CARLY SIMON

Parler de Carly Simon, de sa musique, c'est désormais parler de près de 30 ans de chanson américaine.  Non, depuis 1971 Carly Simon ne chante-écrit-compose ni de la pop ni du rock.  Elle ne vogue pas de  ballades en slows, elle n'est ni dance ni grunge ni unplugged ni easy listening  ni lyrics oriented.  Elle est, par sa musique, tout cela à la fois.

Eh si : Carly Simon fait de la chanson américaine.

Au-delà des obligatoires étiquettes qu'impose outre-Atlantique l'industrie de l'entertainment, la chanson, forme hybride et libre d'expression musicale s'il en est, existe bel et bien, « là-bas ».

Simon n'est pas un star en son pays : elle le fut, à quelques reprises, elle ne l'est plus.

Sans papillonner, elle a vite compris que mieux valait se contenter d'être une étoile : c'est tellement plus joli, moins futile et volatil...

Qu'en est-il de miss Simon au-delà des mers, hors de la zone d'influence immédiate de l'entertainment business?

Carly Simon, c'est essentiellement le tube planétaire You're So Vain, en 73.

C'est aussi à la rigueur, après une première éclipse, Nobody Does it Better, en 77, chanson thème d'un quelconque James Bond.

C'est enfin, après une seconde éclipse, Coming Around Again, en 85, autre thème de film, et c'est, essentiellement tout.

Trois «pop songs» mondialement connues, comme il en existe des dizaines de milliers.

Si formidablement bien foutues soient-elles, il n'y aurait pas de quoi épiloguer s'il n'y avait autre chose, tout autre chose, tant d'autres choses.



Quoi?

Une oeuvre, tout simplement, 30 ans de chanson américaine, tantôt griffée d'une patte 100 % Simon, paroles et musiques, tantôt marquée par des collaborations souvent riches, avec James Taylor mais bien d'autres aussi.

Oui, il y a bien sûr la voix de Carly Simon, cette voix unique, reconnaissable entre cent mille, qui ne ressemble à nulle autre, ce qui en soi est déjà un exploit quand on sait la tendance de nos amis d'outre-Atlantique au clonage vocal...

Mais il y a aussi, c'est con mais c'est pourtant si rare, cette façon qu'a Simon de rendre belle une langue qui ne l'est pas toujours : l'anglais américain.

Cette langue, sa langue, Simon sait la rendre belle d'une part en la parant, sans fard excessif, de son si bel accent Côte Est, mais aussi en ne lui faisant pas l'injure de la ravaler au rang de jargon pour débiles dont les substantifs « baby» et «love » et les verbes « do » et « get » constitueraient l'essentiel du vocabulaire.

Et puis, et puis, et surtout, il y a  dans « tout » Carly Simon une rare fusion d'influences musicales (folk, rock, country, dance, jazz, blues, torch song et j'en passe), d'influences fusionnées au fil des décennies en une musique qui, pour l'essentiel, reste celle d'une artiste qui s'est remarquablement peu reniée au fil du temps.

Voilà, oui  voilà ce qui fait que l'on peut aujourd'hui écouter pratiquement « tout » Carly Simon sans sentir son coeur battre faux au triste rythme de la nostalgie, comme trop souvent le cas à l'écoute d'une certaine production anglo-saxonne qui, une fois « s a» mode passée, perd une grande part de son pseudo intérêt.

Musique amalgame d'une voix, d'instruments et de mots, oui, chanson simplement, la musique de Carly Simon mérite que l'on s'y attarde.

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