L’avenue, théâtre du spectaculaire défilé du 14 Juillet, n’est plus que l’ombre d’elle-même en réalité : saleté, mendicité, insécurité gagnent du terrain.
Les Champs-Elysées, plus belle avenue du monde ? Le titre de gloire semble définitivement usurpé. Insécurité croissante et saleté repoussante sont au cœur des protestations. Les équipes de nettoiement ne chôment pas mais ne viennent pas à bout d’un défi impossible : « On arpente l’avenue en continu avec nos machines de nettoyage. Mais comme il n’y a plus de poubelles depuis Vigipirate, on retrouve des emballages de fast-food partout. »
Les Champs bénéficient d’un dispositif particulier, explique pourtant la mairie de Paris. « C’est la seule avenue de la capitale à être nettoyée en continu du matin au soir », souligne Jean-Bernard Bros, adjoint au maire en charge du tourisme. De 6 heures du matin à 20 heures, chaque jour, une vingtaine d’éboueurs se relaient. Mais force est de constater que c’est insuffisant. Un appel d’offres serait en cours pour installer des poubelles antibombes le long de l’avenue, comme c’est déjà le cas à Londres.
Edouard Lefebvre, délégué général du Comité des Champs-Elysées, qui rassemble près de 160 commerçants du quartier, reconnaît ces nuisances : « La saleté et l’insécurité existent, mais ils sont à la mesure de la fréquentation des lieux. En une journée, il passe à peu près autant de gens sur l’avenue qu’il y a de population dans Bordeaux intra-muros ! »
Escroqueries en tout genre
L’avenue brasse chaque jour une foule cosmopolite : touristes, salariés, mendiants, marchands à la sauvette. Depuis trois semaines, les joueurs de bonneteau ont même investi les lieux. « Ils viennent d’être chassés de Montmartre, de Pigalle et du Champ-de-Mars. Ils sont pour la plupart originaires des pays de l’Est. On en compte entre soixante et cent. Nous avons reçu pour instruction de les interpeller, mais très vite, le commissariat du VIIIe s’est retrouvé saturé, nous avons donc reçu la consigne de les évincer. Actuellement, les arrestations sont de nouveau à l’ordre du jour », confie une source policière du quartier.
Des consignes inutiles, grommelle le maire de l’arrondissement, François Lebel. « Cela ne sert à rien de les mettre en garde à vue pour les relâcher deux heures après. Pour les faire partir d’eux-mêmes, il vaudrait mieux multiplier les patrouilles de policiers en uniforme. » La Préfecture de Police, quant à elle, « ne juge pas opportun » de communiquer les statistiques locales de la délinquance.
Le paradis du textile et du fast-food
Autrefois lieu de promenade familiale, les Champs-Elysées se transforment petit à petit en centre commercial à ciel ouvert, où les grandes enseignes internationales de textile et les sandwicheries ont pignon sur rue, au détriment des cinémas et des restaurants, forcés de mettre la clé sous la porte à cause de loyers exorbitants. Rien n’est perdu, veut croire Edouard Lefebvre : « Les Champs-Elysées, c’est à la fois le prestige et le grand public. Nous ne voulons pas non plus ressembler à l’avenue Montaigne (composée exclusivement d’enseignes de luxe, NDLR). »
Jean-Bernard Bros, lui, s’inquiète : « L’avenue reste encore mythique, mais il faut préserver sa diversité et ne pas laisser s’étendre la monoactivité. Je ne suis pas pour revenir à un Paris à la Gavroche, mais un jour viendra où le dernier café à la parisienne disparaîtra… Et ce ne sera plus les Champs-Elysées que l’on aime.
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