cantatrice américaine, mezzo-soprano,
née en 1969 à Fairbanks (Alaska).
Rossini lui a toujours porté chance,
mais son nom est également associé à la musique baroque,
à laquelle son timbre velouté de mezzo et son tempérament vainqueur
semblent avoir été prédestinés.
Vivica Genaux est une cantatrice heureuse, applaudie sur toutes les scènes,
qui incarnera son rôle fétiche au Grand Théâtre de Genève,
celui de La Cenerentola, en février.
Regard sur une cantatrice qui venait du froid.
Quatrième et dernière fille d’un couple pour le moins cosmopolite,
composé d’une mère allemande élevée à Mexico City et d’un père originaire de l’Iowa,
qui se sont rencontrés en Suisse où ils faisaient leurs études,
Vivica Genaux passe son enfance à Fairbanks, en Alaska.
Aux côtés d’une enseignante polyglotte et d’un biochimiste,
l’enfant grandit dans un entourage où les langues et les cultures
s’entremêlent le plus naturellement du monde.
Pour lutter contre la dépression qui guette les habitants de cette région,
où l’hiver dure neuf mois, la pratique des arts est indispensable.
DéclicLa jeune Vivica jongle donc très tôt avec le jodel alpin et le mariachi mexicain,
le lied allemand et l’opéra, avant d’étudier le piano, le violon,
le chant choral et de s’adonner à la danse.
Sa participation à une comédie musicale
lors d’un spectacle de fin d’année est un déclic ;
elle découvre à dix ans le plaisir de la scène
et réalise qu’elle tient là la clé de son bonheur.
Bien qu’elle poursuive des études de sciences à l’Université,
Vivica choisit de suivre plus sérieusement des cours de chant.
Son premier professeur de musique
ne se montre guère enthousiaste envers ses capacités.
Il l’imagine soprano, mais cette tessiture se révèle assez inconfortable.
Elle rencontre fort heureusement à l’Université d’Indiana
où elle vient d’obtenir son diplôme, deux professeurs éminents,
la basse Nicola Rossi-Lemeni et son épouse Virginia Zeani,
qui l’orientent vers le répertoire de mezzo.
Désorientée, elle se ressaisit et part en bibliothèque
à la recherche des partitions et des artistes qui se sont illustrés dans ce répertoire.
Elle qui ne connaissait que Carmen et Le barbier de Séville,
découvre avec émerveillement un monde inconnu
dans lequel elle s’immerge totalement.
Sa voix naturellement agile, vocalisant avec facilité,
lui permet de préparer activement ses premières auditions
et d’obtenir un contrat pour l’Italie.
Elle y fait la connaissance de son professeur actuel,
la fille du célèbre Ezio Pinza, Claudia.
Elle parfait sa technique aux côtés de cette pédagogue éclairée,
avec laquelle elle travaille la langue italienne,
s’initie à la culture du pays et se familiarise avec l’univers de Rossini
en étudiant plus particulièrement Rosina du Barbier,
Isabella de L’Italiana in Algeri et Angelina de La Cenerentola.
DébutsVivica Genaux débute professionnellement à Florence en octobre 1994,
dans L’Italiana in Algeri, rôle dans lequel elle apparaît
peu après à Paris et à San Francisco.
Sa vélocité, la délicatesse de son chant orné,
son timbre gracieux et son physique avenant sont immédiatement remarqués.
Son interprétation de Rosina ne tarde pas à enchanter l’Allemagne et l’Amérique,
Paris et New York lui offrant ses premières Angelina
(Théâtre des Champs-Elysées, 2003, mis en scène par Irina Brook).
Si Rossini lui permet d’accéder aux plus grands théâtres
(Malcom de La donna del lago, Arsace de Semiramide),
Donizetti confirme sa maîtrise du bel canto
(Maffio Orsini de Lucrezia Borgia et Alahor in Granata,
enregistré en octobre 1998 publié chez Almaviva),
son Romeo des Capuleti ed I Montecchi de Bellini confirmant
son aptitude vocale et sa propension à s’investir dans les grands rôles de travestis.
Sa rencontre avec René Jacobs en 2001 s’avère tout autant déterminante.
Peu de temps après avoir travaillé avec Alan Curtis
et gravé le rôle-titre d’Arminio de Haendel (Virgin),
Jacobs lui confie un plein programme d’airs immortalisés
part le célèbre castrat Farinelli.
Les pages composées par Broschi, Hasse, Giacomelli et Porpora
la propulsent parmi les jeunes mezzos du moment.
Le succès commercial et critique remporté par cet album,
lui donne l’opportunité d’étayer ses connaissances de la musique baroque,
de se mesurer aux différentes écoles et d’acquérir le style approprié,
grâce à la proximité musicale de Fabio Biondi avec lequel
elle enregistre l’Oratorio per la Santissima Trinita d’Alessandro Scarlatti (Virgin 2004),
Bajazet de Vivaldi (Virgin 2005),
retrouvant Jacobs pour assumer le redoutable rôle-titre
de Rinaldo de Haendel pour HM (2003).
John Nelson dirige en 2003 son premier récital d’airs du bel canto pour Virgin
(Rossini et Donizetti), avec l’Ensemble Orchestral de Paris,
un second voyant le jour en septembre 2006,
conduit cette fois par Bernard Labadie (oeuvres de Haendel et Hasse).
A signaler enfin la toute dernière parution d’Atenaïde de Vivaldi chez Naïve,
dirigée par Federico Maria Sardelli,
où la pétillante Vivica Genaux interprète le rôle travesti de Teodosio.
CarrièreCes dernières années la cantatrice a abordé à la scène
Bradamante dans Alcina (en 2004 au Palais Garnier avec Luba Orgonasova,
Patrizia Ciofi, Vesselina Kasarova et John Nelson),
Polinesso dans Ariodante (TCE, mars 2007,
mis en scène par Lukas Hemleb et dirigé par Christophe Rousset,
autre spécialiste du répertoire baroque),
avant de s’emparer du rôle principal à Dallas, Arminio à Amsterdam,
Giulio Cesare à Washington, puis Sesto à San Diego,
ainsi que Rinaldo à Montpellier et Innsbruck et Semele (Ino et Juno)
au New York City Opera, des œuvres de Haendel
qu’elle affectionne tout particulièrement.
Après avoir endossé la tessiture d’Orfeo de Gluck à Los Angeles,
partition qu’elle reprendra cette saison à Toulouse
en concert avec Jean-Christophe Spinosi (6 mars),
Miss Genaux est attendue à l’Opéra de Washington pour s’emparer
du redoutable Bianca e Falliero de Rossini, en version de concert,
puis en mai à Pittsburgh pour les Capuletti ed i Montecchi,
avant de retrouver les studios d’enregistrement et le chef Fabio Biondi
pour Ercole sul Termodonte de Vivaldi (rôle d’Antiope),
en juillet à Bruxelles (une intégrale à paraître chez Virgin).
Avant cela, la jolie mezzo est annoncée pour des représentations
de La Cenerentola au Grand Théâtre de Genève (du 13 au 25 février),
une nouvelle production confiée par Joan Font dirigée par Giuliano Carella,
où elle devrait une fois encore briller.
François Lesueur
Voilà plusieurs points communs à notre favori Philippe Jaroussky,
je vous laisse les chercher !
Récompense * 1997 Prix ARIA
* 1999 Artiste de l'année au Festival de Musique de Dresde
Arias for Farinelli