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Jean - Louis Pradel 1946 - 2013L'historien et critique d'art Jean-Louis Pradel est mort le 18 octobre à Paris, à l'âge de 67 ans.
Né le 16 octobre 1946 à Estaing (Aveyron), il était devenu, après des études de philosophie et d'histoire de l'art, un pilier de la scène artistique française, qu'il côtoyait avec une élégance rarissime - celle du coeur -, et s'efforçait tant à défricher qu'à faire découvrir et partager.
Par l'enseignement tout d'abord : il fut professeur à l'Ecole normale supérieure de Cachan de 1973 à 1976, et aux Beaux-Arts de Quimper, n'hésitant pas à entasser ses étudiants dans une vieille voiture pour les emmener de Bretagne jusqu'au fin fond de l'Allemagne pour leur faire découvrir la Documenta de Cassel.
A l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs de Paris de 1976 à 2012, où il les entraînait à la Biennale de Venise, présentant une exposition organisée avec l'école lors de la biennale d'architecture de 2010.
Il y animait également l'Atelier de rencontre qui invite, chaque semaine, celles et ceux qui font l'actualité culturelle.
Son dernier ouvrage (il en a écrit une vingtaine) publié en mars 2013 (avec Maud Benayoun) témoigne de ces trente ans de création : Les Ateliers de rencontre de l'Ensad 1978-2008 (éditions Archibooks, 416 pages, 20,90 euros).
Création qu'il accompagna aussi en organisant des expositions : il fut notamment chargé de la Biennale de Sydney en 1984, de la préparation de l'Année du Maroc 1998-1999 et de l'Année de l'Algérie en France 2002-2003, mais aussi commissaire en 1977, avec Gérald Gassiot-Talabot, de l'exposition " Mythologies quotidiennes 2 ", au Musée d'art moderne de la Ville de Paris, lieu où il montra également Robert Malaval en 1981.
Si l'on ajoute qu'il contribua à la redécouverte de Julio Le Parc et aida Yann Kersalé à montrer son travail hors de France, et jusqu'au Japon, on aura une idée de l'éventail de sa curiosité. De la figuration narrative dont il fut à la fois le témoin, le compagnon de route et l'historien, lui consacrant plusieurs ouvrages, à l'abstraction géométrique et au lumino-cinétisme.
Il fut aussi critique d'art, dans divers grands titres, de La Quinzaine littéraire à Politique Hebdo, du Quotidien de Paris à Télérama et L'Evénement du jeudi , sans oublier les revues spécialisées comme Connaissance des arts , Beaux-Arts magazine , et Opus international , dont il assura la direction éditoriale de 1974 à 1984, avant un passage à l'inspection du ministère de la culture.
Les téléspectateurs se souviendront peut-être d'avoir vu sa belle tête et entendu sa voix chaude commenter l'actualité artistique, avec tendresse, passion et humour, sur France 2 au " Cercle de minuit ", de 1992 à 1999, puis dans " Des mots de minuit " jusqu'en 2003.
Ses funérailles ont eu lieu au moment précis où s'ouvrait le vernissage de la FIAC.
Ses élèves, les artistes - mais aussi l'ancien ministre de la culture Jean-Jacques Aillagon, qui a salué " son discernement, sa finesse, sa passion " - ont préféré dédaigner cette dernière pour venir rendre hommage à celui qui fut aussi leur ami. On ne pouvait imaginer plus beau salut.
Ha. B./ Le Monde
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