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Sujet: HISTOIRE DE LA MUSIQUE FOLK Jeu 8 Jan - 20:20
La musique folk, on sait ce que c’est quand on l’écoute. Au delà de ça, on est souvent bien en peine de la définir concrètement. Pas de généralités possibles, tant les contributeurs de ce genre ont pu être atypiques au fil des ans.
Folk, de folklore, est un terme générique pour parler des musiques traditionnelles populaires anglo saxonnes. A l'opposé de la Pop, le Folk est une musique strictement acoustique qui se joue sur des instruments traditionnels. Ancrée dans les campagnes d'Amériques, d'Irlande, d'Ecosse voir de Bretagne, la musique folk a conquis ses lettres de noblesses avec des artistes comme Joan Baez et Bob Dylan.
video Woody Guthrie This land is my land
Il y a parfois beaucoup de débats autour des éléments constitutifs d’un genre musical, qui peuvent se perdre à force d’expérimentations et de métissages. Avec peut-être la seule exception de la pop, la musique folk est sans doute la seule à n’avoir aucune véritable caractéristique musicale spécifique. Aucun rythme, aucun sujet ni aucune instrumentation particulière n’est propre au folk, ce qui a pour génial corollaire qu’aucun ne lui est interdit.
La musique folk est plus un média qu’un genre. Comme son nom l’indique, c’est la musique du peuple. Celle qui se transmet de façon orale de génération en génération, en dehors des partitions et des conservatoires. En théorie du moins, c’est le cas, et cette définition englobe tout autant le blues que le ragga indien ou l’éléctro, n’excluant guère (et encore) que la musique dite "classique". Avec le temps une autre définition a émergé, moins large mais toujours floue.
Aujourd’hui, on parle de folk pour désigner une musique souvent acoustique, souvent produite par un "singer-songwriter", mais dont la seule véritable caractéristique est de descendre en ligne plus ou moins droite d’une tradition qui a été initiée entre les deux guerres aux Etats Unis par des hommes comme Woody Guthrie et Leadbelly.
La musique folk a toujours été un moyen pour le peuple de se lamenter sur sa condition. Avec la grande dépression, elle deviendra un outil de contestation politique.
La tradition d’une musique folk politisée remonte en droite ligne à Woody Guthrie. Fait inhabituel à l’époque, il écrivait ses propres chansons plutôt que de revisiter un répertoire ancestral. Né en 1912 dans le sud des Etats-Unis, les tempêtes de poussière des années trente le poussèrent comme beaucoup sur la route, et la misère dont il fut le témoin influença grandement ses idées politiques.
Il chantait la misère des travailleurs, était proche du parti communiste et écrivait des chansons sur des hommes et des faits réels. Sa guitare portait l’inscription "This Machine Kills Fascist" et il écrivit "This Land Is Your Land" comme un hymne américain alternatif.
Autre figure fondatrice, Peter Seeger avait parcouru les Etats Unis en compagnie d’Alan Lomax dans les années trente et c’est ainsi qu’il forma son répertoire. Il rencontra Woody Guthrie en 1940 à un concert pour les travailleurs immigrés et ils fondèrent ensemble les Almanac Singers, un collectif qui compta parmi ses rangs toutes les "stars" de la folk de l’époque, dont Leadbelly et Lee Hays. Ils ne restèrent ensemble qu’un an, mais connurent un grand succès et éveillèrent l’attention des autorités de l’époque. Hays et Seeger formèrent ensuite ensemble les Weavers, un groupe qui s’attira à la fois les foudres de la presse de gauche pour son côté apolitique et l’attention du FBI qui surveillait Seeger et Hays de près.
En 1955, il comparait devant la commission des activités anti-américaines. Refusant de témoigner, il fera un an de prison, et lui et les Weavers seront blacklistés pendant des années. Le MacCarthysme jettera une chape de plomb sur la musique folk et pratiquement rien ne fut enregistré jusqu’à la fin des années cinquante.
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Nine Admin
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Sujet: Re: HISTOIRE DE LA MUSIQUE FOLK Jeu 8 Jan - 20:54
En 1958 le Kingston Trio devient numéro un des ventes avec Tom Dooley. Joan Baez lance un certain Robert Zimmerman plus connu plus tard sous le nom de Bob Dylan... La folk est officiellement autorisé à sortir de l’ombre.
C’était alors le début d’un mouvement qui trouva son public sur les campus, dans les clubs de Greenwich Village et dans les rassemblements politiques pour les droits civiques et contre la guerre du Vietnam. Ce mouvement comportait deux branches bien distinctes, chacune trouvant son illustration parfaite dans les premiers disques de Joan Baez et Bob Dylan, sortis tous deux en 1962.
Le répertoire de Baez était constitué principalement de vieilles ballades britanniques qu’elle chantait de sa magnifique voix de soprano. Avec Peter, Paul And Mary et le Kingston Trio elle représentait la face la plus grand public et apolitique de la musique folk. Dylan lui, se voulait l’héritier de Woody Guthrie. Avec sa voix nasillarde, son répertoire bluesy, et son humour surréaliste, il menait l’aile politique et arty de la musique folk avec Phil Ochs et Tom Paxton.
Ces deux mondes se rencontraient pourtant souvent. Peter Paul And Mary rencontrèrent un grand succès avec leur reprise de "Blowin’ In The Wind", et Joan Baez introduisit Dylan au grand public alors que lui l’entraînait dans son propre monde. Bien vite cependant, la British Invasion changea la donne et Dylan était déjà parti ailleurs.
En 1964 l’arrivée aux Etats-Unis des Beatles, Stones et autres Kinks porta un coup sévère à l’égo des artistes locaux, en rappelant à leur souvenir l’efficacité du rock, musique qu’ils avaient bannie de chez eux. La naissance du Folk-Rock n’était plus alors qu’une question de temps.
L’équation était vraiment simple : les Byrds, jeunes musiciens folk, aimaient aussi beaucoup les Beatles. Ils mirent la main sur une démo de "Mr Tambourine Man", enregistrèrent leur version et en firent un hit. Pour un temps, le son cristallin de leurs guitares et leurs harmonies impeccables servirent de patron à toute une vague de groupes de San Francisco et New York : Buffalo Springfield, The Mamas And The Papas, Love, The Turtles… Les Byrds eux-mêmes dépasseront cependant vite les limites de ce langage, important des éléments de free jazz et de psychédélisme sans jamais cesser d’être folk, et inventèrent la country-rock avec Gram Parsons.
Influencé entre autres par les Byrds et les Beatles, Bob Dylan décide en 1965 de brancher sa guitare et se met ainsi à dos les plus puristes de ses admirateurs. Loin du son "propre" des Byrds, le folk-rock de Dylan est chaotique et saturé. L’apport du rock et du psychédélisme élargiront considérablement le champ de la musique folk, conjointement avec le mouvement hippie. Il semble qu’a cette époque tous les groupes de folk des campus américains se soient mis à l’électricité et à la drogue, à l’image de Jefferson Airplane
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Nine Admin
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Sujet: Re: HISTOIRE DE LA MUSIQUE FOLK Jeu 8 Jan - 21:00
LES SONGWRITERS DES 70'
A la fin des années soixante, nombre d’artistes, dans la lignée de Bob Dylan, se détournèrent de la question politique, le plus souvent pour se tourner vers la ballade intimiste et la confession en chanson.
Les assassinats de Martin Luther King et de deux Kennedy, le Watergate, Altamont… On peut invoquer le traumatisme qu’on veut comme cause ou conséquence, mais les années soixante-dix étaient avant tout une ère de désillusions. Le ressenti personnel, dernier terrain sûr, devint la retraite d’artistes comme Jackson Browne, Joni Mitchell et Cat Stevens. Si d’indéniables gemmes ont été produites par ce mouvement, pris dans son ensemble il est plutôt mou et ennuyeux.
Dans le même temps, des groupes comme Crosby, Stills, Nash And Young ou America rassemblent des foules de hippies maintenant trentenaires et légèrement bedonnants avec des préoccupations politiques plutôt accessoires et des divagations baba auxquelles plus personnes ne croyait vraiment. S’il prend souvent le contre-pied musical de ses comparses et si, surtout, son travail durant cette décennie reste uniformément excellent, Neil Young, ancien Buffalo Springfield, s’inscrit finalement dans ce mouvement.
Ce mouvement marque un changement de paradigme important dans la musique folk, amorcé dans les années soixante, le "peuple" auquel elle s’adresse n’est plus une masse mais un ensemble d’individus. L’universalité n’est plus dans le collectif, mais dans le particulier. Les singer-songwriters ne se sont jamais vraiment éteints, et des artistes tels que Tracy Chapman ou Norah Jones sont les héritiers directs des seventies.
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Nine Admin
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Sujet: Re: HISTOIRE DE LA MUSIQUE FOLK Jeu 8 Jan - 21:02
Le dialogue avec l’Amérique engagé, les Britanniques se sont tournés vers leur propre folklore pour le moderniser. Le Royaume-Uni ne réinvente pas le genre mais y contribue notablement avant la déferlante punk.
Les deux géants du folk rock britannique étaient Donovan, troubadour hippie aux chansons pleines de soleil et de LSD, et le groupe Fairport Convention. Son line up le plus intéressant, incluant Sandy Denny et Richard Thompson (eux-mêmes artistes solo émérites), n’a duré que peu de temps à la fin des sixties, mais leur approche très anglaises et très rock de chansons traditionnelles et de compositions plus récentes de Dylan ou Joni Mitchell a pratiquement défini le folk-rock britannique.
La folk britannique des sixties partait, comme le reste de la musique de l’époque, dans tous les sens. Van Morrison sur Astral Weeks et Nick Drake habillèrent leurs chansons acoustiques de cordes majestueuses et préfigurèrent le mouvement des singer-songwriters de la décennie suivante, tandis que nombre de hippies tentaient de créer la musique folk des mondes fantastiques façon Tolkien, parfois en le mêlant au prog rock, tel Pentangle et James Barclay Harvest. Bien que ce mouvement n’ait produit que peu de bonnes choses, on en retiendra tout de même Tyranausorus Rex, un duo acoustique qui n’avait rien à voir avec le glam de T.Rex si ce n’est qu’ils avaient pour leader Marc Bolan.
Tout cela fut catalogué "musique de hippie" en 1977 et oublié. Aujourd’hui en dehors des mouvements celtiques, il n’y a guère de folk britannique, la pop des Beatles occupant le statut de folklore national.
De la même façon que le punk vint pour détruire Yes, l’Anti-Folk s’attaqua à America et Jackson Browne. Au nom trompeur, l'anti-folk vient pourtant renouer avec certaines traditions du folk.
L'anti folk :
Avec une approche agressive de la politique, évidemment très à gauche et très féministe, souvent enregistré de façon rudimentaire, ce mouvement n’était évidemment pas anti-folk, mais plus un retour aux sources vers l’époque de Woody Guthrie ou des débuts de Dylan. Le britannique Billy Bragg s’attaquait avec férocité au thatcherisme, tandis que les traumatismes de Michelle Shocked renvoyaient les singer-sonwriters à leur confort bourgeois.
Bien que finalement assez limité, ce mouvement injecta un peu de vie dans la musique folk des années quatre-vingt et informa d’autres artistes moins radicaux comme Lucinda Williams, les Indigo Girls ou R.E.M..
Les années quatre-vingt-dix en profitèrent aussi, et, sans qu’aucun motif ne se soit vraiment dessiné, une multitude d’artistes apportèrent leur propre vision au genre, des bricolages de Beck au Lo-Fi de Will Oldham en passant par le fuzz folk de Neutral Milk Hotel et le traditionalisme de Wilco, il faudra attendre le début du siècle suivant pour voir naître une
nouvelle [/center]nation folk.
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Nine Admin
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Sujet: Re: HISTOIRE DE LA MUSIQUE FOLK Jeu 8 Jan - 21:11
Souvent fils de hippie comme Devendra Banhart, les freak folks trouvent leur inspiration dans les expériences psychédéliques de Jefferson Airplane, l’avant-gardisme de John Fahey comme dans les plus anciens enregistrements d’Alan Lomax.
Il est difficile de vraiment définir le point commun de l’épicurien fou Devendra Banhart, des faux enfantillages avant-gardistes d’Animal Collective, du culte impénétrable d’Akron/Family et du classicisme de la harpiste Joanna Newsom. Une approche par la négative permet de dire qu’aucun ne se limite aux structures bien définies du folk traditionnel, qu’ils ne sont absolument pas politisés et pas vraiment en contact avec la "réalité quotidienne" qui traditionnellement est au cœur de la musique folk.
Aussi appelé New Weird America, ce mouvement est sans doute encore trop jeune pour être bien cerné. L’un de ces principaux éléments semble être le sens de communauté, de famille même, qu’on retrouve aussi dans le prog-folk de la Danielson Family et Sufjan Stevens. Leur bizarrerie est peut-être une protection contre le monde extérieur. Le repli sur soi hante cette musique. Il est très tentant de faire le lien avec l’Attaque du Onze Septembre et la guerre en Irak.
Ces problèmes ne sont pas abordés directement, cependant, et de façon typiquement hippie, ces communautés sont peut-être isolées du reste du monde, mais elles sont aussi accueillantes. Musicalement en tout cas, la musique folk n’avait pas été aussi vivace depuis presque quarante ans.
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Nine Admin
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Sujet: Re: HISTOIRE DE LA MUSIQUE FOLK Ven 9 Jan - 9:07
LES INSTRUMENTS
La folk music se joue strictement avec des instruments acoustiques, qui sont considérés comme des instruments populaires parce qu'ils étaient confectionnés à leurs origines par des gens simples, et aussi parce qu'il est possible de les porter comme faisaient jadis les pionniers. On donne l'exemple des instruments utilisés dans la musique folk américaine: une guitare, un banjo, une mandoline et un harmonica.
La guitare folk possède une caisse plus large que la guitare classique, ainsi qu'un plus long manche (2 cases en plus). Elle est montée avec des cordes métalliques, acier et bronze. On joue soit en "picking", avec les doigts, selon un arpège particulier dit "à basses alternées", soit au médiator, en "flat picking", comme dans le style Blue-Grass. Le jeu du médiator est puissant, ce qui est nécessaire pour lutter à armes égales avec un banjo, une mandoline, un violon, un dobro, une contrebasse...
Les meilleures marques de guitare folk sont MARTIN, GUILD, GIBSON ; sur commande, BOURGEOIS, SANTA CRUZ. Mais on trouve aussi d'excellentes japonaises (Yamaha, Ibanez, etc.), ainsi que d'autres marques orientales, voire canadiennes.
Pour ses deux premières émissions (en écoute après le direct sur le site http://thatsallfolk.free.fr), That’s Al Folk ! se consacre au coffret “Anthology of American Folk Music”, sorte de porte d’entrée idéale à la musique folk américaine… Musiques des sources, donc, quand blues, folk music et jazz se mêlaient encore en un creuset originel.
L’Anthologie de la Musique Folk Américaine est un coffret datant de 1952 parut sur le label Folkways de Moses Asch. Il se décompose en six albums, soit 84 enregistrements de Folk américain, s’étalant de 1927 (début de la reproduction fidèle de la musique grâce aux nouvelles techniques d’enregistrement) à 1932 (début de la grande dépression qui fit chuter les ventes de la musique Folk).
Ces enregistrements proviennent de la collection personnelle de 78 tours d’Harry Smith. La collecte de vieux disques Folk & Country était une de ses passions. Il rédige lui-même les notes de pochette, qui sont aussi réputées que la musique, ainsi que les petites vignettes inspirées des gros titres journalistiques, illustrant chaque chanson. Il s’occupe également de la direction artistique.
Ces disques considérés comme éphémères, Harry Smith les prend très au sérieux & en accumule des milliers. Ainsi grâce à la publication de cette anthologie, il popularise cette musique américaine rurale, presque oublié. Ces morceaux rencontrent un nouveau public et ont un impact important sur l’ethnomusicologie américaine. Ils sont d’ailleurs en partie responsables du renouveau de la musique folk dans les années 50 & 60. Ce coffret deviendra le Saint Graal pour toute une génération de nouveaux musiciens, notamment dans le quartier de Greenwich Village à New York
Cette Anthologie se divise en trois doubles albums : ballades, chansons sociales (social music) & chansons. À Chaque album, correspond une couleur (vert pour les ballades, rouge pour les chansons sociales et bleu pour les chansons) & un élément (terre, feu et eau).
Les ballades Chaque chanson raconte une histoire, un événement ou un moment précis. Les premiers morceaux sont des vieilles ballades du Folk anglais. Quant aux suivantes, elles traitent de la difficulté d’être fermier dans les années 20.
Les chansons sociales Le premier disque se compose de titres essentiellement instrumentaux, joués principalement dans des rassemblements sociaux ou dans des bals. Le deuxième disque est un recueil de chansons spirituelles & religieuses.
Les chansons Ce dernier volume regroupe des titres ayant pour point commun, la vie quotidienne des gens (folks) des campagnes (country) américaines.
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Nine Admin
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Sujet: Re: HISTOIRE DE LA MUSIQUE FOLK Ven 9 Jan - 12:50
Duo français créé en 2006, Cocoon chante en anglais son univers feutré et mélancolique. Avec un premier album favorablement accueilli par la critique, il leur aura fallu moins d’un an pour devenir la bonne surprise de la scène folk française au même titre que des formations comme Hey Hey My My ou Stuck In The Sound. Copyright Music Story 2008
Source : music-story.com
Cocoon, néo-folk à la française En concert à Paris
Paris 24/10/2008 - Malgré son nom, Cocoon, le duo formé par Morgane Imbeaud et Mark Daumail, tissant d'élégantes mélodies acoustiques et de sublimes harmonies folk/pop ne semble pas destiné à rester dans son coin. Découverte du Printemps de Bourges et gagnant du prix CQFD décerné par les Inrockuptibles, auteur d'un premier album My Friends All Died in a Plane Crash (12 titres chantés exclusivement en anglais), le duo débute une tournée française avec une date à Paris le 25 octobre à la Cigale. Rencontre.
RFI Musique : Comment vous êtes vous rencontrés ?
Morgane : On s'est rencontrés il y a trois ans. En octobre 2005, Mark avait commencé à faire des maquettes - déjà sous le nom de Cocoon - et il avait mis ses chansons sur internet avec une annonce comme quoi il cherchait une chanteuse. J'ai simplement répondu présente. Et voilà l'histoire d'amour a commencé à ce moment-là…
Mark : J'ai rencontré plusieurs filles grâce à l'annonce. Je cherchais vraiment un duo fille/garçon avec cette formule piano/guitare/voix. Je voulais absolument que le duo soit axé sur le mariage des voix. Ce qui a fonctionné entre nous, c'est le mariage entre nos deux voix qui était plus fort qu'avec d'autres filles que j'avais testées pendant mon casting. A mon avis, c'est la clé de Cocoon. Nos deux voix sont très complémentaires au niveau du grain, des fréquences et de la sensibilité…Dans ce que j'ai écouté - à part peut-être Simon et Garfunkel – je n'ai jamais entendu deux voix aussi faites pour être ensemble !
Quelles sont vos influences musicales ? Votre album rappelle beaucoup des artistes américains néo-folk tels Sufjan Stevens, Elvis Perkins…
Mark : Depuis mon adolescence, j'écoute beaucoup, beaucoup de folk. A une période, j'ai même fait une espèce de travail d'archéologue en remontant de 2008 à 1920/1930 aux racines de la folk irlandaise. Ensuite, j'ai fouillé dans le blues et tout ce mouvement qui a donné la musique folklorique américaine. Notre inspiration s'étend des vieux groupes comme Pentangle et Fairport Convention jusqu'au nouveau folk du début des années 2000, des artistes comme Cocorosie, Devendra Banhart, Sufjan Stevens… On a adoré l'album d'Elvis Perkins l'année dernière et cette année, on adore Bon Iver, Fleet Foxes, des choses comme ça… Mais nos influences ne sont pas seulement musicales, elles sont aussi cinématographiques - Jim Jarmusch, Sofia Coppola, Abel Ferrara - et littéraires - Jack London, Conrad. C'est peut-être pour ça qu'on chante en anglais d'ailleurs.
Justement, pourquoi ce parti pris d'enregistrer un album exclusivement en anglais. Il y a un vrai débat linguistique en ce moment, certains critiques français prétendant qu'il y a trop d'artistes français qui chantent en anglais… Morgane : On ne s'est jamais posé la question s'il fallait chanter dans une langue ou dans une autre. C'est venu tout naturellement. On a un véritable amour de cette langue, de la culture anglo-saxonne…
Mark : C'est vrai que ce débat-là fait fureur en ce moment. Il y a toujours les "Ayatollahs" de la chanson française qui sont là. Mais moi, je préfère dix fois écouter un Moriarty qu'un Christophe Maé ou un Christophe Willem. Ceci dit, il y a un public pour chacun. Des artistes français qui chantent en anglais, ce n'est pas nouveau. On peut remonter aux Thugs jusqu'à Syd Matters qui était un des premiers il y a huit ans. Lui, il n'avait pas de chance parce que les gens ne voulaient pas passer ces chansons en radio. Tandis que nous, notre chance, c'est qu'aujourd'hui, ces mêmes radios sont moins frileuses. D'accord, les quotas* sont toujours là, mais on arrive enfin à rivaliser avec les Anglo-Saxons et parfois peut-être passer avant eux. Cette année, notre chanson On My Way a été l'une des plus jouées sur les radios françaises. Maintenant, il y a aussi un certain effet de mode. Aaron a marché, Yaël Naim a marché. Du coup les maisons de disques cherchent leur propre Yaël, leur propre Cocoon.
Vous avez réussi à faire un album entier an anglais…
Mark : C'était très dur de le maîtriser du début à la fin. Pour l'écriture, j'arrive à me mettre dans une situation proche du yoga, dans un état de concentration tel que j'arrive à penser en anglais, à penser comme un Anglo-Saxon. J'ai même parfois des expressions qui viennent dans ma tête qui n'ont rien à voir avec le français, comme "to be under the weather." C'est assez dingue !… J'ai vécu un an à Londres pour des études mais à part ça, je n'ai pas passé beaucoup de temps dans les pays anglo-saxons. Là, il y a eu des gens qui m'ont dit que certaines des chansons de Cocoon leur évoquent le Midwest américain. Je pense que justement si on avait été là-bas, nos chansons seraient forcément moins jolies, parce qu'on aurait vu ce qu'est vraiment le Midwest. Là, c'est du pur fantasme. En fait, j'ai peur d'aller aux Etats-Unis, j'ai peur de perdre mon mythe d'enfance des grandes plaines, des cabanes en bois au milieu des forêts enneigées… Moi, mon rêve c'est de faire comme le mec dans Into The Wild** et partir faire un album en tuant les chevreuils pour manger…
Il y a un certain décalage entre le titre de votre premier album, assez noir et morbide, et la musique de Cocoon qui est plutôt lumineuse…
Mark : J'avais écrit une chanson qui s'appelle Take Off (le titre qui ouvre l'album) ou il y a cette ligne qui m'est venue "All my friends died in a plane crash" ("tous mes copains sont morts dans un accident d'avion"). En fait, je venais de perdre beaucoup de gens très proches qui sont décédés ou partis. C'était tellement soudain, tellement violent que pour moi, cette image d'accident d'avion résume bien le sentiment que j'avais à ce moment-là. Cette perte a engendré une volonté de faire un deuil et de l'exprimer à travers onze autres chansons sur l'album. Le contraste entre la perte de ces gens chers et la perte de l'enfance, rentrer dans l'âge adulte d'une façon tellement violente, on était obligé de faire un album pour que ça se passe bien.
* quotas de chansons francophones à la radio française : selon la loi du 30 septembre 1986, les stations de radio sont tenues de diffuser une certaine proportion de chansons francophones.
Ecoutez un extrait de On my way My Friends All Died In a Plane Crash (Sober & Gentle/Discographie) 2007 En concert à Paris le 25 octobre à la Cigale, e 18 novembre et 12 janvier 2009 à l'Olympia (Paris).
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Nine Admin
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Sujet: Re: HISTOIRE DE LA MUSIQUE FOLK Lun 2 Fév - 20:05
Triste nouvelle ...
_________________
Décès de la légende folk John Martyn 30 janvier 2009
Héros de la scène folk londonienne, l'auteur-compositeur-interprète et guitariste écossais John Martyn est mort le 29 janvier à l'âge de 60 ans. «C'est avec le coeur lourd et affligé par un sentiment de perte terrible que nous devons annoncer le décès de John ce matin», peut-on lire sur son site web officiel depuis hier.
Né Ian David McGeachy le 11 septembre 1948, John a révolutionné la musique folk en y injectant des références jazz et funk. Il a lancé une vingtaine d'album, dont le classique Solid Air, en plus de collaborer avec des artistes comme Eric Clapton et David Gilmour. Il a reçu l'an dernier le prestigieux Ordre de l'excellence britannique (OBE).
John Martyn s'est éteint dans un hôpital irlandais. Les causes de son décès demeurent inconnues. :6qzwpya2.gif:
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Nine Admin
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Sujet: Re: HISTOIRE DE LA MUSIQUE FOLK Lun 23 Fév - 12:50
FOLK is not dead ... heureusement voilà les nouvelles a suivre ..
Depuis quelques temps, on assiste à l’éclosion d’une nouvelle génération de chanteuses anglo-saxonnes qui, à elles seules, sont en train de réinventer tout un pan du Folk américain … Voix fragiles, textes inspirées & musique intimiste décompléxée, elles se mettent à nue, avec souvent pour seul compagnon, leur instrument de prédilection. Mais qu’est-ce qui peut bien motiver toutes ces girlys … l’envie de faire oublier la musique de Joan Baez …. ??? Why not
Alela Diane - Oh Mama CocoRosie - Good Friday (elles sont deux mais tellement inséparables qu’elles en deviennent uniques) Joanna Newsom - Bridges & Balloons Dawn Landes - You Alone Marissa Nadler - No Surprises (Reprise tout en délicatesse de la célébrissime chanson de Radiohead) Julie Doiron - Me And My Friend Scout Niblett - Trudy Lies Mariee Sioux - Wizard Flurry Home Jolie Holland - I Was Drunk At The Pulpit Paula Frazer - Like A Ghost (l’ancienne de la bande… la charismatique chanteuse du mythique groupe de Country
“Tarnation”)
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Nine Admin
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Sujet: Re: HISTOIRE DE LA MUSIQUE FOLK Mer 25 Fév - 11:17
BONNE NOUVELLE :
Un vent de fraicheur souffle sur la vague folk, enfin et çà fait du bien de vous présenter du "renouveau"
NOUVEAUX FOLKS juillet 17, 2008 par jeanpascal
Le tout Techno des années 90 qui donnait le Rock pour mort est revenu à une position moins envahissante au tournant des années 2000. Il est de nouveau de bon ton de jouer avec de vrais instruments, les machines ne sont plus une fin en soit et les groupes à guitares font un come back aussi pétaradant qu’opportuniste …
Pour autant le Rock n’aura jamais été autant markété, sponsorisé, canalisé, lyophilisé, croisé à la haute couture et maté par les radio crochets du XXIe siècle. Le Rock n’est plus dangereux, le Rock a perdu son essence contestatrice, le Rock est devenu la bande son d’une rebellion molle tournée en business cool et rémunérateur.
Qui sait, si le renouveau du Folk - la réplique la plus naïve, la plus simplement organique et dépouillée aux machines froides de la Dance conçue sur ordinateur - peut lui, conserver un peu de son essence originelle ? En ces temps de réchauffement climatique et d’apocalypse annoncée, protest songs, poésies telluriques et ascèse sonore sont peut être à compter au nombre des derniers réels engagements esthétiques …
Portraits de 4 muses des nouveaux Folks
MARIEE SIOUX
La musique de Mariee Sioux est toute empreinte d’une poésie ancrée dans le souffle du vent, le doux fracas de l’eau des torrents, et l’épaisseur des forêts. Elle est de même, naturellement traversée de rémances esthétiques en lien direct avec la culture des premiers habitants du continent américain.
Issue de la riche scène Folk de Nevada City (Californie) - comme ses amies Joanna Newsom et Alela Diane dont on parlera plus bas - Mariee vient de réaliser un premier album. Faces in the Rocks (Grass Roots Records, 2007), est porté par une voix à la clareté troublante, une guitare acoustique fluide comme une onde claire, et le souffle serein de la flûte indienne de Gentle Thunder.
Mariee Sioux - Faces in the Rocks (Grass Roots Records, 2007)
www.myspace.com/marieesioux
ALELA DIANE
Alela Diane et Mariee Sioux se connaissent depuis l’enfance. Cela pourrait rester anecdotique, mais la filiation entre leurs univers musicaux respectifs est si forte que ce point valait d’être mentionné. Là où Marie habille la frugalité de son univers sonore de sobres et délicats ornements, Alela Diane oeuvre dans un dépouillement qui friserait l’austérité si son chant et ses mélodies n’étaient habitées par la grâce. Une simple guitare sèche sert dans la plupart des cas à accompagner une voix à la tessiture fragile et hardie. Le chant d’Alela Diane invite à une rêverie éveillée peuplée de cauchemars païens et d’aventures dans les grandes plaines du Nouveau Monde. Il y a dans tout cela quelque chose de si délicatement désuet, que l’on se prend à espérer le retour de quelques miracles…
Alela Diane - The Pirate’s Gospel (Fargo records 2007) http://www.aleladiane.com/ http://www.myspace.com/alelamusic
BRISA ROCHE
Plus pop, plus psychédélique, plus rock et par conséquent plus délurée est la musique de Brisa Roché, américaine à Paris qui fait resonner un peu du Summer of Love dans l’actualité avec “Takes”, son dernier album. La demoiselle a d’abord circulé dans un circuit plutôt Jazz, puis enregistré un premier album (”The Chase”) qui n’est pas moins un disque de Pop music pour autant. “Takes”, le second donc, est un cheminement de douceur et de mélancolie, sexy et parfois opaque, comme éperdu de rêveries et d’expériences paranormales dans lequel on s’enfonce progressivement. On quitte une ritournelle à laquelle on peut s’accrocher par quelques refrains enjoleurs, et on s’enfoui dans de vagues déambulations oniriques… “Takes” se ballade le nez pointé au soleil et les pieds dans la brume…
Joanna Newsom est une des plus heureuses choses qui soit arrivée à la musique depuis bien longtemps. Accompagnée d’une imposante harpe sur laquelle courrent ses doigts experts, elle tisse une musique complexe et charnelle. Ses mélodies au goût d’ortie, s’égrennent en mouvements compliqués et exquis sur lesquels elle pose une voix ou le sucre le dispute à l’amer. Voix fragile toujours prête à se déchirer, voix ronde et douce qui caresse mieux les rêves. Le dernier album de Joanna Newsom est une somme… Cinq longues chansons pièges, qui ressemblent à des forêts battues par les vents, enluminées par le gel.
Joanna Newsom - Ys (Drag City 2006) http://www.joannanewsom.co.uk/
Nine Admin
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Sujet: Re: HISTOIRE DE LA MUSIQUE FOLK Ven 20 Mar - 2:55
FESTIVAL TOP OF THE FOLKS RENNES
http://www.myspace.com/findlaybrown
liliane Admin
Nombre de messages : 19569 Age : 50 Localisation : dans la galaxie Date d'inscription : 02/05/2008
Sujet: Re: HISTOIRE DE LA MUSIQUE FOLK Dim 29 Mar - 14:29
Petit lexique des appellations « folk »
Acid folk : un terme que l’on voit souvent utilisé alternativement avec celui de psychedelic folk ou psych folk. C’est en général une musique acoustique inventive qui ne puise pas nécessairement aux sources folks et traditionnelles mais qui y ressemble. Ce terme sert encore, manifestement, à désigner de nombreux musiciens et groupes qui ont manié les éléments rock, folks, traditionnels, world, exotiques… tels que les instruments, les ambiances, les rythmes, les façons de chanter… le tout pour créer une musique souvent originale même si fortement teintée. On cite alors beaucoup d’anciens tels que Incredible String Band, Forest, Trees, Donovan, Spirogyra, Fuchsia, Comus, Synanthesia, Jan Dukes de Grey, COB, Sallyangie (Oldfield frère et sœur avant la gloire de Mike)… On cite le guitariste Robbie Basho et ses envolées orientalo-américaines. On cite Karen Dalton cette chanteuse inclassable qui fit du folk très soul mais qui tomba sous l’acide, désignant d’elle-même, et malgré elle, l’appellation qui allait lui coller à la mémoire. On en cite évidemment d’autres comme Songs of Great Pheasant, Darkwood et Sangre Cavallum… Une fois de plus, on constate que beaucoup de ces musiciens font une musique pop ouverte sur les expériences acoustiques et les influences jazz, folk, blues, indiennes, soul… soit ce que la musique pop a toujours revendiqué: une ouverture fourre-tout !
Advanced folk : ne cherchons pas à comprendre ce que peut cacher cette idée de folk « avancé », c’est-à-dire d’avant-garde ou au moins de niveau supérieur. Le terme n’apparaît heureusement pas trop souvent. Le site de Mondomix considère que Jack Treese faisait de l’advanced folk. Disons qu’il fait du bon folk américain très personnel, détaché d’un ancrage trop marqué dans le répertoire traditionnel.
Anti folk : le terme aurait été inventé par un certain Lach, dans les années 80. Il aimait Dylan, Phil Ochs, Townes Van Zandt mais détestait le folk éthéré, gentil ou new age qui prenait le pas sur les vraies expressions populaires. L’anti folk est alors une musique qui fait le lien entre un esprit punk et un son folk, à l’américaine. On y trouve des artistes qui préfèrent une certaine autodérision au sérieux affiché par une musique folk enracinée dans l’historique. Mais on y trouve aussi des artistes engagés. On parle, par exemple, de Ani di Franco aux États-Unis, une artiste essentielle à laquelle l’appellation pourrait aller comme un gant, à condition de ne pas oublier ses liens avec les chanteurs les plus engagés du folk américain, notamment le trop peu connu Utah Phillips. On cite également un groupe comme The Moldy Peaches qui fait une musique anti-conventionnelle, anti-establishment. C’est une expression bricolée, un peu minimaliste, faite de petites chansons atypiques à l’esprit plus punk que folk. On se sent entre Incredible String Band et les Stones avec un regard vers un folk de rue ou de pub… ! Parmi les autres artistes intéressants de l’anti folk, on relève Michelle Shocked, Phranc et l’excellent groupe Herman Dune. De sorte que cette « catégorie » floue enferme des artistes qui font une chanson pop folk, une chanson d’auteur-compositeur-interprète ouvert, attentif. Mais à écouter les uns ou les autres, selon le côté de l’Atlantique où ils se situent, ils prolongent ce que firent les chanteurs folks des années 70 : Al Stewart, Ian Matthews, Ralph McTell, Loudon Wainwright… et ceux qui les ont précédés dans l’histoire des musiques américaines.
Apocalyptic folk : une appellation que l’on rencontre heureusement relativement rarement sinon pour parler de certaines tendances inhérentes au neo folk. Il s’agit alors d’une musique qui développe les références aux anciens mythes païens, à un certain ésotérisme, à l’apocalypse, aux sciences occultes, etc. On parle aussi de dark folk, folk noir, pagan folk… On cite volontiers le groupe Current 93 parmi les précurseurs du genre.
Avant folk : pour définir la musique de Devendra Banhart ou celle de Iron & Wine ou encore de Entrance, certains ont utilisé le terme avant folk non sans avoir essayé auparavant les termes new folk, weird folk, psychedelic folk et que sais-je encore. Mais il leur a semblé que avant folk résumait assez bien le mouvement lancé par ces musiciens. Banhart lui-même réfute le mot folk parce qu’il ne considère pas qu’il travaille à partir de musiques populaires issues de la tradition. D’autre part, il refuse également de considérer cette «famille» de musiciens (ce sont ses propres mots) comme étant un mouvement. Le lien est l’envie de faire une musique acoustique et le respect pour une série de références anciennes qui appartiennent effectivement au mouvement folk anglais (Vashti Bunyan, Trader Horne…) ou au blues du Delta. Le journaliste Mac Randall a analysé cette « famille » de manière très intéressante (in The Boston Phoenix).
Counter folk : mouvement propre à Boston, il s’agit d’une musique rock post punk et post grunge qui est née dans les années 2000. C’est un mouvement discret et géographiquement délimité que d’aucuns assimilent au neo folk. Aucun artiste majeur n’est arrivé jusqu’à nos oreilles.
Country folk : cette catégorie très large a l’avantage d’être un peu fourre-tout et de pouvoir recevoir tout artiste qui évolue entre influences country, rock et folk au sens large. Soit une musique souvent acoustique aux références américaines. Plutôt que de parler de folk ou de country, on place tout dans le même sac et on crée une étiquette qui permet un tri général et non la juxtaposition de dizaines de petites étiquettes pour le moins obscures et réservées à des niches de pseudo-spécialistes. Le country folk rejoint alors des termes comme Americana ou même neo country et recouvre une foule d’artistes allant de Joan Baez à Arlo Guthrie en passant par 16 Horsepower, Calexico, Mojave 3 et tant d’autres.
Dark folk : voir apocalyptic folk. Cette appellation floue ou vaste est susceptible d’en rejoindre d’autres, comme dark ambient, tant les frontières sont embrumées. D’autant qu’il suffit que sonne une guitare acoustique pour qu’on ajoute le mot folk à la description du genre.
Electro folk : on a ici, une fois de plus, profusion de termes pour décrire un même type de musique. On rencontre electro folk, laptop folk ou folktronica pour désigner des musiques qui tentent une rencontre entre des éléments folks et des arrangements électroniques. On se reportera à la définition donnée à folktronica.
Folk : on se reportera à l’article ci-dessus et aux considérations historiques sur ce mouvement Les grands noms du folk song sont nombreux et impossibles à citer tous ic : Woody Guthrie, Pete Seeger, Cisco Houston, Ramblin’ Jack Elliott, Derroll Adams, Albert L. Lloyd, Ewan MacColl, The Weavers, The Almanac singers, Phil Ochs, Bob Dylan, Eric Andersen, Fred Neil, Si Khan, Larry Long, Don McLean, Tom Rush, Tom Paxton, Buffy Sainte Marie, Joni Mitchell, Judy Collins, Martin Carthy, The Watersons...
Folk blues : on peut certainement rattacher cette catégorie au folk lui-même en tant que mouvement et en tant qu’époque. En effet dans ce vaste enthousiasme pour des musiques aux racines profondes, nombreux ont été les musiciens de tous horizons qui ont cherché les sources de leurs expressions tant du côté du blues que du côté de la ballade ou des musiques traditionnelles des îles de la Grande-Bretagne ou des États-Unis. D’un côté comme de l’autre, on chercherait en vain à les citer tous : Bert Jansch, John Renbourn, Davey Graham, John Martyn, Jackson C. Frank, Roy Harper, Spider John Koerner, Tom Rush, Jorma Kaukonen, Country Joe MacDonald, Patrick Sky, Marc Spoelstra, Eric Von Schmidt, Richie Havens, Dave Van Ronk, John Fahey, Stefan Grossman, Bob Dylan… ont été de ceux-là. On parle aussi de folk blues pour désigner un certain nombre d’artistes de blues afro-américains. Lorsque le mouvement folk américain battait son plein dans les années 60, un public nouveau recherchait les concerts et festivals acoustiques, les ambiances chaleureuses, l’anti-star-système et ce quelque soit la « couleur » de la musique. Un folk song blanc suivi par un blues noir faisait parfaitement l’affaire puisque les deux musiques montraient leurs origines populaires et leurs liens avec des traditions. Des bluesmen comme Sonny Terry & Brownie McGhee, Mississippi Fred McDowell, Josh White, Gary Davis, Mississippi John Hurt, Jesse Fuller, Son House... furent de ceux dont on découvrit alors le folk blues (même s’ils étaient connus des spécialistes). Mais leur blues était plutôt du country blues ou rural blues.
Folk hallucinex : pour l’anecdote, on relève cette appellation donnée sur le site Sefronia aux musiciens délicieusement allumés que sont Eugene Chadbourne et Camper van Beethoven. Une chose est sûre : ils valent le détour. Une autre est certaine : leur musique est gorgée de références aux racines américaines. Alors pop folk explosée, folk déjanté, acid folk, psych folk ou folk hallucinex : peu importe !
Folk jazz : une fois de plus l’histoire du mouvement folk voudrait que certains musiciens et groupes se soient tournés vers une rencontre entre influences folks et jazz comme d’autres le firent avec le blues ou avec le rock. Le site Sefronia n’hésite pas à qualifier de folk jazz la musique de Tim Buckley, Janis Ian, Laura Nyro, Tim Hardin… mas aussi celle de Richard Thompson par exemple. Soit, mais est-il nécessaire d’aller si loin, au risque de se tromper tout simplement ? Il est vrai que certaines influences jazz apparaissent ici et là, mais c’est vrai également chez Donovan ou chez Pentangle par exemple et c’est simplement un signe de l’ouverture de ces musiciens et de ces mouvements de la musique pop et folk de l’époque.
Folk metal : nous voici dans une fusion apparemment improbable, celle entre le heavy metal et des éléments folks ou traditionnels. Et pourtant ! Ils sont nombreux ces musiciens rock à avoir été chercher qui des guitares acoustiques et mandolines, qui des chansons venant en ligne droite de leurs traditions régionales. Cette sorte de « fusion » n’est guère nouvelle même si elle s’est développée. Souvenez-vous des magnifiques parties acoustiques des concerts de Led Zeppelin ou encore de l’étonnante inventivité de Jethro Tull capable de noyer les genres. Souvenez-vous de Thin Lizzy qui balançait le très traditionnel irlandais Whiskey in the Jar sur des accords de guitare électrique. Ou encore de New Model Army ou de Tenpole Tudor. Ils ont tous touché à ce genre de mélange. En 1990, ce sera Skyclad avec des morceaux comme The Widdershins Jig. Aujourd’hui le courant se divise en plusieurs tendances éventuellement territoriales. On citera l’inévitable branche celte avec des groupes comme Cruachan et Primordial. On ne peut oublier les Scandinaves, ce qu’on appelle le Viking metal, avec Finntroll et Bathory. La branche orientale n’est pas en reste avec des groupes comme Orphaned Land et Melechesh. Les Espagnols ont Mago de Oz… C’est qu’on est dans la panoplie de la magie, de l’ésotérisme, des références à Tolkien, aux mythologies et autres histoires fantastiques, le tout dans un bric-à-brac invraisemblable. Certains, par exemple, croient entendre du metal folk dès que sonne la danse du sabre de Khatchaturian sur une guitare électrique. Mais le compositeur russe était un classique et sa fameuse danse du sabre est aussi devenue un classique, morceau de bravoure qui se doit de figurer au palmarès des guitaristes ambitieux et gentiment kitsch. Dave Edmunds avait peut-être été le premier à la jouer, Ekseption devait suivre et ainsi de suite. Mais tout ça n’a vraiment rien à voir avec le folk, sinon quelques références exotico-orientales… mais alors on est dans la world music n’est-ce pas ?
Folk noir : voir dark folk. Selon Wikipedia, le terme aurait été utilisé par le photographe David Mearns pour désigner une période précise du groupe Sol Invictus.
Folk pop : une des meilleurs façons sans doute de qualifier, de manière générique et sans prétention, les courants de musiques pop acoustiques. Sachant qu’il ne s’agira jamais que d’une façon de différencier de larges ensembles. Et sans perdre de vue qu’il serait peut-être temps de se poser la question de savoir pourquoi on a tendance à poser le mot folk sur ce qui est acoustique. La guitare électrique ne pourrait-elle être un véritable instrument populaire, voire traditionnel du XXe siècle ?
Folk punk : vous ne pensiez tout de même pas y échapper ! On a ici l’héritage du mouvement punk (celui qui précisément en avait mare du folk et qualifiait les folkeux de three times F pour fat, forty and fucked) et l’héritage de ce que le folk fit de plus engagé, un certain protest song. La tendance est de dire que les USA ont été les premiers à produire ce genre de musique et que Violent Femmes en est le groupe le plus connu. N’oublions pas que dans un genre plus férocement punk, l’Écosse avait Nyah Fearties. Le groupe le plus emblématique, et peut-être caricatural mais sympathique, est certainement les Pogues. Dans la foulée, d’aucuns diront que Levellers et Billy Bragg font aussi du punk folk. Mais d’autres diront, à juste titre, que ce dernier fait de l’urban folk. Attention aux maux de tête !
Et si je vous dis que sur les sites branchés on parle de Pigalle et de Louise Attaque comme étant des groupes de punk folk français… la liste pourrait alors s’allonger sans problèmes.
Folk rock : on l’a beaucoup utilisé dans les années 60 et 70 et on dirait que c’est passé de mode. C’est pourtant une façon adéquate de désigner certaines musiques qui affichent clairement leurs deux sources principales. D’un côté, une tendance à pêcher dans la ballade ou la danse traditionnelle, de l’autre, une tendance à épaissir la recette avec les ingrédients du rock selon la formule classique basse, batterie, guitare et plus si affinité. On se souvient des maîtres du genre : Fairport Convention, Steeleye Span, Iain Matthews, Trees encore, Magna Carta, Albion Band, Pentangle, Contraband, Renaissance, Decameron, Heron… et puis de l’autre côté de la grande eau, il y avait évidemment les Byrds, Dylan, Loudon Wainwright et ceux qu’on a cité pour le folk jazz. Aujourd’hui ils seraient nombreux à pouvoir rentrer dans cette catégorie, depuis the Great Lake Swimmers jusque Espers, American Music Club, Bonnie Prince Billy, James Yorkston… Et une fois de plus, on se rend compte des limites invisibles du genre. Neil Young, Bruce Springsteen, John Mellencamp… n’auraient-ils pas droit à une entrée gratuite sur cette scène ?
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Dernière édition par liliane le Dim 29 Mar - 14:47, édité 1 fois
liliane Admin
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Sujet: Re: HISTOIRE DE LA MUSIQUE FOLK Dim 29 Mar - 14:31
Lexique musique Folk (suite)
Folktronica : comme on l’a déjà souligné à propos de l’electro folk, il existe un courant qui tend à mélanger des éléments folks ou proches de certaines traditions avec des arrangements électroniques. On y décèle d’ailleurs, selon les cas, des rencontres possibles entre ambient, électronique, jazz, folk, classique, hip-hop et bien d’autres styles encore. La presse anglaise a donc tendance à baptiser ces mélanges sous le label folktronica. On se souviendra au passage de l’album Folktronic du groupe Momus en 2001. Le terme pourrait venir de là. Mais on l’a utilisé aussi pour définir la musique de Four Tet qui fait une musique electro relativement chaleureuse mais nullement folk ! Difficile dès lors de tomber d’accord. Pourquoi vouloir à tout prix garder une connotation folk dans le terme appliqué à ce genre, d’autant qu’on pourrait parler de ambient folk, lounge folk, chilly folk… selon les cas. Mais que reste-t-il de folk dans tout cela ? Parmi les nombreux artistes cités pour cette catégorie, j’ai relevé David Gray qui n’a sans doute jamais rien fait d’autre qu’une bonne chanson d’auteur-compositeur-interprète intelligent capable de souligner ses chansons par des accents rock ou folk selon les cas. On cite aussi Juana Molina, charmante chanteuse, fille d’un maître du tango argentin, qui, comme le dit Richard Robert dans les Inrocks, habille ses chansons acoustiques de petits effets que ne renierait pas un Robert Wyatt. De là à parler de folktronica ou de musique électronique tendance folk, il reste un pas que je ne vois pas l’intérêt de franchir. Citons encore pour ceux qui voudraient explorer cette catégorie : Cocorosie, Beta Band, Adem, Fridge, Caribou… ou encore, chose étonnante, le groupe écossais nettement plus folk Keltik Electrik. Comme quoi on place ce qu’on veut où l’on veut, ces tiroirs étant extensibles.
Free folk : parfois utilisé à la place d’avant folk pour désigner des musiques fusions qui expérimentent avec le son en utilisant des éléments des musiques folks et des expressions dites d’avant-garde (free music).
Indie trad folk : simple amalgame de trois mots pour essayer de faire passer par un entonnoir plus serré quelques musiques qui s’inspirent nettement des traditions d’un terroir précis et les remettent au goût du jour dans un canevas folk. N’en faisons surtout pas un fromage ! Encore que beaucoup de fromages sont indies, trad et folks, mais c’est une autre matière.
Laptop folk : voir folktronica et electro folk.
Neo folk : de toutes les appellations visitées, celle-ci est sans doute la plus utilisée. Elle serait née en fin de XXe siècle dans un monde musical post-industriel. Il semble que ce terme désigne d’abord un genre induit par des groupes de la dark music scene comme Current 93, Death in June et Sol Invictus. Le genre mêle instruments acoustiques avec une panoplie d’autres sons et instruments. Les thématiques n’ont rien en commun avec le folk lui-même. On y sent des relents de musique psychédélique, folk ou rock, mais aussi l’envie de traiter de sujets ésotériques ou sombres. C’est pourquoi le genre semble se décliner en plusieurs catégories parmi lesquelles on a déjà relevé le dark folk, le folk noir, l’apocalyptic folk, le pagan folk… On cite les martial music et military pop comme genres proches ! Ce qui ne donne guère envie d’approcher ! La catégorie s’avère très floue dès qu’on jette un œil et surtout une oreille vers les musiciens et groupes cités. Le fourre-tout hétéroclite est encore de mise. Scout Niblett fait plutôt un rock bon teint, capable d’envolées ravageuses, d’explosions incisives qui ne sont ni folk, ni neo folk, ni post folk. Pas plus que Pj Harvey comme le dit Lionel Charlier. Arab Strap est noir, voire déprimant, plus proche de Joy Division que de n’importe quelle musique folk. Ils font une musique remarquable, mais c’est une musique pop noire, sombre, tenace. Nick Castro par contre rejoint volontiers une catégorie folk, voire folk rock avec une tendance ballade que ne renierait pas un Bert Jansch. Le rapport entre ces trois exemples, sélectionnés parmi beaucoup d’autres, est inexistant si ce n’est par la qualité. Mais tous les artistes de qualité ne font pas partie du même mouvement !
Neo folk gothic : de plus en plus fort et de plus en plus précis ? Ou peut-être de plus en plus flou et surtout kitsch. En tout cas ceux qui utilisent cette appellation citent Dead Can Dance comme chef de file de ce style, ce qui est déjà moins rébarbatif que le terme lui-même. On cita aussi certains albums de Blood Axis. Les thèmes font encore volontiers référence aux mythes païens.
Neo pagan folk : parfois aussi neo celtic pagan folk, le tout pouvant être proche du metal folk, du dark folk, etc. C’est une catégorie dans une catégorie et ça permet sans doute à certains groupes d’essayer de se différencier dans la masse. Sans grand résultat, probablement parce que ces groupes qui s’attachent à développer mille références à des mondes qu’ils s’inventent ou se réinventent manquent souvent d’originalité. On parle par exemple du groupe Allerseelen. On rejoint d’autres catégories floues qui courent sur le marché et qui ont pour noms: heavenly music, ethereal gothic ou neo classical !
Neo psychedelic folk : quand un style existe, on lui ajoute le suffixe neo et tout change. Devinez qui est parfois cité sous cette appellation : Devendra Banhart !
Neo trad folk : ici on trouve en vrac des musiciens et groupes de tous horizons qui ont souvent tendance à jouer des musiques très proches du traditionnel, voire des pièces traditionnelles de leurs pays remises au goût du jour dans le respect des originaux. Ces musiciens sont la nouvelle génération du mouvement folk; ils font de la nouvelle musique traditionnelle; ils ajoutent aux répertoires anciens des compositions de leur cru dans l’esprit de ce qu’ils ont appris des anciens. On cite l’excellente Nathalie Merchant (qu’on pourrait citer en Americana, neo folk, neo country, roots music, folk, country folk...). On cite Espers, ce groupe très proche de ce que faisaient Pentangle, Trader Horne, Steeleye Span, etc. dans la génération précédente. On cite Lunasa ! C’est curieux parce que ce groupe fait partie des cohortes de jeunes Irlandais qui déferlent sur le monde avec une connaissance et une maîtrise invraisemblables des traditions de chez eux; on est tout à fait dans la suite du mouvement de folk revival des années 60 et 70. Citons encore en vrac : April Verch ou the Wailin’ Jennys… Le tiroir est encore un nouveau fourre-tout, sans plus.
Pagan folk : on l’a compris, on rejoint ici les catégories dark folk, folk noir, neo pagan folk, apocalyptic folk, etc. On trouve une fois de plus les noms de Blood Axis, Sol Invictus, Current 93, Death in June…
Progressive folk : autre catégorie extrêmement large et utilisée à tout-va. On y trouve l’inventif Sufjan Steven aux côtés de feu Nick Drake ! Certains vendeurs y balancent allègrement Emmylou Harris, Ry Cooder, Peter Rowan et autres noms de la musique américaine que l’on pourrait appeler aussi «progresssive country » ! Il existe un double CD compilation intitulé Progressive Folk. Les artistes présentés sont Lindisfarne, Fairport Convention, Pentangle, Steeleye Span, the Strawbs, Mostly Autumn, etc. Soit un maximum de groupes de l’époque du folk revival anglais. Il est probable en effet que le terme date de l’époque et qu’il servait à désigner la musique de ceux qui se détachaient du rock pop pour faire une musique plus acoustique ou plus folk rock (avec guitares électriques notamment) sans nécessairement puiser dans les répertoires issus de la tradition mais en favorisant une recherche artistique et des compositions nouvelles. Aujourd’hui, par contre, on utilise le terme progressive folk pour désigner tous ces groupes qui tentent mille expériences à partir de la tradition, du folk tel que transmis par la génération qui fit le revival, des apports du pop et du jazz, des instruments traditionnels et « exotiques », etc. Ils sont très nombreux à rentrer dans la catégorie. Il suffit de se pencher sur le foisonnement scandinave pour en trouver d’excellents : Hedningarna, Gjallarhorn, Den Fule, Filarfolket, Hoven Droven, Arbete & Fritid, Kebnekaise et beaucoup d’autres nous l’ont prouvé. Chaque pays a ses musiciens de progressive folk. On peut sans doute dire que Gilles Chabenat et Jean-François Vrod font du progressive folk en France et on arriverait facilement à aligner des dizaines de noms simplement pour la facilité de les pousser dans un tiroir.
Turbo folk : ne vous laissez pas impressionner par ce terme qui désigne une musique serbe de mauvais goût, aux accents nationalistes, aux ramifications militaro-mafieuses, qui mélange les airs traditionnels, les compositions à l’ancienne et des apports technos venus de la scène occidentale. Le tout dans un étalage de vulgarité assurée à coups de fortes poitrines et minijupes. Un « régal » dont la plus grande chanteuse a été Ceca, l’épouse du tristement célèbre Arkan. Nous nous en tiendrons là.
Urban folk : s’il est probable que le mouvement folk se soit tourné vers les campagnes (tout comme le romantisme) pour alimenter sa soif de découvertes et de compréhensions des répertories traditionnels condamnés à l’oubli, il est certain que nombre de protagonistes de ce mouvement venaient des villes. Ils y sont donc retournés chargés de bagages sortis de leurs contextes respectifs. Ils ont trié ces bagages; ils en ont retenu des instruments, des airs, des façons d’écrire et de composer, des manières de chanter, des textes de chansons et ballades toujours d’actualité ou toujours intéressants à chanter. Ils ont alors, sur base de ce matériel, créé leur expression citadine, une chanson, une musique, plus urbaine, plus impliquée dans la vie et le monde industriel que dans une ruralité qui ne colle plus à leur actualité et à l’urgence de leurs propos. Le folk urbain est né comme est née la chanson des villes, celle qui se chante sur les ponts et les places et dont on vendait paroles et partitions sur des feuilles volantes pour que chacun puisse à son tour reprendre mélodie et paroles. Aujourd’hui, dans le monde anglo-saxon, cette chanson combine des éléments venus de cette chanson folk de rue ou de pub avec un esprit post-punk. On peut sans conteste citer des artistes comme Billy Bragg, PeteMorton, Dick Gaughan, sans doute encore [b]Ani di Franco et Michelle Shocked, l’Irlandais Damien Dempsey, le Canadien Bruce Cockburn et tant d’autres.
Weird folk : et un petit dernier souvent cité pour définir la musique de… Devendra Banhart ! Mais aussi Cocorosie, Animal Collective, Joanna Newson… Cette dernière est étonnante, elle fait de la musique que l’on pourrait qualifier de psych folk, neo folk, neo chanson folk…; on sent comme des relents de Robin Williamson et Incredible String Band ou encore de l’étonnant Dr. Strangely Strange. Par contre, à écouter Animal Collective, on se sent plutôt dans une pop crépusculaire, sorte de Beatles du XXIe siècle, une pop éclatée, pleine d’ouvertures et de clins d’œil. En ce sens, on y retrouve aussi la folie d’un Donovan. Cocorosie est plus un folk bricolé, un peu paresseux, teinté de classic blues (Bessie Smith, Billie Holiday) mais loin d’être aussi habité que la musique des sœurs McGarrigle. Alors weird folk, folk mystérieux, étrange, surnaturel… ou n’importe quoi pour le plaisir ?