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Patrice Chéreau, le corps au travailARTE LUNDI 15 NOVEMBRE 2010 / 22H35
Documentaire de Stéphane Metge (France, 2010). 80 mn. Inédit.
Pas facile de faire un documentaire sur Patrice Chéreau, forcené de travail, toujours entre deux projets de mise en scène, de film, d'opéra.
Stéphane Metge y est pourtant parvenu avec clarté et tendresse, nous proposant un portrait nourri d'images d'archives rares, d'entretiens bien plus intimes et confiants qu'à l'ordinaire.
C'est pourtant souvent dans le cadre de débats publics qu'on voit l'artiste commenter son passé, de cette voix étrangement douce que viennent constamment contredire ses mains noueuses et nouées de sculpteur d'acteurs. Mais face aux spectateurs, il n'a plus besoin désormais de se cacher. L'âge, la maturité et l'accomplissement d'un parcours d'excellence ont donné à l'homme farouche, pas toujours aimable, une sérénité pleine d'élégance.
Chéreau parle bien quand il raconte l'enfance auprès de parents peintres, leur influence dans sa manière première de concevoir la mise en scène : en dessinant lui-même tout le spectacle...
Et puis surgissent de vieilles interviews de ce jeune surdoué aux allures d'Alain Delon qui révolutionna la scène dès les années 1960. Perfection au scalpel de la forme, relations électriques entre les acteurs sur le plateau, violence et sensualité...
Non seulement il montra autrement Marivaux, Ibsen, mais il révéla Koltès et fit vibrer théâtralement comme jamais la tétralogie de Wagner.
A l'heure où le Louvre lui donne carte blanche pour imaginer une exposition, Les Visages et les Corps, et un spectacle (bientôt repris au Théâtre de la Ville), Rêve d'automne, du Norvégien Jon Fosse, écouter le metteur en scène évoquer justement sa passion du corps des acteurs dans l'espace, ses désirs et ses fascinations face à eux, est une belle leçon de théâtre. Une belle introduction au théâtre.
Fabienne Pascaud Télérama