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Sujet: NICK CAVE ..... Sam 24 Mai - 9:25
Nick Cave passe son enfance en milieu rural, dans la région céréalière de l'État de Victoria, d'abord dans la petite bourgade de Warracknabeal, puis à Wangaratta, une ville un peu plus importante. Il a deux frères aînés, Tim (né en 1952) et Peter (né en 1954), et une sœur cadette, Julie (née en 1959). Il grandit dans un environnement littéraire : son père, Colin, est professeur d'anglais et de littérature, tandis que sa mère, Dawn, exerce le métier de bibliothécaire. Ses parents, anglicans fervents, lui inculquent une éducation religieuse qui le marquera, comme en attestent les nombreuses références au sacré qui parsèment ses écrits. Qui plus est, il fait partie du chœur de garçons de la cathédrale de Wangaratta. Souvent en conflit avec l'autorité scolaire, il est envoyé en pension en 1970, à la Caulfield Grammar School de Melbourne. L'année suivante, ses parents emménagent dans une banlieue de Melbourne, à Murrumbeena, et Nick redevient simple demi-pensionnaire. Il peut ainsi profiter du piano familial et participer à la chorale de son école, dirigée par un chef de chœur nommé Norman Kaye.
En 1973, au lycée Caulfield, Nick Cave fait la connaissance de Mick Harvey, Tracy Pew et Phill Calvert, avec lesquels il monte son premier groupe, qui deviendra The Boys Next Door. En 1978, Rowland S. Howard rejoint le groupe en qualité de guitariste. La collaboration entre Nick Cave et Mick Harvey, multi-instrumentiste et notamment bassiste des Bad Seeds, se poursuit encore aujourd'hui. En 1976, Nick Cave entame des études de peinture au Caulfield Institute of Technology, mais il abandonne en 1977, afin de se consacrer entièrement à la musique. À la fin de l'année 1978, peu après les 21 ans de Nick, son père décède dans un accident de voiture.
À la fin des années 1970, le groupe, partie prenante de la scène post-punk locale, donne de très nombreux concerts dans toute l'Australie avant de changer de nom en 1980 pour devenir The Birthday Party et de s'installer en Europe cette même année, d'abord à Londres, puis à Berlin-Ouest. La compagne et muse de Nick Cave, Anita Lane, suit le groupe en Europe, où il devient rapidement célèbre pour l'énergie déployée dans ses concerts, volontiers provocateurs, qui voient régulièrement Cave hurler et torturer sa voix, bondissant sans relâche aux quatre coins de la scène dans un déluge de rock agressif et d'effet Larsen.
Cependant, malgré de nombreux enregistrements et un culte grandissant autour du groupe en Europe et en Australie, The Birthday Party se sépare en 1984. Rowland S. Howard et Nick Cave ont en effet de plus en plus de mal à travailler ensemble, et leurs abus respectifs de drogues et d'alcool n'arrangent rien. Même si The Birthday Party n'a connu qu'un succès limité au long de sa carrière, il n'en reste pas moins considéré aujourd'hui comme une influence majeure des mouvements psychobilly, death rock ou rock gothique des années 1980.
Nick Cave forme alors avec Mick Harvey ce qui devient la première version de Nick Cave and the Bad Seeds, dont le nom exprime clairement le changement notable de statut du chanteur, qui est désormais le vrai leader. Les paroles des chansons explorent alors de nouveaux thèmes, Nick Cave délaissant quelque peu l'expressionnisme de ses débuts pour écrire des histoires pétries de lyrisme, foisonnant de détails narratifs. Les Bad Seeds se posent d'emblée comme un groupe à composante internationale en intégrant, outre Nick Cave et Mick Harvey, le guitariste allemand du groupe de rock industriel Einstürzende Neubauten, Blixa Bargeld, l'ex-bassiste anglais de Magazine, Barry Adamson, et le guitariste australien Hugo Race. Anita Lane participe également, notamment en écrivant les paroles de quelques chansons. Tel quel, le groupe enregistre son premier album, sorti en 1984 : From Her To Eternity.
Cette année-là, Nick Cave entame à Berlin, où il s'est installé, l'écriture de ce qui deviendra son premier roman, Et l'âne vit l'ange (titre original : And the Ass Saw the Angel), dont les thèmes bibliques et le lyrisme noir reflètent les préoccupations exprimées dans les paroles de ses chansons pour les Bad Seeds. À cette époque, s'étant séparé d'Anita Lane, il vit une histoire avec une Berlinoise du nom d'Elisabeth Recker. Au cours de ses années de vie à Berlin, il met la touche finale à quatre albums des Bad Seeds : The First Born is Dead en 1985, Kicking Against the Pricks (album de reprises) et Your Funeral... My Trial en 1986, et Tender Prey en 1988. Cette même année, il publie aussi King Ink, recueil de textes de chansons et de pièces de théâtre, incluant une partie de son travail avec l'artiste américaine Lydia Lunch.
En 1989, après avoir terminé son premier roman, Et l'âne vit l'ange, Nick Cave quitte Berlin-Ouest, peu de temps avant la chute du mur, pour s'installer à São Paulo, au Brésil, où il fait la connaissance d'une Brésilienne du nom de Viviane Carneiro, avec qui il aura un fils, Luke, en 1991. Nick Cave a également trois autres enfants résidant en Australie. En 1993, il retourne s'installer à Londres. Il vit actuellement dans les environs de Brighton, au Royaume-Uni, en compagnie de son épouse, Susie Bick, mannequin et actrice britannique. Le couple est parent de jumeaux, Arthur et Earl.
La musique de Nick Cave illustre plusieurs films de Wim Wenders, dont Les Ailes du désir en 1987 (dans lequel Nick Cave apparaît en concert), Jusqu'au bout du monde en 1991, Faraway, So Close! en 1993 et The Soul of a Man en 2003. Par ailleurs, on découvre Nick Cave acteur dans un film australien indépendant dont il a co-écrit le scénario, Ghosts of the Civil Dead, réalisé par John Hillcoat en 1988, et dans le film Johnny Suede de Tom DiCillo, en 1991, aux côtés de Brad Pitt.
En 1996, Nick Cave and the Bad Seeds publient l'album Murder Ballads qui constitue, comme le suggère son titre, un recueil de chansons sur le thème du meurtre. Nick Cave y interprète deux duos : Henry Lee, avec la chanteuse de rock britannique PJ Harvey (avec qui il vit une brève histoire d'amour), et Where the Wild Roses Grow, avec la star de la pop australienne Kylie Minogue. Ce second titre connaît un franc succès à l'échelon international, et remporte en 1996 trois ARIA Awards en Australie, dont celui de la « Chanson de l'année ». L'album suivant, The Boatman's Call, qui paraît en 1997, marque une rupture de style radicale par rapport à la structure narrative quasi-théâtrale et à la teinte lugubre des chansons de Murder Ballads, Nick Cave choisissant d'adopter cette fois un ton autobiographique intimiste pour évoquer dans ses morceaux ses relations avec Viviane Carneiro et PJ Harvey. Après la sortie de cet album, Nick Cave décide de s'éclipser quelque temps de la scène publique afin de régler ses problèmes de dépendance à l'héroïne et à l'alcool. Il refait surface quatre ans plus tard, en 2001, ressourcé, avec un album complexe et sombre, No More Shall We Part, qui reçoit globalement un excellent accueil, tant de la part des critiques que de la part des fans.
En 1998, étaient parues à la fois une compilation « Best of » des morceaux les plus populaires des albums antérieurs de Nick Cave and the Bad Seeds (ainsi qu'un album live enregistré au Royal Albert Hall de Londres) et, en Australie exclusivement, une compilation non officielle de divers artistes ayant inspiré Nick Cave, Original Seeds: Songs That Inspired Nick Cave comprenant, entre autres, des morceaux de Johnny Cash et de Leonard Cohen. Un deuxième volet, Original Seeds Volume 2, est sorti en 2004.
À partir des années 1990, Nick Cave effectue des tournées en « solo », en plus de ses concerts avec les Bad Seeds. Pour ces concerts sans les Bad Seeds au complet, le groupe se compose de Nick Cave au piano et d'une équipe variable de trois autres musiciens à la basse, à la batterie et au violon. Le trio avec lequel Nick Cave tourne en 2006 inclut trois membres des Bad Seeds : Martyn P. Casey, Jim Sclavunos et Warren Ellis (surnommés les Mini-Seeds).
En 2000, Johnny Cash, l'une des idoles de Nick Cave, reprend, sur l'album American III: Solitary Man, le titre emblématique des Bad Seeds : The Mercy Seat. Il rend ainsi la politesse à Nick Cave qui avait, quelques années auparavant, sur Kicking Against the Pricks, repris deux de ses morceaux : Muddy Water et The Singer. Nick Cave est ensuite convié, comme plusieurs autres artistes des scènes rock et country, à participer à la rédaction des notes de pochette de la rétrospective consacrée à « l'homme en noir » à l'occasion de son soixante-dixième anniversaire : The Essential Johnny Cash. Les carrières des deux artistes se croisent encore un moment, en 2002, le temps d'un duo sur le quatrième opus de la série American de Johnny Cash (American IV: The Man Comes Around). Ils reprennent pour l'occasion I'm So Lonesome I Could Cry, célèbre chanson d'une autre légende de la country, Hank Williams. Enfin, on peut retrouver sur le coffret posthume Johnny Cash: Unearthed un ultime duo rassemblant Johnny Cash et Nick Cave : il s'agit de leur version de Cindy, chanson traditionnelle américaine.
En 2003, consécutivement à l'échec relatif du nouvel album des Bad Seeds, Nocturama, Blixa Bargeld annonce qu'il quitte le groupe afin de se consacrer davantage à Einstürzende Neubauten. Hormis Nick Cave lui-même, Mick Harvey demeure alors le seul membre restant de la composition originelle des Bad Seeds. L'année suivante, paraît le premier double album du groupe, grand succès critique : Abattoir Blues/The Lyre of Orpheus.
L'année 2005 est celle de la sortie de B-Sides & Rarities, coffret de trois disques rassemblant pour la première fois cinquante-six chansons jusqu'à lors éparpillées : faces B de singles, raretés et morceaux figurant sur des bandes originales de films.
Après le tsunami du 26 décembre 2004 ayant violemment touché l'Asie du Sud-Est, Nick Cave fait une apparition au concert WaveAid à Sydney, organisé afin de récolter des fonds pour les organisations humanitaires travaillant dans les régions dévastées.
Nick Cave, très attiré par le cinéma, écrit en 2004 le scénario du film The Proposition, qui sort l'année suivante en Australie, en octobre 2005, et courant 2006 dans le reste du monde. Situé dans l'outback australien, ce western poétique et violent, réalisé par John Hillcoat, fait notamment se croiser les acteurs Guy Pearce, John Hurt et Emily Watson. La B.O., volontiers atmosphérique, est logiquement enregistrée par Nick Cave, épaulé par son complice Warren Ellis. Elle est commercialisée une semaine avant la sortie australienne du film.
Nick Cave et John Hillcoat projettent d'ores et déjà de réaliser un second film ensemble, une comédie située en Grande-Bretagne, dont le titre provisoire est Death of a Ladies Man (référence à Leonard Cohen).
Fin 2006, il fonde avec les autres membres de Nick Cave and the Bad Seeds un nouveau groupe, baptisé Grinderman, dont le premier album est sorti en mars 2007.
En 2007, il revient à la composition de BO avec Warren Ellis, pour le film L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, et apparaît dans une des scènes finales dans le rôle d'un musicien. http://fr.wikipedia.org/wiki/Nick_Cave
Margitza-yeah
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Sujet: Re: NICK CAVE ..... Sam 24 Mai - 9:31
Ballad of Robert Moore and Betty Coltrane
Where the wild roses grow (avec Kylie Minogue)
Henry lee (avec P.J. Harvey)
liliane Admin
Nombre de messages : 19569 Age : 50 Localisation : dans la galaxie Date d'inscription : 02/05/2008
Sujet: Re: NICK CAVE ..... Mar 17 Juin - 14:41
Rockeur exclamatif INTERVIEW DE NICK CAVE
Ecrivain, auteur, compositeur, scénariste, chanteur, pianiste, guitariste, Nick Cave cumule les fonctions depuis plus de 30 ans. L'an dernier, l'Australien maître des ballades sombres et des chansons fiévreuses est revenu en force avec la bande originale du film 'L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford'. Rencontre avec un bluesman trash, à l'heure de la sortie de son nouvel album 'Dig !!! Lazarus Dig !!!' et de deux dates de concert en France.
Surtout connu du grand public pour son énorme et sombre tube avec Kylie Minogue 'Where The Wild Roses Grow' (1995), Nick Cave trimballe la réputation d'un garçon peu commode, taciturne et bougon. C'est dans un hôtel parisien cossu qu'on rencontre en réalité un artiste pince-sans-rire, tout de moustache et de costard vêtu, cherchant ses mots puis clamant haut et fort : "Je pense qu'une grande partie de ce que j'écris est comique".
Est-ce quelque chose d'important pour vous d'expliquer votre travail ?
Non ! Ce n'est pas mon boulot. Parler à la presse, ce n'est pas mon job. Mais c'est un marché que j'ai conclu avec mon label : j'ai le droit de faire ce que je veux d'un point de vue musical tant que je fais la promotion de mes disques. Même si je pense que c'est de la foutaise. A mon avis ce n'est pas nécessaire : je ne pense pas convaincre qui que ce soit ou expliquer des choses passionnantes en interview…
Le titre du disque et les paroles abondent en points d'exclamation. Est-ce que cet album recèle un rock exclamatif ?
Je pense que c'est plutôt une espèce d'enthousiasme autour de ce qui se passe dans ce disque. Avec les paroles, la manière dont s'est fait le disque, le titre résonne comme un commandement : "Creuse !!! Lazare, creuse !!!" Mais c'est aussi un élément comique. S'il y a plein de points d'exclamation dans ce disque, c'est qu'à l'école on m'interdisait d'utiliser les points d'exclamation. J'ai donc pris un grand plaisir à transgresser cette interdiction ! Une revanche sur mes vieux professeurs d'anglais…
On oublie souvent la part d'humour qu'il y a dans votre musique pour mettre en avant le côté sombre. Faut-il voir dans le titre de cet album quelque chose de drôle ?
C'est ce que je pense en tout cas. Le problème, c'est que ce que je trouve drôle ne semble pas souvent s'accorder avec l'humour des gens… Mais je pense qu'une grande partie de ce que j'écris est comique. Ce n'est pas quelque chose de sérieux. J'essaie d'aborder un thème ou un sujet en particulier d'un point de vue comique. J'ai le sentiment que c'est ce que j'ai toujours fait, ce n'est pas quelque chose de nouveau pour moi.
Lire la critique de 'Dig !!! Lazarus Dig !!!'
Quel est l'esprit qui gouverne 'Dig !!! Lazarus Dig !!!' ?
J'ai essayé d'attraper des personnages, des scénarios, et plein de choses différentes qui viennent de partout, pour les lier dans un disque, dans un imaginaire. C'est ce qui donne ce fil conducteur chaotique, ces métaphores : on pense savoir de quoi parle une chanson, puis, soudain, elle prend une autre direction, et encore une autre…
Les Etats-Unis sont très présents dans ce disque. Quelle relation entretenez-vous avec ce pays ?
Je pense que c'est un peu la même chose que pour les Français : je suis toujours en train de les critiquer ! Mais j'adore voyager aux Etats-Unis et, en général, j'apprécie aussi les Américains ! J'aime même en avoir dans mon lit… Mais le but n'était pas de faire un disque "américain".
Vos influences musicales viennent pourtant de la musique américaine…
Non, ceci est une manière très européenne de voir les choses. Je suis australien et tout m'influence. Notre peuple vient d'Europe, d'Amérique… C'est comme ça partout chez nous, c'est ainsi que nous avons grandi, nous n'avons pas à proprement parler de culture à nous. Quand j'ai quitté l'Australie pour commencer à vivre en Europe, les gens disaient que j'avais une culture américaine, mais je n'ai jamais vu les choses sous cet angle. Ce sont juste plein de choses qui ont traversé les océans et que nous nous sommes appropriées en tant qu'Australiens. Nous venons d'une culture qui se considère comme inférieure - culturellement et artistiquement. Dire que mes influences sont américaines, ce n'est pas la manière de penser des Australiens.
Vous avez multiplié les projets parallèles ces derniers temps. C'est une manière de garder l'envie de faire de la musique ?
Ce ne sont pas des projets parallèles, c'est le même travail… Avec le temps, je me suis retrouvé dans une situation où les gens me demandent de participer à des projets. Et toutes ces activités "hors programme", les BO, les scripts ou les essais, naissent d'une demande extérieure. Et si ce sont des gens intéressants, pourquoi m'en priver… Mais c'est vrai qu'en un sens, c'est certain, ça entretient le désir. Faire juste un disque tous les deux ou trois ans comme beaucoup le font, d'accord. Mais après, tu fais quoi ?
Oui ça me permet de faire ce que je veux. C'est justement ce que j'aime dans le travail avec les Bad Seeds : chaque disque a son identité propre. Et pour les auditeurs et les fans, chaque fois que sort un nouvel album, ils doivent signer le bail. Il n'y a pas de garantie qu'ils vont aimer le prochain disque. Il peut offrir un style de musique qu'ils n'aiment pas du tout. Et dans notre carrière, il en a toujours été ainsi : on a perdu des fans, on en a retrouvés, et ainsi de suite. Parce que chaque disque est en quelque sorte différent du précédent.
Propos recueillis par Mathieu Durand pour Evene.fr - Avril 200
liliane Admin
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Sujet: Re: NICK CAVE ..... Jeu 15 Oct - 8:10
Nick Cave a repris sa plume
Ses admirateurs ont failli attendre. Vingt ans après son premier roman, Et l'âne vit l'ange (éditions Serpent à Plumes), Nick Cave sort son deuxième texte : La Mort de Bunny Munro, prévu pour le 6 janvier 2010 chez Flammarion. Pour l'occasion, l'artiste australien donnera un concert, accompagné de Warren Ellis et de Martyn Casey, au Théâtre Marigny le 19 octobre prochain. Concept insolite, ce concert sera accompagné de lectures de textes. Traduit et imprimé en français pour les non-anglophones, le roman raconte l'histoire d'un toxicomane qui, suite au suicide de sa femme, décide de partir sur la route avec son fils de neuf ans.
Le leader des Bad Seeds, innovant, pense à tout. Il a composé une bande-son avec son violoniste, Warren Elis, destinée à accompagner la lecture du roman. Un soundtrack qui est téléchargeable sur Itunes. Dans le souci de toucher tout public, notamment les accros aux nouvelles technologies, il a rendu une version électronique du livre, disponible en achetant la version audio sur l' iTunes . L'application comprend l'e-book (en version anglaise) et une vidéo de Cave lisant sa prose et la BO du livre.
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Sujet: Re: NICK CAVE ..... Lun 26 Oct - 17:51
On y était : A Night With Nick Cave
L'artiste australien Nick Cave était lundi soir au Théâtre Marigny pour un concert accompagné de lectures d'extraits de son dernier roman à paraître, La Mort de Bunny Munro. Les Inrocks étaient de la partie et vous font part de leurs impressions. Le 21 octobre 2009 - par Julien Coquet
La salle est plongée brièvement dans le noir. Nick Cave perce les ténèbres sous une trombe d’applaudissements, s’empare d’un tabouret, pose les yeux sur la feuille qu’il tient fermement dans sa main, et se lance dans une lecture à fleur de peau ponctuée de grands gestes. Ce n’était pas le genre d’entrée en matière qu’on attendait, mais pourquoi pas. A Night With Nick Cave au Théâtre Marigny, c’était de toute façon une invitation à ne pas refuser. On attendait un déluge biblique, et on l’a eu. Un concert entrecoupé de lectures de textes extraits de son nouveau roman (le deuxième en tout) La mort de Bunny Munro. Nick Cave, donc, 52 ans, couteau suisse du post-rock, voyageur invétéré bourlinguant entre la région minière de Victoria et les petits clubs de Berlin Ouest, de Londres au Brésil, hypnotisant toutes les femmes (et notamment PJ Harvey avec qui il a chanté en duo la semaine dernière à Londres) qui ont un jour malencontreusement pénétré dans son rayon cosmique.
Une légende australienne qui se retrouve ici, au Théâtre Marigny à Paris, pour une lecture de textes et répondre aux questions du public, ça n’arrive pas tous les quatre lundis. Doté d’une classe naturelle, et du charisme digne d’un guide spirituel, Nick Cave sait en outre faire valoir son talent. Ou plutôt ses talents : auteur, compositeur, interprète, multi-instrumentiste, réalisateur, écrivain… L’animal n’endosse aucune étiquette, et prend un malin plaisir à brouiller les pistes. Un peu comme sur son dernier album, Dig !!! Lazarus Dig !!!, où il tissait une histoire déchirante et déchirée, tortueuse et torturée, faite de brics et de brocs symboliques et métaphoriques, matérialisée aussi bien dans ses paroles que dans sa musique. Ce soir, après un petit film d’introduction vintage vantant les mérites de la vente à domicile (thème récurrent dans La Mort de Bunny Munro), c’est sans musique qu’il nous lit un premier passage à voix haute. Peu importe pour la musique, tout se fera en intonations punk, et de préférence sans pincettes. La Mort de Bunny Munro parle en effet d’un « maniaque détraqué sexuel ». Suite au décès de sa femme, celui-ci décide de partir avec son fils de 9 ans, et de parcourir le sud de l’Angleterre au volant de sa voiture. Une vaste entreprise qui consiste principalement à essayer de refourguer ses produits de beauté aux ménagères, et par extension de sauter toute cliente potentielle. Ou comme le fait d’un air narquois remarquer l’espèce d’anti-héros du roman : « Bunny, ça veut dire lapin. Et vous savez ce qu’on dit des lapins ? ».
L’auteur a résolument voulu imbriquer différentes formes d’art pour son projet, afin de lui donner une coloration « moderne ». En sus de la version papier, celui-ci a enregistré une version audio du livre, où il s’associe à son vieil acolyte Warren Ellis pour composer et interpréter la musique qui accompagne la lecture. La production sonore a été assurée par les artistes contemporains Iain Forsyth et Jane Pollard, qui ont déclaré avoir été impressionnés par le résultat final (des vidéos de ces lectures sont à voir à la fin de l’article). Ce soir là, Nick Cave se déplace dans son livre comme un poisson dans l’eau, et assène des textes d’une violence crue (« une minette arabe potentiellement chaudasse sous sa burka (oh, la vache, la cramouille des arabouilles) », ce n’est pas une chose à lire à ses enfants pour qu’ils s’endorment), et puisant sa source dans tous les excès de l’être humain. Ok. On n’en attendait pas moins de toi, Nick.
Suivant une sorte de mise en scène, le prêcheur australien fera osciller la nuit qui lui est consacrée entre lumière et ténèbres. Agrégeant cette dualité entre des passages franchement mélo au piano (avec notamment un Into My Arms étiré jusqu’à la corde qui aura pris des allures de chant grégorien, ou encore une confession plutôt inattendue « Alléluïa, God is in the house… »), et des coups de butoirs à la Sky Saxon où il empoigne sa guitare electro-acoustique pour montrer qu’il en a encore dans le ventre, le vieux Nick. Accompagné par un éclairage dantesque, le plongeant tantôt dans le noir alors que le plafond du théâtre s’illumine, ou bien rayonnant devant son piano, Cave paraît revenir d’un autre monde. Sa représentation s’achèvera avec la même puissance du début, et on ressortira du théâtre avec une impression de plénitude rare. Merci Nick, de nous avoir gavé de tant de nourriture spirituelle.
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Sujet: Re: NICK CAVE ..... Ven 28 Oct - 20:36
Nick Cave & The Bad Seeds - Stagger Lee
liliane Admin
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Sujet: Re: NICK CAVE ..... Lun 18 Fév - 12:09
Nick Cave & The Bad Seeds – Push the Sky Away
Sortie : 19 février 2013
Enregistré à St-Rémy-de-Provence dans une vieille bâtisse dont les murs sont tapissés de vinyles, Nick Cave signe un disque d'une élégance rare. Amorcé par la somptueuse balade "We no who u r", Push the sky away se decline en neuf morceaux. Si les fans purs et durs regretteront sans doute un manque de tension, cette tension si caractéristique à l'univers de Cave s'impose toutefois en filigrane dans les très grands morceaux que sont "Jubilee Street" et surtout "Higgs boson blues" qui voit le chanteur et parolier (le texte est incroyable) prendre sa voiture pour Genève, croiser Robert Johnson avec sa guitare à 10 dollars sur le dos et Hannah Montana dans la savane africaine. Cordes et choeurs apportent lyrisme et souffle pendant pas loin de 8 minutes. C'est par un suspendu "Push the sky away" que s'achève ce grand disque d'un artiste plus inspiré que jamais.
We No Who U R Wide Lovely Eyes Water’s Edge Jubilee Street Mermaids We Real Cool Finishing Jubilee Street Higgs Boson Blues Push The Sky Away
http://www.artmony.biz/t391-nick-cave
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liliane Admin
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Sujet: Re: NICK CAVE ..... Lun 18 Fév - 12:11
Jubilee Street Album Push the Sky
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Sujet: Re: NICK CAVE ..... Mer 20 Nov - 19:01
C'était comment le concert de Nick Cave and the Bad Seeds au Zénith ?
L'Express était mardi au concert de Nick Cave and the Bad Seeds, au Zénith. A 55 ans, le musicien australien a livré l'une de ses plus belles prestations. L'occasion de présenter son prochain opus, Live from KCRW, où il reprend les titres de Push The Sky Away, son dernier et majestueux album, et des tubes éternels comme God is in the House. Le public était aux anges.
Il est 21 heures, la tension est à son comble. Nick Cave est tout petit sous les rayons bleus qui inondent la scène. Mais quel charisme ! Dans la fosse du Zénith, six mille personnes ondoient comme une immense vague.
Nick Cave a une dégaine animale, une présence théâtrale inégalée, une aura et d'étranges poses christiques quand il s'offre au public, bras tendus, comme un autre Iggy Pop. L'Australien est troublant, au-delà de la beauté de son chant, de son registre de baryton à la puissance impressionnante qui n'a pas pris une ride, de son talent de crooner, de bluesman, de cracheur de joutes verbales et d'émotions. Le costume est satiné, la chemise dorée, mais la voix est à nu. Elle déclame, psalmodie, se fait menaçante ou résonne telle une prière. On dirait un prêcheur, béni ou maudit. Sur Jubilee Street, titre phare de son dernier album, Push The Sky Away, et clin d'oeil à l'histoire de Jack l'Eventreur, Martyn Casey, l'un des six membres des Bad Seeds, répète un ostinato incessant à la guitare. La basse de Barry Adamson se fait discrète et Nick Cave chante presque a capella.
Il défriche, déride et contorsionne les mots, les notes, les émotions. Comme sur les autres chansons de Push The Sky Away, il triture le quotidien, qui devient cocasse, étrange, limpide. Plein d'humour et de gravité.
Chanteur et leader des Bad Seeds depuis 1983, romancier - il est l'auteur de l'excellent Mort de Bunny Monro - Nick Cave puise dans toutes les disciplines, crée dans tous styles musicaux. L'un des moments forts de ce concert, son interprétation de From the Eternity, le titre de son premier album avec son groupe. Aussi punk que gospel, elle transforme la salle en une sorte d'église, où la ferveur monte. Nick Cave tire des larmes. On le revoit dans Les Ailes du Désir, le film de Wim Wenders dans lequel il chantait ce morceau dans un club berlinois.
Ci-dessus, Nick Cave and the Bad Seeds inteprètent The Mercy Seat, titre que l'on trouvera sur leur prochain album, Live from KCRW.
Ses textes sont pétris de références bibliques et peuplés de personnages inquiétants, comme Red Right Hand ou le magnifique The Mercy Seat, sur lequel Nick Cave cite Jésus et chante "I'm not afraid to die", exactement avec le même ton de défi que Don Giovanni face à la statue du Commandeur.
Il est aussi le chroniqueur de Stagger Lee, chanson américaine du début du XXe siècle retraçant un fait divers: l'histoire d'un proxénète noir de Saint-Louis (Missouri), condamné pour meurtre. Nick Cave chante qu'il "portait des chaussures déglinguées et un vieux Stetson" et se fond dans le personnage. Tout comme son idole, le bluesman Mississipi John Hurt, qui en a enregistré une version en 1928. Sur ce morceau comme sur Weeping Song, il est impossible de ne pas se laisser envoûter par le violon de Warren Ellis, poly-instrumentiste et bras droit de Nick Cave, qui entraîne lui aussi dans des narrations fantastiques, douce et folles. Ses solos sont lancinants, sa présence sur scène est étonnante. Et ce fouet, qui pend au bout de son archet !
Nick Cave s'approche du public, plonge presque au milieu de la foule, serre les mains, sussure, improvise. Il livre, assis au piano, une version bouleversante de God is in the House - et j'ai assisté à au moins quatorze concerts de Nick Cave depuis les années 1980 ! Comme le répétaient les spectateurs à la sortie: jamais on ne l'a vu aussi généreux. Trois standing ovations, des bis sans fin et deux titres qui ont merveilleusement clôturé la soirée: une version endiablée et punk-rock de The Ship Song (de l'album The Good Son, 1990), "Come sail your ships around me/ And burn yours bridges down" (Fais voguer tes navires autour de moi/ Et défais-toi de tes chaînes); et la poignante ballade d'amour Deanna , sur les notes de laquelle Nick Cave quitte la scène, face à un public jubilant, en chantant I'm Down here for your Soul. Je suis là pour ton âme.
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liliane Admin
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Sujet: Re: NICK CAVE ..... Ven 13 Juil - 16:24
Nick Cave, le ciel pour limite
Par François Barras
Simplement sublime de puissance débridée, d'évocation jubilatoire ou douloureuse, le chanteur a offert au Montreux Jazz le plus beau concert rock de son édition, et peut-être de son histoire.
Nick Cave, jeudi soir au Montreux Jazz Festival. Image: Keystone
Nick Cave ne marche pas, il flotte. Son corps d'échalas sort de la coulisse dans un Stravinski bondé, et glisse vers le centre de la scène comme aimanté par l'attraction du public, en un mouvement de préciosité étrange , de mime burlesque en costume noir et blanc, de menace étrange entre défense et attaque. Il est 22h ce jeudi soir à Montreux, l'auditorium hurle aussi fort qu'il le peut, du moins le croit-il.
Dans la foule, les pronostics avaient déserté le gazon du football pour fouler le terrain du rock: Nick Cave, 60 ans, allait-il donner un concert du niveau de l'Arena genevoise, en automne dernier? Qui avait lui-même vaincu en intensité, jure-t-on, la prestation déjà mémorable au Paléo en 2013. L'âge avançant, le chanteur australien allait-il enfin céder sur le plan de la puissance méphistophélique qu'il invoque sur scène, transformant plus que jamais ses apparitions en séances collectives de catharsis sonique? Chaque soir, il libère avec ses Bad Seeds 40 années de son imaginaire rock'n'roll, un catalogue brechtien de meurtriers sadiques, de macs à longs couteaux, de femmes perdues, de condamnés à mort, d'amants éplorés et de junkies indécrottables. Jésus et le Diable, aussi. Une drôle de bande pour un si beau lieu, mais le Stravinski espère bien tourner tripot.
C'est plutôt en temple qu'il se transforme. Ou en cathédrale, en mosquée, en tout lieu dédié au culte - pas celui de Nick Cave, bien que la foule exulte face au mythe de l'ancien punk gothique qui saisit ses mains et s'offre à elle. La communion tend vers quelque chose de plus élevé, de mystérieux, et chacun pense au souvenir d'un adolescent, Arthur, le fils du chanteur disparu il y a trois ans presque jour pour jour. Les deux chansons d'entrée, extraite de «Skeleton Tree», l'album du choc et du deuil, sonnent comme une lente et douloureuse invocation. «With my voice I am calling you», scande l'artiste le regard perdu dans le noir des travées. Le Stravinski est un temple de marbre.
Et puis, place à la célébration. Comme soulagé, Cave lance ses six mauvaises graines dans une attaque en règle des lieux, demandant au public de choisir des chansons, par exemple un «Loverman» qui impose à la salle son premier arrêt cardiaque - et une leçon aux groupes américains l'ayant précédé cette semaine (Nine Inch Nails, Queens Of The Stone Age, Jack White), dont l'artillerie de distorsion et d'amplificateurs ne fit qu'effleurer la vraie puissance organique des Bad Seeds, de leur batteur à la frappe jazz, de leur basse ronde et de leurs guitares à peine saturées. Jouant comme un seul homme, le groupe fait naître des secousses véritablement tellurique (le plancher du Strav' qui tremble...) à la mesure d'un coeur battant, prêt à exploser. «Can you feel my heart beat?», demande le chanteur qui minaude et colle les mains du premier rang sur son poitrail ouvert.
La première montée en gloire fait place à un repos relatif, au piano, dont un «Into my Arms» joué dans une gamme inédite. Le crooner a appris à doser ses effets et à ne pas perdre l'attention du public. L'oublierait-il que Warren Ellis le rappellerait aussitôt à son devoir de tumulte, Raspoutine maniaque capable de caresser «Shoot me Down» d'un air de flûte («Nous sommes dans un festival de jazz», ricane le chanteur) puis de larder la foule de son fouet électrique, en l'occurrence le larsen d'un violon dont jamais le festival de Montreux n'avait connu son aussi démoniaque.
Puisque de culte il s'agit, celui que Nick Cave orchestre au nom du King vaut toutes les offrandes depuis la naissance d'Elvis à «Tupelo». La chanson du même nom invite sur scène deux spectatrices, vestales improvisées que le chanteur aguiche et abandonne pour aller hurler le mystère de la foi rock'n roll, puis retrouve en dandy salace. Il part alors dans le public et réapparaît au fond du Stravinksi, juché sur la console de mixage, tandis que Warren Ellis maintient au violon le roulis menaçant de «Weeping Song». Revenant sur scène, il embarque dans son sillage une vingtaine de spectateurs et joue «Stagger Lee» au milieu de cette troupe enfiévrée.
On ne pensait pas que l'intensité pouvait aller plus haut. On avait tort. C'est en faisant asseoir tout le public, dans un requiem bouleversant, que Nick Cave et ses musiciens touchent du doigt les étoiles. Le chanteur descend dans cette mer de corps au repos, pas en dévotion mais en remerciement pour cette émotion en partage. A nouveau au milieu de la salle, il achève avec «Push the Sky Away» deux heures de concert simplement sublime, auxquelles s'ajoutent deux morceaux en rappel généreux mais inutile. Le souvenir du gandin en noir et blanc invoquant le ciel au coeur du Stravinski restera dans la mémoire des témoins. Comme dans celle, c'est certain, du Montreux Jazz Festival. (TDG)
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Sujet: Re: NICK CAVE ..... Lun 18 Sep - 15:32
Nick Cave: «La mort de mon fils a radicalement changé mon regard sur les autres» Par E.P. Publié le 12/09/2023
Le chanteur australien Nick Cave lors d’une conférence presse autour de son exposition Stranger Than Kindness au Danemark, le 2 novembre 2020.
OLAFUR STEINAR GESTSSON / AFP
Le chanteur australien se confie dans un livre d’entretiens réalisés avec le journaliste Sean O’Hagan.
Après six années passées sans donner d’interview, le chanteur australien Nick Cave revient dans les médias à l’occasion de la publication de son livre Foi, espérance, carnage en France. L’ouvrage, fruit de ses entretiens avec son ami journaliste Sean O'Hagan, contient de nombreuses confidences, notamment sur la vie du chanteur depuis la mort de son fils, Arthur, décidé à 15 ans en 2015. Dans une interview accordée à Télérama , l’artiste lève encore davantage le voile sur son deuil.
Le livre se veut «une conversation au long cours». Plutôt que de retracer la carrière de l’artiste, l’ouvrage aborde «les thèmes et les questionnements qui ont nourri [s]on travail». Parmi eux, le décès d’Arthur, qui a chuté d’une falaise après avoir pris du LSD en 2015, en Angleterre. Après le drame, le chanteur déménage aux États-Unis. «Rester à Brighton, à l’époque, était devenu trop douloureux», explique-t-il.
«Je me sens consumé par la vie»
Ce premier deuil - l’artiste a perdu un deuxième fils, âgé de 31 ans en 2022 -, a changé sa perception du monde. «Avec la mort de mon fils, je ne pouvais plus esquiver, me distancier. Cela s'appelle le deuil et ça affecte tous les aspects de mon existence. Le deuil m'habite au point que j'ai du mal à en parler. Mais j'essaye…», explique-t-il. Le même deuil a «radicalement modifié» le regard de l’artiste «sur les autres». «Je ne voyais plus que leur vulnérabilité, et j'ai senti une forme d'empathie et de compassion pour eux. Je crois que j'ai toujours aimé les êtres humains, mais là je réalisais à quel point chacun d'entre eux pouvait être unique et précieux», avance Nick Cave.
Le chanteur de 65 ans, qui en 2011 chantait «on vieillit, et on se refroidit», explique avoir changé du tout au tout. «À présent, je me sens consumé par la vie, alors que j'en avais une vision assez amère. Je ne l'ai pas décidé, c'est ainsi. Là où je percevais le monde et les gens comme immuables, je les vois désormais sous une menace perpétuelle, au bord d'une catastrophe imminente», conclut-il.