Dans les écoles de musique, le violoncelle est souvent présenté comme l'instrument dont le timbre, la tessiture sont les plus proches de ceux de la voix. La musique classique lui a fait une jolie place en soliste, dans le quatuor à cordes, dans l'orchestre. Le jazz lui a accordé ses attentions depuis le début des années 1960, en particulier dans les musiques improvisées.
Dans la pop, le groupe Electric Light Orchestra l'avait mis, dans les années 1970, au centre de ses arrangements, et, depuis quelques années, il est devenu la touche d'élégance et de sophistication dans la chanson.
Autant de variations que l'on retrouve dans Violoncelle sur canapé, spectacle-voyage en "violoncellie" mené par Cécile Girard, à l'Aktéon Théâtre, à Paris, jusqu'au 20 mars.
D'abord c'est le noir. Et les premières notes du Prélude de la Première Suite pour violoncelle de Jean-Sébastien Bach, l'un des thèmes les plus célèbres composés pour l'instrument.
Les lumières montent en clarté, et apparaît la jeune femme, concentrée, dans la pleine attention du jeu. Un sourire fait comprendre qu'elle a été satisfaite d'un passage de la pièce.
Fil imaginaire
Elle enchaîne, toujours chez Bach, avec la Gavotte de la Cinquième Suite. Une mélodie plus enjouée, dansante, qui sera suivie d'une Suite irlandaise, un air traditionnel. C'est à ce moment que se dessine le propos de Céline Girard.
Violoncelle sur canapé n'est pas une accumulation d'airs connus mais un parcours qui fait entendre des connivences d'un genre à l'autre, d'un pays à l'autre, d'une époque à l'autre. Ainsi, Bach nous mènera vers le rock progressif de Pink Floyd et de Genesis, groupes qui ont beaucoup puisé dans le langage de la musique classique. Ou le Rêve bohémien, de Jo Privat, un "tube" du swing manouche avec accordéon annonce La Java de la Varenne, de Jean-Roger Caussimon.
A l'archet, avec tous les frottements des cordes possibles, en pizzicato - jeu de pince des cordes avec les doigts - en chantant à l'occasion, Cécile Girard trouve à chaque fois de belles idées musicales alliées à des pratiques de jeu.
Elle s'accompagne ainsi des sons du mécanisme d'un canapé convertible plié-déplié, clin d'oeil à la musique concrète. Elle fait des "aventures" d'une dame pipi un régal d'humour. Il y a de l'émotion et un sentiment de suspense dans sa traduction musicale du Funambule, poème de Jean Genet : elle joue debout, en marchant sur un fil imaginaire, cherche son équilibre...
La quinzaine de pièces du spectacle avancent sans chercher l'esbroufe ni amener l'instrument dans des utilisations trop décalées. L'ensemble se situe dans une juste durée et une construction bien pensée, qui sont aussi des atouts de cet inventif spectacle.
"Violoncelle sur canapé", de Cécile Girard, Aktéon Théâtre. 11, rue du Général-Blaise, Paris 11e. Mo Rue-Saint-Maur, Saint-Ambroise. Tél. : 01-43-38-74-62. Samedi et dimanche, à 18 heures, jusqu'au 20 mars. De 10 € à 16 €. Durée : 1 h 10.