Leurs pieds nus sont chaussés de sandales delphiques, Ils lèvent vers le ciel des fronts scientifiques. Apollinaire [à propos des Stein], octobre 1907
D’origine américaine, les Stein s’installent à Paris au début du XXe siècle : Gertrude, écrivain d’avant-garde, avec son frère Léo, rue de Fleurus ; Michael, l’aîné, avec son épouse Sarah, rue Madame. Premiers acheteurs de Matisse et de Picasso, ils accueillent chez eux toute l’avant-garde artistique et constituent ainsi une des plus étonnantes collections d’art moderne.
L’exposition revient sur l’histoire de cette famille hors norme. Elle éclaire l’importance de son patronage pour les artistes et montre comment elle a contribué à imposer une nouvelle norme en matière de goût dans l’art moderne, à travers : le regard de Léo sur les sources de la modernité, ainsi que ses échanges avec les intellectuels de l’époque ; l’amitié de Gertrude avec Picasso ; son écriture poétique et le cubisme ; les liens de Sarah avec Matisse ; les collaborations entre Gertrude et les artistes dans les années 20 et 30…
Cette importante manifestation réunit un ensemble exceptionnel d’œuvres des différentes collections des Stein : Renoir, Cézanne, Picasso, Matisse, Manguin, Bonnard, Vallotton, Laurencin, Gris, Masson, Picabia…. Le parcours articulé en huit sections permet d’apporter un éclairage sur chacun des membres de la famille : Leo, Sarah et Michael et enfin, Gertrude.
I - The Big Four : Manet, Renoir, Degas, Cézanne, piliers de l’art moderne
Scène de bal (Bal à l’opéra) , Édouard Manet, 1873 (Private Collection, courtesy of Pyms Gallery, London
Léo Stein, jeune américain fasciné par l’art européen, s’installe à Paris en 1902 et construit son regard à travers des échanges avec des théoriciens et des historiens de l’art tels que Berenson et les expositions du Paris du début du siècle - éducation du regard qui le guidera pour construire sa propre collection selon une esthétique spécifique : Manet, Degas, Renoir et Cézanne constituent le socle fondateur de l’art moderne.
II - La tradition classique à l’épreuve de la modernité
Léo, rejoint par sa sœur Gertrude puis par son frère Michael et son épouse Sarah, est à l’origine de leurs premières acquisitions qui ressortent d’un goût pour une modernité classique dans la lignée de Manet et de la grande peinture italienne : Manguin, Vallotton, Maurice Denis, les Picasso de la période bleue et rose. Il rassemble un ensemble étonnant autour du thème classique du nu allongé – parmi lesquels le chef d’œuvre de Matisse le Nu bleu, souvenir de Biskra – autant de réminiscences pour Leo du schéma prégnant de la Vénus d’Urbin revisité par l’Olympia de Manet.
III - La révélation « fauve », salon d’Automne 1905
Léo achète La Femme au chapeau, toile de Matisse qui a fait scandale au Salon d’Automne de 1905. Une acquisition emblématique de l’audace de la collection Stein, placée sous le signe de l’avant-garde.
Michael et Sarah Stein habitent avec leur fils Allan au 58 de la rue Madame tandis que Gertrude et Leo sont installés au 27 rue de Fleurus. Ces deux lieux deviennent des salons prisés du Tout-Paris artistique : étrangers de passage, intellectuels et artistes parisiens s’y pressent afin de voir surtout les œuvres des deux champions de la collection – Matisse et Picasso.
Braque, Apollinaire, Picabia, Duchamp, Man Ray, Gris, Laurencin, Masson, mais aussi les écrivains américains, Hemingway, Sherwood Anderson, Fitzgerald… s’y croisent et y découvrent La Joie de vivre et le Nu bleu de Biskra de Matisse, Le Garçon au cheval et Les Trois Femmes de Picasso, le Portrait de Madame Cézanne de Cézanne et les tableaux de Renoir ou de Gauguin.
V - Matisse
Une collection sensible et complète. Sarah et Michael Stein se lient à Matisse et seront les premiers grands défenseurs de son art. Ils réunissent avant guerre une collection exceptionnelle. Sarah le convainc d’ouvrir une académie où elle suit les cours du maître aux côtés de nombreux artistes étrangers. Elle soutient Matisse dans sa volonté d’expliciter son art à travers écrits et enseignement. En 1914, les Stein acceptent de prêter dix-neuf de leurs plus belles toiles à Berlin pour une exposition dans la galerie de Fritz Gurlitt. La guerre bloquera leurs œuvres en Allemagne, qui ne seront jamais récupérées. Ils s’installent en 1928 dans une villa qu’ils font construire par Le Corbusier, à Garches, jusqu’en 1935 alors qu’ils décident de rejoindre les Etats-Unis face à la montée des périls fascistes.
VI - Gertrude Stein et Picasso
le Garçon conduisant un Cheval - Picasso 1905
Gertrude Stein, dont Picasso se propose de faire le portrait en 1906, se découvre une véritable amitié avec le peintre. C’est à ce moment-là qu’elle commence l’écriture de son ouvrage monumental The Making of Americans, profondément marquée par la peinture de Cézanne, notamment le Portrait de Femme acheté chez Vollard, et les échanges avec Picasso. Préoccupés tous deux par la question du réalisme et de l’objet, chacun élabore une écriture relativement hermétique – l’une, littéraire, fondée sur la répétition, et l’autre, picturale, sur la décomposition des volumes.
Ainsi, Gertrude et son frère accompagnent Picasso pendant l’aventure de la genèse des Demoiselles d’Avignon, acquérant un carnet d’études exceptionnel et le grand tableau, Nu à la serviette (1907). Lorsque le frère et la sœur se séparent en 1913, Gertrude continue d’acheter des toiles cubistes de Picasso.
VII - Années 1920 – 1930 : le Post-Cubisme et les Néo-Romantiques
Après la guerre, les artistes que les Stein ont soutenus sont devenus très célèbres, et leurs cotes, inaccessibles. Gertrude Stein, proche de Kahnweiler, soutient toutefois dans les années 1920 la production « post-cubiste » de Gris, Braque, Masson… Alors que Léo s’est installé en Italie, Michael et Sarah sont rentrés à San Francisco, Gertrude partage son temps entre Paris et sa maison dans l’Ain, à Bilignin ; elle défend un groupe de jeunes peintres, les Néo-humanistes, Francis Rose, Bérard, Tchelitchew, mais aussi la production tardive de Picabia, les « Transparents » et les peintures hyperréalistes.
Elle disparaît en 1946 non sans avoir assisté à l’émergence d’une nouvelle abstraction informelle, avec les toutes premières œuvres d’Atlan.
VIII - Gertrude Stein, Portraits et Hommages
Gertrude Stein (au premier plan) et son amie Alice Toklas, photographiées par Cecil Beaton. COURTESY OF THE CECIL BEATON STUDIO ARCHIVE AT SOTHEBY’S
Depuis son engagement auprès de la Croix rouge américaine avec sa compagne Alice Toklas pendant la guerre, elle est devenue une figure populaire, célébrité qui ne fait que croître avec la publication en 1933 de L’Autobiographie d’Alice Toklas. Ses portraits (Vallotton, Cecil Beaton, Man Ray, Jo Davidson, Jacques Lipchitz, Dora Maar, Marcoussis, Picabia, Rose, Tchelitchew, Nadelman…) sont nombreux et contribuent à la construction d’un mythe. [/justify]
Commissaire : Cécile Debray, conservateur, Musée national d’art moderne - Centre Georges Pompidou, Paris
Nombre de messages : 19569 Age : 50 Localisation : dans la galaxie Date d'inscription : 02/05/2008
Sujet: Re: MATISSE, CEZANNE, PICASSO L'AVENTURE DES STEIN Dim 1 Mar - 8:27
Paul Cézanne (1839 - 1906)
Dans le paysage saturé de lumière de sa Provence natale, Cézanne respirait la virginité du monde.
Cézanne, Les Grandes Baigneuses• Crédits : Universal History Archive - Getty
On l’appelait le "Maître d'Aix". Né en 1839, Cézanne y meurt à l’âge de 67 ans. Depuis son atelier dit "des Lauves", loin de la violente déflagration de la lumière, des êtres et des choses, l’artiste aura toute sa vie livré bataille pour faire surgir une nouvelle manière de regarder : entre visible et invisible, couleur et forme, sensibilité et intelligence. A travers ses portraits et ses paysages, ses Grandes baigneuses, ses vues de l'Estaque ou sa célèbre montagne Sainte-Victoire, c’est toute la composition du monde qui apparaît.
Cézanne, Baie de Marseille, vue de l'Estaque• Crédits : Universal History Archive - Getty
Parmi les pins et les rochers, parfois en compagnie d’Emile Zola, son jeune camarade de lycée, Cézanne découvre l’ivresse des choses sans borne. L’artiste ne cessera ensuite de reconstruire dans sa peinture ce qu’il appelait les "sensations colorantes" de la nature.
Citation :
La seule maîtresse qui compte, c'est la nature. Paul Cézanne
Cézanne, Autoportrait à la palette• Crédits : Dea / E. Lessing - Getty
Souvent dépeint comme un solitaire, misanthrope et insatisfait, Cézanne avait en réalité fait vœu de peinture, pleinement conscient de la haute mission qu’il s’était assignée : "Je vous dois la vérité en peinture et je vous la dirai".
Citation :
La peinture est une méditation le pinceau à la main. Paul Cézanne
Hortense Fiquet par Paul Cézanne, Madame Cézanne dans un fauteuil rouge• Crédits : Dea Picture Library - Getty
Refusée par les Salons, la peinture de Cézanne mit du temps avant d’être regardée pour ce qu’elle était : une lutte pour "tenir son motif". A l’image de la montagne Sainte Victoire, cette colossale vague de pierre toujours recommencée, elle ne reproduit pas le visible mais tente de restituer le choc de sa manifestation.
La Montagne Sainte-Victoire et Château Noir• Crédits : Art - Getty
Citation :
Cézanne est en rapport avec le retour aux arts sauvages - aux arts qu'on disait à l'époque "primitifs" - où l'on cherchait un contact physique instinctif, à se ressourcer aux forces vives de la nature.Jacques Darriulat
Ce sont les poètes et les écrivains, comme Rilke ou D.H.Lawrence, qui ont éprouvé les premiers l’absolue nouveauté de l'oeuvre de Cézanne. Dans leur sillage, des philosophes comme Merleau-Ponty en ont tiré de pénétrantes leçons : "l’impression d’un ordre naissant, d’un objet en train d’apparaître, en train de s’agglomérer sous nos yeux". Cézanne savait qu’il resterait "le primitif" de la voie qu’il avait découverte. Un Cézanne toujours à l’état naissant.
Cézanne, La Femme a la Cafetière• Crédits : Print Collector - Getty
Citation :
Ce tableau a été pour moi une révélation. Vincent Bioulès
Remerciements à : Alain Paire, libraire galeriste à Aix-en-Provence Lia Lapithi, artiste plasticienne
FRANCE CULTURE
liliane Admin
Nombre de messages : 19569 Age : 50 Localisation : dans la galaxie Date d'inscription : 02/05/2008
Sujet: Re: MATISSE, CEZANNE, PICASSO L'AVENTURE DES STEIN Sam 7 Mar - 7:45
Nine Admin
Nombre de messages : 12721 Date d'inscription : 03/05/2008
Sujet: Re: MATISSE, CEZANNE, PICASSO L'AVENTURE DES STEIN Sam 7 Mar - 14:07
MERCI M. BERGER qui avait une superbe maison en Provence le décor de CEZANNE en face et sous ses yeux !!! Les grandes œuvres de Cézanne sont exposées à Paris. Il a eu une passion dans sa vie : la montagne Sainte-Victoire, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).
voilà ce qu'il en a fait son coeur s'est arreté dans ce décor Cezanne avait fini son beau tableau dommage !! et il est entré dans les couleurs les odeurs de la Garrigue bercé par le son des cigales ou des grillons. ils ont du s'arrêter de chanter un bon moment dans ce coin.
Silence les grillons Sur les branches immobiles Les arbres font des rayons Et des ombres subtiles Silence dans la maison Silence sur la colline Ces parfums qu'on devine C'est l'odeur de saison Mais voilà l'homme Sous son chapeau de paille Des taches plein sa blouse Et sa barbe en bataille Cézanne peint Il laisse s'accomplir la magie de ses mains Cézanne peint Et il éclaire le monde pour nos yeux qui n'voient rien Si le bonheur existe C'est une épreuve d'artiste Cézanne le sait bien Vibre la lumière Chantez les couleurs Il y met sa vie Le bruit de son cœur Et comme un bateau Porté par sa voile Doucement le pinceau Glisse sur la toile Et voilà l'homme Qui croise avec ses yeux Le temps d'un éclair Le regard des dieux Cézanne peint Il laisse s'accomplir le prodige de ses mains Cézanne peint Et il éclaire le monde pour nos yeux qui n'voient rien Si le bonheur existe C'est une épreuve d'artiste Cézanne le sait bien Quand Cézanne peint Cézanne peint Source : LyricFind Paroliers : Michel Berger Paroles de Cezanne Peint
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Sujet: Re: MATISSE, CEZANNE, PICASSO L'AVENTURE DES STEIN