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Sujet: GERARD PHILIPE Dim 2 Mai - 16:19
HOMMAGE A GERARD PHILIPE
Hommage à Gérard Philipe à Chaillot avec Gina Lollobrigida et Jeanne Moreau.
30/04/10 - AFP
Un plateau prestigieux d'acteurs, dont Gina Lollobrigida, Jeanne Moreau et Michel Bouquet, sera réuni lundi soir au Théâtre national de Chaillot à Paris en hommage à Gérard Philipe, héros de la France de l'après-guerre à l'écran et sur scène, mort il y a un demi-siècle.
La soirée est organisée à l'initiative du Syndicat français des artistes-interprètes CGT (SFA-CGT, ex-Syndicat des acteurs) dont Gérard Philipe, comédien engagé, fut le premier président, à partir de 1958.
Mort d'un cancer foudroyant le 25 novembre 1959, quelques jours avant son 37e anniversaire, Gérard Philipe aura promené son visage gracieux dans trente films ("Le diable au corps" avec Micheline Presle, "Fanfan la Tulipe" au côté de Gina Lollobrigida...) et vingt pièces de théâtre ("Le Cid", "Le Prince de Hombourg", "Lorenzaccio", "Ruy Blas", etc.).
Membre du Théâtre national populaire (TNP) à partir de 1951, il accompagnera la troupe de Jean Vilar chaque été jusqu'en 1958 au Festival d'Avignon.
Lundi soir, sur le grand plateau de Chaillot qui porte le nom de l'ancien patron du TNP (salle Jean-Vilar), une vingtaine d'acteurs, souvent des partenaires à la scène et à l'écran de Gérard Philipe, lui rendront hommage.
Parmi eux figureront, autour de Pierre Santini, Michel Bouquet, Gérard Desarthe, Francis Huster, Didier Long, Daniel Mesguich et René Renot. La projection du documentaire "Gérard Philipe, un homme, pas un ange" de Michel Viotte et Gérard Bonal sera suivie de témoignages d'actrices et d'acteurs qui ont travaillé avec lui, l'ont connu ou se sont inspiré de son parcours.
En outre, Didier Bezace et Samuel Labarthe liront des extraits de la correspondance, amicale quoique parfois tumultueuse, entre Gérard Philipe et Jean Vilar.
Des extraits de la biographie "Le Temps d'un soupir", écrite par la veuve de l'acteur Anne Philipe, seront dits par Anouk Aimée, Nadine Alari, Françoise Arnoul, Monique Chaumette, Gina Lollobrigida, Christiane Minazzoli, Jeanne Moreau, Geneviève Page, Natasha Parry, Anne-Marie Philipe et Micheline Presle.
Cinquante ans ont passé et nul ne l'a jamais oublié. Ses amis se souviennent de lui. Organisée par le Syndicat français des artistes interprètes (SFA) dont il fut le premier, le jeune et ardent président, cette soirée réunit quelques-unes de ses plus belles partenaires au cinéma comme au théâtre, de Gina Lollobrigida, Anouk Aimée, à Natasha Parry, Geneviève Page, Christiana Minazzoli, Monique Chaumette, et des artistes d'autres générations qui liront des textes. Sa fille, Anne-Marie Philipe, sera là pour se souvenir aussi de sa mère, Anne.
Gérard Philipe, un homme, un artiste, une conscience, Théâtre nationale de Chaillot, place du Trocadéro (XVIe) Tél. : 01 53 65 30 00 date : le 3 mai à 19 h 30. Entrée dans la mesure des places disponibles
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Bridget
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Sujet: Re: GERARD PHILIPE Dim 2 Mai - 22:16
:6qzwpya2.gif: Il était une fois Gérard Philipe :6qzwpya2.gif:
De Philipe, la postérité a oublié l'acteur pour ne garder que le mystère solaire où l'appétit de vivre le dispute à une étrange mélancolie.
Né d'un père collabo, il fut compagnon de route du Parti communiste, mais sutout le plus grand comédien de sa génération. Disparu il y a cinquante ans, l'inoubliable Fanfan la Tulipe fut l'idole de la France des années 50 : il en est aujourd'hui le symbole.
Il entre dans la lumière. Jamais Chaillot n'a paru aussi vide, aussi grand.
Haute silhouette soudain vieillie, voix profonde où se fait entendre l'écho d'un lointain sanglot, la statue du commandeur, ce soir, vacille. Dans la salle, chacun retient son souffle, ou ses larmes. La nouvelle est tombée dans l'après-midi. «Crise cardiaque», selon Paris Jour (cancer du foie en fait, mais ne chicanons pas).
Le prince de Hombourg, le Cid, n'est plus. Et Jean Vilar de confirmer sur la scène de ce TNP qui lui fut comme une garçonnière :
«La mort a frappé haut, commence-t-il. Elle a fauché celui-là même qui, pour des millions d'adolescents, exprimait la vie. Il savait que la vie est toujours trop courte quand il est question d'être utile aux hommes. Travailleur acharné, secret, méthodique, il se méfiait quotidiennement de ses dons. Il avait le droit d'être exigeant envers les autres, car il était d'abord cruel envers lui-même. Il était loyal. Il était fidèle. Fidèle à ses engagements du premier jour. Cette fidélité, de lui à nous, de nous à lui, seule la mort pouvait la détruire. Elle l'a fait.» 25 novembre 1959 : Gérard Philipe est mort - il n'a pas 37 ans - et la France d'après-guerre qui, à travers lui, retrouvait les fulgurances de la jeunesse, sait qu'elle n'en a plus pour très longtemps.
Un demi-siècle écoulé depuis que l'archange paradoxal de la scène française s'en est allé. Que reste-t-il de lui, de nos amours ? Tout et rien. Rien, les films ont bien vieilli et la grâce des tréteaux ne nous est plus transmise que via des témoignages devenus rares et des photos sépia. Tout, tout ce qui ne se quantifie ni ne s'oublie, le secret d'une présence, l'énigme de la beauté, un jeune homme qui passe sous les remparts d'Avignon. De Philipe, la postérité a oublié l'acteur pour ne garder que le mystère solaire où l'appétit de vivre le dispute à une étrange mélancolie. Lui qui ne croyait qu'au travail n'aurait pas aimé savoir qu'il lui suffisait de ne rien faire pour rester avec nous à jamais.
Au début, c'est l'histoire d'un garçon heureux. En ce temps-là (Gérard naît à Cannes en 1922), la Côte d'Azur pour les enfants bien nés vous a des airs de grandes vacances. Papa est en voyage d'affaires et maman aux petits soins. « Gégé » s'amuse, séduit, loupe son bac et perd joliment son temps.
La guerre qui est bientôt là n'est rien d'autre qu'un jeu assommant pour grandes personnes. La vie est une comédie ? Gérard, gueule d'ange et culot d'acier, sera acteur. Marc Allégret, qui s'y connaît en matière d'angélisme, lui fait tourner son premier bout d'essai. Son verdict pose les bases du mythe : «Avec pudeur, et cette sorte de réserve qu'ont les gens très sensibles, il freinait et calmait tour à tour son enthousiasme et l'expression de sa tendresse. Et je pensais aussi, en l'écoutant, que ce jeune homme avait en lui de rares réserves de pureté.» Gérard Philip, bientôt Philipe, a 18 ans.
Il ne vieillira plus.
S'il concède à sa carrière naissante un nom de scène, c'est aussi pour ne pas gêner un père que l'on devine rétif à une vie de saltimbanque. Ce père, Marcel Philip, c'est le « rosebud », le motif caché sous le tapis de la gloire, la blessure ignorée de Gérard. Riche hôtelier, propriétaire du prestigieux Parc Palace de Grasse et de divers autres établissements jusqu'à Paris, il se pique de politique et adhère dès 1936 au PPF de Jacques Doriot.
Après la guerre, inculpé d'intelligence avec l'ennemi et d'appartenance à un groupe antinational, il est condamné par la cour de justice des Alpes-Maritimes à la peine de mort par contumace, la dégradation nationale et la confiscation de ses biens. Il ne trouve son salut que dans la fuite, à Barcelone.
Dans son impeccable biographie de l'acteur, rééditée ces jours-ci revue et augmentée (1), Gérard Bonal revient longuement sur le « dossier Marcel Philip ». Il semble que le père du comédien ait été avant tout victime de ses mauvaises fréquentations, tout autant que de son fourvoiement politique. Bonal décrit un univers d'affairistes, d'aventuriers sans scrupules, de margoulins abjects gravitant, comme dans un roman de Modiano, au sein d'un paysage clair-obscur qui causera la perte de Philip. Son fils ne l'oubliera pas ni ne le reniera, subvenant à ses besoins, lui rendant fréquemment visite. Sa dernière lettre, l'avant-veille de sa mort, sera pour lui.
Quand même, les adultes ont du plomb dans l'aile et c'est un enfant blessé qui accède à la gloire dans un pays dont sa jeunesse console l'épuisement.
Il sera Caligula, le chien fou et adorable du Diable au corps, un éclair de grandeur et d'insolence pour jours de pluie. Il sera aussi ce que deux êtres le feront devenir.
Le premier, rencontré un soir de l'automne 1948, est l'animateur d'un festival de théâtre en Avignon précédé d'une réputation flatteuse. Pour Jean Vilar, Gérard Philipe est bien plus que le jeune premier giralducien qui enchante gentiment les scènes parisiennes.
Il est jusque dans son altière solitude, ses doutes et ses foucades, la tragédie même, il est le Cid.
Philipe renâcle devant l'obstacle, puis y consent. Et à l'été 1951, tour à tour Rodrigue et le prince de Hombourg de Kleist, il écrit au pied de la cité des Papes, comme porté par le mistral, les plus belles pages du théâtre français.
S'ensuivra l'aventure du TNP, voulue par Vilar et portée par Philipe, qui en sera la figure de proue comme la cheville ouvrière.
Et puis, bien sûr, puisque les pères ont failli, il y aura une femme.
Elle s'appelle Nicole Fourcade, elle est mariée à un sinologue, mère d'un petit garçon. Gérard la rencontre à Nice, la revoit à Paris, la perd en Chine et la conquiert dans les Pyrénées. Il est joli garçon, elle peut être belle. Il est doué, dispersé, mélancolique, c'est une intellectuelle, un rien froide, déterminée à chasser les ombres qui l'encombrent.
Il lui donne un nom, Anne Philipe, elle lui offre une conscience politique et le goût de l'avenir. Elle était née en Belgique et fut la première femme à traverser le désert du Xinjiang. Elle n'était pas très Cinémonde, lui non plus, découvrit-il.
Ils vécurent près du jardin du Luxembourg, à Cergy et à Ramatuelle, entourés d'enfants, de livres et d'amis, parmi lesquels les écrivains Claude Roy ou Georges Perros (2). Ils n'allaient pas très bien ensemble et nulle part l'un sans l'autre. Ils s'aimèrent et voyagèrent.
Pékin, Hongkong, Moscou, Berlin, Marrakech, Los Angeles, La Havane (son dernier projet aura été d'interpréter à l'écran Raúl Castro...), Québec, Mexico, Londres, Tokyo, Leningrad, San Francisco, partout en ces années-là, Gérard Philipe est le visage aimable que la France offre au monde.
En quinze ans de carrière il est devenu plus qu'une vedette : une icône, un mythe, un passeport contre la grisaille des temps. Il ne s'appartient plus et s'offre à tous. Il multiplie tournages, répétitions, responsabilités syndicales à la tête des acteurs, prises de position publiques (signataire de l'appel de Stockholm, il est compagnon de route du communisme, dont il s'éloignera après Budapest), galas et entretiens.
Il ne peut ni ne veut s'arrêter, éternel fiancé du pays. Il vieillit sous la caméra de René Clément ou Roger Vadim et cela lui va bien. Les jeunes désormais se détournent de lui. La nouvelle vague l'abomine, les zazous l'ignorent. Il lui en faut plus pour l'abattre. Le temps joue pour lui et il le sait. Il a 36 ans, il tourne au Mexique un mauvais film avec Buñuel, va applaudir Laurence Olivier à Stratford-sur-Avon. Il lit Euripide, Les Troyennes. Il va mourir. Vite. Le temps d'un soupir.
La conclusion revient à son ami Georges Perros pour une ultime lettre :
«Nous nous rencontrions souvent alors; presque chaque jour. (...) On marchait dans Paris, on discutait, comme deux ivrognes. (...) On se donnait la réplique, passionnément. On riait beaucoup aussi.
La guerre était finie, on respirait mieux. (...) On y allait bravement, dans l'enthousiasme de l'amitié, celui des découvertes. On allait croquer l'avenir comme une grosse pomme. On cherchait à comprendre l'incompréhensible.
Nous étions jeunes. (...) Ce sera moins dur de mourir, maintenant, pour ceux qui t'ont aimé. Moins bête. (...) Gérard, tu n'es pas mort. Tu fais semblant. Nous, nous faisons semblant de vivre, dans la gloire et l'horreur de ce jour, de cette nuit qui t'exaltaient. C'est égal.»
Olivier Mony pour Le Figaro.
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Nine Admin
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Sujet: Re: GERARD PHILIPE Ven 14 Mai - 1:33
Gérard Philipe ils l'ont tant aimé...
Par Armelle Héliot le 4 mai 2010
Grande salle archi-pleine, à Chaillot, lundi soir, pour l'hommage au comédien légendaire. Une soirée en partie ouverts au public, organisés par le SFA, Syndicat français des artistes interprètes dont le héros du TNP fut le premier président. Beaucoup d'émotion, bien sûr.
Côté jardin, à l'avant-scène, dans un cercle de lumière, le costume, reconnaissable entre mille, du Prince de Hombourg. Et des fauteuils alignés sur le grand plateau nu dégagé de son rideau. C'est tout. Foule des anciens du Théâtre national populaire, au lieu même où, autrefois, près de 3000 personnes pouvaient prendre place... Il y a en trois fois moins aujourd'hui.
Au premier rang, nerveuses, les belles partenaires, ses toujours belles partenaires, entourant sa fille Anne-Marie. Cheveux blonds de la petite fille que l'on verrait plus tard sur les films d'autrefois, longues jambes sous une robe courte d'un gris souris joli. Toutes ces femmes superbes que l'on allait, elles aussi, apercevoir dans l'éclat de leur jeunesse ensoleillée, belles, enjouées, idéales... Femmes dignes, émues, se souvenant.
Gina Lollobrigida, venue spécialement d'Italie, touchante dans sa longue robe rouge à parements dorés, allait raconter avec esprit comment, au sortir du tournage étoudissant de Fanfan La Tulipe, les producteurs allaient lui conseiller de changer de nom...à cause des "lolos"... mais, trop tard, les affiches étaient imprimées, on allait par les refaire ! Et Gina Lollobrigida est devenue mondialement célèbre avec ce Fanfan La Tulipe, traduit en japonais comme en anglais d'Amérique, immédiatement !
Certaines belles manquaient à l'appel : Michèle Morgan qu'on allait revoir dans Les Grandes manoeuvres, comme on allait y apercevoir la jeune et ravissante Brigitte Bardot... manquait Anouk Aimée, si jeune lorsqu'elle tourna avec Gérard Philipe, manquait Danielle Darrieux et Jeanne Moreau... Mais on pensait à elles et on les avait revues dans les différents documents diffusés lors de cette longue soirée. Un documentaire que -personnellement- on ne connaissait pas, élaboré par Michel Viotte et Gérard Bonal, cinquante minutes très riches et très touchantes. D'autres documents filmés, prêtés par l'INA, dont un court métrage intitulé "un homme, un artiste, une conscience", qui était aussi le titre de cette soirée. "Je préfère que l'on dise fête plutôt qu'hommage", dit un moment Anne-Marie Philipe "Une fête".
Et c'est vrai que c'était la fête : Nadine Alari, Françoise Arnoul, Christiane Minazzoli, Natasha Parry, Micheline Presle, Monique Chaumette, Geneviève Page, pour les énumérer dans l'ordre dans lequel -Gina Lollobrigida entre les deux premières citées- elles s'installèrent au début dans les fauteuils.
Au grand dam d'un maître de cérémonie assez dépassé et qui plongea la salle dans la consternation lorsqu'il fit la démonstration de sa méconnaissance profonde de la carrière de Gérard Philipe, ignorant que Micheline Presle avait non seulement tourné avec le jeune comédien un film qui appartient à l'histoire du cinéma de l'après-guerre en France, Le Diable au corps de Claude Autant-Lara (1947). Non seulement Micheline Presle était alors déjà une jeune actrice sur laquelle un film se montait, mais c'est elle qui avait choisi ce jeune partenaire qu'elle avait vu jouer, tout jeune, sur la Côte-d'Azur dans Une grande fille toute simple d'André Roussin dès 1942... Mademoiselle Presle, si délicate, sut le raconter avec simplicité.
Chacune allait raconter. Un fil unit ces femmes, au-delà de l'admiration. Françoise Arnoul n'a jamais ni joué ni tourné avec Gérard Philipe, mais fit partie d'une délégation de stars, avec notamment Jean Marais, qui représentèrent leur pays aux Etats-Unis, dans le cadre d'un festival consacré aux films français en Californie.
Un fil unit toutes ces grandes artistes, c'est l'admiration pour le partenaire : celui qui partage, vous soutient, vous aide dans les scènes difficiles et vous enchante en récréations improvisées. Monique Chaumette le dit avec sa grande pudeur et sa simplicité. Geneviève Page avec son sourd lyrisme. Natasha Parry en parla avec son charme et sa finesse habituelles. Nadine Alari avec un sérieux profond. Christiane Minazzoli avec une intelligence et une émotion rayonnantes. Car cet être long, fin, tendre et doux, était aussi un blagueur. Cet esprit grave, au regard clair mais profond, comme dans la prémonition d'un destin fulgurant parfois, était le meilleur des camarades.
C'est pourquoi aussi il s'impliqua tant dans la vie professionnelle, se faisant tancer la le rigoureux Vilar qui n'admettait pas que son Prince de Hombourg, son Octave tînt des réunions syndicales dans sa loge ou au foyer du théâtre de Chaillot !
Dans cette belle soirée, Didier Bezace et Samuel Labarthe lurent des lettres échangées par Vilar et Philipe, Daniel Mesguich, Gérard Desarthe, Francis Huster et René Renot eux, des textes écrits par Gérard Philipe. Ce fut beau, fervent, et terriblement bouleversant lorsqu'à la fin, les belles citées, Anne-Marie Philipe comprise, lurent à leur tour : des pages du livre d'Anne Philipe, dont il fut rappelé à plusieurs reprises au cours de la soirée, combien elle fut essentielle. Des pages du livre Le Temps d'un soupir, des pages consacrées aux derniers jours. Tout le monde pleurait ..
Tout le monde pleurait car tout le monde l'a aimé, l'aime, Gérard Philipe.
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Nine Admin
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Sujet: Re: GERARD PHILIPE Ven 14 Mai - 1:47
Gérard Philipe
est interviewé devant le palais de Chaillot par Lise Elina, alors qu'il observe le panneau des spectacles à l'affiche du TNP. Il évoque ses trois dernières pièces : Lorenzaccio Les Caprices de Marianne On ne badine pas avec l'amour toutes les trois d'Alfred de Musset.
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Nine Admin
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Sujet: Re: GERARD PHILIPE Ven 14 Mai - 2:06
Un prince en Avignon
ESTHER OFARIM
Paroles: Jean-Michel Rivat, Frank Thomas. Musique: Jean-Pierre Bourtayre 1968 Philips
Chanson dédiée à Gérard Philipe.
Il était un prince en Avignon Sans royaume, sans château, ni donjon Là-bas tout au fond de la province Il était un prince
Et l'enfant que j'étais Cueillait pour lui bien des roses En ce temps le bonheur était peu de choses
Il était un prince en Avignon Sans royaume, sans château, ni donjon Mais ces mots nous chantaient les campagnes Des grands rois d'Espagne
Quand le soir descendait On devenait spectateurs Et la ville avec lui n'était plus qu'un coeur
Il nous emportait dans son empire Nous attendrissait avec un sourire Combien je l'aimais, combien je rêvais Et puis vers ma ville je m'en retournais
Il était un prince en Avignon Sans royaume, sans château ni donjon Là-bas tout au fond de la province Il était un prince Un prince
Nounouka
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Sujet: Re: GERARD PHILIPE Ven 14 Mai - 14:10
Merci Nine pour l'Hommage à cet immense Acteur!
Une vidéo le temps d'un rêve,quelques photos de Lui!
Bridget
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Sujet: Re: GERARD PHILIPE Sam 15 Mai - 1:56
GERARD PHILIPE ET LE THEATRE
"Un soir où le T.N.P. jouait Lorenzaccio, on prit au hasard dix spectateurs qui entraient au palais de Chaillot et on leur demanda de décliner leur identité. Il y avait un professeur agrégé, un tourneur-ajusteur, une retraitée des P.T.T., un ouvrier verrier, une comtesse, un journaliste, un libraire, un président honoraire à la cour des comptes, une sténodactylo et un ministre. Jamais aucun théâtre au monde n'avait réussi à rassembler un public aussi disparate."
Gérard aimait le contact avec le public populaire et son investissement au T.N.P. n'y est pas étranger. Malgré son statut de "vedette de cinéma" il n'y reçut aucune faveur et fut traité comme tous les autres comédiens de la troupe. Son nom était naturellement placé sur l'affiche à sa place alphabétique. Un grand regret plane cependant sur la brillante carrière du comédien de théâtre : l'éternel refus de Jean Vilar à Agnes Varda de filmer les représentations. Je ressens comme une sourde colère à l'encontre de Vilar, une injustice qui nous prive aujourd'hui du plaisir de découvrir Gérard Philipe sur scène. Paris Match n°266 du 1-5 mai 1954
Tout commence en 1941, le réalisateur Marc Allégret lui fait passer une audition, en compagnie de son amie Danièle Delorme, et l’envoie prendre les cours d’art dramatique de Jean Wall et Jean Huet à Cannes. Le comédien Claude Dauphin le fait jouer au théâtre à partir de 1942 avec Une grande fille toute simple d’André Roussin au casino de Nice.
En 1942, Marc Allégret lui fait jouer une silhouette dans son film La Boîte aux rêves, réalisé par son frère Yves Allégret. En novembre de la même année la zone libre est occupée par l'armée Allemande.
En 1943, la famille Philip s’installe rue de Paradis dans le 10ème arrondissement de Paris où Gérard s'inscrit au Conservatoire national supérieur d'art dramatique, suit les cours de Denis d'Inès puis de Georges Le Roy et obtient le second prix de comédie. Il participe à la Libération de Paris en 1944 en faisant partie de la résistance française (FFI) alors que son père est un collaborateur reconnu.
Gérard Philipe se fait connaître au théâtre où il obtient son premier succès et la célébrité à l'âge de 20 ans, en pleine Seconde Guerre mondiale, dans le rôle de l'ange dans Sodome et Gomorrhe de Jean Giraudoux en 1943.
SODOME ET GOMORRHE
Sodome et Gomorrhe est une tragédie biblique sur les relations entre hommes et femmes et l'impossible satisfaction entre deux sexes aux attentes si différentes. L'amour durable dès lors apparaît irréalisable et la vengeance divine condamnera l'espèce humaine n'ayant pas réussi à être sauvée par la preuve de l'existence d'au moins un couple heureux dans la cité biblique.
Jean Giraudoux commence l'écriture de la pièce à la fin de 1938, alors qu'il travaille sur les répétitions d'Ondine. Il en finira l'écriture durant l'hiver 1941-1942[1]. Cette tragédie biblique écrite en partie en temps de guerre correspond surtout à une période difficile de la vie de couple de Giraudoux qui envisage de quitter sa femme et part de l'appartement qu'ils occupent Quai d'Orsay[1].
Sodome et Gomorrhe est créée le 11 octobre 1943 au Théâtre Hébertot .
Gérard Philipe est l'ANGE
« Le soir de la première, l’Ange avança dans la lumière céleste, frêle comme un Donatello ; sa haute et juvénile silhouette blanche était allongée encore par une simple draperie que Christian Bérard faisait couler de son épaule. On reconnut l’Ange. »
EDWIGE FEUILLÈRE, DANS LES FEUX DE LA MÉMOIRE (ALBIN MICHEL)
Puis son succès au théâtre et en tournée explose avec la création de Caligula d'Albert Camus en 1945.
CALIGULA
Écrite en 1938 après la lecture de l’Histoire des douze Césars de Suétone, la pièce d’Albert Camus est publiée chez Gallimard en 1944. Composée en quatre actes et en prose, cette « tragédie de l’intelligence » ancre son argument dans les préoccupations existentielles de l’auteur. Dans le rôle de Caligula, Gérard Philipe, que cette première représentation a révélé au public.
« Caligula, prince relativement aimable jusque là, s'aperçoit à la mort de Drusilla, sa sœur et sa maîtresse, que "les hommes meurent et ils ne sont pas heureux". Dès lors, obsédé par la quête de l'absolu, empoisonné de mépris et d'horreur, il tente d'exercer, par le meurtre et la perversion systématique de toutes les valeurs, une liberté dont il découvrira pour finir qu'elle n'est pas la bonne. Il récuse l'amitié et l'amour, la simple solidarité humaine, le bien et le mal. Il prend au mot ceux qui l'entourent, il les force à la logique, il nivelle tout autour de lui par la force de son refus et par la rage de destruction où l'entraîne sa passion de vivre. " Albert Camus
Mais, en postulant que la vérité est de se révolter contre le destin, son erreur est de nier les hommes. On ne peut tout détruire sans se détruire soi-même. C'est pourquoi Caligula dépeuple le monde autour de lui et, fidèle à sa logique, fait ce qu'il faut pour armer contre lui ceux qui finiront par le tuer. Caligula est l'histoire d'un suicide interféré.
C'est l'histoire des erreurs la plus humainement et la plus tragiquement retranscrite. Être infidèle à l'humain pour cause d'excessive fidélité à soi, Caligula consent à mourir après avoir compris qu'on ne peut se sauver seul et qu'on ne peut être libre contre les autres.
LE THEATRE NATIONAL POPULAIRE
Gérard Philipe, Jean Vilar, Léon Gischia.
Le Festival d'Avignon fut fondé en 1947 par Jean Vilar. C'est à l'occasion d'une exposition de peinture et de sculpture contemporaines, organisée dans la grande chapelle du Palais des papes, par Christian Zervos, critique et collectionneur, et le poète René Char, que Jean Vilar fut convié à présenter son premier grand succès public : Meurtre dans la cathédrale de T.S. Eliot.
Habitué des petites scènes, Vilar, dans un premier mouvement, refuse car la Cour d'honneur du Palais lui paraît un lieu trop vaste et "trop informe" et il n'a plus les droits de la pièce.
Cependant, il fait une autre proposition : présenter trois pièces, en création : Richard II, un Shakespeare presque inconnu à l'époque en France ; Tobie et Sara de Paul Claudel, enfin La Terrasse de midi, deuxième œuvre de Maurice Clavel. Dès le premier Festival, en septembre 1947, le programme propose à la fois des œuvres méconnues du répertoire universel et des textes contemporains.
Gérard Philipe entre au Théâtre national populaire de Jean Vilar en 1951.
Il remporte de nombreux succès à Paris, en tournée, au Festival d'Avignon (Le Prince de Hombourg, Le Cid de Pierre Corneille, Richard II), en jouant un répertoire classique, et en mettant lui-même en scène plusieurs pièces de Musset ou des auteurs contemporains comme Henri Pichette et Jean Vauthier.
1951 : Le Cid de Pierre Corneille, mise en scène Jean Vilar, Festival d'Avignon
Gérard Philipe et Maria Casarés. Avignon. Palais des Papes
1952 : Le Prince de Hombourg d'Heinrich von Kleist, mise en scène Jean Vilar, Festival d'Avignon
Gérard Philipe et Jeanne Moreau Photo Agnés Varda
1952 : Lorenzaccio d’Alfred de Musset, mise en scène Gérard Philipe, Festival d'Avignon
Gérard Philipe et Daniel Ivernel Avignon .
1953 : Richard II de William Shakespeare, TNP Théâtre de Chaillot
Gérard Philipe et Jean Vilar.
1954 : Ruy Blas de Victor Hugo, mise en scène Jean Vilar, Théâtre de Chaillot TNP
1958 : Les Caprices de Marianne d’Alfred de Musset, Festival d'Avignon, TNP Théâtre de Chaillot
Gérard Philipe et Geneviève Page .
1958 On ne badine pas avec l'amour d'Alfred de Musset, TNP Théâtre de Chaillot
Gérard Philipe et Suzanne Flon .
Toutes les pièces :
1942 : Une grande fille toute simple d'André Roussin, casino de Nice : Mick
1943 : Une jeune fille savait d'André Haguet, tournée Rasimi
1943 : Sodome et Gomorrhe de Jean Giraudoux, mise en scène Georges Douking, Théâtre Hébertot : l'Ange
1944 : Au petit bonheur de Marc-Gilbert Sauvajon, mise en scène Pasquali, Théâtre Gramont
1945 : Fédérigo de René Laporte d'après la nouvelle de Prosper Mérimée, Théâtre des Mathurins : prince blanc
1945 : Caligula d'Albert Camus, mise en scène Paul Œttly, Théâtre Hébertot : Caligula
1947 : Les Épiphanies d'Henri Pichette, mise en scène Georges Vitaly, Théâtre des Noctambules : le Poète
1948 : K.M.X labrador de et mise en scène Jacques Deval, Théâtre de la Michodière : Harold Britton
1949 : Le Figurant de la gaité d'Alfred Savoir, Théâtre Montparnasse : rôle à transformations
1951 : Le Cid de Pierre Corneille, mise en scène Jean Vilar, Festival d'Avignon : Rodrigue
1951 : Le Prince de Hombourg d'Heinrich von Kleist, mise en scène Jean Vilar, Festival d'Avignon : Prince Frédéric
1951 : La Calandria de Bernardo Dovizi da Bibbiena, mise en scène René Dupuy, Festival d'Avignon : Artemona, une courtisane
1951 : Mère Courage de Bertolt Brecht, mise en scène Jean Vilar, Théâtre de la Cité Jardins Suresnes : Eilif, l'un des fils
1952 : Le Prince de Hombourg d'Heinrich von Kleist, mise en scène Jean Vilar, Festival d'Avignon : Prince Frédéric
1952 : Lorenzaccio d’Alfred de Musset, mise en scène Gérard Philipe, Festival d'Avignon : Lorenzo de Médicis
1952 : Nucléa d'Henri Pichette, mise en scène Gérard Philipe & Jean Vilar, TNP Théâtre de Chaillot : le poète Tellur
1952 : La Nouvelle Mandragore de Jean Vauthier, mise en scène Gérard Philipe, TNP Théâtre de Chaillot : Callimaque
1953 : Richard II de William Shakespeare, TNP Théâtre de Chaillot : Richard II
1954 : Ruy Blas de Victor Hugo, mise en scène Jean Vilar, Théâtre de Chaillot TNP : Ruy Blas
1956 : Le Prince de Hombourg d'Heinrich von Kleist, mise en scène Jean Vilar, Festival d'Avignon TNP : Prince Frédéric
1958 : Les Caprices de Marianne d’Alfred de Musset, Festival d'Avignon, TNP Théâtre de Chaillot : Octave
1958 : Lorenzaccio d’Alfred de Musset, mise en scène Gérard Philipe, Festival d'Avignon TNP
On ne badine pas avec l'amour d'Alfred de Musset, TNP Théâtre de Chaillot : Perdican