Les chansons de Christophe Andréani - auteur, compositeur, interprète- racontent des histoires. Des histoires inspirées par nos vies quotidiennes. Tous ces petits détails qui accompagnent et tissent notre existence renferment souvent quelques miettes de poésie. Une chanson se nourrit de personnages, de lieux, de couleurs et de sentiments.
Christophe Andréani a étudié le chant classique, l'orgue et la guitare. Il participe aux ateliers d'écriture de Allain Leprest et de Claude Lemesle. Lauréat 2001 du "Concours de la Chanson Française" de Savigny-sur-Orge, il se produit sur les scènes parisiennes (La Balle au Bond, Le Limonaire, le Slow Club, Le Picardie, Le Forum Léo Ferré, La Péniche El Alamein, Le Nouvel Essaïon, etc.).
Dans le cadre des spectacles de chanson de Chant’Essonne, Christophe Andréani a assuré la première partie du concert de France Léa en janvier 2003. En septembre 2003, deux représentations du spectale Chansons en miroir furent données au Forum Léo Ferré, à Ivry, avec la chanteuse "Clémentine" où les chansons se répondaient deux à deux..
Dans le cadre du concours de chanson de Saint-Germain des Fossés, Christophe Andréani a obtenu le prix Sacem - Jo Moutet 2005.
Christophe Andréani collabore régulièrement avec d'autres interprètes pour l'écriture et offre volontiers ses propres chansons à qui veut les chanter.
http://www.andreani.net/cd1/bio.htm
L'intégralité du chat
Bonjour à toutes et à tous, nous avons le plaisir d'accueillir Claude Lemesle, auteur et nouveau président du Conseil d'administration de la Sacem et Christophe Andréani, Auteur, compositeur, interprète !
Bonjour à tous. Ravis d'être là pour répondre à toutes vos questions.
Alexandra : Faut-il être musicien pour être un bon auteur ?
CL : c'est préférable. Un auteur qui connaît la musique en sent mieux les impératifs techniques. En particulier, les questions d'accent tonique, qui sont essentielles et souvent ignorées en France. CA : Je suis tout à fait d'accord avec Claude. .
Delphine : M Andréani je ne vous connais pas, quel style de musique faites vous ?
CA : De la chanson à histoires. J'essaie de créer des images dans la tête des gens qui écoutent mes chansons.
Matthieu : Lorsque vous écrivez des paroles, pensez-vous à la musique et à l'harmonie qui viendra accompagner ces paroles ?
CL : Lorsque j'écris sur une musique, il est bien évident que j'en tiens compte de la même façon que je tiens compte de la personnalité de l'interprète. La musique me parle, m'inspire, et mon objectif est de traduire en mots l'émotion qu'elle contient.
Ian : Bonjour à vous, Pour Mr LEMESLE. Par où commencez-vous l'écriture d'une chanson, texte ou mélodie ? Pourquoi ?
En général, j'écris sur une musique que l'on ma demandé d'habiller, donc je commence évidemment toujours par le texte n'étant pas compositeur moi-même. Il arrive cependant, que lorsque un de mes interprètes est son propre compositeur (Michel Fugain, Gilbert Montagné) et auparavant Gilbert Bécaud et Joe Dassin, la musique et les paroles se fassent en même temps.
MC - Sacem
Virginie A : Bonsoir, écrire des textes, mettre des mots sur ce que l'on ressent, ce qui nous touche est devenu une passion depuis 4 ans aujourd'hui. J'aurai voulu savoir qu'est ce que pour vous, une bonne chanson ? De plus, si l'on tend à vouloir être auteur, quelle est la meilleure démarche ? Merci beaucoup, au plaisir de vous lire.
CA : Une bonne chanson est une chanson qui descend dans la rue toute seule et qui y reste longtemps. CL : pour ce qui est de la démarche, on peut contacter soit les artistes eux-mêmes en essayant de les rencontrer dans les lieux où ils chantent, soit les éditeurs dont c'est le métier de placer les oeuvres. .
Max : être auteur, c'est plus un don, une vocation, du travail ?
CL : Comme dans toutes les disciplines artistiques, il faut les 2, une certaine disposition au départ, bien sur, sans laquelle rien n'est possible. Mais surtout, beaucoup de travail, de patience, de passion. Et pour terminer le cocktail, tout de même un peu e chance. .
Yannis BOUVET : Bonsoir, il me semble qu'il y a une vogue des auteurs compositeurs interprètes (et tant mieux) mais quel est le meilleur moyen pour un compositeur de rencontrer son auteur et son interprète ou son auteur interprète ? Peut-on dire si il y a plus de compositeurs en mal d'auteurs ou l'inverse ? Je ne pourrais malheureusement pas répondre aux heures prévues mais j'aimerais avoir la réponse sur ma messagerie. Merci de cette initiative.
CL : Il existe un certain nombre de structures ou ces rencontres sont possibles. Ecoles, centres de formation, conservatoires, petites scènes, et puis maintenant évidemment, le net qui permet énormément de rencontres. Quant au nombre, je crois qu'il est difficile à apprécier, mais je pense que ça doit être à peu près équivalent, et qu'un bon compositeur trouve toujours son alter ego.
Marion : Quelle est la relation entre un auteur et le public? Car dans le cas ou l'auteur écrit pour un autre le public ne reconnaît pas vraiment le travail de l'auteur.
CL : Il le reconnaît dans la mesure ou il plébiscite la chanson. Je n'ai pas besoin d'être reconnu dans le métro pour être heureux, mais y entendre dans l'anonymat, une de mes chansons sifflées par un passager, c'est le bonheur. .
Martine : Qu'est ce qui vous a poussé tous les deux à vous mettre à écrire ?
CA : D'avoir été touché par des chansons que j'ai entendues. J'ai voulu continuer la chaîne en essayant à mon tour d'écrire des petites histoires qui permettent de s'évader un instant. CL : j'ai écrit mon premier poème à l'âge de 8 ans en réaction contre quelqu'un qui m'avait traité de bon à rien. Et puis, à 16 ans, j'ai découvert Brel... et nous voilà ce soir.
Max : la chanson que vous écrivez en 2 minutes sur un coin de table, elle vient d'où ? Un flash ?
CL : de nul part. Ca ne m'est jamais arrivé. J'ai une table ronde. CA : Au mieux, je peux écrire 3 ou 4 lignes sur un coin de table, mais après il me faut 3 ou 4 semaines pour en faire une chanson qui se tienne. CL : Plus sérieusement, je crois que l'inspiration existe, mais qu'il faut aller la chercher. .
Max : est-ce que c'est vrai que les bons auteurs sont les plus névrosés, les plus dépressifs, les plus sensibles ?
CL : demandez à ma femme ;-) Je ne crois pas qu'il y ait un profil unique d'auteur de chanson, Dieu merci. Il y a autant de personnalités différentes que de signatures, et c'est tant mieux pour la création. Personnellement, je me crois plutôt équilibré. .
MC - Sacem
Tancer : Avez-vous déjà pensé à travailler ensemble ? Comment deux auteurs de qualité (cf. : Delanoë) peuvent-ils collaborer sans se heurter ou s'autocensurer ?
CA : Jusqu'à présent, j'ai été plus préoccupé par le fait de travailler avec d'autres compositeurs qu'avec un autre auteur. CL : En ce qui concerne ma collaboration avec Pierre Delanoë, nous sommes extrêmement différents, donc complémentaires. Nos séances de travail ne se sont jamais terminées à l'hôpital, mais nous avons bien au contraire, pris un très grand plaisir à travailler ensemble. Ca reste un super souvenir.
Christie : A votre avis, quelle est la meilleure façon, pour un auteur compositeur, de présenter son travail à un éditeur ? Quel format ? Combien de titres ?
CL : je pense qu'il faut d'abord présenter le meilleur de son travail. Ce n'est donc pas une question de quantité de titres mais plutôt de qualité. Quant à la maquette, un bon éditeur est parfaitement apte à reconnaître une bonne chanson même si l'accompagnement est le support sont sommaires. Je dis bien, un bon éditeur.
Jay : quand on parle de management d'artiste, c'est plus souvent des interprètes que des auteurs... Les auteurs ne sont-ils pas managés ?
CL : le manager naturel de l'auteur, c'est l'éditeur, c'est lui qui sait en principe discerner la qualité des oeuvres et l'usage qu'il peut en faire, soit auprès d'interprètes, soit en proposant à l'auteur lui-même de les enregistrer. Il existe des coups de foudre artistiques entre de tels professionnels et certains auteurs. On pourrait citer par exemple le travail effectué par Gérard Davoust pour Lynda Lemay.
Tancrede : Comment se comporter face à un interprète qui souhaite cosigner, voire éditer ou coéditer votre oeuvre parce qu'il en a changé un mot ou deux ? Faut-il "composer" avec lui ou adopter une attitude radicale ?
CL : en principe, il faut refuser catégoriquement, car il s'agit là d'un chantage indigne, d'une véritable collaboration artistique. Cependant - et cela peut arriver - si le mot ou les 2. 3 mots apportés par l'interprète sont absolument essentiels, et changent profondément la teneur du texte, alors cela peut s'envisager.
Martine : Qu'est ce qui est le plus dur pour vous Christophe, être auteur, compositeur ou interprète ?
CA : Les 3 demandent du travail. Le plus dur est de savoir discerner ce que l'on peut faire soi-même de ce qu'il vaut mieux laisser faire à quelqu'un d'autre. C'est dur d'être bon dans les 3 catégories.
Christie : Est-ce que vous écrivez toujours "sur commande" ou bien avez-vous des chansons qui attendent plein les tiroirs ??
CL : j'ai très peu de chansons dans mes tiroirs, la condition d'auteur n'étant pas commode. En réalité, et pour être sérieux, le problème de la commande est un faux problème. L'inspiration a souvent besoin d'urgence pour éclore, et il ne semble pas que le fait d'avoir presque toujours travaillé sur commande ait nui à Bach et à Mozart.
MC - Sacem
Jay : on parle beaucoup de la nouvelle vague des auteurs (Benjamin Biolay, Benabar..). Une nouvelle tendance se dégage-t-elle déjà ? Et a votre avis, quel est l'avenir de l'écriture musicale ?
CA : Ce qui me plait chez ces auteurs, c'est qu'ils sont assez différents les uns des autres. Ca fait du bien d'entendre de nouvelles chansons qui sont davantage le résultat d'une réelle création, plutôt que d'une démarche plus ou moins commerciale. CL : Effectivement, on assiste à une recrudescence du goût pour le texte dans la chanson française, mais dans un même temps et pour la première fois, un sondage nous apprend que les français en majorité, dans une chanson, privilégient la musique. C'est une tendance qui s'est inversée, mais ces 2 constats me permettent d'être relativement optimiste pour l'avenir de la création musicale.
Thierrybrayer_lauren : bonjour Claude, bonjour m. Andréani : nous nous demandons s'il y a un réel besoin d'être reconnu par son public ? Ses pairs ? Cela ne suffit il pas ?
CL : Pour un auteur, l'important, c'est que sa chanson soit reconnue par le public. Pour le reste, j'ai connu trop de gens célèbres, pas très bien dans leur peau, pour ne pas me mettre à envier à leur place... .
Lili : Quelle relation avez vous avec votre public ? Quel genre de public aimez vous ?
CA : Dès que je termine une nouvelle chanson, j'ai besoin de la chanter sur scène, pour voir la réaction du public. Est ce qu'il l'aime ? Ou pas ? Est ce qu'il m'en parle à la fin du concert ? Pour moi ce sont autant d'indices pour décider de chanter cette chanson plus souvent ou pas dans mes tours de chants. L'écriture est un exercice solitaire, alors, il m'est important de laisser le public apprécier ou non, telle ou telle chanson, c'est lui qui a le dernier mot. .
Alexandra : Y'a-t-il une différence entre écrire des chansons il y a 30 ans et écrire des chansons aujourd'hui? Un enjeu financier en plus ?
CL : Je ne dirais pas les choses tout à fait comme ça. Plus de pression sans doute, un côté peut être un peu moins artisanal, moins de fun, si j'ose ainsi m'exprimer, il est évident qu'à chaque époque, appartient sa façon de créer et d'envisager la création. Peut être devrait on tout de même s'amuser un peu plus à l"heure actuelle en écrivant des chansons, et tout en pratiquant sérieusement cet artisanat magnifique, ne pas trop se prendre au sérieux. Joe Dassin disait : "je fais des chansons, pour aider les gens à vivre", je partage entièrement son opinion.
Martine : Qu'est ce que fait tous les jours un président du conseil d'administration de la Sacem ? Quelle est votre journée type ?
CL : Il n'y a pas de journée-type. Les rendez-vous, les occupations, les contraintes sont multiples et variées. Que ce soit ici à Neuilly, à Paris, ou en province. Mais, comme je tiens à continuer également mon activité créatrice, et mon activité pédagogique, et comme j'ai la chance d'avoir une adorable épouse, et 2 enfants de 12 et 8 ans, autant vous dire que mes journées sont extrêmement remplies. J'ai heureusement besoin de très peu de sommeil.
Max : quelles sont les chansons qui vous ont le plus marqué par la qualité de leur texte ? Et celles par leur mélodie ?
CA : Pour le texte : la retraite d'Allain Leprest et Romain Didier. Pour les 2 à la fois, Mon Cirque de Xavier Lacouture. Pour la mélodie, Juste quelqu'un de bien, d'Enzo Enzo, écrite par Kent. Cependant, le texte et la musique n'allant pas l'un sans l'autre, c'est la synergie des 2 qui fait que la chanson fonctionne ou pas, même si soit le texte, soit la musique semble a priori de meilleur niveau. CL : d'accord avec Christophe, dans une chanson, texte et musique sont indissociables. Je choisis pèle mêle, La mémoire et ma mer de Léo Ferré, Je suis un soir d'été de Jacques Brel, et Hôtel Dieu de Guy Béart, et puis ne soyons pas sectaire, Imagine de John Lennon.
Martine : Avez vous des concerts de prévu bientôt ?
CA : A la rentrée, mais pas de dates précises encore. Consultez le site www.andreani.net
Lak : Bonsoir, est ce que la Sacem compte soutenir les jeunes auteurs par des initiatives, des projets, des rencontres dans le futur ?
CL : Il existe une aide à l'autoproduction. 2 soirées autoprod sont d'ailleurs prévues le 16 et le 17 novembre prochains au Bataclan. D'autre part, le budget culturel prévoit entre autres des aides à la formation d'artistes et au spectacle vivant. La Sacem se préoccupe bien évidemment du devenir des jeunes auteurs et compositeurs. J'y veille moi-même personnellement, à travers des ateliers d'auteurs que j'organise ici à Neuilly.
Merci beaucoup Claude Lemesle et Christophe Andréani, le mot de la fin ?
CA : Les chansons ont toujours accompagné les gens, elles sont discrètes mais indispensables. CL : Heureux d'avoir dialogué avec vous.
SOURCE SACEM