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 BORIS BEREZOVSKY

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Bridget




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BORIS BEREZOVSKY Empty
MessageSujet: BORIS BEREZOVSKY   BORIS BEREZOVSKY EmptyDim 4 Oct - 19:06

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Boris Berezovsky, le piano pour forteresse




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C’est un taureau. De la largeur des épaules au cou puissant. A la fin de ses concerts, il salue sans courbette ni sourire ni main sur le cœur, et promène un regard acéré sur les spectateurs qui se recroquevillent sur leurs fauteuils, déconcertés. Aurions-nous fait du bruit ? Toussé trop bruyamment ? Applaudi au mauvais moment ?


Rien de tout ça. Simplement,  ne montre rien de ce qui est communément admis comme les doutes, les états d’âme, les sentiments. Il ne se livre qu’à la musique, à l’abri dans une forteresse qui le protège. La discipline de fer qu’il a connue du temps de l’Union soviétique y est certainement pour quelque chose.

Ecrasant cigarette après cigarette, il raconte.




« Mon père voulait absolument que je devienne musicien. La seule raison pour laquelle j’ai été mis au piano, c’est la taille de mes mains, qui étaient très larges. C’était comme ça, à l’époque, en Union soviétique : on nous mesurait et on décidait ce que nous allions faire. C’était de l’élevage. »



Les concours ? Des « batailles à livrer »



« Je suis né en 1969 à Moscou. Mon père venait d’une famille extrêmement pauvre, d’origine juive. Chez ses parents, un sachet de thé devait durer toute une semaine. Ne pouvant élever leur fils, ils l’ont envoyé à l’armée où il est resté 25 ans et où il jouait de la trompette dans l’orchestre militaire. C’est mon unique ascendance musicale. Ma mère, aristocrate, appartenait à un univers diamétralement opposé. Cela a donné moi, vous voyez le problème…


Enfant, je devais travailler trois heures par jour, mais j’étais un peu paresseux et il n’y avait qu’une seule chose qui m’intéressait, le foot. J’étais complètement dedans ! L’amour de la musique m’est venu un peu plus tard, vers 14 ans. »


Au conservatoire de Moscou, Boris Berezozosky entre dans la classe d’Elisso Virsaladze où il restera quatre ans. Cette grande pianiste d’origine géorgienne était elle-même une élève de Heinrich Neuhaus, dont les talents hors pair de pédagogue ont marqué toute une génération de pianistes. Il a été notamment le professeur de Sviatoslav Richter et d’Emil Gilels.


« Virsaladze nous faisait travailler comme des fous. On était enrôlé dans une armée dont les batailles à livrer étaient les concours. Il fallait absolument que ce soit des Soviétiques qui aient les premiers prix lors des épreuves internationales. A 20 ans, j’ai remporté la médaille d’or du Concours Tchaïkovski, mais, après, je n’ai pas trop su quoi faire. »




Par chance, Boris Berezovsky rencontre Alexandre Satz, un de ses compatriotes pédagogues hors pair lui aussi, mais ouvert à toutes sortes d’influences. L’âge de fer est fini. Alexandre Satz avait enseigné à l’école Gnessin, connue pour accueillir les musiciens surdoués. Mais elle n’est pas que ça.


« A l’Institut Gnessin, il y avait beaucoup de dissidents, de musiciens coupés du conservatoire. En fait, c’était une école pour les juifs. On y faisait entendre et travailler des musiques moins connues, comme celles de Nikolaï Medtner. On y avait gardé aussi la tradition du folklore. Gnessin, c’était bien mieux que le conservatoire ! »






Considéré comme un des grands virtuoses d’aujourd’hui, la facilité avec laquelle Boris Berezovsky se joue des difficultés pianistiques est proprement stupéfiante.
Mais cela ne le touche pas plus que cela. Ecoutez-le dans des Préludes de Rachmaninov, traversés d’éclairs orageux et de tendresses inattendues.








« La virtuosité, c’est, au bout du compte, le talent de captiver les gens. Tous les pianistes ont quelque chose de spécial. Moi, je suis plutôt attiré par le romantisme, la sensualité, l’élégance. Les pianistes qui sont des stars, genre people ? Je m’en fous.
Les publics sont larges et divers, il en faut pour tous les goûts. C’est du show business. Et alors ? Cela m’est indifférent. De toute façon, il y a un prix à payer pour tout le monde. Et il y a tellement de pianistes intéressants que cela n’a aucune importance. »






Brigitte Engerer ? Une musicienne géniale !



Pour le public français, le nom de Boris Berezovsky est étroitement lié à celui de Brigitte Engerer, la pianiste disparue le 23 juin dernier. Ils ont joué ensemble pendant quinze ans, et de très nombreuses fois.
Leur entente sur scène était aussi naturelle, spontanée, que leur complicité rieuse dans la vie.



« Nous nous sommes rencontrés lors d’un dîner et tout de suite après nous sommes allés au casino. C’était la première, mais pas la dernière fois. Nous sommes tous les deux des joueurs.
Avec moi, elle était très gentille. Elle m’a beaucoup aidé et je lui en suis extrêmement reconnaissant. D’instinct elle protégeait, elle donnait. Mais elle ne s’est jamais protégée elle-même.





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Musicalement, cela marchait très bien entre nous. Il y a eu des concerts inoubliables. C’était une musicienne géniale, naturelle, sincère. Son son était absolument magnifique. Le public l’adorait. On s’amusait, on se soutenait l’un l’autre. Elle était ravie de vivre. »




Aujourd’hui, Boris Berezovsky est heureux de succéder à Brigitte Engerer à Beauvais comme directeur artistique du festival Pianoscope. Un festival qu’il imagine « comme des rencontres entre amis ».


Ses envies musicales aujourd’hui ? Travailler la musique française, en particulier Messiaen et Debussy. Boris Berezovsky paraît tout d’une pièce ?
De loin, oui. Mais c’est un trompe l’œil : plus on s’approche de lui, plus « son dessin » se fragmente, se complexifie. Un taureau, mais alla Picasso.





http://blogs.rue89.nouvelobs.com/droles-de-gammes/2012/10/06/boris-berezovsky-le-piano-pour-forteresse-228600






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