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 L'AGENCE GAMMA THE END

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Nine
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Nine


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MessageSujet: L'AGENCE GAMMA THE END   L'AGENCE GAMMA THE END EmptyJeu 6 Aoû - 1:22

Gamma est mort, vive le photojournalisme

L'AGENCE GAMMA THE END Reuter10
photo Reuters
Gamma ne signe pas la mort du photojournalisme, mais d'une certaine façon de le pratiquer.

mercredi 5 août 2009

*
Gamma est en redressement judiciaire, et c'est un peu une époque qui s'achève.

Une époque où une bombe explosait dans un pays lointain, le téléphone sonnait chez un photojournaliste, un rédacteur en chef le dépêchait en Israël, en Inde ou en Afrique du Sud, et le reporter sautait dans l'avion, Leica en bandoulière. Les bombes explosent toujours, mais les téléphones ne sonnent plus, et de toute façon, qui utilise encore des Leica?

Gamma, fondée en 1967, ouvrit la voie au règne des agences photos. Tous ces empires en A (Sigma, Sipa, Gamma) ont salarié les Boro reporters, faisant d'eux des princes baroudeurs. «Les photojournalistes sont entrés dans un moule en 67, ils ne l'ont pas révisé depuis, explique François Hébel, directeur des Rencontres photographiques d'Arles, ancien directeur de Magnum. Le résultat, c'est qu'ils sont tous au chômage et dans des situations sociales terribles aujourd'hui, parce qu'ils n'ont pas voulu se remettre en cause».

Crise du photojournalisme, ou crise de la presse

Ce qui a changé, depuis l'âge d'or du photojournalisme, c'est évidemment la presse, et sa crise.

Une crise structurelle: tout le métier a été bouleversé par le succès d'Internet et les agences traditionnelles ont peiné à s'adapter à la nouvelle donne. À cette crise structurelle s'est ajoutée la crise actuelle, qui se matérialise notamment par la raréfaction des annonceurs. «La réaction des journaux a été naturellement de chercher à faire des économies, souligne Alain Genestar, ancien directeur de la rédaction de Paris Match et fondateur de Polka Magazine.
Ces économies se sont naturellement faites sur ce qui est extérieur à l'entreprise, dont les clichés des agences photo. Faire des économies de cette manière est naturellement moins douloureux socialement.»

Moins douloureux, et plus rentable: les photojournalistes sont particulièrement coûteux. «Journaliste photo, c'est un double métier, à la fois journalistique et artistique. C'est un travail très complet qui demande du temps», explique Magdalena Herrera, directrice de la photographie chez Géo. Trop de temps pour une presse de plus en plus pressée. Et qui a besoin de la publicité pour survivre.

«Il y a de moins en moins d'annonceurs, souligne Lizzie Sadin, photojournaliste et lauréate du visa d'or dans la catégorie magazine en 2007. Moins de pubs, moins de pages, et surtout moins de pages pour un certain type de reportages. Je fais des reportages sociaux, avec des sujets engagés, lourds, d'investigation, qui montrent une réalité assez noire. Mais on ne peut pas toujours les passer, et pas forcément pour des questions d'argent.»

Les publicitaires, en plus de se faire rare, sont toujours aussi exigeants: pas de femme battue à côté d'une campagne pour L'Oréal, pas de mineurs violentés près de publicités familiales. «Les annonceurs refusent, ils disent que c'est mauvais pour eux. Moi j'ai pris une claque dans ce métier, en comprenant l'influence des annonceurs sur le choix des photoreportages».

Fin du colonialisme photographique

A Géo, Magdalena Herrera annonce la fin «d'un certain colonialisme photographique.» On n'envoie plus quelqu'un de Paris photographier l'actualité en Asie parce qu'on trouve sur place des journalistes de talent. «Moi j'ai un réseau dans le monde entier», ajoute Herrera. A la manière des agences «filaires» comme Reuters. «Je n'envoie pas un Américain aux Philippines, parce que j'ai des gens aux Philippines. On ne se rencontre pas forcément, on se parle au téléphone, par Internet, on s'envoie des messages. Le photojournalisme se développe dans un tas d'autres pays, comme en Malaisie, aux Philppines, en Inde, en Chine.» Un photographe envoyé sur le terrain pour un «picture magazine» comme Géo ou National Géographic, qui va partir dix ou quinze jours pour un sujet, est payé entre 3.000 et 7.000 euros, pour un travail qui va passer sur 12 à 16 pages. Si les frais de transport et de logement peuvent être évités, ce sont évidemment des économies pour la rédaction. En photo aussi, il existe une forme de délocalisation.

Autre problème: l'ombre parfois envahissante des lecteurs. Les rédacteurs en chef refusent certains sujets parce qu'ils préjugent de ce qu'en pensera leur lectorat. Michel Philippot, ancien directeur photo du Monde 2 ne supportait pas qu'on lui demande des photos qui «feraient plaisir aux gens». «Je travaillais dans un journal de fin de semaine. On me disait que le week-end on se détend, on ne veut pas démoraliser les gens. Mais quand ce n'est pas le week-end, c'est parce que c'est la crise, ou pour une autre raison. Et les picture editors s'écrasent: qu'est-ce qu'on peut faire?»

Faire confiance

Tout le monde en convient, le photojournalisme n'est pas mort. Il faudrait faire confiance aux lecteurs, et renouveler le genre. Leur faire confiance parce que, remarque Jean-François Leroy, directeur du festival Visa pour l'image de Perpignan, les gens s'intéressent au photojournalisme plus qu'on ne le pense. «Les visiteurs sont de plus en plus nombreux à Perpignan. En 2008, on a fait 225 000 entrées: ça ne cesse de croître. Et nous prouvons tous les ans l'excellence du photojournalisme, avec plein de jeunes, comme Walter Astrada, Dominic Nahr, Caroline Poiron, Corentin Fohlen.»

Leur faire confiance aussi pour comprendre une photographie nouvelle. «Ce qui a précipité la chute des agences, les unes après les autres, c'est aussi ce refus de la presse de se remettre en question quant à ce qu'elle propose: elle n'a pas voulu réfléchir à la façon dont évolue la photo et n'a pas compris que les lecteurs étaient prêts pour une autre photo que la presse ne proposait pas», estime François Hébel.


Selon Jean-François Leroy, la volonté de «renouvellement systématique» n'a pas de sens. «Moi je ne suis pas fatigué des gens comme Stanley Greene, je ne suis pas fatigué des photographes dits classiques. Pourquoi est-ce qu'il faudrait en changer?» Mais force est de constater que la presse ne reflète pas toujours les changements de la photo, et qu'un renouvellement des genres ne serait pas inopportun.

Un photographe comme Martin Parr (un «très grand artiste mais pas un photojournaliste» selon Jean-François Leroy) n'apparaît ainsi jamais dans la presse. Ses photos saisissent pourtant la réalité: pas de pause, pas de mise en scène dans sa série sur le luxe montrée à Arles, mais un point de vue satirique et mordant qui rend compte d'un milieu.

De même le photographe Jean-Christian Bourcart — qui n'est pas toujours photojournaliste si l'on définit le métier par le fait de publier dans la presse — prend des photos avec un regard neuf, une écriture photographique que l'on ne voit pas dans les médias. «Les journaux font ce qu'ils peuvent, estime Bourcart. Je ne les blâme pas; ils sont dans un système où ils racontent le monde et ils ont du mal à subjctiviser leur point de vue»

Dans sa série intitulée «Camden», exposée à Arles, Jean-Christian Bourcart s'est mis en scène lors d'une virée dans la ville du New Jersey, considérée comme la plus dangereuse des Etats-Unis. Il saisit ses rencontres, ses déboires. En exergue, à l'entrée de la salle, il écrit:

«Mon point de vue est déterminé par qui je suis, donc si je parle de moi, je contextualise mon point de vue, et je me rapproche d'une objectivité.»


Alain Genestar, qui a lancé l'année dernière Polka Magazine, une nouvelle revue consacrée au photojournalisme, prend le pari de faire connaître des photographes à l'écriture «parfois plus compliquée».

Le lancement de Polka a été accompagné d'une galerie photo du même nom, créant un nouveau modèle économique pour tenter de s'en sortir différemment. Les premiers numéros du magazine ont parié sur des grands noms, de Steve McCurry à William Klein, exposés et publiés à la fois. «Mais c'était pour s'installer. Dans le prochain numéro, on trouvera des photographes bangladeshi ou indien que le public ne connaît pas. Nous le photojournalisme, on y croit complètement».

Charlotte Pudlowski
slate.fr
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http://www.artmony.biz
 
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