MIDEM 2010 : vive la crise du disque ?27/01/2010
Depuis dimanche,
des milliers de producteurs et de distributeurs de disques sont réunis à Cannes, pour le Midem.
Le début de la fin de la chute ?
Comme chaque année en cette saison, les responsables de l'industrie musicale
ont rendez-vous à Cannes, pour le Midem,
le Marché International de la Musique et de l’Edition Musicale.
C'est pour eux l'occasion de rencontrer des partenaires du monde entier mais aussi
de s'informer des nouvelles tendances et de faire un bilan de l'année écoulée.
Justement, les premiers chiffres tombent et ils ne sont plus désespérants.
La chute des ventes de disques se poursuit mais semble ralentir.
Le SNEP (Syndicat National de l’Edition Phonographique)
a annoncé pour 2009 une baisse totale de 3,2%, alors qu’elle était de 15% l’année précédente.
Beaucoup de professionnels se prennent donc à rêver d'une stabilisation du marché à cette hauteur.
Sans vouloir à tout prix briser leurs rêves,
il faudrait peut-être leur rappeler que c'est la mort de Michael Jackson qui a inversé la tendance
et qu'une telle émotion populaire ne se reproduira pas souvent.
Les professionnels ont, de toutes façons, un autre motif de réjouissance :
les ventes numériques continuent de progresser.
Les cinq ténors de l'industrie musicale Dans ce climat moins morose que d’ordinaire,
l'ironie du titre du livre d’Emmanuel Torregano prête à sourire.
Baptisé « Vive la crise du disque »,
cet essai paru la semaine dernière est basé sur des conversations
avec cinq ténors de l’industrie musicale :
Pascal Nègre (PDG d’Universal Music France),
Thierry Chassagne (directeur de Warner Music France),
Stephan Bourdoiseau (fondateur de Wagram),
Patrick Zelnik (responsable de Naïve) et Bernard Miyet (président de la Sacem).
C’est dire si l’affiche est excitante : l’auteur nous introduit dans les coulisses,
là où les décisions les plus importantes se prennent.
La conversation porte sur l’impréparation de l’industrie du disque
au moment où Internet est arrivé (les témoins reconnaissent avoir commis des erreurs),
sur la diversification vers le spectacle ou le merchandising,
sur les nouvelles formes de commercialisation sur Internet, …
Le lecteur apprend ainsi que les majors cherchent désormais à acquérir
le capital des nouveaux acteurs d’Internet, tels que MySpace Music.
Mais, à laisser ainsi les dirigeants de maison de disque s’exprimer,
Emmanuel Torregano les autorise parfois à user de mauvaise foi,
voire à noyer quelques poissons peu frais.
La question de la part des artistes sur les revenus digitaux, par exemple,
est ravalée avant que la question ne soit réellement éclaircie.
Dans le brouillard Au final, cet essai permet de saisir les différences entre les uns et les autres.
Deux camps s’opposent assez clairement :
celui des indépendants, relativement compréhensif envers les dérives
qu’ont provoquées les nouvelles technologies,
et celui des majors, plus soucieuses de contrôle.
Mais il apporte peu de révélations.
L’avenir de l’économie de la musique reste,
une fois le livre clos, toujours aussi énigmatique.
Et c’est bien normal :
même s'ils sont brillants, ces cinq responsables de l’industrie musicale
ne sont pas pour autant extra-lucides.
Ils avancent dans le même brouillard que tout le monde.