Beth Hart, LA voix de l'Amériquebeth hart Vous allez, en tout cas on l'espère, entendre parler de Beth Hart.
Si vous êtes des fans de Slash, vous la connaissez déjà.
Vous avez découvert sa voix forte et sensuelle sur la vibrante ballade
qu'elle a enregistrée avec l'ex-guitariste des Guns'n'Roses, "Mother Maria".
Elle a aussi foulé plusieurs scènes avec lui,
notamment sur une reprise impressionnante de "Whole lotta love" de Led Zeppelin,
où elle parvient à atteindre les sommets gravis jadis par Robert Plant.
En France, c'est un projet commun avec un autre guitar hero, Joe Bonamassa,
celui-ci plutôt fils spirituel de Steve Ray Vaughan,
qui devrait mettre dans la lumière sa voix exceptionnelle,
tant par son éclectisme que son grain et son émotion.
Car si elle est célèbre dans son pays pour avoir fait un tube "LA Song" d
ans la série Beverly Hills 90210, cette presque quadra
(elle aura 40 ans en janvier prochain) est encore inconnue par chez nous.
A l'occasion de la sortie de "Don't explain" chez Mascot/Wagram,
réjouissant album réunissant dix reprises de standards blues, de jazz et rock
(dont le tube de Melody Gardot "Your heart is as black as night"),
nous l'avons rencontrée pendant une demi-heure
dans un grand hôtel parisien le 7 octobre. C'était en début d'après-midi,
elle venait de chanter sur France Inter dans l'émission "Les affranchis"
sa version de "Chocolate Jesus", merveilleux titre de Tom Waits.
Une reprise piano-voix à faire dresser les poils (écoutez et regardez voir plus bas...)
On a retrouvé la belle et adorable chanteuse de Los Angeles devant une tasse de thé,
un paquet de cigarettes US, sa veste panthère posée sur le dossier du fauteuil.
Un entretien en toute décontraction,
avant une photo au débottée pour laquelle elle a accepté de poser de bonne grâce.
Commençons par une bonne nouvelle.
"Chocolate Jesus" est finalement le premier single extrait de "Don't explain" en France...
Oui, à ma grande surprise. Dans les autres pays,
c'est la ballade "I'll take care of you" qui a été mise en avant, mais chez vous,
on veut plus de rock (elle sourit).
J'en suis ravie, car "Chocolate Jesus" est un des morceaux que j'ai choisi pour l'album.
Et un de mes morceaux préférés tout court.
Avec Joe Bonamassa, vous vous êtes partagés le choix des titres ?
Oui, Joe a sélectionné "Sinner's prayer", "For my friend", "Well, well",
"I'll take care of you". Moi "Chocolate Jesus", donc, "I'd rather go blind",
"Something's got a hold on me", "Don't explain" et "Ain't no way".
Vous avez choisi les plus bluesy et jazzy...
C'est vrai je suis dans une période très blues et jazz.
J'adore le rock, le hard, la pop music, j'aime tous les genres,
mais cela dépend du moment de ma vie. C'est étrange que je revienne au jazz.
Mon premier amour, vous savez, était la musique classique.
J'ai étudié le piano toute petite, j'ai commencé à prendre des leçons à 4 ans.
Mais le deuxième, c'était le jazz.
Et je n'ai jamais réussi à composer des morceaux de jazz.
C'est pour cela que j'ai si faim de chanter des grands standards. Mais j'y travaille.
Allez-vous faire une tournée ensemble ?
Je l'espère. Il faudra pour cela que l'album marche bien.
Mais en attendant, je ne cesse de tourner avec mon groupe
et nous jouerons aussi des morceaux de l'album.
J'espère qu'avec l'un ou l'autre, on pourra s'arrêter en France. ....
Vous venez d'être interviewée par Paris Match,
vous allez enregistrer en novembre "Taratata" et "la Musicale",
qui sont deux émissions musicales incontournables en France.
La France est train de tomber amoureuse...
(Elle rit). Vous croyez ? Ce serait formidable car j'aime énormément votre pays et...
Et si je ne m'abuse, vous n'avez jamais chanté à Paris ?
Il y a très longtemps, mais pas en tête d'affiche !
J'avais fait la première partie de Scorpions en 1996-1997, dans une grande salle,
mais franchement je ne sais plus laquelle.
Depuis, je suis revenue mais à Nice ou Cannes, notamment lors du dernier festival,
où j'avais été invitée à chanter par la délégation danoise lors d'une soirée privée,
un pays qui m'aime bien.
J'ai lu que vous avez aussi chanté récemment pour une soirée de charité
à Monaco à la demande du prince Albert.
Ah vous avez vu la fameuse photo...
Quelle photo ?
Dans la presse people, on m'a prise en photo avec le prince Albert
et on a coupé la partie de la photo où se trouvait mon mari, en rajoutant comme titre :
est-ce la nouvelle amie du prince ? où est la sienne ?
Mon mari a moyennement apprécié. C'était le mauvais côté..
Sinon, le concert était bien ?
C'était une soirée formidable, pour recueillir des dons pour construire une école.
Je me demandais un peu ce que j'allais faire à Monaco
mais j'ai été super bien accueillie par le prince Albert,
qui à ma grande surprise me connait très bien et aime mes chansons.
Le concert était étonnant, à l'Opéra et devant des spectateurs tous très très bien habillés,
de la haute société. Je n'étais pas habituée à un tel public (elle rit).
Mais l'ambiance était chouette. Surtout après le concert d'ailleurs.
J'ai été très surprise de retrouver les mêmes spectateurs chantant, dansant, au repas.
C'était incroyable. Et notre hôtel était au-dessus de l'eau. C'était un séjour incroyable.
Vous faites de longues tournées en Norvège, au Danemark,
aux Pays-Bas, en Angleterrre ou en Allemagne, c
omment expliquez-vous que votre succès là-bas ne traverse pas la frontière française ?
Je n'ai jamais eu de contrat avec une maison de disques en France avant cet album.
Maintenant j'ai un deal avec toute l'Europe, grâce à ce disque avec Joe.
C'est Joe, qui m'ouvre ces portes, il est vraiment génial.
Et qui m'a fait rencontrer Kevin Shirley, le producteur de "Don't explain".
Ensemble, nous allons d'ailleurs réaliser mon prochain album,
qui devrait sortir en avril ou mai prochain.
J'ai écrit treize chansons, mais je veux en écrire encore une vingtaine
pour avoir de la matière.
Je vais m'y atteler pendant les quatre prochaines semaines, à la maison.
Vous dévoilez sur votre site internet vos problèmes passées
avec la drogue et l'alcoolisme. C'est très rare que les artistes parlent aussi
ouvertement de leurs addictions et de leur combat pour en sortir.
Pourquoi l'avez-vous fait ?
D'abord parce que je ne veux pas tricher.
Ce n'est pas que je me moque de ce que les gens pensent de moi, pas du tout,
mais parce que je trouve plus important d'être moi-même.
L'autre raison est que j'ai envie d'aller plus loin que "voilà ce que j'ai vécu,
je m'en suis sortie, merci Dieu, point".
Si en montrant par quoi je suis passée, je peux aider d'autres personnes à s'en sortir,
tant mieux. Leur montrer que si je peux le faire, ils le peuvent aussi.
Et leur montrer qu'ils ne sont pas seuls.
J'ai moi-même reçu beaucoup d'aide et de conseils quand ça n'allait pas,
des conseils qui m'ont aidé à m'en sortir. A moi de rendre la pareille aujourd'hui...
(Elle réfléchit quelques instants).
Je sais très bien que c'est encore là...
C'est du passé mais cela reste du présent,
une part de ma vie avec laquelle il faut que je fasse.
Je ne bois plus du tout de vin, même en France, aïe (elle sourit)...
C'est de la connerie de dire que l'on est mieux sur scène,
en prenant de la drogue, de l'alcool.
Aujourd'hui, je me sens des milliards de fois mieux sur scène,
dans mes relations avec les autres, dans l'écriture de chansons, avec mon mari...
Vous connaissez et appréciez des chanteurs français ?
Je suis une grande fan d'Edith Piaf, j'ai d'ailleurs vu le film "La vie en rose" aux Etats-Unis, c'était génial. J'aime aussi l'histoire française de Josephine Baker. Mais vous savez, j'aime beaucoup de chanteuses, Aretha Franklin, Billie Hollliday, Etta James...
Vous préférez les chanteuses ?
Pas du tout. J'adore Chris Cornell, Otis Redding, Robert Plant, Howlin'Wolf, Robert Johnson...
Le plus important, c'est le feeling.
Depuis que j'ai six ou sept ans et que ma mère m'a fait écouter Billie Holliday,
j'ai écouté tous les styles, Black Sabbath, puis du reggae, de la country,
Joe Turner, Patsy Cline, Johnny Cash...
Mais vous savez, si j'adore la musique, les tournées,
ce n'est heureusement pas mon unique centre d'intérêt dans la vie.
J'adore me balader dans la nature, voyager avec mon mari, rencontrer des gens,
faire la cuisine, pêcher en rivière...
Si je ne suis pas connectée à tout cela, à la vie, à Dieu, c'est simple, je ne peux pas écrire.
Source le Parisien :
http://rocknroll.blog.leparisien.fr/archive/2011/10/08/beth-hart-la-voix-de-l-amerique.html