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 CHRISTINA BRANCO

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Nine
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Nine


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MessageSujet: CHRISTINA BRANCO   CHRISTINA BRANCO EmptyMer 11 Mar - 15:46

CRISTINA BRANCO : un nouvel air de FADO






Souffrance, mélancolie, indicible impuissance de l'être face au destin. Tels sont les tragiques sentiments que l'on s'attend à ressentir en écoutant les formules rituelles du Fado traditionnel. Formules immuables dont la répétition invariable conduit à une certaine lassitude du Fado, rendant l'émotion moins vive et détournant la portée du texte des interprètes.

C'est une autre voie qu'a choisi Cristina Branco. Sans chercher la rupture naïve avec la tradition, mais plutôt ce qu'elle a de meilleur (il suffit d'écouter les classiques du Fado qu'elle chante), Branco revitalise cette tradition par l'authenticité de son interprétation. La voix et la sensibilité de Cristina Branco œuvrent pour trouver ce délicat mariage entre les textes et la musicalité du Fado, ce chemin expressif vers lequel les mots et les notes deviennent inséparables.

Cristina Branco (1972) grandit loin des maisons de Fado de Lisbonne et rien ne l'y prédestinait. Comme beaucoup de jeunes portugais nés après la révolution des œillets (1974), elle s'intéressa à la musique populaire, le jazz, le blues et la bossa nova mais pas au Fado, qui appartenait à une autre génération, jusqu'au jour de ses 18 ans où son grand-père lui offrit l'album Rara e Inédita d'Amália Rodrigues.

Cristina Branco y découvrit toute l'émotion contenue dans le Fado, née de cette étroite communion entre la voix, la poésie et la musique. La chanteuse, encore étudiante en communication et souhaitant devenir journaliste, commença à travailler sa voix et à prendre au sérieux sa récente vocation. Dans les années 90, d'autres jeunes musiciens créèrent une nouvelle forme d'expression du Fado ; lui donnant un nouvel éclat. Comme eux, Cristina Branco commença à imposer ses choix mêlant le respect de la tradition à un désir de modernité.

Cristina Branco forge son propre style constitué principalement par : une formation musicale traditionnelle (chant, guitare portugaise, guitare et guitare basse), une voix claire, chaude et profonde à la fois, un mélange de Fados traditionnels et de thèmes personnels pour lesquels elle choisit les textes des meilleurs poètes portugais.
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Cristina Branco voit le jour en 1973 dans la campagne portugaise. Elle passe son enfance au nord de Lisbonne, bercée par des musiques peu traditionnelles, comme le jazz ou le blues, jusqu'au jour de ses 18 ans, où son grand-père lui offre un disque d'Amalia Rodrigues. Elle découvre alors toute l'émotion et la passion du fado.

Etudiante en psychologie, elle prend aussi des cours de perfectionnement de technique vocale et se tourne vers sa nouvelle vocation. C'est aux Pays-Bas, qu'elle fait ses premiers pas sur scène, dans un pays qui lui voue encore aujourd'hui, une véritable admiration. Cristina Branco publie son premier album "Murmurios" en 1999 qui est salué unanimement par la critique, et reçoit en France, le "Choc de l'année du Monde de la Musique".

2001 est l'année de la reconnaissance internationale, avec la sortie de "Corpo Illuminado". Ce qui l'amène à donner des concerts dans toute l'Europe, aux Etats-Unis, au Canada. On peut dire qu'elle a chanté dans tous les lieux importants consacrés à la musique du monde : à Lisbonne dans le célèbre quartier Belém, au festival d'Edimbourg en Ecosse, à Paris à la Cigale, et dans le somptueux Concertgebouw d'Amsterdam.

Elle revient en 2003 avec l'album "Senus", où elle se livre à une célébration des sens. Autant dans le choix des poésies (de Shakespeare aux auteurs portugais d'hier et d'aujourd'hui) que des musiques, comme à l'accoutumée, entre fados traditionnels et oeuvres originales. Après deux albums consacrés à ses maîtres Amalia Rodrigues (Live en 2006) et José "Zeca" Afonso (Avril en 2007), elle reprend pied avec Kronos, en 2009, dans un univers contemporain. Elle a demandé textes et musiques à des auteurs et compositeurs d’aujourd’hui, qui mêlent héritages et innovations, verbe actuel et vénérable grain de voix du fado, mélodies populaires voire pop.


Dernière édition par Nine le Mer 11 Mar - 15:59, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: CHRISTINA BRANCO   CHRISTINA BRANCO EmptyMer 11 Mar - 15:50

Entre raffinement moderne et émotion traditionnelle, cette artiste à fleur de peau insuffle au chant traditionnel portugais une magie peu habituelle.


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MessageSujet: Re: CHRISTINA BRANCO   CHRISTINA BRANCO EmptyMer 11 Mar - 16:02

CHANTER AVEC SON AME !





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MessageSujet: Re: CHRISTINA BRANCO   CHRISTINA BRANCO EmptyMer 11 Mar - 16:06

CHRISTINA BRANCO Christ10


Mer­cre­di 23 mars 2005, 17h58. A deux pas du siège d'Uni­ver­sal Music, l'accès à l'Hôtel du Pan­théon se fait par la Place des Grands Hommes. Une chose est sûre : la salle de ré­cep­tion de cet Hôtel est à la hau­teur de l'évé­ne­ment, jouis­sant à la fois du charme de son an­cien­ne­té et de la proxi­mi­té ap­pa­rente du cé­lèbre temple pa­ri­sien. L'oc­ca­sion de prendre conscience, une fois de plus, de son éton­nante dis­pro­por­tion.

Entre alors Cris­ti­na Bran­co, fai­sant preuve d'une ponc­tua­li­té qui ho­nore sa ré­pu­ta­tion d'ar­tiste conscien­cieuse. Pre­mier échange de re­gards. Je ne trouve rien d'autre à lui tendre, si ce n'est une main trem­blo­tante. J'ima­gine qu'elle ne s'en est guère aper­çue. A cette heure-​là, la salle de ré­cep­tion est par­fai­te­ment dé­serte. Cris­ti­na opte donc pour la table la plus éloi­gnée du stan­dard de l'hôtel. Je lui laisse éga­le­ment le choix des armes : une en­tre­vue en fran­çais lui per­met­trait d'amé­lio­rer le sien ; "uma en­tre­vis­ta em por­tu­guês" me per­met­trait de ré­vi­ser le mien. Elle opte sans ré­flé­chir pour sa langue na­tale, ce qui ne me sur­prend guère. Je m'ex­cuse alors pour les nom­breuses fautes que je m'ap­prête à com­mettre face à elle. Je juge en­suite le mo­ment idéal pour en­clen­cher mon dic­ta­phone...


LA PAS­SION.


K : Cris­ti­na Bran­co, bon­jour et merci d'avoir ac­cep­té de nous re­ce­voir, à l'oc­ca­sion de votre pas­sage à Paris. Vous as­su­rez ac­tuel­le­ment la pro­mo­tion de votre tout der­nier album, Ulisses. Pour ceux qui ne vous connaissent pas en­core, nous al­lons re­tra­cer en­semble votre par­cours ar­tis­tique, si vous le vou­lez bien. Vous êtes ori­gi­naire d'Al­mei­rim, une ville de la ré­gion du Ri­ba­te­jo, au Por­tu­gal. Vous avez gran­di loin des mai­sons du fado. Comme la plu­part des en­fants de la ré­vo­lu­tion, vous pré­fé­riez les airs de jazz, de blues ou de bossa nova à la tra­di­tion du fado. Pour vous, comme pour beau­coup d'autres, il s'agis­sait là ni plus ni moins d'un chant condam­né à dis­pa­raître. Et puis, c'est à l'âge de dix-​huit ans qu'il se pro­duit un évé­ne­ment qui bou­le­ver­se­ra à ja­mais votre vie. Pour­riez-​vous nous en faire part avec vos propres mots ?

CB : Oui, je peux (rires). Le jour de mon an­ni­ver­saire, mon grand père m'a of­fert un CD d'Amália Ro­drigues, qui s'ap­pe­lait Rara e In­edi­ta. Sur ce CD, Amália chan­tait la poé­sie contem­po­raine por­tu­gaise, tous les au­teurs contem­po­rains por­tu­gais, sur des mu­siques du fran­çais Alain Oul­man. La ma­nière d'abor­der le fado sur ce disque était com­plè­te­ment dif­fé­rente de la ma­nière dont il était chan­té jusqu'à ce mo­ment-​là. C'est là que j'ai com­pris que le fado pou­vait aller bien au-​de­là de la simple tra­di­tion. Le fado n'était plus cette mu­sique her­mé­tique, fer­mée. Il y avait en­core une grande marge de pro­gres­sion. A par­tir de là, j'ai voulu en sa­voir plus. J'ai voulu en sa­voir plus sur Amália : ce qu'elle ai­mait chan­ter, les au­teurs qu'elle pré­fé­rait. Voilà ce que j'ai res­sen­ti.


K : J'ai lu que vous avez en­suite aban­don­né vos études.

CB : Je les avais presque fi­nies mais j'ai été jusqu'au bout.


K : Des études de psy­cho­lo­gie, c'est bien ça ? Pour être jour­na­liste.

CB : J'ai suivi deux an­nées de psy­cho­lo­gie, et je me suis spé­cia­li­sée en com­mu­ni­ca­tion so­ciale.


K : Avez-​vous suivi des cours de chant, pour votre tech­nique vo­cale ?

CB : Non, je n'ai ja­mais suivi ce genre de cours de per­fec­tion­ne­ment. J'ai eu un pro­fes­seur de chant pen­dant quelques temps, mais on ne peut pas consi­dé­rer que j'ai suivi des cours de chant.


LE SUCCES.


K : Et c'est aux Pays Bas que l'on en­tend par­ler de vous pour la pre­mière fois. C'est là-​bas que vous mon­tez sur scène pour la pre­mière fois et de­ve­nez cé­lèbre. Pour­quoi ce pays ? Aviez-​vous peur de la com­pa­rai­son au Por­tu­gal ?

CB : Non, pas du tout. Je t'ex­plique : pen­dant que j'étu­diais la com­mu­ni­ca­tion so­ciale, j'avais un ami qui tra­vaillait à la RTP (ndlr : Radio e Te­le­visão Por­tu­gue­sa). Il m'avait déjà en­ten­du chan­ter et il avait beau­coup aimé. Si bien qu'un jour, il m'a pro­po­sé de par­ti­ci­per à une émis­sion té­lé­vi­sée, qui à l'époque était dif­fu­sée le matin. J'ai ac­cep­té. Mais pour moi, le plus im­por­tant, ça n'était pas de chan­ter à la té­lé­vi­sion, mais de voir com­ment tout cela fonc­tion­nait, les ca­mé­ras, l'en­vers du décor. J'y suis allée et j'ai chan­té un poème qui s'in­ti­tule Ro­mance, de Dom Afon­so Lopes Viei­ra. En Hol­lande, quel­qu'un m'a vu ce jour-​là. Quelques mois plus tard, ce quel­qu'un m'a ap­pe­lé et m'a pro­po­sé un concert là-​bas pour la com­mé­mo­ra­tion du 25 avril. J'y suis allée. Le concert a été en­re­gis­tré et un disque a été fait. C'était la pre­mière fois que j'étais sur une vraie scène, avec un micro et des mo­ni­teurs, face au pu­blic. C'est comme ça que tout a com­men­cé. Je n'ai pas percé en Hol­lande parce que je le vou­lais. Quand je suis allé la toute pre­mière fois en Hol­lande, je me di­sais que je par­tais en va­cances. Je vais en va­cances. Je n'y al­lais pas pour tra­vailler. C'était un amu­se­ment. Et cet amu­se­ment s'est pro­lon­gé.


K : Dans l'as­sis­tance, il de­vait y avoir une ma­jo­ri­té de por­tu­gais ? Je sais qu'il y a une forte concen­tra­tion d'im­mi­grés por­tu­gais aux Pays Bas.

CB : En Bel­gique, ils sont nom­breux. Il y en a moins aux Pays Bas. Et à l'époque, au­tre­ment dit en 1998, il y en avait en­core moins. La com­mu­nau­té por­tu­gaise était vrai­ment très ré­duite. Et puis il y avait là des gens qui avaient fui la guerre, d'autres qui avaient fui la dic­ta­ture... Il y avait beau­coup d'in­tel­lec­tuels au sein de cette com­mu­nau­té : des pho­to­graphes, des peintres, des écri­vains. Main­te­nant, il y a beau­coup plus de monde, heu­reu­se­ment. Ou mal­heu­reu­se­ment, n'est-​ce pas... La ma­jo­ri­té de mon pu­blic était lo­cale, en­ten­dez des Hol­lan­dais.


K : Votre Live in Hol­land pa­raît donc aux Pays-​Bas, puis en France. En 1999, la sor­tie en France de votre pre­mier album Mur­mu­rios est un grand suc­cès...

CB : C'est ce disque qui m'a per­mis de per­cer en France.


K : Des suc­cès en France, aux Pays-​Bas, mais tou­jours pas au Por­tu­gal...

CB : Le suc­cès au Por­tu­gal n'ap­pa­raît que beau­coup plus tard, avec la sor­tie de l'album Corpo Illu­mi­na­do.


K : Pour quelles rai­sons ?

CB : Ne me de­mande pas ça à moi (rires). Tu sais, quand j'ai en­re­gis­tré mon pre­mier album, Mur­mu­rios, je l'ai of­fert au Por­tu­gal. J'ai tapé à la porte des édi­teurs, et on m'a dit non à tous les coups, parce que ça n'était pas le mo­ment de faire du fado. C'était l'époque de l'Expo 98 (ndlr : l'Ex­po­si­tion Uni­ver­selle, qui s'est tenue à Lis­bonne en 1998). Alors j'ai vendu ce disque à un édi­teur hol­lan­dais. Il a en­suite été élu "Choc de l'année du Monde de la Mu­sique" (ndlr : ca­té­go­rie Mu­siques du Monde). Et puis j'ai conti­nué comme ça... jusqu'à ce que je signe avec Uni­ver­sal en France. C'est à par­tir de là que je de­viens re­la­ti­ve­ment connue au Por­tu­gal.


LA SCENE.


K : A cette époque, les concerts com­mencent à se mul­ti­plier à tra­vers l'Eu­rope, et même au-​de­là : aux Etats-​Unis, au Japon, en Aus­tra­lie, en Afrique... Où se si­tuent vos meilleurs sou­ve­nirs de scène ?

CB : Un peu par­tout, en fait. Ils ne sont pas qu'en Eu­rope. C'est en Eu­rope que j'ai fait le plus de concerts mais j'ai gardé de bons sou­ve­nirs d'un peu par­tout dans le monde.


K : Vous n'avez pas un sou­ve­nir parmi tant d'autres à nous ra­con­ter, un mo­ment, qui vous a sem­blé par­ti­cu­liè­re­ment ma­gique, et qui vous a mar­qué du­ra­ble­ment ?

CB : Dif­fi­cile de ré­pondre... Le pu­blic aus­tra­lien est fan­tas­tique. J'y suis allé l'an passé pour la pre­mière fois. J'ai par­cou­ru le monde, je suis allé jusqu'au Japon, j'ai vu plein d'en­droits bi­zarres... En chaque en­droit de ce monde, tous les gens avaient en­ten­du par­ler d'Amália. Les gens connais­saient le fado et avaient la nos­tal­gie d'Amália. Mon nom a tou­jours été cité après le sien, ex­cep­té en Aus­tra­lie. J'ai fait un work­shop de vingt per­sonnes, qui n'avaient ja­mais en­ten­du la "ré­fé­rence Amália". Ces gens vou­laient dé­cou­vrir le fado et sont venus en li­sant mon nom sur les af­fiches. Ils ont dé­cou­vert un monde nou­veau. C'était très émou­vant. C'est une des der­nières grandes choses que j'ai vé­cues.


K : Vous avez donc par­cou­ru le monde, ce qui m'amène à vous poser une "ques­tion de filles" : com­ment par­ve­niez-​vous à gar­der le contact avec votre fa­mille, vos amis ? Pen­dant ces longues tour­nées, le temps ne vous a-​t-​il pas sem­blé trop long de ce cô­té-​là ? Je sais que vous pou­vez comp­ter sur la pré­sence de votre mari, Custódio Cas­te­lo, puis­qu'il vous ac­com­pagne sur scène à la gui­tare...

CB : Quand je n'avais pas en­core d'en­fant, il n'y avait rien de dif­fi­cile ; tout ça n'avait vrai­ment rien de com­pli­qué. Quand on fait ce qu'on aime, on fait tout pour conti­nuer. Ma pro­fes­sion m'a beau­coup éloi­gné de ma fa­mille, puisque je passe très peu de temps au Por­tu­gal au­jourd'hui. La si­tua­tion s'est en­core plus com­pli­quée quand j'ai eu mon fils. Les vies pro­fes­sion­nelle et per­son­nelle sont de­ve­nues beau­coup plus dures à gérer... Mais j'y ar­rive, bien sûr.

.../...


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MessageSujet: Re: CHRISTINA BRANCO   CHRISTINA BRANCO EmptyMer 11 Mar - 16:07

LES PA­ROLES


K : Votre deuxième album, Post Scrip­tum, est édité en 2000. Vous y chan­tez le fado à votre ma­nière, sur les com­po­si­tions de Custódio Cas­te­lo, les seules vé­ri­tables ré­fé­rences au fado étant ces ac­cords de gui­tare por­tu­gaise, qui par­sèment l'en­semble de vos disques. Vos pa­roles vous sont ins­pi­rées par des poètes plus ou moins cé­lèbres, por­tu­gais ou non. Votre troi­sième album, O Des­co­bri­dor, paru en 2000, est ainsi en­tiè­re­ment consa­cré au poète hol­lan­dais Slaue­rhoff. D'où vous vient ce goût pour ce type de lit­té­ra­ture ?

CB : J'aime lire. J'ai tou­jours aimé lire. J'ai eu la chance d'avoir des pa­rents qui m'ont trans­mis leur goût pour la lit­té­ra­ture. Ils m'ont aussi ap­pris à aimer mon pays et ma langue. Il a tou­jours été fa­cile pour moi d'as­so­cier la mu­sique aux lettres, parce que c'est ce que j'ai tou­jours aimé faire. J'ai tou­jours vécu dans cette am­biance, ça n'a rien d'ano­din pour moi. Je choi­sis mes propres pa­roles...


K : Jus­te­ment, com­ment faites-​vous pour choi­sir vos au­teurs et vos textes ? Ce sont peut-​être vos seuls sen­ti­ments qui dictent ce choix... Quels sont les cri­tères qui entrent en ligne de compte ?

CB : Je lis, tout sim­ple­ment. En plus de ça, grâce à la mu­sique, je ren­contre des gens de di­vers do­maines ar­tis­tiques, y com­pris la lit­té­ra­ture. Pour mon der­nier album, Ulisses, j'ai eu la chance de pou­voir comp­ter sur des au­teurs, qui ont écrit des textes pour moi : je parle de Vi­to­ri­no, Júlio Pomar et Vasco Graca Moura. C'était la pre­mière fois que des gens écri­vaient pour moi. Au­tre­ment, je m'en ré­fère aux livres que je lis.


K : Pour le coup, ils sont tous por­tu­gais...

CB : En effet. Vi­to­ri­no est un mu­si­cien. Júlio Pomar est un peintre. Vasco Graca Moura est à la fois dé­pu­té eu­ro­péen et écri­vain.



L'N-​IEME ALBUM


K : En 2001 est édité Corpo Ilu­mi­na­do. Deux ans plus tard, c'est au tour de Sen­sus, dont les titres vous ont été ins­pi­rés par le poète por­tu­gais David Mourão Fer­rei­ra. En ce début d'année, vous nous pré­sen­tez votre album Ulisses, qui, comme son nom l'in­dique, se veut le récit d'une grande ex­cur­sion. L'album est mar­qué par la sau­dade lu­si­ta­nienne, cette nos­tal­gie hé­ri­tée de gé­né­ra­tions de na­vi­ga­teurs au long cours. La gui­tare por­tu­gaise nous laisse à pen­ser que le fado n'est ja­mais très loin...

CB : Il en est proche, mais de tous mes al­bums, je trouve que cet album en est peut-​être le plus éloi­gné. Il n'y a qu'un seul vrai mor­ceau de fado sur cet album : il s'agit d'un poème d'Alexandre O'Neill, que mon grand père avait l'ha­bi­tude de me ré­ci­ter. Bien des an­nées plus tard, bien après la mort de mon grand père, j'ai en­ten­du ce même poème ré­ci­té par Amália. C'est un poème qui m'a beau­coup mar­qué. Cet album, Ulisses, est très per­son­nel et c'est pour cette rai­son que je l'aime beau­coup. Ce poème, Gai­vo­ta, y est en tant que poème et non en tant que fado. Pour ce qui est des autres titres, il y a ce fil conduc­teur du fado, cette gui­tare por­tu­gaise, mais ils tra­versent beau­coup de mondes, beau­coup de conti­nents. C'est un disque sur l'in­té­rio­ri­té, un disque sur moi-​même, sur ce que j'ai été, sur ce que j'aime être et sur ce que je veux conti­nuer à être.


K : C'est pour ces rai­sons qu'on trouve, sur cet album, des titres en fran­çais (Li­ber­té), en an­glais (A case of you) et en es­pa­gnol (Al­fon­si­na y el mar)...

CB : Oui, c'est parce que c'est un voyage. Au-​de­là d'être un voyage in­té­rieur, c'est aussi un voyage géo­gra­phique. Le Ulysse d'Ho­mère s'est res­treint à la mer Mé­di­ter­ran­née. Le mien va plus loin, il va sur d'autres conti­nents. Il y est ques­tion de la mu­sique que j'aime et qui m'in­fluence. C'est pour cela que je chante en d'autres langues. Li­ber­té, le poème de Paul Eluard, me touche pro­fon­dé­ment. C'est un poème lié à la jeu­nesse de mes pa­rents et à la ré­vo­lu­tion, d'une cer­taine ma­nière. C'était un poème de ré­fé­rence bien avant le 25 avril. C'est éga­le­ment pour cette rai­son qu'il y fi­gure.


LA MU­SIQUE.


K : Par­lons un peu plus de vous-​même, à pré­sent. Quels sont jus­te­ment, de ma­nière gé­né­rale, vos goûts mu­si­caux ? Quels sont vos ar­tistes pré­fé­rés ? Des ar­tistes por­tu­gais, peut-​être ?

CB : J'écoute très peu de mu­sique por­tu­gaise. J'aime beau­coup Zé Afon­so et Car­los Pa­redes. Sérgio Godinho, aussi. Si tu me de­mandes si j'écoute du fado, je n'en écoute pas du tout. Je n'écoute même pas mes disques. Tout ce qui est por­tu­gais, je l'écoute à la radio.


K : C'est parce que vous n'aimez pas ?

CB : N... (hé­si­ta­tion). Peut-​être parce que je n'aime pas, je n'aime pas par­ti­cu­liè­re­ment. A une époque, j'ai­mais beau­coup Madredeus, par exemple. Mais je trouve qu'au­jourd'hui, ils font la même chose qu'il y a dix ans. Il n'y a eu au­cune évo­lu­tion. Opi­nion per­son­nelle. Evi­dem­ment, je connais les per­sonnes, je connais les voix, j'ai suivi leur pro­gres­sion, mais je n'écoute et n'achète pas leurs disques. Ni d'eux ni d'aucun autre ar­tiste en gé­né­ral. J'écoute d'autres genres de mu­sique. Il y a d'autres che­mins qui m'in­té­ressent da­van­tage.


K : Quels che­mins, par exemple ? La chan­son fran­çaise ?

CB : Eh bien, j'ai des goûts mu­si­caux très éclec­tiques. J'écoute beau­coup les disques de mes pa­rents : Bras­sens, Leo Ferré, Brel, Bar­ba­ra. J'aime beau­coup l'an­cienne mu­sique fran­çaise, mais pas du tout l'ac­tuelle, qui n'a de fran­çais que la langue, la ré­fé­rence étant très amé­ri­caine. J'aime le blues, le jazz, la bossa nova. J'aime bien Me­tal­li­ca, ce qui peut pa­raître étrange. J'adore U2, les Pink Floyd, les Simple Minds, les Mas­sive At­tack... tu vois, mes goûts vont dans tous les sens. Sauf vers du fado... Ah oui, j'adore le tango, aussi...

K : Et que pen­sez-​vous de la scène por­tu­gaise ac­tuelle, de ma­nière gé­né­rale ? Com­ment se porte-​t-​elle ?

CB : Le fado est de plus en plus im­por­tant, ce qui est très po­si­tif pour le Por­tu­gal, parce que c'est un genre qui s'ex­porte très bien. Les gens de l'ex­té­rieur, les gens d'ici, ont com­pris que le Por­tu­gal n'était pas une pé­nin­sule es­pa­gnole, que c'est un pays à part en­tière, qui a sa propre langue, qui est très beau, et qui a beau­coup à don­ner. Nous de­vons tout ceci au fado, il faut le dire. A d'autres ni­veaux, je ne trouve pas que la mu­sique por­tu­gaise soit en plein dé­ve­lop­pe­ment. Bien sûr, il y a des groupes comme Da Weasel, The Gift ou Silence 4, mais ils chantent tous en an­glais.


K : Sur­tout que les Silence 4 se sont sé­pa­rés il y a déjà quelques temps (rires)...

CB : Oui, mais ils vont re­ve­nir. Crois-​moi. Je les aime beau­coup. Ce n'est pas que je n'aime pas tous ces groupes, je les aime bien au contraire. Mais je trouve ça vrai­ment dom­mage que les trois meilleurs groupes por­tu­gais du mo­ment chantent en an­glais. Il y a quelque chose qui ne va pas de ce côté. A côté de ces trois-​là, il y a tou­jours Rui Ve­lo­so, Luis Represas, qui ne fait rien de bien, Pedro Abrunhosa et Clã, que j'adore... Mais le fado est en­core le genre qui se dé­ve­loppe le plus ces der­niers temps.


LA PRESSE.


K : Vous êtes ar­ri­vée à Paris hier matin (ndlr : Mardi 22 mars) et vous re­par­tez très pro­chai­ne­ment. Que faites-​vous de votre sé­jour, ici à Paris ?

CB : Tra­vailler... Je m'en vais de­main. Je suis ici pour tra­vailler, ré­pondre à des gens comme toi. En­suite, je rentre à la mai­son. Je pour­suis ma pro­mo­tion au Por­tu­gal. Et je re­viens ici (ndlr : pour son concert du 4 avril, à l'Olym­pia)...


K : Pour finir, j'ai lu, ici ou là dans la presse fran­çaise, un cer­tain nombre d'ar­ticles à votre sujet. J'ai­me­rais avoir votre opi­nion sur cha­cune de ces ci­ta­tions, à com­men­cer par La nou­velle étoile du fado (Le Monde)...

CB : Ouille... Je ne me consi­dère pas la nou­velle étoile du fado. Je ne pense pas qu'il y ait de nou­velles étoiles, et en­core moins dans le fado. Il y a beau­coup de gens qui chantent très bien. Cer­taines consi­dèrent peut-​être qu'elles sont des étoiles. Moi, non. Pour moi, il n'y en a eu qu'une, qui s'ap­pe­lait Amália Ro­drigues, et qui ne re­vien­dra ja­mais. Ce qui se fait au­jourd'hui est beau­coup plus éphé­mère, re­la­ti­ve­ment à ce qu'Amália a fait. Vas-y, conti­nue (rires)...


K : Une des plus belles voix du Por­tu­gal (Le Point)...

CB : Hum...


K : Porte pa­role de la culture por­tu­gaise (site d'Uni­ver­sal Music)...

CB : Oui, ça je le suis, dé­fi­ni­ti­ve­ment, et avec beau­coup d'or­gueil. A par­tir de ma simple langue na­tale, je vais dans le monde en­tier. C'est ce que je donne aux gens, même à ceux qui ne com­prennent pas le por­tu­gais.


K : L'ave­nir du fado (Nou­vel Ob­ser­va­teur)...

CB : Non, ça je n'y crois pas. Je ne pense pas que l'ave­nir du fado passe par moi.


K : La digne hé­ri­tière d'Amália Ro­drigues (VSD)...

CB : Non, je ne crois pas non plus, ne se­rait-​ce parce que je ne chante plus le fado. Du moins sur ce disque. Ce qui ne veut pas dire que je ne le re­chan­te­rai pas. Il y a une chose im­por­tant que tu dois sa­voir, que les gens doivent sa­voir : j'aime un cer­tain type de fado et je n'ai pas l'im­pres­sion de chan­ter le fado. J'en suis proche. Mais je ne le chante pas. Enfin, seule­ment quand j'en ai envie. Donc, je ne peux pas être une hé­ri­tière d'Amália. Mais il y en aura d'autres. Il y en aura d'autres, c'est sûr.


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MessageSujet: Re: CHRISTINA BRANCO   CHRISTINA BRANCO EmptyMer 11 Mar - 16:33

CRISTINA BRANCO
A la guitare portugaise, Olivier Nuc
figaro magazine

Elle est une des plus belles incarnations d'une nouvelle génération de fadistas (chanteuses de fado), conscientes de l'héritage des aînés et bien dans leur époque.

Son actualité

Elle est multiple. Il y a Abril, son album de reprises de chansons de Zeca Afonso, pourfendeur des années de dictature précédant la « révolution des oeillets », mais aussi un spectacle en hommage à Amalia Rodrigues - deux projets qui seront présentés au Théâtre des Champs-Elysées, le 27 mars prochain. Et encore une création avec l'Ircam, Com que voz (le 11 juin au Théâtre du Châtelet).

Notre rendez-vous

Les salons d'un charmant petit hôtel parisien du quartier Saint-Georges, dans lequel Cristina fait une halte entre deux dates d'une tournée amorcée début février.

Votre première vocation ?

Le chant, même si je ne suis pas sûre que ce soit une vocation, mais bien plus : une chose que je dois faire.

La chanson d'Afonso qui vous émeut le plus ?

Era um redondo vocabulo. Il était en prison quand il a écrit ce thème surréaliste, selon un procédé d'écriture automatique. C'est un texte très mystérieux, un thème à la fois dramatique et magique.

Un endroit qui vous ressemble ?

Amsterdam. J'adore cette ville pour son côté ouvert et mystérieux à la fois, ses canaux...

Quels sont vos souvenirs de la révolution des oeillets ?

J'avais 2 ans. Je ne sais pas si c'est le fruit de ma mémoire ou de ce que m'en ont raconté mes parents, mais je me souviens du sentiment de libération ressenti dans les rues de Lisbonne.

Que vous reproche-t-on ?

Mon perfectionnisme excessif.

La mode que vous trouvez ridicule ?

Aucune. Chaque mouvement est valable dans l'instant.

Le plus grand interdit que vous ayez transgressé ?

Griller un feu rouge de temps en temps... Mais j'aime bien les défis : chanter du jazz en constituerait un pour moi.

Vos tables préférées ?

J'aime la cuisine japonaise, et pas forcément pour les sushis.

Un chef-d'oeuvre qui vous tombe des mains ou des yeux ?

La peinture de Francis Bacon. C'est trop violent pour moi. D'une manière générale, les choses agressives me gênent.

Une chanson pour dissoudre la tristesse ?

Stormy Weather, dans la version de Sarah Vaughan ou par Joni Mitchell. Et n'importe quel titre de musique brésilienne.

Vos livres de chevet ?

Je viens de terminer The Flaneur d'Edmund White, le récit délicieux d'un Américain découvrant Paris. Et je lis une passionnante biographie de Leni Riefenstahl.

Les voix dont vous ne pouvez vous passer ?

Billie Holiday, Ella Fitzgerald, Brel, Ferré, Elis Regina, Amalia, Diana Krall... La liste est interminable !

A quoi avez-vous renoncé ?

A une vie tranquille.

Votre vue préférée ?

L'océan Atlantique.

Votre poète favori ?

Fernando Pessoa (photo)... Et aussi David Mourão-Ferreira.

Qui admirez-vous ?

Mon ami le peintre Julio Pomar. Il a 80 ans et je sens qu'il est bien dans sa vie. Cela me fait du bien d'être auprès de lui.

Avec qui aimeriez-vous rester coincée deux heures dans un ascenseur ?

George W. Bush.

Vos films cultes ?

Le Temps des Gitans, de Kusturica, et Le Mépris, de Godard.

Vos couturiers préférés ?

Jil Sander et Hermès.

Quel usage faites-vous des psys ?

Je les vois trop ! Je suis une artiste mais je n'ai pas une âme d'artiste, c'est très paradoxal et parfois très difficile.

Le défaut que vous préférez chez les autres ?

La maladresse, ça me fait plutôt rire.

Comment vit-on avec l'héritage d'Amalia Rodrigues ?

J'ai appris à respecter sa mémoire, à comprendre sa voix pour comprendre la mienne. Mais je ne me considère pas comme son héritière.

La boisson qui vous rend meilleure ?

Le thé blanc au jasmin.

Qu'emporteriez-vous sur une île ?

Mon fils, et mes livres préférés.

L'objet dont vous ne pouvez pas vous passer ?

Mon portable. Je dors avec, c'est impressionnant.

Le péché auquel vous avez le plus souvent succombé ?

Tous. Je suis humaine, comme tout le monde.

Le plus beau compliment que l'on puisse vous faire ?

« J'aime bien votre simplicité. »

Comment s'y prendre pour vous séduire ?

Les gens tranquilles qui ont confiance en eux me rassurent. J'ai besoin d'avoir quelqu'un qui sait ce qu'il veut à mes côtés.

Si vous aviez un disque à supprimer de votre discographie ?

Cristina Branco canta Slauerhoff. Ce fut mon premier gros succès mais je le trouve raté.
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