Un quart des Français écoute désormais de la musique en streaming
En 2019, le marché a affiché une croissance de 5,4 %, dopée par le streaming payant.
Caroline Sallé
Après de modestes soubresauts ces trois dernières années, c’est une embellie plus franche qui semble se dessiner. En 2019, le marché de la musique a enregistré un chiffre d’affaires global de 772,5 millions d’euros, en hausse de 5,4 %. « La croissance est soutenue. Nous sommes positifs, mais sans triomphalisme. L’équilibre demeure précaire », constate Alexandre Lasch, le directeur général du Syndicat national de l’édition phonographique (Snep).
Si l’on remet ces résultats en perspective, il reste effectivement du chemin à parcourir avant de retrouver les sommets du début des années 2000, époque où le marché culminait à près de 1,5 milliard d’euros. Avec 625 millions d’euros générés l’an dernier, les ventes physiques et numériques représentent 44 % seulement de cet acmé. En clair, la filière n’est même pas arrivée au milieu du gué. La croissance de ces dernières années a tout juste servi à revenir au niveau atteint il y a dix ans. Un grand bond… en arrière, pour le moment.
La dynamique enclenchée donne cependant des raisons d’espérer mieux demain. Elle repose pour beaucoup sur le succès du streaming. À elle seule, la pratique, née il y a une décennie, totalise aujourd’hui 59 % des ventes, soit près de 370 millions d’euros. Une manne provenant pour l’essentiel des abonnements payants à Deezer, Spotify, Apple Music… « Ils génèrent désormais 80 % des revenus du streaming et 46 % des ventes globales », explique Alexandre Lasch. Un chiffre en hausse de 18,5 % alors que les revenus liés aux CD et disques ont fléchi, eux, de 10 %. Malgré tout, ce segment pèse encore 37 % du chiffre d’affaires, en raison d’un réseau de distribution puissant.
Signe que le streaming premium s’est popularisé, le nombre de souscriptions a bondi en un an de 5,5 millions à 7,2 millions. Ainsi, pour la première fois en 2019, le nombre d’abonnements a franchi la barre symbolique des 10 % de la population, indique le Snep. En intégrant tous les utilisateurs des forfaits familles - un abonnement donne accès à plusieurs comptes -, ce sont même 9,4 millions de Français qui ont cédé aux sirènes du streaming payant. Et si l’on y ajoute 6 millions d’usagers gratuits, près d’un quart de la population française est maintenant converti au streaming audio.
Un phénomène de surexposition
Mieux : toutes les générations s’y mettent. Si 96 % des 16-24 ans écoutent de la musique en streaming, un quart des utilisateurs a plus de 55 ans, note le rapport. Cette cible ne représente toutefois que 11 % des abonnés payants. « Ils restent donc des marges de progression très importantes sur le segment du streaming payant », constate Alexandre Lasch.
La démocratisation de l’écoute de musique en ligne devrait par ailleurs aboutir dans les prochaines années à un rééquilibrage des performances des différents genres musicaux. Actuellement, les musiques urbaines, écoutées principalement par les jeunes, autrement dit les principaux usagers du streaming, trustent 125 places du top 200 singles (62 %). Ce phénomène de surexposition devrait bientôt laisser place à une plus grande diversité.
Rap, pop ou variété, en attendant, le marché tricolore de la musique peut s’enorgueillir d’être porté par les artistes de la scène locale. Sur les 20 meilleures ventes de l’année, on ne compte qu’une seule production étrangère. Dans le trio de tête du classement, les albums d’Angèle, de Nekfeu et de Johnny. Preuve que le chanteur retient toujours l’envie…
LE FIGARO