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Sujet: Re: LA SUPERBE Dim 25 Oct - 15:47
L'âme des poètes
Quel effet cela fait-il d'avoir écrit un classique ? Autrement dit une chanson dont on sait, sitôt enregistrée, qu'elle marquera son époque et se jouera des décennies. Dans le sillage d'Avec le temps, Que reste-t-il de nos amours ?, Mistral gagnant ou Je t'aime moi non plus. Ces chansons qui ne vieillissent pas. Il faudrait le demander à Jeanne Cherhal et Benjamin Biolay qui dans un duo prodigieux, Brandt Rhapsodie, condensent en quatre minutes et quarante-quatre secondes ce qui faisait la magie du cinéma de Claude Sautet. Dont les films n'ont pas pris une ride.
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liliane Admin
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Sujet: Re: LA SUPERBE Dim 25 Oct - 18:09
LA RUPTURE SOUS TOUTES SES COUTURES
Benjamin Biolay revient avec "La Superbe". Il signe 22 titres sur le thème de l’amour... qui s’effrite
Certains l’ont aimé, d’autres l’ont détesté. Le pire étant d’être méprisé, Benjamin Biolay peut se targuer de susciter des réactions. La Superbe (Naïve), son nouveau disque, ne laissera personne indifférent. Auteur, compositeur, réalisateur et arrangeur, connu pour ses collaborations avec Henri Salvador, Keren Ann, Carla Bruni, Julien Clerc, Françoise Hardy ou encore Elodie Frégé, le trentenaire a du talent, c’est certain.
Voici donc ce double album, sensiblement différent des précédents. Biolay, 36 ans, semble s’être éloigné d’une image qu’il avait pu donner. Moins critique, plus honnête, l’artiste ne veut plus apparaître comme un bobo grande gueule, mais tel qu’il est. A vif, il enchaîne les couplets sur l’amour (“Tu es mon amour”), la rupture, l’abandon, la famille (“Ton héritage”, dédié à sa fille Anna, qu’il a eue avec Chiara Mastroianni), la drogue (“La toxicomanie”)… Le duo avec Jeanne Cherhal, “Brandt Rhapsody”, qui témoigne de l’éloignement dans le couple, avec pour seul support des messages sur des Post-it, est superbe, comme les 21 autres chansons, moments de vie d’un 15 août au 15 septembre. Saxophone, piano, cuivres, violons viennent rythmer cette histoire qui se délite. Un déchirement amoureux douloureux métamorphosé en un double disque surprenant et touchant. L’artiste prépare sa tournée, qui débutera en février 2010. Il sera notamment au Casino de Paris, les 5 et 6 février.
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liliane Admin
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Sujet: Re: LA SUPERBE Lun 26 Oct - 7:48
Prince Benjamin 26/10/09
On s'en fiche qu'il ait l'air un peu trop content de lui, qu'il se soit fâché avec Salvador, qu'il dise du mal des autres stars de la chanson (Bénabar et Zazie)… Benjamin Biolay est aujourd'hui un des plus grands artistes pop français. Son nouveau disque, « La Superbe », un double album riche de 22 morceaux, le prouve de façon éclatante.
Evacuons les influences : Gainsbourg pour le parlé-chanté, le tropisme anglo-saxon ; Murat pour le lyrisme mélodique un peu maniéré… Benjamin fait du Biolay - fort de sa culture musicale qui va de Brahms à Booba, en passant par Joy Division ; de sa formation classique qui en fait un arrangeur hors pair ; et de sa vie brûlée de jeune dandy parisien. « La Superbe » est un disque melting-pot, très glamour avec son déluge de cordes, très moderne, avec sa rythmique rap-électro-jazz. Un modèle d'orchestration. Biolay a peaufiné son parlé-chanté, passant insensiblement de l'un à l'autre, explosant les codes du rap et du slam au profit de la musicalité. Ses textes, très noirs, ont gagné en densité.
Mention spéciale aux étincelants « La Superbe », « Padam » et « Mélancolique », aux très émouvants « Ton Héritage », ou « Raté », aux entraînants « L'espoir fait vivre » et « Reviens mon amour ». Quelques titres plus faibles à la première écoute (« Toxicomanie », « Jaloux de tout ») ne changent pas le verdict. « La Superbe » est superbe. Lapop française a trouvé son prince. PH. C., Les Echos
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Sujet: Re: LA SUPERBE Mar 27 Oct - 1:49
FRANCE INTER LE PONT DE ARTISTES BENJAMIN BIOLAY
En écoute ici : (pendant 7 jours!) http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/pontdesartistes/ émission du samedi 24/10/2009 avec Paco Volume JP Nataf
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Nine Admin
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Sujet: Re: LA SUPERBE Mar 27 Oct - 2:25
Coup de coeur La Superbe
♪ Benjamin Biolay se laisse aller !
Plus le temps passe, plus les cheveux s'allongent et s'allourdissent ; sur les plateaux tv il arbore un look grunge post ado, un air de poète maudit qui a trop pris la mer ; on l'aura compris et on lui aura suffisamment reproché, avec les chanteurs à petites histoires de comptoir il ne faut pas le mélanger...
Mais Benjamin Biolay n'est pas qu'une attitude : après 2 ans et demi d'enfermement en studio, libre de tout engagement donc de toute pression commerciale, il accouche d'un cinquième album (le deuxième double) intimiste et puissant : La Superbe, qu'il signe chez Naïve.
♪ Un album hommage ?
Que celui qui n'a pas pensé, en écoutant le dernier disque de Benjamin Biolay, à quelques uns de ses confrères me jette la première pierre ! Il est toujours désagréable pour un musicien d'entendre que l'on retrouve dans le fruit de son travail l'accent de tel ou tel artiste ; mais il faut également avouer que depuis les années 70, la musique n'a pas été révolutionnée. Dans La Superbe, on se promène entre Gainsbourg (certaines instrus comme celle de Miss Catastrophe sonnent très Aux armes et caetera), les saxos trainant des jazzeux d'un autre temps, l'électro chaloupée à la sauce Fade to grey (Si tu suis mon regard), des volutes vocales dignes de feu Alain Baschung, des mélodies empruntées à la pop anglaise et des rythmiques issues du rap !
♪ Benjamin Biolay est un sentimental !
Il parait que les meilleurs productions artistiques naissent de la douleur ; Biolay a dû en voir des vertes et des pas mûres pendant toutes ces années ! Il y a deux ans il nous livrait avec Trash Yéyé, son premier témoignage en musique de la fin d'un couple (c'est l'époque de sa rupture d'avec Chiara Mastroianni) ;
avec La Superbe, il en remet une bonne couche... une jolie couche... pour les finitions. Manque, jalousie, silence, nostalgie, regrets, amertume, colère, violence, lâcheté... elle est complète la palette des sentiments distillés dans ces quelques 22 titres ambiancés ! Mélancolique, avec des plans de piano et des envolées de violons tristes comme les adieux, la musique de Benjamin Biolay pénètre. Et puisqu'elle est l'histoire vieille comme le monde de l'Amoureux malheureux, puisqu'elle est un peu l'histoire de chacun d'entre-nous, elle coule doucement dans nos veines, comme un remède.
Dans Brandt Rhapsodie, morceau en duo avec Jeanne Cherhal, le couple est disséqué au travers de petits mots abandonnés sur le papier : la rencontre, l'obsession des débuts qui empêche de manger, de travailler... ; le sexe, les bébés ; le quotidien, la liste de courses ; la part des autres, le poids de la famille ; le départ... et puis plus rien.
♪ ♪ Bref, La Superbe, c'est beau, c'est bien, on n'en sort pas indemne... De la grande chanson française comme on en fait plus... comme on l'aime ! ♪ ♪
A.Mothay AVANTAGES
Nine Admin
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Sujet: Re: LA SUPERBE Mar 27 Oct - 2:52
UN BILLET SUR SON MYSPACE dimanche, octobre 18, 2009
veille de match? chers tous,
je profite d'une éphémère connexion internet pour vous livrer quelques sentiments et remerciements. J'ai vu que certains s'inquiètent fort gentiment du peu de passages télés prévus au plan promo. C'est très touchant et je l'apprécie mais, il s'agit aussi d'un choix de ma part. En effet, il devient de plus en plus rare de pouvoir faire de la musique à la télévision.
De l'autre côté il existe bon nombre de talk-shows mais je n'ai guère envie de m'y rendre car je me sais à la fois bon et mauvais client. Je n'ai ni une personnalité ni une façon de m'exprimer propices à ce genre d'exercice médiatique. J'y souris peu parce que j'y suis mal à l'aise et gêné.
Je me sens plus en confiance avec la presse écrite malgré le très récent épisode madrilène (mes propos y sont totalement déformés) j' en assumerai les conséquences et le quatrième contrôle fiscal qui ira avec. En revanche, ce qui est le plus ennuyeux, c'est de passer pour un enragé inculte ( je pense que le gouvernement de Vichy était bien pire que l'actuel, ça va de soit). etc.
Pour ce qui y est de l'effet d'annonce catastrophique de l'autre soir. Il est vrai que, sans rentrer dans des détails trop privés ou confidentiels, ma situation de chanteur est des plus précaire. Je me suis souvent battu et je continuerai pour remédier à cette précarité (certes relative). Je pense que tous les musiciens vraiment passionnés et dédiés à leur artisanat ont pour devoir de trouver les solutions du futur pour que la musique, si elle doit décéder, renaisse au moins de ces cendres.
Est-il encore judicieux de signer avec une maison de disque ? Quelle sont les armes pour lutter contre la musique au mètre, sous forme de sonnerie et bientôt de vibration voire de pet.? Doit on finalement offrir ni plus ni moins notre musique, ceci sous contrôle d'un mécène ou d'une fédération ou coopérative? Mille questions que je me pose depuis plusieurs semaines, découvrant qu'aujourd'hui, il est impossible de maîtriser quoi que ce soit sur les différents réseaux. En attendant que du chaos naisse un nouvel ordre, je m'arrogerai volontiers le droit de tenter ma chance comme comédien parce que j'y prends un plaisir monstre et que j'ai tant de chose à attendre et je l'espère à offrir (pas gagné au jour d'aujourd'hui!!!mais il y a toujours des progrès à faire).
j'ai par ailleurs pour but de mettre en streaming la dizaine d'inédits de la superbe. Ce sera très bientôt. Je m'y engage. Enfin, je tiens à remercier tous ceux qui m'envoient de merveilleux messages de soutien qui me donnent bien du courage et de l'envie. très sincèrement à vous
benjamin
http://www.myspace.com/benjaminbiolay
liliane Admin
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Sujet: Re: LA SUPERBE Mar 27 Oct - 15:59
BENJAMIN BIOLAY - La Superbe [6/10] mardi 27 octobre 2009 Publié par Benjamin F
Chanson française / 2009. Ne pas avoir peur du qu’en dira-t-on. Ne pas avoir peur de ses ambitions. Ne pas avoir peur du ridicule. Se mettre à nu. Défier sans provoquer. Ramener à votre cause ce qui se gaussait encore de vous il y a deux ans de ça. Garder le cap mais avec plus d’assurance. Croire en soi, croire en ses blessures. Ne pas craindre de dépasser les bornes. Oser le vulgaire. Oser les violons qui dégoulinent et les passages jazzy un peu cheap. Ne pas regarder en arrière. Fermer les yeux. Produire. Multiplier les accointances. Produire plus. S’éparpiller. Démontrer l’étendu de son talent. Se perdre. Se retrouver.
« La Superbe » est un album qui devrait susciter les passions : souvent splendide, quelque fois insipide, occasionnellement risible, Benjamin Biolay convainc puis déçoit, puis rassure, puis s’enfuit. Comment se faire un avis, quand chaque minute provoque des émotions si contradictoires. Ne pas juger ? Ne pas écrire ? Réécouter ?
Violons qui regardent dans les yeux des beats electroniques, « La Superbe » révèle des frissons chez l’auditeur. Empli d’une légèreté pop qui ne tarde pas à s’acoquiner avec les mélodies ambiantes de Air, « 15 Août » est un titre complexe aussi bien dans structure que dans sa rythmique littéraire. Valérie Donzelli y est délicieuse comme dans un film de Christophe Honoré, et la chanson atteint des sommets tant Benjamin Biolay y traite de la rupture comme Alex Beaupain traite de la mort, avec une tristesse mélancolique qui ne pratique pourtant pas l’auto-apitoiement. S’ensuit « Padam » qui emporte l’adhésion par son refrain évident, par son naturel insolent.
Mais rien ne peut être si beau dans l’hexagone. La longue introduction de « Miss Catastrophe » est gâchée par des cuivres de mauvais goûts tandis que le texte, moins introspectif, n’arrive pas à émouvoir. Le chanteur semble mal à l’aise, a des difficultés à trouver le ton et n’a pas l’humour d’un Fuzati pour briller sur un exercice de ce genre. « Ton héritage » s’inscrit dans la grande tradition de la chanson française. On pourra au choix s’y ennuyer ou verser une larme. Plus introspectif « Si Tu Suis Mon Regard » est une jolie confession intime sur fond de résurgence rock à la Miossec. La noirceur de « Night Shop » et son parcours initiatique, un peu fantasmagorique, rappelle l’écrasante beauté des chansons de « La Musique » de Dominique A. « Tu Es Mon Amour » pourrait dénoter de par ses orientations cubaines, mais la guitare suit avec aisance la voix de Benjamin Biolay.
« Sans Viser Personne » est de ces titres qui vous détruisent un album, son refrain « Déçu de vous, déçu de nous, je ne crois plus en rien du tout » rappelle Gilles Gabriel, la parodie d’Alain Chabat (« Flou de toi, je suis flou de toi… »). Et non je ne caricature pas ; enfin pas tant que ça. De même, l’effet mythologique, l’ambiance club de jazz de « La Toxicomanie » semble assez vain au sein de la rigueur et de la volonté de redéfinir la musique française qui parcourt le disque.
Et puis arrive « Brandt Rhapsody » en duo avec Jeanne Cherhal, un titre qui à lui tout seul justifie, cautionne, illumine « La Superbe ». A mi-chemin, entre Gainsbourg et Arnaud Fleurent-Didier, il redéfinit un pont entre passé et futur. Je voudrais passer au deuxième disque mais non je reste bloqué. J’appuie sur repeat. J’appuie sur repeat. J’appuie sur repeat…
Malheureusement, un deuxième disque se loge quelque part, il crie famine, il réclame de l’attention. Je ne me sens pas d’humeur cruelle.
Le refrain de « Prenons Le Large » rappelle un mauvais single d’Etienne Daho, la chanson manque de retenue, de classe, elle transpire d’une insupportable frivolité. « Tout Ça Me Tourmente » voit le retour de la muse Jeanne Cherhal, et Benjamin Biolay est poussé dans ses derniers retranchements. A fleur de peau, la plume aiguisée, il attaque le texte là où ça fait mal, sans se farder d’instrumentations trop envahissantes. Mais point d’inquiétude, après avoir fait monter les larmes, le chanteur au lieu de sortir une lame tranchante, joue le troubadour, il sautille sur du post 8 bits, joue la farce, fait le clown, se tourne volontairement en ridicule (« Assez Parlé De Moi »). « Buenos Aires » perd assez vite le fil s’orientant vers des terres trop obscures que le mixage ne peut canaliser.
Perdu entre titres anecdotiques (« Lyon Presqu'île »), chansons un peu faciles (« Raté », « Reviens Mon Amour » ) et grand moment de songwriting (« Mélancolique ») le mystère Benjamin Biolay reste ainsi complet. Une chose est sûre, c’est définitivement lorsqu’il fait son Gainsbourg qu’il est le plus délicieux : lorsque des instrumentations splendides créera la stratosphère qui accueillera ce spoken word où la langue française règnera en princesse (« Jaloux De Tout »)
« La Superbe » est une pièce à conviction de plus. Nous savions déjà à quel point la quantité peut nuire à l’homogénéité et à la ligne directrice d’un album, mais si nous l’avions oublier, « La Superbe » nous le rappelle d’une bien amer manière. Car si l’on épurait ce double album, si l’on en tirait la quintessence, si l’on balayait d’un coup de revers les égarements, on obtiendrait un chef d’œuvre, un chef d’œuvre capable de faire vaciller la chanson française.
Malheureusement un album est un ensemble indissociable qui ne peut souffrir d’une décomposition/recomposition. L’artiste l’a voulu comme tel, je le juge comme tel, avec ses victoires, avec ses douleurs.
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liliane Admin
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Sujet: Re: LA SUPERBE Mer 28 Oct - 8:49
Il y a quelque chose d'agaçant chez Benjamin Biolay. Ses poses gainsbouriennes, son chant désabusé, sa grandiloquence orchestrale et ses manières démonstratives – pourquoi, par exemple, sortir un double album sans que le propos le justifie vraiment ? Mais il y a aussi quelque chose de brillant, voire d'impressionnant, chez ce jeune homme de 36 ans... Et le plus troublant, c'est que ce sont à peu près les mêmes traits qui nous irritent et qui nous séduisent ! Sa noirceur très esthétique, et finalement très attirante ; son écriture à nu, s'ouvrant sur des abîmes de désillusion ; son raffinement musical, se moquant de la mode pour pencher vers les années 60 (parfois, on croit reconnaître la patte de Jean-Claude Vannier, arrangeur de... Gainsbourg), ou même 80 (qui ose encore de tels solos de saxo ?).
Et puis il y a ses mélodies, circulaires, tourbillonnantes, qui happent et qui s'enroulent à en donner le vertige. La Superbe est riche de tout cela ; mieux, elle livre de vrais joyaux : le morceau d'ouverture, très cinématographique, fascinante entrée en matière d'un périple émotionnel qui s'annonce sans repos. Ton héritage, autoportrait en creux sans une once de complaisance. Brandt Rhapsodie, long dialogue de sourds où la voix de Biolay croise celle de Jeanne Cherhal, pour dire la déliquescence du couple avec une justesse glaçante.
Fini le chanteur propret des débuts, le voici donc plus que jamais sur la brèche, incisif et fragile, qui proclame tout de go « je ne crois plus en rien ». Que ce soit sincère ou teinté de provocation, Biolay interpelle et remue celui qui tend l'oreille. Son sixième album studio a beau être long, il est magnifique. Traversé par une ambition artistique et un souffle si rares dans la chanson d'aujourd'hui qu'on ne peut que s'incliner. Dont acte.
Valérie Lehoux
Telerama n° 3119 - 24 octobre 2009
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liliane Admin
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Sujet: Re: LA SUPERBE Mer 28 Oct - 14:03
I T V LES INROCKS - 28/10/2009
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liliane Admin
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Sujet: Re: LA SUPERBE Mer 28 Oct - 19:46
LA SUPERBE, vu par Har'mony :
Benjamin Biolay, l'élégante french touch passée inaperçue sur l'hexagone c était sans compter sur la SUPERBE. Le talent sort toujours de l'ombre, au prix du mépris quelquefois et de la caricature facile. Cet album aux accents de vérité mise a nu qui parle à toute une génération sera une REVELATION et une confirmation. Il etait temps pour la chanson française devenue insipide, sans ligne harmonique on était en panne de "musique". Benjamin Biolay arrive sur du satin noir et brillant on est loin du synthétique.
Nine@artmony.biz
liliane Admin
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Sujet: Re: LA SUPERBE Jeu 29 Oct - 12:10
Benjamin Biolay ose un double album qui épate
Biolay pousse loin dans les sentiments, dans l'impudeur, dans le fatalisme. : mm paris
J'avais beaucoup d'idées. Je me suis retrouvé avec 80 chansons ou esquisses. J'ai fini par en garder 30. Là-dedans, une vingtaine étaient plus enlevées. » Voilà comment on en arrive à sortir un double album, pari commercialement risqué en ces temps de crise. Sauf qu'à l'écoute de La superbe, on convient qu'il n'y a pas grand chose de trop à ces 100 minutes de musique.
Mieux, la critique tresse des fleurs. Une unanimité à laquelle Biolay n'était guère habitué. Avec son image de râleur, persifleur à l'occasion, cet auteur-compositeur surdoué n'a pas été ménagé depuis son premier album, en 2001. Les trois disques qui ont suivi, pourtant parsemés de pépites, n'avaient guère inversé la tendance, même si une certaine admiration commençait à se faire sentir.
Des chansons qui font la gueule
Il est vrai qu'en parallèle à sa propre carrière, Biolay écrivait à la pelle mais toujours finement, surtout pour les filles, sans distinction de style ou de notoriété : Juliette Gréco, Elodie Frégé, Françoise Hardy, Coralie Clément (sa soeur)... Et puis, comme pour brouiller un peu plus son image, le voilà qui devenait acteur, comme son ancienne épouse, Chiara Mastroianni.
Et sort ce disque, qui déborde de mal-être, de chansons qui font franchement la gueule, entre doutes, ruptures, solitude, dérives, remords : « La culpabilité, c'est de l'honnêteté, raconte le garçon de 36 ans, qui reçoit dans le studio parisien où il a enregistré. C'est arrêter de chercher des responsables à ses emmerdements. Mes textes sont bleus. Les thèmes éternels du blues, je dois les avoir en moi. Mais au fil des chansons, vous ne trouvez pas que le personnage est plus apaisé ? »
Non, pas vraiment... Peut-être parce que Biolay pousse loin dans les sentiments, dans l'impudeur, dans le fatalisme : « Bien sûr, ce n'est pas très pudique, mais ça concerne 70 % de la population mâle, non ? Et ce ne sont que des chansons. Et j'aime sortir des punchlines (paroles qui suscitent des réactions instantanées)... »
Ses 23 chansons sont servies sur des arrangements de feu, où guitares, cordes, piano, claviers, programmations, basse-batterie et même saxophone rivalisent. C'est parfois hargneux comme du rock. Parfois romantique comme des ballades. Un concentré d'émotions. La preuve par Biolay que la musique mérite toujours d'être rassemblée en chansons sous un format discographique. Et qu'avec toutes ces paroles, ces mélodies, ces images, un disque, ça ressemble aussi à du cinéma.
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Bridget
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Sujet: Re: LA SUPERBE Jeu 29 Oct - 23:42
PROMOTION ALBUM
RENCONTRES DEDICACES
Mardi 1er Novembre - FNAC MONTPARNASSE
Vendredi 6 Novembre - FNAC LYON BELLECOUR
TELEVISION
Samedi 14 Novembre - JT FRANCE 3 - ILE DE FRANCE
Dimanche 22 Novembre - FRANCE 2 - VIVEMENT DIMANCHE
RADIO
Samedi 31 octobre ¤ de 14h à 16h ¤ FRANCE BLEUE ¤ On repeint la musique une (Serge Poezevara)
Dimanche 1er novembre ¤ de 18h à 20h ¤ OUI FM ¤ itw (Alexis Trégarot)
Samedi 14 novembre ¤ de minuit à 1h ¤ FRANCE CULTURE ¤ Chanson boum (Hélène Hazéra)
Dimanche 20 Décembre - FRANCE INTER -Electron libre (Didier Varrod)
Bridget
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Sujet: Re: LA SUPERBE Ven 30 Oct - 11:59
B.Biolay dans l'émission "ça balance à Paris." Samedi 24 Octobre 2009 Paris Première
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Nine Admin
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Sujet: Re: LA SUPERBE Ven 30 Oct - 12:26
RARE & ATYPIQUE
Photo S. Dolidon
Benjamin Biolay ne fait rien comme les autres et pas grand-chose pour qu’on l’aime. Ses disques divisent, ses entretiens à la presse ne ménagent personne (et surtout pas les artistes) et enfin sa voix agace souvent. On imagine que Indifférer l’ennuierait.
A l'image de son maître Gainsbourg, Benjamin Biolay signe un album désabusé, aux arrangements grandiloquents .. La Superbe, double album, est donc un opus riche. Des titres raffinés, à l'image du pop des années 60 ou de certains titres de Daho.
Sorte de journal sur la dérive des sentiments et la fonte des grandes espérances de couple, La superbe confirme que le jeune homme creuse un sillon atypique dans cette scène française, parfois si consensuelle... Francoscene
LA SCENE : http://plateforme.fnacspectacles.com/recherche/rechercheRapide.do?search=Benjamin%20Biolay%20&zanpid=1301147547586540544#a1256902885066
liliane Admin
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Sujet: Re: LA SUPERBE Ven 30 Oct - 20:34
Article paru le 30 octobre 2009
Benjamin Biolay « Avant je déchantais »
Benjamin Biolay sort la Superbe, double album de vingt-trois chansons. Magnifique opus au romantisme tourmenté qui explore de nombreux climats sonores.
À l’image du regretté Alain Bashung ou de Jean-Louis Murat, il faudrait toujours écouter Benjamin Biolay un soir de pluie, un jour de spleen. Après Trash Yéyé, il revient avec la Superbe, double album de vingt-trois titres aussi mélancoliques que cinématographiques. Ici, pas de chansons-clip vite consommées, mais un univers dense et complexe où se dévoilent des torrents d’émotion. Jazz à la Chet Backer, pop-rock façon New Order, mais aussi électro, bossa, hip-hop… Biolay est de tous les registres, porté par une voix chaude, plus ample qu’à l’habitude. Profonde, enveloppante, sa musique agit comme un film (excellent duo avec Jeanne Cherhal sur Brandt Rhapsody) où le chanteur nous piège pour ne plus nous lâcher. Un opus au romantisme tourmenté d’une totale beauté.
Jamais un de vos albums n’a été accueilli aussi favorablement par la critique. Loin de la discrétion des premiers temps, vous êtes très médiatisé. Comment vivez-vous ce tourbillon ?
BENJAMIN BIOLAY. C’est la première fois que cela m’arrive. Cela fait évidemment plaisir. Je n’ai pas dix-neuf ans, ce n’est pas mon premier disque. J’ai connu aussi l’inverse. Dans la mesure où on arrive à relativiser les très mauvaises – et très méchantes – critiques que j’ai connues, cela aide à relativiser les propos laudatifs. En tant qu’artiste, on trouve toujours plein de défauts à son disque. Passer de l’hallali complet au dithyrambe, j’avoue que cela m’amuse… pas mal !
Un double album de 23 chansons, c’est presque du luxe en cette période de crise du disque.
BENJAMIN BIOLAY. Une grande partie de mon plaisir tient beaucoup à l’intensité et au temps que j’ai consacré à la réalisation du disque, de sa conception à sa phase finale. J’y ai un peu laissé ma peau. Après cela, j’étais vraiment lessivé. Au départ, je voulais faire un album simple, si possible pas trop long, parce que, dès qu’on fait douze ou treize titres, on entre dans du très copieux. Au bilan, on s’est retrouvé avec une vingtaine de titres potables. Sur une seule face, c’était inimaginable. D’où l’idée du double album.
Quel était le projet initial ?
BENJAMIN BIOLAY. Je fais partie des gens qui aiment bien avoir un cahier des charges. Je me suis souvent transcendé quand j’avais des obligations. Je me suis aperçu de ça quand on a travaillé avec Keren Ann sur l’album Jardin d’hiver, pour Henri Salvador, où il fallait composer quelque chose presque à la manière de. On a fait une sorte de bossa naïve. On trouvait ça juste mignon et ça a été un succès dingue. Pour la Superbe, sans tomber dans le journal intime, il me fallait une trame comme, par exemple, un mois très chaotique dans la vie d’un homme. Mais je ne voulais pas non plus être obnubilé par ça et que ce soit sclérosant. Quand on a une toute petite idée derrière la tête, ça aide à mettre de l’ordre.
Musicalement, vous vous êtes également fait plaisir à travers de nombreux climats sonores. En quoi était-ce important pour vous d’explorer toutes ces ambiances ?
BENJAMIN BIOLAY. Je n’avais plus de maison de disques. Du coup, le fait de ne pas avoir d’inspecteur des travaux finis, d’agenda de sortie de l’album, le fait d’être seul, au studio, tout cela m’a permis d’essayer toutes les pistes. Chaque note qu’on entend vient vraiment de mes entrailles et j’ai fait les textes dans un état pratiquement d’écriture automatique, même si après je les ai peaufinés. L’album me ressemble par définition sans pour autant être parti d’un postulat narratif.
Côté voix, on sent que vous vous êtes, disons, lâché. Vrai ou faux ?
BENJAMIN BIOLAY. Je me suis cent fois moins censuré. Avant, je déchantais en étant plus dans le murmure. Je crois qu’il faut savoir sortir de ce processus.
Quitter votre ancienne maison de disques, Virgin, a-t-il été un choix de votre part ?
BENJAMIN BIOLAY. Pas du tout. J’arrivais en fin de contrat. Je crois qu’il y a eu une mauvaise gestion de mon cas. Mais je serais complètement obtus, crétin, hors du monde si je disais : « Ils m’ont viré, ils s’en foutaient. » Ils (le groupe EMI) en sont à leur sixième plan social, je pense que la direction de l’époque n’a pas cherché à prolonger mon contrat. Elle avait pour mission de mener ce plan social à bien et non de garder les artistes. Dans ces cas-là, on suit la réalité contractuelle des poids lourds, de ceux qui rapportent directement de l’argent à la maison de disques, comme Renaud, Julien Clerc. C’est vrai que les artistes catalogue, même quand ils sont rentables, ça n’est pas la première chose qui vient à l’esprit. C’est circonstanciel et malheureux. Pour moi, cela a été comme une rupture, d’autant plus triste que c’était ma maison de disques depuis dix ans. Je l’avais choisie. Je souhaitais être chez Virgin.
On imagine qu’il n’est pas facile d’exister pour un artiste dans ce monde de la musique tel qu’il est devenu et qui exige une rentabilité immédiate ?
BENJAMIN BIOLAY. J’ai de la chance parce que j’ai commencé il y a un bon moment, mais j’ai beaucoup de compassion pour les gens qui démarrent maintenant. C’est vraiment très compliqué. En plus, les clichés ont la belle vie. Dire que le disque ne se vend plus, mais que la scène ça marche à fond, c’est faux. Ça marche pour trente artistes en ce moment. Un promoteur de spectacle ou un patron de salle, si on lui demande : « Tu veux Émilie Simon ou Bénabar ? » La réponse, est évidente et s’impose d’elle-même.
Votre image de dandy rock vaguement distant n’est pas toujours comprise par le public. D’où vient ce malentendu ?
BENJAMIN BIOLAY. Timidité et télévision sont des choses qui vont très mal ensemble. Je me suis retrouvé du jour au lendemain à faire des talk-shows chez Ardisson alors que je sortais de mon studio. J’étais mort de trouille, anxieux, sur la réserve, la défensive. Dès mes premières apparitions, j’ai dû paraître très hautain. Ça s’est fixé, je n’ai jamais rien pu faire contre ça. Je crois que c’est impossible à réparer.
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Sujet: Re: LA SUPERBE Sam 31 Oct - 10:27
"La Superbe" s'écoute comme un film, mais c'est de la musique.
Le nouvel album de Benjamin Biolay nous aspire du début au générique de fin, tel un fleuve qui charrie des tonnes de sentiments et roule dans ses eaux, 22 nouvelles chansons comme autant de scénarios. Il y a là des histoires d'amour rêvées ou déçues, trois villes - Paris, Lyon & Buenos Aires -, un enfant, les tourments de l'époque et la mélancolie littéraire si élégante de l’auteur. Il y a aussi beaucoup de lumière et bien plus de soleil que d’habitude. " La Superbe " gronde comme un torrent généreux en liberté.
Benjamin Biolay - nouvelle vie, nouvelle " maison d'artistes" - vise le haut de gamme. Pas du genre à céder à la facilité, l'œuvre est ambitieuse. C'est justement ce que l'on aime chez un artiste.
Car la musique n'est pas une science exacte, elle se cherche. Elle a besoin de talent et d'inspiration. Inspiré, Benjamin Biolay est un artiste qui maîtrise ses compositions, les enlumine d'arrangements recherchés en se jouant des cordes et des cuivres qui donnent à chacune de ses chansons des contours et une dimension uniques. Du style.Ses partitions sont nuancées, et les morceaux choisis.
Playlist :
Si le très jazz "La Toxicomanie " flirte avec Chet Baker et l'esthétique du film "Let's get lost " de Bruce Weber - déjà auteur de la pochette de « Trash Yéyé » - , plusieurs hymnes pop revisitent joliment le catalogue Factory et l'esprit de Manchester , dévoilant des amours de jeunesse pour Morrissey et New Order. "L'espoir fait vivre " ou " Si tu suis mon regard " possèdent cette manière unique de mixer la sensibilité du chant et l'euphorie énergique des mélodies. On jubile quand les guitares intenses prennent le dessus et envoient la chanson française titiller la pop britannique sur son terrain. Une pierre dans un jardin anglais.
L’atmosphère et le suspense tendu de "Miss Catastrophe" et son instrumental climatique sur beats hip-hop, évoquent le soundtrack d'un film noir qui va mal finir. C'est " L'affaire Thomas Crown" dans un remake punk. Dialogué avec Jeanne Cherhal, "Brandt Rapsodie", ou l'autopsie du quotidien d'un couple qui passe de la passion au désamour à coup de post-it collés sur le frigo, impressionne et glace le sang.
Ecrite pour sa fille et joué au piano, "Ton Héritage " ressemble déjà un classique bouleversant. Très lumineux, rock et aérien, "Prenons le large" et son refrain épique balaye le spleen.
Arrivé la, on aura écouté et découvert la moitié de cet album, son cinquième et qui compte double. Car en faux dilettante ("... dilettante à temps partiel..." comme il le chante avec un sourire dans "Lyon presqu'île ") et artiste infatigable à la création inassouvie, Benjamin Biolay offre encore du répertoire et autant de chansons qui font de "La Superbe" son grand disque.
Un ami argentin, jeune homme moderne qui aime consulter le dictionnaire Littré sur son I-phone, m’apprend que la superbe est également le nom d’une variété de lys d'une grandeur inhabituelle. "La Superbe" serait donc une fleur à la beauté éclatante ... Si c'était une chanson, ce serait le chant de la Terre vue du ciel.
Thierry Planelle septembre 2009 site Naïve. Direction Artistique http://www.naive.fr/#/work/la-superbe
liliane Admin
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Bridget
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Sujet: Re: LA SUPERBE Lun 2 Nov - 19:00
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Benjamin Biolay tient bon les cordes
Benjamin Biolay – La Superbe (J’AIME : A la folie)
Vingt deux chansons. Plus d’une heure trente de musique. Benjamin Biolay livre avec le double album « La Superbe » une œuvre touffue qui synthétise parfaitement les chemins explorés par l’artiste depuis ses débuts en 2001 avec « Rose Kennedy ». On retrouve ici intacts cette maîtrise des cordes qui a fait la marque du chanteur et ce goût des arrangements soignées capables de visiter une multitude de territoires.
Paris, Buenos Aires, Normandie, Lyon. Pop, rock, jazz, rap, électronique. « La Superbe » s’ouvre à tous les horizons, nourrie de voyages, de musiques et de rencontres. Benjamin Biolay s’y fait tour à tour aimant, amer, mélancolique ou colérique entre ballades lumineuses et descentes aux enfers. Sa voix alterne ainsi parlé et chanté, agressivité et douceur, variant à l’envie les débits. De même, tous les niveaux de langages sont passés à la moulinette. On s’y fait niquer sa race avant d’être pris un peu plus tard d’un soufflet vaniteux.
Désenchantement amoureux
Si les mélodies composées à la guitare, au piano ou au synthé ont en partie gagné en légèreté, les textes eux restent très sombres. Avec « La Superbe », Benjamin Biolay se fait d’abord le chantre brillant du désenchantement amoureux. Vanité, jalousie, vice, alcool, violence, perte des illusions, tourments… Les maux se suivent et se ressemblent. Tragiquement. Tous décrits avec une troublante crudité. « Dès vingt heures trente / […] / Je n’ai pas de cœur, je n’ai que ma queue », clame le chanteur sur « Tout ça me tourmente ».
Benjamin Biolay met au passage plusieurs fois dans le mille. Passées les très belles envolées de « La Superbe » en ouverture, « Ton héritage » bouleverse avec sa description des tares de caractères léguées à un enfant. « Night Shop » raconte l’amour comme un soleil qui illumine la nuit. Quant à « Brandt Rhapsodie », chanté à deux voix avec Jeanne Cherhal, il suit un couple des débuts à la séparation à travers les petits messages laissés à la maison. Glaçant. Sur le second disque, « Assez parlé de moi » est une comptine électronique enlevée qui contraste avec et le pesant « Jaloux de tout » et le bien triste « raté » : « Jamais personne ne me rejoint / Personne / ni rien »…
Jeudi dernier, profitant d'un temps clément et d'une organisation qui est allée comme sur des roulettes, Benjamin Biolay a bel et bien investi nos locaux pour inaugurer ces fameuses Chansons Du Cinquième Étage. À ciel ouvert, détendu et amusé par la situation, le chanteur a présenté en formation légère une partie de son nouvel album La Superbe, ainsi que quelques antiennes plus anciennes.
Toute cette semaine, vous allez découvrir dans son entièreté la performance aérée de Benjamin. Après le single lundi, et les deux extraits de Négatif hier, v'là deux nouveaux titres de La Superbe, dont le rap en capitale Padam.
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liliane Admin
Nombre de messages : 19406 Age : 49 Localisation : dans la galaxie Date d'inscription : 02/05/2008
Sujet: Re: LA SUPERBE Lun 2 Nov - 22:24
BENJAMIN BIOLAY : "J’AI TOUJOURS EU UNE VISION UN PETIT PEU CINÉMATOGRAPHIQUE DE LA MUSIQUE"
Article de type Interview publié dans le genre Variétés Françaises le 02/11/2009 par Christian Eudeline
Apparu il y a une dizaine d’années, Benjamin Biolay a, depuis, sorti 5 albums, La Superbe est le sixième, et collaboré en tant qu’arrangeur ou compositeur avec Henri Salvador, Julien Clerc, Juliette Greco, Hubert Mounier, Elodie Frégé, Vincent Delerm, Keren Ann. Il a aussi offert trois albums à sa sœur, Coralie Clément. Pourtant, l’homme n’apparaît pas comme un stakhanoviste du travail, plutôt un dandy à la Gainsbourg qui déborde d’idées et de talent.
Son nouvel album est double et rassure les fans qui ont pensé l’année dernière que sa carrière d’acteur allait prendre le pas sur sa carrière de musicien, il est vrai que son rôle dans le film de Sylvie Verheyde Stella lui a valu une nomination aux Césars, mais heureusement elle n’a pas annihilé l’envie d’écrire de belles mélodies. Entretien.
Ce nouvel album, La Superbe, semble désabusé et mélancolique… Je trouve le ton parfois assez mélancolique mais pas réellement désabusé. Il y a quelques sentences parfois sur moi-même un peu définitives mais il y a un peu de mélancolie aussi, une mélancolie un peu chaude, agréable, comme quand on repense à des choses du passé qu’on a aimées.
Vous vous livrez un peu plus que d’habitude semble-t-il, vous parlez de votre garçon que vous aimeriez voir plus souvent… ("Je te rappelle que tu as un fils qui va à l’école tous les matins et qui aimerait bien prendre le petit déjeuner avec son père de temps en temps… ", extrait de Brandt Rhapsodie) C’est de la fiction car j’ai une fille. (sourire) Mais, il y a des chansons qui sont très intimes, ouais, qui parlent vraiment d’émotions intimes ou même de situations réellement vécues, et comme tout un chacun, je pense que je fais aussi des chansons complètement fictionnelles. Le duo Brandt Rhapsodie avec Jeanne Cherhal c’est une oeuvre de fiction complète, mais c’est ça qui est agréable, de glisser de temps à autre une chose totalement fictionnelle et inventée, ça permet parfois d’être plus sincère sur des chansons plus intimes.
Est-ce une thérapie car l’autre caractéristique de cet album, c’est que les textes sont extrêmement longs ? Les textes sont assez fournis, c’est vrai, parfois peut-être un peu trop bavards mais ils sont tellement sortis du fond du cœur que j’ai peu de recul. Mais, on ne peut pas appeler ça une thérapie, même s’il est vrai que parfois quand je relis mon texte, je me dis : "bah dis donc faudrait peut-être parler à quelqu’un !" Mais c’est pas vraiment une thérapie, ça ne me fait pas spécialement ni de bien ni de mal d’écrire des textes... Mais parfois j’ai une révélation, en lisant une phrase par exemple, je me rends compte qu’une chose m’obsède par exemple.
On a l’impression de petits scénarios, est-ce que votre expérience cinématographique vous amené quelque chose ? Le fait d’avoir la chance de faire l’acteur de cinéma de temps en temps m’a sans doute débloqué pour tout ce qui est en rapport avec l’interprétation en fait, avec la performance comme disent les Américains. J’ai toujours eu une vision un petit peu cinématographique de la musique, j’ai toujours fait ça un petit peu comme un metteur en scène frustré. J’ai toujours eu envie de faire des petits films via mes chansons, donc c’est une chose qui n’est pas nouvelle, comme le fait que je sois cinéphile ça remonte à bien longtemps. Faire l’acteur aide à sortir de soi, à se désinhiber et ça peut avoir des répercussions sur l’écriture, pourquoi pas.
Que recherchez-vous au cinéma ? Rêver. J’aime oublier, je recherche un peu les mêmes choses que lorsque je regarde du sport à la télé, j’aime oublier ma vie et voir un spectacle qui me fait rêver.
Est-ce la même chose avec la musique ? Au cinéma, on nous prend la main du début à la fin, alors qu’avec une chanson, c’est moins carré. Un film, c’est quelque chose d’extrêmement directif. Dans un scénario il y a les acteurs, les décors et une intrigue qui sont très précis, donc on regarde une œuvre passivement. Alors que lorsque l’on écoute une chanson, on peut laisser sa propre vie déborder dedans, une chanson ressemble plus à une Bande Originale de sa vie, chacun en fait ce qu'il veut, et parfois on peut être attaché à des chansons singulièrement ringardes ou pourries mais qui nous rappellent quelque chose de délicieux. C’est la différence essentielle entre le cinéma et la chanson.
Quel est votre secret d’écriture ? Parfois, ça vient juste d’une ambiance musicale et les mots se greffent dessus, sans savoir comment… En fait il y a ce que j’appelle d’un côté les chansons et de l’autre les morceaux. Pour moi, une chanson, ça s’écrit depuis la nuit des temps comme les gens qui écrivaient des leaders, avec un clavier, une guitare et une mélodie et un texte. Et il y a des morceaux qui peuvent naître juste d’une idée de percussions ou d’un riff de guitare sur lesquels chacun jamme un peu et se cale. Je ne comprends jamais que l’on puisse comparer les Beatles et les Rolling Stones par exemple, car ils ne composent pas du tout de la même façon, les premiers font des chansons et les seconds des morceaux. Keith fait tourner un riff, et les autres viennent se greffer dessus, les Beatles écrivent des chansons comme les troubadours le faisaient au Moyen Age.
Et vous ? Ca dépend.
Quel est votre but ? Procurer des plaisirs aux gens qui y sont sensibles.
Mais cela passe avec l’écoute de morceaux ou de chansons ? Il n’y a pas de règle, ça dépend des moments de la vie et de ce que l’on attend d’un disque.
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Sujet: Re: LA SUPERBE Mar 3 Nov - 17:48
Benjamin Biolay fait la démonstration de sa Superbe dans un opus où on le découvre... en se reconnaissant. Un bonheur presque simple en un double album ultra-élaboré. Constat d'évidence: écouter La Superbe, le dernier (double) album de Benjamin Biolay, c'est s'asseoir dans une salle de cinéma. Une question d'orchestrations, mais aussi de sens du récit. Car, de 15 août, deuxième titre après La Superbe, à 15 septembre, générique de fin, les images sont là, à travers les mots et les arrangements de cet album… superbe.
Il a été de bon ton de flinguer Biolay. Et, même encore, de s'acharner sur un type qui est tout sauf un "faiseur" ou un "poseur". Dommage pour la caricature. Postulats à retenir: uno, Benjamin Biolay est un vrai musicien. Deuzio, s'il "s'écrit", dans ses textes, c'est de chacun de nous, lui dans le lot, qu'il décrit ou décrie au fil des 22 titres. CQFD: La Superbe est un album qui ne s'arrête pas au nombril mais s'attaque aux tripes.
Bon, cette propension aux codes cinématographiques, cette voix entre déclamations et chant, ces scènes de ruptures ou sourd la violence et une déchirante désinvolture, ces beats obsédants, c'est d'évidence du Gainsbourg. Mais pas une piètre singerie de l'homme à tête de choux. Parlons plutôt un talent "à la hauteur de", un hommage, volontaire ou non et une influence certaine. Même si ça va peut-être agacer Benjamin Biolay, poursuivi par ce parallèle. Et pourtant le compositeur- interprète a bien le dandysme provoc' de son aîné, son sens de l'instrumentation et de l'évitement systématique des clichés, tant musicaux que textuels. De la Superbe, en somme. Ce qui ne se copie pas. On l'a, ou on l'a pas. Biolay, lui, la tient. Et nous, on n'en perd pas un morceau.
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Sujet: Re: LA SUPERBE Jeu 5 Nov - 16:13
La Superbe – 2009, année Biolay ?
Par Thomas Sinaeve • jeu 5 nov 2009 • Categorie: Musique
Deux semaines après la sortie d’un album qu’une fois n’est pas coutume on est bien content de chroniquer en retard, la question mérite d’être soulevée. Bien malin celui qui ces derniers temps aura échappé à Benjamin Biolay à la télé, à la radio ou dans les journaux. L’album, aux dernières nouvelles, se vend bien. Les critiques sont excellentes, même si beaucoup prêtent à sourire(1). Pincez-nous chers lecteurs – on rêve. Depuis quand les disques aussi bons, aussi fins, aussi travaillés… ont-ils du succès ? Et dire que Bashung n’est plus là pour voir ça…
Entre nous, tout cela semble presque trop facile (en tout cas c’est assurément trop beau). Il y a encore un mois, Benjamin Biolay était selon vos amis un connard arrogant se prenant pour Gainsbourg (et de vous parler de sa non-voix, de ses cheveux, de son snobisme). Aujourd’hui les mêmes trouvent que c’est un artiste exceptionnel qui vient de sortir un superbe album – car vos amis bien sûr ne s’épargnent pas le jeu de mots à deux balles (pourquoi le feraient-ils alors que les journalistes eux-mêmes ne s’en privent pas, rivalisant de formules plus pauvres les unes que les autres depuis la sortie – il faut bien combler la célèbre peur du vide qualitatif (2) ?). On est à la fois géné aux entournures par ce buzz subit et ravis du pied de nez. Car une fois n’est pas coutume, c’est bien de l’incroyable talent de Biolay dont on cause le vendredi soir entre amis, ces derniers temps. Faire un succès d’un double-album aussi riche, varié, complexe et torturé… c’est une performance qui mérite d’être applaudie longuement (3). Car pour être honnête, en écoutant pour la première fois La Superbe, quelques jours avant sa sortie… on sentait plus volontiers venir le four que des pole-positions sur toutes les plateformes de téléchargement légal (destin réservé à cet album au bout d’une petite semaine). Depuis des années qu’il vomit publiquement (et qu’il est quasiment le seul) les artistes kleenex, la musique populaire nivelée vers le bas, le cynisme, la pipolisation, la superficialité… le fait que Benjamin Biolay parvienne aujourd’hui à voir croître sa popularité sans affadir ni même simplifier (au contraire) sa musique constitue pour lui une victoire dont on imagine sans peine qu’elle n’a pas de prix. Et pour les esthètes de France et de Navarre, c’est quasiment Noël avant l’heure.
Il se passera certes encore quelques années avant d’entendre le titre même le plus pop d’un tel album (Si tu suis mon regard) caracoler sur les ondes FM ; Biolay ne sera sans doute pas le plus gros vendeur de 2009 (4), c’est entendu. Tout de même, il y a de quoi se réjouir. Car franchement, La Superbe n’est pas un album facile. Sans être aussi abrupt que le néanmoins sublime À l’origine (2005), il n’en constitue pas moins un remède de cheval au racolage actif régnant sur la scène française (5). Exigeant. Luxuriant. Presque improbable. Depuis des années que l’on compare (plus souvent à tort qu’à raison) Biolay à Gainsbourg, il en atteint une fois pour toutes le niveau, sinon en terme de songwriting du moins en terme de richesse harmonique. Des semaines qu’on l’écoute au casque, et l’on n’est pas encore parvenu à en faire le tour, à en déceler toutes les subtilités (ni bien sûr à s’en lasser mais ça… c’est une évidence). La Superbe est un calvados millésimé, pur et extrêmement long en bouche. La seule différence, c’est qu’on s’en enfilerait bien une bouteille chaque jour – ce qui pour un tel breuvage relèverait du blasphème pur et simple.
La comparaison pourra certes sembler oiseuse, dans la mesure où la grande majorité des gens n’a jamais fût-ce goûté du calvados millésimé. Cependant qu’on ne s’y trompe pas : la grande majorité de la population française n’a jamais non plus eu l’occasion d’écouter des albums comme celui-ci (6). Nous parlons-là d’une œuvre très au-dessus du tout venant de la pop-music… et la chanson française on n’en parlera même pas – ce serait presque insultant. D’ailleurs d’insulte il est bel et bien question avec La Superbe. On serait à la place de Bénabar ou Cali, on serait bien plus furieux de la manière dont Biolay nous ridiculise à chaque note que de ce qu’il peut bien raconter sur nous dans ses interview. Quand le chanteur français moyen parvient péniblement à glisser sur son dernier album deux chansons pouvant être qualifiées de « pas mauvaises » Benjamin Biolay, lui, en sort vingt-deux dont pas une seule qui soit en-dessous de l’excellence. S’il faut vraiment détester l’auteur de ce Ton héritage à pleurer, c’est assurément plus pour l’insolence de son talent que pour une supposée arrogance oratoire.
Une insolence qui atteint son paroxysme lorsque l’on s’aperçoit au long des écoutes que La Superbe réussit la prouesse d’être tout à la fois une collection de chansons individuellement parfaites ET un édifice cohérent (ainsi chaque titre du second CD semblera-t-il répondre à un titre du premier, comme un écho déformé et envoûtant). Alors superbe… cet album l’est, sans le moindre doute possible. Et mélancolique. Et rageur. Tout de ruptures et d’envolées lyriques surprenantes (et poignantes), avec voix sur la brèche et arrangements à se damner. Après avoir longtemps été Ferry, voici Biolay définitivement devenu Roxy – cela pourrait difficilement déplaire. Et encore se paie-t-il le luxe de surprendre ! Car si certains artistes font de leur premier album une carte de visite de tous les registres qu’ils sont capables d’aborder, force est de noter que Rose Kennedy, il y a déjà une presque décennie, ne nous préparait pas à cela. N’indiquait en rien qu’on entendrait un jour son auteur s’ébrouer dans un trip discoïde (Assez parlé de moi… ce à quoi l’on répondra volontiers « raté ! »), alterner talk-over à la Gainsbourg avec une pop symphonique d’une rare élégance (La Superbe, véritable vaccin à la variété rock neo-classique récemment remise au goût du jour par Muse), gambader de new-wave (Prenons le large) en réminiscence tziganes (Tu es mon amour aurait pu s’appeler Thomas Dutronc ? Game Over)… Titre après titre, c’est comme si Biolay liquidait méthodiquement la concurrence hexagonale en allant chasser sur son terrain et humiliant successivement chacun des prétendants à la couronne. D’ailleurs regardez bien la photo ci-dessus ? Ça ne vous rappelle personne ? Mais si, bien sûr : le temps d’un album incroyable, Biolay s’est tout simplement transformé en Vincent Vega (7). Et le moins qu’on puisse dire c’est que son efficacité n’est plus à démontrer – une manière unique de pouvoir prétendre d’ici une dizaine d’année au costard de Bashung.
La Superbe, de Benjamin Biolay, édité chez Naïve
1. Ce n’est pas un hasard si cet article paraît aussi tard… un double album d’une telle richesse mérite – il nous semble – que l’on prenne le temps de l’appréhender plutôt que de verser dans la même promo bas du front que Biolay trouvait méprisable lorsqu’elle ne le servait pas. 2. Fléau longuement développé par notre camarade 3. Si je vous propose une standing-ovation devant votre écran je suppose que vous allez refuser ? 4. Le fadouille Renan Luce et son charisme de flaque d’eau s’en chargeront sans doute… 5. Pas que, soit… mais on conviendra que s’il est relativement fréquent qu’un bon groupe cartonne dans les pays anglo-saxons, cela reste un quasi-miracle au pays de Michel Drucker et de Daniela Lumbroso. 6. Rappelons qu’en 1971, Gainsbourg peinait à écouler dix mille exemplaires de son Melody Nelson ! 7. L’antihéros de Pulp Fiction, incarné par John Travolta.
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Sujet: Re: LA SUPERBE Sam 7 Nov - 18:10
LES SUISSES CRAQUENT POUR LA SUPERBE !
Programme musical RADIO SUISSE ROMANDE dimanche 08 novembre 2009 Le retour des Dandys
Johanne Dussex nous révèle le nouvel album de Benjamin Biolay Le musicien français revient avec "La superbe"
On dit de benjamin Biolay que c’est un dandy, mais un dandy désabusé, râleur, agaçant. Le chanteur aux faux airs de Droopy vient de sortir un album salué par la critique. Une unanimité à laquelle il n’est guère habitué.
Cet album est en fait un double CD comprenant plus de 20 chansons qui parlent de rupture, de solitude ou encore de dérive. Enregistré en Belgique, il est intitulé La superbe et il est notre grand air cet semaine.
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Sujet: Re: LA SUPERBE Dim 8 Nov - 14:47
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Chronique : Benjamin Biolay - La Superbe (2009)
Tout le monde connaît Benjamin Biolay ! Ses quelques passages dans les médias l'inscrivent dans la grande tradition, initiée par l'Homme à la Tête de Chou, des chanteurs-provocateurs-têtes à claques à la française. Ajoutez à cela une réputation collant à la vision bien stéréotypée du "bobo", des "articles de fond" sur ses idylles sentimentales rédigés par la presse de salle d'attente médicale (aussi appelée "presse people"), et tout semble fait pour que Biolay devienne le péstiféré des mélomanes.
Mais cela ne doit pas faire oublier que Biolay est également un musicien, et qu'il sort cette année son nouvel opus.
Et le moins que l'on puisse dire est que Benjamin n'est pas radin : La Superbe est un double album, dont le single éponyme était déjà disponible en téléchargement libre, pour peu qu'on le demande gentiment au site web du chanteur. "Quoi ? Un double album ? Trop long ..." s'exclame M. Pop, qui sait que marier quantité et qualité constitue généralement une gageure, bien qu'il soit également fan de l'ami Biolay. Donc qu'en est-il de cet étrange objet ?
Eh bien, si Biolay a passé une bonne partie de ses interventions médiatiques à tenter de flinguer la "Nouvelle Chanson Française Télérama-France Inter" (son fameux "la chanson française me débecte"), il y parvient de façon bien plus pertinente en une bonne vingtaine de titres, tous plus bluffants les uns que les autres.
Le morceau donnant son titre à l'album constitue d'entrée de jeu ce que Biolay faisait de mieux jusqu'ici : arrangements de corde délicats et lancinants, discrète partition d'un piano pourtant omniprésent, bref, le sommet de la symphonie pop biolaysienne qui synthétise assez bien tout ce qu'on avait adoré de lui depuis son premier album Rose Kennedy.
Cependant, Biolay impressionne cette fois par sa capacité à se réapproprier des influences qui semblent parfois attendues, et d'autres fois totalement insoupçonnées.
Ainsi, Night Shop est un hommage le plus vibrant à Bashung : le chant, le rythme et la symphonie évoquent une Fantaisie Militaire jamais entendue, ce qui constitue un plaisir forcément déléctable. De même, Miss Catastrophe conjugue l'influence tutélaire conjuguée de Gainsourg et Bashung : paroles aux sonorités dures et cruelles de l'un, mêlées à une mélodie aux nuances claires-obscures amères de l'autre. A l'opposé, l'artiste s'offre des incursions new orderiennes surprenantes et réussies (Si Tu Suis Mon Regard, Prenons le Large, Assez Parlé de Moi), des hits potentiels que la maisons de disque a pu s'offrir le luxe de ne pas proposer en singles. Mais ces influences plus ou moins prégnantes ne font pas oublier que Biolay reste Biolay.
En effet, s'il est des aspects de l'oeuvre du compositeur qui n'ont pas disparu avec le changement de maison de disque opéré avant la sortie de ce nouvel album, c'est bien la noirceur, la colère et la mélancolie (votre serviteur a d'ailleurs eu le courage insensé d'écouter l'album en entier lors d'un week-end pluvieux, ce qui est fortement déconseillé).
Ainsi, soucieux de racheter son image de "mauvais garçon", l'artiste apporte sa modeste contribution au débat national initié par M. Besson (mais si, vous savez bien, "c'est quoi, être français ?"), en livrant une radiographie concise et cinglante de notre société, expédiée en une trentaine de vers, ironiquement intitulée Sans Viser Personne. Sa réponse est simple : "Déçu de nous, déçu de tout.". Tout y est dit avec un minimum d'effets, avec une finesse toute relative, mais avec une parfaite élégance. Entre la ballade naïve et suicidaire 15 Août, au climat sonore lourd évoquant le déjà regretté Jacno, et le résumé glacé d'une relation amoureuse, mis en musique avec Jeannne Cherhal dans Brandt Rhapsodie, Biolay s'enfonce plus encore dans les tréfonds de son égo torturé. Les petites lâchetés et rancoeurs inhérentes à beaucoup (toutes ?) d'histoires sentimentales sont décrites sans concessions (Tout ça Me Tourmente, Jaloux de Tout), enrobées parfois par des sonorités d'une douceur ironique toute smithienne. Probablement le moment le plus émouvant de l'album, Ton héritage est une mélodie dédiée à la fille du chanteur, emplie de bout en bout d'un optimisme totalement désespéré.
L'album se clôt par le morceau de facture plus classique mais délicate, 15 Septembre, histoire d'une rupture mélancolique qui s'achève par des paroles constituant une variation du morceau introduisant ce même album (La Superbe) , un petit gimmick idiot mais délicieux, tant il conforte le sentiment global de cohérence apporté par le double CD.
Avec La Superbe, Biolay semble commencer à s'imposer comme le potentiel "futur patron de la chanson française : son écriture s'est encore affinée (l'influence de la poésie des textes de Bashung) sans qu'il ne renie ses thèmes de prédilection, la tonalité globale de sa musique s'est encore assombrie et des fulgurances pop anglo-saxones traversent de part en part un album d'une richesse surprenante.
La Superbe est une définitivement drogue dure : vénéneuse et hautement addictive.