Elodie Frégé, Belle... de tous les Jours...
Non seulement elle nous offre un album magnifique,
qui doit s’apprivoiser, fort de mélodies et de textes sublimes,
mais en plus, Elodie Frégé est une fille adorable et charmante.
C’est donc un grand plaisir pour nous de lui poser des questions
afin d’en savoir un peu plus...
L’album «La Fille de l’Après-Midi» sort 4 ans après le «Jeu des 7 erreurs».
Pourquoi ce temps si long?
J’aime prendre du temps, et j’avais besoin de digérer la précédente tournée
qui s’est terminée en été 2008.
Je ne pouvais pas me lancer dans un nouvel engrenage sans avoir fini la tournée.
Il y a eu un long travail de pré-production avec Benjamin Tesquet ,
un mec rempli de talent, et j’ai appris plein de choses à ses côtés.
C’était la plus grosse partie du travail.
Quasi tous les titres sont signés par toi. Etait-ce une envie d’indépendance?
Ca s’est fait comme pour le reste.
Je ne me suis rien dit de spécial au départ,
j’ai voulu collaborer avec d’autres personnes.
Florent Marchet m’a écrit une belle chanson qui me ressemble
et qui m’a beaucoup touché.
J’aurais bien aimé faire plus de rencontres, avoir plus de temps...
Benjamin Biolay était occupé, on refera sûrement quelque chose d’autre par la suite.
J’ai écrit une quinzaine de chansons car je ne travaille que dans la passion,
comme un besoin urgent d’écrire...
Je ne voulais pas me dire «tiens, écrivons un tube»,
j’écrivais plutôt en réaction à une émotion.
Et en mettant les chansons dans un certain ordre,
je me rendais compte que ça racontait une histoire.
Il y a une constance dans l’album. Etait-ce voulu dès le départ?
Oui, car je conçois l’amour de la même façon.
Ma constance est dans la poésie, la façon d’employer les mots,
avec leurs rythmes et leurs sons.
Ca peut être difficile à entendre pour certains. Moi c’est ce que j’aime.
Ce n’était pas un choix à proprement parler,mais oui, la trame est la même...
D’où est venue l’inspiration pour cet album?
De plusieurs choses, certainement...
Je me suis aussi remise aux films de la Nouvelle Vague,
que j’adorais quand j’avais 16, 17 ans, et je les ai revus il y a peu.
Truffaut, Godard, Varda, Bunuel, ces courants,
cette esthétique, ça m’a toujours touché.
J’aurais adoré être un personnage issu de ces films là!
La sensualité est aussi une place importante depuis le début de ta carrière...
J’ai toujours été comme ça! Au début, je ne savais pas l’exprimer.
C’est Benjamin Biolay qui a voulu que je l’exprime un peu plus,
artistiquement et humainement.
Je peut paraître froide et, en même temps,
j’ai besoin d’être comprise dans l’affection, et je donne parfois des clefs aux gens.
La sensualité peut se percevoir là aussi.
C’est extrêmement complexe.
Certains cherchent une sensualité «superficielle», pas naturelle,
qui devient vulgaire.
Je prône l’anti vulgarité.
Rien n’est plus sensuel que la subtilité, ne pas tout montrer.
Une femme habillée qui laisse montrer un bout de bas ou d’un soutien gorge,
c’est beaucoup plus érotisant que les filles en mini short autour d’un rappeur,
non? (rires)
Dans tes textes, on se rend compte que la souffrance est liée à l’amour.
Penses tu qu’on doive passer par cela pour aimer?
Je ne pense pas qu’on puisse faire autrement... C’est une façon de vivre aussi.
Je passe par la souffrance pour écrire,
j’ai besoin de prendre des risques, d’être surprise pour me sentir vivante.
Ca se ressent dans mes chansons.
Je ne dis pas que je prône l’amour impossible,
mais je pense qu’on est pas fait pour être un couple,
et que c’est difficile de vivre avec une autre personne.
L’amour «à la vie à la mort» peut faire souffrir, beaucoup.
Je ne veux pas me mettre cette pression.
Mais je ne pense pas que ce soit négatif.
C’est la pression généralisée qui me dérange,
qui peut restreindre et empêcher les gens de vivre au jour le jour.
Et puis les histoires romantico-dramatiques, j’adore ça!
Pour ce shooting, on t’a transformée en «Belle De Jour». Comment l’as tu vécu?
C’est étrange de se dire qu’une demie journée,
on se transforme en «Belle de Jour» (rires),
j’aurais pu l’être aussi. Je doute beaucoup de ce que je peux dégager.
Je sens que je suis le feu sous la glace.
Je ne fais confiance qu’à peu de gens,
je me protège, car je peux souffrir très vite, et à l’intérieur , je suis un volcan.
«Belle de Jour» c’est ça aussi.
Me retrouver dans ces draps, habillée comme ça,
a attisé mon désir de me mettre dans la peau de quelqu’un d’autre.
Justement, on peut aussi dire tu évolues dans un univers musical qui se rapproche d’une conception cinématographique...
Oui, j’envisage chaque chanson comme une partie d’un film.
On a beaucoup travaillé dessus.
J’adore Ennio Morricone, ou le disque «Melody Nelson»,
et j’adorerais que «La fille de l’après midi» soit un film.
Je suis vraiment influencée par le cinéma, par la Nouvelle Vague, ou François Ozon...
Parlons-en! Tu apparais dans «Potiche». Comment as tu vécu cela?
Je ne joue que très très peu dans le film, je suis une sorte de flashback...
Je ne m’y attendais pas du tout. François Ozon m’a aperçue dans un resto
et a voulu me recontacter.
J’ai passé 2 essais, et j’ai été choisie.
Je me posais plein de questions, alors que je n’apparais qu’une minute dans le film.
Mais c’était une expérience originale,
je me suis amusée à jouer, et si je devais recommencer,
je demanderais à un coach de m’aider.
Je ne veux pas arriver là par hasard, c’est un métier, comme celui de chanteuse,
et je ne refuse d’arriver comme un cheveu sur la soupe.
Je ne veux pas que ce soit un caprice.
J’ai cette envie de continuer, mais je veux choisir et prendre mon temps.
Bientôt une tournée... Peux tu nous en dire plus?
On y réfléchit encore. Ce sera au printemps 2011.
J’ai envie de faire plusieurs formations, parfois un concert acoustique,
ça dépendra des salles, etc.
La lumière sera importante, et mon équipe sera la même que lors de l’ancienne tournée.
J’aime mes musiciens, et j’ai confiance en eux.
On fera tout le disque et nous incorporerons d
es anciens titres qui collent très bien à cet univers...
LizMag parle aussi (beaucoup) de mode.
Tu as été notre mannequin, qu’aimes-tu dans la mode?
Je n’aime pas la mode pour la mode.
Certains s’habillent comme il faut à la sortie des défilés, moi ce n’est pas mon truc...
J’adore Lanvin, Paule Ka, ou des friperies,
car on peut toujours y trouver de belles choses.
J’aime la minutie du travail. Je déteste m’habiller coloré.
J’aime ce qui est sobre, la petite robe noire au dessus du genou,
comme Chanel peut proposer.
Ce qui fait femme fatale, en fait.
Je suis fan de talons que je porte quasi 24/24
j’aurais d’ailleurs adoré façonner des souliers.
Quand on regarde les Louboutin, c’est de l’art.
Tout le monde peut faire un effort en s’habillant.
En fait, je crois que la mode,
c’est de pouvoir s’habiller, s’adapter à tout ce qui est nouveau,
tout en préservant son propre style à soi.
On ne doit pas y perdre sa personnalité.
Photo: Nicolas Delys
Olivier Saghezchi
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