Isaac Bashevis Singer
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Conteur hors pair, Isaac Bashevis Singer
fut l'ultime représentant de la culture yiddish.
Convoquant dibbouks et rabbins,
ses romans et nouvelles conservent les traces
d'une tradition orale d'une immense richesse.
Parmi ses thèmes de prédilection, l’expérience de l’exil,
comme on le voit dans Ennemies ou Keila la rouge.
Peu avant de recevoir le prix Nobel de littérature,
au mois d'octobre 1978, Isaac Bashevis Singer déclarait :
« Je suis presque le dernier écrivain yiddish... »
En couronnant Singer, l'Académie suédoise
a voulu non seulement attirer l'attention
sur une littérature minoritaire,
comme ce fut le cas pour l'Islandais Halldor Laxness
ou l'Israélien Agnon,
mais bien plus encore rendre un hommage en forme d'adieu
à une langue et à une culture qui meurent doucement,
victimes tout à la fois de la Shoah
et du dynamisme de l'État d'Israël,
qui a choisi l'hébreu comme ciment de son unité.
Tout en étant profondément original, Isaac Bashevis Singer
se rattache à cette prestigieuse lignée des conteurs juifs,
pour qui raconter des histoires est une passion,
et dont l'humour se perpétue chez des écrivains
ou des artistes aussi différents que Philip Roth
ou Woody Allen aux États-Unis, Patrick Modiano
ou Jacques Lanzmann en France.
Isaac Bashevis Singer est né le 14 juillet 1904 à Leoncin.
Sa famille se transfère ensuite à Radzymin.
Son père et son grand-père étaient rabbins,
et lui-même était destiné à suivre leur exemple.
Âgé de quatre ans, il déménage avec sa famille pour Varsovie,
où son père devient le président d'un beth din,
tribunal rabbinique qu'il décrira plus tard
dans l'une de ses nouvelles comme
« une sorte de tribunal qui serait à la fois prétoire,
synagogue, salle d'étude et bureau de psychanalyste ».
Tout en étudiant la Torah, il découvre dès l'âge
de douze ans les traductions yiddish de Tolstoï, Dostoïevski,
Maupassant, Flaubert,
qui exerceront sur lui une influence profonde et durable.