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Sujet: FLASH SUR LES BOBOS ... Ven 9 Avr - 14:50
Qui sont les bobos ?
Les bobos sont les héros des albums de bandes dessinées Bienvenue à Boboland (éd. Audie-Fluide Glacial, 2008) et Global boboland (id., 2009), de Dupuy-Berberian.
Le terme, jamais défini clairement, s’est distendu au point de ne plus signifier grand-chose. Qu’est-ce que le bobo ? Retour sur une catégorie qui fête ses dix ans.
Ils se promènent en couple le long du canal Saint-Martin avec une poussette à trois roues, en parlant de leur dernier voyage en Croatie. Chez eux, un loft sur cour dans une ancienne manufacture, les meubles patinés chinés en brocante côtoient les fauteuils design. Les enfants ont des jouets éducatifs en bois et des doudous équitables. Ils vont au marché bio.
Les bobos, on en connaît non ?
Vous en êtes peut-être un. Le débat sur leurs attributs prend souvent de la place dans vos commentaires, donnant lieu à des affrontements qui se terminent en invectives : c’est toi le bobo, d’abord. Sans prétendre à l’exhaustivité, nous avons eu envie de revenir sur cette expression et la catégorie sociale présumée qu’elle désigne : "les bourgeois-bohêmes."
Un sorte de bourgeois high-tech
L’apparition du bobo date de 2000, dans un livre du journaliste américain David Brooks.
Editorialiste au New York Times, il publie Bobos in paradise, première tentative de « théorisation » de cette nouvelle classe de la bourgeoisie intellectuelle et créative. Pour lui, les bobos, héritiers de la contre-culture des années 1960 (contre la guerre du Vietnam, élevés au biberon du rock et du mouvement hippie) et d’un individualisme thatchéro-reaganien, succèdent aux yuppies des années 1980.
« C’est un bouquin très léger, sans prétention scientifique ni système de preuve ou d’enquête », estime le sociologue Bernard Lahire, qui voit dans le terme « bobo » un jeu de mots originel sur le terme de « hobo » (SDF américain).
« On y trouve tout et son contraire : David Brooks parle de disparition des classes sociales tout en décrivant l’émergence d’une nouvelle classe. On pourrait aussi les appeler "bourgeois hi-tech" : c’est un mélange de personnes au capital culturel et économique élevé, dans les secteurs de production les plus modernes. »
Publicité, marketing, médias, culture, création : au départ, le terme désigne des individus diplômés et à forts revenus, issus d’une famille bourgeoise, mais qui ont refusé une partie de leur héritage en terme de valeurs et de pratiques culturelles.
En juillet 2000, Libération consacre un article à « l’été de tous les bobos », ces êtres qui « cultivent une passion pour les légumes bio et les gadgets techno », « engrangent les stock-options et soutiennent José Bové à Millau. Ces bohémiens chic veulent avoir les pieds dans la terre et la tête dans le cyberespace. »
Au sujet du livre de Brooks, Le Monde décrivait les bobos comme « des jeunes gens aisés, bien éduqués, qui se plaisent davantage à soigner leur corps et aimer leur prochain qu'à encaisser des dollars à Wall Street ou Palo Alto. Qui ne dédaignent pas de manger des pommes de terre, surtout si elles sont biologiques. Qui préfèrent dormir dans des logements provisoires que dans un appartement luxueux bien à eux, sur la Cinquième Avenue de New York. »
Boboïsation et gentrification
Le phénomène est alors surtout traité sous l’angle américain, avant de désigner des groupes identifiés dans les capitales européennes, qui réinvestissent les centres-villes et les quartiers populaires, moins chers et plus conformes à leurs aspirations, pour s’installer dans des « surfaces atypiques » (anciennes boutiques et usines notamment). C’est le processus de « gentrification » décrit par les géographes et les sociologues de la ville.
En 2006, Arte diffuse le documentaire d’Amal Moghaizel, « Les bobos dans la ville », qui observe ce processus (voir la vidéo).
Déjà dans Sociologie de Paris, le couple de chercheurs Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon (spécialiste de la bourgeoisie et de l’aristocratie) décrivait ces nouvelles couches. Ensuite chantées par Renaud en 2006 (voir la vidéo).
La notion ne fait toutefois pas l’unanimité chez les sociologues. Camille Peugny juge qu’elle n’est « pas du tout utilisée » et que « le terme est devenu une caricature » désignant « une personne qui a des revenus sans qu’ils soient faramineux, plutôt diplômée, qui profite des opportunités culturelles et vote à gauche ». En gros, une grande partie de la classe moyenne.
Camille Peugny y voit même une connotation « un peu méprisante », « utilisée par la droite pour disqualifier une partie de la population qui ne connaitrait pas les difficultés du peuple et donc ne pourrait pas donner son avis ».
Louis Maurin, journaliste à Alternatives Economiques et directeur de l’Observatoire des inégalités, constate lui aussi un concept « un peu flou ». Deux interprétations sont possibles selon lui : « la version haut de gamme », des « personnes cultivées qui gagnent beaucoup d’argent (architectes, artistes) » ou une analyse un peu plus large, incluant toute une partie de la population « qui n’a pas forcément des niveaux de vie très élevés mais un capital culturel et un niveau d’études supérieur à la moyenne » sans en être consciente. « Quand vous leur dites que seulement 10% de la population a dépassé le niveau Bac +2, ils tombent des nues. »
Se distinguer du beauf et du bourgeois mainstream
Le bobo est clairement une catégorie médiatique, créée et utilisée à la base par des journalistes, même si le terme s’est diffusé dans le reste de la population et en politique. Malgré cette origine peu scientifique, le sociologue Nicolas Herpin juge qu’il désigne « des phénomènes tout à fait intéressants ». « On ne peut pas réglementer l’usage des expressions », explique-t-il, et « l’extension du sens de « bobo » prouve que ça représente un phénomène social solide ».
Même avis pour Olivier Donnat, spécialiste des pratiques culturelles. Il estime que l’expression « renvoie à des évolutions sociologiques dont on peut percevoir les effets dans les enquêtes », même si « c’est une manière de parler » plus qu’un concept. Il note que des formes d’expression « qui n’appartenaient pas à la culture légitime » « font l’objet d’une réappropriation par les milieux diplômés et urbains ». Exemple : le cirque, les musiques du monde, la thématique de la diversité culturelle et du métissage artistique.
Pour lui, ces changements expliquent « les difficultés de renouvellement de certaines salles de concert, comme la salle Pleyel », désertées par les enfants du public habituel qui lui préfèrent d’autres types de musique, comme « la variété chic : Christophe, Bashung, etc. ». Pour Olivier Donnat, les bobos « cherchent à se distinguer à la fois du beauf et de la bourgeoisie mainstream ».
La distinction, c’est aussi la clé pour Bernard Lahire, héritier de Pierre Bourdieu. « Les bobos tels qu’on en parle aujourd’hui, Bourdieu en parlait déjà plus ou moins dans La Distinction, même s’il traitait plutôt d’une petite bourgeoisie attirée par le mysticisme et les nouvelles technologies. Il parlait notamment du yoga, du végétarisme, comme stratégies de distinction par rapport à la bourgeoisie classique. »
Bernard Lahire réfute toutefois l’apparente opposition entre bourgeois et bohêmes. « Les bohêmes sont souvent des enfants de bourgeois, qui possèdent les moyens culturels liés à leur éducation ». Il assimile ainsi les bobos à « une fraction de la classe dominante ».
« En se distinguant par la voie moderniste, en adoptant des positions politiques différentes (l’écologie), les bobos parlent à leurs parents et aux gens avec qui ils étaient à l’école, qui ont choisi des métiers bourgeois traditionnels, comme avocat ou notaire ».
Un jeu de compétition et de différenciation au sein de la classe bourgeoise.
Par Camille Polloni Les Inrocks
Dernière édition par Nine le Ven 9 Avr - 17:55, édité 2 fois
Nine Admin
Nombre de messages : 12721 Date d'inscription : 03/05/2008
Sujet: Re: FLASH SUR LES BOBOS ... Ven 9 Avr - 17:47
Vaccins contre les bobos
Dans une pharmacie du XIVe arrondissement : La pharmacienne: "Et donc, voilà votre vaccin." La cliente: "Ah oui, c'est comme le BCBG ?" La pharmacienne: "Euh... c'est ça !"
[Renaud] Les Bobos. On les appelle bourgeois bohêmes Ou bien bobos pour les intimes Dans les chanson d'Vincent Delerm On les retrouve à chaque rime Ils sont une nouvelle classe Après les bourges et les prolos Pas loin des beaufs, quoique plus classe Je vais vous en dresser le tableau Sont un peu artistes c’est déjà ça Mais leur passion c'est leur boulot Dans l’informatique, les médias Sont fier d'payer beaucoup d'impôts
Les bobos, les bobos Les bobos, les bobos
Ils vivent dans les beaux quartiers ou en banlieue mais dans un loft Ateliers d’artistes branchés, Bien plus tendance que l'avenue Foch ont des enfants bien élevés, qui ont lu le Petit Prince à 6 ans Qui vont dans des écoles privées Privées de racaille, je me comprends
ils fument un joint de temps en temps, font leurs courses dans les marchés bios Roulent en 4x4, mais l’plus souvent, préfèrent s’déplacer à vélo
Les bobos, les bobos Les bobos, les bobos
Ils lisent Houellebecq ou philippe Djian,les Inrocks et Télérama, Leur livre de chevet c’est surand Près du catalogue Ikea. Ils aiment les restos japonais et le cinéma coréen passent leurs vacances au cap Ferret La côte d'azur, franchement ça craint Ils regardent surtout ARTE Canal plus, c’est pour les blaireaux Sauf pour les matchs du PSG et d’temps en temps un p'tit porno
Les bobos, les bobos Les bobos, les bobos
Ils écoutent sur leur chaîne hi fi France-info toute la journée Alain Bashung Françoise Hardy Et forcement Gérard Manset Ils aiment Desproges sans même savoir que Desproges les détestait Bedos et Jean Marie Bigard, même s’ils ont honte de l’avouer Ils aiment Jack Lang et Sarkozy Mais votent toujours Ecolo Ils adorent le Maire de Paris, Ardisson et son pote Marco
Les bobos, les bobos Les bobos, les bobos
La femme se fringue chez Diesel Et l'homme a des prix chez Kenzo Pour leur cachemire toujours nickel Zadig & Voltaire je dis bravo Ils fréquentent beaucoup les musées, les galeries d'art, les vieux bistrots boivent de la manzana glacée en écoutant Manu chao Ma plume est un peu assassine Pour ces gens que je n'aime pas trop par certains côtés, j'imagine… Que j'fais aussi partie du lot
Les bobos, les bobos
RENAUD
liliane Admin
Nombre de messages : 19569 Age : 50 Localisation : dans la galaxie Date d'inscription : 02/05/2008
Sujet: BOBO ou BOAL ? Mer 4 Aoû - 16:43
Une nouvelle guerre des tribus parisiennes fait rage ? Etes-vous bourgeois bohème ou bourgeois alternatif? A chacun son look et ses codes. Revue de détails.
BOBO
BOAL
Pédigree
Le « bourgeois bohème », né en 2000 dans la famille des nouvelles upper classes, a les problèmes du bourgeois mais joue l'insouciant éhonté, rêvant de lendemains qui chantent (pour lui avant tout). ll roule à scooter mais trie ses déchets, ne quitte pas son jean APC et habite l'est parisien. Madame/Mademoiselle ne jure que par Isabel Marant et la pensée unique. En résumé : « On a de l'argent mais on se soigne ».
Le « bourgeois alternatif » assume son étiquette de « bourge » mais s'applique à casser les codes et à brouiller les pistes, revendiquant une ouverture d'esprit et des habitudes d'homme moderne, qui troque l'attaché-case contre la besace, le riz contre le quinoa. La « boal », glamour révoltée, mixe facilement sac Chanel et jean Uniqlo. En résumé : « Je ne suis pas celui/celle que vous croyez ».
Livres de chevet
La Délicatesse de David Foenkinos (Éd. Gallimard) ; la version originale de Sur la route de Kerouac
Dictionnaire du look (éd. Robert Laffont) de Géraldine de Margerie et Olivier Marty, qui passent au scanner tous les « sociotypes », de la bimbo à la Marie-Chantal fan du collier de perles. Dorothy Parker, Nancy Mitford. Envisage également de (re) lire Marx.
PC
Le Mama Shelter (littéralement « le refuge de maman »), designé par Philippe Starck, où les bobos parisiens se sentent chez eux. (109, rue de Bagnolet (XX e ). Tél. : 01 43 48 48 48.)
L'Appartement de la Fidélité, meublé néo-50's, avec bar semi-privé. (12, rue Fidélité (Xe). Tél. : 01 47 70 19 34.)
Accessoire
L'iPod, car le bobo est aussi « créacu » (créatif culturel) : il exerce ses talents dans le graphisme, le cinéma et le design.
Le badge à l'ancienne (modèle broche, pas pin's), rond et lisse, frappé d'un slogan rebelle à souhait comme « Proust est punk ».
Musique
Il écoute en boucle Congratulations (Sony) de MGMT, le duo new-yorkais de néopop psychédélique.
le duo électro-classique Something à la Mode (SALM pour les initiés) et Miss Li (single Ba Ba Ba de l'album Songs of a Rag Doll).
Icônes
Charlotte Gainsbourg, le galeriste Emmanuel Perrotin, Benjamin Biolay, la jeune cinéaste Alice Mitterrand, les designers graphistes Michael Amzalag et Mathias Augustyniak.
Barbara Bui, Melita Toscan du Plantier, le propriétaire de Beaux-Arts Magazine Thierry Taittinger, Matthieu Pigasse (Banque Lazard), Kate Berry, Emmanuelle Béart, Gaspard Ulliel.
Nombre de messages : 2631 Age : 73 Localisation : Paris Date d'inscription : 13/05/2008
Sujet: Re: FLASH SUR LES BOBOS ... Mer 4 Aoû - 20:17
. " Une nouvelle guerre des tribus parisiennes fait rage "
Et en province , y en a pas des bobos ou boals ? :scratch:
Et à Paris , ça n'existe pas les gens normaux qui bossent et qui sont pas snobs ?
Toujours le vieil antagoniste et la même simplification ........
Y a t'il un où une parisienne sur ce forum pour m'épauler ?
Bon , je suis rentrée et en pleine forme ...... alors attention
.
liliane Admin
Nombre de messages : 19569 Age : 50 Localisation : dans la galaxie Date d'inscription : 02/05/2008
Sujet: Re: FLASH SUR LES BOBOS ... Jeu 5 Aoû - 8:34
Ben quoi bribri ? C'est une parisienne (enfin au moins d'adoption) qui a fait cet article dans un journal parisien
Et quand on sait que toutes les modes sont initiées à Paris et qu'elles font vite le tour des villes françaises..............
Et puis les gens normaux, où qu'ils habitent on le sait, n'intéressent personne
liliane Admin
Nombre de messages : 19569 Age : 50 Localisation : dans la galaxie Date d'inscription : 02/05/2008
Sujet: Re: FLASH SUR LES BOBOS ... Ven 20 Jan - 19:17
Les bobos contre le peuple
Bourgeois et bohème, c’est un oxymore. La contradiction est en effet caractéristique de ce groupe social, qui cultive à la fois les qualités bourgeoises de la vie quotidienne et les spécificités d’une pensée fantaisiste, artiste, se voulant sans préjugés. Il faut voir comment s’arrangent les contraires. Et pourquoi ils se cherchent.
Le bobo est un révolté contre le système et les systèmes. En général un soixante-huitard, et à ce titre “en lutte contre”. Cependant, depuis Mai 68, il a fait du chemin et, comme il appartenait à l’élite douée, il a réussi, a occupé des places élevées, a vécu confortablement. C’est donc quelqu’un qui a mérité une vie moelleuse, voire luxueuse, tout en tenant à longueur d’année dans la main le pétard pour fustiger la société qui l’abrite.
Cette contradiction produit des personnalités bien particulières. Il y a là une discordance radicale entre la vie et la pensée : une vie bourgeoise et une pensée révolutionnaire, en tout cas en permanence révulsée, indignée, scandalisée par la société même dans la quelle s’établit cette vie bourgeoise, rangée, organisée, cossue. On va dire qu’aucun d’entre nous n’applique totalement ses idées à soi-même : il est si facile de parler et si difficile de faire… bien entendu !
Mais ici nous avons un groupe social pour lequel cette distorsion entre le discours et l’acte apparaît comme une sorte de vocation et de profession.
Lorsque nous sommes pris en flagrant délit de contradiction intérieure, nous en sommes penauds et tentons vite de nous remettre en accord avec nous-mêmes, ne serait-ce que pour redevenir crédibles. Mais le bobo n’a pas de ces scrupules. Il estime que lui est pour ainsi dire programmé pour parler, discourir et surtout donner des leçons aux autres. Car il a un magistère, une autorité doctrinale et morale qui lui a été conférée parce qu’il possède la vérité – et cela est un reste de l’époque idéologique disparue. Évidemment il ne professe plus les dogmes idéologiques, mais la morale qui leur tient aujourd’hui lieu d’ersatz. Et comme cette morale est assez radicale dans sa compassion et son égalitarisme dégoulinants, la contradiction entre les paroles et la vie apparaît vite abyssale. Le bobo est celui qui, par esprit social, vilipende les hauts revenus, mais se fait adjuger dès qu’il le peut un salaire exorbitant ; qui noircit avec indignation l’héritage bourgeois mais, dès qu’il se trouve en situation d’hériter, s’arrange pour recueillir la meilleure part au détriment de sa fratrie ; qui réclame à cor et à cri l’égalité à l’école et, par la guerre souterraine des passe-droits, obtient que son enfant intègre les meilleurs établissements… Le héros du film les Invasions barbares, qui avait défendu toute sa vie la misère de l’hôpital public et qui réclamait des traitements de faveur dès qu’il se retrouvait hospitalisé, était un bobo typique.
Comme le bobo habite dans les beaux quartiers et fait ses achats dans des épiceries chic, il peut se permettre sans frais de soutenir qu’il n’y a rien de mieux que Leader Price, que les banlieues pourries sont très agréables à vivre et que la mixité sociale n’est un problème que pour les racistes du Front national.
Le groupe bobo est à la fois très restreint et très influent. Il représente une partie importante de notre élite.
On peut l’expliquer par l’évolution propre aux systèmes idéologiques. Ceux-ci sont caractérisés par leur existence seulement théorique : ils se déploient dans le discours et ne se réalisent pas dans les faits. C’est ainsi que nos soixantehuitards supposent que leur morale, républicaine ou socialiste, représente pour eux un magistère doctrinal et rien de plus. L’idée de la nécessité du témoignage, tellement essentielle dans une éthique classique portée par le respect de la réalité, n’a aucun sens ici. Les anciens idéologues ignorent ce qu’est le témoignage, puisque leur discours ne s’est jamais réalisé nulle part. Ils ignorent ce que signifie s’engager soi même dans l’acte qui correspond au discours, puisqu’ils ont toujours vécu dans un monde chimérique où l’on attendait seulement que le verbe engendre la réalité, se prenant en quelque sorte pour Dieu le Père. Nous nous trouvons devant les glorieux restes d’une époque révolue. Et le côté bohème, en ce qu’il a de charmant, de fantaisiste et de gai (il est beaucoup plus facile d’être fantaisiste quand on est riche), permet d’atténuer et même d’effacer toutes les turpitudes des anciennes idéologies – comme lorsqu’on nomme la dernière pensée marxiste une “pensée artiste” : quel don pour ennoblir l’indignité ! Finalement, de la pensée 68 il ne reste qu’une gigantesque habileté communicationnelle : la capacité de se faire encore passer pour des gens bien.
On s’aperçoit pourtant, et pas seulement dans cet exemple mais partout, que c’est toujours la vie qui l’emporte sur la pensée. Lorsqu’on fait le contraire de ce que l’on dit, ce dire est un feu follet, une pantalonnade, une nigauderie, en tout cas quelque chose que nul ne peut prendre au sérieux. C’est pourquoi le peuple citoyen, auquel on ne peut pas faire avaler n’importe quoi, a tendance à ne plus croire ces discours de Tartuffe. C’est pourquoi la gauche a perdu le peuple.
Nombre de messages : 19569 Age : 50 Localisation : dans la galaxie Date d'inscription : 02/05/2008
Sujet: Re: FLASH SUR LES BOBOS ... Lun 6 Jan - 10:05
Fini le néobourgeois, place au bomo !
Finie la bohème chic, le néobourgeois trentenaire cultive aujourd’hui le mauvais goût. Son nom ? Le bomo. Ses valeurs anti-morosité ? Le laid, le kitsch, le ringard. Décryptage des cinq tribus de beaux moches.
Ils sont de plus en plus nombreux. Leurs accessoires surréalistes cohabitent avec des articles de seconde main aux imprimés kitsch pour un look douteux. On les croise dans les vide-greniers à la recherche d’une nouvelle trouvaille qui viendra donner la touche finale à leur déco « loge de concierge », ou bien dans des festivals indé en marge de la production actuelle. Eux, ce sont les « bomos », petit nom de code donné par le bureau de tendances Martine Leherpeur à ces nouveaux adeptes du mauvais goût, « beaux moches », fervents partisans du laid sous toutes ses formes. Car, dans la mode et la déco, mais aussi dans les comportements culturels, le ringard affiche depuis plusieurs années une santé indécente : puces, friperies et dépôts-ventes se sont multipliés, alors que les quartiers populaires comme Pigalle n’ont jamais été aussi plébiscités par ces fameux hipsters lassés des codes culturels dominants. « Ces nouveaux décideurs CSP + reprennent à leur compte les codes de la culture populaire. On assiste à une inversion des valeurs : la culture populaire devient chic, tandis que le chic devient trash », explique Vincent Grégoire, du bureau de tendances NellyRodi. Un basculement qui vient balayer d’un revers de manche trouvé chez Emmaüs la théorie déterministe de Pierre Bourdieu qui établissait des corrélations entre les différences de goût et les différences sociales. « La crise de 2009 a chamboulé notre rapport aux classes sociales en renforçant les clivages. Ces “bomos” sont en rupture avec l’héritage de leurs parents. » Revendiquer son choix pour le laid face à la dictature du tout-parfait serait un acte de dissidence esthétique consciente et ultra-maîtrisé.
“Le moche est devenu cool”
« Cette génération a accès à tout avec Internet, outil qui a largement participé à la diffusion de cette tendance. Ce sont des experts qui ont assimilé et digéré les valeurs de leurs aînés et qui ont décidé en tout état de cause de jouer avec pour s’en libérer », continue Vincent Grégoire, rejoint dans son analyse par Frédéric Temps, directeur de l’Étrange Festival, spécialiste depuis vingt ans de la frange la plus dérangeante du cinéma de genre qui attire désormais geeks purs et durs et grand public. « Notre société est aseptisée. Les gens s’ennuient et cherchent des choses moins consensuelles », explique-t-il. « Consensuel », le mot qui fâche. Car, si la genèse du mouvement moche se plaçait à contre-courant des règles établies dans la subversion du politiquement et esthétiquement correct, la culture moche est entre-temps passée dans le camp mainstream.
Le moche est partout. Il n’émeut plus. Pire : le moche est devenu cool. Pour preuve, la pléthore de maisons de luxe qui naviguent dans les eaux troubles du « popu-chic ». « La portée symbolique s’est délayée, c’est évident. L’irrévérence est devenue la norme », analyse Frédéric Temps, qui voit là un effet de mode : l’esthétiquement correct a encore de beaux jours devant lui. Une bonne raison pour ressortir nos Ugg ?
Le geek
Il joue avec sa Game Boy dans le métro, affiche ses comics sous blisters dans tout son appartement et n’est pas peu fier de sa collection de chemisettes. Son atout séduction ? Ses lunettes double foyer qui font fureur auprès de ses conquêtes. Le geek 2013 est le dernier mâle alpha que tout le monde s’arrache pour passer des week-ends marathon Game of Thrones. Le modèle : Steve Urkel.
Le Sea Punk
Cheveux pastel ou fluo, cuir élimé, leggings arc-en-ciel et imprimés dauphin sous influence, il est le digital native de la bande qui définit son personnage de poupée manga, à mi-chemin entre le personnage de la sirène et l’imagerie cyberpunk des réseaux sociaux, notamment Tumblr. Compilant ses fétiches visuels jusqu’à l’overdose, il est tiraillé entre ses fantasmes Fée Clochette et la mouvance dark des hackers. Le modèle : Azealia Banks.
Le réac
Cardigan boutonné, pipe et mocassins à glands, on pourrait le confondre avec son grand-père. Ce néomacho du look, au discours moins conservateur que son aïeul, avoue volontiers un faible pour l’esthétique de la France des Trente Glorieuses (poste radio, papier peint fleuri et moquettes épaisses). Pour se rassurer face à la crise, quoi de mieux que les bonnes vieilles valeurs de papa ? Le modèle : Jacques Chirac.
Le décroissant
Celui-ci ne jure que par le vintage et la consommation raisonnée. Fripes, marchés bio, troc et commerce local, il se veut l’archétype du consommateur responsable qui préfère l’utile au beau. Mais, s’il clame haut et fort son refus de toute forme de luxe, on le retrouve parfois à faire les dépôts-ventes du XVIe arrondissement pour espérer dénicher un sweat Céline de la collection printemps-été 1992 ou à traîner aux puces de Saint-Ouen pour mettre la main sur la table en Formica de sa grand-mère. Le modèle : les sœurs Olsen.
L’adulescent
Il est né dans les années 1990 et connaît toutes les références de son enfance. Adulescent qui refuse de grandir et vénère l’esthétique kitsch de ses années collège, il a ressorti de son placard son jogging Adidas et son hoodie Champion. Les filles, elles, ont donné une seconde vie à leur Polly Pocket qu’elles portent en collier. Plus on régresse, mieux c’est. Le modèle : Jeremy Scott.