La Sacem ouvre ses immenses archives
Eric Bureau| 12 juin 2018
La Sacem met notamment à disposition l’examen d’entrée de Georges Brassens, en 1942. Fonds Sacem
La société a mis gratuitement en ligne ses archives ce mardi matin. Soit 167 ans de trésors, de la partition de «l’Internationale» à l’examen d’entrée de Brassens.
Trente-trois millions de documents, dont 700 000 partitions — la plus grande collection d’Europe —, appartenant à 166 000 artistes sociétaires, dont 20 000 étrangers, rangés sur 30 km de rayonnages. Quand en 2013, élu président de la Sacem, Jean-Noël Tronc a visité dans le centre de la France le lieu secret de stockage des archives de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem), il en est revenu avec des dizaines de photos et une certitude : il faut montrer ce trésor au plus grand nombre.
Cinq ans de travail plus tard, le musée de la Sacem ouvre ce mardi matin… sur Internet. Cet établissement virtuel accessible gratuitement à partir de 8 heures sur son site propose 3 162 archives inédites, classées par date, par créateur… « Le musée grossira chaque jour, à raison de 1 000 à 3 000 nouvelles archives numérisées par an », précise Claire Giraudin, responsable du musée et du département pédagogie et développement de la Sacem.
Des documents exclusifs dévoilés
Si vous aimez Brassens, vous trouverez entre autres son examen d’entrée, une chanson écrite sur le thème imposé « les Etrennes de mon amie », le 19 janvier 1942. La Sacem dévoile aussi ceux de Gainsbourg, Barbara, Piaf, Bashung…
Dans ce courrier, Edith Piaf demande à repasser son examen./Fonds Sacem
« Il y a eu un examen d’entrée à la Sacem jusqu’à l’arrivée dans les années 1990 des DJ et créateurs de musique électronique, qui n’écrivent pas forcément la musique, précise la responsable du musée. Ce sont des documents souvent émouvants, comme les autorisations parentales de Michel Berger ou Yves Duteil, qui sont entrés à la Sacem avant leur majorité. »
Si les photos d’époque de Jacques Offenbach, Daniel Balavoine ou Line Renaud font sourire, les bulletins de déclaration des chansons des artistes à la Sacem sont aussi parfois des documents historiques. Comme « l’Internationale », en 1926, ou « Laura », écrite soixante ans plus tard par Jean-Jacques Goldman pour Johnny Hallyday, et dont on voit le manuscrit.
Photo d’identité de Line Renaud./Fonds Sacem
Coups de projecteurs
Gageons qu’un jour, les archives du sociétaire Jean-Philippe Smet, alias Johnny Hallyday, seront épluchées par les fans et les historiens. Comme ce télégramme envoyé à la Sacem en 1887 par Giuseppe Verdi faisant jouer son droit moral et interdisant qu’on tronçonne son « Otello » dans un autre opéra.
La Sacem propose aussi des expositions thématiques, sur l’histoire de la maison, l’évolution du son, la place des femmes dans la création musicale — elles sont seulement 17 % à la Sacem — ou les chansons et contes pour enfants.
Le musée en ligne se décline en plusieurs dossiers./Sacem
Et l’actualité est matière à de nouveaux coups de projecteurs, sur Mai 1968, sur les musiques électroniques fin 2018… « Il y en aura huit à dix chaque année, promet Claire Giraudin. En espérant qu’elles donnent envie à des partenaires financiers de nous rejoindre et fassent un jour l’objet d’un vrai musée. »
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