Nombre de messages : 12721 Date d'inscription : 03/05/2008
Sujet: Re: BILLIE HOLIDAY Ven 29 Jan - 2:24
P.S = I LOVE YOU Gordon Jenkins/Johnny Mercer.
Nine Admin
Nombre de messages : 12721 Date d'inscription : 03/05/2008
Sujet: Re: BILLIE HOLIDAY Sam 27 Mar - 22:42
Billie Holiday et sa voix “pleine de douleur”
Lady Day & Stan Getz enregistrement live.
“A l’automne 1956, j’étais proche de la dépression nerveuse. J’ai décidé d’aller à Miami. Billie Holiday était là-bas…Après le boulot, on se retrouvait tous au Sir John Motel pour jammer jusqu’à 8 ou 9 heures du matin.
Je jouais à côté de Billie…Et puis j’ai eu une crise de nerfs. J’avais des sueurs froides et j’allais m’évanouir. Quand Billie a vu ce qu’il se passait, elle m’a dit d’aller dehors. Elle m’a dit qu’elle garderait “un oeil sur mon instrument”, comme elle faisait quand Lester Young devait aller dehors. Quand je suis revenu, elle a chanté Detour Ahead, et j’ai entendu la douleur dans sa voix. Tout d’un coup, le texte semblait parler de moi, et je me suis mis à pleurer”.
- Souvenirs du musicien Sam Rivers
Nine Admin
Nombre de messages : 12721 Date d'inscription : 03/05/2008
Sujet: Re: BILLIE HOLIDAY Sam 27 Mar - 22:54
BLACK BILLIE Editions : Castor astral
Claude Beausoleil auteur du livre Black Billie érige sa déclamation, sa déclamation d’amour, envers la chanteuse, la solitaire, la désespérée, la femme, la portant au pinacle, et dans les deuxième (Les fleurs du blues) et troisième (Paris, Billie, la pluie) parties, il versifie, librement, par petites touches, inspiration puisée dans le quotidien, comme une poudre jetée aux yeux, comme un alcool qui a du mal à s’évaporer, comme une longue souffrance jetée en pâture, comme une solitude au cœur de la foule agglutinée dans les cabarets ou les salles de concert, comme un naufrage à bord d’un quai. « Le soleil loin si loin de ces chansons tristes Le malheur t’attendait depuis toujours Billie Et pour toujours tu le sais perdue désenchantée ». Des cris couchés sur le papier, indélébiles, que seul un blues rageur et pathétique pourra embuer, embraser, consumer. Sublime amoureuse sans regrets Bafouée rejetée tu persistes A nommer l’irrésistible envie De croire encore et au-delà Du chaos des échecs répétés Entre la sueur et le sang Donnant corps à l’espoir noir D’après les bilans d’injustice Ta vie transite par tes chansons, Langoureusement de ville en ville Prolongeant ta plainte en labyrinthes Désemparée dans ta robe de blues Tu assumes impassible les effets De ce qui dans ta voix scandalise
Paul Mégendre
Nine Admin
Nombre de messages : 12721 Date d'inscription : 03/05/2008
Sujet: Re: BILLIE HOLIDAY Mar 11 Mai - 1:52
LOVE ME OR LEAVE ME
This suspense is killin' me I can't stand uncertainty Tell me now, I've got to know Whether you want me to stay or go Love me or leave me or let me be lonely You won't believe me, I love you only I'd rather be lonely Then happy with somebody else You might find the night time The right time for kissin' But night time is my time For just reminiscin' Regrettin' instead of forgettin' with somebody else There'll be no one unless that someone is you I intend to be independently blue I want your love but I don't want to borrow To have it today to give back tomorrow For your love is my love There's no love for nobody else.
elle est bien dans nos coeurs et dans nos discothèques… Billie avec Lester chez Teddy Wilson, Billie poignante sur des vidéos à présent célèbres … Billie for ever !
Nine Admin
Nombre de messages : 12721 Date d'inscription : 03/05/2008
Sujet: Re: BILLIE HOLIDAY Ven 4 Juin - 14:38
THE MAN I LOVE George Gershwin par Éric Le Lann trompette et Michel Graillier, piano
Nine Admin
Nombre de messages : 12721 Date d'inscription : 03/05/2008
Sujet: Re: BILLIE HOLIDAY Ven 11 Juin - 11:01
LADY DAY
"What A Little Moonlight Can Do"
qui se distinguera par un tempo assez enjoué, et qu’elle transcendera à la fin de la chanson dans une plainte silencieuse, seule avec une voix écorchée, pour que l’orchestre revienne quelques dernières secondes afin de mettre un terme définitif à cette prestation hors du temps, et finisse par donner un angle plus allègre, comme pour mieux panser la mélancolie qui nous habite alors.
Nine Admin
Nombre de messages : 12721 Date d'inscription : 03/05/2008
Sujet: Re: BILLIE HOLIDAY Lun 30 Aoû - 1:30
“Billies’s greatest speciality was a falling rise, or a rising fall towards hell on a little pink cloud.” “La grande spécialité de Billie, c’est la chute ascensionnelle ou la montée aux enfers, sur un petit nuage rose.” Alain GERBER
Nine Admin
Nombre de messages : 12721 Date d'inscription : 03/05/2008
Sujet: Re: BILLIE HOLIDAY Lun 1 Nov - 1:50
Citations de Billie Holiday :
- Je suis toujours en train de faire mon comeback mais personne ne m'a jamais dit où j'étais.
- Si je chante comme quelqu'un d'autre, alors je n'ai pas besoin de chanter du tout.
et si vous aimez les anges, écoutez aujourd'hui la voix détimbrée de Billie Holiday aujourd'hui c'est le jour ! un gardenia blanc pour LADY DAY
Nine Admin
Nombre de messages : 12721 Date d'inscription : 03/05/2008
Sujet: Re: BILLIE HOLIDAY Sam 15 Jan - 23:36
DREAM A LITTLE DREAM OF ME L.ARMSTRONG/ELLA FITZGERALD
Stars shining bright above you Night breezes seem to whisper "I love you" Birds singing in the sycamore tree "Dream a little dream of me"
Just say goodnight and kiss me Oh, hold me tight and tell me you miss me While I'm alone and blue as can be Dream a little dream of me
Stars fading, but I linger on, dear Still craving your kiss I'm longing to linger till dawn, my dear Just saying this
Sweet dreams till sunbeams find you Sweet dreams that leave all worries behind you But in your dreams whatever they be Dream a little dream of me
Say nighty-night and kiss me Oh, hold me tight and tell me you miss me While I'm alone and blue as can be Dream a little dream of me
Dream A little dream of you and me
Nine Admin
Nombre de messages : 12721 Date d'inscription : 03/05/2008
Sujet: Re: BILLIE HOLIDAY Ven 25 Fév - 13:11
These are collections of rare interviews of Billie Holiday. Source: Billie on Billie (name of DVD)
Nine Admin
Nombre de messages : 12721 Date d'inscription : 03/05/2008
Sujet: Re: BILLIE HOLIDAY Lun 18 Avr - 23:13
APRIL IN PARIS
Nine Admin
Nombre de messages : 12721 Date d'inscription : 03/05/2008
Sujet: Re: BILLIE HOLIDAY Sam 6 Aoû - 13:10
COME RAIN OR COME SHINE
Harold arlen / johnny mercer
Im gonna love you like nobodys loved you Come Rain Or Come Shine High as a mountain and deep as a river Come Rain Or Come Shine I guess when you met me it was just one of those things But dont ever bet me cause Im gonna be true if you let me
Youre gonna love me like nobodys loved me Come Rain Or Come Shine Happy together unhappy together and wont it be fine? Days may be cloudy or sunny Were in or were out of the money
But Im with you always, Im with you rain or shine
Im gonna love you like nobodys loved you Come Rain Or Come Shine High as a mountain deep as a river Come Rain Or Come Shine I guess when you met me it was just one of those things But dont ever bet me cause Im gonna be true if you let me
Youre gonna love me like nobodys loved me Come Rain Or Come Shine Happy together unhappy together and wont it be fine? Days may be cloudy or sunny Were in or were out of the money.
But Ill love you always, Im with you rain or shine
Rain or shine.
Bridget
Nombre de messages : 2631 Age : 73 Localisation : Paris Date d'inscription : 13/05/2008
Sujet: Re: BILLIE HOLIDAY Mer 12 Déc - 9:49
.
Mercredi 12 décembre de 22:20 à 23:15 sur Arte
Billie Holiday Forever
Le 17 juillet 1959 disparaissait Billie Holiday, à l'âge de 44 ans. Plus de cinquante ans après sa mort, sa voix continuer de bouleverser les mélomanes de tous horizons. Son amie Carmen McRae disait que pour elle, «chanter fut le seul espace dans lequel elle pouvait exprimer ce qu'elle aurait aimé être tout le temps».
Cet espace, Frank l'a recréé en studio, où ses retrouvent quelques-une des grandes voix d'aujourd'hui pour lui rendre hommage. Avec la participation de Patricia Barber, Leena Conquest et Dave Burrel, La Velle, Cécile McLorin et Jacky Terrasson, Sandra N'Kaké, Sarah Quintana, Hal Singer et Archie Shepp, et avec les photographies de Jean-Pierre Leloir.
La plus grande chanteuse de jazz de tous les temps, Billie Holiday, est aussi un redoutable piège à kitsch. Pensez : arrière-petite-fille d'esclave, violée à 10 ans, mère à l'âge de 13 ans ; puis la prostitution, la drogue, la prison, les hommes qui la maltraitent, l'alcool, toute la litanie des souffrances et de la vie aux amours rances.
Elle-même en avait un peu rajouté dans son autobiographie, Lady sings the blues. Frank Cassenti, cinéaste de jazz, a évité ces pièges, en prenant à la lettre ce que déclare l'un des témoins de son film Billie Holiday forever : « Elle a la voix qui pleure sans qu'on entende les larmes. »
Belle formule qu'il illustre avec le concours de chanteuses qui comprennent ce que Billie chante : Patricia Barber, digne, parfaite, Sandra Nkaké, en harmonie, Leena Conquest, juste, Cécile McLorin Salvant, exactement jazz, Sarah Quintana, blanche, La Velle, drôle.
Toutes sans pathos. Et Archie Shepp lisant une page de Billie sans fléchir. Les images ajustées, belles sans tremblement. Vous saurez vite si vous avez un coeur ou non en écoutant Billie Holiday chanter Fine and mellow et regarder, éperdue de tendresse, Lester Young jouer de toute son âme un chorus de blues. Il se déchirera, votre coeur, à l'entendre chanter Strange Fruit. Du bel et bon cinéma. — Michel Contat
Nombre de messages : 19569 Age : 50 Localisation : dans la galaxie Date d'inscription : 02/05/2008
Sujet: Re: BILLIE HOLIDAY Mer 17 Juil - 14:47
17 juillet 1959. À 44 ans, camée depuis 30 ans, Billie Holiday rend son dernier soupir. La plus grande chanteuse de jazz de l'histoire, "Lady Day", s'éteint à l'hôpital, démolie par 30 ans de drogues.
Nous sommes le 17 juillet 1959. L'aube est déjà en deuil de Billie Holiday qui gît en piteux état sur son lit du Metropolitan Hospital de Harlem. La peau sur les os, respirant à peine, quasiment dans le coma, la plus grande de toutes les chanteuses de jazz est en train de payer trente années de consommation de drogue : cirrhose, insuffisance rénale et, maintenant, une congestion cérébrale. Cette fois, elle est vraiment foutue. Il y a deux jours, elle a reçu les derniers sacrements, la mort va débarquer. On l'avait prévenue en début d'année que sa cirrhose avait bien progressé et qu'il fallait qu'elle arrête le tabac, l'alcool et surtout la drogue, mais rien n'y a fait. Voilà un mois et demi qu'elle est bouclée dans cette piaule d'hôpital. Le pire, c'est qu'elle s'y est fait livrer de la dope et que les flics l'ont chopée. Non seulement elle agonise, mais elle est, en plus, en état d'arrestation. Bref, si par miracle elle ne crève pas à l'hôpital, elle devra filer directement en prison. Pas question, elle a déjà trop goûté aux geôles ! À 3 h 10 du matin, Billie arrête de respirer. Elle a seulement 44 ans, sa vie entière n'aura été qu'un enchaînement de malheurs. Jenifer se dit qu'après les titres de France Gall, elle pourrait reprendre ceux de Billie... Cette fois, pas d'autorisation à demander...
Dès sa naissance en 1915, c'est mal barré pour Billie. Sa mère Sadie Fagan, 19 ans, est loin d'être stable et son père, Clarence Holiday, un musicien de 17 ans toujours sur les routes, n'a pas le temps de s'encombrer d'un lardon. Billie Holiday s'appelle alors Eleonora Fagan. Son enfance est mouvementée, ambiance "ghetto". Elle est souvent livrée à elle-même, sa mère est trop prise par ses petits boulots chez les Blancs ou à se prostituer pour s'occuper d'elle. La petite ne fait que des conneries, oublie vite l'école, vole régulièrement, se retrouve en maison de correction et à 10 ans, pour en ajouter à son bonheur, elle est violée par un voisin, une nuit, alors que sa mère est encore dehors à bourlinguer avec on ne sait quels bonshommes. Du coup, l'administration place Eleonora dans une famille d'accueil. Enfin une lueur d'espoir : sa nouvelle famille habite Baltimore, la ville du jazz. Elle kiffe à mort... Elle a tout le temps envie de chanter, et Dieu sait qu'elle est douée. À 13 ans, sa mère la reprend avec elle pour l'emmener à New York refaire leur vie. Et quelle nouvelle vie ! Leur demeure n'est autre qu'un bordel ! Les passes, les hommes, la violence, les problèmes avec la justice deviennent le quotidien de l'adolescente. Merci, maman. Mais Zahia lui apporte un rayon de soleil en lui expliquant que le cul mène à tout, même à défiler pour Lagerfeld...
Des standards à 20 ans
En pleine prohibition, la jeune fille découvre les joies des boîtes clandestines de Harlem où elle s'enivre de jazz, mais aussi de whisky, sans parler des pétards. Défoncée ou pas, elle joue de sa voix comme d'un véritable instrument, elle chante la musique sans jamais l'avoir apprise, c'est un génie. Ses idoles : Louis Armstrong et Bessie Smith, qu'elle imite à merveille. À 15 ans, elle choisit son nom de scène : Billie, comme Billie Dove, une actrice dont elle est fan depuis toujours, mais aussi parce que son père, les rares fois où il la voyait, s'amusait du garçon manqué qu'elle était en la surnommant "Bill". Elle emprunte le nom de son père, Holiday, car celui-ci commence à être connu à New York en tant que musicien, et cela peut servir.
Entre deux passes, la jeune Billie Holiday se met à chanter dans les clubs, à vivre de ses pourboires. En 1933, à l'âge de 18 ans, elle est repérée par André Manoukian qui finit par lui préférer Liane Foly... C'est finalement un producteur de la Columbia qui lui ouvre les portes du studio tellement sa voix est unique ! Ensuite, tout s'enchaîne, elle enregistre avec le clarinettiste surdoué Benny Goodman, rien que ça. L'année suivante, elle se produit au mythique Apollo Theater. La sauce commence à prendre. Elle chante accompagnée des plus grands : Duke Ellington, Miles Davis, Lester Young. En ce dernier, elle trouve un frère. Il la surnomme "Lady Day", elle l'appelle "President", ou "Prez", c'est plus court. Le duo de choc enregistre plus de 50 morceaux ! La vingtaine à peine dépassée, elle a déjà une tonne de standards dans sa besace : What a Little Moonlight Can Do, Miss Brown to You, It's Like Reaching for the Moon, I Cried for You, Billie's Blues, I'll Get By et bien d'autres, sans parler en 1939 de Strange Fruit, une chanson mythique contre le lynchage. Elle devient l'une des vedettes incontournables du jazz. Une belle revanche ? Pas vraiment.
Initiée à l'opium et à l'héroïne
Avec la gloire, l'argent, la débauche, les soirées arrosées, son quotidien devient galère. Elle passe de mec en mec, chaque fois, ce sont de vrais "macs" qui la soumettent, l'escroquent, la cognent, mais pour elle, c'est presque normal. Alors qu'elle est au sommet de la gloire, la première artiste noire à monter sur la scène du Metropolitan Opera, après avoir signé un contrat inespéré avec un label, et alors qu'elle a enfin une chance de prendre sa revanche sur le passé, Lady Day, 21 ans, est initiée à l'opium et à l'héroïne ! Bientôt, c'est la défonce en permanence. Les risques du métier... Malgré tout, elle assure sur scène, ses disques se vendent comme des petits pains. Mais ses royalties disparaissent dans la dope et dans les poches de ses ordures de mecs. En 1947, elle se retrouve même en prison pour possession de stupéfiants. La voilà derrière les barreaux pour un an et un jour. Un an sans un shoot, sans une note, le calvaire.
Dix jours après sa sortie de prison, son public ne l'a pas abandonnée, elle triomphe au Carnegie Hall qui affiche complet. Pour une fois, elle est clean et ses longs gants blancs ne sont pas là pour cacher les traces d'injection sur ses bras, sa robe noire est splendide, ses éternels gardénias accrochés dans les cheveux, elle sort sa plus belle voix et c'est un triomphe. Est-elle enfin tirée d'affaire ? Absolument pas. Elle replonge aussi sec dans l'héroïne et n'assure bientôt plus une cacahuète.
"Accrochée au piano comme à un bastingage" (Sagan)
En 1951, elle remonte un peu la pente avec Louis McKay, qui l'aide à relancer sa carrière. Elle sort le disque Billie Holiday Sings, qui est un succès. Trois ans plus tard, elle réalise son vieux rêve d'une tournée en Europe, dont elle revient enchantée pour mieux replonger. En 1956, Billie est de nouveau arrêtée avec de la drogue. Elle s'en tire en épousant Louis McKay, avec qui elle avait pourtant rompu, pour éviter qu'ils n'aient à témoigner l'un contre l'autre au procès. Sa santé se dégrade à vue d'oeil. Sa tournée européenne de 1958 est un carnage ! Françoise Sagan écrit : "C'était Billie Holiday et ce n'était pas elle, elle avait maigri, elle avait vieilli, sur ses bras se rapprochaient les traces de piqûres. [...] Elle chantait les yeux baissés, elle sautait un couplet. Elle se tenait au piano comme à un bastingage par une mer démontée. Les gens qui étaient là [...] l'applaudirent fréquemment, ce qui lui fit jeter vers eux un regard à la fois ironique et apitoyé, un regard féroce en fait à son propre égard." Pourtant le docteur Hollande, qui l'examine, décèle une embellie...
Début 1959, elle apprend que sa cirrhose est bien avancée, tente d'arrêter de boire, en vain. Le gin coule à flots. Ses amis la supplient de se faire hospitaliser, elle n'est plus qu'un cadavre ambulant, elle refuse. La mort de son ami de toujours Lester Young, en mars, n'arrange en rien son état. "La prochaine, c'est moi", dit-elle. Elle s'effondre chez elle le 30 mai 1959, méconnaissable. Star ou pas star, elle est balancée comme une vieille chaussette au Metropolitan Hospital de Harlem, c'est là qu'atterrissent les Noirs et les camés.
100 000 dollars de royalties en six mois
En plus de sa cirrhose, on lui découvre une insuffisance rénale et un souffle au coeur. À l'hosto, plus de drogue ! Elle est mise quelques jours sous méthadone pour pallier le manque. Mais même sur un lit d'hôpital, elle trouve le moyen de se procurer de l'héro, de la vraie. Pour dégotter du fric, elle s'adresse à son ami William Dufty, chaque jour à son chevet. Ce journaliste, fan de la diva, avait rassemblé trois ans auparavant toutes ses vieilles interviews pour en faire son autobiographie, Lady Sings the Blues, une version bien édulcorée de sa vie, bourrée de mensonges. Dufty a l'idée de vendre un article à Confidential, "J'avais besoin d'héroïne pour vivre", pour obtenir du cash et fournir sa dose à la déesse. Le 11 juin, stupeur, quand une infirmière découvre un sachet de blanche dans la boîte à mouchoirs de la star. Elle revient illico encadrée de deux flics, c'est reparti pour Billie. Sa chambre est perquisitionnée, son téléphone coupé, on lui confisque ses romans, son électrophone, ses disques, elle est en état d'arrestation ! Dès la fin de sa convalescence, elle aura affaire à la justice ! Encore ! Et c'est presque couru d'avance, elle retournera en prison.
Le 10 juillet, alors que son état commençait à s'améliorer un peu, subitement, c'est la dégradation, et à vitesse grand V. McKay refait bizarrement surface, leur divorce n'a pas encore été prononcé, il est son seul héritier et fait tout pour s'assurer les droits de la future défunte. Le 15, on fait appeler un prêtre pour les derniers sacrements ; le 17, c'en est fini pour elle. Certains prétendent qu'elle s'est laissée mourir pour ne pas retourner en prison. McKay fait le compte de son héritage : 1 345 dollars, et c'est tout ! Mais il s'est assuré tous ses droits : il empoche 100 000 dollars de royalties en seulement six mois. C'est dire ce que Billie a pu gagner ces dernières années, et combien elle a laissé à ses dealers et amants. Le 21 juillet 1959 à la cathédrale St. Paul, trois mille personnes se bousculent jusque dans Columbus Avenue. Elle est enterrée au cimetière St. Raymond, dans le Bronx, dans la même tombe que sa mère. Louis McKay fait déplacer son cercueil dans une tombe séparée en 1960, sur laquelle il fait graver un message d'amour, "À ma femme bien-aimée". Quel culot !
Dernière édition par liliane le Dim 10 Fév - 23:09, édité 2 fois
Bridget
Nombre de messages : 2631 Age : 73 Localisation : Paris Date d'inscription : 13/05/2008
Sujet: Re: BILLIE HOLIDAY Mer 20 Nov - 12:19
.
Billie Holiday, le roman d'une rebelle
Des coups durs, mais une grande foi en la vie. Billie Holiday, entre blues et satin, en un livre et deux CD.
Sebastian Danchin 1 livre + 2 CD Sony Legacy. Sortie 30/11/2013
Une mythologie graveleuse et pathétique encrasse la biographie de Billie Holiday. Le Roman d'une rebelle, le livre disque publié par Sébastian Danchin, entend restituer cette vie de façon plus véridique, de sang-froid pourrait-on dire, et il y parvient.
Certes la vie de Billie Holiday ne fut pas de miel et de roses, mais elle ne fut pas non plus cet abîme de perdition qu'on nous étale complaisamment sous les yeux comme un long couloir de la mort. L'autobiographie de Billie, Lady sings the blues, y contribua beaucoup, la mode le voulait, et le coauteur qu'on lui avait flanqué, William Dufty, en graissa les gonds.
« Le parcours de Billie Holiday est tout autre, écrit Sébastian Danchin. Il est la preuve de sa foi inaltérable dans la vie. L'oeuvre de Billie, par la richesse de son relief, est portée par la force rédemptrice du blues, qui consiste précisément à autopsier le malheur pour l'exorciser. »
L'auteur entreprend donc de pénétrer, avec l'oeil du sociologue amoureux, l'univers souterrain de l'Amérique noire de son temps. Il en ressort une figure magnifique, souffrante, souvent, exultante, encore plus, d'une artiste consciente de son art et qui ne se fit jamais d'illusions sur le monde dans lequel elle vivait, chantait inlassablement et prenait des coups (de ses maris successifs et amants de passage).
Mais elle ne céda jamais non plus, acceptant le tragique sans s'y vautrer. Le livre est accompagné de deux CD, l'un rassemblant ses chansons des années 1930, où elle est souvent accompagnée par Lester Young, son ami de coeur, la tendresse faite saxophone, l'autre, plus tardif, très connu, où un tapis de cordes se déroule sous les pas de la Lady in satin. Voilà un objet salubre. —
Nombre de messages : 19569 Age : 50 Localisation : dans la galaxie Date d'inscription : 02/05/2008
Sujet: Re: BILLIE HOLIDAY Lun 11 Fév - 9:36
Billie Holiday : Lady Day et ses démons
POSTED ON 26/02/2017 // BY HECTOR // IN VINYL
Billie Holiday, Eleanora Fagan de son vrai nom, a marqué l’histoire du Jazz vocal par un timbre vocal reconnaissable entre mille. Contemporaine d’Ella Fitzgerald, Billie Holiday a connu un parcours presque similaire ballotée entre une enfance misérable, un destin artistique riche de rencontres et une fin tragique.
Billie Holiday en 1917
L’univers familial d’Eleanora n’est pas idyllique. Née le 7 avril 1915 à Philadelphie, d’un père guitariste de Jazz toujours absent et d’une mère d’origine irlandaise aide-ménagère et prostituée à ses heures, la petite Elaneora est confiée tour à tour à ses tantes. « Papa et maman étaient mômes à leur mariage : lui dix-huit ans, elle seize; moi, j’en avais trois. Maman travaillait comme bonne chez des Blancs. Quand ils se sont aperçus qu’elle était enceinte, ils l’ont foutue à la porte. Les parents de papa, eux, ont failli avoir une attaque en l’apprenant. C’étaient des gens comme il faut qui n’avaient jamais entendu parler de choses pareilles dans leur quartier à Baltimore. » confiera t-elle.
Violée à 11 ans par un voisin alors qu’elle habite chez sa mère et son beau-père, elle est incarcérée en « centre d’éducation surveillée », centres dans lesquels elle retournera un certain nombre de fois.
Eleanora devient Billie Holiday au Log Cabin de Harlem
En 1928, elle rejoint sa mère à New York qui travaille dans un bordel. Elle commence par faire des ménages dans l’hôtel de passes de sa mère où elle chante à l’occasion mais se prostitue aussi. Elle fait de la prison mais à sa sortie la route s’éclaire.
Après s’être lancée avec sa mère dans une petite affaire de restauration, elle chante dans plusieurs clubs de Jazz et speakeasies (bars cachés pendant la prohibition). Elle est embauchée au Log Cabin de Harlem où elle chante au pourboire. Elle prend alors le nom de Billie Holiday en référence à l’actrice Billie Dove, son idole blanche du cinéma muet et au nom de son père musicien qu’elle admire.
En 1933, elle est repérée par John Hammond, producteur chez Columbia qui lui ouvre les portes du studio. Il la fait jouer avec le clarinettiste Benny Goodman. Elle enregistre «Your mother’s son in law et Riffin’ the scotch et gagne 35 $. En 1934, elle se produit au mythique Apollo Theater. Son grand copain est le saxophonist Lester Young avec qui elle gardera une grande amitié jusqu’à la fin de ses jours. C’est Lester qui la surnomme Lady Day. Billie Holiday chante également avec Duke Ellington. Si sa vie sentimentale est déjà tumultueuse, a carrière est lancée. Elle installe sa mère dans un petit restaurant où elles se retrouvent après les concerts.
Billie Holiday et Count Basie au piano
Accompagnée de Lester Young, ses disques se vendent bien. Elle chante avec les grands orchestres de Count Basie ou Artie Shaw. Mais la chanteuse noire dans un orchestre blanc s’accommode mal aux tournées dans le sud des Etats-Unis où la ségrégation fait rage. Elle connaît les mêmes problèmes qu’Ella Fitzgerald ou Nat King Cole.
Billie Holiday et Ella Fitzgerald
Si du côté artistique tout roule, au niveau personnel Billie Holiday commence à se droguer, influencée par ses rencontres masculines et féminines (On la surnommait aussi Mister holiday en raison de sa bisexualité). Billie tient bien la bouteille et se réfugie dans la marijuana.
« Strange Fruit » une chanson culte contre la barbarie sudiste
C’est en 1939, alors qu’elle n’a que 24 ans, elle obtient son son premier grand succès avec « Strange Fruit » qu’elle chante au Café Society. Elle y dénonce les lynchages des Afro-Américains qui avaient encore lieu à l’époque dans le sud des États-Unis. Les fruits étranges qu’elle évoque sont les Noirs pendus aux arbres de la Georgie ou de l’Alabama…. « L’odeur du magnolia, douce et fraîche, et soudain l’odeur de la chair qui brûle ». Cette chanson est importante pour elle et évoque un membre de sa famille, enlevé, lapidé, pendu et brûlé par des ségrégationnistes dans le Sud.
Lady Day vs Lady Drogue
Son premier mari s’appelle Jimmy Monroe. Voyou et drogué, il lui fait découvrir l’héroÏne et la cocaïne. Elle divorce mais retombe dans ses travers. Elle a une liaison avec Joe Guy, un trompettiste Be Bop qui la fournit généreusement en héroïne.
« Je suis rapidement devenue une des esclaves les mieux payées de la région, je gagnais 1000 $ par semaine mais je n’avais pas plus de liberté que si j’avais cueilli le coton en Virginie ».
Billie Holiday à New York en 1947
En 1944, elle est la première artiste noire à chanter au Metropolitan Opéra où elle signe un contrat en or. Mais on commence à se plaindre de ses prestations. Elle ne respecte pas ses engagements, oublie les paroles, arrive en retard… En 1945, lors d’une grande tournée Billie apprend la mort de sa mère et tombe en dépression. Elle se réfugie dans l’alcool et la drogue.
Louis Armstrong et Billie Holiday
Elle devient la Reine des clubs de Jazz de New York. Mais c’est aussi à New York qu’elle sombre dans la drogue, l’alcool et qu’elle a affaire à la justice. Anecdote, elle s’illustre notamment sur la scène du Carnegie Hall pour un concert mythique donné au lendemain de sa sortie en prison pour possession et usage de stupéfiants, le 27 mars 1948. Lors d’un enregistrement pour Decca en 1949 avec Lester Young et Louis Armstrong elle a du mal à tenir le rythme, se fait remarquer par ses retards et ses excès.
Billie Holiday au Carnegie Hall de New York
Après un nouveau passage en prison, la carte de travail de Billie Holiday lui est retirée pour avoir enfreint les critères de bonne moralité. Elle ne peut plus chanter dans les clubs de New York. En 1950, la maison de disque Decca ne lui renouvelle pas son contrat lassée par ses frasques.
En1951, elle signe chez Aladdin puis chez Verve. Elle continue ses tournées harassantes et alterne ses concerts à l’Apollo et Carnegie Hall. En 1954, elle part en tournée en Europe. Un de ses meilleurs souvenirs. Elle passe à l’Olympia devant serge Gainsbourg, Juliette Greco, Françoise Sagan.
Ses meilleurs albums sur la fin de sa vie
En avril 1955, elle participe au concert hommage à Charlie Parker au Carnegie Hall. Tous les grands du Jazz sont là : Sarah Vaughan, Sammy Davis Jr, Stan Getz, Thelonious Monk… En août de cette même année, elle enregistre un magnifique album Music For Torching. Elle continue de se droguer, perd du poids, fait des cures de désintoxication, tente tant bien que mal de cacher ses bras piqués de partout et paradoxalement compose ses meilleurs albums : Lady in satin en 1958 et son tout dernier Billie Holiday en 1959.
Sa tournée en Europe est catastrophique devant lutter contre une cirrhose. Hospitalisée en juillet 1959 pour une insuffisance rénale, elle décède le 17 juillet. Elle a 44 ans. Elle est enterrée dans le Bronx laissant à ses héritiers 1345 $ alors que ses royalties sur une année s’élèvent à 100 000 $. De quoi apprécier l’étendue de sa spoliation par ses divers amants et l’étendue des dépenses liées à la drogue.
Billie Holiday a marqué l’histoire du jazz vocal par son timbre un peu enroué, ses chansons lentes et mélodieuses : « On m’a dit que personne ne chante le mot faim comme je le fais. Ou le mot amour. Sans doute parce que je me souviens de ce qu’ils signifient », écrit-elle dans son autobiographie.
Marquée à jamais par la misère, les injustices comme en témoigne le décès de son père mort d’une pneumonie après avoir été plusieurs fois refusé d’hôpitaux ou par la ségrégation qui l’obligeait à se maquiller pour s’éclaircir la peau, Lady day a fait l’admiration de tous y compris de Franck Sinatra qui l’aimait beaucoup. Diana Ross lui rendra hommage en 1972 dans le Biopic « Lady sings the blues ». A découvrir sans plus tarder.
http://www.lagazettedhector.fr/billie-holiday/
Dernière édition par liliane le Jeu 12 Nov - 9:02, édité 1 fois
liliane Admin
Nombre de messages : 19569 Age : 50 Localisation : dans la galaxie Date d'inscription : 02/05/2008
Sujet: Re: BILLIE HOLIDAY Jeu 1 Oct - 17:59
DOCU
BILLIE THE QUEEN
« Mon documentaire sur Billie Holiday est un thriller, un film noir », annonce le Britannique James Erskine. Si ses images colorisées, mêlant documents d'archives et reconstitutions, ont une saveur chandlerienne, c'est que le réalisateur explore un vrai mystère.
Celui du suicide (ou du meurtre ?) de Linda Lipnack Kuehl, journaliste américaine disparue en 1978 avant d'avoir pu terminer ce qu'elle considérait comme la « biographie définitive » de Lady Day.
Ses deux cents heures d'interviews, conservées par un collectionneur (et devenues légendaires chez les amateurs de jazz) font entendre les voix de Charles Mingus, Tony Bennett, Sarah Vaughan ainsi que les proches, amants, proxénètes, avocats de Billie Holiday, et même les agents du FBI l'ayant arrêtée.
À travers ces archives se dessine un portrait miroitant de cette immense chanteuse, qui fut aussi une activiste, loin de l'image de victime qu'on lui a souvent accolée. « Vingt ans avant le mouvement des droits civiques, seize ans avant que Rosa Parks ne refuse de céder sa place à un Blanc dans un bus en Alabama, Billie chantait tous les soirs, devant un public blanc, “Strange Fruit”, cette chanson qui raconte les lynchages des Africains-Américains », explique Erskine.
Une des plus grandes voix de tous les temps dans un documentaire événement.
« BILLIE », de James Erskine (1 h 32). En salle le 30 septembre.
ELLE CULTURE
Dernière édition par liliane le Jeu 12 Nov - 9:02, édité 2 fois
liliane Admin
Nombre de messages : 19569 Age : 50 Localisation : dans la galaxie Date d'inscription : 02/05/2008
Sujet: Re: BILLIE HOLIDAY Mer 7 Oct - 19:36
1935
liliane Admin
Nombre de messages : 19569 Age : 50 Localisation : dans la galaxie Date d'inscription : 02/05/2008
Sujet: Re: BILLIE HOLIDAY Jeu 12 Nov - 9:00
Chanteuse, activiste, sex machine, addict: l'éclat troublé de Billie Holiday
En quête de sensations fortes et féroces… Billie Holiday en 1942.
Un nouveau documentaire révèle des cassettes perdues pour raconter la véritable histoire intime du chanteur de jazz - une avec une résonance terrible aujourd'hui alors que les États-Unis continuent de lutter contre le racisme institutionnel
Alex Godfrey
Ven 6 nov.2020
Voici un moment électrisant dans Billie, un nouveau documentaire sur Billie Holiday , quand Jonathan «Jo» Jones, un batteur afro-américain tumultueux et influent qui a joué avec Holiday des années 1930 aux années 50, défie son intervieweur blanc. «Vous ne savez pas ce que nous vivions à l'époque», dit-il, faisant référence au voyage dans le sud profond à bord du bus de tournée de Count Basie. «Que viviez-vous?» demande l'intervieweur, Linda Lipnack Kuehl. «Nous traversions l'enfer!» crie-t-il. «Mlle Billie Holiday n'a pas eu le privilège d'utiliser les toilettes d'une station-service. Les garçons au moins pouvaient sortir dans les bois. Vous n'en savez rien parce que vous n'avez jamais eu à vous y soumettre. Jamais!"
Le film de James Erskine est entièrement construit à partir de telles interviews par Kuehl, un enseignant du secondaire et fan de vacances avec une touche dans le journalisme artistique. En 1971, elle entreprit des plans pour une biographie: Holiday était décédée à l'âge de 44 ans en 1959 et, 11 ans plus tard, Kuehl voulait parler à ceux qui étaient là toute sa vie. Elle a interviewé et interviewé et était toujours à la recherche de personnes en 1978 - près de 200 d'entre eux en tout. Le projet l'a submergée et elle ne l'a jamais terminé, et en 1979, elle a été retrouvée morte sur un trottoir de Washington. La police l'a jugé suicidaire, Kuehl ayant soi-disant sauté de sa chambre d'hôtel, bien qu'il n'y ait aucune preuve de cela.
Ses interviews ont trouvé leur chemin chez un collectionneur privé et ont ensuite été utilisées dans les biographies d'autres écrivains de Holiday. Plus récemment, le réalisateur du documentaire Erskine a acheté les droits des bandes de Kuehl. Son film est un voyage à travers la vie de Holiday, raconté par les voix de ces bandes - témoins oculaires de l'un des artistes les plus remarquables du XXe siècle.
Combative et vulnérable… Billie Holiday dans les années 1940. Nouveaux films noirs
«La première cassette que nous avons montée était Charles Mingus», dit maintenant Erskine en entendant les interviews de Kuehl. «Immédiatement, nous avons été transportés dans les années 1950 grâce à cette voix grave. Une façon de parler qui ressemble à la musique elle-même, une insouciance, mais aussi un œil documentaire. C'était vraiment comme si vous étiez à Chicago dans les années 50, avec tous les grands du jazz là-bas, Ella [Fitzgerald] attendait dans les coulisses pendant que Billie se produisait. C'était enivrant.
Écouter des musiciens, des amoureux, des souteneurs, des amis d'enfance et des agents du FBI raconter leur temps avec Holiday est une expérience évocatrice et transportante. Nous entendons également Kuehl, un grand intervieweur qui a coupé le glas. Il s'agit d'une étude de personnage brute et non désinfectée, dans laquelle Holiday est à la fois combative et vulnérable, timide et révolutionnaire: une chercheuse de sensations fortes et farouche qui n'a jamais sacrifié son intégrité. C'est d'autant plus rafraîchissant que le domaine Holiday, acquis en 2012 par la compagnie de musique Concord, s'est joint à lui en tant que producteur. «Ce que j'aime dans le film, c'est que nous ne changeons pas qui elle était», déclare Michele Smith, qui gère le domaine. «Nous ne changeons pas ses défauts. Elle est Billie sans aucune excuse. Elle sait seulement comment être elle.
Les témoignages sont débordants. «Elle est descendue un soir entre les concerts et a dit:« Viens me chercher ce soir! »», Dit John Simmons, qui jouait de la basse avec elle, a pris de la drogue avec elle et a couché avec elle. «Et, alors que je marchais dans la porte, elle sortait avec une nana. Mais la nuit suivante… elle est venue me chercher. Elle partait avec une nana, ou quelque chose comme ça; elle leur ferait probablement jouer un cirque à trois anneaux. Après cela, elle irait probablement chercher une prostituée. C'était une machine sexuelle.
«Le gouvernement l'a poursuivie» ...
Le film n'a pas peur de ce matériel, ni de la vie des abus subis par Holiday. C'est vital, dit Smith. «Beaucoup de gens ne pensent qu'à ses dépendances, mais ne connaissent pas son éducation. Vous ne pouvez pas la juger sans savoir qui elle est vraiment. Elle est née aux États-Unis en 1915 en tant que pauvre fille noire, grandissant pour devenir une femme qui a été agressée sexuellement, violée à 10 ans, puis a tenté de se trouver une place dans ce monde.
Grâce aux interviews de Kuehl, nous entendons de première main parler des horribles maris et petits amis de Holiday, une galerie de voyous d'exploiteurs et d'agresseurs, des hommes qui l'assommeraient dans la rue. Holiday riposterait: «Elle l'a frappé à la tête avec une bouteille de Coca ou quelque chose du genre et lui a ouvert la tête, et ils sont tous les deux allés à l'hôpital», explique le tromboniste Melba Liston à propos d'un de ces épisodes. Mais ces hommes lui ont arraché la vie, lui ont fait perdre confiance en elle, la battant physiquement et mentalement.
«Elle n'a pas fait tous les meilleurs choix», dit Smith. «Mais tu dois comprendre pourquoi elle était d'une certaine manière. Outre le traumatisme de son enfance, «elle n'avait pas le droit d'aller au restaurant, d'aller aux toilettes, car elle n'était pas traitée comme une humaine à part entière».
Le film documente ce racisme. Elle n'avait pas le droit d'entrer dans les salles par les portes d'entrée, de peur d'offenser la clientèle blanche qui était là pour la voir; elle a passé des mois à faire des tournées dans le sud avec le groupe blanc d'Artie Shaw, dans lequel elle devait traquer des hôtels pour dormir, à l'écart de ceux dans lesquels le reste du groupe était resté. J'avais mis ça dans son sac à main, parce qu'elle ne savait jamais quand elle ne pourrait pas être servie », raconte une amie dans le film.
Cela a été aggravé par la décision de Holiday de chanter Strange Fruit, la chanson de protestation qui lui a été présentée par l'écrivain Abel Meeropol en 1939. Dans le film, Barney Josephson, propriétaire du club non séparé Café Society, où elle l'a interprétée pour la première fois, explique comment certaines personnes blanches, «une fête après l'autre», s'enfilaient hors de la place comme elle le faisait. Holiday avait écrit dans son contrat qu'elle chanterait la chanson, à chaque concert, partout. Le FBI a commencé à la poursuivre - apparemment pour des infractions liées à la drogue - peu de temps après.
≠
L'affiche du film de Billie. Photographie: New Black Films
«De 1939 à sa mort en 1959, le gouvernement l'a poursuivie parce qu'elle était noire, qu'elle était riche et qu'elle a osé chanter Strange Fruit», dit Smith. Holiday elle-même a déclaré qu'en mai 1947, on lui avait ordonné de ne pas la chanter lors d'un concert à Philadelphie. Cette nuit-là, des agents narcotiques ont fait une descente dans sa chambre d'hôtel et, à son retour du concert, ont tiré sur la voiture de Holiday alors qu'elle les voyait et s'enfuyait. Elle a ensuite été arrêtée et condamnée à un an d'emprisonnement.
Les dossiers du FBI en 1949 ont déclaré que Holiday a été discréditée pour donner l'exemple aux autres. L'un des agents, le colonel George White, a déclaré à Kuehl que «les manteaux et les voitures de luxe de Holiday, ses bijoux et ses diamants» suscitaient beaucoup de ressentiment.
«Ils ont fait de son ennemi public numéro un et ont détruit sa vie de bien des façons», dit Smith. Littéralement, diraient certains. Holiday est décédée des suites d'une cirrhose du foie, causée par l'abus d'alcool, mais, sans doute, elle a été conduite à mort par deux décennies de persécution. Même à la fin, elle a été arrêtée dans son lit d'hôpital pour possession de stupéfiants.
Malheureusement, tout cela semble pertinent. «Nous avons terminé le film l'année dernière et je ne l'ai revu qu'en septembre», raconte Erskine. «J'ai été choqué de voir à quel point c'était politique. Quand nous le faisions, nous avions l'impression de présenter des vérités sur des choses que tout le monde comprenait, le pouvoir de l'homme blanc, le racisme structurel. J'étais sur le point de faire un film sur Billie, et l'une des joies est que vous pouvez vraiment la voir. Mais je suppose que cela nous dit que nous n'avons pas vraiment traité de blessures générationnelles dans la société.
Coy révolutionnaire… Vacances et collaborateurs, 1939.
Mais surtout, dit-il, «si le film se sent pertinent, c'est parce qu'elle se sent pertinent. Elle parle de sexe, de race, de violence, des problèmes qui sont au cœur de la façon dont nous communiquons aujourd'hui, et elle n'en parle pas en arrière. Billie Holiday s'est levée et a chanté Strange Fruit en 1939, puis à peu près tous les soirs de sa vie pendant 20 ans. Elle a été incarcérée pour ça, et elle l'a chanté devant un public blanc, et c'était 16 ans avant Rosa Parks .
Holiday n'avait aucune idée de ce que seraient les effets à long terme de chanter Strange Fruit: emprisonné pendant un an à cause d'une accusation de drogue; l'interdiction permanente de chanter dans les salles qui servaient de l'alcool, effaçant ainsi une grande quantité de revenus futurs et la forçant à tourner sans fin jusqu'à sa mort. Pourtant, dit Smith, elle ne ferait aucun compromis. «Elle savait en la chantant qu'elle allait perdre beaucoup. Et elle l'a fait. Avec le mouvement des droits civiques dans les années 60, des gens ont perdu la vie et, en substance, elle a perdu la vie en chantant cette chanson.
Cela, dit-elle, en plus de la musique, c'est pourquoi l'héritage de Holiday a perduré. «Elle connaissait sa place. Et parfois, elle ne voulait pas rester à sa place. C'est pourquoi elle est Billie Holiday - elle était une combattante. Et, en tant qu'icône, elle a survécu.
Jo Jones l'a résumé. «Comment l'a-t-elle pris? il a répondu, quand Linda Kuehl a demandé comment Holiday a géré la ségrégation. «Putain! Elle entrerait et chanterait! Allez les baiser! Elle a fait ce qu'elle a fait jusqu'à sa mort.
• Billie est disponible numériquement à partir du 16 novembre sur Amazon et iTunes . Un Q&A avec James Erskine aura lieu le 15 novembre dans le cadre du London Jazz Festival.
Nombre de messages : 19569 Age : 50 Localisation : dans la galaxie Date d'inscription : 02/05/2008
Sujet: Re: BILLIE HOLIDAY Sam 14 Nov - 14:15
Billie Holiday : un nouveau film sur la diva en préparation !
Alors que le documentaire "Billie" sortait le 30 septembre dernier, c'est un film centré sur les démons de Lady Day qui verra le jour prochainement
Source d'inspiration pour de nombreux chanteurs et musiciens, il s'avère que LadyDay inspire tout autant les cinéastes ! Fin septembre, le réalisateur JamesErskine dévoilait un documentaire sincère, réaliste et très riche sur la vie et la carrière de BillieHoliday, dévoilant ses succès aussi bien que ses déboires.
C'est maintenant au tour de LeeDaniels, cinéaste américain à qui nous devons l'excellent LeMajordome, de se plonger dans la vie de la diva. Il ne s'agira pas d'un documentaire cette fois, mais bel et bien d'un film dans lequel BillieHoliday sera incarnée par la chanteuse de R'n'B AndraDay.
D'après les premières informations communiquées, le film se concentrera sur les démons de la chanteuse, plus précisément ses déboires judiciaires, la drogue et la pression exercée par les médias. Intitulé The United States Vs Billie Holiday, le film devrait être disponible dès mars 2021.