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 PAUL AUSTER

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Bridget




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PAUL AUSTER Empty
MessageSujet: PAUL AUSTER   PAUL AUSTER EmptyJeu 15 Jan - 15:11

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FRANCE 5 JEUDI 15 JANVIER 2009 DE 20H35 À 21H35


La grande librairie

Paul Auster est de passage en France pour présenter son dernier ouvrage, «Seul dans le noir», qui vient de paraître chez Actes Sud.
L'auteur nord-américain n'a accepté qu'une seule invitation de la télévision française, celle de François Busnel. Paul Auster évoque la place qu'occupe la ville de New York dans son oeuvre, mais il parle également de ses années à Paris où il a travaillé comme traducteur.

Les lecteurs qui apprécient l'oeuvre à part de Paul Auster peuvent ainsi savourer ce tête-à-tête d'une heure. Plusieurs reportages ponctuent cette rencontre, notamment pour mieux comprendre le rapport singulier de cet auteur au milieu urbain et au cinéma

PAUL AUSTER Paul_a10



http://television.telerama.fr/tele/emission.php?id=11581276



Seul dans le noir (Man In The Dark) de Paul Auster
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Christine Le Boeuf,
Actes Sud, 192 p., 19,50 €.


A la question : "Qu'est-ce qui vous a conduit à l'écriture ?", il est rare que les écrivains, même américains, répondent "le base-ball".

C'est pourtant le cas de Paul Auster. Comment est-il passé de la balle blanche à la page blanche ? La réponse se trouvait déjà dans son texte Pourquoi écrire ? (Babel n° 379). Mais il la commente malicieusement dans Paul Auster confidential, le portrait filmé qu'ont fait de lui Guy Seligmann et Gérard de Cortanze et qui ressort ces jours-ci en DVD (Arte éditions).

L'histoire est la suivante : dans sa jeunesse, Paul Auster ne jurait que par le base-ball. A 8 ans, il suivait les exploits de l'équipe des Giants de New York "avec la dévotion d'un vrai croyant". Parmi ces hommes coiffés de noir et d'orange, il y en avait un surtout qui était son héros. C'était le grand, l'insurpassable, "l'incandescent" Willie Mays...



Or voilà qu'un jour le jeune Auster est invité à un match de Ligue majeure. Les Giants de New York affrontent les Milwaukee Brewers. Après la rencontre, Auster reconnaît Willie Mays, prend son courage à deux mains, demande un autographe, mais... il n'a pas de crayon, et personne autour de lui ne peut lui en prêter. Mays s'excuse : "Pas de crayon, pas d'autographe", dit-il avec bon sens. Puis il quitte le stade et "disparaît" dans la nuit...

Ce soir-là, le jeune Auster a eu du mal à sécher ses larmes, mais depuis lors, il a toujours eu sur lui de quoi écrire. Et puis, dit-il, "si les années m'ont appris une chose, c'est ceci : du moment qu'on a un crayon dans la poche, il y a de fortes chances pour qu'un jour ou l'autre on soit tenté de s'en servir".

Avouons que devenir écrivain par pénurie de stylo est quand même un comble.
Mais pourquoi pas. A 62 ans, dont vingt-deux de carrière littéraire derrière lui, l'homme a su bâtir une oeuvre immédiatement reconnaissable, mélange de conte philosophique et de road-movie, où des éclopés de l'existence tentent pourtant de changer quelque chose à un monde qui boîte et qui titube.
Une oeuvre abondante (romans, scénarios, films...). Inégale aussi : si la Trilogie new-yorkaise, L'Invention de la solitude ou La Musique du hasard lui ont valu d'emblée des cohortes de fans, d'autres livres avaient eu tendance, ces derniers temps, à laisser son public plus divisé. Mais qu'importe : Auster a poursuivi sa course. D'ailleurs, dit-il en savourant son premier cigarillo du matin dans un hôtel de Saint-Germain-des-Prés, "Siri (la romancière Siri Hustvedt, son épouse) m'a appris à ignorer les critiques. C'est une femme forte. Du coup, je ne les lis plus".

Il ne courrait pas grand risque, pourtant, à écouter les commentaires qui entourent son dernier roman, Seul dans le noir
Tous ou presque, et non sans raison, saluent son retour. Fidèle à l'un de ses thèmes de prédilection, la solitude, Auster, dans ce texte prenant et inspiré, nous transporte dès les premières lignes dans les nuits sans sommeil d'August Brill.
Ce critique littéraire à la retraite, contraint à l'immobilité par un accident de voiture, s'est réfugié dans le Vermont, chez sa fille Miriam. Il y a là Katya, la fille de cette dernière, anéantie par la mort en Irak d'un dénommé Titus, son ancien petit ami. Katya elle aussi vient chercher du réconfort chez Miriam, laquelle pourtant n'en finit pas de panser les blessures d'un divorce difficile. Entre sa fille et sa petite-fille, l'ambiance n'est pas gaie. Alors, pour repousser aussi loin que possible la tentation de la mélancolie, August Brill l'insomniaque invente des histoires et les personnages qui vont avec.


UNIVERS PARALLÈLE

Le principal, qui s'appelle Owen Brick, se réveille un jour dans un trou. "Ça me semblait un bon début, une façon prometteuse de mettre les choses en train", commente August Brill. Prendre un homme au fond du trou et voir ce qui se passe lorsqu'il se réveille, c'est ce que fait Brill/Auster dès les premières pages. Quand l'homme revient à lui, il se découvre étendu sur le dos, sans la moindre idée de comment il est arrivé là. Pis, il est vêtu d'un uniforme militaire avec, sur chaque manche, deux galons indiquant le grade de caporal. Or Brick n'a aucun souvenir d'avoir jamais servi dans l'armée...

Peu à peu, Auster nous attire dans un univers parallèle où le 11-Septembre n'a pas eu lieu, où les Américains ne sont pas en Irak mais s'entre-déchirent dans une étonnante guerre civile. On pourrait redouter l'étrangeté du propos, mais l'imbrication du réel de Brill et du fantastique de ses élucubrations est si fine que l'on se prend à entrer dans son jeu.

Où tout cela nous mènera-t-il ? A une relecture très personnelle de l'histoire récente des Etats-Unis. "Lors de l'élection de 2000, Gore a gagné et Bush a perdu, explique Paul Auster. Or par des manipulations juridico-politiques, les Républicains ont volé la victoire. Ce coup d'Etat m'a donné l'impression de vivre dans un monde parallèle, parallèle à la vérité. Ou peut-être la vérité, c'était que cette guerre n'existait pas, que les attentats du World Trade Center n'avaient jamais eu lieu... ?"

A l'époque, les cauchemars de Brill étaient ceux d'Auster et vice versa. Aujourd'hui, à la veille de l'intronisation de Barack Obama, l'écrivain a l'impression de se réveiller enfin. La parenthèse de transition présidentielle lui a semblé interminable. "J'aurais pu écrire un roman sur ces deux mois et demi", dit-il en souriant à propos de la dimension quasi christique que ses concitoyens ont conférée pendant toute cette période à leur nouveau président.

Un dernier cigarillo et Paul Auster conclut en français : "Obama, c'est tout de même l'une des meilleures choses que les Américains aient jamais faites." Et en plus de tout le reste, l'ancien sénateur de l'Illinois n'est-il pas un ardent supporter des White Sox ? Heureusement d'ailleurs qu'il n'a jamais raté le moindre autographe, car sinon, à l'heure qu'il est, il serait peut-être écrivain !
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PAUL AUSTER
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