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Casse-Noisette
Chorégraphie de Rudolf NoureevSous le brillant manteau de la féerie et les richesses du spectacle de danse se cache le rocailleux chemin qui mène de l'enfance à l'âge adulte avec ses rêves, ses angoisses, ses révoltes, ses velléités, ses terreurs, son érotisme enfoui.
En s'éveillant, Clara retrouve une fragile sérénité, car les maléfices de Casse-Noisette sont intemporels.
D'après un conte d'ETA Hoffmann
Chorégraphie de
Rudolf NoureevMusique de
Piotr Ilyitch TchaïkovskiDirection musicale de Kevin Rhodes
Décors et costumes Nicholas Georgiadis
Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet de l'Opéra national de Paris (avec la participation des élèves de l'École de Danse)
Lieu : Opéra Bastille - Paris
Dates : du 14 Novembre 2007 au 9 Janvier 2010
Depuis 1984, l’Opéra national de Paris propose régulièrement ce classique qu’est devenu ‘Casse-Noisette’, histoire inspirée d’un conte d’Hoffmann où un jouet se transforme en beau prince la nuit venue.
Comme souvent le spectacle est à double lecture. On peut se contenter d’admirer les costumes magnifiques ou la mise en scène tout aussi féerique : sapin géant, neige et dorures sont au rendez-vous, transformant ce ballet en incontournable des fêtes de Noël.
Certains passages sont véritablement enchanteurs, comme la danse des flocons, toujours impressionnante, ou l’adage du Prince, morceau de bravoure régulièrement applaudi. D’autres scènes dépendent plus de la personnalité de leur interprète.
Ce soir-là, on retiendra particulièrement le style tout en force contenue de l’athlétique Stéphanie Romberg, sauvage et femme fatale en danseuse arabe. La toute nouvelle étoile Dorothée Gilbert trouve dans le rôle de Clara de quoi exploiter quelques-unes de ses qualités : précision, douceur dans l'effort, plaisir manifeste à être sur scène. Dans son tutu doré, elle rayonne, entraînant la salle dans un réconfortant bonheur.
Mais il ne faut pas chercher bien loin pour lire derrière la partition des entrechats et autres danses de caractère un subtile récit des fantasmes de l’enfance.
‘Casse noisette’ comporte plus que d’autres ballets de la même époque des tableaux qui relèvent du cauchemar, et joue habilement sur cette alternance entre scènes réelles et imaginaires – Laurent Crozier, musicologue et directeur de l'Opéra national de Bordeaux, évoque lui des "monde-frontière".
Les têtes surdimensionnées des parents venus hanter les songes de Clara, les rats donnant l’assaut aux soldats de plomb, le parrain borgne, menaçant et rassurant à la fois, surgissent comme autant de phobies à combattre. Et donnent autant de profondeur à un récit qui sentait trop son merveilleux pour être honnête. Esthétique et faussement léger, ce 'Casse noisette' est un très joli cadeau de fin d'année.
http://www.evene.fr/culture/agenda/casse-noisette-16870.php?actualite
C'est la friandise de Noël, qui ne connaît ni crise ni régime, depuis sa création en 1892 par le chorégraphe français Marius Petipa et son assistant Lev Ivanov, celle que les Anglo-Saxons préfèrent pour les fêtes.
Il faut dire que Casse-Noisette, d'après le conte d'Hoffmann sur la musique de Tchaïkovski, est la superproduction de circonstance, avec son ambiance de réveillon, son super sapin lumineux et ses guirlandes d'enfants en peignoirs écossais.
Sauf que dans la version mise en scène par Noureev en 1985, toujours inscrite au répertoire du Ballet de l'Opéra de Paris, le scénario se charge d'une dimension psychanalytique.
Le décor est celui d'un monde bourgeois dans les années 1900. Clara, la fille de la maison, a reçu un casse-noisette - un petit soldat en bois - comme cadeau.
La nuit, en rêve, elle le transforme en bel amoureux. Son visage est alors celui, rajeuni, de son parrain Drosselmeyer, un vieillard étrange et fascinant, qui lui a offert le casse-noisette. Le « plus » de la version Noureev : faire interpréter les deux rôles par le même danseur.
D'où un trouble insidieux, léger comme un parfum, sur les sentiments inconscients éprouvés par les protagonistes. Ce parti pris freudien sous-tend le cauchemar de Clara, assiégée par des rats énormes et des chauves-souris à têtes humaines (comme par hasard, celles de ses parents).
Terreur et merveilleux... Un mélange rare que Noureev (1938-1993) secoue avec une justesse sidérante. Quant à sa virtuosité incendiaire, elle achève de mettre le feu à ce conte fantastique avec des exercices de haute voltige qui n'évacuent jamais l'interprétation théâtrale des personnages.
Grâce à Noureev, Casse-Noisette quitte le rayon divertissement sucré au pays des jouets pour accéder au rang de fable initiatique sur l'adolescence.
Rosita Boisseau
http://www.telerama.fr/art/casse-noisette,50266.php
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