Le coronavirus n’aime pas le soleil, la chaleur et les fortes humidités
Cyrille Vanlerberghe
LORS d’une conférence de presse jeudi à la Maison-Blanche, un haut responsable du département de la sécurité intérieure, Bill Bryan, a présenté les éléments d’une étude montrant que le nouveau coronavirus SARS-CoV-2 résistait mal à une atmosphère très chaude et très humide, ainsi qu’aux rayons directs du soleil. Des éléments qui pourraient renforcer l’espoir que le virus puisse être moins contagieux avec l’arrivée de l’été.
L’étude, réalisée dans un laboratoire du Maryland dédié aux menaces bactériologiques, n’a pas été publiée ni même mise en ligne. Mais quelques planches d’une présentation ont été mises à disposition par Yahoo News. On y apprend que deux types d’analyses très différentes ont été menés. Les premières mesurent le temps de survie du virus dans des gouttelettes en suspension dans l’air et sur des surfaces, quand elles sont exposées au soleil. Dans ces deux conditions, l’effet de la lumière solaire est très clair : face à un flux correspondant à une journée d’été, le coronavirus ne survit que quelques minutes.
Le second type d’analyses est consacré à des surfaces, en milieu intérieur. Et là, le coronavirus est bien plus durable dans un milieu sec, autour de 20 % d’humidité. Au-dessus de 40 %, sa durée de vie sur de l’acier est presque divisée par trois. L’effet est encore plus spectaculaire en combinant haute température (35 °C au lieu de 22 °C) et humidité élevée (80 %) : le temps de survie du virus chute de quelques heures à quelques dizaines de minutes.
Données contradictoires
« Le fait que les virus enveloppés, comme le SARS-CoV-2, mais aussi la grippe, soient sensibles à la chaleur et aux UV n’est pas une surprise, commente Camille Lebarbenchon, enseignant-chercheur de l’université de La Réunion au laboratoire Processus infectieux en milieu insulaire et tropical. Cependant, la température, l’humidité, les UV ne sont pas les seuls facteurs qui font qu’un virus a, ou non, une saisonnalité. Il faut inclure d’autres facteurs telle que la durée de l’immunité, l’immunité des populations, etc. »
La plupart des infections respiratoires, comme la grippe, sont saisonnières. Mais les scientifiques ont le plus grand mal à identifier quels sont les paramètres exacts qui influencent le phénomène. Certains des effets peuvent ne pas être liés au virus, mais à des changements de comportements, comme le fait qu’on passe plus de temps en extérieur l’été, par exemple.
Pour le Covid-19, les données sur l’effet de la chaleur sont encore peu claires, et parfois contradictoires. Certains indices laissent penser qu’il puisse être saisonnier. « Il n’y a pas d’épidémie majeure en Thaïlande, au Cambodge ou au Vietnam par exemple, alors que le mois de mars est le plus chaud là-bas. On regarde ça avec intérêt », a remarqué lors d’une conférence de presse Arnaud Fontanet, épidémiologiste spécialiste des maladies infectieuses à l’Institut Pasteur à Paris. Mais à l’inverse, des températures de plus de 30 °C et de forts taux d’humidité n’ont pas empêché une violente flambée du Covid-19 à Guayaquil, en Équateur, ni dans les provinces les plus chaudes de la Chine en février.
« On a aussi remarqué que lorsqu’un virus s’installe, il ne marque pas nécessairement de pause la première année, note Arnaud Fontanet. Lorsque le virus H1N1 est arrivé en 2009, il n’a pas fait de pause lors du premier été. Ce n’est qu’après qu’il est devenu saisonnier. Si ce nouveau coronavirus devenait saisonnier, on peut penser que ce ne serait probablement pas en 2020.
LE FIGARO