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Sujet: PARIS inspire les poetes. Mar 8 Juil - 11:53
Le Pont Mirabeau Guillaume Apollinaire
Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu'il m'en souvienne La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face Tandis que sous Le pont de nos bras passe Des éternels regards l'onde si lasse
Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure
L'amour s'en va comme cette eau courante L'amour s'en va Comme la vie est lente Et comme l'Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines Ni temps passé Ni les amours reviennent Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure
Nine Admin
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Sujet: Re: PARIS inspire les poetes. Mar 8 Juil - 11:56
Mirabeau Bridge
Under Mirabeau Bridge runs the Seine with all our loves, which I must recall, joy forever following pain.
Night sounds the hours, days depart, I remain.
Hand in hand let us stand face to face while under the bridge of our arms pass our time-locked eyes in a lazy wave.
Night sounds the hours, days depart, I remain.
And love runs like this running water, love runs, sure as life drags, sure as hope forces.
Night sounds the hours, days depart, I remain.
Days pass into weeks that pass. Neither times passed nor my love return. Under Mirabeau Bridge runs the Seine.
Night sounds the hours, days depart, I remain.
GUILLAUME APPOLINAIRE
Translation by matt, 2006.
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liliane Admin
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Sujet: Re: PARIS inspire les poetes. Mar 8 Juil - 12:04
A lot of thanks for this translation.
Guillaume Apollinaire, the innovator of French poetry, was - like his artist friends - influenced by the rapid succession of frames in silent movies, and he adopted this technique in his own work.
At the beginning of this century there was, in general, a great curiosity about new inventions within communications. Apart from trains, automobiles and airplanes, artists recognized entirely new means of expression through the telephone, the wireless telegraph and the phonograph.
Nine Admin
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Sujet: Re: PARIS inspire les poetes. Mar 8 Juil - 12:08
Les amoureux de Paris regarderont toujours l'eau couler sous le pont Mirabeau.
Peut-être un jour faudra-t-il l'appeler pont Apollinaire puisque la nostalgie d'un simple vers lui a donné tant de célébrité. Le poète, à l'époque où il écrivit le « pont Mirabeau », habitait Auteuil. Infatigable marcheur, il empruntait souvent le pont pour rentrer chez lui, fasciné par la Seine.Il s'explique dans « Zone »: « Tu marches vers Auteuil, tu veux aller chez toi à pied.../Bergère, ô tour Eiffel, le troupeau de ponts bêle ce matin... ».
Revenait-il de l'atelier de son ami Chagall, à la Ruche, dans le XVème arrondissement? Avec un peu d'eau et le nom d'un pont, Apollinaire a fait un merveilleux poème où la fuite du temps et la précarité des amours sont à l'image de cette eau qui court. Il existe un enregistrement sur cylindre de la voix du poète, lisant ses vers, avec la mort d'Apollinaire par le Studio-Laboratoire des Archives de la Parole qui, dès 1911, enregistrait les voix célèbres, à la Sorbonne. Sans aucun doute, il s'agit là du plus ancien enregistrement célébrant la Seine.
Le pont Mirabeau date de 1893. Ses trois arches sont un très beau travail d'acier réalisé par Résal, ingénieur du pont Alexandre III et de la passerelle Debilly. Grâce à ce matériau, l'ouverture centrale a pu atteindre près de 100 m, ce que l'emploi de la pierre n'aurait pas permis. Sa fine rambarde lui donne un charme désuet et quatre statues de bronze, bien en chair, enfourchent les proues de barques qui forment les avant-becs des piles. L'une d'elles met à sa bouche la trompette de la Renommée, et semble clamer on ne sait quel message. Ce sont quatre divinités marines de A. Injalbert.
Date de construction : 1893
Dimensions : Largeur 20m.
Descriptif constructif Trois arches métalliques de 32, 93 et 32m, sept fermes en acier, en cantilever. Chaque ferme se compose de deux moitiés symétriques, s'appuyant l'une sur l'autre à la clé par une articulation. Appuis sur piles par rotules ; appuis sur culées avec des ancrages à bielle. (Une demi-ferme en cantilever comprend une volée de 49m et une culasse de 37m). Culées fondées sur pieux. Piles sur caissons descendus à l'air comprimé et reposant sur la craie.
Adresse quai Louis-Blériot quai André Citroën 75016 Paris
Nine Admin
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Sujet: Re: PARIS inspire les poetes. Lun 11 Aoû - 17:31
video POEME LE PONT MIRABEAU par SERGE REGGIANI A ne pas rater !
juste superbe, le ton, la diction et la ... VOIX
Dernière édition par Nine le Dim 1 Mar - 13:04, édité 3 fois
liliane Admin
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Sujet: Re: PARIS inspire les poetes. Sam 3 Jan - 16:29
Théophile GAUTIER (1811-1872) (Recueil : Emaux et camées)
L'obélisque de Paris
Sur cette place je m'ennuie, Obélisque dépareillé ; Neige, givre, bruine et pluie Glacent mon flanc déjà rouillé ;
Et ma vieille aiguille, rougie Aux fournaises d'un ciel de feu, Prend des pâleurs de nostalgie Dans cet air qui n'est jamais bleu.
Devant les colosses moroses Et les pylônes de Luxor, Près de mon frère aux teintes roses Que ne suis-je debout encor,
Plongeant dans l'azur immuable Mon pyramidion vermeil Et de mon ombre, sur le sable, Écrivant les pas du soleil !
Rhamsès, un jour mon bloc superbe, Où l'éternité s'ébréchait, Roula fauché comme un brin d'herbe, Et Paris s'en fit un hochet.
La sentinelle granitique, Gardienne des énormités, Se dresse entre un faux temple antique Et la chambre des députés.
Sur l'échafaud de Louis seize, Monolithe au sens aboli, On a mis mon secret, qui pèse Le poids de cinq mille ans d'oubli.
Les moineaux francs souillent ma tête, Où s'abattaient dans leur essor L'ibis rose et le gypaëte Au blanc plumage, aux serres d'or.
La Seine, noir égout des rues, Fleuve immonde fait de ruisseaux, Salit mon pied, que dans ses crues Baisait le Nil, père des eaux,
Le Nil, géant à barbe blanche Coiffé de lotus et de joncs, Versant de son urne qui penche Des crocodiles pour goujons !
Les chars d'or étoilés de nacre Des grands pharaons d'autrefois Rasaient mon bloc heurté du fiacre Emportant le dernier des rois.
Jadis, devant ma pierre antique, Le pschent au front, les prêtres saints Promenaient la bari mystique Aux emblèmes dorés et peints ;
Mais aujourd'hui, pilier profane Entre deux fontaines campé, Je vois passer la courtisane Se renversant dans son coupé.
Je vois, de janvier à décembre, La procession des bourgeois, Les Solons qui vont à la chambre, Et les Arthurs qui vont au bois.
Oh ! dans cent ans quels laids squelettes Fera ce peuple impie et fou, Qui se couche sans bandelettes Dans des cercueils que ferme un clou,
Et n'a pas même d'hypogées A l'abri des corruptions, Dortoirs où, par siècles rangées, Plongent les générations !
Sol sacré des hiéroglyphes Et des secrets sacerdotaux, Où les sphinx s'aiguisent les griffes Sur les angles des piédestaux ;
Où sous le pied sonne la crypte, Où l'épervier couve son nid, Je te pleure, ô ma vieille Égypte, Avec des larmes de granit !
Nine Admin
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Sujet: Re: PARIS inspire les poetes. Dim 1 Mar - 12:24
PLACE DES VOSGES à Paris en france, sur la terre :
La place des Vosges par un froid mais ensoleillé midi d'automne . Sur la voix d'Edith Piaf un moineau Parisien ..
La Place des Vosges
Commencée en 1605 sous le règne d'Henri IV, la construction de cette place, à l'emplacement d'un ancien palais de Catherine de Médicis, a été achevée en 1612. Elle est célèbre pour la symétrie et l'ordonnance des façades qui la bordent. Celles-ci sont en effet toutes identiques mais les maisons qui se cachent derrières ne le sont en rien !
Edith Piaf SOUS LE CIEL DE PARIS Paroles: Jean Dréjac, musique: Hubert Giraud, enr. 20 octobre 1954
Sous le ciel de Paris S'envole une chanson Elle est née d'aujourd'hui Dans le coeur d'un garçon Sous le ciel de Paris Marchent les amoureux Leur bonheur se construit Sur une air fait pour eux Sous le pont de Bercy Un philosophe assis Deux musiciens, quelques badauds Puis des gens par milliers
Sous le ciel de Paris Jusqu'au soir vont chanter L'hymne d'un peuple épris De sa vieille Cité Prés de Notre-Dame Parfois couve un drame Oui, mais à Paname Tout peut s'arranger Quelques rayons du ciel d'été L'accordéon d'un marinier L'espoir fleurit Au ciel de Paris
Sous le ciel de Paris Coule un fleuve joyeux Il endort dans la nuit Les clochards et les gueux Sous le ciel de Paris Les oiseaux du Bon Dieu Viennent du monde entier Pour bavarder entre eux Et le ciel de Paris A son secret pour lui Depuis vingt siècles il est épris De notre île Saint-Louis
Quand elle lui sourit Il met son habit bleu Quand il pleut sur Paris C'est qu'il est malheureux Quand il est trop jaloux De ses millions d'amants Il fait gronder sur eux Son tonnerre éclatant Mais le ciel de Paris n'est pas longtemps cruel... Pour se faire pardonner, il offre un arc-en-ciel... :malelovies:
Nine Admin
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Sujet: Re: PARIS inspire les poetes. Dim 1 Mar - 12:45
*** Paris Paris combien ? Paris tout c'que tu veux Paris Paris tenu Paris Paris perdu Paris tu m'as laissé Sur ton pavé ***
Quand j'te quitte un peu loin Tu ressembles au chagrin Ça m'fait un mal de chien
Paris Paris combien ? Paris tout c'que tu veux Boul'vard des bouleversés Paris tu m'as renversé Paris tu m'a laissé sur ton pavé.
Nine Admin
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Sujet: Re: PARIS inspire les poetes. Dim 1 Mar - 13:13
"Je passais au bord de la Seine - Un livre ancien sous le bras - Le fleuve est pareil à ma peine - Il s'écoule et ne tarit pas - Quand donc finira la semaine."
Alcools (1913), Marie Citations de Guillaume Apollinaire
liliane Admin
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Sujet: Re: PARIS inspire les poetes. Mar 6 Déc - 15:33
HOMMAGE A PARIS
Dernière édition par liliane le Dim 24 Fév - 15:28, édité 1 fois
liliane Admin
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Sujet: Re: PARIS inspire les poetes. Ven 14 Fév - 21:37
Avenue Moche
Oscar Bauer, haut-fonctionnaire qui travaille au Ministère de la Culture, dénonce le projet soutenu par Anne Hidalgo de tranformation de l'avenue Foch à Paris en parc urbain.
C'est l'heure où le bobo parisien, sorti de son lit, culpabilisé d'avoir zappé son jogging (sa messe?), se réconforte devant son café croissant, enrichi ce jour là de la lecture jugée inoffensive du Journal du Dimanche. Ô saisons… Quelle âme est sans défaut? La douceur de ce mois de janvier autorise de s'asseoir à la terrasse, et - indulgence coupable -l'atmosphère pourrait aller jusqu'à oser une cigarette dégustée sous la rampe de gaz, désormais familière quoique honnie par les EELV. La lecture machinale de la page de garde de l'inoffensif et consensuel hebdomadaire interrompt toutefois la quiétude de ce matin parisien, gris et doux depuis que Charles Baudelaire l'a ainsi durablement qualifié. L'œil du bobo s'arrondit et son esprit s'alarme. Le titre l'interloque: «Une immense coulée verte avenue Foch/le projet fou d'Anne Hidalgo»… A ce stade, le bobo pressent sa journée gâchée et sa tranquillité compromise. L'«incroyable projet» est détaillé page 1 du cahier Paris. Les heureux provinciaux ont-ils donc échappé à la nouvelle époustouflante et ainsi été épargnés pour profiter pleinement du jour du Seigneur?
Mieux vaut citer textuellement l'organe de presse: «L'idée est de faire de cette avenue historique, créée en 1854… un parc urbain pour la moitié… et une promenade bordée de commerces pour l'autre…». Et surgit ainsi, dans un avenir hideux plus que radieux, une «coulée verte» débordant du bois de Boulogne à l'Ouest, (espace dont la verdure persistante n'est cependant contestée par personne), et une audacieuse promotion immobilière (150 000 m2) côté Arc de triomphe de l'Étoile à l'Est, autorisée par l'exceptionnelle largeur de l'artère (140 m) voulue par Haussmann. Le lecteur a-t-il compris qu'il s'agit de doubler les façades bâties existantes par «plusieurs bâtiments de cinq ou six étages abritant un grand magasin, un hôtel de luxe ainsi que des commerces en rez-de-chaussée surmontés de bureaux et de logements».
Comment ne pas citer encore? «Cette métamorphose signera le renouveau de ces lieux et relancera l'image de Paris dans le monde. C'est un chantier considérable dont la planète entière va parler!». Hélas, M. le député Le Guen! Elle en parlera que pour s'en désoler!
Voilà l'instant où notre critique est aussitôt traité de réactionnaire, voire de nostalgique. Et pourtant, M Girard, l'ami des riches, c'est vous !
Plus prosaïquement, le bénéfice attendu de cette opération commerciale s'élèverait à 6 à 700 millions d'euros. Bravo, quoique l'enveloppe n'est pas véritablement mirobolante, la recette fiscale annuelle de la Ville de Paris s'élevant à près de 8 milliards.
Il faut certainement donc avoir quotidiennement frayé pendant deux mandatures et ainsi subi continûment la logorrhée enthousiaste de M. Delanoë, adepte du festif à tout crin et de M. Girard, créatif confortablement et honteusement installé depuis de longues années comme directeur de la stratégie du groupe LVMH, pour marier ainsi, avec tant de désinvolture et d'audace, déambulation piétonne et commerce de luxe, au mépris de tout raisonnement, de toute mémoire et de toute culture.
MM Delanoë, Le Guen et Girard, Mme Hidalgo elle-même hésiteront-ils à sacrifier les luxueux jardins élaborés par Alphand de part et d'autre de l'avenue Foch, ci-devant avenue du Bois ou de l'Impératrice et chef d'œuvre de l'urbanisme haussmannien à coté de l'avenue de l'Opéra et du boulevard Malesherbes où elle s'inscrit dans une hiérarchie subtile?
La pauvreté et même la misère des récents aménagements des quais rive gauche, couleurs primaires, matériaux acryliques et formes ludiques réservées jusque là aux seules cours de récréation, dont la laideur est tous les jours cruellement mise en exergue par le désert des lieux et l'abandon des commerces pourtant formellement promis aux loisirs des chalands découragés d'une part, le désordre et l'invraisemblable inflation des coûts d'aménagement du site des Halles d'autre part, augurent mal de la maîtrise d'un tel projet, aussi absurde soit-il.
Outre son coût, sa réalisation marquerait durablement d'une affreuse cicatrice le paysage parisien, anéantissant un projet urbain historique parfaitement identifié du meilleur second empire. Il serait aussi, dans la conjoncture actuelle, une source injustifiable de gâchis de ressources publiques pour une opération absurde dont le coût ne manquera pas de dépasser les capacités contributives des pourtant opulents contribuables riverains de l'avenue ainsi pris en otage.
Bien sûr, voilà l'instant où notre critique est aussitôt traité de réactionnaire, voire, pire encore, de nostalgique. Et pourtant, M. Christophe Girard, l'ami des riches, c'est vous! Le féal, c'est bien vous, qui avez répondu avec docilité et cynisme aux instructions de votre maître, qui avez tordu sur son ordre les règles d'urbanisme pour autoriser sans débats ni contestations publiques, hormis quelques pauvres contentieux de riverains tôt réduits au silence le surgissement, au milieu des canards et des lapins, de la fondation Louis Vuitton pour l'art contemporain (pléonasme, imagine-t-on une fondation Vuitton pour l'art du XVIIème siècle?). Cette construction mirobolante de nouveau riche a pu être célébrée comme un événement. C'est en réalité une assez pauvre initiative rendue banale par nombre de chantiers identiques courtement célébrés à travers le monde! Ainsi s'élève de votre fait, M. l'adjoint au Maire de Paris chargé de la Culture, dans la révérence et au milieu du bois de Boulogne, espace protégé s'il en est, l'immeuble de Frank Gerry, anomalie obtenue par votre acharnement, au bénéfice de votre employeur, M. Bernard Arnault. Quelle innovation en effet, M. Girard, 25 ans après le Guggenheim de Barcelone!
Intéressez-vous à la place de Concorde où l'État, désormais incapable ne semble rien faire de l'Hôtel de la Marine !
Revenons avenue Foch. Quel drôle de projet, où se mêlent la provocation et l'inculture, l'idéologie et la sottise, la démagogie et l'absolue incompréhension de paysage parisien! Quant à moi, comme tant d'autres, m'aurait-on interrogé, j'aurai suggéré de traiter d'autres sites parisien martyrisés, illisibles, invivables, dont la laideur pénible est subie depuis tant d'années par leurs habitants exaspérés, aux périphéries de la ville. Mais la porte Dauphine, promise par vous à l'état de «hub piétons» (NB: bâtiment cylindrique abritant cinémas, bibliothèque, salles de conférence et espaces de coworking…) est sans doute un espace délaissé… ne serait-ce que par l'évaporation de la prostitution qui y est désormais bannie? Aurea simplicitas! Vous avez donc voulu, esprits simples que vous êtes, y relancer une activité désormais défaillante!
Considérez plutôt, Mme Hidalgo, M Le Guen, et les autres, par exemple l'abominable Porte Maillot, rongée depuis trente ans par les échangeurs du boulevard périphérique, et qui pourrait constituer cependant une des plus belles vues et une des plus belles entrées dans Paris. Il serait raisonnable dans votre jargon, de la requalifier… Regardez aussi, parmi tant d'autres, la médiocre Porte d'Asnières, où on accède par l'ouest à la Madeleine et à la Concorde… Intéressez-vous à la place de Concorde, chef d'œuvre de Gabriel et de Hittorff, où l'État, désormais incapable ne semble rien faire de l'Hôtel de la Marine! Renseignez-vous, consultez! Tant de lieux réclament vos soins. Et laissez aux lecteurs de la Recherche du temps perdu l'avenue du Bois! Car c'est le jeune Marcel Proust, M. Le Guen qui est en réalité d'une «notoriété aujourd'hui véritablement planétaire». Laissons le suivre pour le siècle qui vient la victoria de la belle Odette de Crécy, créature futile certes, sotte peut-être, mais éprise de beauté même naïve, et qui n'aurait jamais pensé imaginer tels ravages un jour programmés:
«Mais au lieu que la simplicité, c'est le faste que je mettais au plus haut rang, si, après que j'avais forcé Françoise, qui n'en pouvait plus et disait que les jambes lui rentraient, à faire les cent pas pendant une heure, je voyais enfin, débouchant de l'allée qui vient de la Porte Dauphine - image pour moi d'un prestige royal, d'une arrivée souveraine telle qu'aucune reine véritable n'a pu m'en donner l'impression dans la suite, parce que j'avais de leur pouvoir une notion moins vague et plus expérimentale - emportée par le vol de deux chevaux ardents, minces et contournés comme on en voit dans les dessins de Constantin Guys, portant établi sur son siège un énorme cocher fourré comme un cosaque, à côté d'un petit groom rappelant le «tigre» de «feu Beaudenord», je voyais où plutôt je sentais imprimer sa forme dans mon cœur par une nette et épuisante blessure - une incomparable victoria, à dessein un peu haute et laissant passer à travers son luxe «dernier cri» des allusions aux formes anciennes, au fond de laquelle reposait avec abandon Mme Swann, ses cheveux maintenant blonds avec une seule mèche grise ceints d'un mince bandeau de fleurs, le plus souvent des violettes, d'où descendaient de longs voiles, à la main une ombrelle mauve, aux lèvres un sourire ambigu où je ne voyais que la bienveillance d'une Majesté et où il y avait surtout la provocation de la cocotte, et qu'elle inclinait avec douceur sur les personnes qui la saluaient». (La recherche du temps perdu, du coté de chez Swann, noms de pays, le nom, Quarto, Gallimard 2004, page 336)
Belle, longue et éloquente tirade proustienne, to the very happy few.