Le virus de l'actualité people gangrène de plus en plus le web
Jamais rassasié, le peuple se nourrit de people. En presse et à la télévision, l'actu people, ses yachts, ses villas tropéziennes et ses sourires en plastique est désormais devenue incontournable. Et cela va s'aggraver: c'est désormais le web que les people s'apprêtent à occuper...
Le virus de l'actualité people gangrène de plus en plus le web
Après les États-Unis, la France a elle aussi rejoint «la Terre promise des people». Avec l’année 2007 qui a marqué un tournant dans la pipolisation de l’information, on pouvait croire le marché saturé. Les consommateurs de news gavés. Il n’en est rien. Le people reste une ressource inépuisable, de digestion facile.
Un secteur encombré mais pas saturé
En presse, les magazines people de référence, Voici, Public et autres Closer, touchent jusqu’à dix millions de lecteurs. La soif de people semble sans limite.
Deux nouveaux journaux ont fait leur entrée dans les kiosques en cette période estivale, toujours très favorable à ce type de presse. Star System, lancé par l’ancien dirigeant de 20 minutes, Hervé Pointillart, qui entend profiter de l’été «pour en améliorer le concept, changer de périodicité et de canal de distribution» comme il l’a déclaré au Figaro. Plus proche de Gala que de Closer… Robert Lafont, directeur du groupe Entreprendre vise un lectorat plus haut de gamme avec Célébrité Magazine, un bimestriel vendu 4,50 euros.
50 min inside, l'émission people de TF1
L'invasion
du people
Sur nos écrans, les émissions people fleurissent. TF1 a ouvert la marche avec «50 min inside», mais d’autres projets sont en préparation. M6 proposera «Accès privé» à partir du 6 septembre et certaines chaînes de la TNT (Direct 8 a déjà «La semaine people») préparent aussi des émissions du genre pour la rentrée. Le champ du people investit même des espaces que l'on aurait pu croire protégés de cette maladie : selon le site de Jean-Marc Morandini, BFM TV, une chaîne généraliste à vocation économique et financière, concocterait une production people pour la rentrée. Quel rapport entre cette nouvelle aristocratie médiatique toute en paillettes et l’actualité économique ? On craint de ne pas comprendre… ou trop.
Quand le people devient l'élite
S’appuyant sur Tocqueville, le philosophe Alain Finkielkraut tentait une explication : «... passion du bien-être, convoitise effrénée, appétit déchaîné, obsession des jouissances matérielles. Il s’est établi une multitude de fortunes médiocres. Ceux qui les possèdent ont assez de jouissances pour concevoir le goût de ces jouissances et pas assez pour s’en contenter. (…) Quand tous les plaisirs sont indexés sur la jouissance matérielle, quand tout n’existe que pour être consommé, celui qu’on admire, celui qu’on envie, celui qu’on désire être, c’est celui qui possède assez pour consommer ce qu’il veut, quand il veut, où il veut. Tel n’est pas le cas du professeur. Alors, le people tient lieu d’élite».
Le people débarque sur la toile
Une pseudo-élite dont le lieu d’exposition est de plus en plus le web. C’est désormais là que la guerre du people se joue. Les éditeurs du papier ont su s’adapter au web, créer des rédactions et des contenus spécifiques : Voici a lancé une nouvelle formule de son site au printemps dernier. Gala a fait son apparition sur la toile. Closer a également proposé une nouvelle version de son site. En attendant un reformatage du site de Public.
Jean-Marc Morandini
Morandini investit le people
Un engagement sur le numérique devenu incontournable depuis l’apparition du site purepeople.com, dirigé par Dominique Cellura, un ancien de Voici, et qui possède plusieurs longueurs d’avance sur la toile : 1,2 million de visiteurs uniques en juin après seulement sept mois d’existence. Un succès qui suscite bien des convoitises et n’a pas échappé, par exemple, à l’animateur et entrepreneur Jean-Marc Morandini.
Sa société de production The people family lancera le 1er septembre scooppeople.fr «un site que les stars vont détester» prévient le teaser du site. «C’est de l’humour ! Il ne sera pas question de people trash, pas de paparazzis» nous assure Jean-Marc Morandini dont le site a déjà fait parler de lui lors de son vrai-faux lancement à la fin du mois de juillet.
L’animateur d’Europe 1 ne se veut qu'actionnaire et n’entend pas lancer «le site people de Jean-Marc Morandini» : «Je ne suis pas du tout impliqué dans le projet hormis mon apport financier».
Alors, le people, poule aux œufs d’or médiatique ? «Je vous dirai ça dans deux ou trois ans. Ce qui est sûr, c’est que l’approche a changé, c’est un secteur qui bouge beaucoup : le people est partout .
Et contrairement au marché américain, en France, c’est un secteur qui est encore assez peu investi sur le web». On imagine pourtant mal que tant d'investisseurs creusent encore plus profond ce sillon, s'il était déjà en voie d'épuisement.
article journal Marianne.