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Sujet: LOU REED Lun 20 Avr - 11:05
Laurie Anderson and Lou Reed The Yellow Pony and Other Songs and Stories
« Réunis sur scène pour la première fois, les artistes américains Laurie Anderson et Lou Reed proposent une soirée musicale intime mêlant compositions anciennes et récentes (chansons, poèmes, et récits)
Cette soirée présentera un large éventail de leur travail : pièces instrumentales improvisées, texts récités issus de leur travail théâtral et chants en duo autour de l'amour et ses multiples expressions. »
Avec le Velvet Underground et en solo, Lou Reed a traversé plusieurs décennies du rock évoluant au gré de ses inspirations. C'est une version live exceptionnelle de son album mythique 'Berlin' que le musicien donnera à la salle Pleyel. Le concert sera accompagné entre autres de la projection du film 'Caroline' de Lola Schnabel avec Emmanuelle Seigner.
POUR RESERVER CONCERT DU 4/09/2009 http://www.ticketnet.fr/shop/fr/manif.asp?idmanif=172848&idtier=78768
Bridget
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Membre fondateur de The Velvet Underground, puis figure de proue de la décadence glam rock, mais également chroniqueur d’une Amérique marginale, Lou Reed est un artiste extrême et imprévisible.
Au-delà des modes et des courants, il incarne en outre l’idée d’une musique rock « intelligente », ouverte à d’autres espaces de création artistique tels que la littérature ou la peinture.
http://loureed.com/00/index.html
Lou Reed, « maître à penser » de The Velvet Underground
Né à Freeport (près de New York), Lou Reed (de son vrai nom Louis Firbank) entreprend des études de journalisme et de littérature avant d’écrire des chansonnettes à vocation commerciale pour la firme Pickwick Records. Bientôt lassé de ces prestations purement alimentaires, il monte quelques groupes éphémères (Warlocks et Roughnecks).
Dans l’entourage de la Factory, l’atelier-studio d’Andy Warhol, Lou Reed rencontre le compositeur et violoniste John Cale (qui a joué avec John Cage et LaMonte Young) et le guitariste Sterling Morrison ; les trois musiciens forment The Velvet Underground en 1965.
Portée par des sonorités agressives (guitares et violons saturés) et nourrie de références intellectuelles inhabituelles pour le rock — les paroles, sulfureuses, évoquent, sans artifices ni faux-semblants, les thèmes de la drogue, de l’homosexualité et du transsexualisme —, leur musique urbaine, noire et décadente fait d’eux le groupe le plus influent de la scène rock dite « alternative » de cette époque.
En 1970 toutefois, pendant l’enregistrement de Loaded, Lou Reed quitte le groupe ; des conflits de personnalités et une cure de désintoxication sont les raisons le plus souvent invoquées pour expliquer ce départ.
Contrastes, provocations et indépendance : l’apogée du glam rock
Après deux années consacrées à l’écriture et au repos, Lou Reed commence une carrière solo et enregistre l’album Lou Reed (1972), constitué de versions lénifiantes de titres datant du Velvet Underground (« Lisa Says » et « Walk It and Talk It »)
Arrangeurs de talent, David Bowie et son guitariste Mick Ronson produisent ensuite Transformer (1972) et sa kyrielle de classiques (« Walk on the Wild Side », « Satellite of Love » ou « Vicious »), qui mettent en scène les figures marginales de l’univers warholien.
Œuvre suintant le pathos et le vitriol, Berlin (1973) est un album concept organisé autour de la chanson « Berlin », déjà présente sur le premier album. Les arrangements — tout un ensemble de cordes et de cuivres est convoqué dans un studio londonien — y sont luxuriants et macabres, tandis que Lou Reed y chante avec conviction, soutenu par de solides musiciens tels que le bassiste Jack Bruce, le claviériste Steve Winwood, le batteur Ainsley Dunbar ou le trompettiste Randy Brecker.
Cet album confirme Lou Reed comme l’une des personnalités les plus influentes du rock : de Sonic Youth à U2, en passant par Iggy Pop, les New York Dolls ou R.E.M., il est peu de groupes qui ne se soient réclamés de son autorité « brûlante ».
Pendant les années 1970, Lou Reed cultive une image de dandy toxicomane entretenant une certaine ambiguïté sexuelle, provocateur par goût et, parfois, rocker par dépit ; son style est alors celui du glam rock, théâtral et ampoulé, incarné par des personnalités telles que David Bowie, Bryan Ferry de Roxy Music ou Marc Bolan de T. Rex .
Ses albums sont de qualité inégale, puisque l’enregistrement public Rock’n’Roll Animal (1974), qui contient des versions très électriques de titres du Velvet Underground comme « Sweet Jane », « Heroin » ou « White Light/White Heat », et le sophistiqué Coney Island Baby (1976) côtoient Metal Machine Music (1975), composé de quatre plages brouillées de bruits électroniques qui semblent s’apparenter à un véritable suicide musical.
Maturité du rocker
Un artiste apaisé…
Cette crise d’identité est résolue avec The Blue Mask (1982), album-hommage au poète Delmore Schwartz, professeur d’université, essayiste et poète, l’une des influences majeures sur l’œuvre de Lou Reed ; les deux guitares, la basse et la batterie y bénéficient d’un mixage qui met en valeur la voix du chanteur, revenu de loin.
Parallèlement, en 1980, le « père » du mouvement punk se marie et, oubliant le cynisme de ses débuts, défend les paysans américains (Farm Aid en 1985), puis il effectue une tournée pour Amnesty International (1986) et participe à la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud (tournée Sun City).
Contrairement aux albums précédents, New York (1989) ne se contente plus de dépeindre à froid une situation sociale, mais assène une vigoureuse critique de l’Amérique (« Dirty Boulevard », « Christmas in February »).
En 1990, il enregistre avec John Cale Songs For Drella, un hommage à Andy Warhol. Après un album particulièrement grave — Magic and Loss (1992) — dédié à deux amis disparus, il reforme brièvement The Velvet Underground en 1992, pour une tournée aussi courte que réussie.
…mais contesté
En 1996, Lou Reed publie Set the Twilight Reeling, dans lequel il aborde des thèmes moins personnels que sur son album précédent ; l’album n’obtient qu’un relatif succès.
De même Ecstasy (2000) est-il reçu avec réserve de la part du public, dérouté par ses expérimentations musicales et sa démarche parfois jugée « cérébrale ». The Raven (2003, littéralement « le corbeau ») confirme cette tendance : l’album est une adaptation musicale de POEtry, spectacle conçu comme un hommage au poète Edgar Allan Poe et monté en 2000 en collaboration avec le metteur en scène Robert Wilson (responsable d’une expérience similaire de littérature mise en musique avec Tom Waits en 2002).
Fidèle à l’indépendance artistique qui guide sa carrière depuis ses débuts, Lou Reed continue à porter sa musique — et le rock en général — vers de nouveaux horizons culturels (essentiellement littéraires), mais semble également cultiver une certaine distance à l’égard de la critique et du public, déconcertés par cette approche intellectuelle.
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Bridget
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Sujet: Re: LOU REED Dim 2 Aoû - 1:46
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The Velvet Underground
The Velvet Underground est un groupe américain de rock de la fin des années 1960, lié à l'aventure de la Factory d'Andy Warhol qui les produit. D'abord connu des seuls milieux « underground » new-yorkais, leur influence n'a cessé de croître après leur séparation. Ils sont également une des principales premières influences de David Bowie (avec Bob Dylan entre autres), qui, à ses débuts, chantera des reprises du Velvet dans des clubs.
Composé de membres de caractère (Lou Reed, Sterling Morrison, John Cale, Moe Tucker et, dans une moindre mesure, Nico, chacun poursuivra une carrière solo), il a connu une grande fertilité musicale. Les thèmes abordés reflètent l'univers personnel de Lou Reed : drogues dures, thèmes sadomasochistes, homosexuels, etc.
L'influence du Velvet sur les générations suivantes est incontestable : le groupe inspirera le punk rock des années 1970[1] ainsi qu'une partie du rock alternatif anglophone, du glam rock et de la New Wave.
Le groupe
Lou Reed, chanteur, principal compositeur, guitariste, de 1965 à 1970. John Cale, chanteur sur certaines chansons, musicien (bassiste, altiste, pianiste, violoniste...) de 1965 à 1968. Sterling Morrison, deuxième guitariste de 1965 à 1970. Maureen Tucker, dite « Moe », batteuse de 1965 à 1971. Doug Yule, chanteur et musicien (basse, clavier, guitare) de 1968 à 1973.
Autres membres
Angus Maclise, batterie, en 1965. Nico, chant, en 1967. Billy Yule, batterie, en 1970. Willie Alexander, clavier, en 1970 et 1971. Walter Powers, basse, en 1970 et 1971. Ian Paice, batterie, en 1972.
La formation
L'histoire du Velvet Underground commence à la fin de l'année 1964, quand Lou Reed, un jeune new-yorkais fou de Bob Dylan, rencontre John Cale, un Gallois disciple de La Monte Young. Ensemble, les deux jeunes hommes fondent un groupe, The Primitives, qui allait souvent changer de nom : The Warlocks, The Falling Spikes, puis, enfin, The Velvet Underground (du nom d'un ouvrage traitant de sado-masochisme que Reed tenait de Tony Conrad). À ce moment, les autres membres du groupe sont Sterling Morrison et Angus MacLise.
Les débuts
Le groupe enregistre sa première démo en juillet 1965. Quelques mois plus tard, en novembre, Reed, Cale et Morrison acceptent 75 dollars pour se produire sur la scène du Summit High School. C'est 75 dollars de trop pour Angus MacLise, qui considère qu'accepter de l'argent est de la compromission. Il quitte le groupe.
Maureen Tucker, la petite sœur d'un ami de Sterling Morrison, le remplace. Sur les consignes des autres membres du groupe, elle décide de jouer de manière « inhabituelle », c’est-à-dire debout et sans cymbales. Les bases du Velvet Underground sont posées, et le groupe commence alors à se faire connaître sur la scène de New York.
La même année, Paul Morrissey incite son associé Andy Warhol à prendre le groupe sous son aile.
Désormais, Reed, Cale, Morrison et Tucker répètent à la Factory de Warhol. Mais selon leur nouveau manager, il leur manque quelque chose : un cinquième membre, capable de chanter et de retenir toute l'attention sur lui. Ce sera Nico, une mannequin allemande qui avait déjà fréquenté la Factory par le passé.
Le Velvet Underground profite de la notoriété de leur manager pour décrocher un contrat auprès de Verve Records, une filiale de MGM. Pendant plus d'un an, le groupe devient l'attraction centrale du Exploding. Plastic. Inevitable., un spectacle de Warhol qui mêle musique, projection de films et performance artistique sado-masochiste. Le groupe part alors sur les routes d'Amérique du Nord, routes sur lesquelles Angus MacLise rejoint à quelques occasions (et, malgré lui, pour la dernière fois) ses anciens compagnons.
The Velvet Underground and Nico
À la même époque, en 1966, le groupe enregistre son premier album. Andy Warhol ayant obtenu (contre l'avis de Reed) que trois des onze chansons soient chantées par Nico, le disque s'appelle fort à propos The Velvet Underground and Nico.
La pochette est une œuvre originale de Warhol qui allait devenir culte. Elle est composée d'une banane autocollante à côté de laquelle est écrit « Peel Slowly and See » (« Peler lentement pour voir »). Sous l'autocollant, on découvre une banane rose, d'apparence phallique. Une rumeur infondée va même jusqu'à affirmer que la colle de l'auto-collant serait mélangée à du LSD.
L'album à la banane sort en mars 1967. Contrairement à ce qui est souvent affirmé, les ventes de l'album sont dans un premier temps plutôt bonnes. Mais le disque est rapidement retiré de la circulation en raison d'un différend juridique minime entre la maison de disque et un collaborateur de Warhol. Quand le disque est finalement de retour dans les bacs, le public l'a oublié, et les ventes ne suivent pas.
On attribue souvent cette phrase à Brian Eno : « Il n'y a peut être que 1000 personnes qui ont acheté le premier album du Velvet Underground, mais chacune d'entre elles a ensuite fondé un groupe. »
La chanson Venus in Furs de cet album est inspirée du roman du même nom de Leopold von Sacher-Masoch.
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Bridget
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Sujet: Re: LOU REED Jeu 6 Aoû - 22:47
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Lou Reed - « Joyce, Apollinaire et moi...
Chanteur ou poète ? Avec le temps, le géant du rock et chroniqueur inspiré de New York entend être reconnu comme un écrivain à part entière. Rencontre à Paris, à l'occasion de la sortie de ses textes complets, Traverser le feu.
Propos recueillis par, Paola Genone, publié le 13/11/2008[b]
Paris, le 20 octobre. D'une main tremblante, il tourne les pages, en prenant son temps, se fond dans le silence qui règne dans la salle du « 104 ». Devant un millier de fans, Lou Reed, 66 ans, s'apprête à lire quelques-uns des textes extraits de Traverser le feu (Seuil). Un recueil de ses plus belles chansons transcrites sur papier, une longue suite de poèmes. Une heure et demie durant, le « prince de la nuit et des angoisses », comme l'avait surnommé Andy Warhol, va déclamer ses vers d'une voix grave, raide comme la justice. Toujours sur le fil du rasoir.
Le lendemain, assis dans un salon du Virgin Megastore des Champs-Elysées, il confie à L'Express son désir d'être enfin reconnu en tant qu'écrivain. Avant de commencer l'interview, l'auteur de Heroin réclame à son assistante une tisane et du lait de soja.
Puis lance, tout à trac : « Vous aimez mon tee-shirt ? » Le tee-shirt est noir, en coton. Serait-ce l'une de ses mille façons de déstabiliser son interlocuteur ? Le méchant « Lou » déteste les interviews et est réputé avaler tout crus les journalistes.
Mais, contre toute attente, il poursuit : « Dites-moi, little girl, tout ce que vous voulez savoir. Aujourd'hui, je suis un bon Samaritain. »
Quel effet cela vous fait-il de déclamer vos textes, seul sur scène, sans guitare ni musiciens ?
C'est un peu comme marcher tout nu dans un désert en pleine tempête de sable... J'entends ma voix résonner de mots qui semblent avoir été écrits par quelqu'un d'autre. Dans ces cas-là, ma seule façon de surmonter la peur est d'affronter la tourmente. Ce qui est intéressant, c'est que le public est aussi perdu que moi. Les gens ne savent pas comment se comporter face à un Lou Reed qui récite ses chansons : faut-il applaudir entre les textes, comme à la fin d'un morceau ? Peut-on se lâcher et crier pendant la lecture d'un vers, comme on fait durant un solo de guitare ? Mais, petit à petit, mes histoires prennent le dessus : je vois mes personnages défiler sur scène et l'auditoire plonge dans le récit. Car il s'agit bien d'un récit : j'ai toujours conçu les textes de mes chansons comme des nouvelles qui sont liées les unes aux autres et qui composent un roman constitué de plusieurs chapitres.
Traverser le feu rassemble les textes de 30 de vos albums ainsi que des poèmes inédits que vous n'avez jamais mis en musique. Vous considérez-vous, aujourd'hui, plus écrivain que musicien-compositeur de rock ? Je sais nager et je fais du ski nautique. Les deux ne sont pas incompatibles. Une autre question ?
Comment est née votre passion pour la littérature ? A 14 ans, je remplissais mes cahiers de nouvelles et de poèmes. Je lisais énormément, ce qui ne m'empêchait pas de jouer tous les jours avec un groupe de rock que j'avais monté. Je ne savais pas trop si je voulais devenir écrivain, musicien, acteur ou journaliste. A l'université de Syracuse, j'ai suivi des cours dans toutes ces disciplines. Comme acteur, j'étais plutôt nul : dès que je devais jouer un dialogue, c'était la panique. Quant au journalisme, le professeur me disait que mes articles étaient trop personnels, pas assez objectifs. Mais les cours de littérature de Delmore Schwartz [poète et écrivain]... quel bonheur ! Je l'idolâtrais. Quand je l'ai rencontré, il était déjà sur le déclin, alcoolique et à moitié dingue. Mais je n'avais jamais entendu quelqu'un d'aussi brillant. Il avait tout lu et était incroyablement drôle. Je suivais ses cours sur le poète irlandais Yeats.
Quoi qu'il enseignât, j'étais là. Je ne le quittais pas d'une semelle. J'étais son Dedalus, il était mon Bloom [personnages d'Ulysse, de James Joyce]. Je n'ai jamais réussi à lire Finnegans Wake, de Joyce. Mais, quand Schwartz m'en déclamait des morceaux, dans un bar ou chez lui, je comprenais tout. Un jour, plongé dans l'une de ses plus belles nouvelles - In Dreams Begin Responsibilities - j'ai pris conscience soudainement de ce que je voulais réaliser : écrire des chansons de rock avec des textes littéraires. L'idée était banale, mais aucun rocker ne l'avait encore fait.
Certains des textes de Traverser le feu sont présentés sous forme de calligrammes, à la manière d'Apollinaire... Apollinaire, l'auteur de Poèmes à Lou ? Mon plus grand fan ! [Rires.] Effectivement, certains de mes textes, comme Heavenly Arms, du disque The Blue Mask, sont inspirés des calligrammes d'Apollinaire, où les mots composent un dessin lié au sens du poème. J'ai souhaité que les paroles de Heavenly Arms soient représentées sous forme de spirale, pour donner l'image d'une tempête qui attire vers un centre, vers une intériorité. J'ai eu cette idée avec le designer Stefan Sagmeister [auteur de couvertures d'albums de David Bowie ou des Rolling Stones]. Nous avons conçu ensemble la présentation graphique de tous les textes.
Avez-vous une méthode d'écriture ?
J'écris au moins sept heures par jour. Par nuit, plutôt, car je ne dors presque jamais. J'ai une radio allumée en permanence dans ma tête. Je l'entends en ce moment même. Vous croyez que c'est une plaisanterie, mais ça n'en est pas une. C'est une station de radio sur laquelle je suis le seul à être branché : Radio Lou ! J'y entends des soliloques, des conversations, des histoires drôles, des vers...
Tous les textes de mes chansons viennent de là. Si je ne les note pas immédiatement, ils se perdent quelque part dans ma mémoire. Impossible de les récupérer. Je devais avoir 14 ans quand cette radio s'est allumée pour la première fois. Je ne suis pas fou et je sais que ces voix sont le fruit de mon imagination, mais je ne peux pas les contrôler.
Quand il m'arrive de ne plus rien entendre pendant quelques jours, je suis pris de panique ! Cela dit, cette station n'est que la source de mon inspiration ; ce n'est que le début d'un long processus. Une fois le texte transcrit, j'y travaille comme un dingue, parfois pendant des années.
Je ne connais pas le cauchemar de la page blanche, mais je connais l'angoisse de l'écriture, celle des heures sans fin passées autour de trois mots. Je ne peux pas dire si la musique vient avant ou après mes textes, cela dépend.
En revanche, je n'ai jamais écrit une chanson sans avoir pensé au disque dans sa globalité. A partir de l'album Berlin (1973), j'ai commencé à concevoir des personnages que l'on retrouve au fil de tous les morceaux, comme dans une pièce de théâtre. C'est un travail fou. Mais, depuis que j'ai arrêté les drogues, l'alcool et le tabac, ma capacité de concentration s'est nettement améliorée...
Dans le film de Paul Auster Brooklyn Boogie, où vous jouez le rôle d'un New-Yorkais qui rêve de monter une fabrique de lunettes, vous dites ne garder aucun souvenir de votre enfance avant l'âge de 31 ans.
J'aime bien cette phrase... [Rires.] Elle correspond assez bien à ma réalité. Je n'ai pas eu une enfance facile... C'est un thème qui revient dans mes disques, par exemple dans How Do You Speak to an Angel ? : « A son who is cursed with a harridan mother » [Un fils qui est affligé d'une harpie de mère]... Mais je n'ai pas envie de parler de ça. C'est une histoire que l'on connaît.
[Adolescent, Lou Reed se découvre des inclinations homosexuelles. Ses parents, des bourgeois juifs new-yorkais, décident de le faire soigner. Il subit des séances d'électrochocs à la suite desquelles il souffrira de pertes de mémoire, de céphalées et de crises d'angoisse.]
La ville de New York est omniprésente dans vos textes. Comme Woody Allen, vous l'adorez, mais, dans l'album New York (1989), vous en offrez une vision apocalyptique, la comparant à un enfer peint par Jérôme Bosch.
New York, c'est mon ADN. J'adore ses sons, son énergie, les visages incroyables que l'on y croise, le parfum des petits marchés de légumes de Greenwich Village...
C'est la ville de mon ami Paul Auster et de Hubert Selby Jr., l'un de mes écrivains fétiches. Je ne sais pas combien de fois j'ai lu son roman Last Exit to Brooklyn.
J'aime tellement cet homme qu'un jour je me suis mué en journaliste pour l'interviewer. New York déchaîne en moi toutes sortes de sentiments, de la passion à la rage. On dit que mes textes sont noirs, décadents, mais c'est faux. Je ne fais que chroniquer la réalité, comme un reporter. C'est une métropole habitée par des gens sans compassion, impassibles devant un mendiant qui meurt au coin de leur rue. Un enfer où cohabitent violence sexuelle, pédophilie, racisme, deal et corruption.
Et pourtant, c'est dans ce morceau d'Amérique que je puise toute mon inspiration, en contemplant le ciel new-yorkais des baies vitrées de mon studio d'enregistrement de Manhattan ou en mettant en scène ses contradictions : le fabuleux sens de l'humour de ses habitants, aussi bien que le côté sauvage de Christopher Street, le quartier gay.
En 1990, Vaclav Havel a déclaré qu'il avait appelé la révolution tchèque « the Velvet Revolution » [la révolution de Velours], en référence à votre ancien groupe, le Velvet Underground, et à « la musique qui peut changer le monde ». Croyez-vous qu'aujourd'hui la musique américaine possède encore ce pouvoir ?
La déclaration de Vaclav Havel m'accompagnera jusque dans mon tombeau. J'ai rencontré cet homme formidable en 1990, peu après son élection à la présidence. Il m'a raconté qu'en 1968, alors que les chars du Pacte de Varsovie écrasaient le Printemps de Prague, il avait réussi à trouver, je ne sais comment, un vinyle du premier disque du Velvet. Il avait transcrit tous les textes sur un carnet noir, relié à la main ; il les avait ensuite recopiés à 200 exemplaires pour les faire circuler. Il m'a offert l'un d'eux en me disant : « Nous avons tous la même musique intérieure. »
Malheureusement, en observant les Etats-Unis aujourd'hui, je crains que ce ne soit plus vrai. L'Amérique n'est plus le Nouveau Monde. Elle a vieilli, mais elle n'a acquis aucune sagesse.
Et où sont les étudiants ? Je ne les vois pas. C'est d'eux que doit jaillir une nouvelle musique qui nous mette une grande gifle, nous sorte de cet état catatonique. L'unique espoir aujourd'hui est Barack Obama. C'est le seul qui puisse changer notre avenir. Son discours de Philadelphie sur la question raciale aux Etats-Unis restera, d'ores et déjà, gravé dans l'Histoire...
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Bridget
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Sujet: Re: LOU REED Dim 7 Fév - 15:12
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Laurie Anderson, Lou Reed et John Zorn - Festival de Jazz de Montreal - 02/07/2010
Laurie Anderson, Lou Reed et John Zorn seront sur la même scène le 2 juillet 2010 lors d'un concert dans le cadre du Festival International de Jazz de Montréal.
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Bridget
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Sujet: Re: LOU REED Dim 7 Fév - 15:22
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Lou Reed en concert à Paris avec Metal Machine trio
L’ancien membre du Velvet Underground est de retour en 2010 avec sa nouvelle formation Metal Machine trio. Le groupe sera en tournée européenne au printemps prochain et se produira notamment le 21 avril 2010 à la Cigale, à Paris. A 68 ans, le rockeur n’en a pas fini de nous surprendre, après avoir traversé des décennies du rock’n’roll.
La dernière fois que Lou Reed avait joué à la capitale remonte à 2008, dans la salle Pleyel, afin d’y jouer son album solo "Berlin", sorti en 1972 et devenu un classique du rock. Cette année, il jouera l’album "Metal Machine Music", qui date de 1975. Il sera accompagné du New-Yorkais Sart Alhoun et de l’Allemand Ulrich Krieger.
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Bridget
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Sujet: Re: LOU REED Mer 9 Mar - 20:58
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Lou Reed, escale estivale
Cet été, Lou Reed, indéboulonnable ancien leader du Velvet Underground à l’aube de sa septième décennie fera escale à Paris au Grand Rex, pour un concert 100% rock’n’roll.
Mardi 5 juillet, Lou Reed sera en concert à Paris, sur la scène du Grand Rex.
On ne présente plus le charismatique New-yorkais… Avant-gardiste, poète urbain, ancien cerveau du Velvet Underground, Lou Reed trimbale sa carcasse d’icône du rock depuis plusieurs décennies.
Esthète et dandy désormais âgé de 69 ans, il a incarné avec panache un concentré des pires cauchemars des Etats-Unis : rock’n’roll, marginalité, provocation extrême, décadence, pulsions suicidaires...
Heroin, Walk On The Wild Side, Dirty Boulevard, Perfect Day, ses chansons ont traduit les étapes d’un parcours initiatique, de l’avant-garde sauvage à la rédemption, jusqu’à la liberté…
Après avoir présenté en 2007 son mythique concept-album de 1973 Berlin, et en 2010 son Metal Machine Trio, le Lou revient dans la bergerie du Grand Rex pour un concert cette fois 100% rock’n’roll.
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Bridget
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Sujet: Re: LOU REED Dim 27 Oct - 19:38
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La légende du rock américain Lou Reed est mort
Lou Reed, légende du rock américain et ancien leader du groupe Velvet Underground, est mort à l'âge de 71 ans
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Bridget
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Sujet: Re: LOU REED Lun 28 Oct - 0:56
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Une fin de Lou
La dernière fois, à notre connaissance, que Lou Reed est apparu sur une scène française, c’était le 6 mars à la salle Pleyel à Paris. Ce soir-là, il avait rejoint au débotté Antony Hegarty (d’Antony and the Johnsons) le temps d’un Candy Says approximativement spectral.
La voix n’était déjà plus parfaite, mais le timbre grave gardait néanmoins cette sensualité capiteuse qui avait contribué à forger la légende du chanteur. Surtout, on avait été frappé par la difficulté avec laquelle Lou Reed se déplaçait, des petits pas de vieillard qui rappelaient les dernières apparitions en public de Serge Reggiani, par exemple.
Veillant à rester impavide - histoire de ne pas trahir cette réputation de tempérament atrabilaire qu’il entretenait avec un zèle inquiétant -, Lou Reed avait néanmoins ensuite donné l’accolade à Antony, ce qui ne faisait qu’accentuer son apparente fragilité, noyé dans les bras du colosse transgenre.
S’était ensuivie une longue salve d’applaudissements, tel un ultime hommage anticipé à celui dont le nom était voué à s’inscrire sur le frontispice de la légende du rock, dans l’acception la plus sulfureuse que cette catégorie musicale pouvait encore trimballer durant la deuxième moitié du siècle dernier.
Du panthéon métaphorique au mausolée, il n’y a parfois qu’un pas que Lou Reed a franchi définitivement hier, bouclant ainsi la boucle d’un trait d’ironie aussi magistral qu’involontaire, lui qui avait cosigné avec John Cale, Sunday Morning, premier single et titre ouvrant en 1967 l’album The Velvet Underground and Nico, un de ces mythes insurpassables sur lequel le temps n’aura jamais prise.
«Non-identité».
Lou Reed vient donc de disparaître, à 71 ans. Ce qui constitue plus un choc qu’un coup de théâtre, s’agissant d’un homme qui avait subi en avril une transplantation du foie, après que sa femme, la chanteuse arty Laurie Anderson, qu’il avait finie par épouser en 2008, l’ait cru perdu pour de bon.
Cette intervention l’avait contraint à annuler des concerts, mais certainement pas à capituler, lui qui, très méthode Coué, déclarait encore, début juin, sur son site : «J’incarne le triomphe de la médecine moderne. Je me sens plus grand et plus fort que jamais. Mon style chen [une variante du tai-chi-chuan, qu’il pratiquait assidûment depuis des lustres, ndlr] et un bon régime alimentaire m’ont été bien utiles durant toutes ces années… Il me tarde maintenant de revenir sur scène et d’écrire de nouvelles chansons qui toucheront votre cœur et votre esprit.»
Hormis d’inéluctables chutes de studios, versions alternatives et autres fonds de tiroirs que la maison de disques et les ayants droit sauront toujours exhumer le moment venu afin de garnir tel ou tel coffret, Lou Reed ne sortira plus de disque.
Ce qui ne l’empêche pas de laisser un héritage si considérable que les générations à venir continueront certainement à l’inventorier.
Né Lewis Alan Reed, à New York le 2 mars 1942, le garçon d’origine juive suit des études de littérature à l’université de Syracuse, avant de fonder un groupe, le Velvet Underground, avec John Cale, Sterling Morrison et Moe Tucker (plus Nico en égérie fugace) en 1965.
Deux ans plus tard, celui à qui on a fait expérimenter ado la gégène, soi-disant pour essayer de lui faire passer ses penchants homos, devient un peu au sein de la Factory, une des marionnettes du pygmalion Andy Warhol, qui les «produit» (entre autres, selon diverses sources cancanières).
«La première leçon que Lou Reed reçut de Warhol, analysa le rock-critic Lester Bangs, fut que pour réussir à devenir ce genre de non-identité destinée à la consommation de masse, il fallait savoir ériger mur sur mur pour renforcer ceux que votre propre vulnérabilité perverse avait déjà dressés.» Ou, du même, version sardonique : «Lou Reed est un nain pathétique et un pervers dépravé, un talent gâché, symbole de cette génération qui n’a pas l’énergie de se suicider.» Fermez le Bangs, si on peut dire.
Quoi qu’il en soit, l’arrogance en sautoir, avec cette noirceur roide au service d’une éthique underground propice à tous les fantasmes, le Velvet tient trois ans et quatre albums, qui ne gagnent pas bésef, mais creusent un sillon immarcescible que l’évocation de titres tels que Heroin, I’m Waiting for the Man, White Light/White Heat ou Venus in Furs suffit à situer.
A peine retiré de la vie en communauté (vraiment pas son truc), une étoile au firmament, David Bowie, lui remet fissa le pied à l’étrier. On raconte communément que les deux hommes furent amant. Un seul des deux pourrait aujourd’hui en témoigner - et encore. Ce qui ne fait aucun doute, en revanche, c’est que Bowie va relancer la carrière du Lou solitaire en produisant un disque qui fera plus que date, Transformer, dont on se souviendra avoir longtemps contemplé la pochette cultissime. Vicious, Perfect Day… et surtout Walk on the Wild Side, l’évocation suavement hypnotique d’un tapin de la Factory, qui devient un classique.
C’est reparti pour un tour, qui ne s’arrêtera plus. Symbole vénéneux d’une autodestruction amplifiée, Lou Reed ne sera jamais un gros vendeur.
Mais quantité de ses enregistrements font date, notamment auprès de la communauté rock qui lui voue, surtout en Europe, un culte sans réserve. Au moins pendant une quinzaine d’années. Avant que l’intérêt artistique ne commence sérieusement à se diluer (disons jusqu’à New York, en 1989, négociable à Songs for Drella, en 1990, guère au delà).
Lou Reed, comme on l’a mentionné plus haut, était un type notoirement exécrable que beaucoup de journalistes appréhendaient de rencontrer, en dépit de l’attirance légitime que sa saga inspirait.
Quiconque l’a côtoyé un jour citera volontiers une anecdote concernant ses réponses laconiques, son attitude absente, autoritaire, cassante, revêche (on pourrait encore aligner comme ça cinquante adjectifs).
Y compris en public où, dans ses notes de concert en 1992, il présente un programme de musique «importante», devient pontifiant à mourir et va même jusqu’à exprimer une ironie glaçante, rabrouant certains spectateurs dès l’instant qu’ils extériorisent un peu trop, à son goût, leur plaisir de partager un moment agréable (?) en sa compagnie.
Pour un tel misanthrope, il convient cependant d’observer que toute sa vie durant, Lou Reed a collectionné les collaborations, témoignant d’une curiosité, voire d’une audace considérable, dans ses choix, lui qui, tout jeune, se passionnait autant pour le rock, que le doo wop ou le jazz (et enregistera avec Metal Machine Music un des plus fameux seppukus commerciaux de l’histoire du rock). Longue comme le bras, sa liste de projets parallèles comporte une kyrielle de noms, parfois inattendus.
En vrac, il collabore avec le metteur en scène Bob Wilson (une adaptation du Lulu de Wedekind, POEtry, autour de la figure de Poe, la comédie musicale Time Rocker) ; joue au cinéma chez Paul Auster et Wayne Wang (Brooklyn Boogie) et Wim Wenders (Si loin, si proche !), se confie à Julian Schnabel (le docu Berlin), compose avec le groupe Metallica (Lulu, again), reforme le Velvet (un Olympia correct, en 1992), lit ses propres poèmes, publie ses photographies (beaucoup de natures mortes).
Ne cesse jamais de faire la gueule. Et rétorque, le jour où ,quelqu’un s’étonne de son comportement : «On n’avait qu’à pas m’inviter.» Une question qui, elle, ne se posera plus.
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Bridget
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Sujet: Re: LOU REED Lun 28 Oct - 19:52
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LOU REED MUSICIEN AMERICAIN
Sa voix blanche et sa plume noire avaient fait perdre au rock son sourire adolescent. Elles avaient persuadé que la mise en notes et en mots des premiers émois sexuels pouvaient aussi saisir la froide réalité du monde, les ambiguïtés des corps, la profondeur délétère de l'âme.
Avec le Velvet Underground, puis sous son nom, Lou Reed a suscité une des plus fascinantes et influentes usines à fantasmes de la culture new-yorkaise et de l'histoire de la pop. Jusqu'à ce que la mort, à l'âge de 71 ans, de cet auteur-compositeur-interprète iconique, complice d'Andy Warhol et de David Bowie, soit annoncée dimanche 27 octobre.
En mai, le créateur de Walk on the Wild Side avait subi une greffe du foie à la Mayo Clinic de Cleveland (Ohio). Il avait dû annuler une série de concerts en avril et notamment deux soirées au festival de Coachella, en Californie.
Quelques semaines plus tard, sa femme, la musicienne et performeuse Laurie Anderson, reconnaissait que le chanteur avait frôlé la mort, mais se montrait relativement optimiste. " Je ne pense pas qu'il s'en remettra totalement, mais il reprendra des activités dans quelques mois. Il s'est déjà remis au tai-chi. "
" Je suis un triomphe de la médecine moderne ", déclarait de son côté le New-Yorkais dans un message posté le 1er juin sur son site Internet. " Je suis plus grand et plus fort que jamais. " Il se disait alors impatient de remonter sur scène et d'écrire de nouvelles chansons pour " entrer en connexion avec vos coeurs, vos âmes et l'univers ".
THE ANDY WARHOL MUSEUM, PITTSBURGH, PA, MUSEUM OF CARNEGIE INSTITUTE
Né à Brooklyn le 2 mars 1942, dans une famille juive de la moyenne bourgeoisie, Lewis Allan Reed a grandi à Freeport, banlieue conformiste située sur Long Island. Comme la Jenny de sa chanson Rock'n'Roll, ce fils de comptable découvre à la radio les prémices de cette révolution générationnelle. Il tombe amoureux du rhythm'n'blues de la Louisiane, du rockabilly du Tennessee, et particulièrement des harmonies vocales du doo-wop new-yorkais. Des passions auxquelles il restera toujours fidèle.
Après un essai au piano, il se met à la guitare, en s'intéressant moins au solfège qu'aux solos de Roy Orbison ou de Scotty Moore (le guitariste d'Elvis Presley). Il forme ses premiers groupes au lycée, au même moment qu'il prend conscience de sa bisexualité. Des premiers poèmes évoquent ce trouble qui devient irréparable traumatisme quand ses parents, inquiets de son excentricité - l'homosexualité est alors un grand tabou aux Etats-Unis -, l'envoient chez un psychiatre, qui préconise des cures d'électrochocs.
La cruauté de ce traitement (relatée dans la chanson Kill Your Sons en 1974), doublé d'une chimiothérapie, restera gravée dans sa psyché telle une marque au fer rouge. Certains verront dans cette blessure adolescente les racines de ses accès misanthropes, de sa haine du patriarcat, de son goût de la distanciation, même quand il explorera l'autodestruction ou le sadomasochisme.
Surmontant une longue dépression, le jeune homme part étudier à l'université de New York, dans le Bronx, puis à celle de Syracuse. Il y découvre l'avant-garde jazz, l'histoire de l'opéra, du théâtre et la mise en scène. Animateur à la radio universitaire, il y diffuse du jazz, mais aussi du rock'n'roll et du rockabilly.
Si l'étudiant s'identifie à l'anticonformisme et au mode de vie beatnik, lui manque encore un déclic pour faire le lien entre ses goûts musicaux et littéraires. Au début des années 1960, Lou Reed est impressionné par l'un de ses professeurs, le poète Delmore Schwartz. " Avec lui, j'ai étudié Yeats et Keats, nous confiait le chanteur, en octobre 2008. La seule fois où j'ai compris Finnegans Wake de Joyce, c'est quand il nous l'a lu à haute voix. "
Dans sa jeunesse, ce professeur, qui devait finir fou et alcoolique, avait connu des succès d'écrivain. " Quand j'ai lu sa nouvelle, In Dreams Begin Responsabilities, rappelait Lou Reed, j'ai été subjugué par la façon dont quelqu'un d'aussi brillant pouvait écrire aussi simplement. J'ai pensé que cette sobriété pourrait parfaitement se marier à une guitare. "
Le théâtre et le cinéma seront d'autres sources d'inspiration. Dans ce même entretien au Monde, le chanteur confessait : " La tirade de Brando parlant à son frère, dans Sur les quais, était à la fois simple et bouleversante : "J'aurais pu avoir de la classe, j'aurais pu être un champion, j'aurais pu être quelqu'un au lieu du tocard que je suis." J'imaginais ça avec une guitare. Pareil quand Vivien Leigh jouait Blanche DuBois dans Un tramway nommé Désir : "J'ai toujours dépendu de la gentillesse des étrangers." Quelle trompeuse simplicité ! "
Il comprend qu'il peut connecter cette esthétique à l'efficacité d'écriture des pionniers du rock'n'roll et de la violente sensualité des bluesmen. " J'ai très consciemment essayé de rapprocher le rock de la littérature, nous expliquait-il. Dans les pièces et les livres, l'auteur a le droit d'écrire ce qui se passe réellement. Pourquoi la vérité des faits et des sentiments était-elle refusée aux chansons ? "
Si Lou Reed suit une route ouverte par Bob Dylan pour faire entrer le rock dans un âge adulte, son ambition littéraire préférera graver à l'acide la marginalité urbaine, loin de ce que seront les envolées lyriques d'autres poètes rock, tels Patti Smith ou Jim Morrison.
Lou Reed & John cale
A New York, où il s'installe en 1964, le diplômé en littérature anglaise se met à composer pour les disques Pickwick, une marque cherchant à exploiter les tendances musicales à la mode. Il fait à cette occasion la connaissance d'un musicien gallois, guitariste et altiste, proche des milieux de la musique contemporaine, John Cale, avec qui il forme un groupe dont les avatars successifs sont baptisés Primitives, Warlocks, Falling Spikes et enfin Velvet Underground, du nom d'un ouvrage de Michael Leigh consacré à la vie sexuelle interlope.
D'abord méprisant vis-à-vis du rock'n'roll, John Cale comprend le potentiel de son complice quand celui-ci lui joue des compositions plus personnelles, tel ce saisissant autoportrait d'un junkie, baptisé Heroin. " Les morceaux que Lou avait écrits pour Pickwick n'avaient rien de neuf ou d'excitant, dira plus tard l'altiste. Puis il m'a joué Heroin et ça m'a renversé. Les paroles et la musique étaient réellement lubriques et dévastatrices, et elles collaient parfaitement à ma conception de la musique. "
Lou Reed recrute à la guitare un ancien camarade de fac, Sterling Morrisson, et une batteuse au style primitif, Moe Tucker, avec lesquels lui et Cale conçoivent un son aux antipodes de l'euphorie pop ou de l'utopie hippie qui s'annonce.
The Velvet
Au service de textes explorant l'aura toxique des transgressions, les musiques du groupe flirtent avec une douceur vénéneuse et une violence atonale. Repéré par deux collaborateurs d'Andy Warhol, l'artiste Gerard Malanga et le cinéaste Paul Morrissey, lors de performances au Café Bizarre, un club de Greenwich Village, le Velvet devient le groupe fétiche de la Factory, où se retrouve l'exubérante faune warholienne.
A la fois mécène et conseiller du groupe, Warhol invite le quatuor à participer à ses spectacles multimédias (Up Tight, Exploding Plastic Inevitable), lui suggère d'accueillir en son sein l'ancien mannequin Nico, et dessine la pochette de son premier album (à la banane suggestive), The Velvet Underground & Nico.
Garni de futurs classiques (Sunday Morning, Venus in Furs, I'm Waiting For the Man, Femme Fatale...), chantant paranoïa, addiction ou déviance érotique, le disque ne connaît aucun succès lors de sa sortie en 1967. Pourtant, comme le dira Brian Eno, cofondateur de Roxy Music et producteur visionnaire, " très peu de gens ont acheté ce disque, mais chacun d'entre eux a formé un groupe ".
Cet impact artistique inversement proportionnel à la réussite commerciale, caractérisera aussi les trois albums suivants, qu'il s'agisse des distorsions amphétaminées de White Light/White Heat (1968), de l'élégance mélancolique de The Velvet Underground (1969), qui voit le groupe passer sous le seul contrôle de Lou Reed après la rupture avec John Cale, ou enfin de Loaded (1970), disque de l'éparpillement (Lou Reed quitte le groupe le 23 août 1970) malgré ses deux tubes potentiels, Sweet Jane et Rock'n'Roll.
Parmi les premiers courants à revendiquer l'influence du Velvet et de son leader, le glam rock triomphe sous le signe de la décadence et de l'androgynie au début des années 1970. Nouvelle idole du genre, David Bowie relance en 1972 la carrière de Lou Reed en produisant, avec son guitariste Mick Ronson, Transformer, deuxième album solo de son modèle.
Outrageusement maquillé, l'ex-Velvet surfe sur cette vague grâce à des titres comme Satellite of Love, Vicious, Perfect Day et surtout Walk on the Wild Side, dont le saxophone et les doo-doo-doo féminins transforment en hit inattendu cette histoire de travestis, de drogues et de fellation.
A 30 ans, même s'il est plus drogué que jamais, le New-Yorkais semble enfin accéder au statut de rock star. Considéré aujourd'hui comme l'un des sommets de sa discographie, son album suivant, Berlin (1973), s'aventure avec audace vers une chronique de la déchéance, dans une forme empruntant aux codes de la comédie musicale.
Magnifiquement réalisé par le jeune Bob Ezrin, qui décore l'ensemble d'arrangements de cordes et de choeurs baroques, l'album présente l'histoire de Jim et Caroline, de leur amour miné par la drogue, la débauche, la violence, jusqu'au suicide de l'héroïne, à qui on a retiré ses enfants.
Le chanteur n'avait encore jamais mis les pieds à Berlin. Grand amateur d'expressionnisme allemand, il s'intéresse surtout à la force symbolique du Mur, métaphore de la séparation et de la schizophrénie d'antihéros qui enterrent le rêve hippie avec une radicalité annonçant les punks.
Jamais dans le rock, on n'avait parlé aussi crûment de la glaciation des relations humaines. " La pop ne parle jamais d'amour de façon réaliste, observait le chanteur lors d'une rencontre avec Le Monde, en juin 2007. Je voulais évoquer de vraies émotions, imaginer comment aurait procédé Hubert Selby Jr. s'il avait écrit du rock.
Le sujet principal de Berlin était la jalousie, un sentiment partagé par tous. Ça n'aurait pas dû poser de problème. " Pourtant, cet album est un cinglant échec critique et commercial, plongeant l'artiste dans une amertume dont il ne sortira qu'à la fin des années 2000, à la faveur d'une tournée présentant enfin en concert l'intégrale de ce disque, dans un spectacle décoré par le peintre Julian Schnabel (qui en réalisa aussi le concert filmé).
Au milieu des années 1970, l'échec de Berlin augmente un peu plus son instabilité. Accentuant son personnage décadent, Lou Reed bâcle Sally Can't Dance, mais retrouve le succès, en 1974, avec les guitares quasi hard-rock du live Rock'n'Roll Animal. Ce qui ne l'empêche pas de se saborder l'année suivante avec Metal Machine Music, double album de sons électroniques volontairement insoutenables. Surtout destiné à dégoûter RCA, sa maison de disques de l'époque, cette " oeuvre " est aussi considérée comme l'un des actes fondateurs de la musique industrielle.
Erratique, la fin des années 1970 le voit produire des albums attachants, comme le délicat Coney Island Baby (1976), des quêtes intrigantes, tel le lancinant Street Hassle (1978), ou des pensums, comme The Bells (1979), à un moment où le mouvement punk puis la new wave ne cessent de se réclamer du Velvet.
Lui qui avait fini par sombrer dans l'alcoolisme, après avoir essayé d'arrêter héroïne et amphétamines, commence à sortir de ce long tunnel autodestructeur au début des années 1980. Grâce au tai-chi, à l'abstinence et à la vie maritale, le chanteur semble retrouver la santé, même si artistiquement des albums comme The Blue Mask (1982) ou Legendary Hearts (1983) se révèlent trop conventionnels.
Après avoir survécu à tant d'excès, Lou Reed se transforme petit à petit en institution culturelle. S'il ne dédaigne pas les provocations, en particulier auprès des journalistes, l'ex-zombie androgyne s'engage maintenant pour de grandes causes comme le Farm Aid, initié par Bob Dylan, pour aider les fermiers victimes de la sécheresse, Amnesty International ou la lutte contre l'apartheid - le single Ain't Gonna Play Sun City.
Marqué par le décès de son ancien mentor Andy Warhol, en 1987, il retrouve John Cale pour travailler au projet d'un album hommage, le très dépouillé et touchant Songs For Drella, qui sort en 1990.
La même année, à la Fondation Cartier de Jouy-en-Josas, à l'occasion d'une exposition consacrée à Warhol, le duo interprète ces chansons avant d'être rejoint, au rappel, par Moe Tucker et Sterling Morrison pour un Heroin fulgurant.
Une reformation qui se prolonge en 1993 pour une tournée inattendue en Europe, dont le double CD live MCMXCIII reste un témoignage sans lendemain, Lou Reed se fâchant entre-temps avec John Cale, avant que Sterling Morrison décède d'un cancer en 1995.
En vieillissant, le Pasolini du rock a laissé tomber la luxure pour observer des personnages plus simples. Un rôle de chroniqueur auquel la sobriété de son écriture et son incomparable phrasé de natif de Brooklyn, hésitant entre chant et narration, le prédestinaient.
Sur ce mode, il retrouve le devant de la scène avec les albums New York (1989) et Magic and Loss (1991). Fait chevalier des arts et des lettres par Jack Lang en 1992, sans cesse célébré par de nouvelles fournées de rockers (R.E.M., Nirvana, The Strokes, The Kills...), l'ex-ange noir du caniveau poursuivra dans cette veine rigoriste (Set the Twilight Reeling, en 1996, Ecstasy, en 2000), tout en publiant des recueils de ses textes - Parole de la nuit sauvage, Traverser le feu -, en exposant ses photographies ou en tournant des courts-métrages.
Encouragé peut-être par sa compagne, l'artiste multimédia Laurie Anderson, avec laquelle il s'est marié en 2008, Lou Reed s'est aussi impliqué dans des projets théâtraux, collaborant avec le metteur en scène Bob Wilson à l'occasion de Time Rocker, adaptation de La Machine à remonter le temps d'H. G. Wells, et de POE-try, consacré à des poèmes d'Edgar Allan Poe, dont le chanteur a tiré l'album The Raven en 2003.
Après un album de musique méditative, Hudson River Wind Meditations (2007), contrepoint zen du terrible Metal Machine Music, Lou Reed collabore en 2011 avec Metallica, dans le déroutant Lulu, inspiré par deux pièces du dramaturge allemand Frank Wedekind. Les textes chantés-parlés du New-Yorkais y rencontrent les lourds maelströms de guitares des géants du heavy metal. Comme si l'influence et la reconnaissance de l'ancien Velvet n'avaient décidément plus de limite.
Stéphane Davet /Le Monde
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liliane Admin
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Sujet: Re: LOU REED Lun 28 Oct - 19:57
Juste pour le plaisir, l'album que je préfère (et en entier) :
Track Listing :
01 "Romeo Had Juliette" 02 "Halloween Parade" 03 "Dirty Blvd." 04 "Endless Cycle" 05 "There Is No Time" 06 "Last Great American Whale" 07 "Beginning of a Great Adventure" 08 "Busload of Faith" 09 "Sick of You" 10 "Hold On" 11 "Good Evening Mr. Waldheim" 12 "Xmas in February" 13 "Strawman" 14 "Dime Store Mystery"
Dernière édition par liliane le Jeu 14 Fév - 9:47, édité 1 fois
Bridget
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Sujet: Re: LOU REED Mer 30 Oct - 13:06
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HOMMAGE
Après l'annonce de la mort de Lou Reed, un triste dimanche soir, de nombreux documents sur le chanteur ont été ou seront bientôt exhumés sur le Web, à la radio et à la télévision, alors que l'écoute en streaming de ses morceaux sur Spotify a bondi de 3000 %, peu après l'annonce de sa disparition. Il est temps de faire le point.
- Comme nous vous le signalions lundi, le site américain IndieWire a mis en ligne Red Shirley, le court-métrage réalisé par Lou Reed sur sa cousine polonaise émigrée au Canada.
- Arte diffusera le documentaire Lou Reed : Cœur de rock ce jeudi 31 octobre 2013 à 23h50, avec notamment des interviews de David Bowie, Patti Smith et John Cale, soit une plongée dans la scène underground new-yorkaise des années 60 et 70.
La chaîne rediffusera ensuite à 1h00 le concert de Lou Reed enregistré aux Vieilles Charrues en 2011. (Et également disponible sur Arte Live Web)
- Vendredi 1er novembre, la chaîne Toute l'histoire réalise une soirée spéciale Lou Reed dans le cadre de l'émission Les icônes du Rock, présentée par André Manoukian à 20h40.
- Le 2 novembre, Paris Premiere diffusera à 19h45 le documentaire Rock Legends : The Velvet Underground, qui met notamment la lumière sur la relation du groupe avec Andy Warhol.
- Sur YouTube évidemment, de nombreuses vidéos sont disponibles, dont sa version de Perfect Day lors du Montreux Jazz Festival en 2000, mise en ligne par Eagle Rock :
- Et enfin sur Nova ce soir, mercredi 30 octobre, une spéciale sera déclinée sur le thème : Lou Reed est un sale con. (voir le détail sur le site de la radio).
Dernière édition par Bridget le Dim 10 Fév - 16:01, édité 1 fois
Bridget
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Sujet: Re: LOU REED Dim 24 Nov - 0:59
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La dernière photo de Lou Reed, signée Mondino
Le site officiel de Lou Reed vient de publier la dernière photo de l'artiste. Elle est signée Jean-Baptiste Mondino et remonte à deux semaines.
«Il y a deux semaines environ, Lou a effectué une session photo destinée à servir de publicité pour l'entreprise française de casques audios de son ami Henri Seydoux.
Le célèbre photographe Jean-Baptiste Mondino a réalisé les clichés, et celle-ci était la toute dernière de la série. Toujours solide et fiable.», écrit Tom Sarig, l'ancien manager de la star disparue
Lou Reed avait débuté sa carrière devant les caméras de Warhol et Jonas Mekas. Il est mort après avoir été filmé par Farida Khelfa, muse de Gaultier et documentariste du couple Sarkozy. On n'a pas toujours la fin qu'on mérite
On apprenait la semaine dernière que la dernière photo prise de Lou Reed était signée Jean Baptiste Mondino, pour une campagne de publicité de la marque de casques Parrot Zik, qui appartient à Henri Seydoux.
On se souvient que Carla Bruni avait posé pour la même marque. Et, vient de tomber, la nouvelle que la dernière interview accordée par le chanteur a été faite durant cette session, et filmée par Farida Khelfa, épouse d’Henri Seydoux. C’est elle qui, d’ailleurs, vient de signer le documentaire sur les coulisses de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, diffusé récemment sur D8.
Au début de sa carrière, Lou Reed, se faisait filmer par Andy Warhol et Jonas Mekas. Il aura terminé son parcours, l’air fatigué, la voix trainante, les yeux jaunes, en répondant aux questions de l’ancienne muse de Jean Paul Gaultier, lui parlant lapidairement de son père, de sa première guitare, du son qu’il aime, du fait qu’il vient de remasteriser tous ses albums (sa maison de disques doit s’en frotter les mains) et confessant notamment ceci : « je suis très affecté émotionnellement par le son. Tout comme tu peux l’être, toi, par une robe ».
Toujours le sens du bon mot, même au bord du gouffre.
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Bridget
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Sujet: Re: LOU REED Dim 10 Avr - 16:21
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Lou reed and Elvis Costello live-set the twilight relling
Nombre de messages : 2631 Age : 73 Localisation : Paris Date d'inscription : 13/05/2008
Sujet: Re: LOU REED Sam 22 Juil - 23:51
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LOU REED JOHN CALE SONG FOR DRELLA
Songs for Drella est un concept album de Lou Reed et John Cale, anciens membres du groupe The Velvet Underground, en hommage à Andy Warhol. L'album constitue la première collaboration de Lou Reed et John Cale depuis leur séparation en 1972. À la suite du décès de Warhol en février , ils ont retracé, de manière romancée la vie d'Andy Warhol, parfois à la première personne, parfois à la troisième personne en insistant sur les relations interpersonnelles et les sentiments que Lou Reed et John Cale ont éprouvé pour Warhol.
Drella est un surnom superstar de Warhol. Ce terme, qu'Andy Warhol n'appréciait pas, est un amalgame de Dracula et de Cinderella Cendrillon .
Reed and Cale ont joué ces chansons en concert à partir de 1989- notamment à la Fondation Cartier de [Jouy en Josas, pour le vernissage de l'exposition consacrée à Andy Wahrol, le 15 juin 1990 - et les ont enregistré en studio, en 1990.
Studio Album, released in 1990
Tous les titres sont écrits par Lou Reed et John Cale.
Lou Reed : voix, guitares
John Cale : voix (sur les titres marqués †), violon, claviers, piano
Small Town - 2:04
Open House - 4:18
Style It Takes - 2:54 †
Work - 2:38
Trouble with Classicists - 3:42 †
Starlight - 3:28
Faces and Names - 4:12 †
Images - 3:31
Slip Away (A Warning) - 3:05
It Wasn't Me - 3:30
I Believe - 3:18
Nobody But You - 3:46
A Dream - 6:33 †
Forever Changed - 4:52 †
Hello It's Me - 3:13
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Bridget
Nombre de messages : 2631 Age : 73 Localisation : Paris Date d'inscription : 13/05/2008
Sujet: Re: LOU REED Dim 6 Jan - 15:34
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Michael Imperioli dans les pas de Lou
Lou Reed, en 1976 à Toronto. Photo Reg Innell. Toronto Star via Getty Images
Par Philippe Garnier
Connu pour son rôle dans «les Soprano», l’acteur américain publie «Wild Side», un roman initiatique dont le héros, un ado candide fraîchement débarqué dans le Manhattan des années 70, se lie d’amitié avec le voisin du huitième, rock star envapée, et son entourage.
On attendait tout sauf ça de l’acteur Michael Imperioli, le neveu à grand pif de Tony Soprano dans le feuilleton historique, celui qui s’applique dur pour monter en grade mais qui merde régulièrement à cause des drogues, de sa copine chiante, ou de ses ambitions d’écrivain, justement. Dans le divin feuilleton, c’est tout juste s’il ne tuerait pas pour placer son fameux scénar. On ne sait pas ce qu’il a fait pour se faire éditer par Akachic Books. Sans doute juste charmer son monde de sa voix plombée des amygdales. Parce qu’au lieu de l’histoire habituelle «mon-père-tenait-un-bar-dans le New Jersey» ou «mon-oncle-Fabio-était-hit-man-pour-les-Bonnano», on a ici une sorte d’Attrape-cœur revisité façon Manhattan 1974. Ce genre de comparaison est presque toujours l’apanage des retapes d’attachés de presse ou des critiques flemmards, mais ici l’auteur lui-même semble le revendiquer.
Ne pas se laisser abuser, donc, par le titre «français», Wild Side, qui lorgne sur le tou-tou-dou, tou-dou-tou-tou-dou de Vous Saurez Vite Qui, ni par la couverture volontairement (on l’espère) mocharde que nous infligent les gens d’Autrement, comme s’ils préféreraient avoir affaire à une resucée de Taxi Driver ou des mémoires d’un male prostitute sur le bitume fumant de Manhattan. Jody Foster, es-tu là ?
Ben non. Difficile de faire plus neutre que son héros, Matt, un ado bon fils bon gars à qui il arrive des tas d’histoires, mais qui n’est pas vraiment un foudre de révolte. De son Queens natal, après l’abandon de son père il se retrouve parachuté dans un appart cossu de la 52e à Manhattan en bordure de l’East River. Il est un peu l’étranger au paradis. L’immeuble a un concierge en uniforme. Son voisin du huitième est un type pas comme les autres. Mais Matt ne la ramène jamais, même à sa nouvelle école, qui heureusement ne joue pas un grand rôle dans le livre. Ce roman d’initiation se cantonne principalement dans l’immeuble de la 52e. De manière rafraîchissante, Matt n’est jamais défensif, dit peu de gros mots - jamais de «bullshit» avec lui (étrange pour un ado) ; il ne ment pas, même pour se faire mousser devant Veronica, la fille inaccessible et étrange dont il tombe vite amoureux. Il ne ment pas plus devant le voisin du huitième, une fois fait connaissance. Sauf qu’il ne lui dit jamais qu’il habite dans l’immeuble lui aussi.
Besoin d’attaches
Il l’a vu plusieurs fois au restaurant dans lequel il a pris un boulot de livreur pour se faire de l’argent de poche. En plus d’être éternellement habillé de noir, le type est blond péroxydé et a une croix de fer dessinée derrière la tête à la tondeuse. Il est toujours en compagnie d’une drôle de fille à l’air étrangère, et plus étrange que Matt ne le croit. Matt leur livre des trucs un soir - avec beaucoup de pickles dit la commande. Il apprendra aussi que le locataire ne ferme jamais sa porte quand il est à l’appart. Il fait beaucoup de bruit, des vacarmes industriels inquiétants qui sortent d’immenses haut-parleurs, mais personne ne se plaint. Ou du moins la direction de l’immeuble le couvre.
C’est Lou Reed, oui, mais ne vous sauvez pas déjà. Car la grande gageure du livre est en même temps sa plus grande réussite. «Lou» (jamais Reed) est plus le voisin du huitième qu’une quelconque icône rock. Matt n’est pas un fan, connait à peine sa musique. Il a juste besoin d’attaches. Lou, avec toutes ses idiosyncrasies de speed freak (distrait, imprévisible, explosif, tendre), est tout un monde pour Matt, qui ne veut rien tant qu’être accepté par ce couple étrange.
Le portrait n’en est même pas un, et ne prétend pas l’être. Loin d’être exploiteur, il est en sympathie, sinon sympathique. Rachel, par exemple, qui se montre toujours gentille avec Matt, est un personnage attachant, encore que flou et lointain. Matt ne s’attarde pas sur la barbe qui pointe sous le maquillage ni sur sa carrure étonnante.
On est bien loin du portrait que faisait d’elle Lester Bangs dans sa fameuse interview-pancrace avec le chanteur, publié dans Creem en mars 1975. Bangs s’y demande tout haut ce que celui qu’il nomme le «Mécréant Originel» peut bien fabriquer avec cette «étrange et grande créature avachie qui ne regarde personne et paraît perpétuellement effrayée». Et révèle avec délectation que l’entourage du chanteur la surnomme «Thing» en secret. Un portrait si cruel que Reed avait répondu par voie de presse et banni à vie le journaliste, qui jusqu’ici l’amusait plus que les autres.
La force de ce roman à l’intrigue fort bénigne réside dans les détails apparemment inutiles et les épisodes idiots (une visite à Salem, Massachussetts ; une passe avec sa copine dans l’appartement d’un mec glauque qui regarde du porno en sirotant du gin orange tiède, etc.) Ces épisodes pesants finissent par constituer la glu qui fait exister tout ça. Imperioli a ses moments. Quiconque a connu Manhattan reconnaîtra : «Tous les sons se fondaient en un seul grand bourdonnement de bruit blanc comme un vent régulier ou une marée patiente.» Ou la vérité d’un personnage secondaire comme Jeff, un des deux portiers de l’immeuble. Jeff est sympa avec Matt et sa mère. Il a juste un truc pour les ballerines. Il va à l’autre bout de Manhattan les voir sortir de l’école de danse du Lincoln Center. Juste pour les regarder rire et fumer, ou écouter leurs propos orduriers. «Jeff prétend que les ballerines ça dit plus de gros mots que n’importe qui.»
Et ces détails ne font jamais plus vrais que quand Lou est sur la page. Plus que sa relation avec sa mère (qui veut bien faire) ou avec Veronica (altière, volontaire, vouée au désastre), c’est celle de Matt avec Lou qui offre les meilleurs moments, même quand les choses tournent au chaos. Imperioli est au mieux de sa forme dans ces épisodes qui s’emballent, comme lorsque le môme doit conduire un van emprunté et livrer un baffle pour le compte de Lou. Il a beau protester qu’il ne sait pas conduire, le voisin dans sa vape narcotique ne veut rien savoir, et Matt se retrouve en pleine heure de pointe dans mid-town Manhattan sous la pluie à livrer le lourd bazar. Ce n’est pas loin, juste quelques rues. Et il n’y aura pas mort d’homme. Mais Imperioli réussit à en faire un truc paniquant, on serre le volant pour le gamin, on regarde par la vitre avec la même parano que Ray Liotta dans les Affranchis.
Accès backstage
Il y a aussi une qualité surnaturelle de vécu dans tout ça. Beaucoup ergoteront sûrement sur l’innocence improbable de Matt, mais pas moi. Je sais qu’on peut frôler des expériences folles quand on est jeune et bête, et passer carrément à côté, comme je l’ai fait en 1970 à Manhattan la nuit où je ne cherchais qu’à dormir dans cet appart inespéré, alors que ces deux mecs en cuir noir n’arrêtaient pas de parler de Judy Garland et de Ricky Nelson. En 1971 je ne savais pas ce que cela voulait dire. Je n’avais pas percuté que Terry Ork (futur manager de Television, qui m’avait ramassé à la librairie Cinemabilia) était gay, ni que le mec en cuir qu’on avait ramassé au Max’s Kansas City était le poète-photographe assistant de Warhol Gerard Malanga - tous deux, sinon célèbres, du moins notorious. Donc oui, l’innocence frisant la stupidité, bien sûr que ça existe - et Wild Side le mal nommé en dégouline.
C’est un drôle de roman à sortir en 2018. Tellement pas cool qu’il finit par l’être. Le titre américain est The Perfume Burned His Eyes, d’après une chanson autrement apocalyptique du maître. «Manhattan coule comme une pierre, dans le sale Hudson quel choc/ Ils ont écrit un livre là-dessus, que c’était comme la Rome antique soi-disant/ Le parfum lui brûlait les yeux à force de serrer les cuisses de la fille/ et quelque chose a clignoté un moment puis a disparu…»
Le livre se termine sur une coda dont on se passerait, mais qui révèle au moins la vraie «relation» d’Imperioli et de Lou Reed. Matt roule dans la San Fernando Valley de Los Angeles, la radio matraque les chansons de Lou, qui vient de mourir. Il ne l’avait revu que deux fois, sans que le chanteur le reconnaisse. Une fois à la première d’un film, à New York. Et puis quinze ans plus tard, à un concert de Reed à la Knitting Factory de L.A. Imperioli, lui, n’a eu que cette dernière rencontre, quand la notoriété des Soprano lui permettait l’accès backstage. Il avait 8 ans en 1974, quand Lou Reed expérimentait pour Metal Machine Music, le double album qui a fait fuir les fans dont il ne voulait plus, et qui l’a libéré de son contrat RCA. Ce qui n’empêche pas l’acteur d’avoir écrit un des meilleurs portraits de célébrité, égalant presque ce que faisait Nik Cohn dans sa nouvelle de Granta (1972), «But Richard Widmark», ou Nick Tosches quand il écrit sur sa rencontre avec un joueur de cartes dans un bar près de LAX qui n’est autre que le frère jumeau d’Elvis, pas mort comme sa mère, Gladys, l’a toujours prétendu. Dans les deux cas - et ici aussi - certains détails font si vrai qu’on marche à fond, et pour une seule raison : parce qu’on veut terriblement y croire.
Philippe Garnier
Michael Imperioli Wild Side Traduit de l’anglais (Etat-Unis) par Héloïse Esquié. Autrement, 304 pp., 20,90 €.
Bridget
Nombre de messages : 2631 Age : 73 Localisation : Paris Date d'inscription : 13/05/2008
Sujet: Re: LOU REED Dim 6 Jan - 15:39
Wild Side, de Michael Imperioli : dans l'ombre de Lou Reed
Connu pour son rôle dans la série télévisée Les Soprano, l'acteur américain fait une entrée remarquée en littérature.
Il y a une injustice: on peut jouer dans Les Soprano et avoir du talent. Michael Imperioli, le neveu de James Gandolfini dans la série, effectue une belle entrée en littérature.
Wild Side déborde de sincérité, d'énergie. Matt a de la chance. Dans les années soixante-dix, un héritage providentiel permet à sa mère de quitter le Queens pour s'installer à Manhattan. Le narrateur n'en revient pas. Adieu son quartier mal famé. Tous ses codes ont changé. Dans le hall de l'immeuble, le concierge le salue. Deux étages au-dessus, vit un étrange locataire. Lou est musicien. Il a l'air perpétuellement défoncé. Sa petite amie n'est guère mieux. Il gargouille sa guitare, saute d'un sujet à l'autre, envoie une lettre d'insultes à un journaliste, demande à son jeune voisin de lui rendre un tas de services. Cela vaut une inénarrable balade en camionnette sans permis.
Au lycée, Matt en pince pour la douce, l'impalpable Veronica. Un numéro, celle-là. Elle lui adresse à peine la parole, avoue se prostituer de temps en temps, assure être une sorcière. Le nigaud l'accompagne à une messe noire. Elle l'emmène à une projection de films pornos suédois. Pauvre Matt. Il comprend à peine ce qui se passe sur l'écran. Elle lui répète comme un mantra: «Ne leur donne jamais de munitions.» Quand elle s'énerve, elle dit: «Ne rabaisse pas ma vérité.» Ouh la la. Heureusement qu'elle le laisse l'embrasser. Cette éducation sentimentale se déroule au rythme des juke-boxes. Dans un bar, Lou lui sert son premier gin tonic. Il sera suivi de nombreux autres. Le chanteur - on aura, oui, reconnu Lou Reed - disparaît sans cesse aux toilettes. Matt ne le reverra que des années plus tard, à un concert, devant un urinoir. Lou se souvenait-il de ce gamin qui passait des après-midi entiers à l'écouter? Pas sûr.
Ça n'est pas grave: cela lui a permis de signer ce livre émouvant et drôle, qui se termine dans un hôpital psychiatrique que l'auteur baptise le «Waldorf Hysteria». Imperioli fait preuve d'une grande délicatesse, restitue le parfum de l'adolescence, introduit de la subtilité dans un univers punk. Il a le sens des images («un petit gant blanc qui aurait pu avoir été arraché au bras de Mickey»).
Dans ces pages, tout le monde veut être artiste. Ce souhait est touchant. Veronica rêve d'écrire. Elle a une théorie à ce sujet: le premier roman doit rester dans un tiroir tant que le deuxième n'est pas fini. Si un second manuscrit dort dans le bureau d'Imperioli, il est urgent qu'un éditeur mette la main dessus. Un comédien qui cite Marguerite Duras en épigraphe ne peut pas être totalement mauvais. Duras! Il fallait y penser. Ces Américains !
ÉRIC NEUHOFF
«Wild Side», de Michael Imperioli, traduit de l'américain par Héloïse Esquié, Autrement, 294 p., 21 €.