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Sujet: DES HOMMES ET DES DIEUX Ven 30 Avr - 0:33
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Spécial investigation
Algérie : Qui a tué les 7 moines français ?
Magazine d'information
CANAL VENDREDI 30 AVRIL 2010 / 22H30
Présenté par Stéphane Haumant. Enquête de Romain Icard (France, 2010). 50 mn. Inédit.
2 juin 1996. Sous haute protection militaire , un cortège funèbre stoppe devant la cathédrale Notre-Dame d'Alger. Il achemine les « dépouilles » des sept moines de l'abbaye cistercienne de Tibhirine, « officiellement » exécutés par les fondamentalistes du GIA. D'emblée, la rumeur de la manipulation court.
Les cercueils ne renferment que les têtes et du sable, les familles n'ont pas reçu de visa, la mise en bière a esquivé les curieux...
Au coeur de cette décennie de plomb qui ensanglanta l'Algérie, les moines, très enracinés dans la population et favorables à l'initiative de San Egidio qui visait à remettre autour de la table tous les protagonistes de l'échiquier politique algérien après l'arrêt du processus démocratique en 1991, se sont retrouvés au coeur d'un théâtre d'ombres et d'intérêts, de raisons d'Etat qui leur ont été fatales.
Infiltration du GIA par les services de renseignements algériens, bavure de l'armée, stratégie de tension visant à discréditer les islamistes dans la population, rivalités DST-DGSE, colère du pouvoir militaire algérien face aux tentatives de négociations françaises qui l'écartaient... les ingrédients du drame se font jour au fil des ans.
Nulle révélation dans cette enquête. Retraçant la chronologie de l'affaire, Icard la nourrit des rebondissements ventilés dans la presse à l'été 2009 : les déclarations du général à la retraite Buchwalter, de l'ex-adjudant de la sécurité militaire algérienne Tigha, de l'ancien magistrat antiterroriste Alain Marceau... Longtemps assoupie, l'instruction, reprise en main par le juge Marc Trévidic, a semblé dopée par la déclassification de documents « secret défense ».
L'enquête de Romain Icard vise sans doute à éviter un énième enfouissement.
Marie Cailletet
Télérama, Samedi 24 avril 2010
Vidéo de présentartion de l"émission
http://www.canalplus.fr/pid3357.htm?nav=1
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Nine Admin
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Sujet: Re: DES HOMMES ET DES DIEUX Ven 30 Avr - 1:04
RAPPEL DES FAITS
L'assassinat de 7 moines de Tibhirine en Algérie
Dom Christian de Chergé, prieur de la communauté, 59 ans. Frère Luc Dochier, 82 ans. Père Bruno Lemarchand 66 ans. Père Célestin Ringeard, 62 ans. Frère Paul Favre-Miville, 57 ans. Frère Michel Fleury, 52 ans. Père Christophe Lebreton, 45 ans.
Créé à la fin du XIXe siècle, le monastère Trappiste se situe dans la montagne à 90 km au sud d'Alger. Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, un groupe d'une vingtaine d'individus se présente et réclame frère Luc, médecin. Devant le refus du gardien, ils pénètrent de force et se précipitent alors directement vers le bâtiment où dorment les moines. Après des tractations avec le père Christian, prieur de la communauté, ils réveillent six autres moines.
Les membres du groupe islamiste les emmènent de force. Les têtes des 7 moines seront retrouvées à la fin du mois de mai. La responsabilité des ces assassinats fait encore débat aujourd’hui.
UN LIEN A DECOUVRIR : Un documentaire de Emmanuel Audrain Produit par Gilles Padovani .Mille et Une. films
http://www.letestamentdetibhirine.com/index.html
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Nine Admin
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Sujet: Re: DES HOMMES ET DES DIEUX Ven 30 Avr - 1:54
L'armée algérienne a-t-elle tué les moines de Tibéhirine?
Par Philippe Broussard, publié le 05/07/2009 23:02 - mis à jour le 06/07/2009 09:10
Selon nos informations, un ancien général français, entendu le 25 juin par le juge parisien Marc Trevidic, affirme que l'armée algérienne serait responsable de la mort des sept religieux français tués en 1996.
Saura-t-on jamais la vérité ?
Connaîtra-t-on un jour les conditions dans lesquelles sept moines français de Tibéhirine (Algérie) ont été enlevés, tués, puis décapités, au printemps 1996 ?
Selon les informations de LEXPRESS.fr, le juge parisien Marc Trevidic, en charge de la procédure judiciaire engagée en France, dispose désormais d'un élément qui pourrait s'avérer décisif et transformer ce dossier criminel en affaire d'états, au risque de nuire aux relations entre la France et l'Algérie.
Le 25 juin, le magistrat a en effet entendu François Buchwalter, ex-général français, ancien attaché de défense à l'ambassade de France à Alger, d'après lequel la mort des sept moines serait la conséquence d'une "bavure" de l'armée algérienne, et non l'oeuvre de militants islamistes, comme le veut la thèse officielle. Dans sa déposition, dont nous sommes en mesure de révéler la teneur, ce témoin indique avoir vainement alerté sa hiérarchie et s'être heurté à ce qu'il appelle le "black-out" décrété par les autorités françaises de l'époque, à commencer par l'ambassadeur en poste en Algérie, Michel Lévêque.
Le nom de ce témoin ne nous a pas été précisé mais ses états de service donnent, à eux seuls, du poids et de la crédibilité à sa déposition. Cet homme de 67 ans fut en effet en poste à l'ambassade de France en Algérie de 1995 à 1998. En clair, il occupait ces fonctions au moment des faits, et connaissait donc tous les intervenants de cette affaire complexe, du côté algérien comme du côté français. Au cours d'une carrière bien remplie, ce saint-cyrien a également travaillé pour divers services de renseignement (SDCE, puis DGSE) et dirigé le cabinet militaire du ministre de l'Outre-mer, Jean-Jacques Queyranne, entre 1998 et 2000.
Quand il se présente dans le bureau du juge Trevidic, le jeudi 25 juin, il commence par évoquer son parcours professionnel, puis il revient longuement sur son travail, à l'époque au sein de l'ambassade. Ses liens amicaux avec plusieurs officiers algériens de haut rang, f aisaient de lui un observateur privilégié de la "guerre" qui déchirait alors le pays, entre les militaires et les islamistes.
A l'évidence, l'enlèvement des moines de Tibéhirine, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, l'a profondément marqué, de même que les polémiques qui ont suivi. Deux thèses ne cessent en effet de s'affronter depuis treize ans.
La première "officielle" veut que les religieux aient été enlevés, puis décapités par des islamistes des GIA. La seconde, plus dérangeante, impute la responsabilité de cette opération aux services secrets algériens, soucieux de faire porter le chapeau aux Islamistes.
Le témoin reste prudent sur ce point, c'est à dire le "rapt" en lui-même. Il est plus catégorique en ce qui concerne la mort des moines. D'après lui, ils auraient été victimes d'une sorte de bavure de l'armée algérienne dont les hélicoptères survolaient la région où se cachaient des groupes armés. Voici ce que le témoin en a dit au juge Trevidic:
"Pour que vous compreniez bien, j'ai eu des liens d'amitié avec divers officiers algériens qui avaient fait leur formation à Saint-Cyr et c'est ainsi que j'ai connu une personne dont je préfère ne pas vous dire le nom car il est possible que son frère soit encore en Algérie. Cette personne avait donc fait une carrière d'officier et puis il était devenu chef d'entreprise en Algérie. I l exploitait une maison de cars et je le voyais souvent. C'était un ami. Quelques jours après les obsèques des moines, il m'a fait part d'une confidence de son frère. Son frère commandait l'une des deux escadrilles d'hélicoptères affectées à la première région militaire dont le siège était à Blida. Son frère pilotait l'un des deux hélicoptères lors d'une mission dans l'Atlas blidéen, entre Blida et Medea. C'était donc une zone vidée [de sa population, NDLR] et les militaires ont vu un bivouac. Comme cette zone était vidée, ça ne pouvait être qu'un groupe armé. Ils ont donc tiré sur le bivouac. Ils se sont ensuite posés, ce qui était assez courageux car il aurait pu y avoir des survivants. Ils ont pris des risques. Une fois posés, ils ont découvert qu'ils avaient tiré notamment sur les moines. Les corps des moines étaient criblés de balles. Ils ont prévenu par radio le CTRI [structure de coordination entre l'armée et les services de renseignement algériens, NDLR] de Blida".
Selon lui, ces "gros hélicoptères" de fabrication russe (MI7, MI 17 ou MI 24), étaient équipés de "canons de petit calibre", semblables à ceux (20 mmm) de ceux des automitrailleuses. Une dizaine d'hommes auraient été impliqués dans cette opération de survol d'une zone montagneuse où les groupes terroristes avaient pour habitude de se réfugier. Les corps des moines étaient en si mauvais état que les militaires fautifs auraient décidé de les décapiter pour ne conserver que les têtes et faire croire à une exécution par ceux qui les avaient enlevés et conduits dans la montagne.
D'après les informations de LEXPRESS.fr, le témoin a donné le sentiment au juge de croire fortement aux propos de son ami saint-cyrien et de "soulager sa conscience" en s'exprimant ainsi devant le magistrat. Il a également indiqué avoir informé sa hiérarchie, mais celle-ci avait semble-t-il décidé d'imposer le silence sur ces informations délicates pour les relations entre la France et l'Algérie.
L'avocat des familles des victimes, Me Patrick Baudoin, voit là un pas décisif dans cette enquête : "Pour nous, déclare-t-il, ce témoignage est la confirmation que la raison d'état a prévalu et que beaucoup de choses ont été dissimulées, p ar les autorités françaises et par les autorités algériennes. Cette audition apporte une réponse non-définitive mais crédible à la mort des moines. Nous espérons maintenant qu'il n'y aura pas d'entraves au travail du juge e t que le secret défense sera levé sur les notes rédigées à l'époque par ce témoin."
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Nine Admin
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Sujet: Re: DES HOMMES ET DES DIEUX Ven 30 Avr - 2:07
"Un règne de l'omerta et du mensonge"
Propos recueillis par Ségolène Gros de Larquier
INTERVIEW
Des plaques à la mémoire des sept moines français assassinés en 1996 ont été érigées dans leur monastère de Notre-Dame de l'Atlas, au sud d'Alger FAYEZ NURELDINE/AFP
* TÉMOIGNAGE Les moines s'attendaient à un enlèvement * ARMÉE ALGÉRIENNE Un général français dénonce une "bavure"
"Un début de marche vers la vérité".
Tels sont les propos de l'avocat des parties civiles, Me Patrick Baudouin, après les révélations d'un militaire français sur les circonstances de la mort des moines français de Tibéhirine en 1996 . Selon le général François Buchwalter, l'assassinat des sept moines trappistes est une "bavure" commise par l'armée algérienne lors d'une opération héliportée contre les maquis islamistes entre Blida et Médéa. Interrogé par lepoint.fr, Me Patrick Baudouin demande aujourd'hui la fin du silence qui freine l'enquête.
lepoint.fr : Que pensez-vous des révélations du général François Buchwalter ?
Me Patrick Baudouin : C'est un pas en avant important dans l'enquête de la disparition et de la mort des moines. Pour la première fois depuis l'ouverture de l'instruction, il y a plus de cinq ans, un élément important est versé au dossier. Une bavure de l'armée algérienne n'est pas la cause certaine de la mort des moines. Mais c'est une information très crédible à mon sens. Cette hypothèse est corroborée par l'affaire des têtes des moines. Seules ces dernières ont été retrouvées, ce qui laisse penser à une dissimulation de la part des autorités algériennes. On comprend que celles-ci n'aient pas voulu montrer les corps criblés de balles. Sans compter qu'une autopsie aurait démontré la bavure. En somme, nous avons aujourd'hui la confirmation de ce que nous avons toujours dit, pour la partie civile. Dans cette affaire, et depuis le début, il y a un règne de l'omerta, de la dissimulation et du mensonge. Nous n'avons pas aujourd'hui la vérité absolue, mais un début de marche vers la vérité. Et nous espérons que les autorités françaises vont enfin changer de cap pour faire céder le poids de la raison d'État.
lepoint.fr : Pourtant le Groupe islamique armé (GIA) a revendiqué les assassinats des moines le 23 mai 1996, près de deux mois après les avoir enlevés...
Me Patrick Baudouin : Chacun sait que la crédibilité des communiqués du GIA est profondément douteuse. D'ailleurs, plusieurs questions subsistent dans cette affaire. Qui a enlevé les moines ? Sans doute des groupes armés ou des islamistes. Mais ces islamistes étaient-ils manipulés ou infiltrés par les services algériens ? Et qu'ont fait les autorités algériennes et françaises pendant les deux mois de séquestration des religieux ?
lepoint.fr : Qu'allez-vous faire désormais ?
Me Patrick Baudouin : Nous réclamons la levée du secret défense pour obtenir les rapports écrits dans lesquels le général François Buchwalter dit avoir rendu compte du mitraillage des moines. Nous voulons aussi la convocation par le juge de plusieurs responsables français comme Michel Levêque, l'ambassadeur de France alors en poste à Alger, Hervé de Charrette, alors ministre des Affaires étrangères, mais aussi le responsable de la DGSE [Direction générale des services extérieurs] de l'époque, Jacques Dewatre, et enfin celle du général Rondot, responsable de la DST [Direction de la surveillance du territoire].
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Nine Admin
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Sujet: Re: DES HOMMES ET DES DIEUX Ven 30 Avr - 2:26
Le monastère de Tibéhirine
"Car ma maison s'appelera "maison de prière pour tous les peuples". Isaïe 56/7
Le monastère trappiste de Tibéhirine, près de Médéa en Algérie, où les sept moines ont été enlevés par un commando intégriste, a été fondé en 1934, du temps de la colonisation française, et se voulait « une présence chrétienne gratuite en monde musulman ». Baptisé « Notre-Dame-de-l’Atlas », ce monastère est le seul subsistant en Algérie. Il a été créé par l’abbaye d’Aiguebelle (Drôme), sa maison mère, et possède une petite annexe au Maroc, près de Fès.
Autrefois important domaine agricole pouvant abriter 300 personnes, dont une centaine d’ouvriers, il ne compte plus que 12 moines, pour la plupart âgés, dont 3 ne se trouvaient pas sur place lors du raid, et qui continuent à employer quelques personnes dans les travaux des champs, a indiqué le « père immédiat » d’Aiguebelle, le père Yves Debroucker.
Les moines, et notamment le frère médecin, « frère Luc », « jouissaient d’un crédit considérable dans les environs immédiats », a-t-il ajouté. Malgré l’aggravation des tensions en Algérie ils avaient tenu à rester pour être fidèles « à la population locale, à l’église locale et à la tradition biblique commune aux fils d’Abraham ».
L’ordre des frères trappistes
(ou encore ordre des cisterciens de la stricte observance), fondé en 1140, est un ordre contemplatif et non missionnaire, mais les frères entretiennent des relations avec leur environnement, ne serait-ce que pour les tâches quotidiennes et celles qui assurent leur subsistance.
L’ordre compte 2.600 moines et 1.800 moniales répartis à travers le monde en 95 maisons d’hommes et 65 maisons de femmes. Malgré une baisse constante des effectifs, un phénomène commun à tous les ordres monastiques, les implantations sont en augmentation.
Cependant, en Afrique, il n’y a pratiquement pas de recrutement local et tous les moines de Tibéhirine venaient d’Europe, et même de France. Pour l’ensemble de l’Afrique, les moines venant de France, qu’ils soient trappistes, bénédictins ou chartreux, ne sont plus aujourd’hui que 46.
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Sujet: Re: DES HOMMES ET DES DIEUX Ven 30 Avr - 17:26
DES HOMMES ET DES DIEUX Histoire noire sur écran blanc Sortie le 8 septembre 2010
Lambert Wilson
Un film sur les moines assassinés de Tibhirine est en cours de tournage. Il sera sur les écrans l’année prochaine, alimentant de nouveau la chronique sur l’un des événements sanglants de la décennie noire, qui, avec le massacre de Bentalha, a fait le tour du monde de l’émotion.
Un film sur Tibhirine est en cours de tournage au Maroc par Xavier Beauvois. Les trois personnalités fortes du monastère seront incarnées par des acteurs de premier plan. Lambert Wilson (l’abbé Pierre dans Un Hiver 54) interprétera Christian de Chergé, le supérieur du monastère. Olivier Rabourdin (le policier du film Welcome) se mettra dans la peau de Christophe Lebreton, et Michaël Lonsdale jouera le doyen des sept moines, Luc Dochier, médecin, présent dans le monastère depuis le début des années 50.
A lui seul, il y aura vécu la guerre de Libération nationale, et, cinquante ans plus tard,les événements terroristes des années 90. Le scénariste, Etienne Comar, a concentré une tranche de vie des moines entre 1993 et mars 1996, lors de leur enlèvement, puis leur assassinat en mai 1996.
Cet événement avait suscité, à l’époque, une vive émotion en Algérie, mais aussi en France où les moines qui ont fait vœu de se retirer du monde et de vivre dans la prière représentent une réelle réserve spirituelle.
Pour s’en faire une idée, il n’ y a qu’à voir les visiteurs qui se rendent chaque week-end au monastère trappiste d’Aiguebelle (Drôme), dans le sud de la France. Ce monastère, qui est la maison mère de Tibhirine, trappe algérienne créée dans les années 30, a, bien sûr, été consulté sur le projet. Comme toujours, par la voix de leur père supérieur, la circonspection a été de mise. La même démarche a été effectuée à Tamié, autre monastère trappiste, en Savoie, avec la même retenue.
Selon nos informations, des remarques ont été avancées sur le premier scénario présenté.
Même cas de figure pour les familles des moines qui, à défaut de pouvoir demander que le film ne se fasse pas, ont proposé de substantielles corrections. Elles craignent l’image que le film donnera des frères assassinés, en contraction avec leur réserve naturelle de moines. Comme c’est une fiction, nul tiers ne peut s’opposer à la réalisation, ce qui aurait par contre été possible juridiquement pour un documentaire.
Mais Etienne Comar, pour verrouiller la rédaction du scénario, s’est appuyé sur les ouvrages écrits sur la question, dont :
Passion pour l’Algérie de John Kiser.
Son traducteur de l’américain, Henry Quinson, a été recruté comme conseiller technique. Homme de conviction, il est proche de l’Algérie (lire son livre Moine dans la cité paru en 2006) des familles et des moines trappistes. Ancien trader pour des grandes banques, il a tout plaqué pour devenir lui-même moine avant de fonder à Marseille une fraternité au milieu d’un quartier où est concentrée une forte population musulmane.
Why not production, la société qui produit le film, a, en 24 ans d’existence, de beaux succès au compteur dont le tout dernier, Le Prophète, de Jacques Audiard, et Samson et Dalilah, Caméra d’or à Cannes 2009 qui sort cette semaine sur les écrans français.
19 religieux chrétiens assassinés en Algérie entre 1994 et 1996 En mars 1996, sept moines étaient enlevés à Tibhirine, dans leur monastère près de Médéa. Leur assassinat, en mai, venait s’ajouter au meurtre de 11 religieux chrétiens depuis le mois de mai 1994.
La liste macabre s’était ouverte avec la liquidation, dans leur bibliothèque de La Casbah de Paul Vergès et Paule-Hélène Saint-Raymond, puis en octobre 1994, d’Esther Paniaga et Caridad Maria. En décembre de la même année, après l’affaire du détournement de l’Airbus d’Air France, quatre Pères Blancs étaient assassinés à Tizi Ouzou. En septembre 1995, ce sont deux sœurs qui périrent à Alger : Denis Leclerc et Jeanne Littlejohn et enfin, en novembre 1995, Odette Prévost, à Kouba. Après les moines, c’est l’évêque d’Oran, Pierre Claverie qui sera assassiné à Oran en août 1996.
Source El Watan Walid Mebarek Le Pèlerin
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Nine Admin
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Sujet: Re: DES HOMMES ET DES DIEUX Ven 30 Avr - 17:33
« Le ton du film est juste »
Depuis, Étienne Comar a demandé conseil à Henry Quinson. Celui-ci, traducteur du livre de référence de John Kaiser, a corrigé certaines erreurs ou incohérences, y compris celles relevées par des membres de familles des moines qu’il a consultées. « Le scénario ne peut que nous décevoir, reconnaît Hubert de Chergé, frère du P. Christian, prieur de Tibhirine. Mais il fait passer quelque chose du message que les frères nous ont laissé. »
« La réalisation de ce film n’est pas facile à vivre, reconnaît pour sa part Pierre Laurent, neveu du Frère Luc. Et nous verrons forcément toutes les inexactitudes qui subsisteront. Mais je dois lui reconnaître une qualité : il reste en dehors de la polémique politico-judiciaire et éclaire, sans rien idéaliser, le sens de cette présence monastique qui est allée jusqu’au martyre. » Le P. Philippe Hémon, moine de Tamié (Savoie), estime quant à lui que « le ton du film est juste ».
Tournage au Maroc
Coproduit par Armada Productions et Why not Production, le film est pour le moment intitulé :
Des hommes et des dieux.
Le tournage, prévu en décembre et janvier, se déroule au Maroc. Ce qui ne manque pas d’inquiéter Mgr Vincent Landel, archevêque de Rabat, qui déplore que personne ne soit venu lui parler directement du film.
« J’espère seulement que nous n’en subirons pas les contrecoups, précise-t-il. Pour un rien, nous pouvons être taxés de prosélytisme. »
EXTRAIT : Martine de SAUTO La Croix du 8 décembre 2009
Nine Admin
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Sujet: Re: DES HOMMES ET DES DIEUX Ven 30 Avr - 17:47
John Kiser
Passion pour l'Algérie. Les moines de Tibhirine. L'enquête d'un historien américain
Traduit de l'anglais par Henry Quinson, Paris, Éd. Nouvelle Cité, coll. « Récit », 2006. 512 p., 28,00 €.
Cet ouvrage sera remarqué car il est publié à l'occasion du dixième anniversaire de la Pâque des sept frères de Notre-Dame-de-l'Atlas, à Tibhirine, en Algérie. Le 27 mars 1996, les sept moines trappistes sont enlevés. Deux mois plus tard, les têtes des moines décapités, furent découvertes. L'émotion fut considérable partout dans le monde.
Journaliste d'investigation et historien, John Kiser est Américain. Son enquête a été publiée en anglais à New York en 2003. Le traducteur, Henry Quinson, Franco-Américain, vit actuellement à Marseille. La traduction est particulièrement soignée, avec le concours de nombreux amis sollicités pour leur compétence. Il n'en reste pas moins que le lecteur sera dérouté par tel ou tel développement historique, théologique ou islamique dans la trame même du récit. La langue française a une autre logique.
Unanimement salué par la critique aux États-Unis, ce livre raconte avec précision un des grands événements spirituels de notre temps. Ces moines en terre d'islam (première partie) connurent un tourment partagé (deuxième partie) avec bien d'autres victimes du drame algérien. La lumière de Tibhirine sera-t-elle étouffée ? (troisième partie.)
Ces moines sont morts mais l'Esprit de paix qui les animait poursuit son œuvre.
on remerciera l'auteur « pour le sérieux de son enquête, et pour avoir fait de ce drame une lecture au niveau qu'il mérite ».
liliane Admin
Nombre de messages : 19569 Age : 50 Localisation : dans la galaxie Date d'inscription : 02/05/2008
Sujet: Re: DES HOMMES ET DES DIEUX Sam 1 Mai - 14:02
Les Moines de Tibhirine : un aval français à l’horreur ?
Par Abdelwahab BENYELLES, 12 juillet 2009 http://www.lequotidienalgerie.com/index.php/5763/les-moines-de- tibhirine-un-aval-francais-a-l’horreur/
Comme l’a mentionné, en quelques sortes, une intervention d’un internaute averti dans ce Quotidien d’Algérie : Une bavure, ce n’est pas aussi grave qu’un tissu de mensonges et de cachotteries, surtout sous couvert d’un secret-défense d‘une république démocratique fondatrice de la matrice de la charte des droits de l‘homme.
Et c’est d’autant plus grave et inquiétant pour la France, sa « politique » et son électorat lorsqu’il s’agit d’actes barbares et de mutilations commis sur des religieux, inertes, puisque déjà réellement morts, criblés et déchiquetés par balles de gros calibres «inhumains », puisque l’une des têtes des victimes dans les cercueils, suivant un témoignage crédible, avait complètement la moitié du visage arrachée.
Si les moines avaient été tués simplement par balles de « calibre humain » et peu importe qui aurait tiré, le GIA ou les services, la bavure aurait été « banale », comme on en constate souvent dans les conflits terroristes ou autres, et que l’information aurait été diluée subtilement de manière à la faire accepter auprès de l’opinion publique française comme un autre drame et un autre dommage collatéral de cette « guerre subversive contre-insurrectionnelle » des années noires du « terrorisme algérien ».
Sachant qu’une coopération opaque existe toujours entre les services algériens et français, principalement la DST de l’époque, comme par exemple la mascarade de l’enlèvement des otages consulaires français en 1993 à Alger, lequel a abouti par magie à l’opération de ratissage « d’islamistes » en France, sous le nom de code « chrysanthème », supervisés par Charles Pasqua et le barbouze de Marchiani - ce dernier a été gracié l’année passé par Sarkozy - avait donné, il faut le rappeler, un antécédent de « confiance mutuelle » entre les « services tordus » pour recommencer une opération similaire comme celle du rapt des moines qui devait avoir comme principal objectif d’augmenter le sentiment exécrable du terrorisme islamiste en Algérie dans la sensibilité de l’opinion publique française et mondiale ainsi que dans les clergés internationaux chrétiens, et évidemment de surcroit, réconforter le pouvoir, encore pour un délai indéterminé, de la junte militaire algérienne après le « pétard mouillé de force » de l’opposition algérienne à San Egidio et bien sûr du slogan assassin de « qui tue qui? », « commandé et téléguidé » en outre de la part de certains clans de part et d’autre de la méditerranée envers l’oligarchie militaire et de son équilibre en exercice du moment.
Malheureusement on ne saura jamais pourquoi et c’est une énigme clé jusqu’à date. L’opération avait mal tourné apparemment cette fois ci, vue que la DGSE - sous les auspices d’un certain clan de la droite politique française - avait doublé non seulement sa consœur la DST et en même temps le DRS algérien pour avoir noyauter, dès le départ, le groupe de ravisseurs - téléguidés déjà par le DRS - en créant et en maintenant un contact « direct » avec ce dernier, et surtout en le plaçant de visu, par dessus le marché, sous surveillance GPS, vu la nature accidenté du terrain sur les monts du Tibhirine. Une tactique différente par rapport à celle du rapt du couple Thouvenot en 1993, lequel avait été une « opération urbaine » mise sous filature discrète de la DST, avec la bénédiction de bon aloi du DRS, depuis le début de l’opération.
Et c’est ce qui avait conduit probablement au cafouillage, à la compétition et à l’excès de zèle des services, et à la bavure inévitable, en rendant le DRS et principalement Toufik tellement furax pour donner l’ordre d’arrêter la manipulation immédiatement - malgré les conseils contraires de son adjoint omnipotent et proche de la DST, le général Smain Lamari - et à éliminer tout le bivouac des moines en le bombardant sur le champ par des hélicoptères.
Après tout l’Algérie était sous état d’urgence depuis 1992 et qu’elle était en guerre contre le terrorisme, la bavure devait être « naïve, naturelle et calculée » de la part du DRS, et aussi de peur de se faire découvrir et localiser, avec le temps, tous les groupes de la « toile active » à la solde des services algériens avec leurs kasmates dans les maquis, et aussi l‘essentiel, d’évacuer toutes traces de gestion du terrorisme par les services de renseignements algériens.
Pour ne courir aucun risque, l’opération réalisée et achevée globalement par le pouvoir avec le référendum sur la concorde civile lequel avait permis de faire redescendre, sous un statut de repenti-pardonné, plus de 400 agents-doubles du DRS infiltrés dans les groupes armées au maquis. Il parait que même parmi ces agents, quelques uns auraient menacés carrément Smain Lamari en personne, l’informant de commettre l’irréparable s’il ne presserait pas Bouteflika à l’adoption du pardon généralisé. Et dieu seul sait combien d’actes barbares ont été commis juste pour montre leurs humeurs fâcheuses vis à vis de leurs patrons lesquels temporisaient pour leurs comptes personnels dus surtout à l’équilibre des forces en jeu, en les oubliant dans une jungle inextricable de guérillas et « d’opérations tordues ».
D’après les propos crédibles de l’adjudant-chef Tigha du CTRI de Blida, il disait que pour remonter à la source de la preuve irréfutable que le DRS était bien impliqué dans ce rapt, il fallait déjà mettre la main sur Zitouni, hélas liquidé, certainement - malgré la rumeur du contraire - le même jour que les moines, et sur son officier traitant qui avait disparu depuis, un certain neveu du patron de l’époque de la DGSE algérienne.
Les chances sont minces de prouver quoi que ce soit contre la junte militaire algérienne laquelle avait pris ses précautions comme d’habitude sous la supervision directe du général Toufik, en doublant carrément les deux services pendant la circonstance « anormale » de l’époque de la présidence de Zéroual et de sa politique de rapprochement vis à vis de la frange islamiste. D’ailleurs, les plus grosses « boucheries humaines » - Bentalha, Beni-Messous, Rais etc…- ont été commises par les « terroristes » par hasard pendant son mandat avec « une assistance experte et confondue » de tous les « services » en question.
Toujours est-il que cet opération conjointe des services algériens et français avait été un échec, vu la perte des otages religieux, mais aurait été au demeurant quand même « un succès » par rapport à l’idée et à l’objectif qui auraient motivé depuis le début ce rapt et ses retombées médiatiques pour forger une opinion voulue et « mâtée » du publique français et occidental en général.
Mais les questions qui « blessent » actuellement le gouvernement français de Sarkozy, - comme un caillou dans la chaussure - par lesquelles rendent ce témoignage du général Buchwater seulement crédible, et suspect en même temps, juste sur un point : l’assassinat des moines par des hélicoptères de l’ANP !
Le reste ne tient pas la route. Pourquoi ce général aurait inventé cette histoire d’un frère militaire d’un pilote d’un de ces hélicoptères assassins pour assoir sa déclaration devant le juge d’instruction ? S’il voulait soulager complètement sa conscience, pourquoi avoir caché que lui même et sa hiérarchie directe (DGSE et Alain Juppé et consorts) étaient aux premières loges quant à l’écoute et le « tracking in live » électronique de l’opération des moines au plus complet de ses épisodes ?
D’ailleurs, il n’y a aucun mal à le déclarer dans la circonstance actuelle de l’instruction, puisque la DGSE remplissait son rôle constitutionnel de l’espionnage à l’étranger. Pourquoi ce général essaye par tous les moyens d’escamoter le rôle flagrant joué par la DST dans cette opération, laquelle était en dehors de sa mission et de sa juridiction constitutionnelle ?
De l’avis de nombreux observateurs de ce qui avait motivé ce cas des moines à le classer secret-défense, inaccessible et ultraconfidentiel, est le fait de savoir qui aurait pu avoir l’idée de poursuivre et de donner l’ordre « d’exploiter inhumainement» jusqu’à l’horreur cette opération machiavélique qui avait atteint son « objectif macabre » de toutes les façons juste en opérant déjà le rapt, et malgré le cafouillis des services, bien que les moines achevés accidentellement et probablement par des balles d’armes lourdes, ce qui était tout de même , avant d’être irrécupérable, une bavure tragique certes, mais encore « humainement acceptable » aux yeux de l’opinion française.
Et qui voudrait soustraire cette vérité probable à l’opinion publique française, avec la pression permanente de ses services depuis le début, sur les parties civiles constituées légalement enfin depuis 2003, et l’élimination de tout intrus étranger à l’affaire, comme la chute inexpliquée d’un immeuble à Paris le 15 février 2004, du rédacteur en chef de l’agence Gamma, Didier Contant, alors qu’il enquêtait pour le Figaro Magazine sur l’assassinat des moines.
Si il y aurait eu un « Aval à l’Horreur » - et cela parait de plus en plus flagrant malgré les années passées - de la part d’une partie ou d’un clan du pouvoir français de l’époque, ce dernier même actuellement, se retrouverait responsable co-auteur et complice de la manipulation, du massacre et de la mutilation inhumaine de ses propres ressortissants, sans foi ni loi, avec le pouvoir du DRS algérien comme maitre d’œuvre et sous-traitant.
Est ce que ce général serait-il à ce point assez stupide pour mettre dans l’embarras tout l’establishment politique français ?
Ou bien est ce encore un coup de semonce de Sarkozy, avec un Bajolet en laisse, pour donner un coup de main au clan Bouteflika et à sa coqueluche montante, Saïd, pour « déboulonner » définitivement Toufik de son poste et de par ricochet, tous les réseaux impénétrables constitués jadis par Larbi Belkhir, le cerveau du régime depuis 30 ans désormais malade et hors jeu depuis 2005 ? Une nouvelle ère de connivences entre de nouveaux acteurs de part et d’autre, devrait- elle commencer à voir le jour à l’aube des échéances électorales françaises et algériennes de 2012 ? Autant de questions qu’il est bon de savoir un jour quel serait le consensus final général dégagé de la part tous les clans et « services » - en cours de préparation en ce moment - , sur ce qui pourrait être le choix du dauphin remplaçant de Toufik, d’autant plus que le président Bouteflika avait nommé dernièrement en catimini lors de la fête de l’indépendance, deux ou trois nouveaux généraux et quelques nouveaux colonels seulement dans le seul corps du DRS.
Logiquement, dans la conception de « chasse gardée » de la politique habituelle de la France vis à vis de l’Afrique et surtout du Maghreb, il serait fort douteux de croire que Sarkozy irait jusqu’au bout de sa quête de la découverte de la vérité. Toute la question est dans le changement de « pions » majeures dans l’échiquier du sérail des « mercenaires algériens ».
Toufik a dépassé le record du séjour au poste du tout puissant défunt kasdi Merbah et cela commence, depuis quelque temps, à peser lourd dans « l’osmose créatrice de ce pouvoir algérien ». Un changement « suggéré tacitement » de la part de la France de Sarkozy est entrain de s’imposer en quelque sorte par le biais de sa « justice ballotée » déjà par l’affaire Mécili.
D’après les fuites de coulisses, la décision avait été prise lors de la rencontre entre Sarkozy et Bouteflika en marge des travaux de la réunion du G8 au Japon, lorsque le président français se faisait le porte parole de Bouteflika, en annonçant sa visite et sa participation, « - longuement maintenu en suspens - », de la réunion de l’UPM en France, pendant les festivités du 14 Juillet et pendant la même période à peu près, du scoop médiatique de cette même affaire de moines de Tibhirine paru sur le journal italien, La Stampa. Un aveu du même général, mais de manière anonyme à ce moment là, et pas devant un juge d’instruction. C’était, à en crever les yeux, le premier avertissement à Toufik, l’un des derniers « pions puissants de la création belkhiresque » !
Si par exemple une justice impartiale réelle des hommes devait aller loin dans les dossiers « de coups tordus à complicité franco-algérienne », une secousse tellurique politique certaine se ferait sentir et provoquerait sans doute une garantie inéluctable de l’entrée de la France en sa sixième République et l’Algérie en sa deuxième. Le jour viendra tôt ou tard par la conséquence de la force majeure du vœu du peuple et du destin de la trajectoire naturelle politique algérienne, hélas déviée depuis 1962. Ce n’est qu’une question de temps.
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Sujet: Re: DES HOMMES ET DES DIEUX Ven 7 Mai - 15:50
Bridget
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Sujet: Re: DES HOMMES ET DES DIEUX Dim 9 Mai - 14:23
Cannes 2010 Des hommes et des Dieux en sélection officielle
Des hommes et des dieux, le dernier film de Xavier Beauvois est en compétition au 63e Festival De Cannes.
Avec les films Hors la loi de Rachid Bouchareb et Des hommes et des Dieux de Xavier Beauvois, le 63e Festival de Cannes n'a pas peur d'exacerber les relations parfois tendues entre la France et l'Algérie.
Si le premier s'intéresse au destin tragique des survivants des massacres de Sétif qui eut lieu en Algérie en 1945, le second fait dans la même gravité en mettant en scène pour la première fois au cinéma le massacre des Moines Cisterciens de Tibhirine une nuit de 26 mars 1996.
Un sujet extrêmement sensible et encore aujourd'hui sujet à différentes versions.
Pendant longtemps classé secret défense, l'enlèvement puis la décapitation des 8 moines avaient été attribués, à l’époque, au Groupe islamique armé (le GIA), avant qu'un nouveau témoignage ne change la donne.
En 2009, un général à la retraite raconte qu'un officier de l'armée algérienne lui aurait raconté ce qui s'est vraiment passé.
Selon lui, il s'agit d'une erreur de l'armée algérienne qui mitraille un camp pensant qu'il s'agit d'un repère de terroristes. En fait, ils viennent de liquider les moines.
Se rendant compte de leur méprise, l'armée aurait décapité les corps des moines afin de faire croire à une attaque du GIA.
Aujourd'hui encore, beaucoup de questions restent sans réponse concernant cette affaire.
Il est important de noter que Des Hommes et des Dieux est une libre adaptation de cet événement. De plus, il retrace la vie des moines de 1993 jusqu'à leur mort tragique en 1996.
Dans ce film, on retrouve les acteurs Lambert Wilson, Michael Lonsdale, Roschdy Zem, Philippe Laudenbach, Olivier Rabourdin, Jacques Herlin et Sabrina Ouazani.
Si l'histoire se passe dans les faits en Algérie, le magazine l'Express révèle que pour des raisons de sécurité, le réalisateur a choisi de tourner son film à Meknès, au Maroc.
La reconstitution du monastère a été confiée à Michel Barthélémy à qui l'on doit les décors du film Un prophète, pour lequel il a reçu le César 2010 du Meilleur décor.
Nombre de messages : 19569 Age : 50 Localisation : dans la galaxie Date d'inscription : 02/05/2008
Sujet: Re: DES HOMMES ET DES DIEUX Mar 18 Mai - 23:12
Des hommes et des dieux, puissant et bouleversant
Par Thomas Baurez
Avec ce drame inspiré de la tragédie survenue au milieu des années 90 dans les montagnes algériennes, où huit moines chrétiens furent sauvagement assassinés, Xavier Beauvois signe un film magnifique autour des mystères de la foi.
Le premier vrai coup de coeur de cette compétition !
Les plus: N'oublie pas que tu vas mourir, disait l'un des précédents films de Xavier Beauvois. Ce titre pourrait convenir à ce nouvel opus. Nous suivons ici le calvaire de huit moines chrétiens dans un monastère algérien, bientôt menacés par les intégristes qui terrorisent le pays.
Dès lors, les hommes de foi se posent la question de leur engagement : Rester ou partir. Rester, c'est poursuivre leur mission, à savoir aider la population locale à se soigner, et surtout ne pas se laisser détourner du droit chemin.
Partir, c'est renoncer. A partir de ce dilemme, Beauvois signe un film habité, emprunt d'une certaine austérité mais où paradoxalement l'émotion la plus profonde parvient à pénétrer l'âme du spectateur. A la vue de la séquence du dernier repas, par exemple, où la caméra de Caroline Champetier s'arrête sur chacun des visages où tout le spectre des émotions semble passer, on ne peut retenir ses larmes.
C'est beau, touchant, profond, grâcieux... Là où Innaritu joue sur la surenchère esthétique et dramatique pour tenter d'émouvoir, Beauvois dans un parfait contrepoint, agit avec douceur et retenue.
Les moins : Cette retenue a visiblement laissé certains spectateurs sur le bord de la route.
Verdict: Pour l'heure Des hommes et des Dieux mérite amplement une Palme d'or.
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Sujet: Re: DES HOMMES ET DES DIEUX Mer 19 Mai - 10:40
Xavier Beauvois a magnifiquement réussi son film, Des hommes et des dieux . Il n'a pas raté un sujet qui paraissait bien difficile et bien austère : les derniers mois des sept moines du monastère de Tibhirine, avant leur enlèvement par des terroristes algériens, en 1996.
Tout y est. Le portrait sensible, touchant, fidèle, d'une communauté, de ses rituels et de ses liens avec le village arabe voisin ; les tensions qui les agitent individuellement après les premières menaces ; le cheminement de leur questionnement, que le réalisateur traduit habilement par les psaumes chantés qui jalonnent le récit ; leur refus de l'engagement (entre l'armée algérienne et les terroristes) qui vaut comme engagement suprême et mise à l'épreuve de leur foi : vont-ils flancher, s'enfuir, ne pas être à la hauteur de l'épreuve que Dieu leur envoie ?
Des hommes et des dieux : le titre est lourd de sens. D'un côté, la politique, le terrorisme, le fanatisme et l'agitation. De l'autre, cette métaphysique qui s'incarne dans ces moines contemplatifs - Beauvois traite splendidement la nature qui les environne -, tous traités avec la plus grande égalité. Il y a, bien sûr, quelques acteurs connus comme Lambert Wilson (décidément, après le comte de Chabannes dans le Tavernier ( lire notre critique ), voilà un magnifique second rôle) ou Michael Lonsdale, d'autres moins connus (Philippe Laudenbach, Olivier Rabourdin) et enfin d'autres inconnus, mais aucun ne dépasse : ils incarnent l'idée même de démocratie, là où elle est la plus menacée.
L'incarnation est bien un des sujets de ce film à la fois simple, limpide, lumineux et d'une richesse exceptionnelle. Au fur et à mesure de la menace, qui vient aussi bien de l'armée que des terroristes, ces moines découvrent enfin le sens de leur foi et rejoignent ainsi celui qui l'incarne le mieux : Jésus.
REGARDEZ un extrait du film
Des hommes et des dieux est à la fois un film éminemment moderne (quoi de plus moderne que le terrorisme, le fanatisme ?) et d'une universalité totale, d'une hauteur de vue radicale : voilà des hommes qui prennent du recul et savent être où il faut pour résister, avec leurs moyens, à ces maux. Trois jours avant la projection du film de Bouchareb, Beauvois nous emmène aussi en Algérie, avec des Français qui aimèrent profondément cette terre, où ils voulurent prouver que la coexistence entre catholiques et musulmans était possible.
L'an dernier, à Cannes, en sortant de la projection du film de Haneke Le Ruban blanc ( lire notre critique ), j'avais la conviction qu'il aurait la Palme d'or. Pour toutes les raisons qui précèdent, j'ai la même conviction aujourd'hui avec le film de Beauvois, qui nous offre par ailleurs les cinq minutes les plus bouleversantes depuis le début de ce Festival : le dernier repas, la dernière Cène. Là, on atteint le sublime, mot que j'ai toujours employé avec une extrême parcimonie.
Dans l'édition du Point daté du 20 mai, un article reviendra sur la genèse de ce film magnifique.
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Sujet: Re: DES HOMMES ET DES DIEUX Mer 19 Mai - 10:48
Alléluia Beauvois !
Avec Lambert Wilson, Michael Lonsdale, Olivier Rabourdin, Philippe Laudenbach… Durée : 2 heures.
Lent, hiératique, le film, qui raconte l'assassinat des moines cisterciens de Tibhirine, en 1996, est d'une force, d'une puissance, d'une élévation d'esprit et d'une spiritualité exemplaires.
On tenait, lundi, une palme potentielle avec « Biutiful » d'Alejandro Gonzalez Inarritu. Il faudra compter désormais avec « Des hommes et des dieux » de Xavier Beauvois.
Pour reprendre le jeu de mots du réalisateur, très en verve, au cours de la conférence de presse qui a suivi la projection du film dès matines, il pourrait fort bien être « Cannes/Onisé » en fin de semaine. Le film, qui raconte l'assassinat des moines cisterciens de Tibhirine, en 1996, est d'une force, d'une puissance, d'une élévation d'esprit et d'une spiritualité exemplaires. Lent, hiératique, le film prend son temps pour nous installer dans le quotidien de ces hommes entièrement dévoués à Dieu et à la cause de la population démunie - et terrorisée -de ce village du Haut Atlas.
Au début, on s'interroge sur les motivations de ces moines qui ont décidé, malgré les menaces, de rester en Algérie, alors que l'étau de la violence la plus aveugle se resserre autour d'eux. Le gouvernement algérien les exhorte à quitter le pays. Les moines sont partagés. Trois d'entre eux estiment qu'il faut partir ; trois qu'il faut rester. Deux pensent qu'il est urgent d'attendre. Cherchent-ils à être des martyrs ? A donner leur vie pour les autres, comme le Christ l'a fait pour les siens ? A gagner leur paradis en se laissant assassiner comme des moutons sous le couteau du boucher ? Ou, au contraire, pour filer la métaphore du berger, à rester justement parce que le troupeau est menacé par le loup ?
Un combat inégal
Ces questions, les frères se la posent, brutalement. Et, petit à petit, le spectateur aussi. Rien n'est simple. Quand les islamistes, qui ont égorgé des ingénieurs et des ouvriers croates sur un chantier proche, viennent pour la première fois au monastère chercher de l'aide pour leurs blessés, un respect mutuel, mais sans concession, s'installe entre les deux partis. En revanche, les gradés de l'armée algérienne ne comprennent pas comment les moines acceptent de soigner des terroristes ou de prier pour le salut de leur âme. Et quand un hélicoptère de l'armée vient longuement survoler le monastère, sa mitrailleuse pointée sur la chapelle où les moines, soudés, chantent pour élever leurs voix unies, seul rempart contre le bruit assourdissant des rotors, on comprend soudain que leur message est le même que celui de Ghandi.
Il n'est pas celui d'une religion, d'un Dieu ou d'un prophète. Il est celui de l'homme désarmé qui veut témoigner par la seule force de l'humilité, de la générosité et du partage. Un combat inégal, perdu d'avance, si ce n'était le magnifique film de Xavier Beauvois qui donne tout son sens à leur sacrifice. Pour l'éternité. T. G., Les Echos 19/05/2010
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Sujet: Re: DES HOMMES ET DES DIEUX Sam 22 Mai - 22:28
DES HOMMES ET DES DIEUX
Le Prix du jury oecuménique du Festival de Cannes est revenu samedi au film "Des hommes et des dieux" du Français Xavier Beauvois, tandis que le Prix Fipresci de la critique internationale est allé à "Tournée" de Mathieu Amalric, parmi les oeuvres en lice pour la Palme d'or.
Le jury oecuménique, qui rassemble six personnalités catholiques et protestantes, a apprécié dans "Des hommes et des dieux" un film "d'une grande beauté plastique, servi par une interprétation remarquable et rythmé par l'alternance des travaux et de la liturgie".
Xavier Beauvois y dépeint "le sacrifice des moines de Tibéhirine (Algérie) en 1996, choisissant de poursuivre leur oeuvre de paix malgré la violence déchaînée", rappelle le jury dans un communiqué.
"La profonde humanité des moines, leur respect pour l'islam et leur générosité pour leurs voisins villageois motivent notre choix", ajoute-t-il.
Présidé par Michèle Debibour, professeur de droit à Lyon et auteur de plusieurs ouvrages sur la religion, le jury oecuménique est également composé de : Sanne E. Grunnet (Danemark) et Julia Helmke (Allemagne), toutes deux pasteurs, ainsi que de Jos Horemans (Belgique), Tomas Straka (Slovaquie) et Jacques Vercueil (France).
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Sujet: Re: DES HOMMES ET DES DIEUX Dim 23 Mai - 1:31
NOBODY KNOWS
Nine Admin
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Sujet: Re: DES HOMMES ET DES DIEUX Dim 23 Mai - 1:57
"Des hommes et des dieux" la montée vers le martyre des moines de Tibéhirine
Le 26 mars 1996, durant le conflit qui oppose l'Etat algérien à la guérilla islamiste, sept moines français installés dans le monastère de Tibéhirine, dans les montagnes de l'Atlas, sont enlevés par un groupe armé. Deux mois plus tard, le Groupe islamique armé (GIA), après d'infructueuses négociations avec l'Etat français, annonce leur assassinat. On retrouvera leurs têtes, le 30 mai 1996. Pas leurs corps.
L'affaire eut un énorme retentissement. En 2003, à la faveur d'une instruction de la justice française, des doutes sont émis sur la véracité de la thèse officielle. En 2009, à la suite de l'enquête du journaliste américain John Kiser et des révélations de l'ancien attaché de la défense français à Alger, l'hypothèse d'une implication de l'armée algérienne est avancée.
On en est là, aujourd'hui, du fait divers atroce qui inspire un film au réalisateur français Xavier Beauvois, troisième et dernier cinéaste français à entrer en lice après Mathieu Amalric (Tournée) et Bertrand Tavernier (La Princesse de Montpensier).
Très attendu pour toutes ces raisons, le film surprend, au sens où il défie les attentes. On pouvait imaginer un état des lieux du post-colonialisme, une évocation de la montée des intégrismes, une charge politique sur les dessous de la guerre. Or Xavier Beauvois nous emmène ailleurs, et signe un film en tous points admirable.
Cinquième long métrage, en dix-huit ans, du réalisateur de Nord (1991) et de N'oublie pas que tu vas mourir (qui reçut le Prix du jury à Cannes en 1995), Des hommes et des dieux est d'abord un film sur une communauté humaine mise au défi de son idéal par la réalité.
Le film est tourné de leur point de vue, et partant, de celui d'un ordre cistercien qui privilégie le silence et la contemplation, mais aussi le travail de la terre, la communion par le chant, l'aide aux démunis, les soins prodigués aux malades, la fraternité avec les hommes. C'est de cette exigence spirituelle que le film veut rendre compte, de ce sentiment pascalien de la finitude de l'homme, de l'ouverture à autrui qu'il implique.
Sa lenteur, son dépouillement, sa fidélité au rituel de la communauté, la connivence partagée avec leurs frères musulmans, la beauté déconcertante du paysage (le monastère a été reconstitué au Maroc), sont pour beaucoup dans la réussite de cette ambition. La troupe d'acteurs, d'une remarquable justesse (parmi lesquels Lambert Wilson et Michael Lonsdale), donne corps à ces antihéros refusant de se rendre à la raison du monde tel qu'il est.
Lors de la conférence de presse qui a suivi la projection du film, mardi 18 mai, Lambert Wilson a livré une information sur sa préparation qui permet d'expliquer cette justesse :
"Curieusement, cette fusion qu'ont ressentie les moines, nous l'avons aussi vécue. Nous avons fusionné dans les retraites et fait des chants liturgiques. Le chant a un pouvoir fédérateur."
Puis vient l'heure de la crise, de la mise à l'épreuve. Le hideux visage de la terreur se rapproche, des ouvriers croates sont égorgés non loin de là. Elle finit par frapper à la porte du monastère, une nuit de Noël. Les terroristes sont à la recherche d'un médecin et de médicaments pour leurs blessés. Les moines refusent de se déplacer mais accepteront de soigner les blessés dans l'enceinte du monastère. Une scène capitale a lieu ici : la poignée de main entre le prieur de la communauté (Wilson) et le chef des terroristes.
Ce geste opère un rapprochement entre deux extrêmes irréconciliables de la conviction mystique : la conquête des esprits par la violence et le sacrifice de soi-même pour l'exemplarité de l'amour. C'est au cheminement héroïque des moines vers ce second terme qu'est consacrée la majeure partie du film. Refusant l'aide de l'armée, préservant la fraternité avec la population locale, surmontant leur peur et leurs divisions internes, les moines prendront à l'unisson, comme dans le chant qui les rassemble, la décision de rester.
Quelques scènes magnifiquement inspirées ponctuent cette lente montée vers le martyre. La lutte visuelle et sonore entre l'hélicoptère vrombissant de l'armée et le chant des frères rassemblés. Ou encore cette bouleversante série de travellings sur les visages des moines, à l'issue de la décision qui engage leur vie, accompagnée par le déchaînement lyrique du Lac des cygnes de Tchaïkovski. Il fallait oser ce plan digne de Dreyer et de Pasolini, au risque de la boursouflure, du credo béni-oui-oui.
Beauvois a osé, et il a bien fait. C'est bien le diable si ce très beau film produit par Pascal Caucheteux (déjà bienheureux en 2009 avec Un prophète) ne remporte pas à Cannes quelque chose de grand à l'heure du jugement suprême.
Film français de Xavier Beauvois avec Lambert Wilson, Michael Lonsdale, Olivier Rabourdin, Philippe Laudenbach, Jacques Herlin. (2 h 00.) Sortie le 8 septembre.
Jacques Mandelbaum LE MONDE http://www.lemonde.fr/festival-de-cannes/article/2010/05/19/des-hommes-et-des-dieux-la-montee-vers-le-martyre-des-moines-de-tibehirine_1353761_766360.html
Nine Admin
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Sujet: Re: DES HOMMES ET DES DIEUX Dim 23 Mai - 12:34
PSAUME 23 DANIEL DARC
Les Psaumes Merveilleux de David Psaume 23
23.1 Cantique de David. L'Éternel est mon berger, je ne manquerai de rien.
23.2 Il me fait reposer dans de verts pâturages, Il me dirige près des eaux paisibles.
23.3 Il restaure mon âme, Il me conduit dans les sentiers de la justice, A cause de son nom.
23.4 Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi: Ta houlette et ton bâton me rassurent.
23.5 Tu dresses devant moi une table, En face de mes adversaires; Tu oins d'huile ma tête, Et ma coupe déborde.
23.6 Oui, le bonheur et la grâce m'accompagneront Tous les jours de ma vie, Et j'habiterai dans la maison de l'Éternel Jusqu'à la fin de mes jours.
Nine Admin
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Sujet: Re: DES HOMMES ET DES DIEUX Dim 23 Mai - 12:53
IDIR CHANTEUR BERBERE ORIGINAIRE DE LA TERRE DES FRERES DE THIBIHIRINE
POURQUOI CETTE PLUIE ... "Les hommes n'oublient pas les armes quand ils ne savent plus pleurer ... " Une émouvante complainte !
liliane Admin
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Sujet: Re: DES HOMMES ET DES DIEUX Dim 23 Mai - 22:56
GRAND PRIX FESTIVAL DE CANNES DES HOMMES ET DES DIEUX
Le Grand prix du 63e Festival de Cannes a été décerné dimanche soir au Français Xavier Beauvois pour "Des hommes et des dieux", un film puissant et austère sur l'assassinat des moines de Tibéhirine en 1996 en Algérie.
"Merci à mes frères Luc, Christophe, Amédée, Célestin, Michel, Jean-Pierre, Paul, Bruno", a déclaré le cinéaste en recevant son prix, égrenant après le nom de chacun des moines, celui de l'acteur qui l'interprète.
"Il y a eu un tel moment de grâce au cours de ce tournage", a-t-il ajouté visiblement ému.
"Ces hommes étaient des aventuriers, des artistes de l'amour, des gens qui vont jusqu'au bout des choses, de leur pensée, avec une foi, une rigueur... c'est très rare aujourd'hui, de faire don de soi, de s'intéresser aux autres", avait-il expliqué au cours du festival dans un entretien à l'AFP.
"Mon travail avec mes acteurs a été de faire un bouquet de gens qui soit beau. Si la société avait, ne serait-ce que 5% de gens comme eux, cela irait mieux", avait-il ajouté.
"Des hommes et des dieux" a également obtenu le Prix du jury oecuménique. Prix de l’Éducation nationale 2010 à “Des hommes et des dieux” http://www.prix-education-cannes.fr/?p=1345
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Sujet: Re: DES HOMMES ET DES DIEUX Mer 26 Mai - 0:40
Sarkozy adresse une lettre de félicitations au réalisateur Xavier Beauvois 2010-05-25
Le président français Nicolas Sarkozy a adressé une lettre de félicitations au réalisateur Xavier Beauvois dont le film "Des hommes et des Dieux" vient d'être couronné par le Grand Prix du jury du 63e festival de Cannes, a-t- on appris lundi d'un communiqué de l'Elysée.
Selon le texte, cette distinction vient couronner le talent, la sensibilité et l'authenticité d'un grand réalisateur déjà primé à Cannes.
"M. Xavier Beauvois nous fait magnifiquement partager la vie des moines de Tibbhirine dans l'Atlas algérien, durant les trois années qui précédèrent leur enlèvement et l'assassinat de sept d'entre eux", indique la lettre, en ajoutant : "Ce film rare doit beaucoup à la justesse des acteurs, M. Lambert Wilson et M. Michael Lonsdale en particulier".
INFO radio Chine Internationale : http://french.cri.cn/781/2010/05/25/304s219733.htm
Nine Admin
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Sujet: Re: DES HOMMES ET DES DIEUX Mer 26 Mai - 1:06
Les petits pas de l'enquête sur la mort des moines de Tibhirine
L’avocat Patrick Baudoin et le juge antiterroriste Marc Trévidic poursuivent leur recherche de la vérité sur l’enlèvement et l’assassinat des sept moines trappistes
L’enquête sur l’enlèvement et l’assassinat des sept moines de Tibhirine en 1996 avance à petits pas. « Peu à peu, le puzzle se construit. C’est l’essentiel : que les bouts de vérité que l’on a aujourd’hui s’ajoutent les uns aux autres », constate Me Patrick Baudoin, conseil de certaines familles.
De concert, l’avocat et le juge d’instruction antiterroriste Marc Trévidic poursuivent leur traque de la vérité : il y a eu la levée du secret-défense avec la déclassification de 105 documents, et l’audition de l’ancien attaché de défense à l’ambassade de France à Alger, le général François Buch walter, qui a affirmé au juge que « le massacre des moines résulte d’une bavure de l’armée algérienne ». La déclaration continue à faire du bruit.
Mais il faut aller plus loin.
La pugnacité du juge Trévidic a fait qu’à la fin du procès Clearstream, le 27 janvier, il a pu récupérer deux caisses de carnets de notes couvrant une quinzaine d’années d’activité du général Philippe Rondot, de la Direction de la surveillance du territoire (DST). Le parquet a fait des difficultés et, selon nos informations, le juge, pour les obtenir, a dû menacer de procéder à une perquisition dans son propre tribunal !
« Il faut bousculer »
Le travail d’analyse a été long, reconnaît Me Patrick Baudoin, « mais ils nous ont déjà appris des choses ». Ainsi, en 1999, Philippe Rondot s’est rendu au Vatican et s’est entretenu avec Mgr Jean-Louis Tauran, alors secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États. D’ores et déjà, il est question pour le juge Trévidic d’entendre Philippe Rondot. Le juge et l’avocat en sont certains : « il faut bousculer » pour obtenir « cette part de vérité » tant recherchée.
Dans le même temps, le juge Trévidic s’interroge sur la question de savoir pourquoi son prédécesseur, Jean-Louis Bruguière, a laissé dans le coffre de son bureau – aujourd’hui le sien – des cassettes audio et vidéo non visionnées.
Un expert arabophone a traduit des séances d’audition, essentiellement de terroristes repentis, par des policiers algériens. L’un d’eux raconte que lors d’une opération contre un maquis islamiste, un hélicoptère de l’armée s’est posé près des caches des terroristes.
"Le dossier se nourrit"
Or, l’armée algérienne a toujours mis en avant le fait que jamais ses hélicoptères ne se posaient à la recherche de terroristes lors d’opérations militaires. Une affirmation qui lui permettait de réfuter la thèse du général Buchwalter, selon laquelle des militaires à bord d’hélicoptères avaient tiré sur une colonne de rebelles avant de constater, une fois posés, que les sept moines faisaient partie des victimes.
À ces pièces s’ajoutent des passages du livre-document sorti ces derniers jours d’un ancien de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), Pierre Siramy, 25 ans dans les services secrets (1).
Celui-ci écrit avoir appris que le fameux émir Ahmed Zitouni, chef du GIA, le Groupe islamique armé, qui avait revendiqué le 21 mai 1996 l’assassinat des moines, « aurait bénéficié d’un logement dans une caserne de l’armée »… Ce qui sous-entend une fois de plus que le chef du GIA travaillait à la fois pour son camp et celui de l’armée. « Depuis un an et demi, le dossier se nourrit », constate l’avocat Patrick Baudoin.
Nombre de messages : 12721 Date d'inscription : 03/05/2008
Sujet: Re: DES HOMMES ET DES DIEUX Mer 26 Mai - 1:30
FRANCOIS POLGAR CHEF DE CHOEUR
Il a formé au chant les acteurs moines Un chef de choeur de Neuilly a appris aux interprètes du film «Des hommes et des dieux », présenté au Festival de Cannes, à chanter ensemble. Une expérience inoubliable.
François Polgar aurait mérité de se retrouver au Festival de Cannes en compagnie de Lambert Wilson et des autres interprètes du film « Des hommes et des dieux », de Xavier Beauvois. Le chef de chœur des Petits Chanteurs de Sainte-Croix de Neuilly a en effet participé activement à la préparation du film qui pourrait bien décrocher la Palme d’or ce week-end.
Sans lui, les chants des sept moines martyrs de Tibhirine, en Algérie, enlevés et assassinés en 1996, n’auraient certainement pas eu toute la profondeur restituée à l’écran et l’ambiance du film s’en trouverait sans aucun doute changée. Une forme de coaching qui a débuté sans préavis…
« C’était en septembre, j’ai été contacté par la directrice de production du film. Ils cherchaient quelqu’un pour apprendre aux acteurs à chanter des chants religieux », explique cet homme de 63 ans à l’énergie débordante, qui ajoute modestement : « Ça rentrait dans mes compétences. En plus d’être chef de chœur, je m’occupe de la formation musicale des séminaristes de Paris et je suis un peu spécialiste du chant liturgique. »
Son challenge :
faire d’un groupe d’acteurs dont aucun, mis à part Lambert Wilson, ne savait chanter, une communauté de moines unie dans le chant. « On aurait pu les faire chanter en play-back mais ce n’était pas dans l’esprit du film. Xavier Beauvois voulait que l’on rentre dans le quotidien de ces moines, alors que la violence montait autour d’eux, et leur quotidien est justement rythmé par les chants », souligne le chef de chœur de Neuilly.
« Le fait qu’ils chantent eux-mêmes permet un réalisme hallucinant. Le chant a été primordial. Il a fédéré le groupe d’acteurs, les a vraiment unis. »
Le résultat de répétitions qui se sont tenues durant deux mois à raison d’une ou deux séances par semaine, dans la chapelle du collège Sainte-Croix de Neuilly. « Ils ont appris les chants des cisterciens, le Salve Regina, mais surtout les psaumes et les hymnes en français que l’on a enregistrés et qu’ils se passaient ensuite en boucle sur leur MP3 », explique François Polgar.
Et Lambert Wilson ?
« Il a été moteur pour les autres. Je me suis appuyé sur lui. C’est quelqu’un de très sérieux, sympathique et très proche des gens, pas du tout une star. »
Le chef de chœur de Sainte-Croix, qui a été chef des chœurs de l’Opéra de Paris et de Radio France, et qui a dirigé l’an dernier les quelque mille choristes réunis à l’occasion de la messe du pape aux Invalides, se dit « comblé » par son expérience cinématographique. « C’était une formidable aventure humaine. J’ai aimé cette ambiance et ce professionnalisme », conclut-il, se disant prêt à recommencer.
Nombre de messages : 19569 Age : 50 Localisation : dans la galaxie Date d'inscription : 02/05/2008
Sujet: Re: DES HOMMES ET DES DIEUX Mer 1 Sep - 10:01
Le dernier des moines de Tibhirine se souvient de la nuit de l'enlèvement
Le dernier survivant du monastère trappiste algérien de Tibhirine, frère Jean-Pierre, se souvient de la nuit de l'enlèvement de ses sept amis en 1996, dont il a réchappé grâce au gardien algérien, dans une interview à Famille Chrétienne à paraître cette semaine. Le film "Des hommes et des dieux" de Xavier Beauvois, primé à Cannes, qui retrace les derniers jours des moines, doit sortir sur les écrans le 8 septembre.
Ils étaient neuf moines dans ce monastère isolé, au sud d'Alger, ceinturé de maquis contrôlés par les groupes armés islamistes du GIA. Sept ont été enlevés et tués, deux en ont réchappé : Père Amédée Noto, décédé en 2008, et le père Jean-Pierre Schumacher.
"C'était la nuit vers 1h00. J'ai été réveillé par un bruit de voix devant le portail", se remémore frère Jean-Pierre, 87 ans, interviewé par le journal chrétien au monastère Notre-Dame de l'Atlas au Maroc, où il vit à présent et où sont accrochés les portraits des sept moines assassinés.
Il se rappelle avoir vu "la porte ouverte avec un homme qui entre, avec son turban et sa Kalachnikov" et aller "directement vers un ancien dortoir. Pas normal... Là je me suis mis à genoux au pied de mon lit et j'ai prié".
C'est le mensonge du gardien Mohammed qui va le sauver : interrogé par les ravisseurs sur le fait que les moines sont "bien sept", il répond par l'affirmative. "En fait nous étions neuf. Ce qui explique que quand ils en eu sept, ils sont partis sans traîner. Il m'a sauvé la vie", narre le religieux.
Il raconte ensuite comment il s'était recouché avant de comprendre qu'ils "avaient emmenés les frères", puis la découverte que le téléphone avait été coupé, et le lendemain la déclaration à la caserne militaire et à la gendarmerie.
"Plus tard, un simple gendarme nous a dit que ça leur arrivait quelque fois à eux aussi d'avoir un collègue enlevé chez lui et abattu. Mais que pour les moines, (...) c'était bien que les hommes du GIA, les violents, aient le témoignage de la bonté, qu'ils soient confrontés à des religieux qui ne répondent pas à la violence par la violence", poursuit le vieil homme.
Il a appris la nouvelle deux mois plus tard (les têtes des moines ont été retrouvées le 30 mai suivant, ndlr), à Fès au Maroc. Au frère qui lui a annoncé la nouvelle il a répondu : "il ne faut pas être triste (...) il faut être à la hauteur. Demain, il n'y aura pas de messe en noir mais une messe rouge. La messe des martyrs".
Nombre de messages : 19569 Age : 50 Localisation : dans la galaxie Date d'inscription : 02/05/2008
Sujet: Re: DES HOMMES ET DES DIEUX Mar 7 Sep - 12:02
Les 7 vérités de Lambert Wilson
Il parle beaucoup, plutôt très bien, et il refuse la langue de bois. Eblouissant dans Des hommes et des dieux, de Xavier Beauvois, l'acteur nous parle de ses débuts, de ses trouilles, et du précieux conseil que lui a donné un jour Sharon Stone.
"Le silence peut être très agréable"
"Sur la Croisette, l'endroit parfois le plus vide du monde, j'ai vu des gens en état de choc après la projection de Des hommes et des dieux. C'est fou... Moi aussi, j'ai été bouleversé quand j'ai vu le film de Xavier Beauvois. Il parle de la foi, du dialogue inter religieux, du rapport à l'autre, mais aussi de cette vie étrange consacrée à la prière, la prière et encore la prière...
Est-ce que j'ai eu un peu la trouille quand j'ai accepté le rôle de Christian de Chergé ? Bien sûr. Peur de ne pas être à la hauteur, peur que l'on peut ressentir lorsqu'on part en retraite, ce que nous avait demandé de faire Xavier, comme un examen de passage. En partant pour l'abbaye de Tamié, je me suis dit : "Quelle barbe !" Et puis pas du tout. La gêne engendrée par le silence absolu des lieux se dissipe très rapidement. Ensuite, cela devient très agréable de voyager dans ses pensées. J'ai d'ailleurs noué des amitiés là-bas et j'y retourne parfois. En général, je suis content de quitter un plateau. Cette fois-ci, cela m'a fendu le coeur de partir. En rentrant à Paris, j'avais l'impression d'avoir atterri sur Jupiter..."
"Moins je possède, mieux je me porte"
"Tourner ce film m'a donné la possibilité de me confronter à moi-même, et de retrouver un peu de calme après quatre années très dures sur le plan personnel. Ma mère a souffert pendant trois ans d'un cancer avant que mon père ne tombe malade à son tour...
Le film de Xavier Beauvois, qui interdisait tout cynisme, tout artifice, m'a permis de faire un grand vide. J'adore me débarrasser des choses qui m'encombrent, de toute façon. Même les somnifères, je m'en suis défait, grâce un gros travail [sourires]. J'aime l'idée que l'essentiel de ma vie tienne dans mon sac à dos." "Je ne gagne jamais de récompenses"
"Les honneurs, on y pense forcément... Le soir de la cérémonie de clôture du Festival de Cannes, quand j'ai vu Javier Bardem assis à quelques rangs de moi, je me suis dit : "C'est fichu !" Je suis passé du plus grand désir d'être récompensé à un grand soulagement à l'idée de ne pas devoir prendre la parole. Comment ne pas être banal quand on parle d'un tel film ? Et puis, à force, on se fait à l'idée de ne jamais gagner. J'ai été nominé aux césars, aux molières. Je ne l'ai jamais eu, et ce n'est vraiment pas grave. Il y a toujours un Javier Bardem sur ma route [sourires]."
"Tous mes partenaires m'ont fait progresser"
"Dans mon parcours atypique, j'ai eu beaucoup de chance. La première fois que j'ai tourné, c'était avec Jane Fonda ! J'ai appris de tous mes partenaires. Sophie Marceau m'a enseigné l'art du baiser à l'écran. Sean Connery, qui me terrorisait, à réduire le jeu et la démonstration au maximum. Valérie Lemercier m'a encouragé à pousser très loin dans l'autodérision et à "me botter le cul" pour faire en sorte d'arriver avec un texte au rasoir. Mais ce que je n'ai jamais oublié, c'est le conseil que m'a donné Sharon Stone, avec qui j'ai tourné Catwoman : on devait assister à une première ensemble, ce qui avait déjà nécessité une organisation digne d'un sommet israélo-palestinien. Quand on se trouve sur un tapis rouge, ai-je donc appris ce soir-là grâce à Sharon, il faut toujours imaginer que l'on dit bonjour et que l'on sourit à quelqu'un qui se trouve en haut, car cela oblige à tendre le cou et nous rend plus élégant !"
Un beau rôle mérite des sacrifices"
"Lorsqu'on se délivre de ses inhibitions, on devient meilleur acteur. Mais il faut toujours, je crois, garder une certaine résistance. Moi, j'ai de très bons souvenirs de mes trouilles. Quand j'ai débuté, j'étais raide comme un piquet, rougissant, je jouais à toute vitesse de peur de gêner, de me tromper, sans m'autoriser le temps du jeu... Le déclic s'est produit en 1994 : j'ai découvert la mise en scène, qui est un excellent exercice pour un acteur, je suis parti me ressourcer et travailler en Angleterre, puis Alain Resnais m'a proposé d'incarner un gendre idéal dans On connaît la chanson."
"Je crois aux vertus libératrices du cri"
"J'y ai recours presque quotidiennement, car je perds tout, et parce que je passe mon temps à me cogner : je suis d'une gaucherie extraordinaire dans la vie. J'insulte en Anglais, en Espagnol, en Français... Mes voisins doivent penser que je travaille tous les jours un rôle de fou furieux ! La colère, mais aussi la souffrance font partie du répertoire de l'acteur. Il faut avoir vécu pour incarner des émotions, positives, comme négatives. C'est pour cette raison que les acteurs âgés sont si fascinants à observer : ils ont tout connu, donc ils comprennent tout."
"Je suis un éternel adolescent"
"J'ai 51 ans, mais quand je roule à scooter à Paris, j'ai l'impression d'en avoir 14 ; 21 ans d'âge mental, c'est mon grand maximum ! La seule manière pour moi de basculer dans l'âge adulte serait de devenir parent. Cela ne s'est pas fait, mais la vie est longue. Je ne renonce à rien."