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Sujet: CLAUDE LEMESLE Lun 20 Avr - 23:23
CLAUDE LEMESLE
Les chansons de Claude Lemesle lui ont valu les compliments de Georges Brassens. Ces dernières sont si bien ficelées, qu’on ne peut que se réjouir de leur succès. Tout comme Pierre Delanoë, sa palette d’interprètes est très vaste et éclectique. Ancien khâgneux, il passe par le Petit Conservatoire de Mireille, puis rencontre Joe Dassin. C'est le début d'une collaboration fructueuse, qui va permettre au fin lettré d'écrire de nombreux succès : « L'été indien », « Et si tu n'existais pas ».
Lancé, Lemesle, à côté d'une modeste carrière d'interprète, écrit pour une pléiade d'autres artistes : Michel Sardou, Serge Reggiani, Julio Iglesias. Au total, près de 1 000 chansons.
Claude Lemesle est né à Paris, le 12 octobre 1945. Jeune homme, il se passionne pour l’histoire et le football. Côté études, il suit des cours de lettres à khâgne.
La chanson passionne aussi le jeune garçon, qui fréquente le célèbre Petit Conservatoire de Mireille, tout en se produisant dans divers cabarets. Un jour, au Centre Américain, il rencontre le fils du metteur en scène Jules Dassin. Joe Dassin souhaite alors se lancer dans la chanson et Claude va amorcer une collaboration que seule la mort du chanteur arrêtera: « La fleur aux dents » (1970), « L’équipe à Jojo »(1970), « Salut les amoureux » (1972), « L’été indien » (1975), « Ça va pas changer le monde » (1975), « Et si tu n’existait pas » (1975), « À toi » (1976), « Le café des trois colombes » (1976), « Dans les yeux d’Émilie » (1978), « La vie se chante, la vie se pleure » (1978), « Le dernier slow » (1979) etc.
Un grand nombre de vedettes de l’époque interpréteront alors les chansons de l’auteur. Michel Sardou fait partie de ceux-ci. En 1974, il enregistre deux grands succès, devenus depuis des classiques de son répertoire : « Une fille aux yeux clairs » et « Je veux l’épouser pour un soir ». Dalida fait également partie des interprètes de l’auteur. Celle-ci chante « Dans la ville endormie », « Comme si tu étais là » et « Quand s’arrêtent les violons ».
Il composera également pour deux chanteuses d'origine grecque : Mélina Mercouri et Nana Mouskouri pour qui il écrit le fameux « Je chante avec toi liberté » (1981).
Serge Reggiani découvre l’auteur en 1977 et enregistre « Le barbier de Belleville » et « Venise n’est pas en Italie ».
En 1979, « Je t’aimerais » devient un classique du répertoire du chanteur. La collaboration entre Lemesle et Reggiani se poursuivra jusqu’à aujourd’hui, où il signe en 1999, la moitié des textes du nouvel album de Serge dont la chanson titre, « Les adieux différés ».
Pendant les années soixante-dix, l’auteur écrit également des chansons pour Gérard Lenorman (« Le funambule »), Nicole Rieu (« La vie ça danse », 1976), Gilles Marchal (« L’amour en retard », « Clémentine pépin », « On a volé la tour Eiffel »), Julio Iglesias (« Le monde est fou », « Je n’ai pas changé », « Un jour tu ris, un jour tu pleures ») et Mireille Mathieu (« À Santa Maria », « Sagapo ») et Isabelle Aubret « Même si ça ne vaut pas la peine » (1977), « Berceuse pour une femme » (1978), « Aimer » (1978), « Les enfants » (1978)
Carlos devenu chanteur travaille avec l’auteur de son ami Joe Dassin : « Senor météo », « Big bisou » (1977), « Le bougalou du loup-garou » (1973) et « Rosalie » (1978). Nicole Croisille (« C’est comme un arc-en-ciel », « J’aimais un fou » (1975), « En retard », 1981) et Michel Fugain (« Dis-moi pourquoi », « Ring a ding », « Vis ta vie ») font également partie des interprètes de l’auteur.
La fin des années 70 est marquée par ses collaboration avec Mari Trini (« La bouteille à la mort », « Chanson qui danse, chanson qui pense », « Les fenêtres », « Un homme est parti »), Hervé Vilard (« Nous », « Les oiseaux ont quitté la terre », 1978), Gilbert Montagné (« Le blues de toi ») et Frida Boccara (« Le dernier rendez-vous », « La nuit », 1979).
L'auteur composera aussi pour Gilbert Bécaud avec quelques succès : « Madame Roza », « Désirée » et « Desperado ».
Parmi les interprètes de l’auteur, figurent aussi Johnny Hallyday (« Signes extérieures de richesse », « Quand un homme devient fou », 1983), Sacha Distel (« Ma femme », « L’arc-en-ciel sans la pluie », 1982) et Michèle Torr (« Grâce »).
Bien que plus confidentielle, Claude Lemesle possède également une brève carrière de chanteur.
Il sort son premier album en 1967 : Tango anti-conformiste. Le deuxième album sortira durant la période la plus prolifique de sa carrière : Je parle de la vie (1978); et s'achèvera en 1983 avec Formidablement romantique.
En 2006 est crée le Prix Claude Lemesle rebaptisé prix Pierre Delanoë lors de la deuxième édition à la demande de Claude Lemesle.
Claude Lemesle est actuellement président du Syndicat National des Auteurs et Compositeurs et secrétaire-adjoint au conseil d’administration de la SACEM.
Photo: Stéphane de Bourgies.
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Nine Admin
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Sujet: Re: CLAUDE LEMESLE Lun 20 Avr - 23:35
Claude Lemesle
Georges Brassens lui a dit un jour : "Bravo monsieur, vos chansons sont bien faites !".
Durant 40 ans, Claude Lemesle a mis son talent d'auteur au service des voix les plus célèbres de la chanson française. Récemment élu président du conseil d'administration de la SACEM, il répond à nos questions sur sa carrière d'auteur et sur sa mission au sein de la SACEM.
Bonjour Claude ! En 1967, vous êtes vous-même entré à la SACEM en tant qu’auteur. Quel a été votre premier sentiment lorsque vous vous êtes dit : « ça y est, je suis sociétaire de la SACEM » ?
Pour être honnête, je n’ai pas tout de suite su que la SACEM existait. Je suis rentré au conservatoire de la chanson de Mireille en janvier 1965, j’ai fait ma première télé grâce à elle avec une chanson non éditée, dont j’avais écrit les paroles et la musique. Je n’ai découvert l’existence de la SACEM qu’un an et demi plus tard et j’ai touché des droits à partir de ce moment là. Je me suis dit : c’est une étape, à partir de maintenant, je suis peut-être vraiment un professionnel. J’aime beaucoup cette maison, je me suis très vite rendu compte du travail extraordinaire qui y était effectué, et depuis, j’ai beaucoup d’affection pour les gens qui perçoivent les droits des créateurs, ce qui n’est pas une tâche très facile avec les millions d’information à traiter. Mais très honnêtement, si je disais qu’il avait un caractère affectif lors de mon entrée à la SACEM le 1er juin 1967, je pense que je mentirais.
Vous avez travaillé avec de nombreux compositeurs et interprètes, et la liste est longue (Sardou, Hallyday, Fugain). Comment ça se passe concrètement, la rencontre entre un auteur, un compositeur et un interprète ? Quelle est l’alchimie qui fait que ça « colle » ?
Disons que j’ai eu la chance d’être plutôt sollicité que solliciteur. Ca m’arrange car solliciteur, ce n’est pas une position qui me plait beaucoup. Etant moi-même assez timide, j’ai beaucoup de mal à sonner aux portes. Ce sont plutôt les interprètes qui sont venus me voir. Joe Dassin c’était un hasard : il est venu me voir dans un endroit où je chantais. D’autres sont venus grâce à Dassin, parce qu’ils faisaient partie de sa bande : je pense à Julie, sa sœur, ou Carlos qui faisait ses premières parties. Sardou, on s’est rencontrés dans une discothèque et il m’a proposé de travailler avec lui. Puis Fugain et Bécaud m’ont appelé… Serge Reggiani, c’est encore une autre histoire. Je lui avais envoyé une bande avec certaines de mes chansons et son épouse de l’époque, Annie Noël, a écouté la bande et m’a dit « tiens je viens d’ouvrir un petit cabaret dans l’île St Louis, ce serait sympa que vous veniez… ». Je suis allé dans ce cabaret, je l’ai rencontré un soir et on a fini par sympathiser. Mais à part ces histoires un peu marginales avec Reggiani ou Sardou, ce sont plutôt les artistes qui m’ont appelé. Dernièrement, Willy Denzey, qui avait fait une reprise d’une de mes chansons (« Et si tu n’existais pas »), a eu envie de chanter des chansons originales et m’a donc contacté.
Et parmi la « masse » d’artistes avec lesquels vous avez collaboré, y en a-t-il certains avec qui vous avez senti une alchimie particulière ?
Oui mais je me suis toujours bien entendu avec les interprètes de mes textes, et je garde souvent de bonnes relations avec eux, que l’on travaille encore ensemble ou non. Je me sens aussi bien avec Carlos qu’avec Gilbert Montagné ou Michel Fugain. Fugain est un ami très cher et Montagné, c’est le parrain de ma fille, c’est dire s’il y a des atomes crochus entre nous. De toute façon, quand l’alchimie n’est pas idéale, la collaboration dure très peu de temps. Soit ça dure un bail, soit c’est « bye bye »… (rires)
On dit souvent qu’un artiste met plusieurs années avant d’émerger réellement, d’autant qu’un créateur n’est pas rémunéré tant que ses œuvres ne sont pas diffusées. Est-ce que vous, vous avez vécu une période de galère ?
Il y a des hauts et des bas. La galère totale, non, je touche du bois. Je pense que j’ai eu beaucoup de chance parce que j’ai vécu pendant quarante ans de mon travail d’auteur sans connaître trop de vaches maigres. J’en ai connu à mes débuts : pendant cinq ans, j’ai vécu dans des chambres de bonnes, et il faut le dire parce que tout le monde n’est pas prêt à vivre chichement avec l’eau sur le palier, sans chauffage… C’est loin d’être tragique car il y a des gens qui vivent dans des conditions pires que ça, et puis c’était le métier que je voulais faire. J’aurais évidemment pu gagner beaucoup mieux ma vie, j’avais fait une licence d’histoire, j’aurais donc pu être prof avec une vie correcte mais c’est un choix que j’ai fait. Les gens qui deviennent aigris avec le temps devraient se posent la question : « est-ce que j’étais prêt à faire ce genre de sacrifices ? ». Peut-être qu’un certain nombre d’entre eux ne l’étaient pas.
Je n’ai jamais crevé la dalle mais la période fin des années 80 – début des années 90 a été difficile avec une baisse de droits conséquente. Il y a des années où j’ai gagné exactement le quart de ce que j’avais gagné deux ans auparavant. Quand vos revenus sont divisés par quatre, c’est énorme. Alors, j’ai fait comme les copains, j’ai emprunté. Puis après, c’est revenu, il y a eu la mode des compilations, mes droits d’auteur sont remontés et comme mes chansons repassaient un peu plus, d’autres personnes sont venus me solliciter.
Certaines personnes sont prêtes à accepter une vie en dents de scie mais d’autres non…
Je crois qu’il faut vivre avec les aléas de sa profession : on n’en est pas vraiment responsable dans la mesure où c’est la diffusion de nos œuvres qui nous fait vivre. Les statuts de la SACEM interdisent à quiconque de diffuser lui-même ses propres œuvres, sauf maintenant avec cette mesure prise par le conseil d’administration qui permet aux jeunes qui n’ont pas encore d’éditeur ou de producteur, de diffuser gratuitement leurs propres œuvres via leur site perso, ce qui est d’ailleurs une bonne mesure. La plupart du temps, ça dépend donc du bon vouloir des diffuseurs et du public : si le public achète les disques dont je fais les chansons, on attend le verdict, c’est comme ça. Tant que j’étais célibataire, je dois dire que je m’en foutais un peu, j’avais vécu cinq ans dans des chambres de bonnes, je pouvais y retourner, ça ne me faisait ni chaud ni froid. Maintenant que j’ai des enfants, ce serait totalement irresponsable de ma part de dire ça, donc j’espère que ça va se maintenir à un niveau qui me permette de nourrir ma famille, c’est tout, je n’en demande pas plus.
En 1991, vous acceptez de devenir secrétaire général de la SACEM. Un désir de « renvoyer l’ascenseur », du moins de transmettre quelque chose ?
Non, c’est plus une volonté de servir, quelque chose que je ressens depuis l’âge de quarante ans. Je trouve que quand on a eu la chance de vivre d’un métier un peu marginal où il y a très peu de chances que ça marche, on se sent redevable. A partir de ce moment là, j’ai commencé à m’investir à la fois dans les structures professionnelles comme la SACEM et aussi dans la transmission de ce que j’ai pu emmagasiner comme informations sur le travail d’auteur pendant toutes ces années. Quand Platini a arrêté le foot en 1987, un journaliste lui a demandé : « qu’est-ce que vous allez faire maintenant ? ». Il avait répondu : « maintenant je vais essayer de rembourser à la vie la chance qu’elle m’a donnée ». Donc c’est ce que j’essaie de faire moi aussi. M’investir à la fois dans l’aide aux jeunes passionnés d’écriture de chansons qui débutent et dans la défense des droit d’auteurs à travers les syndicats d’auteurs et la SACEM, je considère ça comme un devoir.
On va maintenant rentrer dans le vif du sujet : en quelques mots, quel est l’intérêt pour les jeunes artistes d’adhérer à la SACEM ?
La SACEM, c’est un petit peu le partenaire professionnel des jeunes artistes, c’est une société qui est chargée de percevoir les droits des chansons qui sont jouées et de les répartir à leurs créateurs.
Idéalement, à quel stade de sa carrière un artiste devrait-il s’inscrire à la SACEM ?
Tant qu’on n’est pas encore dans une phase où ses œuvres peuvent être jouées, ce n’est pas la peine de se précipiter. Je sais très bien qu’un certain nombre de jeunes créateurs veulent rentrer très vite à la SACEM pour protéger leurs oeuvres mais la protection n’est pas la mission première de la SACEM. Car il existe d’autres solutions pour protéger une œuvre : la fameuse lettre recommandée qu’on s’envoie à soi-même, n’importe quel tampon officiel d’un notaire ou d’un huissier, le SNAC qui est un service payant… Si les œuvres ne sont pas jouées, ça fait des dossiers qui dorment dans nos locaux, et ça n’a pas grand intérêt, ni pour les créateurs ni pour nous.
A partir du moment où ils rentrent vraiment dans un cursus professionnel, alors là, bien entendu, il faut qu’ils s’inscrivent très vite à la SACEM en tant que sociétaires, parce que c’est elle qui ira percevoir les droits là où leurs œuvres sont jouées et parce qu’une relation de confiance doit s’instaurer entre la société et le sociétaire.
Comment se passe le travail de récupération et de répartition des droits ?
Si c’est sur un média large (comme TF1 ou RTL), les droits sont automatiquement perçus, nous avons tous les programmes livrés électroniquement chez nous. Mais si leurs œuvres passent dans un petit lieu qui rétribue la SACEM mais qui est parfois réticent à fournir les programmes, il faut que le sociétaire aide la société à faire son travail, en lui fournissant tout renseignement sur la diffusion de ses œuvres en s’assurant lui-même que le lieu a fourni le programme, parce que sans programme, il nous est impossible de répartir les droits. Le sociétaire doit également apprendre à utiliser les instruments mis à sa disposition, comme le portail Internet qui permet dorénavant aux sociétaires de consulter leur répartition pour un mois donné.
En cas de problème, le sociétaire doit nous le signaler le plus rapidement possible. Des erreurs de répartition, il y en a, et elles ne sont pas toujours imputable à la SACEM. Parfois, c’est l’éditeur qui n’a pas fait son dépôt, parfois, c’est l’organisme diffuseur qui n’a pas fourni le programme... Il ne faut pas hésiter à s’adresser directement aux employés de la SACEM, ils ne sont pas difficiles à joindre. Moi, je suis relativement facile à joindre, je réponds à toutes les lettres, je lis tous les textes qu’on m’envoie. Il y a même quelques fois où j’avoue, j’ai…
… du mal à trouver une formulation pas trop désagréable…
Ça c’est difficile. Quand on m’envoie des chansons ou des textes qui ne m’emballent pas, il faut savoir mettre des gants, être très diplomate, ne pas faire de peine. Et puis c’est délicat : quelqu’un qui écrit des choses médiocres peut écrire des choses extraordinaires cinq ans plus tard, on ne peut pas savoir. Je n’ai pas envie de décourager les gens mais je n’ai pas non plus envie d’entretenir les gens dans l’illusion.
Pour en revenir à la SACEM, comment se passe concrètement le travail de répartition ?
Pour la répartition, le moyen le plus efficace, ce sont les programmes qu’on nous envoie. Une commission des programmes est élue chaque année et est en charge du contrôle des programmes émanant d’un certain nombre de structures. Elle a accès aux enregistrements des émissions de télé et de radio sur trois années consécutives, et elle vérifie l’adéquation entre les enregistrements et les programmes. Entre les programmes des chaînes, les vérifications de la commission des programmes, les renseignements fournis par les sociétaires et les portails spécifiques (comme Yacast), on peut dire que les instruments de répartition sont extrêmement pointus.
Nous sommes la seule société au monde à répartir pratiquement 80% des sommes perçues avec ce système de programmes, les 20 % restants sont répartis grâce à un système de sondage. Dans beaucoup de pays, ils font des sondages deux fois par an et ils répartissent les droits uniquement en fonction des résultats de sondage sur ces deux semaines là. C’est totalement injuste parce que si votre œuvre a été diffusée 50 semaines sur 52 et que manque de bol, ce ne sont pas les semaines où les sondages sont effectués, vous ne touchez rien. Nous, on fait l’effort de répartir au programme.
A l’heure de la dématérialisation de la musique et de l’essor de portails multimedia comme YouTube ou Myspace, est-il encore possible de contrôler efficacement la diffusion d’œuvres musicales ?
Je crois qu’Internet et la dématérialisation de la musique sont des choses absolument inévitables mais qui ne sont pas à craindre. C’est certain qu’il ne faut pas que cette dématérialisation engendre un espace de non-droit pour les créateurs, parce que si, à terme, les créateurs ne peuvent plus vivre de leurs créations, la musique ne pourra plus exister. Ou alors, on en revient au système du mécénat comme il y a 250 ans, mais ce n’est pas la peine d’avoir fait d’immenses progrès technologiques pour assister à une immense régression au niveau des droits.
Il y aura toujours le « live », le spectacle vivant…
Ce n’est pas suffisant : il faut rester dans la philosophie du droit d’auteur et chaque utilisation publique ou mise à disposition d’une œuvre doit générer des droits. Je suis quelqu’un d’optimiste et je suis convaincu qu’Internet va devenir petit à petit un espace de droit. Je ne vois pas pourquoi Internet échapperait au droit et à la justice, à la longue, ce qui est équitable l’emportera. Quand les radios FM sont arrivées, on a tendance à oublier que c’est resté un domaine de non-droit pendant pas mal de temps, et maintenant tout est en règle.
Il y a d’autres phénomènes qui peuvent rentrer en ligne de compte et perturber les gens. Par exemple, le fait de ne pas pouvoir évaluer le prix réel d’un CD, entre le prix à sa sortie, le prix promo six mois plus tard...
Je ne dis pas que l’industrie du disque est exempte de tout reproche, mais encore une fois je pense que le problème n’est pas là, car les modes de consommation musicale seront bientôt dématérialisés. Ca va prendre du temps de réguler tout ça et en attendant, il faut faire beaucoup de pédagogie, en répétant aux gens que la musique ne se fait pas de manière immatérielle par des gens qui n’ont besoin de rien pour vivre. Les créateurs sont des travailleurs comme tout un chacun et ils méritent d’être rémunérés pour leur travail.
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Nine Admin
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Sujet: Re: CLAUDE LEMESLE Lun 20 Avr - 23:36
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Claude, la question Sing City : quel conseil donneriez-vous actuellement à un jeune artiste qui cherche à développer son projet artistique ?
Il faut bosser ! Jacques Brel disait : « le talent, c’est le travail qui ne se voit pas ». Il ne se voit pas mais il est là. Je repense au conservatoire de Mireille : nous étions près de quatre cents sur la ligne de départ, c’est énorme, nous voulions tous écrire, chanter, etc… Mais finalement, nous sommes très peu à l’arrivée, et encore, je ne suis pas certain qu’à l’époque, je faisais partie des plus doués en matière d’écriture de chansons. Ca s’est joué au fait que j’étais passionné et travailleur.
Brel disait aussi que le talent, c’est avoir envie de faire quelque chose, et quand on a envie, il faut beaucoup travailler. Si vous prenez les textes de Brel à ses débuts, on doit reconnaître qu’ils ne sont pas très bons. Ce n’est qu’à force de travail et de passion que Brel est devenu un très grand auteur. Cette passion qui fait qu’on est en ébullition permanente et qui pousse à travailler, parfois dans des états de fatigue extrême. Donc oui, il faut beaucoup travailler mais ça, tous les auteurs le disent : Brassens avait beaucoup de mal à écrire, Souchon également.
Cela dit, il y a le cas un peu injuste des génies, qui n’ont pas tellement besoin de travailler. Charles Trenet était un génie, tous les gens qui l’ont connu disent que les chansons venaient très vite, mais des génies, on n’en compte qu’un ou deux par génération.
Quand vous dites « il faut bosser », ça veut dire produire beaucoup et garder le meilleur, ou produire peu et peaufiner inlassablement ?
Une fois qu’une chanson est publiée, ce n’est plus possible de la retravailler. Brel était très astucieux à ce sujet : il testait d’abord les chansons en public et comme ça, s’il s’apercevait que deux ou trois choses ne collaient pas, il avait toujours la possibilité de les rectifier avant d’enregistrer. Tout le travail doit se faire en amont, il faut bosser jusqu’à ce qu’on puisse se dire : « dans l’état actuel des choses, je ne pourrai pas faire mieux ». Ce qui ne veut d’ailleurs pas dire que c’est parfait...
Quels sont les auteurs ou les artistes que vous admirez en ce moment ?
En ce moment j’admire avant tout Alain Souchon, pour moi, c’est le plus grand auteur actuel. Il n’y en a qu’un que je mets à égalité avec Souchon mais malheureusement, il n’a pas le succès qu’il mérite : c’est Alain Lepreste. Il écrit pour lui avant tout mais dernièrement il a écrit pour Enzo Enzo ou Juliette. Parmi ceux qui écrivent pour les autres, j’admire beaucoup Jean-Loup Dabadie ou Jacques Duval. Mais j’admire aussi Renaud, Francis Cabrel, Jean-Jacques Goldman…
Chez les plus récents, j’avoue que j’ai une affection particulière pour Benabar, il fait des belles chansons qui nous parlent de notre vie, et je préfère les chansons qui parlent un peu de nous et pas d’états éthérés dont tout le monde se fout. Et sinon il y a de belles choses chez Camille, Grand Corps Malade, Lynda Lemay, et j’en oublie forcément. Actuellement, il y a un foisonnement scénique extraordinaire dont la richesse n’est reflétée par les médias que de manière très parcellaire.
A titre personnel, je trouve qu’on manque quand même de chansons drôles, de chansons fantaisistes bien faites. On a besoin de ça et Molière l’avait compris puisqu’il a écrit aussi bien des pièces graves comme « Le misanthrope » que des farces comme « Les fourberies de Scapin », et il avait bien raison.
Merci beaucoup Claude et bonne continuation !
Interview réalisée par Nicolas 2006 SING CITY
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Nine Admin
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Sujet: Re: CLAUDE LEMESLE Lun 20 Avr - 23:42
Le dernier livre de Claude Lemesle
Résumé
L'auteur de chansons retrace son parcours depuis le petit conservatoire de Mireille jusqu'à aujourd'hui. Il évoque quarante ans de carrière, ses rencontres avec S. Reggiani, G. Bécaud, M. Fugain, Carlos, J. Hallyday mais aussi J. Brel ou encore G. Brassens. Il brosse un portrait du monde de la chanson et explique ses combats pour la défense des droits d'auteur.
Claude Lemesle "Plume de stars", 282 pages, 19.95 euros. Editions L’Archipel.
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Nine Admin
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Sujet: Re: CLAUDE LEMESLE Mar 21 Avr - 0:05
Un livre à lire écrit par CLAUDE LEMESLE
" La chanson est une drôle d'alchimie et son succès reste un mystère.
L'été indien en est un bon exemple. je ne sais par quelle magie le charme opère depuis maintenant plus de trente ans mais force est de le constater. C'est sans doute qu'il y a une harmonie très naturelle entre. les mots, la musique et l'interprétation. Et pourtant, ce qui semble être un mariage très simplement réussi est en réalité, si je me rappelle bien la genèse de la chanson, le fruit d'un travail où l'expérience des deux auteurs a tenu une place importante.
" Auteur à succès de la chanson française, Claude Lemesle nous livre dans cet ouvrage les secrets de quarante années de métier. En s'appuyant sur des textes incontournables, il prodigue un ensemble de conseils techniques qui vont de l'art de la rime au bon usage des émotions en passant, entre autres, par le choix du sujet et la mise en musique. Car écrire une chanson ne s'improvise pas, cela s'apprend, cela se cultive.
Avec beaucoup d'humour et de nombreuses anecdotes, l'auteur fait également le récit de ses rencontres avec les plus grands de la chanson française.
L'art d'écrire une chanson Claude Lemesle Broché Paru le : 28/11/2007 Editeur : Eyrolles
le travail avec Joe Dassin
Une tres belle lecture que je vous recommande.[/color]
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Nine Admin
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Sujet: Re: CLAUDE LEMESLE Mar 21 Avr - 0:11
L'auteur aux 3000 chansons, dont 1400 enregistrées.
« Quelle chance improbable, inouïe... Il n'est pas un matin où je ne remercie la providence du privilège quelle nous a offert, à moi et à quelques autres : vivre toute une vie avec des chansons, être des plumes de stars. » Claude Lemesle.
en voici une seule et une belle ...
[center][/color]
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Nine Admin
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Sujet: Re: CLAUDE LEMESLE Mar 21 Avr - 0:19
CLAUDE LEMESLE SE RACONTE EN CHANSON :
Le petit Lemesle Claude Lemesle Album: Je parle à la vie
Je m'appelle Claude, Jacques, Raoul, Lemesle Je suis né le douze octobre mil neuf cent quarante-cinq De Pierre, Louis, Lemesle Et de ma mère Colette, Suzanne, Alberte, Belloeuf A Paris, dans le douzième
J'ai grandi quatre ans à Saint-Mandé-Tourelle Et puis à Ormesson, Seine-et-Oise à l'époque Pas d'école maternelle Directement la communale, parlez d'un choc ! Aux Mûriers, à La Varenne
{Refrain:} Et voilà comment je m'appelle Voilà quelle est ma vie Et voilà aux dernières nouvelles Le p'tit Lemesle en biographie
J'ai fait ma philo puis Hypokhâgne, Khâgne Deux années en Sorbonne et seize mois d'infanterie Dont pas un de campagne J'étais chauffeur du capitaine Pascalini Que je n'ai jamais conduit
Je me suis marié avec la p'tite Michèle On a tenu trois ans et puis elle est partie Adieu, adieu, la belle Je t'aimais bien, je t'aimais tant, je t'aimais, tant pis C'était écrit et j'écris
{au Refrain}
Je vis maintenant dans l'ombre des vedettes Sur trois mots et trois notes, je les fais chanter "Auteur de chansonnettes" Comme carte de visite, c'est peut-être léger Mais je n' tiens pas à changer
{au Refrain}
Je m'appelle Claude, Jacques, Raoul, Lemesle Je suis né le douze octobre mil neuf cent quarante-cinq De Pierre, Louis, Lemesle Et de ma mère Colette, Suzanne, Alberte, Belloeuf A Paris, dans le douzième
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Nine Admin
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en 2007 à voir avec un hommage à Pierre Delanoe un autre grand auteur de la chanson Française.
Nine Admin
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Sujet: Re: CLAUDE LEMESLE Mar 21 Avr - 0:49
LA LECTRICE DE MARIE LAURENCIN
Est-ce ainsi qu’il la voyait quand il a écrit “Tu ressemblais à une aquarelle de Marie Laurencin ? Penchée sur des pages, un bol de café près d’elle ?
J’aime penser que oui.
J’aime penser que c’est à cette aquarelle que celui qui a écrit les paroles de la chanson faisait référence. Parce que c’est une lectrice, bien entendu.
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Nine Admin
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Sujet: Re: CLAUDE LEMESLE Mar 21 Avr - 1:26
Et quand vous écoutez, fredonnez et appreciez une chanson qui vous donne de l'émotion, du bonheur bref qui parle à votre âme, soyez curieux et donnez vous le plaisir de découvrir son auteur, cet artisan de l'ombre qui mérite votre regard.
Les interprêtes subliment, et font vivre une chanson eux aussi donnent de leur âme mais moi j'ai un faible pour celui qui a mis les mots et qui a su traduire quelquefois ce que je ressens et qui me touche ... que de messages bien reçus, et qui provoquent de bien rares sensations. Le rapport est magique Léo Ferré disait que " la musique c'est le doigt de Dieu qui touche l'homme".
Tout celà mérite une attention, à ces femmes et ces hommes de l'ombre .. je souhaite que l'on cite les auteurs, les compositeurs, pour leur rendre un peu de cette lumière qu'ils nous apportent et ce même si c'est des artisans discrets du "back stage" ... Sans eux pas ou peu de chansons. Aujourd'hui plus que jamais !
Leur travail mérite un regard ! et ils ont beaucoup à nous apprendre.
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Nine Admin
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Sujet: Re: CLAUDE LEMESLE Mar 21 Avr - 11:45
« Réussir une chanson, cela tient souvent du miracle… Un miracle qui ne se serait jamais produit sans les heures, les années de travail qui l’ont précédé. »
Au chapitre de l’inspiration, Claude Lemesle nous rapporte dans son livre « L’art d’écrire une chanson »ces propos de Jacques Brel :
« Le talent, c’est du travail qui ne se voit pas. »
ainsi que ceux de Jean-Louis Murat :
« L’inspiration, je ne l’attends jamais, elle vient avec le travail et la discipline. »