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Pourquoi Deauville court après les stars !
Le Festival du cinéma américain, qui s’ouvre ce soir, peine à attirer des têtes d’affiche. La faute à la concurrence, au piratage et au nouveau calendrier de sortie des films hollywoodiens.
Deux jours après le début de la 66e Mostra de Venise, le 35e Festival du cinéma américain de Deauville s’ouvre ce soir pour dix jours avec l’avant-première de « The Time Traveller’sWife », un film avec Eric Bana et Rachel McAdams, produit par Brad Pitt.
La superstar hollywoodienne ne foulera pas le tapis rouge pour autant, préférant se reposer sur la Côte d’Azur.
En revanche, George Clooney, son partenaire dans « Ocean’s », ne s’est pas fait prier pour aller à Venise la semaine prochaine, où il défendra sa dernière production « TheMen Who Stare at Goats », avant de filer vers le Festival de Toronto (Canada).
Tout comme EvaMendes, qui a ébloui la cérémonie d’ouverture de la Mostra, Matt Damon, Julianne Moore, Nicolas Cage, Viggo Mortensen, Charlize Theron, Oliver Stone et Michael Moore ont eux aussi préféré les gondoles aux célèbres planches.
« Les indépendants ont cassé l’image glamour »
Les studios américains auraient-ils fait une croix sur le festival qui leur est dédié depuis plus de trente ans ? « Les stars à Deauville, ce sont d’abord les films », répète inlassablement Bruno Barde, le directeur général de la manifestation, qui l’a réorientée sur le créneau du cinéma indépendant.
Sur les onze long-métrages en compétition cette année, que le jury présidé par Jean-Pierre Jeunet devra départager, les organisateurs espèrent dénicher une pépite, à l’image de « Collision » ou « LittleMiss Sunshine », deux grands prix qui connurent un gros succès en salle. « Tous ces films indépendants ont cassé l’image glamour de Deauville, sa marque de fabrique, constate un agent américain. Aujourd’hui, les grandes stars ne voient guère l’intérêt de côtoyer des cinéastes peu connus pendant la semaine. »
Seuls Meryl Streep,Harrison Ford, Andy Garcia ou Robin Wright-Penn font le voyage jusqu’en Normandie. Longtemps considéré comme la vitrine des films américains programmés à l’automne, Deauville pâtit aussi du fait que les blockbusters sortent maintenant durant l’été dans le monde entier, afin d’éviter le piratage.
Du coup, le festival doit se rabattre sur des productions plus ambitieuses, mais moins attractives.
Conséquence : son exposition médiatique en souffre.
Depuis deux ans, Canal +, la chaîne du cinéma, a cessé son partenariat et Orange a repris le flambeau. « Pour la presse européenne et les professionnels américains, l’axe incontournable, c’est devenu Venise-Toronto, observe un journaliste spécialisé d’un magazine américain. Venise est le festival le plus respecté après Cannes. Toronto est le plus important en termes de marché pour l’Amérique du Nord. »
La bannière étoilée qui flotte sur la cité balnéaire ne sera pas en berne malgré tout. Deauville, contre vents et marées, peut s’enorgueillir d’être l’un des rares événements de cette ampleur véritablement populaire. Ici, le public découvre les films aux côtés des acteurs et des réalisateurs. Cinquante mille spectateurs avaient plébiscité la formule l’an dernier. On en attend au moins autant cette année, qu’il pleuve ou non des stars.
Cet été, les films américains ont fait un carton dans nos salles, avec 23 millions de spectateurs ! En tête des blockbusters, « L’Age de glace 3 : le Temps des dinosaures », dessin animé distribué par la Fox. Derrière, « Harry Potter et le prince de sang-mêlé ». Suivent « Là-haut », des studios Pixar, « Transformers 2 : la Revanche » de Michael Bay, et la surprise « Very Bad Trip ». Cette comédie « alcoolisée » est une très belle affaire pour Warner puisqu’elle a rapporté 420 millions de dollars pour un budget de 35 millions…
Le Parisien