui seront conservés en France un statut sévère les empêchant de polluer notre race (…) créer une économie socialiste (…) qui assure une juste distribution des produits en faisant augmenter les salaires en même temps que la production ».
Première application de ce programme, Deloncle organise le plasticage de sept synagogues parisiennes, dans la nuit du 2 au 3 octobre 1941.
Subsidiairement, une organisation dans l’organisation est créée avec l’aide du SS Theo Dannecker, représentant Adolf Eichmann : la Communauté française dont le but est de « libérer complètement (la France) de ces ferments de corruption que sont les juifs et les Francs-maçons ». C’est ce groupe secret qui organise la spoliation des juifs souvent au profit personnel de ses membres. Parmi eux, on relève Jacques Corrèze déjà cité et Jean Filliol, le tueur de la « Cagoule ».

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« Guillemot et Delamotte », éditeur à Paris
Adolf Hitler et Eugène Schueller figurent côte à côte dans son catalogue.

Quant au jeune André Bettencourt, il devient le patron français de la PropagandaStaffel. Il est placé sous la triple tutelle du ministre de la propagande, Joseph Goebbels, de la Wehrmacht et de la Gestapo. Il a la haute main sur toutes les publications françaises, qu’elles soient collaborationnistes ou nazies. Il dirige lui-même La Terre française, une publication explicitement nazie destinée aux familles rurales, qui préconise la rééducation des intellectuels décadents par le retour forcé à « la terre qui ne ment pas ». Il y emploie l’agronome René Dumont. Par ailleurs, Bettencourt offre régulièrement les colonnes de ses journaux à Schueller.

La solution Bettencourt

Le 15 février 1941, à la demande de la SS, le MSR de Deloncle fusionne avec le Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat. Le patron de L’Oréal, Eugène Schueller, devient la personnalité économique de référence. Son livre, La Révolution de l’économie, se classe dans les ouvrage de référence du fascisme français.
Le 15 juin 1941, dans son discours au congrès de l’organisation au Palais de la Mutualité, il appelle à « une révolution préliminaire à la fois d’épuration et de redressement » qui ne peut « être que sanglante. Elle consistera tout simplement à fusiller vite cinquante ou cent grands personnages ».
Le 22 juin 1941, le Reich attaque l’Union soviétique. Deloncle et Schueller décident de créer la Légion des volontaires français (LVF) pour combattre le bolchévisme sur le front de l’Est et de la placer sous l’autorité de Jacques Corrèze. Tous ses membres prêtent serment d’allégeance au führer.
Ils tentent de s’appuyer sur cette puissante formation armée pour éliminer leur adversaire politique Pierre Laval et leur allié et néanmoins rival Marcel Déat. Le 27 août 1941, à l’occasion d’une cérémonie de départ d’un contingent de la LVF sur le front russe, ils organisent un double attentat au cours duquel Laval et Déat sont blessés.

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Le 20 décembre 1941, André Bettencourt, qui n’ignore rien des débats en cours à Berlin, écrit dans l’éditorial de Noël de La Terre française : « Un jour, trente ans plus tard, les juifs s’imagineront pourtant gagner la partie. Ils avaient réussi à mettre la main sur Jésus et l’avaient crucifié. En se frottant les mains, ils s’étaient écriés : « que son sang retombe sur nous et nos enfants ». Vous savez d’ailleurs de quelle manière il est retombé et retombe encore. Il faut que s’accomplissent les prescriptions du livre éternel ».
En effet, quelques jours plus tard la Conférence de Wansee décide la « solution finale » : des millions de personnes vont être exterminées dans le plus grand secret.

À l’issue des affrontements internes à la mouvance nazie française, c’est en définitive Deloncle qui tombe en disgrâce. Eugène Schueller se précipe alors, le 18 mars 1942, à l’ambassade du Reich pour se désolidariser de son ami. L’entretien est dûment consigné dans les archives allemandes.

L’OSS s’en mèle

La bataille de Stalingrad inverse le cours des événements. Désormais le Reich n’est plus invincible. André Bettencourt se rapproche de son ami François Mitterrand qui exerce diverses fonctions à Vichy où il partage son bureau avec Jean Ousset, le responsable du mouvement de jeunesse de la Légion française des combattants de Joseph Darnand. Ils seraient alors entrés en résistance au sein d’un Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés (MNPGD) dont l’activité a été officiellement reconnue quarante ans plus tard par l’administration Mitterrand, mais sur laquelle les historiens s’interrogent toujours.
Fin 1942, André Bettencourt est envoyé par Eugène Schueller « aryaniser » la société Nestlé en Suisse, dont le patron de L’Oréal est devenu l’un des actionnaires principaux. Il profite de ses déplacements pour rencontrer Allen Dulles et Max Schoop des services secrets états-uniens (OSS). En 1944, ils lui donnent 2,5 millions de francs de l’époque pour financer leur réseau. On ignore tout, encore aujourd’hui, de l’usage de cette somme.

Eugène Deloncle est assassiné. Mais les crimes des cagoulards ne prennent pas fin pour autant, pas même avec le débarquement allié en Normandie. Le 10 juin 1944, Jean Filliol conduit la division SS Das Reich à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) où elle massacre 644 habitants dans des conditions particulièrement horribles.

Parce qu’ils le valaient bien...

À la Libération, les cagoulards de Londres sauvent les cagoulards de Vichy. Grâce au témoignage d’André Bettencourt et de François Mitterrand, Eugène Schueller est relaxé au motif qu’il aurait aussi été résistant. L’Oréal devient le refuge des vieux amis. François Mitterand est engagé comme directeur du magazine Votre Beauté. André Bettencourt rejoint la direction du groupe. Avec l’aide de l’Opus Dei, une confrérie catholique franquiste, Henri Deloncle (frère d’Eugène) développe L’Oréal-Espagne où il emploie Jean Filliol. Quant à Jacques Corrèze, il devient patron de l’Oréal-États-Unis. En 1950, André Bettencourt épouse Liliane, la fille unique d’Eugène Schueller.

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André Bettencourt

Rue Saint-Dominique, le bureau d’André Bettencourt lorsqu’il dirigait la PropagandaStaffel, devient une résidence de l’Opus Dei. Tandis que Robert Mitterrand s’installe rue Dufrenoy dans l’immeuble qui abritera le siège de l’Opus en France. Cette œuvre est politiquement dirigée par Jean Ousset.

André Bettencourt a poursuivi une brillante carrière. Journaliste, il a créé en 1945 le Journal agricole, pour les anciens lecteurs de La Terre française. Sa carrière politique l’a conduit plusieurs fois au Parlement et au Gouvernement. Il a ainsi pu renouer avec ses activités passées en devenant secrétaire d’État à l’Information (1954-55), poste créé par son ami François Mitterrand, en 1948, et où ils auront tous deux forgé la presse française contemporaine. Les deux hommes sont inséparables, au point qu’en 1986 lorsque Mitterrand devenu socialiste et président de la République doit cohabiter avec une Assemblée de droite, il hésite à choisir André Bettencourt comme Premier ministre. Mais craignant le retour des fantômes du passé, il s’abstient. Cependant, ce passé reste présent.

Thierry Meyssan
* Analyste politique français, président-fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Dernier ouvrage publié : L’Effroyable imposture 2, éd. JP Bertand (2007).

[1] Un nouvel accord entre les actionnaires majoritaires de L’Oréal, communiqué de L’Oréal, 3 février 2004, 23h.

[2] La loi pour l’initiative économique a été présentée au Parlement par le secrétaire d’État aux Petites et moyennes entreprises, Renaud Dutreil, en décembre 2002, et adoptée le 1er août 2003 sous le numéro 2003-721. Cf. Journal officiel du 5 août 2003.

[3] Cf. Le Flambeau du 21 novembre 1936.

[4] La paternité de ce surnom est attribuée à Maurice Pujo.



Cet article a été écrit à partir des archives personnelles de l’auteur, des recherches financées par Michel Sitbon, et des documents qui lui ont été aimablement remis par le regretté David Frydman.
http://www.voltairenet.org/article12751.html


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MessageSujet: Re: LILIANE BETTENCOURT : UN GRAND DESTIN   LILIANE BETTENCOURT : UN GRAND DESTIN EmptyMer 21 Oct - 0:05

10 artisans d'art récompensés de 10.000€


Dix artisans d'art de dix métiers différents ont reçu ce soir à Paris le prix Liliane Bettencourt pour l'intelligence de la main qui récompense depuis dix ans des artisans alliant une parfaite maîtrise technique et une recherche esthétique.

Lors d'une cérémonie au Louvre en présence de la créatrice du prix, l'héritière du groupe L'Oréal, Liliane Bettencourt, le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a rendu hommage aux lauréats, "trait d'union vivant et exemplaire entre la tradition et la création".

Au lendemain de la remise au Premier ministre, François Fillon, d'un rapport sénatorial préconisant vingt mesures en faveur des métiers d'art, M. Mitterrand a souligné "l'ampleur de l'intérêt porté par le gouvernement" à ce dossier. Il a précisé qu'il prendrait "toute sa part dans la réflexion ministérielle" que suscitera le rapport "et dans la mise en oeuvre des préconisations qui seront retenues".

En s'appuyant sur les conseils d'experts et de personnalités des mondes de l'art, des arts décoratifs et du design, la Fondation Bettencourt Schueller a distingué dix artisans d'art de Paris et de province : Isabelle Guédon et Benjamin Caron, artisans du cuir, Aurélie Lanoiselée, brodeuse et créatrice textile, Jean-Marc Lavaur et Françoise Fabre, coupeur gantier et couturière mécanicienne, Eric Leblanc, plâtrier, staffeur et stucateur, Xavier Le Normand, artiste verrier, souffleur et tailleur de verre, Gladys Liez, dinandier (fabriction d'ustensiles de cuivre jaune), Kristin McKirdy, céramiste, Loïc Nébréda, facteur de masques, François-Xavier Richard, fabricant de papier peint et Nelly Saunier, plumassière.

Chaque lauréat a reçu 10.000 euros.


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