Nombre de messages : 12705 Date d'inscription : 03/05/2008
Sujet: LES ADIEUX DE MANUEL LEGRIS Mar 28 Avr - 10:25
Les adieux de Manuel Legris, meilleur danseur du monde Ariane Bavelier
Étoile de l'Opéra, le Français tire sa révérence, à 44 ans, dans «Onéguine» au Palais Garnier.
Que reste-t-il d'un danseur après qu'il s'est retiré ? C'est la question qui tenaille à la veille des adieux. Manuel Legris fera les siens le 15 mai sur la scène du Palais Garnier, à 44 ans et 6 mois. La retraite comme un couperet pour la seule raison que l'âge est atteint : c'est la règle à l'Opéra de Paris, alors que dans les grandes compagnies du monde, on laisse les étoiles choisir elles-mêmes le moment de se retirer de scène.
Garnier, c'est sa maison depuis qu'il a 11 ans. Tout a filé entre ses murs : la vie de rat, les concours pour grimper dans la hiérarchie du corps de ballet, la nomination d'étoile par Maurice Béjart annulée par Noureïev qui voulait encore attendre, les prises de rôles, les ovations : « Le souvenir qui me bouleverse encore, c'est l'examen d'entrée à l'École de danse. Je me revois remontant en bus l'avenue de l'Opéra avec le Palais Garnier au bout ; était-ce là vraiment que j'allais passer ma vie ? Les admissions se décidaient sur la visite médicale : on était cent vingt gamins en slip. Ma mère flippait : “De ma vie, je n'ai jamais vu autant d'enfants aussi beaux, comment serais-tu pris ?” Après, je n'ai plus jamais eu peur. » La fusée Legris avait trouvé sa rampe de lancement.
Car tout va vite avec ce danseur qui dit entretenir avec son art « une relation fusionnelle ». Enfant discret à l'École de danse, où le moindre rat montre pourtant l'étoffe d'un cabochard, il a explosé à 16 ans en découvrant la scène. Et avec elle, l'adrénaline : «Manu, c'est l'élan. L'enthousiasme. Il a une musicalité et une cooordination naturelle extraordinaires. En scène, il lâche tout et parfois personne n'arrive à suivre : c'est son défaut», dit Élisabeth Platel, partenaire et aujourd'hui directrice de l'École de danse.
«C'est un pur-sang»
À 8 ans, il a appris d'Yvonne Goubé, qui l'a sorti d'un cours de banlieue et lui a offert une bourse dans son école Salle Pleyel, qu'«un danseur ne pleure et ne se plaint jamais. Même s'il a mal, même s'il est fatigué». Noureïev, arrivé à la tête du Ballet de l'Opéra en 1983, complète cette éducation : « C'était un TGV. Mais je l'ai vu se faire huer. Il réagissait aussitôt, enfonçait son béret et retravaillait. Jamais il ne lâchait prise.»
Quand Noureïev le nomme étoile à 22 ans sur la scène du Met de New York, Manuel a déjà dansé tous les grands classiques. Il les a ingurgités en 48 heures sur cassette pour des prestations inopinées à Vienne ou à la Scala avec Noureïev. C'est là qu'il commence à travailler sur lui-même pour apprivoiser l'adrénaline. Avec, toujours en ligne de mire, Laurent Hilaire, rival aîné de deux ans, brun comme lui est blond, moins souple mais plus puissant. « On était deux challengers et ça nous a permis d'avancer. On voulait aller au bout, et même plus loin que le bout », dit Hilaire.
Legris ne se connaît qu'un maître : son miroir. C'est en le regardant qu'il mesure si sa danse est assez belle. Les chorégraphes peuvent lui proposer des rôles, il ne cède pas si le miroir lui dit d'attendre. Du coup, il déguste ses emplois, se révélant à 40 ans prodigieux en Charlus ou en Bernarda Alba, après avoir joué les princes pendant quinze ans. En 2000 à Monte-Carlo, il est sacré meilleur danseur du monde. « Ça veut dire quoi ? La danse n'est pas quantifiable en records. Ce qu'il faut, c'est harmoniser ce qu'on est pour produire quelque chose de rare.»
Pour Brigitte Lefèvre, directrice du Ballet, Manu, c'est un État dans l'État : il a son groupe de danseurs qu'il fait travailler et un avis sur tout ce qui touche à la danse, puisque toute sa vie est là : « On a des coups de gueule, des regards qui tuent, mais il est respectueux. C'est un pur-sang. Comme il donne le maximum, il veut le meilleur. Il a un œil très exercé, et dit ce qu'il pense avec une précision de scalpel. J'aime le voir en scène. Au Liceu, j'étais dans la coulisse. Il dansait Dances at the Gathering de Robbins et faisait vers moi une diagonale en reculant et en montant un bras. Ce n'était rien, mais c'était tout. »
Pour ses adieux, elle lui offre Onéguine, qui entre au répertoire exprès. « C'est un ballet parfait qui va bien à 20 ans comme à 40, car le personnage est entre deux âges », dit Legris. Le dernier spectacle, le 15 mai, sera précédé du grand défilé du corps de ballet donné uniquement dans les grandes occasions, une fois par an. Les 100 élèves de l'École de danse et les 154 danseurs du Ballet descendent la scène solennellement. « J'ai dansé tout ce que je voulais, évolué dans mes rôles. J'ai fait mon chemin. Diriger le Ballet de Vienne en Autriche est un sacré projet, dit-il. Mais pour mon départ, je voulais le défilé. Pour que toute la maison soit à mes côtés ce jour-là. » Manière de fermer la boucle. Parfaitement mais dans les larmes.
Manuel Legris fera ses adieux le 15 mai. Il dansera «Onéguine» les 24 avril, les 6 et 11 mai. Puis Charlus dans «Proust» fin mai.
LE FIGARO http://www.manuel-legris.com/biographie.html
Dernière édition par Nine le Mar 28 Avr - 10:36, édité 1 fois
Nine Admin
Nombre de messages : 12705 Date d'inscription : 03/05/2008
Sujet: Re: LES ADIEUX DE MANUEL LEGRIS Mar 28 Avr - 10:34
Dorothée Gilbert and Manuel Legris dance the final Pas de Deux from Rudolf Nureyev's "Casse-noisette". Opéra de Paris (2007)
Nine Admin
Nombre de messages : 12705 Date d'inscription : 03/05/2008
Sujet: Re: LES ADIEUX DE MANUEL LEGRIS Mar 28 Avr - 10:38
Il entre à l'école de danse de l'Opéra de Paris en 1976 puis dans le corps de ballet en 1980. C'est en 1981 qu'il devient coryphée puis « sujet » en 1982. Fait exceptionnel dans le milieu de la danse de l'Opéra de Paris, Manuel Legris est nommé danseur étoile par Rudolf Noureev sans passer par le stade de « premier danseur ». Sa nomination au titre d'étoile date du 11 juillet 1986, à l'issue de la représentation du ballet Raymonda, chorégraphié par Rudolf Noureev, dans lequel il danse le rôle de Jean de Brienne.
Dès lors, les prises de rôles se succèdent, permettant à la nouvelle étoile de prendre possession du « grand répertoire », dévoilant ainsi ses multiples facettes et l'étendue de ses dons. Outre ses qualités intrinsèques (technique sans faille, richesse expressive), Manuel Legris s'impose comme un partenaire d'exception, un danseur complet passant avec facilité du répertoire classique au contemporain. C'est ainsi que de William Forsythe à John Neumeier, de Jiří Kylián à Jerome Robbins, les chorégraphes les plus renommés ne cessent de le solliciter : Manuel participe à la plupart des entrées au répertoire ou des créations de l'Opéra de Paris.
Dans le même temps, la réputation du danseur étoile franchit très vite les frontières : Manuel Legris est invité par les plus prestigieuses compagnies, telles que le London Royal Ballet, le New York City Ballet, le Ballet Nacional de Cuba, le Tokyo Ballet, les ballets de Monte-Carlo, de Stuttgart et de Hambourg, où John Neumeier crée spécialement pour lui Spring and Fall et A Cinderella Story.
Invité de prestige, Manuel Legris apparaît sur toutes les grandes scènes du monde, de la Scala de Milan au Met de New York, de l’Opéra d’État de Vienne au Bolchoï de Moscou où, plus récemment, il se produit à plusieurs reprises au Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg.
Très vite, Manuel s’impose comme un partenaire recherché et ainsi, outre les étoiles de l’Opéra de Paris, il se produit avec les plus grandes danseuses du monde, parmi lesquelles Evelyn Hart, Dominique Khalfouni, Alessandra Ferri, Lorna Feijoo et Diana Vichneva.
Par ailleurs, Manuel Legris parcours le monde avec sa compagnie : « Manuel Legris et ses Étoiles ». Ce concept est né en 1996 de la volonté commune de Manuel Legris et Monique Loudières, qui ont souhaité permettre à de jeunes danseurs d'aborder les rôles de solistes encore inaccessibles pour eux à l’Opéra, leur permettre de travailler avec les plus grands chorégraphes ou de se confronter à la jeune création.
Le groupe est régulièrement invité au Japon. En janvier 2000, lors d’une tournée à Tokyo, Kishin Shinoyama publie Manuel Legris à l’Opéra de Paris, un ouvrage qui lui est entièrement consacré.
En 2003, Manuel Legris ajoute deux créations majeures à son répertoire : Variations sur Carmen de Roland Petit et Phrases de Quatuor de Maurice Béjart.
Cette même année, Maurice Béjart remonte Le Chant du compagnon errant pour lui et Laurent Hilaire et leur en donne l’exclusivité de représentation.
En février 2004, Jiri Kylian crée à l’Opéra de Paris le duo Il faut qu’une porte..., qu’il danse avec Aurélie Dupont.
Pendant l’été, il fait une nouvelle tournée triomphale au Japon avec son groupe, auquel il adjoint en «invités spéciaux» Monique Loudières et Laurent Hilaire.
Enfin, en décembre il participe à la nouvelle création de Trisha Brown O złożony / O composite, aux côtés d’Aurélie Dupont et Nicolas Le Riche.
En décembre 2005, le Ballet de Stuttgart lui offre le rôle-titre dans Oneguin, qu’il danse avec Maria Eichwald et la compagnie lors d’une tournée au Japon et, en janvier 2006, à Stuttgart.
Le 19 novembre 2007, il a été le partenaire de Dorothée Gilbert lors de la représentation de Casse-Noisette à l'Opéra de Paris à l'issue de laquelle cette dernière a été nommée étoile.
Récompenses et distinctions
* 1984 : Médaille d'or du Concours international de danse de Osaka avec Elisabeth Maurin * 1985 : Prix du Cercle Carpeaux * 1988 : Prix Nijinski * 1993 : Chevalier des Arts et Lettres * 1998 : Officier des Arts et Lettres * 2000 : Prix Nijinski, pour la deuxième fois * 2002 : Chevalier dans l’Ordre national du Mérite * 2006 : Chevalier dans l' Ordre national de la Légion d'honneur
Nine Admin
Nombre de messages : 12705 Date d'inscription : 03/05/2008
Sujet: Re: LES ADIEUX DE MANUEL LEGRIS Jeu 30 Avr - 22:06
Le danseur Manuel Legris dirigera le Ballet de l'Opéra de Vienne
Le danseur étoile français Manuel Legris a été désigné pour diriger à partir de septembre 2010 le Ballet de l'Opéra d'État (Staatsoper) et de l'Opéra populaire (Volksoper) de Vienne, a-t-on appris jeudi auprès de ces institutions.
Manuel Legris, qui doit prendre ses fonctions le 1er septembre 2010, en même temps que le futur directeur général du Staatsoper, le Français Dominique Meyer, succèdera pour un mandat de cinq ans au Hongrois Gyula Harangozo, en poste depuis 2005. Il dirigera également l'école du Ballet.
Formé à l'École de danse de l'Opéra de Paris, Manuel Legris, 44 ans, a été engagé à 16 ans dans le corps de ballet.
Il y a été remarqué par Rudolf Noureev, qui l'a fait passer en juillet 1986 directement de sujet à étoile, sans passer par la classe de premier danseur, à l'issue d'une représentation sur la scène du Metropolitan Opera de New York.
Le danseur, qui fera le 15 mai ses «adieux officiels à la scène» en tant qu'étoile de l'Opéra de Paris, s'est produit à plusieurs reprises au Staatsoper de Vienne.
La ministre autrichienne de la Culture, Claudia Schmied, s'est félicitée de la nomination à Vienne d'«un des danseurs majeurs de notre temps» et d'une «personnalité qui jouit de la plus haute considération dans le monde du ballet».
Le Ballet de l'Opéra de Vienne, fort de 110 danseurs, «a besoin d'être relancé car on n'en entend pas parler, il ne tourne plus. Il doit rayonner dans le monde entier. Il fallait trouver une personnalité qui permette ce développement-là», a expliqué à l'AFP Dominique Meyer.
«Pour moi, il est la personne idéale (pour le poste), avec son expérience de danseur de très haut niveau international, sa compétence technique. Il a vu comment on atteint l'excellence à l'école de danse en France, il a vu comment Noureev lui-même organisait le travail de la compagnie quand il y était», a ajouté M. Meyer.
La directrice de la danse de l'Opéra de Paris, Brigitte Lefèvre, s'est dite pour sa part «contente pour lui (Manuel Legris), pour cet amour qu'il a de la danse».
«Les danseurs de l'Opéra de Vienne peuvent être satisfaits : Manuel est une grande personnalité artistique, c'est quelqu'un de travailleur et qui aime faire travailler les autres», a poursuivi Mme Lefèvre.
Ce «bébé Noureev», selon l'expression de la directrice du Ballet de l'Opéra de Paris, rejoindra à Vienne une compagnie que le danseur-chorégraphe russe aura marquée de son empreinte pendant plus de 20 ans, entre 1964 et 1988. AFP VIENNE