Ballades bleues pour écran noir
De Taxi Driver à La panthère rose, le jazz s'est invité au cinéma.
Le jazz et le cinéma sont les deux formes d'art spécifiquement
originales du XXe siècle.
Est-ce un hasard si le premier film parlant a choisi le jazz
pour faire entendre sa voix ? (The Jazz Singer). Un coffret passe en revue cette rencontre en 45 titres avec
Armstrong, Miles Davis, Martial Solal.
JAZZ & CINEMAQuand on évoque Ascenseur pour l’échafaud (1958) de Louis Malle,
il vient tout de suite à l’esprit la musique originale composée
- et enregistrée en direct face au film qui défilait devant ses yeux -
par Miles Davis avec ses jeunes compagnons parisiens
(René Urtreger, piano, Barney Wilen, saxophone,
Pierre Michelot, basse et Kenny Clarke, batterie).
Il ne manque pas d’exemples dans l’histoire du cinéma,
et dès les premiers tournages, où le jazz joue un rôle central.
La compilation publiée par Sony s’ouvre ainsi avec une œuvre
de Duke Ellington pour "Black and Tan Fantasy" sorti en 1929.
Depuis près d’un siècle, le jazz et son univers auront ainsi été l’objet de sujets de réalisateurs,
avec quelques films notables qui échappent aux clichés :
des documentaires purs et simples
(Straight, no chaser, dédié à Thelonious Monk),
des documentaires romancés,
ou biopics (The Glenn Miller Story, Bird, Round Midnight)
ou encore des fictions (L’homme au bras d’or).
Les metteurs en scène ont également fait appel aux jazzmen
pour apporter cette pulsation propre à soutenir l’attention du spectateur :
on pense à "A bout de souffle", partition signée Martial Solal,
"Touchez pas au grisbi" avec l’harmonica de Larry Adller,
"La panthère rose" du compositeur californien Harry Mancini,
"Taxi Driver", une des œuvres de Bernard Hermann
(auteur de nombre de bandes originales de Hitchcock),
ou encore "Milou en mai" porté par la musique de Stéphane Grappelli.
On devrait donc se régaler avec le dernier CD,
qui traite des années soixante-dix avec les grands films de Louis Malle
(Le souffle au cœur [1971], musique du pianiste Henri Renaud,
ou Lacombe Lucien [1974],
avec le « Minor Swing » du Quintette du Hot Club de France [1937]).
La sélection est éclectique :
le grand Bernard Herrmann composa sa dernière musique pour
le Taxi Driver de Martin Scorsese en 1976,
et le grand succès populaire de The Sting (L’arnaque)[1973]
permit à Dick Hyman, compositeur attitré de Woody Allen,
de remettre au goût du jour le « tube » de Scott Joplin
« The Entertainer ».
le cinéma « national » est créatif et original,
les Français aiment acheter les B.O de films.
Aussi, fort astucieusement, la « major » Sony,
réutilisant son fabuleux fond de catalogue
avec des disques d’anciennes compagnies
(Philips, Emi, Capitol, Vogue, Fontana, Barclay),
publie une compilation au titre alléchant, Jazz et Cinéma :
trois disques de quinze titres chacun qui couvrent l’histoire
du cinéma et du jazz, les deux formes artistiques majeures du XXè siècle.Sélection judicieuse (et à prix modéré),
"Jazz & Cinema" offre en quarante cinq titres
un voyage cinématographique et musical qui permet de retrouver
quelques-uns des jazzmen de premier plan,
de Duke Ellington à Charlie Parker, Django Reinhardt,
Fats Waller et de (re)découvrir des interprètes et compositeurs français
(Henri Renaud, Alain Jean-Marie, Christian Chevallier).
Jazz & cinema. Coffret de 3 CD.
Columbia Legacy-Sony. 21 euros.