ARTMONY
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
ARTMONY

MUSIQUE & ARTS
 
AccueilAccueil  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le Deal du moment : -26%
369€ PC Portable HP 15-fd0064nf – ...
Voir le deal
369.99 €

 

 Nelly Kaplan, cinéaste et écrivain indomptable

Aller en bas 
AuteurMessage
liliane
Admin
liliane


Féminin Nombre de messages : 19551
Age : 50
Localisation : dans la galaxie
Date d'inscription : 02/05/2008

Nelly Kaplan, cinéaste et écrivain indomptable Empty
MessageSujet: Nelly Kaplan, cinéaste et écrivain indomptable   Nelly Kaplan, cinéaste et écrivain indomptable EmptyVen 13 Nov - 8:17

Nelly Kaplan, cinéaste et écrivain indomptable Captur82



Une belle panthère d’Argentine vient de s’en aller à pas de velours. Nelly Kaplan nous a quittés, emportée par le Covid et par le chagrin d’avoir récemment perdu son compagnon, le producteur et réalisateur Claude Makovski, décédé à la fin du mois d’août. Elle avait 89 ans. Elle m’avait accordé la première interview qui m’a permis d’entrer au ­Figaro : « J’adore porter chance !  », s’esclaffa-t-elle. C’était la plus merveilleuse fée marraine, tendre, rieuse, pétillante, souveraine d’intelligence et d’élégance Avec la réalisatrice de La Fiancée du pirate s’éloigne tout un monde ancien, du cinéma monumental et métaphysique d’Abel Gance aux flamboiements du surréalisme, comme on voit disparaître les lumières du port de la poupe d’un paquebot gagnant le large.


C’est un de ces grands paquebots transatlantiques, venu de Buenos Aires, qui débarqua au Havre la jeune Nelly Kaplan, au début de 1953. Sa silhouette élancée accotée au bastingage, sa crinière blonde au vent, ses yeux clairs immensément ouverts, elle venait chercher un destin qui n’appartiendrait qu’à elle.


À 22 ans, intrépidement seule, elle quittait le cocon soyeux de la famille bourgeoise aimante et cultivée où elle avait grandi depuis sa naissance, le 11 avril 1931. « J’ai quitté mon pays natal sans y être obligée par aucune contrainte politique ou économique : en révolte uniquement envers une société qui ne me voulait pourtant aucun mal mais qui essayait de me conformer à ses lois, de me “normaliser” en fonction de ses critères », écrit-elle dans ses délicieux mémoires, Entrez, c’est ouvert !.


Seule une farouche indépendance préside à sa destinée, et restera toujours sa marque. Impossible de la réduire à des mots d’ordre idéologiques. Si le succès de La Fiancée du pirate a pu la faire passer pour une égérie du progressisme et du féminisme, elle aimait trop l’héritage de la grande culture et la poésie vivante pour se laisser embrigader dans ces cases étroites et rigides. Le hasard objectif des surréalistes, l’érotisme des rencontres, la magie des signes, les jeux imprévus de l’absurde et de l’humour fou parlent bien mieux d’elle. « L’insolite, les récits oniriques, me plaisent infiniment », écrit-elle encore, se décrivant dès l’enfance un peu sorcière, révoltée du quotidien prosaïque et  sensible aux utopies. Cela fera que « tout naturellement, les surréalistes viendront à ma rencontre », joyeusement mariés en elle au réalisme magique latino-américain.


« Fleur exorbitante »


À Paris, les personnages décisifs de sa jeunesse se sont présentés à elle « par hasard, dans des lieux publics, dit-elle : Abel Gance à la Cinémathèque, Philippe Soupault dans une exposition, André Breton au Musée des arts décoratifs ». Tous ont été fascinés par cette « fleur exorbitante », comme dira Soupault. Elle devient l’assistante d’Abel Gance, en 1954, et vivra avec le metteur en scène de Napoléon « une relation passionnelle d’une rare frénésie », selon sa propre expression.


André Breton a surgi alors qu’elle visitait une exposition d’art précolombien, en 1956. Elle s’y attardait comme par pressentiment. Un inconnu la rejoignit soudain, commentant familièrement les objets avec elle. À la fin, il se présenta : « Je m’appelle André Breton. » Elle le trouve léonin, il la voit panthère. Elle fera avec lui son premier court-métrage, un documentaire sur Gustave Moreau, en 1961. Elle connaissait déjà les surréalistes, tout comme Abel Gance, depuis son adolescence argentine cultivée. Leurs présences n’ont fait qu’actualiser ces prédestinations mystérieuses.


C’était là le monde véritable de la grande Nelly Kaplan, au-delà de ses films et de ses livres qui en portent trace sans l’épuiser : le monde de la haute intelligence, des intuitions et des fulgurances de l’esprit, qui creusent le ciel et laissent dans l’obscurité des traces de feu. C’est cela qu’elle nous laisse de précieux, sous son Manteau de fou rire (un de ses romans), d’imagination fantasque et de dérision cri­tique : un passage superbe de comète, qui réveille ce qu’elle appelait « la puissante radioactivité spirituelle ».
Revenir en haut Aller en bas
https://artmony.forumactif.fr
liliane
Admin
liliane


Féminin Nombre de messages : 19551
Age : 50
Localisation : dans la galaxie
Date d'inscription : 02/05/2008

Nelly Kaplan, cinéaste et écrivain indomptable Empty
MessageSujet: Re: Nelly Kaplan, cinéaste et écrivain indomptable   Nelly Kaplan, cinéaste et écrivain indomptable EmptyVen 13 Nov - 19:06

Décès de la réalisatrice Nelly Kaplan, icône de la Nouvelle Vague

AFP
Publié le 12/11/2020 



Nelly Kaplan, réalisatrice de "La Fiancée du Pirate" (1969), écrivaine anarcho-féministe et icône de la Nouvelle Vague, est décédée jeudi matin du Covid-19 à l'âge de 89 ans dans un hôpital de Genève, a-t-on appris auprès de son entourage.

Selon un de ses proches, François Martinet, qui l'avait longuement interviewé pour les Cahiers du Cinéma, Nelly Kaplan avait accompagné son compagnon, l'acteur et producteur Claude Makowski à Genève où il est décédé en août de la maladie de Parkinson.


]Elle était depuis dans une maison de repos où elle a contracté le Covid-19, dont elle est décédée.

Nelly Kaplan, originaire d'une famille de juifs de Russie, venue en France depuis Buenos Aires à l'âge de 22 ans, avait débuté dans le cinéma auprès du réalisateur Abel Gance. Elle devait collaborer avec lui pendant une dizaine d'années.

Nelly Kaplan aimait la littérature et particulièrement la poésie, et se lia avec plusieurs écrivains, dont Philippe Soupault et André Breton.

Elle avait rédigé des écrits érotiques qui avaient dû affronter la censure. En 1974, elle publiait sous pseudonyme son roman "Mémoires d'une liseuse de draps".

Elle s'est fait connaître par "La Fiancée du pirate", sélectionné à la Mostra de Venise en 1969, avec Bernadette Laffont dans le rôle d'une jeune femme libre qui se venge de villageois lui étant hostiles. Le film, diffusé dans le monde entier, est devenu culte.

Elle a réalisé d'autres films: "Papa, les petits bateaux ?" (1971), "Néa" (1976), "Charles et Lucie" (1979), "Pattes de velours" (1985), "Plaisir d'amour" (1990), ainsi que des documentaires consacrés à des artistes (Gustave Moreau, Abel Gance, André Masson, Victor Hugo, Pablo Picasso, etc.).


LE POINT
Revenir en haut Aller en bas
https://artmony.forumactif.fr
 
Nelly Kaplan, cinéaste et écrivain indomptable
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
ARTMONY :: TRIBUNES LIBRES :: LA PETITE LUCARNE-
Sauter vers: