Le 17 octobre 1918, Margarita Carmen Cansino dite Rita Hayworth naît à Brooklyn (New York). Elle est l’aînée d’une famille de trois enfants (deux jeunes frères).
Son père, Eduardo Cansino, danseur assez célèbre, est d’origine sévillane. Le père d’Eduardo, Don Antonio Casino, a parcouru le monde avec des exhibitions qui ont conquis des foules entières avant de s'installer en Amérique. Il a fondé avec certains de ses enfants une troupe populaire de danseurs andalous, les « Dancing Cansinos », le charme latin étant à la mode aux Etats-Unis. Don Antonio oblige son fils aîné Eduardo à faire de la danse, alors que celui-ci nourrit le rêve de devenir matador. Suite au décès de deux de ses filles, Don Antonio rentre en Espagne avec sa famille et se consacre uniquement à l’enseignement de la danse.
Par la suite, Elisa, une autre de ses filles monta un numéro de danse avec Eduardo, son frère. Ils embarquèrent tous les deux en janvier 1913 pour les Etats-Unis et parcoururent ainsi le pays avec ce nouveau numéro dansé qui devint renommé et qui se révéla particulièrement lucratif.
La mère de Rita, Volga, née Haworth, elle-même danseuse notamment pour les Ziegfeld Follies, est fille d’acteurs irlandais. Elle avait fui le domicile de ses parents, bien décidée à monter sur les planches. Très vite, elle rencontre Eduardo et décide de le suivre dans ses tournées. Ils se marient en 1917
Dès ses premières années, elle se produit dans la troupe familiale des « Dancing Cansino » et danse notamment à 4 ans avec éventail et castagnettes, à l’occasion d’un récital au Carnegie Hall. « J'avais quatre ans lorsque je suis montée pour la première fois sur une scène. Celle du Carnegie Hall. Mon père et ma tante Eliza s'y produisaient en une époque heureuse dans cette Amérique d'après-guerre. Ma prestation consistait à jouer des castagnettes et à danser du flamenco dans un numéro spécialement mis au point pour moi par mon grand-père Don Antonio. Je ne me souviens plus si j'ai été applaudie... Je l'ai sûrement été car le public est toujours indulgent pour les enfants. »
Son père, qu’elle admire, exige d’elle un travail intense, il lui impose des cours de danse rigoureux et particulièrement contraignants.« Travailler, travailler, c’est le seul mot que j’ai entendu pendant mon enfance, confiera plus tard la star Rita Hayworth. Mes parents m’ont appris à danser avant que je marche... » Rita est alors d’une nature réservée, obéissante et d’une timidité maladive.
Avec l’arrivée du parlant, l’âge d’or du music-hall se termine et leurs spectacles ne font plus recette, tant et si bien que le groupe se dissout. Eduardo quitte New York, entasse sa famille dans une roulotte et part au hasard des routes.
Persuadé que l’avenir est aux comédies musicales, il prend la direction de Los Angeles espérant poursuivre sa carrière au cinéma, les latin-lovers étant toujours à la mode. Mais réussir à Hollywood n’est pas facile, alors il fonde une école de danse en 1929 à l’angle de Sunset Boulevard et de Vine Boulevard et c’est un succès. Margarita y perfectionne son apprentissage et sera danseuse professionnelle dès l'âge de 12 ans.
Le krach de Wall Street vient ébranler l’entente familiale et ses finances, et met l'école de danse en danger. Eduardo perd ses économies dans de mauvais placements. Et les Cansino, bohèmes dans l’âme, repartent sur les routes dans leur roulotte dès la première offre intéressante.
Eduardo pousse sa fille à suivre ses cours de danse, et elle se révèle la plus disposée à prendre la relève. Les besoins financiers se faisant sentir, Eduardo remonte ses anciens numéros de danse, met sur pieds des spectacles et décide de prendre sa fille, alors âgée de 13 ans, comme partenaire attitrée : les « Dancing Cansinos » ressuscitent. Ils dansent des versions modernes du tango espagnol et du boléro, elle se vieillissant, lui se rajeunissant, arrivant même à passer pour un couple. Leur succès est inouï. Margarita travaille beaucoup, jusqu’à vingt shows par semaine, dans des night-clubs à Hollywood, comme l’Agua Calienta à Tijuana (frontière du Mexique), à Santa Monica, à Long Beach...
Rita prend cette nouvelle vie comme un privilège de se retrouver avec son père, qu’elle admire, mais elle va vite déchanter : alcoolique, il devient tyrannique, violent, et comme elle le confiera plus tard à Orson Welles, son second mari, elle subira des relations incestueuses. Les conséquences psychologiques seront désastreuses pour Rita et se feront toujours sentir dans sa vie et dans ses relations chaotiques avec les hommes.
Pourtant, malgré ces abus, sa réserve et sa timidité maladive, Rita apparaît sur scène en une femme sensuelle dotée d’une grâce et d’une prestance naturelle. Si elle est réservée et introvertie dans sa vie privée, elle s’épanouit dès qu’elle se trouve sous les spotlights. Lors de ses représentations dans les night-clubs, Eduardo ne manque pas de la présenter à tous ceux qui comptent à Hollywood dans le secret espoir de décrocher un contrat de cinéma.
Ainsi, en 1933, La Warner Bros. Pictures lui fait passer un bout d’essai mais l’écarte, la jugeant trop ronde et de front trop étroit. D’autres la trouvent trop brune ou elle n’a pas le look qui convient.
C’est Winfield Sheehan, vice-président de la Fox Film Corporation, qui remarque l’adolescente de quinze ans « à la timidité qui faisait peine à voir. » lors d’un passage à Tijuana. Il assiste au numéro de Rita, et séduit par son charme et son allure, lui fait passer des essais au studio de la Fox sur Western Avenue à Hollywood. Les tests sont plus que concluants et Sheehan lui fait signer un contrat, à condition qu’elle change son prénom en Rita et qu’elle suive un régime, des leçons de diction et de maintien.
Elle tourne très vite un court métrage et danse dans un de ses premiers films L'Enfer (1935) aux cotés de Spencer Tracy, Eduardo en sera d’ailleurs l’un des chorégraphes. Elle apparaît dans plusieurs films de série B Under the pampas moon, Charlie Chan en Egypte, Human Cargo où elle incarne les filles exotiques, mexicaines, égyptiennes, russes... Mais Sheehan a un projet d’envergure et veut faire de Rita une vedette grâce à un nouveau film Ramona avec pour elle un premier grand rôle.
Seulement la Fox connaît de sérieuses difficultés et lorsqu’elle fusionne avec la 20th Century Pictures pour devenir la 20th Century Fox, le nouveau producteur en chef Darryl F. Zanuck se débarrasse de Sheehan et décide de retravailler tous les projets de ce dernier.
Il remplace Rita par Loretta Young pour le film Ramona (1936), alors qu’elle avait déjà travaillé le rôle. De plus, il la libère de son contrat, geste qu’il regrettera des années plus tard. Quand le studio lui signifie par téléphone qu’elle n’avait plus à mettre les pieds à la Fox, Rita est désespérée. « Naturellement, j’ai pleuré et crié et j’ai juré que je leur montrerais qu’ils avaient fait une terrible erreur, j’ai décidé que je deviendrais célèbre et qu’ils le regretteraient. »
C’est à ce moment-là qu’elle rencontre Edward C. Judson, obscur businessman arriviste, qui après avoir visionné les rushes du film Ramona, propose à Rita, fragilisée par la perte de son contrat, de s’occuper de sa carrière pour tenter de la propulser dans le cinéma. Très vite, il lui trouve des contrats dans des sociétés de petite envergure qui produisent des films de série B : elle tourne un petit rôle dans Meet Nero Wolfe pour la Columbia, deux westerns pour la Crescent Pictures Corporation et deux autres pour La Republic Pictures et la Boots and Saddles Pictures.
Étouffée par son père et sa mère, devenue alcoolique, Rita commence à prendre ses distances avec sa famille et en 1937, alors qu'elle est âgée de 19 ans, elle épouse Judson, de 20 ans son aîné, ce qui lui permet d'échapper à l’enfer familial. Judson va se substituer totalement au père de la jeune starlette, toute docile.
Dés lors Judson va la métamorphoser... Il lui fait prendre des cours de diction, la persuade de changer totalement son « look », de se mettre à la diète, d’avoir recours à la chirurgie esthétique pour creuser l’ovale de son visage (en arrachant des molaires) et pour redessiner l’implantation de ses cheveux. Rita est trop brune et trop « latino ». Après des semaines de torture avec les séances d’électrolyse, il la teint en roux agressif.
Continuant ses plans, il la présente entre-temps à Harry Cohn, le patron de la Columbia Pictures, qu’il connaît bien. Le producteur tombe sous le charme de la belle starlette et lui fait signer un contrat de sept ans de 250 dollars par semaine. Il prend en charge les frais pour parachever sa transformation et change son nom de Cansino par le nom de sa mère, Hayworth, pour faire plus distingué (rajoutant un y, pour la distinguer de son oncle, Vinton Haworth, également acteur).
Elle apparaît pour la première fois sous son pseudonyme en 1937 avec le film Criminels de l'air (Criminals of the air) où elle exécute à nouveau des danses espagnoles. Elle tourne ensuite dans une douzaine de films de piètre qualité mais qui lui permettront tout de même d’acquérir plus de métier.
Harry Cohn, réputé pour sa vulgarité, est très vite obsédé par la jeune starlette qui refuse ses avances. Orson Welles qualifiera cette obsession par « un fantastique sens de la propriété. » Et Rita subira aussi bien une cour empressée que des humiliations répétées, Cohn faisant payer chèrement tous ses refus. Il épia toutes ses relations allant même installer des micros dans sa loge pour être au courant de tous ses faits et gestes. Ce qui ne l’empêchera pas de renouveler à chaque fois ses contrats.
Rita Hayworth se fait enfin remarquer dans le film d’Howard Hawks Seuls les anges ont des ailes malgré la présence écrasante de ses deux célèbres partenaires Cary Grant et Jean Arthur qui est alors la star de la Columbia. Rebutée par la grossièreté de Cohn, Jean Arthur quittera par la suite la Columbia. Ce film fut déterminant pour la carrière de Rita mais l’expérience fut loin d’être des plus agréables ; elle déclara plus tard : « Ce fut un film difficile pour moi. C’était la première fois que je jouais dans un film « A » important et j’avais vraiment peur. Cary Grant a été charmant et très gentil avec moi, il m’a dit : "Ne t’inquiète pas, ça va marcher." »
Le film fut est un succès, les critiques furent enthousiastes et le public masculin aussi, réagissait à chaque apparition de la nouvelle vedette de l’écran, Rita Hayworth. Harry Cohn en pris bonne note. Lui qui n’avait jamais réussi à créer une véritable star sous contrat exclusif dans ses studios tenait peut-être là un véritable filon avec Rita. Il commença à s’occuper énormément d’elle.
Rita gagne alors 2 500 dollars par semaine, et cette somme sera multiplié par dix au cours des années suivantes. Sa carrière démarre.
Mais le producteur a du mal à trouver des projets pour sa nouvelle vedette et malgré les films qu’elle tourne à la Columbia, ce sont les autres grands studios d’Hollywwod qui vont révéler l’actrice. Elle tourne deux series B pour la Columbia, ainsi qu'un musical Musique dans mon cœur et un film de serial Blondie on a Budget basé sur un Comic strip américain.
La Metro-Goldwyn-Mayer sera la première des Majors compagnies à utiliser Rita. Le réalisateur George Cukor lui avait fait passer des essais en 1938, pour la comédie Vacances. La jugeant trop immature pour interpréter la sœur de Katharine Hepburn mais lui reconnaissant un charme indéfinissable, il la recommande deux ans plus tard à la Metro-Goldwyn-Mayer pour un rôle secondaire très glamour dans Suzanne et ses idées avec Joan Crawford. Harry Cohn la « prête » volontiers à la célèbre compagnie. Le public réagit immédiatement, à tel point que la Columbia doit tirer un grand nombre de photos publicitaires pour satisfaire ses admirateurs.
Elle tourne ensuite deux autres films pour la Columbia : un remake du film français Gribouille, The Lady in question de Charles Vidor (qui deviendra son réalisateur fétiche et avec, pour la première fois, Glenn Ford avec qui elle tournera cinq fois) et L'Ange de Broadway réalisé par le scénariste Ben Hecht.
Harry Cohn est maintenant sûr de la valeur de Rita. Ne sachant toujours pas comment l’employer , il continue à la « prêter » à d’autres compagnies plus célèbres. Un Harry Cohn d’ailleurs très enthousiaste à l’idée de voir son étoile gagner en célébrité et obtenir une plus grande audience chez les cinéphiles, son investissement étant également valorisé par le fait de percevoir un pourcentage sur le salaire versé par les autres studios.
Ainsi, une autre des principales compagnies va s’intéresser à l’étoile naissante et l’engager pour ses deux prochains films. Ce studio, la Warner Bros. Pictures, produit le nouveau film de James Cagney, The Strawberry Blonde avec Olivia de Havilland et Ann Sheridan comme interprètes féminines, lorsqu’un conflit entre Ann Sheridan et Jack Warner, le producteur, éclate. Elle refuse de faire le film. Le réalisateur du film, Raoul Walsh pense alors à Rita Hayworth qu’il avait remarqué également à l’Agua Calienta quand elle dansait sous le nom des Cansinos, et dans un film de la Columbia. Il clame à Jack Warner « J’ai la fille qui vous faut ! ». Fraîche et pétillante, Rita va brillamment composer son personnage de séductrice et faire craquer James Cagney, époux de la très sérieuse Olivia de Havilland. « Quand le petit dentiste (Cagney) parle d’elle comme son idéal, c’est à l’image désormais classique de Rita Hayworth qu’il fait illusion : la fille dont les hommes rêvent et sur laquelle ils fantasment... » Un idéal féminin de séductrice qui se retrouvera dans la plupart de ses prochains films. Le sex symbol des années quarante est né. Le film remporte un vif succès et un critique du « Times » écrivit « ...Rita Hayworth vole toutes les scènes où elle joue avec James Cagney et Olivia de Havilland ; c’est elle qui domine le film. » Rita devient une star du jour au lendemain. Le deuxième film de la Warner sera une comédie romantique Affectionately Yours, la compagnie essayera de racheter le contrat de Rita à la Columbia, en vain.
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Sujet: Re: RITA HAYWORTH, LA DEESSE DE L'AMOUR Mar 30 Juin - 16:21
RITA HAYWORTH (1918 - 1987)
BIOGRAPHIE (suite)
C’est ensuite la 20th Century Fox qui la réclame à prix d'or pour Arènes sanglantes film en Technicolor, avec Tyrone Power et Linda Darnell. Rouben Mamoulian, le réalisateur a pourtant auditionné plus de 30 actrices pour le rôle de Doña Sol, mais il finit par exiger de Darryl Zanuck qu’il fasse venir Rita au casting. Dès qu’il la voit, fasciné par sa gestuelle sensuelle, il sait que c’est elle. Rita y réalise encore une magnifique performance et perpétue son image de femme fatale. Hermes Pan, chorégraphe, fut un artisan de la sublime gestuelle de Rita dans Arènes sanglantes : bien des scènes furent chorégraphiées avec précision comme la scène mémorable où l’ensorcelante Doña Sol/Rita Hayworth mime le toréro donnant l’estocade au taureau représenté par Tyrone Power, exprimant tout le désir et la fascination sensuelle qu’elle exerce sur sa proie.Rita hypnotisera aussi bien Tyrone Power que le public masculin.
« Les gens l’identifiaient à la fascinante déesse de l’amour, mais elle n’était qu’une petite fille de huit ans. C’était une stupéfiante transformation - ou plutôt un alliage stupéfiant. On ne pouvait pas croire que ces deux êtres étaient une même personne... Elle m’a toujours fait penser à une gitane par sa façon de se comporter. Soudain elle se levait et se mettait à danser. On lui parlait, mais elle ne répondait pas, elle se contentait de danser. Et c’était beau ! » Hermes Pan. Le chorégraphe deviendra et restera un de ses meilleurs amis.
Rita Hayworth fait maintenant la couverture de tous les magazines et la une des quotidiens, et grâce au film, elle devient une star internationale. Grâce à ces succès Zanuck la réclamera encore, persuadé maintenant de son impact auprès du public, pour un musical Mon amie Sally d’Irving Cummings avec Victor Mature et pour Six destins de Julien Duvivier. Désormais, Cohn ne se permettra plus de « louer » sa star aux autres studios de production bien décidé à ne l’employer que pour la Columbia.
En 1941, grâce à une photo de Bob Landry parue en couverture de Life magazine où elle apparaît à genoux sur son propre lit en déshabillé de satin et dentelle, elle obtient une popularité considérable auprès des GI américains engagés dans la Seconde Guerre mondiale. C’est le règne des pin-up girls et Rita sera, avec Betty Grable, sans doute la plus populaire auprès de ces soldats qui épinglent les photos de leur star aux murs de leurs chambrées. Rita participera à l’Hollywood Canteenen dansant au bras des GI’s. En 1943, elle visitera des bases militaires et des hôpitaux et fera une immense tournée pour soutenir le moral des troupes (on la voit en particulier en compagnie de Marlène Dietrich).
À la Columbia, l’actrice se remet à la danse pour des comédies musicales comme Musique dans mon cœur et tourne dans deux petits bijoux avec Fred Astaire, L'Amour vient en dansant et Ô toi ma charmante. L’alchimie électrique des deux interprètes touche le public et à la grande joie des spectateurs, le couple explose littéralement l’écran. Dans ses mémoires, Fred Astaire écrit combien les deux films tournés avec Rita « furent de délicieuses expériences » et combien il avait aimé danser avec elle, peut-être même sa partenaire préférée selon l’historien du cinéma Glenn Shipley. « chacun de ses mouvements épousait les siens, comme jamais avec aucune autre partenaire. » Rita garda ces deux tournages comme précieux dans sa carrière « Fred était venu à la Columbia et m’avait demandée, il savait que j’étais danseuse… Sans lui, je n’aurai jamais joué dans ces deux films. »
C’est en même temps que la sortie du film qu’elle divorce (22 mai 1942) d’un Edward Judson devenu menaçant, violent et d’une jalousie maladive. Les spéculations sur ses amours vont alors bon train, et outre une relation suivie avec son partenaire de Mon amie Sally, Victor Mature, on lui prête des liaisons avec David Niven, Gilbert Roland, Tony Martin et le collectionneur des conquêtes féminines, Howard Hughes.
Orson Welles, acteur et réalisateur de génie, est également fasciné par la célèbre photo de Life et entreprend de séduire « la plus belle femme des Etats-Unis. » La star succombe à la passion et la détermination de Welles et les deux célébrités finissent par se fréquenter assidûment. Toujours entouré d’une troupe de théâtre composée d’acteurs comme Joseph Cotten ou Agnes Moorehead, Orson, réformé de l’armée, veut participer à l’effort de guerre en montant un spectacle de divertissement le « Mercury Wonder Show », avec des numéros de variétés et de magie sous un chapiteau. Rita y participe avec une joie folle, trop heureuse de faire partie d’une « famille », et s’amuse comme une enfant à exécuter auprès d’Orson des tours d’illusionniste. Après quelques représentations de rodage, la première du spectacle doit avoir lieu en août 43, mais la veille, Cohn interdit à sa star de monter sur scène, ne supportant pas qu’elle figure dans un spectacle qui pourrait la distraire du film qu’elle est en train de tourner. Elle le supplia mais son producteur a le droit, légalement, d’user de ses prérogatives.
Contrainte et dépitée, elle se consacra exclusivement à son nouveau film La Reine de Broadway. Fou d’elle et bouleversé par sa détresse, Orson lui propose le mariage et c’est à la sauvette et en petit comité qu’a lieu la cérémonie le 7 septembre 1943. Comblée, la jeune mariée tirera sans doute une part de vengeance envers Cohn qui désapprouvait leur relation.
Elle rejoint donc les plateaux de la comédie musicale La Reine de Broadway avec un partenaire de choix Gene Kelly et Charles Vidor pour réalisateur. Ce film, précurseur des grands films musicaux des années cinquante avec ses scènes d’ambiance extérieure, mettra en valeur les véritables qualités de danseuse de Rita et révélera les talents de chorégraphe de Gene Kelly (et de Stanley Donen), notamment dans le fameux numéro « The alter ego dance » où il danse avec lui-même. À sa sortie en 1944, le film est un triomphe sans précédent qui lui vaudra, cette fois, une renommée mondiale. Elle tournera encore avec succès deux films musicaux, Cette nuit et toujours de Victor Saville (1945), et L'Étoile des étoiles d’Alexander Hall (1947). Désormais le public escomptera son numéro musical, quel que soit le genre de films où elle apparaîtra. Mais elle n’a pas beaucoup de voix et sera toujours doublée dans ses chansons notamment par Nan Wynn, Anita Ellis ou Jo Ann Greer. Un secret que la Columbia gardera jalousement.
Boudé par le cinéma et écarté de la guerre, Orson va s’investir dans une nouvelle passion, la politique et dés lors, il va participer à des allocutions et des discours politiques ainsi qu’à la campagne de réélection de Franklin Roosevelt. Pour se sortir un peu d’Hollywood, Rita suit son mari sur la côte Est lors de ses campagnes oratoires. Entre temps Rita se retrouve enceinte et doit rejoindre Hollywood pour le film Cette nuit et toujours. Pas question pour Orson d’interrompre sa campagne qui continue de plus belle ses tournées politiques, délaissant de plus en plus sa femme.
Gilda (1946)
Après une année d’absence et la naissance de sa première fille, Rebecca, en décembre 1944, Rita reprend le chemin des studios et signe pour son prochain film.
Et vint l’apothéose, la bombe Gilda, film phare dans la carrière de Rita dont l’image marque encore aujourd’hui tous les esprits. Incarnation de la femme fatale et de son extraordinaire fascination érotique, Rita Hayworth atteint son apogée dans ce film noir, de Charles Vidor, son réalisateur fétiche. Une alchimie collective de gens pleins de talent va réunir tous les ingrédients pour engendrer la fascination.
Dans une scène, devenue morceau d’anthologie, Gilda vêtue d’un fourreau noir retire ses longs gants en chantant l’incendiaire chanson « Put the blame on mame », elle entrera à jamais dans la légende et ce « strip tease » suggéré, sera un des sommets de l’érotisme au cinéma. Avec ce film, Rita Hayworth entre dans la légende cinématographique. Le succès est énorme et les retombées sont incroyables. Une expédition enterra, au pied de la cordillère des Andes, une copie du film destinée à la postérité. On vendit un disque où, à travers un stéthoscope, avaient été enregistrés les battements de cœur de Rita Hayworth. Le succès fut tellement foudroyant qu’une des premières bombes atomiques larguée en 1947 sur l’atoll de Bikini est baptisée Gilda et portait l’effigie de l’héroïne. Rita fut profondément choquée par ce funeste hommage et dira : « Je hais la guerre ; toute cette histoire autour de cette bombe me rend profondément malade. »
Malgré la naissance de sa fille, le mariage de Rita et d’Orson bat de l’aile sans doute à cause du comportement d’Orson et de la jalousie maladive de Rita.
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Sujet: Re: RITA HAYWORTH, LA DEESSE DE L'AMOUR Mar 30 Juin - 16:30
Alors qu’ils sont en instance de divorce, Orson Welles lui offre, comme un cadeau de rupture, son meilleur film La Dame de Shanghai. Après avoir lu le livre, Rita veut jouer le personnage d'Elsa Bannister et démontrer qu’elle est aussi une actrice dramatique.
Elle répondra également aux journalistes qui lui demandent pourquoi ce film, « Je le devais à Orson ». Welles va commencer le tournage et convoque la presse. Entouré de seize photographes, il coupe la flamboyante chevelure de la star et la teint en blonde platine pour les besoins du film. Cohn sera effrayé après avoir vu le film,mais quand il voit la transformation de Rita, il est furieux et explose « Oh my God! What has that bastard done ? ». Le public, selon Maurice Bessy, pardonnera mal également au réalisateur « d’avoir démythifié la femme américaine, de l’avoir dénoncée comme un monstre, une mangeuse d’hommes, une mante religieuse, qui se révèle criminelle par la pire des passions, l’argent. »
Désastre financier (le budget du film est de 2 000 000 de dollars ), certainement imputable au fait qu’il s’agisse d’une œuvre d’auteur et non d’un film spécialement construit autour de la star. Le film comporte pourtant des scènes d’anthologie comme l’entrevue d’Elsa Bannister et Michael O'Hara dans l’aquarium géant, celle du parc d’attractions et du théâtre chinois. Le final du film sera une autre séquence d’anthologie : l’extraordinaire scène de massacre dans un labyrinthe de miroirs où Elsa Bannister (Rita Hayworth) agonisera au milieu de ses reflets multipliés par les débris de glaces effondrées sous le choc des balles.
Certains diront que Welles a tenté de détruire l’image et le succès de sa femme dans un acte vengeur mais tout porte à croire qu’il s’agit plutôt d’un réglement de comptes avec le système hollywoodien.
Le divorce est prononcé le 1er décembre 1948.
Après Gilda, un nouveau contrat est signé avec la Columbia qui lui donne une participation aux bénéfices et les cachets de Rita deviendront considérables (400 000 dollars par film ). Elle crée la Beckworth Corporation Production (Beckworth : association des noms Becky diminutif de Rebecca sa fille et Hayworth) et produira deux films Les Amours de Carmen avec de nouveau Charles Vidor où elle emploie des membres de sa famille : son père chorégraphe pour les danses espagnoles, son oncle José Cansino avec qui elle danse le flamenco et son frère Vernon qui joue un soldat puis L'Affaire de Trinidad de Vincent Sherman.
La princesse et ses désillusions
Rita Hayworth décide, en 1948, de partir quelque temps en Europe, loin des lumières d’Hollywood, malgré le projet d’Harry Cohn de lui faire tourner un western Lona Hanson avec William Holden.
Le 3 juillet, lors d’une fête à Cannes donnée par Elsa Maxwell, célébre chroniqueuse américaine, Rita est présentée au prince Aly Khan. Un an plus tard, le 27 mai 1949, au terme d’une liaison placée sous le feu des tabloïds, Rita Hayworth devient princesse et se marie à Vallauris (Alpes-Maritimes) dans un faste purement hollywoodien. Elle aura une deuxième fille de cette union, Yasmina. Elle séjourne alors souvent à Cannes, dans la villa qu'y possède son mari (le Château de l'Horizon), ainsi qu'à Deauville. Mais le conte de fées est de courte durée. Rita qui voulait fuir Hollywood retrouve d’autres fastes encore plus contraignants. De plus, elle subit les tendances polygames de son mari, ce qui la blesse profondément. Le couple divorce en 1953.
Elle fait un retour triomphal à Hollywood et en 1952 tourne dans L'Affaire de Trinidad. Ce film est lancé comme un nouveau Gilda, mais le charme n’agit pas. Sa popularité toujours importante, elle aborde le genre biblique dans Salomé, le film est d’abord mis en chantier par Orson Welles mais, retardé par le montage d’Othello il cède la réalisation à Rouben Mamoulian. Harry Cohn veut rivaliser avec Samson et Dalila, le péplum biblique que Cecil B. de Mille a réalisé. L’histoire d’après Oscar Wilde est complètement remaniée pour en faire un film à la gloire de la star. Le résultat est kitchisisme et criblé d’invraisemblances, mais Rita Hayworth reste éblouissante et magnifiquement mise en valeur, jusqu’à la scène qui fera la célébrité du film, où elle semble nue lorsqu’elle exécute la danse voluptueuse des « sept voiles ».
Lancé à gros renfort publicitaire Salomé d’un budget de 2 000 000 de dollars va rapporter 4 750 000 dollars.
Puis, elle est toujours aussi sensuelle dans le film La Belle du Pacifique dans le rôle de "Sadie Thompson" déjà interprété par Gloria Swanson et Joan Crawford.
Les premières années de son retour à Hollywood vont être très difficiles pour Rita. Une bataille juridique va se dérouler pendant plusieurs années entre elle et Ali pour la garde de Yasmina, des menaces vont peser sur la vie de sa fille, des conflits continuels se prolongeront avec Harry Cohn, des ennuis naîtront avec la commission sur les « activités anti-américaines »...
Elles vont être également marquées par un quatrième mariage, le 24 septembre 1954, qui va s’avérer désastreux, avec Dick Haymes, ancien chanteur des orchestres de Benny Goodman et de Jimmy Dorsey. Une fois encore, Rita va s'en remettre complètement à un personnage qui va se révéler aussi trouble que l'était Edward C. Judson, ce qui va la mener dans des imbroglios sans fin avec la presse dans une frénésie médiatique, la justice et sa vie privée. Pendant cette période Rita fait racheter ses parts de la société Beckworth par la Columbia et signe un nouveau contrat, le dernier.
Un nouveau film est mis en chantier qui reprend les ingrédients de Salomé, un récit biblique avec William Dieterle pour Joseph et ses frères. Mais le film capote suite au refus d’Harry Cohn d’engager Dick Haymes comme interprète principal du film.
Par la suite, elle refuse le rôle de Maria Vargas dans La Comtesse aux pieds nus, qui lui rappelle trop sa vie personnelle, ainsi que le rôle de Karen Holmes dans Tant qu'il y aura des hommes. Un autre projet européen sur la vie d’Isadora Duncan ne verra pas le jour, Harry Cohn exigeant d’elle par le biais des tribunaux qu’elle fasse les deux films qu’elle lui devait encore avant de tourner pour une autre société.
Suite aux disputes continuelles et aux violences perpétrées par son mari, Rita demande le divorce fin 1955.
Elle retourne à la Columbia en 1957 pour L'Enfer des tropiques avec Robert Mitchum et remporte encore de grands succès dans d’excellents films comme La Blonde ou la rousse avec Frank Sinatra, son dernier film à la Columbia. Bien qu’elle y interprète le rôle d’une femme mûre, elle sut administrer une belle leçon, par son jeu, son rayonnement et ses numéros dansés, à la nouvelle star de la Columbia, Kim Novak, désignée par Cohn pour la remplacer dans son « écurie ». Elle est heureuse de passer le flambeau et d’en avoir enfin fini avec Harry Cohn. Puis elle tourne Tables séparées et Ceux de Cordura qui marque sûrement la fin de son mythe de star.
En 1958, Rita épouse son cinquième mari, James Hill, un producteur rencontré lors du tournage de La Blonde ou la rousse. Créateur d’une société de production avec Harold Hecht et Burt Lancaster, la Hecht-Hill-Lancaster, Hill proposera le rôle d’Ann Shankland à Rita Hayworth pour le film Tables séparées, tiré d’une pièce anglaise de Terence Rattigan.
Grand succès financier, le film recevra sept nominations dont deux oscars pour les interprétations de David Niven et Wendy Hiller. Rita divorcera très rapidement de James Hill. En 1961, elle déclara : « James Hill a été le plus calme et le plus solide de mes maris. Même avec lui, cependant, je n'ai jamais pu construire quelque chose. Il me considérait comme l'une de ses entreprises et son affection pour moi n'a jamais été un véritable amour... Toutes ces expériences négatives de vie commune m'ont écœurée. J'ai sans doute en moi également les germes de cette incapacité à vivre normalement. Ou peut-être que tout simplement ma vie a été une longue erreur dont je suis la principale victime. » La décennie se terminera par un drame policier Du sang en première page du dramaturge Clifford Odets.
Les Adieux d'un sex-symbol
Le déclin de Rita Hayworth est amorcé et les années soixante voient son penchant pour l’alcool se répercuter fâcheusement sur son physique et son comportement. Les premiers symptômes de sa maladie apparurent : Rita est atteinte de la maladie d'Alzheimer qui était mal connue à l’époque, et ses « débordements d’humeur » et ses altérations de mémoire furent mis sur le compte de la boisson.En 1962, on lui propose le rôle principal dans une pièce de théâtre, Step On A Crack, mais elle craque suite à des angoisses et à un épuisement nerveux.
Après la comédie Les Joyeux Voleurs de George Marshall, elle fait encore de belles compositions dans Le Plus Grand Cirque du monde d’Henry Hathaway avec John Wayne, malgré ses difficultés à mémoriser les dialogues. Dans Piège au grisbi de Burt Kennedy où elle retrouve son partenaire et ami Glenn Ford et dans Sur la route de Salina de Georges Lautner où elle joue le rôle d’une mère infortunée propriétaire d’un bar, elle démontre encore ses réelles qualités d’actrice.
Pendant cette période, ses crises vont de mal en pis dans la totale incompréhension de son entourage. Elle doit reprendre le rôle de Lauren Bacall dans un des plus gros succès de Broadway, Applause, ce qui aurait pu relancer sa carrière, mais elle n’arrive plus du tout à apprendre le texte. La sachant à court d’argent, Robert Mitchum, son partenaire et ami de L'Enfer des tropiques, la fait engager dans ce qui sera son dernier film, La Colère de Dieu, elle terminera le film tant bien que mal malgré ses abus d’alcool et sa perte d’esprit.
Enfin, elle commence le tournage de Tales That Witness Madness en 1972, mais les symptômes s'aggravant, elle est vite remplacée par Kim Novak. La rumeur de sa déchéance se répand et ce sera la dernière proposition de film qui lui sera faite. En 1976, elle est prise d’une crise de démence en plein vol et sera prise en photo à Londres à sa sortie de l’avion, l’air complètement hagard.
En 1980, un médecin diagnostique enfin chez la star non pas l’alcoolisme mais l’incurable maladie d'Alzheimer. En 1981, elle est placée sous la tutelle d’une de ses deux filles, la princesse Yasmina Aga Khan qui deviendra une des plus efficaces porte-parole de l’Association pour la défense des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer et organisera au nom de sa mère des galas pour récolter des fonds.
Le 14 mai 1987, Rita Hayworth s’éteint à New York. Elle est inhumée à Culver City, faubourg de Los Angeles, au cimetière Holy Cross.
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Sujet: Re: RITA HAYWORTH, LA DEESSE DE L'AMOUR Mar 30 Juin - 16:35
FILMOGRAPHIE
62 INTERPRÉTATIONS
1972 - LA COLÈRE DE DIEU
THE WRATH OF GOD
De Ralph Nelson
Dans le rôle de Senora de la Plata
1971 - THE NAKED ZOO
De William Grefe
Dans le rôle de Mrs Golden
1971 - LA ROUTE DE SALINA
ROAD TO SALINA
De Georges Lautner
Dans le rôle de Mara
1969 - LE BÂTARD
I BASTARDI
De Duccio Tessari
Dans le rôle de Martha
1967 - PEYROL LE BOUCANIER - THE ROVER
De Terence Young
Dans le rôle de Tante Caterina
1966 - PIÈGE AU GRISBI
THE MONEY TRAP
De Burt Kennedy
Dans le rôle de Rosalie Kelly
1966 - OPÉRATION OPIUM
THE POPPY IS ALSO A FLOWER
De Terence Young
Dans le rôle de Monique Markos
1964 - PLUS GRAND CIRQUE DU MONDE
CIRCUS WORLD
D'Henry Hathaway
Dans le rôle de Lili Alfredo
1962 - JOYEUX VOLEURS - THE HAPPY THIEVES
De George Marshall
Plus la Production : Rita Hayworth
Dans le rôle d'Eve Lewis
1960 - DU SANG EN PREMIÈRE PAGE
THE STORY ON PAGE ONE
De Clifford Odets
Dans le rôle de Josephine Brown
1959 - CEUX DE CORDURA
THEY CAME TO CORDURA
De Robert Rossen
Dans le rôle d'Adelaïde Geary
1958 - TABLES SÉPARÉES
SEPARATE TABLES
De Delbert Mann
Dans le rôle d'Ann Shankland
1957 - L'ENFER DES TROPIQUES
FIRE DOWN BELLOW
De Robert Parrish
Dans le rôle d'Irena
1957 - LA BLONDE OU LA ROUSSE
PAL JOEY
De George Sidney
Dans le rôle de Vera Simpson
1953 - SALOMÉ
SALOME
De William Dieterle
Dans le rôle de Princesse Salomé
1953 - LA BELLE DU PACIFIQUE
MISS SADIE THOMPSON
De Curtis Bernhardt
Dans le rôle de Sadie Thompson
1952 - L'AFFAIRE DE TRINIDAD
AFFAIR OF TRINIDAD
De Vincent Sherman
Dans le rôle de Chris Emery
1948 - LES AMOURS DE CARMEN
THE LOVES OF CARMEN
De Charles Vidor
Dans le rôle de Carmen Garcia
1947 - LA DAME DE SHANGHAI
THE LADY FROM SHANGHAI
D'Orson Welles
Dans le rôle de Elsa Bannister
1947 - L'ÉTOILE DES ÉTOILES
DOWN TO EARTH
D'Alexander Hall
Dans le rôle de Kitty Pendelton
1946 - GILDA
De Charles Vidor
Dans le rôle de Gilda Mundson Farell
1945 - CETTE NUIT ET TOUJOURS - TONIGHT AND EVERY NIGHT
De Victor Saville
Dans le rôle de Rosalind Bruce
1944 - LA REINE DE BROADWAY
COVER GIRL
De Charles Vidor
Dans le rôle de Rusty Parker
1942 - SIX DESTINS
TALES OF MANHATTAN
De Julien Duvivier
Dans le rôle d'Ethel Halloway
1942 - O TOI MA CHARMANTE
YOU WERE NEVER LOVELIER
De William A. Seiter
Dans le rôle de Maria Acuna
1942 - MON AMIE SALLY
MY GAL SAL
D'Irving Cummings
Dans le rôle de Sally Elliot
1941 - UN DIMANCHE APRÈS-MIDI
THE STRAWBERRY BLONDE
De Raoul Walsh
Dans le rôle de Virginia Brush
1941 - L'AMOUR VIENT EN DANSANT
YOU'LL NEVER GET RICH
De Sidney Lanfield
Dans le rôle de Sheila Winthrop
1941 - ARÈNES SANGLANTES
BLOOD AND SAND
De Rouben Mamoulian
Dans le rôle de Dona Sol des Muire
1941 - AFFECTIONATELY YOURS
De Lloyd Bacon
Dans le rôle de Irene Malcom
1940 - THE LADY IN QUESTION
De Charles Vidor
Dans le rôle de Natalie Roguin
1940 - SUZANNE ET SES IDÉES
SUSAN AND GOD
De George Cukor
Dans le rôle de Leonora Stubbs
1940 - MUSIQUE DANS MON COEUR
MUSIC IN MY HEART
De Joseph Santley
Dans le rôle de Patricia Patsy O'Malley
1940 - L'ANGE DE BROADWAY
ANGELS OVER BROADWAY
De Ben Hechtet Lee Garmes
Dans le rôle de Nina Barone
1940 - BLONDIE ON A BUDGET
De Frank Strayer
Dans le rôle de Patricia Patsy O'Malley
1939 - HOMICIDE BUREAU
De Charles C. Coleman
Dans le rôle de J.G. Bliss
1939 - SEULS LES ANGES ONT DES AILES
ONLY ANGELS HAVE WINGS
D'Howard Hawks
Dans le rôle de Judy McPherson
1939 - L'EMPREINTE DU LOUP SOLITAIRE
THE LONE WOLF SPY HUNT
De Peter Godfrey
Dans le rôle de Karen
1938 - THERE'S ALWAYS A WOMAN
D'Alexander Hall
Dans le rôle de Mary
1938 - THE RENEGADE RANGER
De David Howard
Dans le rôle de Judith Alvarez
1938 - SPECIAL INSPECTOR
De Leon Barsha
Dans le rôle de Patricia Lane
1938 - JUVENILE COURT
De D. Ross Lederman
Dans le rôle de Marcia Adams
1938 - GAWHO KILLEDIL PRESTON ?
De Leon Barsha
Dans le rôle de Gail Preston
1938 - CONVICTED
De Leon Barsha
Dans le rôle de Jerry Wheeler
1937 - TROUBLE IN TEXAS
De R. N. Bradbury
Dans le rôle de Carmen Serano
1937 - THE GAME THAT KILLS
De D. Ross Lederman
Dans le rôle de Betty Holland
1937 - OLD LOUISIANA
D'Irving V. Willat
Dans le rôle de Angela Gonzales
1937 - LE FANTÔME DU CIRQUE
THE SHADOW
De Charles C. Coleman
Dans le rôle de Marie Gillespie
1937 - LIFE BEGINS WITH LOVE
De Ray McCarey
Simple apparition non crédité
1937 - PAID TO DANCE
De Charles C. Coleman
Dans le rôle de Betty Morgan
1937 - HIT THE SADLE
De Mack V. Wright
Dans le rôle de Rita
1937 - GIRLS CAN PLAY
De Lambert Hillyer
Dans le rôle de Sue Collins
1937 - CRIMINELS DE L’AIR
CRIMINALS OF THE AIR
De Charles C. Coleman
Dans le rôle de Rita Owens
1936 - REBELLION
De Lynn Shores
Dans le rôle de Paula Castillo
1936 - MEET NERO WOLFE
D'Herbert Biberman
Dans le rôle de Maria Maringola
1936 - HUMAN CARGO
D'Allan Dwan
Dans le rôle de Carmen
1935 - LE DANSEUR PIRATE
DANCING PIRATE
De Lloyd Corrigan
Dans le rôle de la danseuse du Los Polomas
1935 - PADDY O'DAY
De Lewis Seiler
Dans le rôle de Tamara Petrovitch
1935 - LES NUITS DE LA PAMPA
UNDER THE PAMPAS MOON
De James Tinling
Dans le rôle de Carmen
1935 - L'ENFER
DANTE'S INFERNO
D'Harry Lachmann
Dans le rôle de la danseuse (Rita Cansino)
1935 - CHARLIE CHAN EN ÉGYPTE
CHARLIE CHAN IN EGYPT
De Louis King
Dans le rôle de Nayda
1934 - CRUZ DIABLO
THE DEVIL'S CROSS
De Fernando de Fuentes
Dans le rôle (Non crédité)
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Sujet: Re: RITA HAYWORTH, LA DEESSE DE L'AMOUR Mer 1 Juil - 0:15
D'après l'œuvre de E.A Ellington Réalisateur : Charles Vidor Scénaristes : Jo Eisinger, Marion Parsonnet Producteur : Virginia Van Upp Musique : Marlin Skiles Image : Stephen Goosson et Van Nest Polglase Montage : Charles Nelson Chansons : Doris Fisher et Allan Roberts Décors : Robert Priestley Costumes : Jean Louis
Avec :
Rita Hayworth ... Gilda Mundson Farrell Glenn Ford ... Johnny Farrell George Macready ... Ballin Mundson Joseph Calleia ... Maurice Obregon Steven Geray ... Oncle Pio Jœ Sawyer ... Casey Gerald Mohr ... Capitaine Delgado Robert E Scott ... Gabe Evans Donald Douglas ... Thomas Langford George J Lewis ... Huerta Rosa Rey ... Maria
L'histoire
Buenos Aires. Après lui avoir sauvé la vie lors d'une agression nocturne, Ballin Mundson, propriétaire d'une maison de jeu, engage à son service le joueur et tricheur professionnel Johnny Farrell qui l'a persuadé qu'il pourrait lui être utile. C'est la fin de la guerre.
A son retour d'un bref voyage, Mundson présente à Farrell sa nouvelle épouse, la superbe Gilda. Farrell a connu autrefois Gilda et l'a profondément aimée ; il semble que leur rupture l'ait rendu définitivement misogyne. les anciens amants comprennent que le passé est loin d'être oublié... Quant à Mundson, il devine vite que Johnny et Gilda sont loin d'être des étrangers l'un pour l'autre.
Surveillant et protégeant tous les biens de son patron, Farrell va également surveiller Gilda et tenter de l'empêcher d'être infidèle. L'ambition suprême de Mundson est de se retrouver à la tête d'un cartel de tungstène grâce auquel il se voit déjà maître du monde. Il est prêt pour cela à marcher sur des cadavres et effectivement, un homme dont il s'était servi se suicidera dans son tripot après avoir essayé de le tuer. Farrell passe le plus clair de son temps à écarter de Gilda ses nombreux soupirants en recourant au besoin à la force. Elle lui dit qu'elle s'est mariée uniquement par dégoût pour lui. "Je te hais tellement, ajoute-t-elle, que j'aimerais me détruire pour t'entraîner dans ma chute". Il arrive aussi que Farrell fournisse à Gilda des alibis pour dissimuler ses frasques à son mari. Pendant le Carnaval, Farrell et Gilda dansent ensemble, masqués. Dans le tripot, un homme est assassiné, vraisemblablement par Mundson; C'était un des deux Allemands qui menaçaient son cartel.
Vivant si près l'un de l'autre, Farrell et Gilda ne peuvent plus penser qu'à eux et à leur étrange relation. "Je te hais tant que je crois que je vais en mourir" murmure Gilda à Farrell en l'embrassant. Mundson a vu ce baiser et s'enfuit en voiture. Farrell le poursuit et le voit monter à bord d'un avion qui, quelques instants plus tard, explose en vol. Mundson a sauté en parachute et rejoint sur une embarcation un complice qui l'attendait. Tout le monde évidemment le croit mort. Il a légué sa fortune à Gilda et fait de Farrell son exécuteur testamentaire. Farrell réunit les membres du cartel qu'il entend bien diriger à la place de Mundson.
Il épouse Gilda et veillera à ce qu'elle lui soit fidèle ainsi qu'à Mundson dont il défend par là même la mémoire. Il écarte d'elle tous les hommes et Gilda comprend bientôt dans quelle prison elle est tombée. Elle le défie en chantant publiquement dans le tripot une chanson qu'elle veut faire suivre d'un strip-tease, mais Farrell interrompt son numéro par une gifle magistrale... Finalement ils s'avouent fatalement leur amour sous les yeux de Mundson survenu pour les tuer. ils sont sauvés par un fidèle serviteur qui poignarde le revenant dans le dos. Le policier argentin sur l'affaire depuis le début ferme les yeux.
Tout bon film noir a ses clichés, et associé aux Nazis, Ballin Mundson se devait, promenant sa canne-épée au milieu d'objets de style prussien ou supervisant le casino moyennant les technologies dernier cri, d'afficher une énorme balafre à la joue sous un regard limpide et glacial, Johnny Farrel d'incarner les incorruptibles succombant toutefois au charme de Gilda dont les frasques feintes visaient à le rendre jaloux, et le serviteur, affectueusement baptisé "oncle Pio" avec un zest de mépris impérialiste, d'appartenir à la sous-humanité sud-américaine tout en étant le confident acerbe des héros, qu'il avait percés dès le début, car tout bon exotisme est plus ou moins sorcier.
Néanmoins faits sur mesure, les numéros de Rita Hayworth ne ressemblent à nul autres. Une beauté exprimant son amour à travers haine et cynisme, cumulant emploi et contre-emploi, c'est tout de même un hardi pari, amplement récompensé par le succès du film. On peut l'attribuer à la passion qui rôde et s'exprime, en dépit d'une fosse assez lourdingue et outre le pathétique des sentiments extrêmes et opposés de Gilda, dans les costumes et décors d'un luxe flamboyant et tourmenté avec la même ambiguïté que les sentiments ou bien dans les visages des protagonistes noyés dans l'ombre de leur malais
Rita Hayworth, à l’exemple d’une Marilyn, est une actrice « fabriquée ». Par son père d’abord, qui la força à utiliser ses charmes évidents et ses talents de danseuse pour s’introduire à Hollywood. Par ses nombreux maris ensuite, à commencer par Orson Welles, qui se servit de l’aura de son épouse pour la publicité de La Dame de Shanghai. Enfin, par le sinistre patron de la Columbia, Harry Cohn, qui la transforma physiquement en objet sexuel, objet du fantasme des soldats américains, « bombe atomique » avant l’heure. Mais Rita Hayworth, à la différence d’une Marilyn, ne sut pas utiliser cet autre « moi », cette image créée de toutes pièces que tous voulaient lui renvoyer.
Gilda est la femme fatale. Troublante d’une beauté inaccessible, mangeuse d’hommes hypnotisante, aux longues jambes interminables et à la chevelure volumineuse, on la croit sans hésiter capable des pires perversités. Gilda est un « type », celui de la femme criminelle, égoïste et arriviste du film noir. Mais le portrait se trouble très vite : à l’image traditionnelle de la femme fatale, qui se marie pour l’argent et détruit les hommes qui se prennent à son piège, Gilda répond par une sensibilité extrême, une forte superstition et une fidélité en un amour unique et idéal. Cette ressemblance troublante entre la personnalité de l’actrice et celle de son personnage (Rita est Gilda, sans aucune ambiguïté) porta tellement préjudice à Rita Hayworth qu’elle-même disait : « les hommes s’endorment avec Gilda et se réveillent, déçus, avec moi. »
À l’image de ce travail sur le rôle-titre, Gilda est un film sur le regard et les non-dits, sur la remise en question des évidences. À commencer par les sous-entendus du film, sur lesquels de nombreux critiques ont déjà beaucoup glosé. Car le titre est un leurre : Gilda n’est pas le personnage central, c’est-à-dire celui autour duquel tourne l’histoire. Elle n’apparaît d’ailleurs qu’au bout d’une vingtaine de minutes, alors que le film déroule d’abord les balbutiements d’une amitié virile, sans aucun doute homosexuelle, entre le dangereux patron d’un casino en Argentine et un petit malfrat (Johnny, le nom de tous les gangsters) devenu l’employé et le confident de cet homme mystérieux. Les symboles sont d’une limpidité étonnante : on relèvera, entre autres, l’épée que sort le patron de sa canne, considérée comme « un » ou « une » troisième ami(e) (l’interrogation est troublante) ou la jalousie maladive de Johnny Farrell vis-à-vis de la nouvelle femme de son patron, la somptueuse Gilda.
Entre ces deux hommes, dont elle constitue pourtant le principal sujet de conversation, la femme n’a aucune place. Son pouvoir sexuel est sans cesse remis en cause, tout en étant particulièrement appuyé : vêtue ou quasiment dévêtue des tenues les plus provocantes (on pense à la scène du strip-tease sur la chanson « Put the Blame on Mame »), Gilda ne provoque qu’un désir fictif chez les hommes qui l’environnent. On l’admire sans trop oser la toucher, et aucun de ses deux maris ne consomme véritablement le mariage. Trop belle, trop sincère, Gilda est emprisonnée dans le rôle qu’elle s’est donnée malgré elle, à la fois constamment entourée et éternellement seule.
L’intérêt principal de Gilda se joue donc sur cet apparent paradoxe : suggérant presque trop (on peut reprocher à Gilda de nombreuses facilités scénaristiques et quelques longueurs), Charles Vidor refuse pourtant de lever les principales ambiguïtés de l’histoire. D’où viennent les personnages ? Qui sont-ils ? Que se trame-t-il réellement dans ce casino sinistre ? Peut-on croire vraiment au happy-end réunissant Gilda et Johnny alors que le sentiment d’amour ressenti par les personnages est à plusieurs reprises comparé à de la haine ? La mise en scène est à peine explicative : Vidor s’amuse d’un jeu sur l’ombre dans lequel il plonge ses personnages, qu’il filme souvent de dos, comme pour les rendre encore plus flous. De même sur les regards : Gilda est un film où l’on observe beaucoup, où l’on se surveille constamment (on pense aux stores des bureaux au-dessus du casino, qui s’ouvrent et se ferment), mais sans jamais réellement comprendre ce que l’on voit. Dans ce film trop noir, seule la femme, pure même dans ses pires vices, peut être source de lumière.
Ophélie Wiel
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RITA HAYWORTH, LA DEESSE DE L'AMOUR
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