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 FABRICE LUCHINI

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Bridget




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MessageSujet: Re: FABRICE LUCHINI   FABRICE LUCHINI - Page 2 EmptyMar 7 Nov - 15:09

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La pensée effervescente de Fabrice Luchini



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Par des pages superbes d'Hugo, de Péguy, de Cioran, et par sa propre expérience, il met l'argent à la question.


S'il n'y avait pas eu, en 2008, l'éprouvante crise des subprimes, sans doute Fabrice Luchini n'aurait-il pas imaginé un spectacle intitulé Des écrivains parlent d'argent . C'est que, et il le raconte avec un humour ravageur, à peu près au milieu de la représentation, il s'est alors rendu compte qu'il risquait de perdre toutes ses économies. On n'a pas, chaque soir, observé son père, marchand de fruits et légumes, faire sa caisse, sans en concevoir une inquiétude sur les lendemains.

Joueur, lançant ces aveux comme des volants de badminton, légers mais bien lestés, il en rajoute sur l'expression de la panique d'alors! Le ton monte, l'articulation s'accentue, le timbre se fait plus sonore. Il a eu chaud. Il est irrésistible. Ce funambule élégant qui jongle avec les mots et développe d'amples phrases subtilement cadencées, n'oublie pas qu'il est un clown. La salle, pleine à craquer, n'est plus que houle de rires, hoquets.



Ce funambule élégant qui jongle avec les mots et développe d'amples phrases subtilement cadencées, n'oublie pas qu'il est un clown




Car chacun reconnaît quelque chose de sa candeur face à la question de l'argent. D'éminents économistes, des banquiers, d'anciens ministres ou présidents de la République vont au théâtre écouter Luchini. Ils en savent sans doute bien plus que le public fervent et extraordinaire qu'a constitué, au fil des ans, Fabrice Luchini. C'est à ce public qu'il s'adresse. Il a une expérience à partager et il sait que les hommes d'écriture sont souvent plus clairvoyants que les politiques
«Aberration de mécanisme»

Charles Péguy saisit violemment, disant que ne règne plus qu'une puissance, celle de l'argent. «Par on ne sait quelle effrayante aventure, par on ne sait quelle aberration de mécanisme, par un décalage, par un dérèglement, par un monstrueux affolement de la mécanique, ce qui ne devait servir qu'à l'échange a complètement envahi la valeur à échanger.» Perversité toxique que le chantre lyrique du Mystère de la charité de Jeanne d'Arc analysait il y a plus de cent ans dans L'Argent. Le livre fut publié en 1913, un an avant sa mort au champ d'honneur en septembre 1914.

C'est cette pensée forte, c'est la manière dont cet esprit aigu, cet être loyal est scandalisé qui tient lieu de ligne de force à l'ensemble du spectacle. C'est lui qu'on entend, que l'on réécoute Hugo son aîné, et même Marx ou Guitry, Cioran, Cau, Bruckner. Luchini ose des rapprochements inattendus. Il ne thématise pas. Il ne construit pas une rédaction. Il traverse à grandes fulgurances, il frotte les pages comme des allumettes, il fait flamber toute certitude, mis en scène par Emmanuelle Garassino. On pense à la musique de Bach.

Lecteur d'une érudition vertigineuse, comédien rigoureux, il réussit le prodige de divertir en conduisant qui l'écoute jusqu'à des pages parfois arides. Mais rien ici qui soit de l'ordre de la conférence, de la leçon. Fabrice Luchini est un acrobate. Il veut bien nous «renseigner», comme il aime le dire, mais il refuse toute posture magistrale. Il a bien trop d'esprit, de malice.



L'art du comédien


Le dispositif scénique est simple. De quoi s'asseoir et poser ses livres. De se défaire de son blouson, lorsqu'il surgit, comme s'il arrivait directement, sans être passé par une loge. Direct. Il est direct, Luchini. Il retrouve des amis. C'est l'art du comédien qui donne sa puissance à ce qu'il dit.

   
Luchini passe de la confidence à la période ample, sans jamais basculer dans la grandiloquence


Les suspens, les accélérations, la succession des pages, les ruptures, les incises. Jamais chaque soir le même spectacle: Luchini lit les journaux, connaît l'actualité. S'en désole, s'en amuse. Puise des exemples au plus près. Joue avec la salle. Mais c'est la rigueur de l'interprétation, l'intelligence et la sensibilité de l'artiste qui fondent ce théâtre original. Il nous tire vers le haut.

Il va et vient. Il s'empare de ses livres. Mais il connaît les textes. Il passe de la confidence à la période ample, sans jamais basculer dans la grandiloquence. On suit. On comprend tout. On rit beaucoup et l'on est sans cesse étonné.

Des années de travail, de conversation avec Dominique Reynié, Philippe Dessertine. Une lente maturation, un montage aussi subtil et solide que les chaises rempaillées par la maman de Charles Péguy. Beaucoup plus que du charme, quelque chose d'envoûtant et qui nous éveille.

Des écrivains parlent d'argent, aux Bouffes Parisiens (Paris IIe), le lun à 20 heures, les mar et mer à 18h30. Rés.: 01 42 96 92 42. Puis à la Michodière (Paris IIe), à partir du 15 janvier, tél.: 01 47 42 95 22.


http://premium.lefigaro.fr/theatre/2017/10/26/03003-20171026ARTFIG00258-la-pensee-effervescente-de-fabrice-luchini.php




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Bridget




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MessageSujet: Re: FABRICE LUCHINI   FABRICE LUCHINI - Page 2 EmptyMar 14 Nov - 0:44

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Impayable Fabrice Luchini aux Bouffes parisiens



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Le théâtre affiche complet pour « Des écrivains parlent d’argent », avec des textes de Zola, Marx, Céline, Péguy…


L’argent n’est pas que dans les paradis fiscaux. Il est sur scène, dans un spectacle jubilatoire, Des écrivains parlent d’argent. Fabrice Luchini l’a créé en début de saison au Théâtre de Paris, puisil a migré aux Bouffes parisiens, où il affiche complet jusqu’à la fin de l’année, et il poursuivra sa carrière à la ­Michodière, à partir du 15 janvier 2018.

Le comédien a un ­public prêt à le suivre quoi qu’il fasse et où qu’il aille, quitte à payer 70 euros pour une place d’orchestre. Mais il sait qu’il sera récompensé par un plaisir unique : ­Fabrice Luchini est un histrion de génie, et il le prouve ­magistralement, une fois de plus.

Si l’on vient voir Luchini, c’est autant pour ses saillies que pour les textes qu’il fait entendre
Il suffit de le voir entrer sur scène : droit dans son blouson de cuir, il regarde la salle dans les yeux, et pas seulement l’orchestre. Jusqu’en haut, là où sont les enfants du paradis (à 19 euros). Comment est-elle, cette salle ? Où sont les meilleurs alliés, et ceux qu’il faudra convaincre ? Voilà ce qui passe dans le regard de Fabrice Luchini, à l’affût et déterminé : c’est un fauve projeté dans l’arène, sachant qu’il ne peut compter que sur lui-même, seul face à un public qu’il s’agit de ­dévorer. Vite, il ouvre sa sacoche, en sort une liasse de feuilles, s’assied à une petite table et commence par lire un extrait de L’Argent, le dix-huitième volume des Rougon-Macquart, dans lequel Zola dresse le portrait d’un « chasseur de débiteurs ».


Les années 1890, la folie boursière qui gagne le capitalisme triomphant, les rapaces qui en font leur beurre : le ton est donné. Fabrice Luchini se met en jambes, il teste l’écoute, n’en rajoute pas. Quand il sent la salle attentive, il se détend, enlève son blouson, se lève et attaque Karl Marx, en précisant : « Ça me fait bizarre, je ne pensais pas que je dirais ça un jour. »
Alors les rires fusent et le spectacle commence vraiment
Car si l'on vient voir Luchini, c'est autant pour ses saillies que pour les textes qu'il fait entendre. De Marx, il en a choisi un de 1844, qui développe l'idée suivante : " Je suis laid et je peux m'acheter la plus belle fille du monde, donc je ne suis pas laid. "



Force de persuasion absolue

Ce syllogisme met le comédien dans une joie intense. Il le répète, se repaît de la façon qu'a Marx de " faire fraterniser les impossibilités ". Les mots roulent et une jouissance carnassière passe dans son sourire : celle d'un prêcheur scandant un Evangile. Avec un art consommé du tempo, Luchini passe ensuite à Cioran, histoire de calmer les esprits, et il attaque la matrice du spectacle : Charles -Péguy. Il présente l'auteur à ceux qui ne le connaîtraient pas, tout en se demandant comment un tel homme peut plaire à la fois à Edwy Plenel et à Alain Finkelkraut ; puis il lit l'extrait de L'Argent sur la morale de la pauvreté enseignée par les instituteurs et les -curés, au début du XXe  siècle.

Là, c'est du très, très grand -Luchini. Une diction parfaite. Une présence impeccable. Une force de persuasion absolue. Impossible de résister – qui d'ailleurs le voudrait ? – à ce moment où la lecture, la pensée et l'art oratoire sont si intimement liés. Quand on entend parler de la pauvreté comme " unréduit sacré ", on le voit, ce réduit, on la sent, cette sainteté. Et l'on comprend Péguy, la passion qu'il peut susciter chez certains.



A la fin, Luchini -lui-même n'en revient pas de l'écoute. Il remercie le public, dont il dit que certains soirs il est rétif, et d'autres, non. Est-ce parce que le soir dont nous rendons compte fut " avec " ? Luchini s'est senti pousser des ailes.

Un détour par Céline l'a conduit à parler de la raison pour laquelle il a fait ce spectacle sur l'argent. Au départ, il voulait en faire un sur l'économie. C'était il y a neuf ans, quand a éclaté la crise des subprimes. Pour essayer de comprendre, Luchini a regardé C dans l'air, l'émission présentée, jusqu'en  2016, par Yves Calvi, dont il dit que les chemises lui faisaient penser à la phrase de Rimbaud : " Je m'habituais à l'hallucination simple. " A partir de là, c'est nous qui avons " halluciné ". Un -numéro dément d'histrionisme a soulevé la salle, qui criait de rire au récit de Luchini sur l'achat de son appartement, en pleine crise des subprimes, justement.

Et le voyage dans l'argent s'est poursuivi, avec Victor Hugo, Sandor Ferenczi, Jean Cau, Pascal Bruckner… Un voyage dont " on n'est pas sortis éclairés ", comme l'a dit Fabrice Luchini. Encore que : comprendre qu'on ne -comprend pas, c'est un début. A la fin, l'acteur n'arrivait pas à quitter le plateau. On voyait qu'il s'en arrachait, il était épuisé et sous adrénaline. Comme un fauve victorieux.

Brigitte Salino

© Le Monde


http://www.lemonde.fr/culture/article/2017/11/13/fabrice-luchini-parle-d-argent-sans-s-economiser_5213938_3246.html

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Dans “Alceste à bicyclette” de Philippe Le Guay (2013). Le personnage du “Misanthrope” de Molière est une des clés de compréhension du comédien

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