On ne présente plus la Passionaria de la paix,
grandie sous les bombes de Beyrouth avant d'y prononcer
ses voeux temporaires en 1978 et perpétuels en 1985.
La passion de la musique date, comme la révélation mystique,
de l'enfance dans une famille maronite.
En 1985, soeur Marie Keyrouz décrochait un diplôme de chant
classique occidental à l'université Saint-Esprit de Kasilk,
rapidement suivi d'un autre de chant oriental
et sciences religieuses à l'université de Beyrouth.
Trois ans après avoir obtenu son doctorat en musicologie
et anthropologie religieuse à la Sorbonne,
elle fonde, en 1994 à Paris, l'Institut international de chant sacré.
Succès mondial. Bénéficiant de la vogue new age qui porte les Chants de l'extase
d'Hildegarde de Bingen aux quatre coins de la planète,
ses premiers disques chez Harmonia Mundi connaissent des ventes considérables
(son premier CD dépasse les 100 000 exemplaires)
pour ce type de répertoire.
Le personnage, passant des matines à 5 heures au couvent
Saint-Thomas-de-Villeneuve (près de Denfert-Rochereau)
aux studios d'enregistrement, tout en enseignant la musique
et en se consacrant à des oeuvres humanitaires, séduit de la même façon.
L'événement, cette semaine, c'est la parution d'un double CD
chez EMI mettant en parallèle les Chants sacrés d'Orient et d'Occident.
Timbre androgyne. Une première pour soeur Marie Keyrouz, qui,
bien que formée à Mozart et à Haendel,
n'avait jamais enregistré le répertoire classique,
ni osé l'interpréter devant le public parisien.
Les puristes seront désarçonnés par ce timbre androgyne de contre-ténor,
cette respiration et cette intonation pour le coup pas du tout orthodoxes
dans Schubert et Schumann.
Quand un public qui n'ose pas écouter Schwarzkopf ou Ludwig
trouvera au contraire la béatitude, au hasard d'un Mascagni ou d'un Franck
habilement orchestrés par Marc-Olivier Dupin.
Interrogée cette semaine à propos de ce tournant,
soeur Marie Keyrouz précisait qu'après ce premier CD, consacré à la Nativité,
elle avait en projet un second, dévolu au thème de la Passion, précisant :
«Le plus important, c'est d'avoir réuni pour le disque et la scène,
ce samedi, mon Ensemble de la paix, dévolu au répertoire sacré oriental,
et l'Orchestre des pays d'Auvergne.
Un double symbole, car ces orchestres sont eux-mêmes composés
de musiciens d'ethnies et de religions différentes,
et ma voix est au service de la paix et de la réconciliation.».
Article Libération
Eric Dahan
http://www.liberation.fr/culture/0101296868-classique-nouveau-cd-de-la-libanaise-soeur-marie-keyrouz-croisee-des-cultures-soeur-marie-keyrouz-en-concert-ensemble-de-la-paix-orchestre-d-auvergne-dir-arie-van-beek-ce-soir-a-20-h-30-au-theatre-des