Les fameux Petits Chanteurs à la Croix de Bois n’en finissent pas de faire parler d’eux. Ainsi, en début de semaine, l’inspection du travail a décidé de leur imposer, lors de leurs tournées, deux jours de relâche hebdomadaire au lieu d’un. Cette décision menace la survie de ce chœur de jeunes garçons, explique le délégué général de la manécanterie, Marc Ladefroux.
Cette institution bientôt centenaire est aujourd’hui connue dans le monde entier. C’est pourquoi elle est le porte-voix de la Fédération des Pueri Cantores, qui réunit des centaines de manécanteries un peu partout sur la planète.
Ce succès n’a pas échappé aux autorités françaises, rassurez-vous. Déjà, en 2009, l’État avait considéré les nombreux concerts de l’association (environ 130 par an) comme du temps de travail impliquant rémunération : 80 % du SMIC.
Mais l’administration fait une erreur en considérant les Petits Chanteurs à la Croix de Bois comme une simple entreprise de spectacles. Il oublie que cette manécanterie, et des centaines d’autres comme elle, ont pour but premier d’apporter aux jeunes enfants une triple formation : musicale, humaine et spirituelle. Faut-il rappeler la devise du Petit Chanteur :
« Ce que tes lèvres chantent, crois-le dans ton cœur. Ce que tu crois dans ton cœur, prouve le par tes actes. »
Cette décision est d’autant plus absurde que l’éducation par la musique rencontre un véritable succès, si l’on en croit les 830 « classes orchestres » dans les écoles et collèges publics. Seront-elles, elles aussi, menacées ?
Malgré les nombreux problèmes de recrutement et de financement, les manécanteries proposent, partout en France, une aventure humaine inoubliable et une véritable éducation musicale tournée vers les autres.
Si l’éducation par la musique devient une entreprise de spectacle, qu’en est-il de l’éducation par la géographie et les mathématiques ? Faudra-t-il, un jour, dans la même logique, rémunérer les élèves ?
L’été 2014, la Fédération internationale des Pueri Cantores se réunira pour son congrès à Paris. À cette occasion, plus de 5.000 choristes du monde entier sont attendus. En espérant, bien sûr, que Manuel Valls n’obéira pas aux consignes de l’inspection du travail et n’arrêtera pas tous ces dangereux travailleurs clandestins.
http://www.bvoltaire.fr/nicolasorliac/qui-veut-faire-taire-les-petits-chanteurs-a-la-croix-de-bois,22313