Sécurité à bord des grands paquebots

Le débat sur la sécurité à bord des grands paquebots a redoublé hier après le naufrage samedi du « Costa Concordia » avec une double question sur le gigantisme croissant des navires et l'internationalisation des équipages, avec en particulier le recours à la main-d'oeuvre asiatique. A ce propos, le porte-parole du syndicat CGT des Marins du Grand-Ouest, Jean-Paul Hellequin, a dénoncé « avec force la responsabilité des Etats européens, de l'Organisation maritime internationale (OMI) qui autorisent les armateurs à mettre à bord des navires des équipages à bas coût. »

Le responsable syndical a relevé l'extrême diversité d'origine des membres de l'équipage du « Costa Concordia » et s'est interrogé sur « comment ces marins peuvent-ils communiquer entre eux et avec les passagers en cas de problèmes majeurs » ? Plus généralement, la CGT affirme que sur « les 1.850.000 marins recensés dans le monde, 4 sur 5 viennent de pays pauvres ».

A contrario, l'organisation professionnelle Armateurs de France et l'association Institut français de la mer (IFM) ont, dans des communiqués publiés séparément, voulu dépassionner l'analyse des événements dramatiques du week-en dernier, en rappelant la sûreté du transport maritime.
Incompétences humaines

Au passage, Armateurs de France a estimé que le naufrage du « Costa Concordia » était« l'exception qui défie les règles », l'IFM pointant la « négligence coupable rarissime » de son commandant. Mais l'institut a aussi relevé « les conditions de panique incompréhensible » de l'évacuation. « Je suis convaincu que cet accident va avoir des conséquences sur la formation. On est vraiment dans le cas d'erreurs humaines inacceptables », a déclaré aux « Echos » le PDG du courtier maritime Barry Rogliano Salles, Jean-Bernard Raoust, qui relève lui aussi les difficultés dans l'évacuation des passagers et la manoeuvre « aberrante » du commandant du « Costa Concordia ». Pour ce fin connaisseur du secteur de la croisière, « l'augmentation de la taille des paquebots impose des règles encore plus strictes de formation des équipages, de responsabilité des officiers ». Et le patron de BRS d'observer que « la faiblesse de tous ces progrès [techniques, NDLR] reste l'homme ».