AUDIOVISUEL Quatre ans après sa création, Mediawan est parvenu, à coups d’acquisitions, à constituer un géant européen de la production audiovisuelle qui pèse un milliard d’euros de chiffre d’affaires. Aujourd’hui, il doit se poser et se structurer. Le groupe de production audiovisuelle lancé en 2016 par le producteur Pierre-Antoine Capton, le banquier Matthieu Pigasse et le fondateur de Free Xavier Niel a l’ambition de compter dans le monde de la création.
Depuis que Stéphane Courbit a fait aboutir la mégafusion de Banijay et EndemolShine créant le leader mondial (3 milliards d’euros de chiffre d’affaires), la France compte désormais deux champions internationaux : Banijay et Mediawan. Pierre-Antoine Capton, le patron de ce dernier, affiche à présent son rêve de constituer « un champion européen de la création capable de rivaliser avec les majors américaines. Ce qu’a fait Stéphane Courbit avec Banijay-EndemolShine est un exemple pour nous ».
L’acquisition de Lagardère Studios bouclée il y a quinze jours, et la prise de participation chez l’allemand Leonine, ont donné au groupe une assise européenne ; la France, l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne sont désormais ses terrains de jeu. Il reste à s’implanter en Grande-Bretagne, plaque tournante de l’industrie de l’entertainment. « Nous discutons avec des talents qui veulent nous rejoindre », souligne Pierre-Antoine Capton.
Le fonds KKR a apporté sa participation dans Leonine en échange d’une entrée au capital de Mediawan. Le niveau de la participation du fonds américain n’est pas dévoilé. Mais Pierre-Antoine Capton l’assure : « KKR est un investisseur de long terme et déjà présent dans les médias en Europe, notamment en Allemagne via Axel Springer et ProSieben, c’est une chance de partager avec eux une vision commune, ainsi qu’avec nos autres partenaires français. »
Impact du Covid
Mediawan a profité de la faiblesse des cours pour sortir de la Bourse et à cette occasion faire entrer, aux côtés de KKR, deux investisseurs tricolores, MACSF et la BPI. Dans l’opération, la société de production de Pierre-Antoine Capton (3e Œil productions, qui produit notamment « C à vous » sur France 5) a aussi été intégrée à Mediawan. « À l’issue de l’OPA, avec Xavier Niel et Matthieu Pigasse, nous renforçons notre contrôle en détenant la majorité des droits de vote de Mediawan Alliance », explique Pierre-Antoine Capton.
Le groupe, dont les équipes sont aujourd’hui en grande partie installées dans un immeuble cossu du centre de Paris, traverse la période du reconfinement avec sagesse. Le premier confinement a stoppé net les tournages et aura un impact sur les résultats 2020, mais « les projets ont été décalés à 2021 et nous disposons d’un très puissant “line up” pour l’année prochaine », estime Pierre-Antoine Capton. Si le deuxième confinement n’a pas arrêté les tournages en France, ce n’est pas le cas dans les autres pays. Avant que le rythme effréné de l’industrie ne reprenne sa course, le groupe français a finalisé son organigramme. Toutes les activités (dont 50 % dans la fiction et le cinéma, 30 % dans les émissions de flux pour la télé et 20 % dans l’animation) ont été regroupées dans Mediawan Studios, avec trois pôles. Mediawan Pictures, dirigé par Elisabeth d’Arvieu, ex-Studio Canal et Lagardère, coiffera la production à l’international, avec des présences fortes en Italie et en Espagne, ainsi que la branche animation coiffée par Aton Soumache (producteur du Petit Prince). Mediawan Prod, copiloté par Guillaume Wanneroy, Thierry Langlois et Justine Planchon, rassemble toutes les activités de flux de l’ex-Lagardère. Quant aux affaires en France, elles sont placées sous l’autorité de Thomas Anargyros. À la tête de l’ensemble des opérations, Delphine Cazaux, une spécialiste de l’intégration de sociétés, fera en sorte que tout fonctionne.
Mediawan place à présent tous ses espoirs dans la transposition à venir de la directive européenne dite « SMA » qui imposera à Netflix ou Amazon des obligations d’investissements dans les productions hexagonales. Pierre-Antoine Capton, qui souligne que « la France doit jouer un rôle moteur dans ce processus », entend bien en capter une partie.
LE FIGARO
Accueil 
