Nombre de messages : 19569 Age : 50 Localisation : dans la galaxie Date d'inscription : 02/05/2008
Sujet: JOURNEE DE LA FEMME Mer 10 Mar - 13:57
Meftah est une petite ville à une cinquantaine de kilomètres d’Alger. Nous sommes en 1994. L’Algérie, au plus fort de la terreur islamiste, était à feu et à sang. L’Etat était au bord de l’effondrement. La révolution khomeiniste était sur le point de se reproduire par la terreur au sud de la méditerranée, alors que l’Occident, faisant le jeu de l’internationale islamiste, permettait aux « réseaux de soutien au maquis algérien » de se former sur son sol pendant que le régime militaire d’Alger était en quête d’un compromis avec le GIA, laissant les démocrates, la presse indépendante, les femmes, les travailleurs… seuls face à la bête immonde avec pour seule arme, leur courage et leur ferme détermination, scandée à maintes reprises dans les rues d’Alger, de Tizi-Ouzou et d’autres villes d’Algérie, qu’était ce slogan : « Ni Téhéran, ni Khartoum, Ni Kaboul, l’Algérie sera libre et démocratique ».
Bien que les cibles intégristes les plus en vue étaient d’abord les services de sécurités, les jeunes appelés de l’armée, tous issus des couches populaires, les journalistes, les sommités intellectuelles, les militants démocrates… la femme aura été celle qui, bien avant le début officiel de leur « guerre sainte » en 1992, a subi de plein fouet la barbarie du fascisme vert. En l’absence de statistiques, politique officielle oblige, on parle de plusieurs milliers de femmes assassinées, autant d’autres violées collectivement dont beaucoup étaient devenues mères de plusieurs enfants nés de pères impossibles à déterminer et ayant grandis dans les maquis, loin du moindre contact avec la civilisation, des centaines d’autres femmes étaient réduites à l’état d’esclavage dans les casemates où elles étaient détenues…
Aussi, 1994 aura été l’année qui avait vu la stratégie intégriste se transformer pour en faire des carnages collectifs et des rapts de jeunes filles et des femmes en général le quotidien de populations entières notamment celles qui vivent loin des grands centres urbains. Dans ce sillage, les femmes sans voile (pas seulement) étaient harcelées et menacées en permanence dans leur intégrité physique. Beaucoup se rappellent encore ce jour de 1994, lorsque Alger (et d’autres villes) découvrit ses murs et ses boulevards totalement placardés par des affiches portant la signature du GIA et sommant toutes les femmes de se mettre au voile sous huitaine. Passé ce délai, toute femme sans voile sera exécutée à la première occasion. Beaucoup, se sentant seules et démunies, s’étaient résignées à le porter. D’autres, plus tenaces, continuaient à vaquer, cheveux en l’air, bravant la menace islamiste bien réelle et livrant aux « hommes », souvent circonspects, une leçon de bravoure et de détermination bien rare.
L’une d’elles, s’appelait Katia Bengana, à peine 17 ans, brillante lycéenne à Meftah, une petite ville dans la Mitidja qui était alors surnommée par les hordes islamistes « les territoires libérés » en raison de la quasi absence de l’Etat dans cette région où le GIA régnait en maître absolu. C’est dans ce contexte de terreur où pratiquement toute la gente masculine courbait l’échine pour sauver sa peau, que la jeune Katia reçoit plusieurs avertissements sous forme de menaces afin de la contraindre à se voiler. Elle refusait d’obtempérer affichant une détermination insupportable pour les barbus et qui avait impressionné ses professeurs, ses camarades et une population subissant au quotidien le cauchemar de l’obscurantisme religieux. Elle voulait être libre, elle voulait être digne, elle voulait être femme. Elle fut froidement et lâchement assassinée par une meute de barbus sur le chemin de son lycée le 28 février 1994. Depuis, Katia, accédant à l’immortalité, est devenue un symbole de résistance et d’épanouissement pour toutes les femmes et tous les hommes épris de démocratie et de liberté.
Après tant d’années, Katia est toujours là, quelque part autour de nous, mais ses parents, résignés dans leur dignité, sont inconsolables. Son père, décide de sortir de son silence, adresse une lettre émouvante à sa fille. Lisez-la et célébrez partout Katia Bengana, cette jeune fille intelligente qui a tenu tête à des hordes intégristes armées jusqu’aux dents, pour que son sacrifice ne soit jamais vain.
Citation: Lettre d’un père a sa fille assassinée pour avoir refuse de porter le voile [1]
Le 28 février 1994 - le 28 février 2010, voilà déjà 16 ans depuis ton assassinat par l’intégrisme religieux pour avoir refusé de porter le voile... Et depuis cette date, ta mère n’a pas cessé de te pleurer chaque jour que Dieu fait. Aujourd’hui ma chère Katia, je tiens à t’annoncer que ta mère est venue te rejoindre pour de bon dans sa dernière demeure en cette date du 23.01.2008 vers 23 heures environ.
Prends soin de ta mère, ma chère Katia. Fasse Dieu qu’elle ne manque de rien avec toi. Rassure-la que de notre côté tout va bien, et qu’elle n’a pas à se faire de soucis surtout pour Celia, la dernière de la famille. Car ici-bas, tu lui as beaucoup manquée Katia. Elle a manqué de tout à cause de cette politique favorable à l’intégrisme religieux de la part de ceux qui sont censés nous protéger et nous rendre justice. Ta perte cruelle, son chagrin, son désespoir, ses souffrances, ton deuxième assassinat à travers cette réconciliation nationale ont fait que ta mère et moi-même n’avons pas pu tenir le coup. La non-prise en charge de notre situation dramatique par l’Etat, les difficultés matérielles et sociales suite à ta disparition ont fait que ta mère n’a pas pu résister à sa maladie qui n’a pas été prise en charge afin de la sauver d’une mort prématurée par manque de moyens et de désespoir.
Aussi, j’accuse le pouvoir algérien de nous avoir abandonnés à notre sort. J’accuse ceux qui ont relâché et pardonné à ces sanguinaires aux mains tachées de sang. J’accuse le pouvoir algérien pour ses sympathies avec les bourreaux de nos parents. J’accuse cette réconciliation pour la paix qui a glorifié et amnistié ces monstres assassins de plus de deux cent mille civils innocents et autres corporations confondues. J’accuse tous ceux qui ont voté pour ce référendum de la honte. J’accuse cette réconciliation qui a consacré l’impunité et qui a ignoré la justice. J’accuse tous ceux qui ont été indifférents à notre douleur. J’accuse tous ceux qui ont été favorables à cette mascarade de vente concomitante d’êtres humains, de civils et autres pour simplement plaire aux maîtres et par la même occasion obtenir quelques miettes en contrepartie de leur soumission et servitude. J’accuse cette réconciliation qui nous a assassinés une deuxième fois à travers cette idéologie arabo-baâthiste pour faire de nous des Arabes par la force et malgré nous. J’accuse tous ceux qui instrumentalisent la religion pour se maintenir au pouvoir en sacrifiant des civils et autres. J’accuse tous ceux qui utilisent la religion pour y accéder en assassinant des innocents. J’accuse tous ceux qui utilisent la religion pour nous détourner de nos racines, de nos coutumes, de nos traditions et de notre langue historique et ancestrale (...)
M. Bengana (Père de Katia âgée de 17 ans, lycéenne assassinée à Meftah le 28 février 1994 pour avoir refusé de porter le voile)
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Sujet: Re: JOURNEE DE LA FEMME Dim 14 Mar - 13:05
LA FEMME EST L'AVENIR DE L'HOMME
Le poète a toujours raison Qui voit plus haut que l'horizon Et le futur est son royaume Face à notre génération Je déclare avec Aragon La femme est l'avenir de l'homme
Entre l'ancien et le nouveau Votre lutte à tous les niveaux De la nôtre est indivisible Dans les hommes qui font les lois Si les uns chantent par ma voix D'autres décrètent par la bible
Le poète a toujours raison Qui détruit l'ancienne oraison L'image d'Eve et de la pomme Face aux vieilles malédictions Je déclare avec Aragon La femme est l'avenir de l'homme
Pour accoucher sans la souffrance Pour le contrôle des naissances Il a fallu des millénaires Si nous sortons du moyen âge Vos siècles d'infini servage Pèsent encore lourd sur la terre
Le poète a toujours raison Qui annonce la floraison D'autres amours en son royaume Remet à l'endroit la chanson Et déclare avec Aragon La femme est l'avenir de l'homme
Il faudra réapprendre à vivre Ensemble écrire un nouveau livre Redécouvrir tous les possibles Chaque chose enfin partagée Tout dans le couple va changer D'une manière irréversible
Le poète a toujours raison Qui voit plus haut que l'horizon Et le futur est son royaume Face aux autres générations Je déclare avec Aragon La femme est l'avenir de l'homme
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Sujet: Re: JOURNEE DE LA FEMME Dim 14 Mar - 13:23
LE MONDE EST FEMME
Chasseriau la Reine Esther
Paroles: Pierre Delanoé. Musique: François Bernheim
1999 "Les Adieux Différés" 1999 Éditions Art Music
Le monde est femme femme Jusqu'au bout de l'âme Même les droits de l'homme le proclament On ne pourra jamais changer le programme Le monde est femme sur toute la gamme
Le monde est femme femme Jusqu'au bout de l'âme Napoléon César ou Abraham Pourraient vous en parler Vous en faire un drame Le monde est femme sur toute la gamme
Salomé, Cléopâtre et Messaline Sans parler de la reine de Saba Frénégonde et Clotilde et la grande Catherine Elles ont régné sur les rois
Le monde est femme femme Jusqu'au bout de l'âme Dans le palais ou sur le macadam Que ce soit sous les armes ou bien dans le charme Le monde est femme sur toute la gamme
C'est la seule dictature contre laquelle Aucun homme n'a jamais rien pu faire Elle est parfois cruelle, oui mais éternelle Pas la peine de partir en guerre
Le monde est femme femme Jusqu'au bout de l'âme Même les droits de l'homme le proclament Ce monde il est aux ordres des grandes dames Et même des filles du port d'Amsterdam
Nine Admin
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Sujet: Re: JOURNEE DE LA FEMME Lun 15 Mar - 18:24
Pour écrire du doigt. par Pierre Alix
Tamara de Lempicka
Pour écrire du doigt sur le sein d'une femme Il faut se dire que l'on n'écrit pas sur du papier glacé Que la peau ne supporte pas les griffures et les bavures du stylo
Si l'on veut écrire avec le crayon de son doigt on doit se tailler l'ongle pour garder au bout une douceur équivalente à celle de la langue
Il faut se mettre au bout du doigt du graphite parfumé et sur le sein écrire une phrase trés douce et trés courte
Il ne faut pas appuyer en mettant un point final à la phrase pour ne pas piquer le sein
Ceux qui auraient besoin d'un point pour un I auront soin de faire figurer la barre de cette lettre juste en dessous de la pointe du sein qui en tiendra lieu naturellement
Pierre Alix, Libres dialogues n°5
Nine Admin
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Sujet: Re: JOURNEE DE LA FEMME Sam 27 Mar - 13:06
LE POEME DE LA FEMME
Un jour, au doux rêveur qui l'aime, En train de montrer ses trésors, Elle voulut lire un poème, Le poème de son beau corps.
D'abord, superbe et triomphante Elle vint en grand apparat, Traînant avec des airs d'infante Un flot de velours nacarat :
Telle qu'au rebord de sa loge Elle brille aux Italiens, Ecoutant passer son éloge Dans les chants des musiciens.
Ensuite, en sa verve d'artiste, Laissant tomber l'épais velours, Dans un nuage de batiste Elle ébaucha ses fiers contours.
Glissant de l'épaule à la hanche, La chemise aux plis nonchalants, Comme une tourterelle blanche Vint s'abattre sur ses pieds blancs.
Pour Apelle ou pour Cléoméne, Elle semblait, marbre de chair, En Vénus Anadyomène Poser nue au bord de la mer.
De grosses perles de Venise Roulaient au lieu de gouttes d'eau, Grains laiteux qu'un rayon irise, Sur le frais satin de sa peau.
Oh ! quelles ravissantes choses, Dans sa divine nudité, Avec les strophes de ses poses, Chantait cet hymne de beauté !
Comme les flots baisant le sable Sous la lune aux tremblants rayons, Sa grâce était intarissable En molles ondulations.
Mais bientôt, lasse d'art antique, De Phidias et de Vénus, Dans une autre stance plastique Elle groupe ses charmes nus.
Sur un tapis de Cachemire, C'est la sultane du sérail, Riant au miroir qui l'admire Avec un rire de corail ;
La Géorgienne indolente, Avec son souple narguilhé, Etalant sa hanche opulente, Un pied sous l'autre replié.
Et comme l'odalisque d'Ingres, De ses reins cambrant les rondeurs, En dépit des vertus malingres, En dépit des maigres pudeurs !
Paresseuse odalisque, arrière ! Voici le tableau dans son jour, Le diamant dans sa lumière ; Voici la beauté dans l'amour !
Sa tête penche et se renverse ; Haletante, dressant les seins, Aux bras du rêve qui la berce, Elle tombe sur ses coussins.
Ses paupières battent des ailes Sur leurs globes d'argent bruni, Et l'on voit monter ses prunelles Dans la nacre de l'infini.
D'un linceul de point d'Angleterre Que l'on recouvre sa beauté : L'extase l'a prise à la terre ; Elle est morte de volupté !
Que les violettes de Parme, Au lieu des tristes fleurs des morts Où chaque perle est une larme, Pleurent en bouquets sur son corps !
Et que mollement on la pose Sur son lit, tombeau blanc et doux, Où le poète, à la nuit close, Ira prier à deux genoux.
Théophile GAUTIER (1811-1872) (Recueil : Emaux et camées)
En hommage aux femmes ....
Nine Admin
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Sujet: Re: JOURNEE DE LA FEMME Sam 27 Mar - 13:15
COEUR DE FEMME
Montage sur une musique d'Enigma
Nine Admin
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Sujet: Re: JOURNEE DE LA FEMME Dim 28 Mar - 13:08
Marie Gouze (Aubry) dite Olympe de Gouges
est née à Montauban en 1748. Auteur de pièces de théâtre (L'Esclavage des nègres, 1789), de romans (Mémoires de Mme de Valmont, 1788), et de pamphlets, elle s'enthousiasma pour la Révolution (L'Entrée de Dumouriez à Bruxelles, 1793)
Elle réclama l'émancipation des femmes avec la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne en 1791.
Elle fut guillotinée pour avoir pris la défense de Louis XVI en 1793 à Paris. Elle eût droit à cet éloge funèbre, le lendemain de son exécution, signé par Chaumette, Procureur de la Commune de Paris, dans Le Moniteur:
" Rappelez-vous l'impudente Olympe de Gouges qui la première institua des sociétés de femmes et abandonna les soins du ménage pour se mêler de la République et dont la tête est tombée sous le fer vengeur des lois... ".
Homme, est-tu capable d'être juste ? C'est une femme qui t'en fait la question; tu ne lui ôteras pas du moins ce droit. Dis-moi ? Qui t'a donné le souverain empire d'opprimer mon sexe ? Ta force ? Tes talents ? Observe le créateur dans sa sagesse ; parcours la nature dans toute sa grandeur, dont tu sembles vouloir te rapprocher, et donne-moi, si tu l'oses, l'exemple de cet empire tyrannique.
Remonte aux animaux, consulte les éléments, étudie les végétaux, jette enfin un coup d'il sur toutes les modifications de la matière organisée; et rends-toi à l'évidence quand je t'en offre les moyens ; cherche, fouille et distingue, si tu peux, les sexes dans l'administration de la nature. Partout tu les trouveras confondus, partout ils coopèrent avec un ensemble harmonieux à ce chef-d'oeuvre immortel.
L'homme seul s'est fagoté un principe de cette exception. Bizarre, aveugle, boursouflé de sciences et dégénéré, dans ce siècle lumières et de sagacité, dans l'ignorance la plus crasse, il veut commander en despote sur un sexe qui a reçu toutes les facultés intellectuelles ; il prétend jouir de la révolution, et réclamer ses droits à l'égalité, pour ne rien dire de plus.
Nine Admin
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Sujet: Re: JOURNEE DE LA FEMME Dim 28 Mar - 13:16
Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne en 1791
Nine Admin
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Sujet: Re: JOURNEE DE LA FEMME Dim 27 Juin - 12:54
VIE DE FEMME ROMAIN DIDIER
T'as laissé sans regrets ton dernier jeux de billes Et la cour de l'école et tes robes de p'tite fille Avec une envie folle d'aller brûler tes ailes T'a quitté à cloche-pied ta dernière marelle T'as appris de l'amour c'qu'on en voit dans les rêves Et ce qu'en disent les garçons quand ils gercent vos lèvres T'as appris plus encore les hommes et leur silence Et cette plaie qu'ils ouvrent avec indifférence
T'as bradé ton enfance t'as mis ton cœur en solde T'as joué au grand amour et tu le touches dans l'désordre Quand tu veux tout quitter, t'as trop peur de t'faire mal Elles sont lourdes à tourner, les pages d'un carnet de bal Quand tu pars à la mer, tu penses voyage de noces Quand t'arrives, y a rien d'autre que l'bon air pour les gosses Alors tu pleures un peu tout au fond sans une larme Tu apprends à vieillir comme vieillissent les femmes
Entre l'homme en photo sur la table de nuit Et ce corps familier allongé sur le lit Y a trente ans d'bout d'ficelle abîmés par le temps Pour maintenir au port un bateau qui fout l'camp T'as pas vu l'temps passer les enfants ont grandi Tu les vois moins souvent... juste pour garder les p'tits Et tu vieillis sans haine comme a vieilli ta mère Vaincue par le miroir sans avoir fait la guerre
Romain Didier
Dernière édition par Nine le Mar 9 Nov - 2:37, édité 1 fois
Nine Admin
Nombre de messages : 12721 Date d'inscription : 03/05/2008
Sujet: Re: JOURNEE DE LA FEMME Mar 9 Nov - 2:27
VOLS D'HORIZONS VERONIQUE SANSON
Si les abeilles vont ailleurs Si les baleines sont en pleurs Tellement bien, tellement loin d'ici Y a vraiment de quoi avoir peur Tellement rien, tellement loin d'ici On fait pas partie des leurs
Quand les gorilles impubères N'auront plus d'avenir sur terre Plus de forêts pour grandir en paix On a déjà volé leurs terres Vous et moi on regarde en l'air On a vraiment laissé faire
Tous les jours à coups de piques La peur montre son poing Ils se pardonnent à coup de fric Avec une arme dans la main Vivre dans leurs villes Si vous êtes tranquilles Pas moi Qui peut dire qu'on savait pas ? Exciser les filles D'un coup de lame intime Pourquoi ?
Pour leur voler l'horizon Ils mettent leur visage en prison L'air de rien, menteurs, assassins Ils n'ont vraiment peur de rien Invisibles, toutes ces vies broyées Effroyable humanité
Tous les jours à coups de piques La peur montre son poing Ils se pardonnent à coup de fric Avec une arme dans la main Vivre dans leurs villes Si vous êtes tranquilles Pas moi Tous les sourires qu'on verra pas Parfumer les filles Avant qu'on les mutile Pourquoi ?
liliane Admin
Nombre de messages : 19569 Age : 50 Localisation : dans la galaxie Date d'inscription : 02/05/2008
Sujet: Re: JOURNEE DE LA FEMME Jeu 8 Mar - 23:17
Le féminisme politique n’a plus lieu d’être Des droits, oui, mais pour toutes et tous
Nos comportements ont évolué beaucoup plus vite que nos représentations. D’où un décalage parfois troublant entre l’homme imaginaire et celui qu’on croise dans la rue. Rien de tel que le langage pour rendre évident ce fossé. Force d’inertie et de sédimentation, il garde en mémoire les antiques structurations de la vie sociale. Quand on dit « sois un homme ! » ou « un homme, un vrai », c’est la masculinité des sociétés traditionnelles que l’on évoque, avec ses connotations de guerre, de domination et de courage. Or nous vivons dans des sociétés qui ne demandent plus particulièrement aux hommes de faire preuve de courage et de force : il est plus efficace de composer le 17 que de sortir un calibre si l’on veut protéger sa famille, et les officiers chargeant sabre au clair sont un peu passés de mode.
Réciproquement, la négation des qualités « viriles par l’utilisation du féminin pour insulter un homme (« femmelette », « lopette », etc.), va devoir être remisée au musée des arts et traditions populaires gauloises. A l’heure des femmes dans l’espace, dans le sport et dans les avions de chasse, traiter un homme de « femmelette » pourrait aussi bien être un compliment ! Dans l’imaginaire traditionnel, l’homme conquiert la femme. Citadelle à prendre, passive, la femme subit une défaite quand l’amant arrive à ses fins. D’où l’utilisation de tout un lexique guerrier : la poliorcétique, art de prendre les places fortes ou les femmes à la vertu redoutable, la femme qui « cède aux avances », l’homme qui « fait assaut de galanterie », etc.
Tout cela fait un peu rétro, mais le vocabulaire moderne n’est pas en reste : elle « s’est fait croquer », il « l’a prise », elle « est passée à la casserole »… Quant aux verbes « baiser », « sauter » et consorts, l’homme en reste généralement le sujet et la femme le complément d’objet. Or, ce lexique ne correspond plus aux pratiques réelles. Au 21ème siècle, dans une bonne partie du monde, il est difficile de décider si c’est Virginie qui est passée dans la casserole de Paul ou l’inverse. Nous sommes entrés dans l’ère de la cuisson mutuelle, ce qui rend la chose nettement plus savoureuse.
Au-delà des relations entre les hommes et les femmes, c’est le regard sur l’homosexualité qui évolue. La perception traditionnellement hostile de l’homme homosexuel passif était solidaire d’un système de représentations où l’acte sexuel était asymétrique : pénétration humiliante pour qui la subit et glorifiante pour qui la pratique. Dans l’Antiquité, on distinguait précisément l’éraste, homosexuel actif, de l’éromène, homosexuel passif. Le scandale ne venait pas de l’homosexualité elle-même, largement tolérée, mais des situations où les rapports de pouvoirs étaient inversés, mettant en danger les hiérarchies sociales entre citoyen libre et esclave, adulte et adolescent, homme et femme. Le mépris pour l’homosexuel passif n’est qu’une variante du mépris pour la femme ; il est même accentué par le fait qu’il a, lui, « choisi » sa position de « dominé ». Le bon bourgeois conservateur ne pouvait regarder l’homosexuel comme un sous-homme que parce qu’il s’imaginait lui-même comme maître du jeu, initiateur et puissance active dans ses relations sexuelles avec des femmes-objets. Or aujourd’hui, l’inégalité des rapports hétérosexuels tend à disparaître. La femme n’est plus une ville ouverte sur laquelle l’homme fonce lance en avant, il n’y a plus ni vainqueur ni vaincu, et la pénétration, d’enjeu de pouvoir, est devenue un détail anatomique. Envers les homosexuels cependant, les préjugés persistent. On croise encore souvent des hommes qui éprouvent une répulsion physique pour les hommes qui se font pénétrer, les considérant confusément comme des êtres veules et soumis, alors qu’ils ne considèrent pas ainsi leur femme, qui pourtant subit le même sort ! Encore une fois, c’est le langage qui continue de dire ce qui se pense de moins en moins ouvertement : à la « femmelette » correspond la « tapette », tandis que « se faire enculer » est tout aussi rageant que « se faire baiser ». Étonnant, non ?
La vulgarité, qui est un peu le cerveau reptilien d’une langue et de ses locuteurs, nous fait donc cette curieuse révélation : une femme ne peut être que dominée, pour la bonne raison qu’elle n’a pas de phallus. Il suffit de songer à Mme Thatcher ou à Catherine de Médicis pour sonder toute la pertinence de cet axiome. Alors, le féminisme, toujours d’actualité ? Bien sûr, tant qu’on entendra « se faire baiser » (à l’inverse, gardons, de grâce, Mademoiselle !). Mais la lutte est épuisée sur le plan politique, puisque l’égalité des droits est atteinte. Continuer sur ce terrain impliquerait de revendiquer un statut de minorité protégée : discrimination positive à l’embauche, mesures de parité, systèmes de quotas, répression particulière des atteintes verbales, etc. C’est une stratégie dangereuse : pour arracher quelques gains immédiats, elle conduit à singulariser les femmes comme une catégorie à part. Oui, les femmes sont battues, les femmes sont discriminées, les femmes sont insultées. De même que d’autres groupes sociaux.
Alors, que doit faire l’État ? Pondre des centaines de lois, une pour les femmes battues, une pour les noirs discriminés, une pour les Juifs insultés ? Non, il suffit d’appliquer les lois existantes, universelles et économes de mots, qui stipulent qu’aucun citoyen ne peut être battu, discriminé ou insulté. Aucun citoyen, c’est pourtant clair, non ?
Un homme couvert de femmes Peut parfois prendre froid Quand il perd un peu de sa flamme Et se retrouve à l’aube sans rien dans les bras Et ça fait mal mal De n'être qu'un vieux mâle Et ça fait mal mal mal De courir encore après des râles Un homme couvert de femmes N’est pas vraiment ce que l’on croit Il peut avoir des états d’âmes Et parfois même des maux d’estomac Et ça fait mal mal De n'être qu'un vieux mâle Et ça fait mal mal mal De courir encore après des râles Un homme couvert de femmes Fait comme s’il ne travaillait pas Il joue aux échecs et aux dames Fait comme si l’argent n’importait pas Et ça fait mal mal De n'être qu'un vieux mâle Et ça fait mal mal mal De descendre en fond de cale Un homme couvert de femmes Est bien plus seul que l’on ne le croit Quand il part le soir à la rame Il ne sait pas ce qu’il ramènera Et ça fait mal mal De n'être qu'un vieux mâle Et ça fait mal mal mal De descendre en fond de cale