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 LOU REED

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Nine
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MessageSujet: LOU REED   LOU REED EmptyLun 20 Avr - 11:05

Laurie Anderson and Lou Reed
The Yellow Pony and Other Songs and Stories

LOU REED 6a00d810

« Réunis sur scène pour la première fois, les artistes américains Laurie Anderson et Lou Reed proposent une soirée musicale intime mêlant compositions anciennes et récentes (chansons, poèmes, et récits)

Cette soirée présentera un large éventail de leur travail : pièces instrumentales improvisées, texts récités issus de leur travail théâtral et chants en duo autour de l'amour et ses multiples expressions. »

Avec le Velvet Underground et en solo, Lou Reed a traversé plusieurs décennies du rock évoluant au gré de ses inspirations. C'est une version live exceptionnelle de son album mythique 'Berlin' que le musicien donnera à la salle Pleyel. Le concert sera accompagné entre autres de la projection du film 'Caroline' de Lola Schnabel avec Emmanuelle Seigner.

POUR RESERVER CONCERT DU 4/09/2009
http://www.ticketnet.fr/shop/fr/manif.asp?idmanif=172848&idtier=78768





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Bridget




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MessageSujet: Re: LOU REED   LOU REED EmptyLun 28 Oct - 0:56



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Une fin de Lou




LOU REED Lou_310




La dernière fois, à notre connaissance, que Lou Reed est apparu sur une scène française, c’était le 6 mars à la salle Pleyel à Paris. Ce soir-là, il avait rejoint au débotté Antony Hegarty (d’Antony and the Johnsons) le temps d’un Candy Says approximativement spectral.



La voix n’était déjà plus parfaite, mais le timbre grave gardait néanmoins cette sensualité capiteuse qui avait contribué à forger la légende du chanteur. Surtout, on avait été frappé par la difficulté avec laquelle Lou Reed se déplaçait, des petits pas de vieillard qui rappelaient les dernières apparitions en public de Serge Reggiani, par exemple.



Veillant à rester impavide - histoire de ne pas trahir cette réputation de tempérament atrabilaire qu’il entretenait avec un zèle inquiétant -, Lou Reed avait néanmoins ensuite donné l’accolade à Antony, ce qui ne faisait qu’accentuer son apparente fragilité, noyé dans les bras du colosse transgenre.



S’était ensuivie une longue salve d’applaudissements, tel un ultime hommage anticipé à celui dont le nom était voué à s’inscrire sur le frontispice de la légende du rock, dans l’acception la plus sulfureuse que cette catégorie musicale pouvait encore trimballer durant la deuxième moitié du siècle dernier.



Du panthéon métaphorique au mausolée, il n’y a parfois qu’un pas que Lou Reed a franchi définitivement hier, bouclant ainsi la boucle d’un trait d’ironie aussi magistral qu’involontaire, lui qui avait cosigné avec John Cale, Sunday Morning, premier single et titre ouvrant en 1967 l’album The Velvet Underground and Nico, un de ces mythes insurpassables sur lequel le temps n’aura jamais prise.




«Non-identité».




Lou Reed vient donc de disparaître, à 71 ans. Ce qui constitue plus un choc qu’un coup de théâtre, s’agissant d’un homme qui avait subi en avril une transplantation du foie, après que sa femme, la chanteuse arty Laurie Anderson, qu’il avait finie par épouser en 2008, l’ait cru perdu pour de bon.


Cette intervention l’avait contraint à annuler des concerts, mais certainement pas à capituler, lui qui, très méthode Coué, déclarait encore, début juin, sur son site : «J’incarne le triomphe de la médecine moderne. Je me sens plus grand et plus fort que jamais. Mon style chen [une variante du tai-chi-chuan, qu’il pratiquait assidûment depuis des lustres, ndlr] et un bon régime alimentaire m’ont été bien utiles durant toutes ces années…
Il me tarde maintenant de revenir sur scène et d’écrire de nouvelles chansons qui toucheront votre cœur et votre esprit.»




Hormis d’inéluctables chutes de studios, versions alternatives et autres fonds de tiroirs que la maison de disques et les ayants droit sauront toujours exhumer le moment venu afin de garnir tel ou tel coffret, Lou Reed ne sortira plus de disque.


Ce qui ne l’empêche pas de laisser un héritage si considérable que les générations à venir continueront certainement à l’inventorier.




Né Lewis Alan Reed, à New York le 2 mars 1942, le garçon d’origine juive suit des études de littérature à l’université de Syracuse, avant de fonder un groupe, le Velvet Underground, avec John Cale, Sterling Morrison et Moe Tucker (plus Nico en égérie fugace) en 1965.

Deux ans plus tard, celui à qui on a fait expérimenter ado la gégène, soi-disant pour essayer de lui faire passer ses penchants homos, devient un peu au sein de la Factory, une des marionnettes du pygmalion Andy Warhol, qui les «produit» (entre autres, selon diverses sources cancanières).


«La première leçon que Lou Reed reçut de Warhol, analysa le rock-critic Lester Bangs, fut que pour réussir à devenir ce genre de non-identité destinée à la consommation de masse, il fallait savoir ériger mur sur mur pour renforcer ceux que votre propre vulnérabilité perverse avait déjà dressés.»
Ou, du même, version sardonique : «Lou Reed est un nain pathétique et un pervers dépravé, un talent gâché, symbole de cette génération qui n’a pas l’énergie de se suicider.» Fermez le Bangs, si on peut dire.




Quoi qu’il en soit, l’arrogance en sautoir, avec cette noirceur roide au service d’une éthique underground propice à tous les fantasmes, le Velvet tient trois ans et quatre albums, qui ne gagnent pas bésef, mais creusent un sillon immarcescible que l’évocation de titres tels que Heroin, I’m Waiting for the Man, White Light/White Heat ou Venus in Furs suffit à situer.




A peine retiré de la vie en communauté (vraiment pas son truc), une étoile au firmament, David Bowie, lui remet fissa le pied à l’étrier. On raconte communément que les deux hommes furent amant. Un seul des deux pourrait aujourd’hui en témoigner - et encore.
Ce qui ne fait aucun doute, en revanche, c’est que Bowie va relancer la carrière du Lou solitaire en produisant un disque qui fera plus que date, Transformer, dont on se souviendra avoir longtemps contemplé la pochette cultissime. Vicious, Perfect Day… et surtout Walk on the Wild Side, l’évocation suavement hypnotique d’un tapin de la Factory, qui devient un classique.


C’est reparti pour un tour, qui ne s’arrêtera plus. Symbole vénéneux d’une autodestruction amplifiée, Lou Reed ne sera jamais un gros vendeur.

Mais quantité de ses enregistrements font date, notamment auprès de la communauté rock qui lui voue, surtout en Europe, un culte sans réserve.
Au moins pendant une quinzaine d’années. Avant que l’intérêt artistique ne commence sérieusement à se diluer (disons jusqu’à New York, en 1989, négociable à Songs for Drella, en 1990, guère au delà).



Lou Reed, comme on l’a mentionné plus haut, était un type notoirement exécrable que beaucoup de journalistes appréhendaient de rencontrer, en dépit de l’attirance légitime que sa saga inspirait.

Quiconque l’a côtoyé un jour citera volontiers une anecdote concernant ses réponses laconiques, son attitude absente, autoritaire, cassante, revêche (on pourrait encore aligner comme ça cinquante adjectifs).


Y compris en public où, dans ses notes de concert en 1992, il présente un programme de musique «importante», devient pontifiant à mourir et va même jusqu’à exprimer une ironie glaçante, rabrouant certains spectateurs dès l’instant qu’ils extériorisent un peu trop, à son goût, leur plaisir de partager un moment agréable (?) en sa compagnie.



Pour un tel misanthrope, il convient cependant d’observer que toute sa vie durant, Lou Reed a collectionné les collaborations, témoignant d’une curiosité, voire d’une audace considérable, dans ses choix, lui qui, tout jeune, se passionnait autant pour le rock, que le doo wop ou le jazz (et enregistera avec Metal Machine Music un des plus fameux seppukus commerciaux de l’histoire du rock). Longue comme le bras, sa liste de projets parallèles comporte une kyrielle de noms, parfois inattendus.



En vrac, il collabore avec le metteur en scène Bob Wilson (une adaptation du Lulu de Wedekind, POEtry, autour de la figure de Poe, la comédie musicale Time Rocker) ; joue au cinéma chez Paul Auster et Wayne Wang (Brooklyn Boogie) et Wim Wenders (Si loin, si proche !), se confie à Julian Schnabel (le docu Berlin), compose avec le groupe Metallica (Lulu, again), reforme le Velvet (un Olympia correct, en 1992), lit ses propres poèmes, publie ses photographies (beaucoup de natures mortes).



Ne cesse jamais de faire la gueule. Et rétorque, le jour où ,quelqu’un s’étonne de son comportement : «On n’avait qu’à pas m’inviter.» Une question qui, elle, ne se posera plus.



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Bridget




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MessageSujet: Re: LOU REED   LOU REED EmptyLun 28 Oct - 19:52

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LOU REED  MUSICIEN AMERICAIN





LOU REED Loum1310



Sa voix blanche et sa plume noire avaient fait perdre au rock son sourire adolescent. Elles avaient persuadé que la mise en notes et en mots des premiers émois sexuels pouvaient aussi saisir la froide réalité du monde, les ambiguïtés des corps, la profondeur délétère de l'âme.

Avec le Velvet Underground, puis sous son nom, Lou Reed a suscité une des plus fascinantes et influentes usines à fantasmes de la culture new-yorkaise et de l'histoire de la pop.
Jusqu'à ce que la mort, à l'âge de 71 ans, de cet auteur-compositeur-interprète iconique, complice d'Andy Warhol et de David Bowie, soit annoncée dimanche 27 octobre.




En mai, le créateur de Walk on the Wild Side avait subi une greffe du foie à la Mayo Clinic de Cleveland (Ohio). Il avait dû annuler une série de concerts en avril et notamment deux soirées au festival de Coachella, en Californie.

Quelques semaines plus tard, sa femme, la musicienne et performeuse Laurie Anderson, reconnaissait que le chanteur avait frôlé la mort, mais se montrait relativement optimiste. " Je ne pense pas qu'il s'en remettra totalement, mais il reprendra des activités dans quelques mois. Il s'est déjà remis au tai-chi. "


" Je suis un triomphe de la médecine moderne ", déclarait de son côté le New-Yorkais dans un message posté le 1er juin sur son site Internet. " Je suis plus grand et plus fort que jamais. " Il se disait alors impatient de remonter sur scène et d'écrire de nouvelles chansons pour " entrer en connexion avec vos coeurs, vos âmes et l'univers ".






LOU REED 13102910
THE ANDY WARHOL MUSEUM, PITTSBURGH, PA, MUSEUM OF CARNEGIE INSTITUTE






Né à Brooklyn le 2 mars 1942, dans une famille juive de la moyenne bourgeoisie, Lewis Allan Reed a grandi à Freeport, banlieue conformiste située sur Long Island. Comme la Jenny de sa chanson Rock'n'Roll, ce fils de comptable découvre à la radio les prémices de cette révolution générationnelle. Il tombe amoureux du rhythm'n'blues de la Louisiane, du rockabilly du Tennessee, et particulièrement des harmonies vocales du doo-wop new-yorkais. Des passions auxquelles il restera toujours fidèle.




Après un essai au piano, il se met à la guitare, en s'intéressant moins au solfège qu'aux solos de Roy Orbison ou de Scotty Moore (le guitariste d'Elvis Presley). Il forme ses premiers groupes au lycée, au même moment qu'il prend conscience de sa bisexualité.
Des premiers poèmes évoquent ce trouble qui devient irréparable traumatisme quand ses parents, inquiets de son excentricité - l'homosexualité est alors un grand tabou aux Etats-Unis -, l'envoient chez un psychiatre, qui préconise des cures d'électrochocs.



La cruauté de ce traitement (relatée dans la chanson Kill Your Sons en 1974), doublé d'une chimiothérapie, restera gravée dans sa psyché telle une marque au fer rouge. Certains verront dans cette blessure adolescente les racines de ses accès misanthropes, de sa haine du patriarcat, de son goût de la distanciation, même quand il explorera l'autodestruction ou le sadomasochisme.



Surmontant une longue dépression, le jeune homme part étudier à l'université de New York, dans le Bronx, puis à celle de Syracuse. Il y découvre l'avant-garde jazz, l'histoire de l'opéra, du théâtre et la mise en scène. Animateur à la radio universitaire, il y diffuse du jazz, mais aussi du rock'n'roll et du rockabilly.



Si l'étudiant s'identifie à l'anticonformisme et au mode de vie beatnik, lui manque encore un déclic pour faire le lien entre ses goûts musicaux et littéraires. Au début des années 1960, Lou Reed est impressionné par l'un de ses professeurs, le poète Delmore Schwartz. " Avec lui, j'ai étudié Yeats et Keats, nous confiait le chanteur, en octobre 2008. La seule fois où j'ai compris Finnegans Wake de Joyce, c'est quand il nous l'a lu à haute voix. "


Dans sa jeunesse, ce professeur, qui devait finir fou et alcoolique, avait connu des succès d'écrivain. " Quand j'ai lu sa nouvelle, In Dreams Begin Responsabilities, rappelait Lou Reed, j'ai été subjugué par la façon dont quelqu'un d'aussi brillant pouvait écrire aussi simplement. J'ai pensé que cette sobriété pourrait parfaitement se marier à une guitare. "



Le théâtre et le cinéma seront d'autres sources d'inspiration. Dans ce même entretien au Monde, le chanteur confessait : " La tirade de Brando parlant à son frère, dans Sur les quais, était à la fois simple et bouleversante : "J'aurais pu avoir de la classe, j'aurais pu être un champion, j'aurais pu être quelqu'un au lieu du tocard que je suis." J'imaginais ça avec une guitare. Pareil quand Vivien Leigh jouait Blanche DuBois dans Un tramway nommé Désir : "J'ai toujours dépendu de la gentillesse des étrangers." Quelle trompeuse simplicité ! "




Il comprend qu'il peut connecter cette esthétique à l'efficacité d'écriture des pionniers du rock'n'roll et de la violente sensualité des bluesmen. " J'ai très consciemment essayé de rapprocher le rock de la littérature, nous expliquait-il. Dans les pièces et les livres, l'auteur a le droit d'écrire ce qui se passe réellement. Pourquoi la vérité des faits et des sentiments était-elle refusée aux chansons ? "


Si Lou Reed suit une route ouverte par Bob Dylan pour faire entrer le rock dans un âge adulte, son ambition littéraire préférera graver à l'acide la marginalité urbaine, loin de ce que seront les envolées lyriques d'autres poètes rock, tels Patti Smith ou Jim Morrison.





LOU REED Louree10
Lou Reed & John cale




A New York, où il s'installe en 1964, le diplômé en littérature anglaise se met à composer pour les disques Pickwick, une marque cherchant à exploiter les tendances musicales à la mode.
Il fait à cette occasion la connaissance d'un musicien gallois, guitariste et altiste, proche des milieux de la musique contemporaine, John Cale, avec qui il forme un groupe dont les avatars successifs sont baptisés Primitives, Warlocks, Falling Spikes et enfin Velvet Underground, du nom d'un ouvrage de Michael Leigh consacré à la vie sexuelle interlope.




D'abord méprisant vis-à-vis du rock'n'roll, John Cale comprend le potentiel de son complice quand celui-ci lui joue des compositions plus personnelles, tel ce saisissant autoportrait d'un junkie, baptisé Heroin. " Les morceaux que Lou avait écrits pour Pickwick n'avaient rien de neuf ou d'excitant, dira plus tard l'altiste. Puis il m'a joué Heroin et ça m'a renversé. Les paroles et la musique étaient réellement lubriques et dévastatrices, et elles collaient parfaitement à ma conception de la musique. "




Lou Reed recrute à la guitare un ancien camarade de fac, Sterling Morrisson, et une batteuse au style primitif, Moe Tucker, avec lesquels lui et Cale conçoivent un son aux antipodes de l'euphorie pop ou de l'utopie hippie qui s'annonce.







LOU REED Pho0cc10
The Velvet




Au service de textes explorant l'aura toxique des transgressions, les musiques du groupe flirtent avec une douceur vénéneuse et une violence atonale.
Repéré par deux collaborateurs d'Andy Warhol, l'artiste Gerard Malanga et le cinéaste Paul Morrissey, lors de performances au Café Bizarre, un club de Greenwich Village, le Velvet devient le groupe fétiche de la Factory, où se retrouve l'exubérante faune warholienne.




A la fois mécène et conseiller du groupe, Warhol invite le quatuor à participer à ses spectacles multimédias (Up Tight, Exploding Plastic Inevitable), lui suggère d'accueillir en son sein l'ancien mannequin Nico, et dessine la pochette de son premier album (à la banane suggestive), The Velvet Underground & Nico.




LOU REED Velvet10




Garni de futurs classiques (Sunday Morning, Venus in Furs, I'm Waiting For the Man, Femme Fatale...), chantant paranoïa, addiction ou déviance érotique, le disque ne connaît aucun succès lors de sa sortie en 1967.
Pourtant, comme le dira Brian Eno, cofondateur de Roxy Music et producteur visionnaire, " très peu de gens ont acheté ce disque, mais chacun d'entre eux a formé un groupe ".



Cet impact artistique inversement proportionnel à la réussite commerciale, caractérisera aussi les trois albums suivants, qu'il s'agisse des distorsions amphétaminées de White Light/White Heat (1968), de l'élégance mélancolique de The Velvet Underground (1969), qui voit le groupe passer sous le seul contrôle de Lou Reed après la rupture avec John Cale, ou enfin de Loaded (1970), disque de l'éparpillement (Lou Reed quitte le groupe le 23 août 1970) malgré ses deux tubes potentiels, Sweet Jane et Rock'n'Roll.




Parmi les premiers courants à revendiquer l'influence du Velvet et de son leader, le glam rock triomphe sous le signe de la décadence et de l'androgynie au début des années 1970.
Nouvelle idole du genre, David Bowie relance en 1972 la carrière de Lou Reed en produisant, avec son guitariste Mick Ronson, Transformer, deuxième album solo de son modèle.


Outrageusement maquillé, l'ex-Velvet surfe sur cette vague grâce à des titres comme Satellite of Love, Vicious, Perfect Day et surtout Walk on the Wild Side, dont le saxophone et les doo-doo-doo féminins transforment en hit inattendu cette histoire de travestis, de drogues et de fellation.








A 30 ans, même s'il est plus drogué que jamais, le New-Yorkais semble enfin accéder au statut de rock star. Considéré aujourd'hui comme l'un des sommets de sa discographie, son album suivant, Berlin (1973), s'aventure avec audace vers une chronique de la déchéance, dans une forme empruntant aux codes de la comédie musicale.


Magnifiquement réalisé par le jeune Bob Ezrin, qui décore l'ensemble d'arrangements de cordes et de choeurs baroques, l'album présente l'histoire de Jim et Caroline, de leur amour miné par la drogue, la débauche, la violence, jusqu'au suicide de l'héroïne, à qui on a retiré ses enfants.





LOU REED Berlin10




Le chanteur n'avait encore jamais mis les pieds à Berlin. Grand amateur d'expressionnisme allemand, il s'intéresse surtout à la force symbolique du Mur, métaphore de la séparation et de la schizophrénie d'antihéros qui enterrent le rêve hippie avec une radicalité annonçant les punks.


Jamais dans le rock, on n'avait parlé aussi crûment de la glaciation des relations humaines. " La pop ne parle jamais d'amour de façon réaliste, observait le chanteur lors d'une rencontre avec Le Monde, en juin 2007. Je voulais évoquer de vraies émotions, imaginer comment aurait procédé Hubert Selby Jr. s'il avait écrit du rock.


Le sujet principal de Berlin était la jalousie, un sentiment partagé par tous. Ça n'aurait pas dû poser de problème. " Pourtant, cet album est un cinglant échec critique et commercial, plongeant l'artiste dans une amertume dont il ne sortira qu'à la fin des années 2000, à la faveur d'une tournée présentant enfin en concert l'intégrale de ce disque, dans un spectacle décoré par le peintre Julian Schnabel (qui en réalisa aussi le concert filmé).




Au milieu des années 1970, l'échec de Berlin augmente un peu plus son instabilité. Accentuant son personnage décadent, Lou Reed bâcle Sally Can't Dance, mais retrouve le succès, en 1974, avec les guitares quasi hard-rock du live Rock'n'Roll Animal.
Ce qui ne l'empêche pas de se saborder l'année suivante avec Metal Machine Music, double album de sons électroniques volontairement insoutenables. Surtout destiné à dégoûter RCA, sa maison de disques de l'époque, cette " oeuvre " est aussi considérée comme l'un des actes fondateurs de la musique industrielle.




Erratique, la fin des années 1970 le voit produire des albums attachants, comme le délicat Coney Island Baby (1976), des quêtes intrigantes, tel le lancinant Street Hassle (1978), ou des pensums, comme The Bells (1979), à un moment où le mouvement punk puis la new wave ne cessent de se réclamer du Velvet.



Lui qui avait fini par sombrer dans l'alcoolisme, après avoir essayé d'arrêter héroïne et amphétamines, commence à sortir de ce long tunnel autodestructeur au début des années 1980. Grâce au tai-chi, à l'abstinence et à la vie maritale, le chanteur semble retrouver la santé, même si artistiquement des albums comme The Blue Mask (1982) ou Legendary Hearts (1983) se révèlent trop conventionnels.



Après avoir survécu à tant d'excès, Lou Reed se transforme petit à petit en institution culturelle. S'il ne dédaigne pas les provocations, en particulier auprès des journalistes, l'ex-zombie androgyne s'engage maintenant pour de grandes causes comme le Farm Aid, initié par Bob Dylan, pour aider les fermiers victimes de la sécheresse, Amnesty International ou la lutte contre l'apartheid - le single Ain't Gonna Play Sun City.



Marqué par le décès de son ancien mentor Andy Warhol, en 1987, il retrouve John Cale pour travailler au projet d'un album hommage, le très dépouillé et touchant Songs For Drella, qui sort en 1990.


La même année, à la Fondation Cartier de Jouy-en-Josas, à l'occasion d'une exposition consacrée à Warhol, le duo interprète ces chansons avant d'être rejoint, au rappel, par Moe Tucker et Sterling Morrison pour un Heroin fulgurant.



Une reformation qui se prolonge en 1993 pour une tournée inattendue en Europe, dont le double CD live MCMXCIII reste un témoignage sans lendemain, Lou Reed se fâchant entre-temps avec John Cale, avant que Sterling Morrison décède d'un cancer en 1995.



En vieillissant, le Pasolini du rock a laissé tomber la luxure pour observer des personnages plus simples. Un rôle de chroniqueur auquel la sobriété de son écriture et son incomparable phrasé de natif de Brooklyn, hésitant entre chant et narration, le prédestinaient.



Sur ce mode, il retrouve le devant de la scène avec les albums New York (1989) et Magic and Loss (1991). Fait chevalier des arts et des lettres par Jack Lang en 1992, sans cesse célébré par de nouvelles fournées de rockers (R.E.M., Nirvana, The Strokes, The Kills...), l'ex-ange noir du caniveau poursuivra dans cette veine rigoriste (Set the Twilight Reeling, en 1996, Ecstasy, en 2000), tout en publiant des recueils de ses textes - Parole de la nuit sauvage, Traverser le feu -, en exposant ses photographies ou en tournant des courts-métrages.



Encouragé peut-être par sa compagne, l'artiste multimédia Laurie Anderson, avec laquelle il s'est marié en 2008, Lou Reed s'est aussi impliqué dans des projets théâtraux, collaborant avec le metteur en scène Bob Wilson à l'occasion de Time Rocker, adaptation de La Machine à remonter le temps d'H. G. Wells, et de POE-try, consacré à des poèmes d'Edgar Allan Poe, dont le chanteur a tiré l'album The Raven en 2003.



Après un album de musique méditative, Hudson River Wind Meditations (2007), contrepoint zen du terrible Metal Machine Music, Lou Reed collabore en 2011 avec Metallica, dans le déroutant Lulu, inspiré par deux pièces du dramaturge allemand Frank Wedekind. Les textes chantés-parlés du New-Yorkais y rencontrent les lourds maelströms de guitares des géants du heavy metal.
Comme si l'influence et la reconnaissance de l'ancien Velvet n'avaient décidément plus de limite.



Stéphane Davet /Le Monde







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liliane
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MessageSujet: Re: LOU REED   LOU REED EmptyLun 28 Oct - 19:57

Juste pour le plaisir, l'album que je préfère (et en entier) :



Track Listing :

01  "Romeo Had Juliette"
02  "Halloween Parade"
03  "Dirty Blvd."
04  "Endless Cycle"
05  "There Is No Time"
06  "Last Great American Whale"
07  "Beginning of a Great Adventure"
08  "Busload of Faith"
09  "Sick of You"
10  "Hold On"
11  "Good Evening Mr. Waldheim"
12  "Xmas in February"
13  "Strawman"
14  "Dime Store Mystery"


Dernière édition par liliane le Jeu 14 Fév - 9:47, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: LOU REED   LOU REED EmptyMer 30 Oct - 13:06

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HOMMAGE




LOU REED Lou_3010





Après l'annonce de la mort de Lou Reed, un triste dimanche soir, de nombreux documents sur le chanteur ont été ou seront bientôt exhumés sur le Web, à la radio et à la télévision, alors que l'écoute en streaming de ses morceaux sur Spotify a bondi de 3000 %, peu après l'annonce de sa disparition. Il est temps de faire le point.


- Comme nous vous le signalions lundi, le site américain IndieWire a mis en ligne Red Shirley, le court-métrage réalisé par Lou Reed sur sa cousine polonaise émigrée au Canada.



- Arte diffusera le documentaire Lou Reed : Cœur de rock ce jeudi 31 octobre 2013 à 23h50, avec notamment des interviews de David Bowie, Patti Smith et John Cale, soit une plongée dans la scène underground new-yorkaise des années 60 et 70.



La chaîne rediffusera ensuite à 1h00 le concert de Lou Reed enregistré aux Vieilles Charrues en 2011. (Et également disponible sur Arte Live Web)








- Vendredi 1er novembre, la chaîne Toute l'histoire réalise une soirée spéciale Lou Reed dans le cadre de l'émission Les icônes du Rock, présentée par André Manoukian à 20h40.



- Le 2 novembre, Paris Premiere diffusera à 19h45 le documentaire Rock Legends : The Velvet Underground, qui met notamment la lumière sur la relation du groupe avec Andy Warhol.



- Sur YouTube évidemment, de nombreuses vidéos sont disponibles, dont sa version de Perfect Day lors du Montreux Jazz Festival en 2000, mise en ligne par Eagle Rock :










- Et enfin sur Nova ce soir, mercredi 30 octobre, une spéciale sera déclinée sur le thème : Lou Reed est un sale con. (voir le détail sur le site de la radio).



http://www.telerama.fr/musique/lou-reed-de-nombreux-documents-a-voir-et-ecouter,104438.php




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Dernière édition par Bridget le Dim 10 Fév - 16:01, édité 1 fois
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Bridget




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MessageSujet: Re: LOU REED   LOU REED EmptyDim 24 Nov - 0:59





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La dernière photo de Lou Reed, signée Mondino




Le site officiel de Lou Reed vient de publier la dernière photo de l'artiste. Elle est signée Jean-Baptiste Mondino et remonte à deux semaines.



«Il y a deux semaines environ, Lou a effectué une session photo destinée à servir de publicité pour l'entreprise française de casques audios de son ami Henri Seydoux.

Le célèbre photographe Jean-Baptiste Mondino a réalisé les clichés, et celle-ci était la toute dernière de la série. Toujours solide et fiable.», écrit Tom Sarig, l'ancien manager de la star disparue

LOU REED Lou_1610

Lou Reed, octobre 2013 © Jean-Baptiste Mondino





Lou Reed, dernier entretien



Lou Reed avait débuté sa carrière devant les caméras de Warhol et Jonas Mekas. Il est mort après avoir été filmé par Farida Khelfa, muse de Gaultier et documentariste du couple Sarkozy.
On n'a pas toujours la fin qu'on mérite


On apprenait la semaine dernière que la dernière photo prise de Lou Reed était signée Jean Baptiste Mondino, pour une campagne de publicité de la marque de casques Parrot Zik, qui appartient à Henri Seydoux.


On se souvient que Carla Bruni avait posé pour la même marque. Et, vient de tomber, la nouvelle que la dernière interview accordée par le chanteur a été faite durant cette session, et filmée par Farida Khelfa, épouse d’Henri Seydoux.
C’est elle qui, d’ailleurs, vient de signer le documentaire sur les coulisses de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, diffusé récemment sur D8.



Au début de sa carrière, Lou Reed, se faisait filmer par Andy Warhol et Jonas Mekas. Il aura terminé son parcours, l’air fatigué, la voix trainante, les yeux jaunes, en répondant aux questions de l’ancienne muse de Jean Paul Gaultier, lui parlant lapidairement de son père, de sa première guitare, du son qu’il aime, du fait qu’il vient de remasteriser tous ses albums (sa maison de disques doit s’en frotter les mains) et confessant notamment ceci : « je suis très affecté émotionnellement par le son. Tout comme tu peux l’être, toi, par une robe ».



















Toujours le sens du bon mot, même au bord du gouffre.





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MessageSujet: Re: LOU REED   LOU REED EmptyDim 10 Avr - 16:21



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Lou reed and Elvis Costello live-set the twilight relling







EN HD là ....



http://mytaratata.com/taratata/131/lou-reed-elvis-costello-set-the-twilight-reeling



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MessageSujet: Re: LOU REED   LOU REED EmptySam 22 Juil - 23:51

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LOU REED  JOHN CALE     SONG FOR DRELLA    




Songs for Drella est un concept album de Lou Reed et John Cale, anciens membres du groupe The Velvet Underground, en hommage à Andy Warhol.
L'album constitue la première collaboration de Lou Reed et John Cale depuis leur séparation en 1972. À la suite du décès de Warhol en février , ils ont retracé, de manière romancée la vie d'Andy Warhol, parfois à la première personne, parfois à la troisième personne en insistant sur les relations interpersonnelles et les sentiments que Lou Reed et John Cale ont éprouvé pour Warhol.

Drella est un surnom superstar de Warhol. Ce terme, qu'Andy Warhol n'appréciait pas, est un amalgame de Dracula et de Cinderella Cendrillon .

Reed and Cale ont joué ces chansons en concert à partir de 1989- notamment à la Fondation Cartier de [Jouy en Josas, pour le vernissage de l'exposition consacrée à Andy Wahrol, le 15 juin 1990 - et les ont enregistré en studio, en 1990.



Studio Album, released in 1990

LOU REED Cover_11


Tous les titres sont écrits par Lou Reed et John Cale.



  • Lou Reed : voix, guitares
  • John Cale : voix (sur les titres marqués †), violon, claviers, piano




  1. Small Town - 2:04
  2. Open House - 4:18
  3. Style It Takes - 2:54 †
  4. Work - 2:38
  5. Trouble with Classicists - 3:42 †
  6. Starlight - 3:28
  7. Faces and Names - 4:12 †
  8. Images - 3:31
  9. Slip Away (A Warning) - 3:05
  10. It Wasn't Me - 3:30
  11. I Believe - 3:18
  12. Nobody But You - 3:46
  13. A Dream - 6:33 †
  14. Forever Changed - 4:52 †
  15. Hello It's Me - 3:13



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Bridget




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MessageSujet: Re: LOU REED   LOU REED EmptyDim 6 Jan - 15:34

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Michael Imperioli dans les pas de Lou


LOU REED 11514210
Lou Reed, en 1976 à Toronto. Photo Reg Innell. Toronto Star via Getty Images
Par Philippe Garnier


Connu pour son rôle dans «les Soprano», l’acteur américain publie «Wild Side», un roman initiatique dont le héros, un ado candide fraîchement débarqué dans le Manhattan des années 70, se lie d’amitié avec le voisin du huitième, rock star envapée, et son entourage.



On attendait tout sauf ça de l’acteur Michael Imperioli, le neveu à grand pif de Tony Soprano dans le feuilleton historique, celui qui s’applique dur pour monter en grade mais qui merde régulièrement à cause des drogues, de sa copine chiante, ou de ses ambitions d’écrivain, justement. Dans le divin feuilleton, c’est tout juste s’il ne tuerait pas pour placer son fameux scénar.
On ne sait pas ce qu’il a fait pour se faire éditer par Akachic Books. Sans doute juste charmer son monde de sa voix plombée des amygdales. Parce qu’au lieu de l’histoire habituelle «mon-père-tenait-un-bar-dans le New Jersey» ou «mon-oncle-Fabio-était-hit-man-pour-les-Bonnano», on a ici une sorte d’Attrape-cœur revisité façon Manhattan 1974. Ce genre de comparaison est presque toujours l’apanage des retapes d’attachés de presse ou des critiques flemmards, mais ici l’auteur lui-même semble le revendiquer.

Ne pas se laisser abuser, donc, par le titre «français», Wild Side, qui lorgne sur le tou-tou-dou, tou-dou-tou-tou-dou de Vous Saurez Vite Qui, ni par la couverture volontairement (on l’espère) mocharde que nous infligent les gens d’Autrement, comme s’ils préféreraient avoir affaire à une resucée de Taxi Driver ou des mémoires d’un male prostitute sur le bitume fumant de Manhattan. Jody Foster, es-tu là ?


Ben non. Difficile de faire plus neutre que son héros, Matt, un ado bon fils bon gars à qui il arrive des tas d’histoires, mais qui n’est pas vraiment un foudre de révolte. De son Queens natal, après l’abandon de son père il se retrouve parachuté dans un appart cossu de la 52e à Manhattan en bordure de l’East River. Il est un peu l’étranger au paradis. L’immeuble a un concierge en uniforme. Son voisin du huitième est un type pas comme les autres. Mais Matt ne la ramène jamais, même à sa nouvelle école, qui heureusement ne joue pas un grand rôle dans le livre. Ce roman d’initiation se cantonne principalement dans l’immeuble de la 52e. De manière rafraîchissante, Matt n’est jamais défensif, dit peu de gros mots - jamais de «bullshit» avec lui (étrange pour un ado) ; il ne ment pas, même pour se faire mousser devant Veronica, la fille inaccessible et étrange dont il tombe vite amoureux. Il ne ment pas plus devant le voisin du huitième, une fois fait connaissance. Sauf qu’il ne lui dit jamais qu’il habite dans l’immeuble lui aussi.


Besoin d’attaches


Il l’a vu plusieurs fois au restaurant dans lequel il a pris un boulot de livreur pour se faire de l’argent de poche. En plus d’être éternellement habillé de noir, le type est blond péroxydé et a une croix de fer dessinée derrière la tête à la tondeuse. Il est toujours en compagnie d’une drôle de fille à l’air étrangère, et plus étrange que Matt ne le croit. Matt leur livre des trucs un soir - avec beaucoup de pickles dit la commande. Il apprendra aussi que le locataire ne ferme jamais sa porte quand il est à l’appart. Il fait beaucoup de bruit, des vacarmes industriels inquiétants qui sortent d’immenses haut-parleurs, mais personne ne se plaint. Ou du moins la direction de l’immeuble le couvre.


C’est Lou Reed, oui, mais ne vous sauvez pas déjà. Car la grande gageure du livre est en même temps sa plus grande réussite. «Lou» (jamais Reed) est plus le voisin du huitième qu’une quelconque icône rock. Matt n’est pas un fan, connait à peine sa musique. Il a juste besoin d’attaches. Lou, avec toutes ses idiosyncrasies de speed freak (distrait, imprévisible, explosif, tendre), est tout un monde pour Matt, qui ne veut rien tant qu’être accepté par ce couple étrange.

Le portrait n’en est même pas un, et ne prétend pas l’être. Loin d’être exploiteur, il est en sympathie, sinon sympathique. Rachel, par exemple, qui se montre toujours gentille avec Matt, est un personnage attachant, encore que flou et lointain. Matt ne s’attarde pas sur la barbe qui pointe sous le maquillage ni sur sa carrure étonnante.

On est bien loin du portrait que faisait d’elle Lester Bangs dans sa fameuse interview-pancrace avec le chanteur, publié dans Creem en mars 1975. Bangs s’y demande tout haut ce que celui qu’il nomme le «Mécréant Originel» peut bien fabriquer avec cette «étrange et grande créature avachie qui ne regarde personne et paraît perpétuellement effrayée». Et révèle avec délectation que l’entourage du chanteur la surnomme «Thing» en secret. Un portrait si cruel que Reed avait répondu par voie de presse et banni à vie le journaliste, qui jusqu’ici l’amusait plus que les autres.


La force de ce roman à l’intrigue fort bénigne réside dans les détails apparemment inutiles et les épisodes idiots (une visite à Salem, Massachussetts ; une passe avec sa copine dans l’appartement d’un mec glauque qui regarde du porno en sirotant du gin orange tiède, etc.) Ces épisodes pesants finissent par constituer la glu qui fait exister tout ça. Imperioli a ses moments. Quiconque a connu Manhattan reconnaîtra : «Tous les sons se fondaient en un seul grand bourdonnement de bruit blanc comme un vent régulier ou une marée patiente.» Ou la vérité d’un personnage secondaire comme Jeff, un des deux portiers de l’immeuble. Jeff est sympa avec Matt et sa mère. Il a juste un truc pour les ballerines. Il va à l’autre bout de Manhattan les voir sortir de l’école de danse du Lincoln Center. Juste pour les regarder rire et fumer, ou écouter leurs propos orduriers. «Jeff prétend que les ballerines ça dit plus de gros mots que n’importe qui.»


Et ces détails ne font jamais plus vrais que quand Lou est sur la page. Plus que sa relation avec sa mère (qui veut bien faire) ou avec Veronica (altière, volontaire, vouée au désastre), c’est celle de Matt avec Lou qui offre les meilleurs moments, même quand les choses tournent au chaos. Imperioli est au mieux de sa forme dans ces épisodes qui s’emballent, comme lorsque le môme doit conduire un van emprunté et livrer un baffle pour le compte de Lou. Il a beau protester qu’il ne sait pas conduire, le voisin dans sa vape narcotique ne veut rien savoir, et Matt se retrouve en pleine heure de pointe dans mid-town Manhattan sous la pluie à livrer le lourd bazar. Ce n’est pas loin, juste quelques rues. Et il n’y aura pas mort d’homme. Mais Imperioli réussit à en faire un truc paniquant, on serre le volant pour le gamin, on regarde par la vitre avec la même parano que Ray Liotta dans les Affranchis.



Accès backstage




Il y a aussi une qualité surnaturelle de vécu dans tout ça. Beaucoup ergoteront sûrement sur l’innocence improbable de Matt, mais pas moi. Je sais qu’on peut frôler des expériences folles quand on est jeune et bête, et passer carrément à côté, comme je l’ai fait en 1970 à Manhattan la nuit où je ne cherchais qu’à dormir dans cet appart inespéré, alors que ces deux mecs en cuir noir n’arrêtaient pas de parler de Judy Garland et de Ricky Nelson. En 1971 je ne savais pas ce que cela voulait dire. Je n’avais pas percuté que Terry Ork (futur manager de Television, qui m’avait ramassé à la librairie Cinemabilia) était gay, ni que le mec en cuir qu’on avait ramassé au Max’s Kansas City était le poète-photographe assistant de Warhol Gerard Malanga - tous deux, sinon célèbres, du moins notorious. Donc oui, l’innocence frisant la stupidité, bien sûr que ça existe - et Wild Side le mal nommé en dégouline.


C’est un drôle de roman à sortir en 2018. Tellement pas cool qu’il finit par l’être. Le titre américain est The Perfume Burned His Eyes, d’après une chanson autrement apocalyptique du maître. «Manhattan coule comme une pierre, dans le sale Hudson quel choc/ Ils ont écrit un livre là-dessus, que c’était comme la Rome antique soi-disant/ Le parfum lui brûlait les yeux à force de serrer les cuisses de la fille/ et quelque chose a clignoté un moment puis a disparu…»


Le livre se termine sur une coda dont on se passerait, mais qui révèle au moins la vraie «relation» d’Imperioli et de Lou Reed. Matt roule dans la San Fernando Valley de Los Angeles, la radio matraque les chansons de Lou, qui vient de mourir. Il ne l’avait revu que deux fois, sans que le chanteur le reconnaisse. Une fois à la première d’un film, à New York. Et puis quinze ans plus tard, à un concert de Reed à la Knitting Factory de L.A. Imperioli, lui, n’a eu que cette dernière rencontre, quand la notoriété des Soprano lui permettait l’accès backstage. Il avait 8 ans en 1974, quand Lou Reed expérimentait pour Metal Machine Music, le double album qui a fait fuir les fans dont il ne voulait plus, et qui l’a libéré de son contrat RCA. Ce qui n’empêche pas l’acteur d’avoir écrit un des meilleurs portraits de célébrité, égalant presque ce que faisait Nik Cohn dans sa nouvelle de Granta (1972), «But Richard Widmark», ou Nick Tosches quand il écrit sur sa rencontre avec un joueur de cartes dans un bar près de LAX qui n’est autre que le frère jumeau d’Elvis, pas mort comme sa mère, Gladys, l’a toujours prétendu. Dans les deux cas - et ici aussi - certains détails font si vrai qu’on marche à fond, et pour une seule raison : parce qu’on veut terriblement y croire.


Philippe Garnier



 
Michael Imperioli Wild Side Traduit de l’anglais (Etat-Unis) par Héloïse Esquié. Autrement, 304 pp., 20,90 €.
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MessageSujet: Re: LOU REED   LOU REED EmptyDim 6 Jan - 15:39

Wild Side, de Michael Imperioli : dans l'ombre de Lou Reed



 LOU REED 97827411
 


Connu pour son rôle dans la série télévisée Les Soprano, l'acteur américain fait une entrée remarquée en littérature.

Il y a une injustice: on peut jouer dans Les Soprano et avoir du talent. Michael Imperioli, le neveu de James Gandolfini dans la série, effectue une belle entrée en littérature.

Wild Side déborde de sincérité, d'énergie. Matt a de la chance. Dans les années soixante-dix, un héritage providentiel permet à sa mère de quitter le Queens pour s'installer à Manhattan. Le narrateur n'en revient pas. Adieu son quartier mal famé. Tous ses codes ont changé. Dans le hall de l'immeuble, le concierge le salue. Deux étages au-dessus, vit un étrange locataire. Lou est musicien. Il a l'air perpétuellement défoncé. Sa petite amie n'est guère mieux. Il gargouille sa guitare, saute d'un sujet à l'autre, envoie une lettre d'insultes à un journaliste, demande à son jeune voisin de lui rendre un tas de services. Cela vaut une inénarrable balade en camionnette sans permis.

Au lycée, Matt en pince pour la douce, l'impalpable Veronica. Un numéro, celle-là. Elle lui adresse à peine la parole, avoue se prostituer de temps en temps, assure être une sorcière. Le nigaud l'accompagne à une messe noire. Elle l'emmène à une projection de films pornos suédois. Pauvre Matt. Il comprend à peine ce qui se passe sur l'écran. Elle lui répète comme un mantra: «Ne leur donne jamais de munitions.» Quand elle s'énerve, elle dit: «Ne rabaisse pas ma vérité.» Ouh la la. Heureusement qu'elle le laisse l'embrasser. Cette éducation sentimentale se déroule au rythme des juke-boxes. Dans un bar, Lou lui sert son premier gin tonic. Il sera suivi de nombreux autres. Le chanteur - on aura, oui, reconnu Lou Reed - disparaît sans cesse aux toilettes. Matt ne le reverra que des années plus tard, à un concert, devant un urinoir. Lou se souvenait-il de ce gamin qui passait des après-midi entiers à l'écouter? Pas sûr.

Ça n'est pas grave: cela lui a permis de signer ce livre émouvant et drôle, qui se termine dans un hôpital psychiatrique que l'auteur baptise le «Waldorf Hysteria». Imperioli fait preuve d'une grande délicatesse, restitue le parfum de l'adolescence, introduit de la subtilité dans un univers punk. Il a le sens des images («un petit gant blanc qui aurait pu avoir été arraché au bras de Mickey»).

Dans ces pages, tout le monde veut être artiste. Ce souhait est touchant. Veronica rêve d'écrire. Elle a une théorie à ce sujet: le premier roman doit rester dans un tiroir tant que le deuxième n'est pas fini. Si un second manuscrit dort dans le bureau d'Imperioli, il est urgent qu'un éditeur mette la main dessus. Un comédien qui cite Marguerite Duras en épigraphe ne peut pas être totalement mauvais. Duras! Il fallait y penser.
Ces Américains !

ÉRIC NEUHOFF

 
«Wild Side», de Michael Imperioli, traduit de l'américain par Héloïse Esquié, Autrement, 294 p., 21 €.

http://premium.lefigaro.fr/livres/2018/11/22/03005-20181122ARTFIG00095--wild-side-de-michael-imperioli-dans-l-ombre-de-lou-reed.php
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