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 PHILIPPE LABRO

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Nine
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Nine


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MessageSujet: PHILIPPE LABRO   PHILIPPE LABRO EmptyMar 3 Fév - 10:36

Philippe Labro... la comédie humaine d'aujourd'hui !

PHILIPPE LABRO Philip11









Romancier, journaliste, cinéaste, parolier, actuel vice-président de la chaîne Direct 8… Depuis toujours, malgré toutes ses activités, Philippe Labro trouve le temps d’écrire des romans. Son 19e livre, Les Gens, est une fresque pleine de regards et d’humour sur notre époque.

Il m’a reçu le 16 décembre dernier.

Il y a plus d’un mois.

Philippe Labro m’a demandé l’embargo jusqu’à mi-janvier. J’ai accepté.





'Les gens' sort le 29 janvier.





Nous avons parlé également de sa condition d'écrivain et de son point de vue sur les blogs...





Mandor : Longtemps on vous a reproché de parler trop de vous, d’écrire des livres très autobiographiques. Ce n’est pas du tout le cas dans celui-ci…





Philippe Labro : Un écrivain ne doit pas se répéter de livres en livres. J’ai bouclé un cycle de romans autobiographiques, même s’ils étaient « de fiction ». J’y parlais, en effet, de ma jeunesse, de mon métier, de l’Amérique, de ma maladie… c’est fini tout ça. C’est derrière moi. J’ai écrit cette fois-ci une véritable comédie humaine. Les gens se déroulent aujourd’hui à Paris et aux États-Unis. Il y a des univers qui au départ sont parallèles et qui finissent par se croiser. J’ai voulu changer définitivement et radicalement de mon style habituel… Je veux qu’on admette que je suis simplement un romancier et non un type qui se contente de raconter sa vie.









Mandor : C’est un livre sur le manque d’amour, la solitude avec, en arrière-fond, la société du spectacle.





Philippe Labro : Je me suis beaucoup servi de mes carnets de notes. Je prends constamment des notes depuis l’âge de 15 ans. J’inscris des phrases, des citations, des blagues, des expressions... Le personnage principal du livre, c’est une jeune femme, Maria, une étonnante orpheline polono-américaine, dont la traversée, la saga, l’itinéraire forment la colonne vertébrale du récit. À travers elle et les autres personnages principaux, Caroline, une jeune « working girl » française d’aujourd’hui, Marcus Marcus un producteur de télé, j’ai voulu portraiturer l’univers dans lequel on vit, le monde de l’apparence et la recherche permanente de la reconnaissance. Mes personnages sont cependant tendres, émouvants, pathétiques. Ils sont juste en manque d’amour.





Mandor : En lisant votre livre, j’ai pensé à une chanson de Souchon qui évoque la solitude dans la multitude …












Philippe Labro : Vous avez parfaitement raison. Certains de mes personnages connaissent le succès, la notoriété, mais sont seuls. Ils ont tous vécu une rupture. Ils tentent avec difficulté de se diriger vers la recherche de l’amour, d’un compagnon, d’un complice, d’un ami ou d’un collaborateur. J’ai voulu que ce livre soit construit comme un film. Au début, on voit des séquences parallèles qui nous incitent à nous demander où vont tous ces gens-là. A un moment, on va s’apercevoir qu’il y a quelque chose qui va les réunir.





Mandor : Dans ces trois destins, finalement, chaque lecteur peut s’y retrouver.





Philippe Labro : Quand j’ai écrit ce roman, j’ai essayé de faire en sorte que tout le monde soit intéressé par mes protagonistes et leur histoire. Mon obsession est de tenir le lecteur par l’épaule, qu’il veuille tourner les pages et qu’il se demande sans cesse ce qu’il va se passer.





Mandor : Vos personnages sont loin d’être mièvres et faibles. Limite extrême.





Philippe Labro : Je n’ai pas voulu raconter la vie de gens banals et classiques. Moi, par exemple, j’aime Maria. Elle a une espèce de don médiumnique qui fait qu’à l’âge de 17 ans elle juge mieux que vous et moi les êtres humains. Elle voit la vérité. Elle est tellement belle qu’elle a vite compris qu’il fallait qu’elle dissimule sa beauté, sinon elle rendait toutes les autres femmes jalouses et tous les hommes amoureux d’elle. Ce genre de femme parfaite, évidemment, est très rare. C’est aussi ça écrire un roman. Donner aux lecteurs le sens de l’évasion et du rêve en rencontrant des personnages qui n’existent pas. Caroline, elle, est une fille honnête, qui croit en certaines vertus et valeurs, qui a beaucoup de mal à accepter l’idée qu’on parle de sexe comme on parle des voitures. À cause de cela et surtout parce qu’elle s’est fait plaquer sinistrement, elle a du mal à tomber amoureuse d’un homme ou à tomber dans les bras d’un homme alors que la plupart de ses contemporaines font l’amour comme on prend le thé, le matin au petit déjeuner. Quant à Marcus Marcus, le producteur de télévision, bien sûr, il a l’air d’un méchant, mais en fait, il est pathétique, il est malheureux, il se cherche. Il ne s’aime pas, il sait qu’il n’est pas aimé, alors il essaie de se réfugier dans la célébrité et la gloire… Je souhaite que quand les lecteurs lisent les gens, ils les voient.









Mandor : Malgré leur force apparente, vos héros sont faillibles en bien des points.





Philippe Labro : Ils sont comme vous et moi. Ils sont capables de rompre, de trahir, de tromper… je les ai faits malléables aussi, parce que les événements transforment les gens. La phrase centrale de mon livre est une phrase de Balzac que j’ai mis en exergue au début : « Rien dans ce monde n’est d’un seul bloc, tout est mosaïque ». Ma vision de la vie, c’est ça… une mosaïque.





Mandor : Vous critiquez beaucoup le monde de la télévision et des médias en général.





Philippe Labro : Je me suis permis de jeter un regard lucide et d’ailleurs auto critique parce que j’appartiens à ce monde, pour le démystifier un peu. Il n’est pas le sujet central du livre, loin de là, mais je continue à le traverser. Je me juge donc, moi-même. Je suis parfois aussi victime d’erreurs et de comportements. Comme la pub, le cinéma, la mode, le journalisme, ce sont des univers où il y a des créatifs. Les héros de mon roman sont donc des âmes sensibles, fragiles, mais ce sont aussi des gens porteurs de grandes ambitions et de beaucoup de vanités et d’orgueil. Ce sont des personnages intéressants qui ne sont pas dans la norme.









Mandor : Vous portez ce livre depuis longtemps ?





Philippe Labro : J’avais très envie de créer un vrai courant dans lequel on voit plusieurs bateaux sur les mêmes rivières qui s’en vont on ne sait où… J’avais envie d’un peu d’ambition dans ma vision du monde.





Mandor : Y a-t-il une morale dans votre livre ?





Philippe Labro : J’explique que dans la vie, à un moment donné, il faut se trouver sa ligne de conduite et essayer de s’y tenir. Je dis aussi que nous vivons dans un mode chaotique, pour lequel désormais, il y a très peu de repères, de phares, de points fixes et qu’il vaut mieux le trouver en soi ou dans l’amour des autres. Pour trouver de l’amour, il faut en donner. Si vous n’en donnez pas, vous êtes foutu.





Mandor : Écrivez-vous dans la douleur ou dans la joie ?





Philippe Labro : Pour moi, ce n’est jamais douloureux d’écrire. C’est difficile, mais pas douloureux. Je pense qu’on ne peut pas identifier comme une douleur ce qui est une chance. C’est une chance de pouvoir écrire, de savoir écrire et d’aimer écrire.









Mandor : Vous avez des doutes quand vous écrivez ?





Philippe Labro: La vérité c’est que je suis marié depuis 35 ans avec une femme géniale, intelligente, fine, qui m’aime et qui a un très bon jugement dans la lecture. De temps en temps, en cours d’écriture, je lui parle du roman. Je ne lui montre rien quand j’écris, je lui montre quand c’est fini. Si on commence à montrer ce qu’on écrit pendant la phase d’écriture, là, on tombe dans d’interminables discussions qui ne font que renforcer vos doutes. À un moment donné, il faut accepter ses propres doutes et ne pas s’occuper de celui des autres sinon, on est foutu. Françoise lit une fois que le manuscrit est fini, que je l’ai bien nettoyé, peigné et là, les réflexions qu’elle me fait sont primordiales. Elle a un regard vierge et le regard vierge de ceux qui vous entourent et qui vous aiment est capital, parce qu’ils voient tout de suite ce qui ne va pas. C’est mon 19e livre et j’ai compris que le jugement des autres à une valeur.





Mandor : Vous êtes dans quel état d’esprit avant de sortir un livre ? Un peu d’appréhension, de trac ?





Philippe Labro : Le trac non, je suis devenu un « routier », comme on dit. Je suis dans la non-quiétude et l’interrogation. Mais, c’est un peu comme quand on lance un bateau sur la mer, il y a un moment donné où il navigue. Mais, vous n’êtes pas maître des vents, ni des marées, ni des courants, ni du temps. Le livre est écrit, ça va sortir, bon… adieu vat ! Je suis fataliste désormais et je suis beaucoup moins préoccupé par la réaction des professionnels et des critiques, je me préoccupe surtout de savoir si les lecteurs de mes livres précédents vont adhérés à celui-ci. Ça, c’est ma vraie question.





Mandor : Le rôle de l’interviewer interviewé, vous l’aimez bien ?





Philippe Labro : Votre question est très judicieuse parce que, justement, en rencontrant des journalistes qui vous interrogent sur votre livre, vous découvrez vous même ce que pensent les autres et surtout des points de vue que je n’avais pas imaginés moi même. Je ne cache pas que j’éprouve un certain plaisir à rencontrer des confrères qui m’interrogent après que j’ai moi-même interrogé beaucoup de gens. Ca m’intéresse de vous rencontrer parce que, ça me rend très humble. Vous vous rendez compte que vous n’êtes pas le seul. La veille, vous avez vu quelqu’un d’autre qui a fait des choses formidables… il faut situer les choses, j’ai fait un livre, basta ! Ce n’est pas non plus, la fin du monde…









Mandor : Vous allez consacrer beaucoup de temps à la promotion de ce livre. C’est un exercice qui vous intéresse et que vous aimez ?





Philippe Labro : Il faut être honnête avec soi-même. Un écrivain est un peu narcissique. Ce n’est pas qu’il s’aime, mais il s’écoute, il se regarde beaucoup. D’ailleurs, si il ne se regardait pas, il ne pourrait pas écrire parce qu’on va chercher en soi ce qu’on met souvent, dans les autres personnages. Ce n’est pas épuisant, vous savez. Je me refuse à jouer au type blasé, lassé, qui accepte parce qu’il faut bien remplir la formalité de l’interview… non, il faut admettre et aimer dialoguer.





Mandor : Vous vous moquez un peu des blogs dans Les gens.





Philippe Labro : Il y a blog et blog. Il y a des bons et des mauvais sites. Je ne critique pas, c’est une forme moderne de communication que l’on ne peut pas refuser. Moi, je n’ai jamais pris le temps de faire un blog parce que je pense que ça occupe beaucoup. J’en parlais récemment à un de mes copains, Pierre Assouline, qui a un très beau et bon blog littéraire. Il me disait que ça lui prenait 5 heures par jour. Moi, je ne peux pas. Peut-être changerais-je d’idée un jour…





Publié dans Les coulisses du show biz des excellentes chroniques de Mandor  coeur 

livre : Les gens chez Gallimard


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MessageSujet: Re: PHILIPPE LABRO   PHILIPPE LABRO EmptyMar 3 Fév - 10:43

Les Gens", de Philippe Labro : Philippe Labro dit les maux d'amour

LE MONDE DES LIVRES | 30.01.09

PHILIPPE LABRO Image_89


Les Etats-Unis, l'audiovisuel, le Tout-Paris :

Trois univers que Philippe Labro sillonne depuis des lustres. Les voilà réunis dans un roman, non autobiographique, dont le titre, Les Gens, en dit long sur les ambitions de l'auteur. "Les gens, c'était tout le monde et c'était n'importe qui", lit-on au détour d'un paragraphe. Les gens, ce sont tous ceux qui sont emportés dans le tourbillon du monde, ne savent plus très bien qui ils sont ni où ils vont, mais qui continuent à aimer, enfanter, créer, lutter... Des gens qui s'adaptent, comme ils l'ont toujours fait - et d'ailleurs peuvent-ils faire autrement ?



Le roman démarre sur les chapeaux de roue, avec une jeune fille jetée d'un camion. On s'attache vite à cette Maria, âgée de 16 ans, qui a tiré un trait sur son enfance, pour oublier un calvaire.

Quand on lui demande ce qu'elle veut faire de sa vie, elle répond : "Je ne sais pas. Je veux devenir quelqu'un d'autre que moi." En Californie, où elle passe d'un petit boulot à l'autre, elle a appris à s'enlaidir pour fuir le désir des hommes ou, au contraire, quand c'est nécessaire, secouer ses cheveux, relever la tête, se cambrer, onduler, "bouger le corps comme la vague, douce, lente, déroulant sa soie bleu, émeraude et blanc".

Il n'y a pas que des ordures sur terre. Maria aura la chance de faire trois ou quatre rencontres heureuses qui changeront le cours de son existence. Reste ce vilain canif, qu'une bonne âme lui a offert, et dont elle ferait mieux de ne pas se servir, même pour venger son enfance volée...

Philippe Labro a construit son roman comme un film, nous racontant successivement plusieurs histoires, qui finiront par se croiser et s'emmêler. De San Francisco, il nous transporte à Paris, sans hésiter à faire nommer l'un de ses personnages ambassadeur des Etats-Unis en France.

Voici la redoutable Liv Nielsen, présidente d'une chaîne de télévision, entourée de jeunes diplômés aux dents longues. "Ils ne croyaient à rien, ils adhéraient à tout." Chez cette femme à poigne, aucun désir de passer à l'antenne et de se stariser. Ce ne sont pas les apparences du pouvoir qui l'intéressent, mais le pouvoir tout court.

Voici, en face d'elle, Marcel Martial, alias Marcus Marcus. Fils de modestes employés, autodidacte acharné, il est l'animateur vedette, le producteur le plus en vue et l'un des principaux actionnaires de la "chaîne" qui mérite bien son nom. Un homme en mal d'amour, comme Maria, comme tant d'autres "gens"...

Cette fresque contemporaine est ponctuée de réflexions du genre : "Nous nous parlons tous à nous-mêmes, et ce dialogue entre le moi que nous sommes et celui que nous voudrions être permet de mieux mesurer notre solitude et mieux écarter les tentations de nos mensonges." Une vingtaine de pages plus loin, à propos des dangers de la passion : "On peut en guérir aussi rapidement qu'on en a été atteint, à condition que la colère et la lucidité que provoque l'offense prennent le dessus sur le sentimentalisme et sur la nostalgie d'un bonheur déjà obsolète."

A ces sentences, qui alourdissent le roman, on préfère les histoires. Philippe Labro sait regarder "les gens" et les raconter avec tendresse. Quand Marcus Marcus visionne par hasard l'une de ses émissions et s'aperçoit de sa calvitie naissante, nous avons droit à une délicieuse explosion. Comment se fait-il que personne n'ait pensé à le prévenir de ce désastre en cours, que personne n'ait songé à lui dire : "Vous savez, monsieur, il commence à y avoir un problème, là-haut ?" Tout aussi réussi est l'affrontement hors antenne de Marcus Marcus avec un fauve encore plus redoutable que lui : cet homme politique de premier plan, à la carrière ruinée par des poursuites judiciaires, mais encore capable de mordre, sinon de tuer, dans un dernier souffle...

Ne racontons rien de l'histoire. Disons simplement qu'après avoir "été aimé du public, mais jamais d'un être précis", Marcus Marcus va s'apercevoir "que le besoin d'aimer l'emportait sur celui d'être aimé". Quant à Maria... "Avant de devenir une image, j'ai besoin de savoir qui je suis vraiment", lance-t-elle sagement à "des gens" qui se cherchent eux-mêmes, malgré les apparences. Elle ne veut pas "arriver à la lumière sans avoir fouillé l'ombre". Oui, on peut être sage à 20 ans. C'est souvent plus tard que les choses se gâtent...

LES GENS de Philippe Labro. Gallimard, 212 p., 21 €.
Robert Solé

source journal le Monde
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MessageSujet: Re: PHILIPPE LABRO   PHILIPPE LABRO EmptyMar 3 Fév - 10:50

Le journaliste Philippe Labro a travaillé pour de nombreuses rédactions comme Europe 1, RTL, Paris Match, TF1 et Antenne 2. Après être devenu vice-président de RTL en 1992, il a créé avec Vincent Bolloré, Direct 8, une chaîne de télévision diffusée sur la TNT.

Son roman "L'étudiant étranger", inspiré de son expérience aux Etats-Unis, obtient le prix Interallié en 1986.

En 1995, Philippe Labro hospitalisé a vécu une Expérience près de la Mort (NDR) dont il parle dans son livre La traversée en 1998.

son CV :

1936 : Le 27 août, Philippe Labro voit le jour à Montauban, dans le Sud-Ouest de la France.

1939 : Durant la Seconde Guerre mondiale, il s’installe avec sa famille dans une grande villa à trois étages où cohabiteront des soldats allemands et des Juifs en transit - ceux-là ignorant la présence de ceux-ci.

1948 : Afin d’assurer une bonne éducation à Philippe et à ses autres enfants, le père Labro relocalise sa famille à Paris.

1951 : Le jeune Philippe remporte un concours de journalisme parrainé par Le Figaro. Le premier jalon de sa carrière de scribe est posé.

1954 : En janvier, alors qu’il fréquente le lycée Janson-de-Sailly, Philippe Labro postule pour aller étudier le journalisme aux États-Unis. Il aboutit à l’Université Washington and Lee, à Lexington, en Virginie.

1957 : De retour en France, il se taille un poste de reporter à Europe no 1.

1958 : Il devient grand reporter pour le magazine Marie-France.

1959 : Labro occupe le poste de reporter à France-Soir, où il restera jusqu’en 1972.

1960 : Il publie son premier ouvrage, Un Américain peu tranquille, une biographie personnalisée du bandit Al Capone. À la même époque, en pleine guerre d’Algérie, Labro fait son service militaire.

1964 : Il est coproducteur, avec Henri de Turenne, de l’émission Caméra Trois, diffusée sur la deuxième chaîne de l’ORTF (Office national de radio-télévision française). L’expérience dure quatre ans.

1965 : Philippe Labro travaille comme chroniqueur au Journal du dimanche. Ce mandat dure jusqu’en 1972.

1966 : Il réalise son premier film, le court métrage Deux D : Marie Dubois et Françoise Dorléac.

1967 : Il fait paraître son premier roman, Des feux mal éteints, qui s’inspire de ses deux années passées chez les militaires.

1969 : Il réalise son premier long métrage, Tout peut arriver, avec le concours de la productrice Mag Bodard.

1970 : Il tourne Sans mobile apparent, avec Jean-Louis Trintignant. L’oeuvre est émaillée de références à ces maîtres du film noir que sont Huston, Hawks et Melville.

1973 : Labro réalise le film L’héritier, avec Jean-Paul Belmondo.

1976 : Il tourne cette fois le drame policier L’alpagueur, nouvelle collaboration avec Jean-Paul Belmondo. Bruno Crémer fait partie de la distribution.

1979 : Labro fait paraître un recueil de portraits intitulé Tous célèbres. La même année, il devient rédacteur en chef à RTL et écrit des chansons pour Johnny Halliday.

1981 : Il publie son deuxième roman, Des bateaux dans la nuit, espèce d’enquête autour de la mort d’un chanteur vedette.

1983 : Il tourne le film policier La crime, dans lequel il dresse le portrait d’une société française corrompue jusque dans ses plus hautes sphères.

1984 : Il réalise son dernier film en date, Rive droite, rive gauche, un drame mettant en vedette Gérard Depardieu et Nathalie Baye, François Bernheim.

1985 : Il devient directeur des programmes à RTL, première radio généraliste en France.

1986 : Il remporte le prix Interallié avec L’étudiant étranger, qui retrace sa première expérience aux États-Unis. Ce roman le révélera au grand public.

1988 : Cette année-là sort Un été dans l’Ouest, récit d’apprentissage à forte saveur autobiographique.

1991 : Dans son roman Le petit garçon, il met en scène ses souvenirs d’enfance.

1993 : Il fait paraître le roman Quinze ans, autre récit d’apprentissage, amoureux cette fois-ci.

1994 : À l’été, terrassé par une bactérie ayant attaqué son système respiratoire, il passe six semaines à l’hôpital - dont dix jours dans le service de réanimation.

1996 : Il lance La traversée, un roman qui porte sur sa quasi-rencontre avec la mort.

1998 : Dans le livre Rendez-vous au Colorado, il poursuit, en différé, la quête de sens amorcée lorsque la maladie l’avait frappé deux ans plus tôt.

1999 : En septembre, il subit les effets d’une dépression nerveuse qui l’affectera jusqu’en mai 2001.

2001 : Dans le cadre de l’émission Ombre et Lumière, présentée à FR3, il réalise chaque semaine des entretiens avec deux invités aux univers complémentaires.

2002 : Il fait paraître Je connais gens de toutes sortes, livre rassemblant le meilleur de son travail journalistique. Pour l’occasion, Labro revient sur chacun des articles compilés.

2003 : Il lance Tomber sept fois, se relever huit, dans lequel il raconte sans fard sa dépression.

2005 : Il occupe le poste de vice-président de Direct8, l’une des 14 chaînes de la TNT (Télévision numérique terrestre) tout récemment apparues en France. Il anime également, toujours pour Direct8, un Blog-Notes hebdomadaire.


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MessageSujet: Re: PHILIPPE LABRO   PHILIPPE LABRO EmptyMar 3 Fév - 10:59

LA TRAVERSEE DE PHILIPPE LABRO : Un extrait


«La maladie qui m'a conduit à la réanimation m'a emmené plus loin que la réa,
bien au-delà du cap Horn,
dans ce qu'il convient d'appeler une expérience de mort approchée.

Au cours de cette traversée, j'ai vu et entendu toutes sortes de choses.
Des monstres, des anges, des paysages et des visages, du vide et du trop-plein,
de la compassion, de l'horreur et de l'amour.
Aux prises avec un bouleversement constant du temps et de la durée;
quand les jours et les nuits n'avaient plus aucun sens, aucune construction;
lors-que je perdais tout repère; l
orsque je revoyais des moments de ma vie ancienne et de ma vie à venir.

Lorsque deux Moi-même s'affrontaient en un dialogue permanent,
quand l'un de ces deux Moi disait:
- Tu vas mourir, laisse aller, c'est foutu,
tandis que l'autre Moi répliquait:
- Non, bats-toi, il faut vivre.»

http://www.decitre.fr/livres/La-traversee.aspx/9782070404070


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MessageSujet: Re: PHILIPPE LABRO   PHILIPPE LABRO EmptyMar 3 Fév - 11:03

Labro et les sapins bleus


Rendez-vous au Colorado
Philippe Labro
Gallimard
156 pages.
Prix : 16,77 €

par Pascale Frey
Lire, avril 1998


C'est en Amérique que Philippe Labro a résolu l'énigme des visions qui l'ont hanté sur son lit d'hôpital. Rendez-vous, donc, au Colorado...

Il y a trois ans, Philippe Labro frôle la mort. Immobilisé sur un lit d'hôpital, il a deux visions: celle de Karen, une infirmière asiatique au caractère peu amène. Et l'apparition d'une forêt de sapins bleus. Le personnel hospitalier de Cochin ne compte aucune Karen parmi son équipe. Quant aux sapins, à moins d'avoir bu quelques cocktails bien tassés, ils sont verts depuis la nuit des temps!

Guéri, le directeur de RTL reprend du service. Et l'écrivain, auteur à succès de plusieurs romans aux couleurs autobiographiques, ressent le besoin de raconter sa Traversée (Folio). Le livre plaît au-delà de ses espérances, une avalanche de courrier tombe sur son bureau... L'été dernier, signe du destin, il est invité par des amis américains à retourner au Colorado, où il a passé des mois inoubliables dans sa jeunesse. Dans ce «Far West», il va trouver la réponse aux deux questions qui le hantent depuis trois ans: Karen existe-t-elle et les sapins du Colorado sont-ils vraiment bleus? De retour à Paris, il a l'impression que sa «traversée» n'est pas complètement terminée, qu'il a encore quelques écheveaux à débrouiller. Ce Rendez-vous au Colorado se trouve à la croisée des chemins autobiographique et romanesque. Pour saluer sa renaissance, le romancier ressent le besoin de replonger dans son adolescence. Que s'est-il passé de si terrible, il y a longtemps en Amérique, pour que des images le poursuivent jusque sur son lit d'hôpital? Cette quête a donc guidé ses pas, puis sa plume, de l'autre côté de l'Atlantique. Ce récit, l'un des plus réussis de l'écrivain, mêle avec habileté fiction et expérience personnelle. Et dans ces pages pleines d'enthousiasme et d'émotion, Philippe Labro renoue avec «l'étudiant étranger» qu'il fut.


Comment définiriez-vous votre nouveau livre?
Philippe Labro. C'est une sorte de récit initiatique. Le narrateur redevient un jeune homme, il va chercher les réponses aux questions qu'il s'est posées lorsqu'il était malade et retrouve les paysages qui lui font perdre son âge. Je ne voulais en aucun cas écrire une Traversée bis, mais ma rencontre avec la grande maladie, puis ma redécouverte de la vie me semblaient suffisamment fortes pour nourrir un autre texte.
-----------------------------------------

Qu'avez-vous éprouvé lorsque vous vous êtes retrouvé dans cette Amérique de votre adolescence?
P.L. J'étais dans un drôle d'état! Tout au long de la journée, j'allais de découverte en découverte. La mémoire m'est peu à peu revenue, le voile s'est déchiré et j'ai enfin compris d'où venait cette Karen qui m'était apparue à l'hôpital.
J'ai vu également ma forêt de sapins bleus.

la suite de l'itv ici :
http://www.lire.fr/entretien.asp/idC=34397&idTC=4&idR=201&idG=


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MessageSujet: Re: PHILIPPE LABRO   PHILIPPE LABRO EmptyMer 18 Fév - 18:35

Entretien avec Philippe Labro



A l’occasion de la parution de son dernier livre Je connais gens de toutes sortes (éditions Gallimard).

Pierre Lazareff disait que le journaliste ne doit retenir que l’essentiel...
Alors quel est l’essentiel à retenir, chez Philippe Labro ?

Dans l’immédiat, on peut retenir ce qui ressort de ce livre ! J’y montre le souci que j’ai eu toute ma vie de marier journalisme et littérature en pensant que les deux ne sont pas incompatibles, surtout dans l’exercice du portrait. On peut y apporter l’expérience du journaliste, qui consiste à observer, noter, pour ensuite décrire, voir pour ensuite faire voir ; et y ajouter un semblant de style, de sensibilité personnelle, d’interprétation de ces personnages vivants. Dans un deuxième temps, et nous avons là l’essentiel de ce livre, il s’agissait de faire un exercice de relecture des années après. Les regarder et me regarder, constater les évolutions, apporter des textes inédits.
J. Savigneau l’a défini très bien dans Le Monde : c’est un livre qui est à la fois une série de portraits, et un autoportrait.

Vous vous mettez un peu en danger, offrant aux lecteurs des articles que vous avez écrit jeune, et exerçant votre sens de l’autocritique à leur égard...

Il est sain de se remettre en cause, de faire preuve de lucidité sur soi-même sans toutefois s’auto flageller. Bien entendu, il y a des fraîcheurs, quelques lacunes dans ces portraits qui sont volontairement subjectifs, impressionnistes, pointillistes même. Ce n’est pas une mise en danger mais une mise en perspective. On jette un regard sur ce que l’on a pu faire, et on y apporte quelque chose de nouveau, pour soi, pour le lecteur. Leur donner supplément de vie et de confidence.

Quel est l’intérêt des postfaces que vous avez mises aux articles sur Jack Nicholson et Jean-Jacques Goldman ? Elles sont très courtes, n’ajoutent pas beaucoup à la matière...

Il ne s’agissait pas de re-calibrer chaque relecture de la même manière. Certains portraits ont suscité l’envie chez moi de revenir plus longuement dessus, comme Lazareff, Modiano, Hemingway. Il m’a semblé que les deux portraits dont vous parlez ne nécessitaient pas un apport plus volumineux. Il ne faut pas rajouter pour rajouter. Pour Jean-Jacques, que je revois de temps en temps, et qui s’était donné dans ce portrait de manière tout à fait inédite, eh bien je ne crois pas qu’il ait beaucoup changé, psychologiquement comme humainement. C’est le “type bien” dont je parlais...

Comment avez-vous sélectionné chacun de ces articles ?

Pour parler modestement ou immodestement, parce que j’ai trouvé que c’étaient les meilleurs... Depuis le début de ma carrière de journaliste, j’ai écrit des milliers d’articles et n’en ai pas gardé le centième. J’ai fouillé dans ce que me restait, j’ai fait le tri parmi ces portraits que j’avais heureusement conservés en archives, et cela donne le résultat que vous avez sous les yeux. La sélection a été assez facile.

Quel est selon vous le portrait le plus réussi sur le plan journalistique ? Et quel est celui qui vous touche le plus, qui vous a le plus ému lors des relectures ?

Juger de ce qui est le meilleur, au sein de mon propre travail, serait un exercice de « self congratulation » qui n’est pas mon genre. Journalistiquement, il me semble cependant que le morceau de bravoure sur l’atmosphère du commissariat de police lors de l’assassinat de Kennedy est quelque chose de nouveau, d’assez instructif, et de très nourri. Et même s’il est empreint de beaucoup de sentiments et d’émotion, de subjectivité, le texte sur Jean-Pierre Melville possède également une certaine force.
Mais ce dont personne n’a parlé qui, pour le coup, n’est pas véritablement un portrait, mais qui compte infiniment pour moi, est ce chapitre sur le rugby de ma jeunesse, intitulé “La solitude du trois-quarts aile à l’instant du plaquage”. Cet article est de plus situé à un moment de ma vie où j’ai peu après basculé dans la dépression. Il a donc une signification particulière pour moi, bien qu’il ne soit en rien un article dépressif, mais bel et bien un véritable petit texte littéraire. C’est une espèce de petit morceau de nostalgie et d’évocation, du Sud-Ouest, de l’enfance, des racines, d’un sport qui est bien plus qu’un simple sport, de la magie des noms et des mots, des premières expériences face à la brutalité physique pour le jeune homme frêle que j’étais. C’est probablement le meilleur texte sur le plan littéraire, un portrait d’époque et de jeunesse.
Mon ami Patrick Modiano est le seul à l’avoir remarqué, et il a été assez flatteur, le comparant à du Giraudoux ou du Vialatte.

Vous parlez aussi avec nostalgie de certains lieux qui n’existent plus... Etes-vous quelqu’un de nostalgique ?

Je ne crois pas que le terme “nostalgie” soit négatif ! La nostalgie vient à tout âge, à tout moment. Il s’agit en fait du souvenir de moments heureux et forts, dont on sait qu’ils ne reviendront pas, et qui, lorsqu’on les évoque, suscite en vous une espèce de mélancolie douce. Je pense que les êtres se définissent beaucoup en fonction de leur passé, de leurs expériences, etc. Evoquant des lieux disparus, il ne s’agit pas seulement de les regretter, de vivre dans le Passé, mais de revivifier chez le lecteur certains souvenirs ! La projection de ma propre sensibilité peut déboucher sur celle des autres... Une grande partie de mon travail littéraire est placé sous le signe de la nostalgie, puisque je parle de mon enfance, des Etats-Unis, du Sud-Ouest, de choses qui sont derrière. Mais cela ne veut pas dire que l’homme que je suis se complaît dans le souvenir.

Vous croyez qu’on écrit toujours pour quelqu’un ou quelque chose qui n’est plus ?

Non, pas toujours. Mon précédent livre, Manuella, est le récit des émois d’une jeune vierge de dix-sept ans. Ce qui a surpris tout le monde : « Comment pouvez-vous, homme de soixante ans, vous mettre dans la peau d’une jeune fille ? » C’est là qu’est le challenge... Quand on écrit, on ne pense pas forcément à quelqu’un. On pense à ce qu’on écrit. Alors bien sûr, certains moments, certaines influences, certaines personnes rejaillissent en cours de route, et vous envahissent de manière plus ou moins subtile et visible. Je dédie toujours mes livres à ceux que j’aime et qui m’aiment, ceux que j’estime, ma famille, car leur opinion compte pour moi plus que toute autre chose.

Pourquoi dédiez-vous Je connais gens de toutes sortes à Françoise Giroud ?

La dédicace vient à la fin, en conclusion du recueil. Et j’y explique que je pense que c’est elle qui a initié ce genre d’articles, qui a imposé le portrait en France. Il est donc tout naturel que je lui envoie cette pensée.

Vous aimez écrire ? L’écriture est-elle l’activité qui vous donne le plus de mal, de fil à retordre ?

Il ne faut pas exagérer, écrire n’est pas toujours une partie de plaisir, mais ce n’est pas une douleur non plus. C’est plutôt un défi, vous vous trouvez seul face aux pages blanches, face à la nécessité de créer sans l’aide d’une équipe, sans autre regard que le vôtre.

Vous parlez du narcissisme inhérent à toute création : êtes vous narcissique ?

Pas plus ou pas moins qu’un autre. On me l’a souvent reproché ; mais si le narcissisme consiste à dire “Je” lorsqu’on écrit, à utiliser la première personne, eh bien les trois-quart des romans sont narcissiques ! C’est simplement une méthode...
Si être “Narcisse” consiste à se servir de sa propre vie, de son propre passé, pour écrire des livres, alors oui je suis narcissique. Je ne suis pas le seul. Si enfin, être narcissique consiste à être préoccupé par son image, par son ego, je considère qu’il y a bien longtemps que je me suis débarrassé de ces soucis là.
J’ai ma « bonne » dose de narcissisme, utile pour un écrivain, pour un créatif - je ne dis pas créateur-, utile pour un artiste - avec un petit “a”-.

Etes-vous toujours aussi curieux qu’avant, lorsque vous écriviez ces articles, puisque vous dites que c’est la première qualité du portraitiste ?

Un journaliste-écrivain, ou un écrivain-journaliste, est doté d’un goût et d’un sens de l’observation du monde et des autres, donc il exerce sa curiosité en permanence. Mais il ne se dit pas, à chaque fois qu’il rencontre quelqu’un, qu’il va en faire un portrait. Les gens ne sont pas tous intéressants, ne retiennent pas votre attention de la même manière... En revanche, je sais qu’il y a en moi des réserves d’accumulation d’observations, d’informations, qui me serviront à un moment ou à un autre. Pour l’écriture ou pour autre chose !

Vous vous êtes déjà reproché votre manque de curiosité, votre “non creusement” de certains instants ou de certaines situations ?

Bien sûr. On ne peut pas tout retenir, on n’est pas tout le temps à la chasse, l’œil, l’oreille et le stylo aux aguets. On ne peut être en permanence dans l’exercice de son art. Si bien que j’ai dû manquer l’important de quelques rencontres, et je les ai sans doute tellement ratées que certaines n’ont pas eu lieu !
D’autant que je ne suis pas que portraitiste, ce n’est qu’une facette de mon écriture.

Vous possédez beaucoup, de facettes... Lorsque vous aviez dix, douze, disons quinze ans, vous vous faisiez une question de votre avenir ?

Je voulais m’exprimer. L’écriture semblait la voie la plus adaptée, puisque j’ai commencé à faire quelques compositions assez jeune. Je sentais qu’il y avait là un champ où j’étais à l’aise. Et je savais pouvoir exercer cela en même temps que satisfaire ma curiosité du monde. Je voulais bouger, je voulais voir du monde, parcourir. A quinze ans, tout était déjà précis, même si cela ne se formulait pas en termes d’ambitions comme : je veux être écrivain, je veux faire des films, etc. C’est un âge (j’ai fait un roman tout entier là dessus d’ailleurs) où il y a des tournants dans la vision qu’on a de sa vie. Quelques éclairs de lucidité arrivent, et on a une prise de conscience de qui l’on peut ou doit être.

Vous aimez ce que vous écrivez ? Sont-ils conformes aux idées que vous vous en faisiez, à ce que vous attendez ?

Je n’en ai pas honte, mais je suis très critique, assez vigilant, et toujours insatisfait. Lorsque je les termine, ils sont relativement loin de ce que j’avais imaginé pendant le travail. Ils comportent des faiblesses, possèdent leurs propres qualités. En ce qui me concerne, deux ou trois de mes écrits me semblent aboutis, plus convenables, comme mon premier roman, Des feux mal éteints, ou même L’étudiant étranger. J’ai aussi pas mal de tendresse pour Un début à Paris. Il raconte ce que peuvent être les vingt-ans d’un jeune homme journaliste à Paris au début des années soixante... Il repose essentiellement sur des rencontres et des portraits d’ailleurs...

Propos recueillis par J. L. N.


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MessageSujet: Re: PHILIPPE LABRO   PHILIPPE LABRO EmptyMar 12 Mai - 2:31

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MessageSujet: Re: PHILIPPE LABRO   PHILIPPE LABRO EmptyMer 24 Mar - 17:04



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MessageSujet: Re: PHILIPPE LABRO   PHILIPPE LABRO EmptyVen 21 Jan - 0:47

7 500 signes
de Philippe Labro


PHILIPPE LABRO 11283810

L'essentiel des chroniques publiées dans Le Figaro entre 2008 et 2010
sous le titre Le regard de Philippe Labro,
augmenté de quelques textes plus anciens publiés dans Le monde,
Vogue ou Paris Match et d'une courte fiction intitulée L'homme de bains.
L'ensemble se situe à la frontière de l'oeuvre romanesque
et du travail de journaliste de l'auteur.

À tort ou à raison, certains écrivains journalistes éprouvent,
à un moment donné de leur carrière,
le besoin de compiler une sélection de leurs articles.

Bernard Frank l’a fait en son temps, son meilleur ennemi Jean d’Ormesson aussi.
Au tour de l’américanophile Philippe Labro de se prêter à ce jeu
à travers ses centres d’intérêt, quasi universels,
rangés en seize chapitres de différentes tailles.
Le titre fait référence au calibrage imposé des chroniques du journaliste,
qui aborde ainsi par le bout de sa lorgnette l’histoire,
la politique, les femmes, les artistes, les écrivains…

Ce panorama des années 2006 à 2010 permet de réfléchir et de se souvenir.
Une mention “très bien” pour la nouvelle intitulée « Fiction »,
destinée au magazine Elle, qui clôt l’ouvrage et reflète un véritable talent de romancier.

extrait :

«"Ton regard, aussi bien celui du romancier que celui du journaliste,
sur tout sujet qui t'intéresse, chaque semaine.
Tu as 7 500 signes pour le faire."

Tel est le contrat. Un "signe", c'est aussi bien une virgule,
un blanc entre deux mots, qu'un guillemet ou un point d'exclamation, et,
naturellement, des lettres qui forment des mots,
lesquels traduisent une pensée ou proposent une image.

On prend des notes, on interroge, on fouille des archives,
on consulte plusieurs ouvrages, on "e-maile" à des correspodants
(amis et contacts aux États-Unis, en province, en Asie),
on rencontre tel ou telle, on voyage.
La plupart du temps, on dépasse le compte : 9 000, voire 10 000 signes.

Alors, on rabote,
on essaie de conserver ce que l'on croit être l'essence même d'un "papier",
et on n'oublie pas la phrase qu'un vieux routier
prononça à l'adresse du grand écrivain Tom Wolfe,
lorsqu'il faisait ses débuts dans la presse du New York des années 60 :
"Arrête-toi quand ça devient emmerdant."
En vérité, pour bien exercer ce métier,
il ne faut jamais être "emmerdant".
Jamais.»

Homme-orchestre

Pour évoquer la légende de Pierre Brossolette,
il rend visite à son fils Claude.
On découvre son récit d'un voyage en Pologne, ses souvenirs des sixties,
des portraits de Fabrice Luchini, Johnny Hallyday, Albert Camus ou Henry Kisssinger.
Qu'il raconte ses déboires avec le prix Goncourt
ou qu'il se penche sur les mystères de l'Irlande,
dont Freud disait qu'elle est la seule nation qui défie la psychanalyse,
Labro applique le conseil qu'un directeur de journal donna à Tom Wolfe :
"Arrête-toi quand ça devient emmerdant."

Il y a chez cet héritier de la presse Lazareff une façon d'éditorialiser en suspension,
une manière d'envoyer ses flèches dans le blanc de la cible.
Qu'il nous parle d'Hemingway ou de Mauriac, de Sempé ou de Jacques Lanzmann,
c'est toujours pour découper une silhouette en situation.

Ainsi du portrait de Jean-Loup Dabadie en premier de la classe
ou de Robert Hirsch en enfant de 85 ans.
On se souvient que Labro fut autrefois l'un des reporters de Cinq colonnes à la une,
auteur d'un mémorable reportage sur Dallas dans les jours
suivant l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy :
la vertu première de Labro,
c'est d'exercer en virtuose sa curiosité sur des mythologies modernes.

À le lire, on dirait que cet homme-orchestre représente à lui seul
l'équivalent d'une chaîne de service public.
C'est Télé-Labro qui émet chez Gallimard,
un bel exercice de style dans la tradition du grand journalisme de chronique.

Gallimard, 496 pages, 21 €.
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MessageSujet: Re: PHILIPPE LABRO   PHILIPPE LABRO EmptyJeu 1 Sep - 9:21

La 5ème saison de la collection Empreintes débute avec Philippe Labro.


PHILIPPE LABRO Philip10
Le premier opus de la cinquième saison de la collection Empreintes suit Philippe Labro sur les lieux de son enfance, à Montauban, mais aussi aux Etats-Unis, où il fit ses études. Il revient sur les épisodes marquants de sa vie : sa vocation de journaliste, sa carrière de cinéaste et d’écrivain, sa dépression.

A découvrir le vendredi 23 septembre à 21h30 sur France 5.

Extraits :

"Quand j’avais 15 ans, un journal organise un petit concours pour fabriquer, sous la supervision de professionnels, un journal de quatre pages. Une grande signature de l’époque se prend d’estime pour moi et m’emmène avec lui faire de vrais reportages à Paris (…). Ça y est : le virus m’a saisi. Je n’ai qu’une envie, c’est continuer".

"J’avais 20 ans, je rentrais des Etats-Unis. Cela faisait à peu près une année que je tapais aux portes des rédactions. Un copain travaillait pour le groupe France-Soir dont Pierre Lazareff était le patron. Je lui disais toujours : « Fais-moi rencontrer Lazareff ! » Ç’a commencé comme ça, il m’a convoqué (…). Il fallait envoyer six papiers dans la journée !"

"J’espère qu’on comprendra ce qu’est vraiment un journaliste, c’est-à-dire un homme qui passe son temps à observer, à regarder, qui est curieux de tout".

"Quand on fait un film, on essaie de faire passer toutes les émotions et tous les sentiments. Le cinéma que je continue d’aimer est un cinéma d’émotions, de surprise, de passion, mais aussi de mouvement et d’action".

"On m’a proposé de prendre la direction des programmes de RTL (…). Cela m’a tellement plu que j’y suis resté quinze ans. A la fatigue, après quinze années de responsabilités, est venu s’additionner le doute. Le doute vous amène à un semblant de refus de soi et à la perte du désir. La dépression est souvent synonyme de ce qu’on croit être la réussite (…). Un homme m’a tendu la main. Il s’appelle Vincent Bolloré. Ensemble, on a créé une chaîne de télévision. Et, grâce à son geste d’amitié, j’ai pu m’éloigner de l’ombre dans laquelle j’aurais pu trébucher".

http://www.leblogtvnews.com/article-la-5eme-saison-de-la-collection-empreintes-debute-avec-philippe-labro-83015109.html
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MessageSujet: Re: PHILIPPE LABRO   PHILIPPE LABRO EmptyJeu 6 Juil - 17:07

Philippe Labro : « L’histoire de ma mère m’a profondément attaché à la nation juive »

Par Steve Nadjar  Le 03/07/2017

PHILIPPE LABRO 5394_2017-06-28_17-47-52_Labro

Avec « Ma mère, cette inconnue » (Gallimard, collection Blanche, 192 p., 17 e), Philippe Labro livre l’hommage pudique et bouleversant d’un fils à « Netka », une femme qui a choisi l’amour quand la vie lui promettait d’autres chemins. Actualité juive l’a rencontré dans son bureau parsemé de crayons dont il fait la collection. « C’est beau, c’est simple, c’est du bois. Surtout, la gomme du crayon permet d’effacer les erreurs et on en commet tous ».



Actualité Juive : Votre livre se place sous les mânes d’Albert Cohen, dont un extrait du « Livre de ma mère » est cité en exergue. Poser des mots sur sa mère, pour sa mère, est-il inévitablement un exercice délicat, douloureux ?


Philippe Labro : Je ne suis pas sûr que cela soit délicat. Je crois en revanche que c’est essentiel. Peu d’écrivains n’ont pas écrit sur leur père ou leur mère ! Douloureux, oui, d’une certaine façon : cela m’a amené à une rupture de l’écriture pendant un an. La difficulté venait de revivre certains moments importants de ma relation avec ma mère mais aussi de retrouver les sensations de l’enfance. Cela a été d’autant plus le cas que je n’aimais pas ce que j’écrivais, que j’y voyais des banalités et des clichés. Mais je devais le faire, j’avais la mission, impossible, de répondre à l’appel de mes proches: « Un jour, tu écriras la vie de Mamika ».


A.J.: Exigence habituelle chez vous ou traduction de la volonté exacerbée d’un fils d’honorer du mieux possible la mémoire de sa mère ?


P. L. : Je suis toujours insatisfait de ce que j’écris. Je trouve que cela ne correspond pas aux modèles qui sont les miens, de Balzac à Hemingway en passant par Proust. Mais là, c’était encore moins satisfaisant parce qu’il s’agissait de ma mère. Je me demandais si j’allais parvenir à transmettre l’idée que je me faisais de cette femme, un monument d’amour parce qu’elle en a manqué. Le manque de tendresse dont elle a souffert pendant vingt ans, abandonnée par son père qui ne la reconnaît jamais et sa mère qui la balade de pension en pension, elle l’a renversé pour une tendresse quasi-universelle. 


A.J.: Renversement dites-vous. Les seules pages où le lecteur croit voir Netka, votre maman, rejoindre le second plan, se jouent au début des années 1940, là où votre récit se concentre sur la figure de votre père, clairvoyant et courageux. Et puis intervient ce face-à-face avec le visage civil de la collaboration vichyste…


P. L. : Mon père, qui avait vingt ans de plus qu’elle et était à la fois pour elle un mari et un père de substitution, appelait ma mère « mon petit oiseau », « mon petit ». Le « petit oiseau » va se révéler être en acier. Elle a l’intuition, quand elle voit apparaître, au bout du chemin qui menait à notre maison, à Montauban, deux silhouettes vêtues de noir, de dire à Dora, une jeune juive réfugiée chez nous et qui était devenue presque comme sa sœur : « Va-t-en ! ». Dora rejoindra une ferme qui servait de relais pour les réfugiés juifs que mon père hébergeait. Pendant ce temps, ses deux enfants à la main, ma mère déstabilise ces « salauds », ces deux faux miliciens qui représentaient la mort, par son intelligence, son sang-froid, ses questions. Netka avait décidé, avec mon père, d’aider les réfugiés juifs. Ce n’était pas un geste politique, mais un geste d’amour. Elle voyait en Dora une abandonnée, comme elle. 


A.J.: Il y a cette autre scène, surréaliste, où un commando nazi vient s’installer dans votre maison, au milieu de Juifs cachés.


P. L. : Un commandant de la place nazie a en effet réquisitionné le premier étage de notre maison. Nous vivions au rez-de-chaussée et une famille juive à la buanderie. Yad Vashem a reconnu plus tard mes parents comme Justes parmi les Nations. Mon père, malheureusement, avait déjà disparu. En recevant ce titre, ma mère a dit cette chose inouïe : « Ce n’était pas très difficile de faire ce que l’on a fait, parce qu’on les aimait ».


A.J.: Votre mère et Dora ont continué à correspondre par la suite. Et vous-même avez passé quelque temps chez cette femme, aux Etats-Unis, lors d’un voyage d’études.


P. L. : Dora s’est installée après la guerre aux Etats-Unis où elle s’est mariée avec un certain Wasserlauf, à Forrest Hills. Au moment de partir pour mon grand voyage américain d’études,  à 18 ans, je n’avais en main que deux adresses : l’une sur la côte Est, celle de Dora, qui m’a accueilli comme un fils ; l’autre en Californie que j’ai rejoint en stop pour écrire un rapport de stage sur le cinéma américain.  J’y ai retrouvé un homme, Abou Selman, un juif d’origine libanaise, que mon père avait aidé. C’est merveilleux de voir à quel point les choses se tissent dans la vie. 


A.J.: « Les actions des parents sont un signe pour les enfants », enseigne la sagesse juive. Quelle influence leurs comportements pendant la guerre ont-ils eu sur votre vie ?


P. L. : Ils ont été des exemples pour nous. Je ne sais pas si nous avons été à la hauteur de l’exemple, mais j’ai essayé, toute ma vie, d’être conforme à ces valeurs de solidarité et d’entraide. Par ailleurs, cela m’a profondément attaché à la nation juive et à Israël. Un jour, une lectrice du livre, Colette Hazan, une femme juive vivant en Israël, m’a écrit une lettre : « Après un livre pareil, m’a-t-elle dit,  il faut absolument que vos parents soient reconnus comme Justes ». Je ne savais même pas ce que c’était. C’est avec elle que nous avons construit le dossier pour Yad Vashem. Plus tard, je me suis rendu à Jérusalem et à Tel-Aviv. J’y ai eu la sensation, étranger, d’être chez moi, dans un univers familier que j’aimais. J’ai toujours essayé d’écouter et de comprendre l’autre, sans le juger. Mon père m’avait dit un jour : « Ne te mets pas du côté des juges, mais du côté de ceux qui comprennent. Quand tu auras compris, peut-être pourras-tu juger ». 
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