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 Gérard Depardieu « J’avoue que pour moi cette époque est difficile à vivre »

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liliane
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liliane


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MessageSujet: Gérard Depardieu « J’avoue que pour moi cette époque est difficile à vivre »   Gérard Depardieu « J’avoue que pour moi cette époque est difficile à vivre » EmptyMer 23 Fév - 6:31


Gérard Depardieu « J’avoue que pour moi cette époque est difficile à vivre »




Gérard Depardieu « J’avoue que pour moi cette époque est difficile à vivre » Detail
Cet article est issu du n° 20220222

RENCONTRE À 73 printemps, l’acteur fétiche de Truffaut retrouve un rôle à sa mesure dans le nouveau film de Patrice Leconte, en incarnant le mythique commissaire imaginé par Simenon.

Olivier Delcroix

Àpeine entré dans le vaste appartement parisien de Gérard Depardieu, on aperçoit un pardessus autour d’une grande statue trônant au milieu de la pièce. On croise Patrice Leconte sur le départ. Farceur, le réalisateur de Maigret s’apprête à récupérer son manteau qu’il avait pendu sur cette sculpture de Germaine Richier acquise il y a longtemps par Depardieu. « Je crois que je vais te laisser mon manteau, parce que cela lui va bien à ta sculpture ! », s’exclame-t-il goguenard avant de quitter les lieux. Depardieu rigole. En se disant au revoir, les deux hommes se taquinent, se traitent mutuellement de « petit bonhomme »… Leur complicité est évidente. Pourtant, c’est la première fois que Depardieu tourne avec le réalisateur des Bronzés, du Mari de la coiffeuse ou de Monsieur Hire… À 73 printemps, le comédien fétiche de François Truffaut apparaît en pleine forme, souriant, détendu. Il s’assoit

LE FIGARO. - C’est votre première collaboration avec Patrice Leconte. Comment cela s’est-il passé ?

Gérard DEPARDIEU. - Cela s’est passé chez moi, ici même, dans cette pièce qui est un ancien théâtre. Patrice est venu m’apporter le scénario de Maigret et la jeune morte. C’est lui qui a eu l’idée de me voir en Maigret. On se connaissait de vue. J’aimais son humour. Je le connaissais surtout par ses films. J’avais beaucoup aimé Monsieur Hire. Je voyais surtout la diversité de son travail. Les vécés étaient fermés de l’intérieur, son tout premier long-métrage, m’avait beaucoup fait rire. J’avais su à l’époque que Leconte avait souffert avec Jean Rochefort. Vous savez, parfois, un acteur peut être chiant. Même jeune, Leconte a réussi à mener à bien son tournage. C’est un type qui a toujours eu envie d’aller au bout des choses. C’est une qualité. Plus tard, Rochefort s’est racheté. La preuve, il a tourné Tandem et Le Mari de la coiffeuse, qui est magnifique. Patrice m’a raconté qu’à l’époque, il s’était quand même demandé s’il était fait pour ce métier. En fait, il l’est. Moi, je le sais. Il a le goût de la littérature. Il a le goût du cinéma aussi. Je le sais parce que le film que nous venons de tourner, je le sens, c’est du cinéma…

Justement, comment s’est passé le tournage de Maigret ?

D’abord, moi, sur le plateau, je ne me suis jamais ennuyé. C’est un signe. J’étais content de partager tout ça avec lui et avec l’équipe. Il y avait Yves Angelo qui faisait la lumière. J’ai retrouvé les électros, les machinos que je connaissais. On terminait nos journées toujours en avance. J’ai adoré l’ambiance qui régnait sur le film, ses petits riens, la rigolade à la cantine, bref, tout ce qui se passe sur un plateau. C’est comme un foyer. C’est chaleureux. Ça irradie. C’est aussi ­comme un gîte où l’on croise des personnages extraordinaires, pas même conscients de leurs talents. C’était un tournage plein de joie. Patrice et moi, nous nous étions mis d’accord sur le fait de ne pas multiplier les prises. Patrice savait ce qu’il voulait. Vraiment !

Aviez-vous déjà lu des « Maigret » et Georges Simenon ?

J’aime beaucoup Georges Simenon. Mais je confesse n’avoir pas beaucoup lu de « Maigret ». J’ai lu les autres Simenon, notamment la période américaine…

Qu’est-ce qui vous plaît chez Simenon ?

D’abord, il a écrit près de 400 romans. Pour moi, c’est le Balzac du XXe siècle. C’est-à-dire que son écriture, en apparence simple, se fait essentielle au fil des pages. Simenon, c’est l’art du détail. Ce sont aussi des portraits de petites gens. C’est la littérature populaire dans ce qu’elle a de plus beau. C’est un maître de l’analyse. Ce qui me plaît, c’est ça. La littérature actuelle est chiante. Souvent, ça me tombe des mains. Alors que Simenon, c’est grandiose.

Et le Commissaire Maigret ?

Quand Simenon écrit son premier « Maigret », c’est fabuleux. Il ne faut pas oublier que c’est un Belge. Il a ciselé son commissaire grâce à un incomparable don d’observation. Son personnage n’est pas très intelligent. Mais c’est un intuitif. Comme moi. Maigret, c’est un type simple qui mange son andouille frites ou du bœuf miroton. Sa femme lui prépare des petits plats. Ce n’est pas un flic comme les autres. Ce n’est pas quelqu’un qui cherche à savoir. Non, il écoute ! C’est un « raccommodeur de destinées » comme l’a dit Simenon dans une de ses interviews. Il aime comprendre, pas juger.

Depardieu en Maigret, après Michel Simon, Jean Gabin, Jean Richard et Bruno Cremer, qu’est-ce que ça vous fait ?

Ça se tient. Pour moi, Simenon, c’est de la tragédie. En choisissant d’adapter Maigret et la jeune morte, Patrice Leconte a fait le bon choix. Pour une fois, les époux Maigret sont là, au centre de l’histoire. Cette douleur qu’ils ont tous les deux, elle et lui, transparaît à l’écran. Leconte filme un Maigret profondément humain. Parce que l’histoire paraît presque anodine… C’est une jeune femme que l’on découvre lardée de coups de couteau dans une robe du soir. Son corps est retrouvé place Vintimille, dans le 9e arrondissement de Paris. Déjà, Maigret sait qu’elle n’est pas morte là. Déjà, il sent. C’est son intuition. Puis, sans rien faire sinon observer les autres, il va trouver petit à petit l’identité de cette jeune morte. Il va comprendre le piège dans lequel est tombée cette victime qui ressemble à tellement de jeunes femmes qui, à l’époque, dans les années 1950, montaient à Paris pleines d’illusions et terminaient femmes de ménage… C’est du grand Simenon.

En 2009, n’aviez-vous pas déjà un projet d’adaptation de Georges Simenon avec Claude Chabrol ?

Oui. Mais finalement, j’aurai attendu Patrice Leconte pour tourner un « Maigret ». Avec Chabrol, nous avons fait Bellamy, qui était une sorte de « Maigret » chabrolien. Le film était dans la droite ligne de Simenon. Je jouais un commissaire à la retraite. C’était une sorte d’hommage à Simenon. C’était aussi le dernier film de Chabrol. J’ai connu Chabrol un peu trop tard. C’était un ami de Truffaut. Comme j’avais plutôt été marqué par François Truffaut, Claude Chabrol n’était pas venu vers moi…

François Truffaut vous manque parfois ?

Moi, j’ai eu de la joie avec François. « De la joie et de la souffrance », comme dirait mon personnage dans Le Dernier Métro. (Rires). Attention, je précise : il n’y a jamais eu de souffrance avec François. Nous avions des projets ensemble. Nous devions tourner Nez-de-cuir, d’après le roman de Jean de La Varende. Et puis Le Comte de Monte-Cristo aussi…

Le Commissaire Maigret est un mythe de la culture populaire. Vous en avez incarné beaucoup. Reste-t-il des personnages mythiques que vous souhaiteriez incarner à l’écran ?

Oh ! Je ne sais pas. Et je m’en fiche. Si, tiens ! Il y a un personnage que j’aimerais bien interpréter, c’est Fiodor Dostoïevski. Quand on lit Dostoïevski, on entre dans un monde à part, un univers très lourd. N’empêche, ça me plairait beaucoup de me retrouver plongé dans cette atmosphère-là. Par exemple, il y a de très grands personnages dans ses romans. Regardez Porphyre Petrovitch dans Crime et Châtiment, ce juge d’instruction qui fait face à Raskolnikov, il est plein d’intelligence, il a deviné la vérité…

On remarque qu’un fort sentiment de solitude marque les deux derniers films que vous avez tournés, Maigret et également Robuste, le premier film de Constance Meyer, sélectionné à Cannes l’été dernier…

Oui. Tout le monde est très seul. Il y a un moment dans la vie où on l’est moins. Quand on rencontre quelqu’un, quand on a un enfant, quand on a des enfants. Après, ça s’arrête. Il y a moins de passion. Après, on retourne à une forme de solitude. Moi, j’ai eu la chance de survivre par exemple. Cela m’a donné l’ouverture des yeux sur la beauté du monde. J’ai l’impression d’être privilégié. Je peux ressentir cette joie d’être vivant à l’intérieur du monde tel qu’il va. C’est pour ça que je m’intéresse beaucoup aux gens. Pour survivre, il faut sourire. Et il faut regarder, écouter tout ! Les bonnes et les mauvaises choses…

Êtes-vous heureux d’avoir retrouvé le cinéma ?

Pendant longtemps, j’ai dit que je tournais des films en attendant de refaire du cinéma. Aujourd’hui, j’ai le sentiment d’en avoir refait. Il aura peut-être fallu deux ans de Covid pour essayer de remettre les choses d’aplomb. Parce que je trouve que l’on est tout de même submergé d’images. Entre les clips, les stand-up des comiques qui n’ont rien à dire, et puis tous ces gens qui sont envahis par l’image sur leur smartphone et sur les réseaux sociaux. On croit qu’il y a de moins en moins de solitude. Mais avec tous ces nouveaux dispositifs, tous ces nouveaux médias, on s’enferme davantage. Bon sang ! Où est passée cette solitude fertile, où l’on peut voir, découvrir… Elle est en train de disparaître. Seule la lecture peut nous sortir de là, nous sortir de ce divertissement permanent, comme un bourdonnement stérile. J’avoue que pour moi cette époque est difficile à vivre.

Maigret et Robuste sont deux films aux antipodes l’un de l’autre…

Ce que je trouve surtout formidable, c’est que j’ai pu tourner dans ces deux films que vous trouvez si différents, et qui ont été réalisés par des cinéastes de générations différentes. Patrice Leconte a derrière lui une quarantaine de films. Il a débuté jeune, mais il fait encore du cinéma parce qu’il y a encore cette flamme en lui. Il connaît ses objectifs et sait comment les atteindre. Et puis il y a Constance Meyer. Pour moi, c’est un ovni. C’est la vie. Elle est d’une grande curiosité et d’une belle pudeur. Son regard pétille.

Comment a-t-elle réussi à vous charmer ?

Cela fait longtemps que je la connais. Elle était jeune, une vingtaine d’années quand je l’ai rencontrée. C’était en 2005. Je jouais à La Madeleine une pièce de Henry James adaptée par Marguerite Duras, La Bête dans la jungle, avec Fanny Ardant. Cela m’embêtait d’apprendre le texte. J’avais des oreillettes. Et pendant cinq mois, c’est Constance qui m’a soufflé mon texte dans l’oreillette. Je me suis rendu compte qu’elle était d’une fraîcheur et d’une intelligence hors norme. Constance et moi, on respire pareil.

Pourquoi avez-vous accepté de jouer dans son premier film ?

Parce que Robuste est un grand film. Et parce que je n’avais pas à dire non.


Comment arrive-t-elle à vous filmer avec autant d’empathie ?

Parce qu’elle me connaît. Elle connaît mon appartement. Elle connaît mes espaces de vie, ma mobylette, mon scooter. Elle connaît ma tête. Tout ça, elle connaît. Dans son film, j’incarne un acteur qui sent tout, qui voit tout. Je suis comme ça dans la vie. Ce Georges partage un moment de sa vie avec son garde du corps, incarnée par Déborah Lukumuena. Constance Meyer s’est un peu inspirée de ma vie pour ce film. Massika, qui s’occupe de ma sécurité depuis dix ans, a sûrement un peu servi de modèle. Mais son film aboutit à autre chose. Un film, ce n’est pas que de la pellicule. La pellicule, c’est une chose. L’émotion, c’est autre chose. Tu peux avoir un millier d’images mais aucune émotion. Si tu n’es pas sensible, si tu ne sais pas capter ou décrire l’essentiel, l’émotion n’apparaîtra pas sur l’écran. C’est pour cela que c’est bien que les gens retournent au cinéma après deux ans de Covid. Les salles ont eu le temps de se « nettoyer », de trouver un nouveau souffle. Parce que finalement, qu’est-ce que le public vient chercher au cinéma ? Il vient pour être avec les autres dans une émotion collective. Et là, je pense qu’on retrouve ça en ce moment… ■
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