Le Musée de la musique rouvre ses portes
Valérie Sasportas
03/03/2009 | Mise à jour : 10:30
Après deux ans de travaux, il offre une scénographie nouvelle pour raconter l'aventure de la musique européenne du XVIIe siècle au XXe siècle.
«Ah bon ! Il était fermé ?» s'exclame-t-on souvent à la nouvelle de la réouverture, aujourd'hui, du Musée de la musique, situé au cœur de la Cité de la musique, à la Villette. Il est vrai que celui-ci n'a jamais totalement fermé. Seules les salles dédiées aux collections permanentes ont vu leur accès interdit, au fur et à mesure de l'avancement des travaux, qui ont duré deux ans.
Comment et pourquoi mettre dans un musée des instruments de musique ? La question a été posée en prélude au ré-aménagement des salles. «Leur présence est nécessaire», affirme sans ambages le directeur du musée, Éric de Visscher, arguant même d'un travail de mémoire. «Il s'agit de montrer, à travers les instruments, les grandes évolutions sociologiques et artistiques de notre société, de mettre en avant les interactions entre les cultures, de mettre en lien les instruments avec les compositions et avec les mouvements de population», explique-t-il. Avant d'ajouter : «Les instruments ont cette dimension polymorphe, à la fois œuvres d'art et objets fonctionnels.» Depuis l'inauguration de l'établissement en 1997, les premières collections, venues du Conservatoire, ont été enrichies d'acquisitions propres.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les instruments européens sont présentés dans l'ordre chronologique sur quatre étages.
Sur quatre étages, dans un décor de béton, de verre et de bois, les instruments européens sont représentés par chronologie, du XVIIe au XXe siècle, tandis que les musiques du monde se découvrent par zones géographiques. Chaque étage a son siècle, avec son œuvre phare à l'entrée, qui permet de comprendre le rôle social, politique et artistique des instruments présentés. Le principe de la visite est toujours le même : une vidéo kaléidoscopique décortiquant l'œuvre concernée, une maquette du théâtre de la première représentation, puis les instruments types de l'époque.
Trésor national
Ainsi, à l'entrée du XVIIIe siècle, l'Alceste de Lully se découvre en vidéo, avec des extraits de l'œuvre, une mini-bio du compositeur, des analyses de philosophe, chef d'orchestre, musicologue, ou encore une lettre de Mme de Sévigné évoquant le chef-d'œuvre. Puis le visiteur déambule entre vitrines et estrades. Celles du XVIIIe siècle, encore, exposent une magnifique collection de clavecins, dont un Ruckers de 1780, classé trésor national et récemment acquis par le musée. Dans une vitrine façon cabinet de curiosités, l'on découvre des instruments de torture pour doigts, du XIXe siècle, destinés à assouplir les phalanges des pianistes. Et la partie la plus étonnante est sans doute au dernier étage, au XXe siècle, dans un espace réduit où sont présentées surtout des tables de mixage (siècle de l'électricité oblige) évoquant un vieux film de science-fiction façon Star Trek, et quelques instruments dignes du Concours Lépine dont se servit Boulez.
Enfin, la dimension sonore est essentielle au témoignage. L'audio-guide est l'instrument clef du visiteur, dont il se coiffe à l'arrivée. Les instruments à l'écoute sont ornés d'un petit carton, et un parcours sonore spécifique est prévu pour les enfants. «La seule vraie raison de l'enlever, c'est de rencontrer un musicien», affirme Éric de Visscher, qui indique l'emplacement des récitals, joués sur des pièces de la collection (cordes, clavecins, pianoforte), ou des fac-similés (bois, certains cuivres, qui souffrent mal qu'on en joue). Et de conclure : «Si le visiteur veut tout écouter, il a près de cinq heures de musique au total.»
Renseignements au 01 44 84 45 00 et www.cite-musique.fr